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Bulletin SAF 1913


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Le cahier du Seigneur de Roslan

L. Le Guennec

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1913 tome 40 - Pages 85 à 109

, ' Lau
Sur les confins de la commune de 0 Plougasnou, au-dessus
du petit vallon ·.où le ruisseau de Pont-Cornou glisse rapide à
travers les prairies et les oseraies pour aller tomber,deux
kilomètres plus bas, dans la jolie anse disc. rète de Térénez,
le vieux manoir de Roslan se dresse isolé et triste. On l'a
dépouiIIéde ses avenues, de ses futaies, de ses jardins; on a
démoli une partie du grand corps de logis et mutilé le reste;
on a abattu la chapelle seigneuriale. L'arche rompue de son
portail s'ouvre sur une cour en pente, au pavage arraché,
entourée de dépendances modernes. A gauche, ce qui subsiste
du bâtiment principal, édifice du XVIIe siècle, offre une porte

à moulures très simples et quelques larges fenêtres; on mon-

tre à l'intérieur une belle cheminée Renaissance à consoles et

pilastres d'un galbe vigoureux. Un second portail surmonté
d'armoiries et défendu par une meurtrière ferme la cour à

l'Est.' Du côté opposé, un vieux chemin pavé dégringole jus-

qu'au moulin, abandonné et croulant sous sa cape de lierre,
franchit le ruisseau et escalade de biais une pente de colline
pour gagner vers le Sud le bourg voisin de Plouézoc'h, dont
le clocher · aigu pointe au revers des landes.
o Au Xv

siècle, la terre de Roslan appartenait à la famille

Le Goff, anoblie en 1497, et qui portait: d'argent au château
de sable maçonné d'argent. L'héritière du lieu, Marguerite
Le Goff, l'apporta aux Goezbriand, par son mariage avec
Hervé de Goezbriand, cadet de la maison du Roscoat en Tré­
duder, et archer en brigandine parmi les nobles de la ville­
close de Morlaix à la montre de 1481, qui adjoignit à son

blason: d'azur à la fasce d'or, surmontée d'un lambel de

gueules, la loyale devise des Le Goff: Fidèle et sincère. Leur .
fils Yvon de Goezbriand, seigneur de Roslan, est mentionné
dans la Réformation de t~13 ; il contribua, par ses 'dons géné-

reux, à l'achèvement de: l'église de 'Saint-Jean-du-Doigt, Où
ses armoiries ornent encore la clef de voûte du porche. Sa fem­
me Anne Pouences lui donna un fils, François de Goezbriand,
seigneur de Roslan, qui épousa d'abord Marguerite Estienne,
puis Anne de la Haye. L'ainé - des huit enfants is~us d~ cette
seconde union, François, se fit prêtre et devint prieur de

Notre-Dame de Kernitron àLanmeur. Son frère cadet Yves

de Goezbriand devint donc seigneur de Roslan ' aprè~ . la · mort
. de leur père. ' , .

Je dois à l'amabilité .de M. le général comte de forsanz,
propriétaire actuel de Roslan, communication d'unv9Iumi­
neux registre in-folio rédigé par les soins de cet Yves d~ Goez7
briand. C'est un recueil de (( garantz et enseignementz» comme
on disait autrefois, actes notariés de toutes sortes, contrats d'ac,
. quêts, baux, accords, partages, etc., dont le plus ancien remonte
à 1486, et qui ont été transcrits sur le cahier en qu. estion,
d'après les origin.aux conservés dans les archives du manoir,
sans aucune espèce de classement rationnel ou chronologique.
Ce défaut est heur~usement racheté en partie par des tables
de sommaires, écrites de la main d'Yves de Goezbriand, qui
a laissé d'autre part, sur les pages de garde du commence­
ment et de la fin, d'intéressantes notes généalogiques relatives
à sa famille~ Nous les donnerons ici dans leur entier, en y

ajoutant, à titre d'éclaircissement et-· de commentaires, -cer-

tains détails glanés dans cette collection d'actes d'où l'on pour-
rait extraire, par une patiente analyse, d'utiles indications sur

le mode d'existence et les affaires d'un gentilhomme rural de
Basse-Bretagne au temps d'Henri IV. . .

(( C'est ung memoyre des ages des ententz de ce(tns

èt la dabte. des dezoys de leU'rs pères et mères ..

- 87 os '

Premyer .'

Ledezoys de feu Yvon de Goezbriand que Dieu absolve, sieur

en son temps .de Roslan, fut au moys de lebvrier lan 1530.
Le dezoys de Anne Poences sa compaigne, ' fille aisnée de

Kermorvan, fust au ·moys de décembre lan 1537. .

Les espousailles de Franczoys de Goezbriend leur filz aisné,

sieur de Roslan, et damoyselle Marguaritte Estienne, fille ais-

née de Kerveguen Guimaec furent célébrées le tiers jour de

febvrier lan 1537 en la . meson de Lesmès.

Le sixiesme jour de septembre lan 1539 fust baptisée Fran- '

çoise de Goezb~iend, fille aisnée dud. Franczoys et de lad.

Marguaritte Estienne et furent compayres Fran'czoys 'seigneur

de Goezbriend et Philippe du Rest, et commayres madamoy-'

selle de Morizur (1), Aliette Le Guall etJanne de la Boycière, .

dam me de Kermoal (2), par · maistre Yves Gégaden, curé de

Plouézoch. '

Le-dezoys de lad. MarguariUe Estienne fust le ' dixiesme

jour d'aoust l'ap1540. . . ..

Le dix septies~e jour de may l'ao '1544 furent célébrées les

nopces dud. Franczoys de Goezbriend et damoyselle Anne de

la Haye, fille et seule juveigneure de penanguern, et- vint à

Roslan le quatorzième jour de juing lan surdict.

Le cinquiesme jour de may l'an 1545 fust b~ptisée Plaizou

de Goezbriend, fille dud. Franczoy et de lad. Anne de la Haye)

comlJaires Yvon de Goezbriend, sieur de Tfiévin, maistre
Franczoys de la Tour, moyne du Relec, a présent esvecque de

Tréguier (3) et abé de Coatmalouan, et maistre Yves Géga-
den, curé de Plouézoch, commayre madamoyselle de Goez-

(i) Françoise, dame de Morizur, mariée à Jean de Lesmais, sieur dudit
lieu en Plestin.

(2) F.emme de Jean de Kergournadech, sieur de Kermoal en Ploujean.

(3) Il fut évêque' de Tréguier de 1583 à i590. Par sa mère Jeanne de
Goezbriand, il était apparenté à la maison de Roslan

briend, madamoyselle de Kermarquer (1), madamoiselle de
Le vingtième jour d'qpvrill avant Pasques lan surdict 1!)4!)
fust baptisé Franczoys, filz desd. sieur et dame de Roslan,
compayres le seigneur de GOèzbriend, Jean Lucas, sr de Ker­
goff, frayre Pierre Josem, du couvent de Morlaix, commayres
madamoyselle de Goezbriend, madamme de Mesanrun. (3)
Le tiers jour d'apvrill 1546 fust baptisée Marye, fille desd.
sieur et damme de Roslan ; compaire messire Bertram Mor­
van, pbre, commayres madamme de Mezanrun, Plaizou Col­
lotin, la damme de Kerlemarec (4), par le curé de Plouézoch.
Le dixiesme jour d'apvrill après Pasques lan 1548 fut bap­
tisée Anne, fille desd. sieur et damme de Roslan, compayres
frayres Guillaume' Clerec, Salamon Gelin, commayres mada­
moiselle de Goezbriend, Anne de la Lande, fille du Restme"ur,
apprès damme de Rosanguavet (5), Isabelle Le Voyer, Janne
Le Feree, par le curé de Plouézoch .

Le saisiesme jour de juillet l'an W49 fust baptisé Yvon,
filz desd. sieur et damme de Roslan, compayres Je curé de
Plouézoch, maistre Hervé Postic, gouverneur de Sainct Jean,

commayres madame de Mezanrun, Mte Plezornou par le curé
de Plouézoch.
Le mercredy de quatre temps de Nouell'an 1551 fust bap-

tisée Cristine, fille desd. maryés, compayres mes'sires Vincent
Gaouier et Nycolas Gegou, commayre Cristine' Poupon de
Morlaix, par le curé de Plouézoch.
Le vingt-cinquiesme jour de mars et . le dimanche fleury

(i) Louise de Goezbriand, mariée à Pierre L'Evêque. sieur de Kermarquer.
(2) Isabelle de Quélen, mariée à Guy de Kers~au, sieur de Kerenec au
Minihy de Léon .

(3) Madeleine Rivault, mariée 'à Pierre Polart, sieur de Mesanrun en
Taulé, puis de la Villeneuve en Plouézoc'h. '
(4) Marguerite Lucas, mariée à François Corre, sieur de Kerlemarec en
Plougasnou. '
.. (5) Par son mariage avec Guillaume Cazin, sieur de Rosangavet en
Plouézoc'h. . '

(l'an Hm ... '?) fust née et baptizée Guillemette de Goezbriend,
fille desd. sieur et dame d~ Roslan, le compaire fut Messire
yves Le Guall et commayl;es Guillemette de Lesmays, dame
deKerscau ('1) et Marie de la Ripvière, fille dud. lieu par le curé
de PJouézoch. .
Le houictiesme jour de septembre et feste de la Nativité de
Notre Damme trespassa damoyselle Plaizou de la Forest que
Dieu absolve, damme de penanguern, mayre de lad. damme
de Roslan, et mourut en la maison de Roslan.
Le traizyesme jour de décembre lan Hi53 décéda Franczoys
de Goezbriend, sieur de Roslan, a quy Dieu ayt Jamme, et fust
inhumé en l'église de Plouézoch.
Le vingt houictiesme jour de jenvier lan mil cinq centz
soixante quinze furent célébrées· les nopcesde lad. Franczoyse
, de Goezbriend, fille aisnée desd. Franczoys de Goezbriend et
Marguaritte Estienne, et de escuyer Jan Salaun; sieur de
Lesven et de Goasvoaylay, par maistre Jan Botglazec, rec-
teur de Plouézoch. .

Le cinquiesme jour d'apvriII lan mille cinq centz soixante ·
dix ouict furent célébrées les nopces de Anne de Goezbriend,

fille dud. Franczoys et de lad. Anne de la Haye, et escuyer .
Charles de la Roche, sieur de Kergrach et de Kanborn, aussy
par led. recteur de PJouézoch, présents les sieurs de Lesquif­
fiou, du Hellès, de Kerentraouff, et de Pratguen.
Le jour et feste de Monsieur Sainct Laurent, di xi es me jour

d'aoust lan mil cinq centz quatre vingtz un trespassa très sage .
et très vertueüse Anne de la Haye damme dudict lieu de Ros-

lan, apprés avoyr esté veuffve en lad. maison par l'espace' de .

vingt houict ans, ayante entretenus nombre d'enfentz pendant
ledict temps en tout honneut et vertu, et faict plusieurs sainc­
. tes eupvr· es et fait plusieurs grans menages et acquestz en

ladicte maison, en perpétuelle memoyre dicelle, je supplie au

li) Femme de Jean de Kerscau, sr dudit lieu en Ploujean.

Tout Puissant,par les merittes de sa SainctePassion, pal'
l'intercession de la glorieuse Vierge Marye et par l'interces~
sion detoutz les sainctz et sainctes de Paradis, qui Iuy plaise
reposer son ame en l'éternelle joye, là oü la Trinitté vit et

regne, amen.»
La sollicitude d'Anne de la Haye envers ses enfants, célé~
brée par. Yves de Goezbriand d'une façon si pieusement filiale,
n'était pas allée jllsqu'·à faire apprendre à lire à ses filles, cal'
l'acte du '16 juillet 1577, par lequel une rente de douze quar~
tiers de froment; 'assise sur deux convenants en Botsorhel et

deux parcs en Plougasnou, est attribuée comme partage à
Françoise de Goezbriand, marié~Je 28 janvier 1570 à Jean
Salaün, sïeur de Lesven en' Plougonvèn, révèle que la nouvelle
épousée ne savait pas signer son' nom, non plus du reste que
sa sœur Anne de . :Goezbriand, mariée en 1578 à Charles de la

Roche, sieur' de Kergrac'h en Pleiber-Christ. Leur contrat de
mariage' assure à cette dernière une rente de quarante-cinq
livres monnaie, dont assiette lui sera faite en fonds de terre,
à l'estïmation de cinquante-cinq sols le quartier de froment,

« et pour dot et' argourou, ledict sieur de Roslan et sa mère
s'obligent payer ausdictz fiancés le nombre de centz escuz
d'or dans , quinze jours, oultre accoustrerladicte Anne sellon
sa qualitté et sa maison. » La jeune dame de Kergrach mourut
quatre ans après. «'1e (blanc) de jenvyer ensuyvant l'an 1582,

écrit son frère, décéda Anne de Goezbriend, damme de Ker-

grach, fille-desd. Franczoys et Anne de la Haye, et laquelle
inhumée en la paroysse de Pleiber. Je supplie à la bonté divine
d'avoyl' pitié de son âme, amen.»
. Un troisième deuil frappa bientôt la .famille: « Le deczoys
d'escuyer Salaun-, sieur desd. lieux de Lesven et de Goasvouay-

lay fusUe (blanc) jour d'apvrillan mil cinq centz quatre vingtz
deux,' playse à Dieu a voir son ame ». Mais l'année ' suivante,
le seigneur de Roslan inscrivit joyeusement, après ces alinéas
funèbres, la mention de ses propres épousailles. « Le vingt

houictiesme jour de may. l'an mil c.inq centz qnatrevingtz
quatre' furen t célébrées les nopces de Yves de Goezbriend, filz
aisné desd. Franczoys et de lad. Anne de la Haye et damQy': l

selle Louise Estienne, fille unicque de Kérvéguen Guymaïè; p 'ax:
monsieur le recteur de Plouézoch.Dieu leur doint bon ménage.))
Louise Estienne était fille de Guyon Estienne" seigneur : de
I{ervéguen, Lanvelin, Launay, et de l\farguerite dé .GQez~ :
briand, de la maison du Roscoat. Elle avait un frère ,aîné"
Jean Estienne de Kervéguen, qu'unetragiquegwèrze bretonne

noUS montre tuant en 'combat singulier, sur la Lieue de Grève"
son. voisin et ami le seigneur de Lezormel, parce qu'une riche ,.,
et belle héritière du pays, courtisée par tous deux, honorait. .
celui-ci de ses préférences. Il mourut l'année qui . suivit le
mariage de sa sœur. « Le vingt quatriesme" jour de may lan
Thil cinq . centz quatre vingt cinq décéda nobles horns . Jan
Estienne, 'sieur de Kerveguen, et de Launay, frayre ainé de

lad. Louyse, laquelle demeura héritière apprès sond. deczoys.
Je prye a Dieu qu'il veuille avoir son âme.»
Jean Estienne laissait une veuve, Constance du Perier, sans
enfants. Un accord du 9 octobre 1!58!5, conclu entre el~e et le
seigneur de Roslan au sujet de son droit de douaire, dispose
qu'elle j'ouira d"une rente annuelle de '!50 écus sol et 40 quar­
tiers·de froment, en assiette de laquelle,on lui donne le manoir
de Launay en Ploujean, où elle logera après que les apparte-:· .
ments en auront été réparés CI. comme est recquis pour loger

une damoyselle de la qualité de ladicte dame. Il Il est à croire
que Louise Estienne n'éprouvait pas une sympathie bien. vive
à l'égard de sa belle-sœur, car elle refusa nettement de rati-

fier l'accord conclu en son nom par son mari, alléguant qu'il
donnait à Constance du Perier plus que le douaire légal, ce

qui obligea la pauvre veuve à restreindre ses prétentions, déjà
pourtant assez modestes, et à accepter un autre accord [twins
avantageux, passé au tablier de Philippe de Lescorre, à Lan-
meur,le2!5 mai 1587. . .

Yves de ·Goezbriend vend, le 8 juin H)8~, à Alain Roch et
Levenez Deunff sa femme, une maison et la moitié d'un jar~
din sis dans la rue Courte en Saint-Melaine (sic) de Morlaix,
indivis avec les hoirs de feue Marie de Kerloaguen, veuve de
Jean Kermadéza, moyennant une rente de 7 livres monnaie

assise sur le lieu de Kerluzou en Carantec. L'acte de vente
se termine par cette clause imprévue, qui prouve tout au
moins que le seigneur de Roslan avait à cœur de conduire au

pardon de Saint-Jean-du-Doigt sa jeune épouse parée de riches
atours. « Et pour commission doibt ledict Roch poyer audict
Goezbriend, pour ayder avoir une belte j'obe à sa femme, la

. somme de cent solz monnaie dedans la feste Monsieur Sainct
Jean Baptiste prochaine)). .
Par un jour d'été de l'année suivante, les cloches de l'église
de Plouézoch carillonnaient à toute volée pour le baptême du
premier-né de la maison de Roslan, et l'heureux père put

éCrire sur son registre: « Le jour et feste de madamme saincte
Magdalaynne vingt deuxiesme juillet l'an surdit 1585 fust
baptizé Franc· zoys de Goezbriend, filzdesd. Yvon de Goezbriend
et Louyse Estienne, sieur et damme de Roslan et de Kerve­
guen. Compayres monsieur de Goezbriend et Franczoys de
Coatlogon, sieur de Kerveguen, filz d'Encremer, con1ayres Ilia-

damoyselle Marguaritte de Kercrech, dame douayrière de Trié-
vin et herittière de Kercrech, etmadamoyselle Franczoyse de
Goezbriend, damme de Lesven et de Goasvoaylay, par filais­
tre Jan Botglasec, recteur de Plouézoch » .
, Cet acte baptismal et plusieurs autres témoignent que les
Goezbriand-Roslan enttetenaient d'excellentes relations de éou-

sinage avec leurs puissants voisins et parents, les Goezbriand
de la brânche aînée, qui habitaient le château de Lanoverte,
en Plouézoch. La dame de Kergrech, veuve d'Yves de Goez­
briand, sieur d. e Triévin, capitaine de Morlaix, tué à Nantes
en 1563 par Troïlus de Mesgouez, marquis de la Roche, fut
encore, ainsi que nous l'allons voir, marraine de la fille aînée

de Roslan, dont la naissance' suivit celle d'un second fils.
« Le vingt, deuxiesme jour d'aoust l'an mil cinq centz qua­
tre vingt six fut bàptisé Jan de Goezbriend, filz desd. sieur et
damme de Roslan, , compayre reverend et discret personnage
Jan Botglasec, recteur de Plouézoch el official de Plougastel,
comayreda!Iloyselle Franczoyse de Goezbriend, 'dame de Le's-

ven et de Goasv'oaylay.
, . L'onziesme jour d'aoust l'an mil cinq centz quatre vingtz
sept fust baptisée en l'église parochielle de Guymaic Margua­
ritte de Goezbriend, fille desd. maryés, compayre Franczoys
de Kermabon, sieur dud. lieu, comayres noble et puissante
damoyseHe Marguaritte de Kergrech, damme douayrière de '
Goezbriend et herittière de Kergrech, et dambysèlle Anne '
Guingamp, damme de penanguern et de Keranvoyer.)) ,

Ce dernier acte a été barré à grands coups de plume, et plus

bas il y aune ligne d'écriture entièrement raturée, mais dont
la lecture, quoique difficile, est encore possible: ( Le nom de

laquelle est rayé pour m'avoir offens.é, et ne , mérite estre ins-
cript sur moncayc1')). De quelle infraction grave au respect ·
filial put se rendre coupable MarguerHe de Goezbriahd pour
encourir UO' pareil châtiment,voir son nom rayé comme indi-
. gne de la liste des enfants de la maison de Roslan, e~ voué au
mépris et à l'oubli? Une pièce transcrite au folio 124 du regis-

tre nous renseigne pleinement sur ce point. La jeune fille
s'était laissée ' enlever par Gilles Le Borgne, sieur de
Goazven et de Keraziou, et avait contracté avec lui, le 17

février 1609, un mariage clandestin. A cette époque, les pères
de famille n'admettaient pas facilement que leur autorité fut
méconnue et bravée, et, dans de semblables cas, ils punissaient
avec rigueur. Yves de Goezbriand porta plainte en justice
contre sa fille et le ravisseur de celle-ci, et fit en même temps

dresser un acte en due forme déshéritant la ' fugitive.
Puis, cédant aux instances de ses parents, aux marques
de repentir des deux coupables, il consentit à 'pàrdonner

dans ' une certaine mesure, 'et à retirer la plainte déposée pa' }'
lui. C'est alors qu'il arracha le folio 123 de son registre, où
se trouvait déjà transcrit l'acte d'exhédération, pour ne laisser'
subsister que l'accord conclu entre lui et les nouveaux époux

, le 12 juillet 1609. Voici le texte de cette 'curieuse pièce, d'une

-rédaction froide et sévère : "
« Il est convenu entre nobles ho ms Yves de Gouazbriend

sieur de Roslan, Kerveguen, ecta, et escuier Gilles Le Borgne,
sieur du Gouazven, qu'estant ledid sieur de Roslan recquis et

supplié par nombre de seigneurs signa liés et ' gentilzhommès
de mérite ses parans et amys,de prendre, et recevoir l'obéis­
'sancedudit sieur du Gouazven et damoiselle Marguerite de
Gouezbriend sa fille unicque, et supplication de pardon que
très humblement luy recquièrent. d'avoir à son non-sceu et
absance contracté mariage ensemble, icelluy sieur de Roslan,
inclinant auxdites supplications après avoir esté sutlisam'ment
informé de la volonté que lesdicts sieur et damme du Gouaz­
guen ont dese soubmettre à telle satisfaction qu'il eust ad visé,
'et après que lesdicts sieùr et damme de Gouazven ont aussy
en l'endroict faict telles soubzmissions audict sieur de Roslan,
desquelles il s'est, par l'advis de sesdicts parans et alnys et a

'leurs requestes et considération contenté, ledictsièur de Roslan
s'est desmis et. destitué de l'accusation et plainte qu'il àuroict
faiet en justice contre ledict sieur deGouazven'etsadictefille, et
tous aultres qui pourointavoir'adhéré,et asisté audict mariage"

et promet au moyen de ladite satisfaction et prière de sesdicts
parans et amys passer telles procures et.actes que recquis seront
ce touchant, se reservant neantmoins d'en disposerpar cy apprès

comme bon luy samblera de l'exederation par luy faicte par
ladicte damme de Gouazguen aux biens de sa succession future
a cause dudict mariage avec l'advis de sesdicts parans " et

amys; defIances salives au contraire. · Faict souhz le signe des-
dits .sieurs de Roslan et Gouazven et des soubsignans presentz,
a Sainet Jan le douziesme jour de juillet mil six centz et neufl.

signé: 'Yves de' GouazbiÏe'nd 'François Coatlogori ' Gill'es
Le Borgne Morice Le Roux Prigant Guillart J. de
crezolles Pierre Le Roux G. de TrongofI Ch. de
Kersulguen H. Lucas. »
En '1588, le 'seigneur de Roslan perdit son frère cadet, Jean
de Goezbriand, sieur de Keronnant en , Botsorhel. Il devait

l'aimer beaucoup, car il lui a consacré un long paragraphe où
l'on sent de l'émotion et du regret, etoù perce aussi la satis­
faction d'avoir pu 1 ui faire des obsèques si convenables. ,« Le
dimanche saisiesme jour d'octobre l'an mil cinq c , entz quatl1e
vingtz houict décéda nobles homs ' Jan de Goezbriènd, sie, ur
de Keronnant envyron l'heure de six heures du matin en la

mayson de Mesarnou (1), estant assisté de reverant pète frayre
Gabriel Gueguen, gardien du couven t des Anges, le prielir:de
Kernitron, le curé de Guicneventer avec aultres praistres ,d'i­
celle paroisse, apprès avoyr esté tourmente d'une tres vehe­
mente pleuresie, par l'espace de neuf! jours, receu s, es .8aincts
Sacrementzet faict ses af!ayres avec une tres grande discre­
tIon et enduré toutz ses tourmentzet paynes avec ' une tres
grande pascience. Je supplye a noslre Seigneur Jesus qu'j}

luy plaise par les merittes de sa 'Saincte Passion collocquer
S , on amme en son paradis, anien. " , . ,

Et le lendemain fust son corps, app' orlé jusques ,à Morlaix

, en unne Iettyere accompagné de onze praystres de Guic,oeven-

ter, 'du sieur de Mesarnou et de, sa compaigne', et de Treguier
estoit led. sieur prieur de Kernitron, Locrenàn (2) et moy, en
la la'nde de Sainct Scevau (3) trouverent i1ombr~ de 'genlilz­
hommes avec les religieux de Sainct Franczoys, les · praistres
de Guimaic et Lanmeur qui estoint venuz rencont.rer le cors

(i) En Plounéventer, évêché de Léon. Ce riche manoir appartenait alors
à Hervé Parcevaux, époux de Suzanne de Guémadeuc. Il fut pillé en
t594 par du Liscoët et en :15' 95 par Fontenelle. ' ,
(2) Philippe Hamon, sieur de Locrenan en Plestin.

(3) Ou Sainte-Sève, ancienne trève de Saint-Martin-des-Champs, aujour-
d'hui commune; à 4 kilom. de Morlaix. . ' , . " '

'et I fust mis en lesglise de Sainct Mâleinneattendant le lande_
main, le landemain se trouva grande compaignie pour COn­
duire led. cors jusques a Guimaic, entre lesquelz estoint le
seigneur de Goezbrient, les gentilzhommes de BoIseon et les
aultres gentilzhommes du quartier, lesquelz le vindrent ren­
dre, appres l'office à SainctMelainne, jusques a lesglise paroes_
sielle de Guicmaic ou son corps fust ensevely dans la chapelle
de éeans, attendant la Resurection generale, et l'amme avec
l'ayde de la majesté dyvyne en repos au nombre des tres heu­ 'feux, amen ».

La même église de Guimaëc où l'on inhuma, dans l'enfeu

des seigneurs de Kervéguen, les restes mortels de Jean de
Goezbriand, vit, quelques mois Jllus tard, le baptême d'un
troisième fils de la maison de Roslan, dont il devait d'ailleurs
demeurer l'héritier par le décès en 'bas-âge de ses deux aînés.
« Le douziesme jour d'apvrill l'an mil cinq cent quatre vingt
et neuff 'fust né Cristoffie de Goezbriend, filz desd. sieur et

dame de Roslan, et le traiziesme jour baptisé en 'l'esglise de
Guimaic par le recteur d~icelle paroisse, compayre Mr

Cris­
toUle Kerverder, sr de Kerambelec, commayre damoyselle Mar­
guaritte de Kermabon, dame de Glevyry'.)dl naquIt au manoir
de Kervéguen, aujourd'hui bien ruiné, mais que ses murs

d'enceinte et son massif colombier - désignent encore comme
une vieille « maison de noblesse )), eur noblanz coz, et qui
occupe une charmante situation au versant d'un vallon
'ombràgé et frais.
Déjà les troubles de la Ligue agitaient le pays. Le seigneur
,de Roslan n'a, par malheur"consigné sur son ( cayer » aucune
des impressions qu'il reçut des dramatiques évènements de
cette époque. Il adhéra d'abord à la Sainte Union des catholi-

ques, comme durent le faire, de gré ou de fcrce, presque tous

les gentilshommes du pays. Le 22 novembre 1589, il présenta
à la Chambre de l'Union, siégeant à Morlaix, une requête pour
être admis à prêter serment, et il obtint un passeport l'autori·

sant à se présenter devant le Conseil le vendredi suivant. Ce
jour~là, 29 novembre, il jura l'Union entre les mains de rar­
chidiacre de Plougastel, ainsi que ses amis et voisins, Christo­
phe de Kerverder, sieur de Kerambellec en Guimaëc, Philippe
de Lescorre, sieur de G1ivéry en Lanmeur, Christophe de l'Isle,
sieur de Penanprat en Guimaëc et Pierre de Goezbriand, sieur
de Lanhaca en Plougasnou (1). Le 11 septembre 1590, il était à
Tréguier, et y donna une procuration à sa femme pour vendre
le manoir de Launay en Ploujean à noble homme Yves de
Kerret Le jeune. Le contrat fut passé le 13, moyennant la
somme de 440 écus sol ({ en pistolletz d'or, pieczesde quatre
et deux realles d'argent~ pieczes de houict et de quatre solz,
le tout monnoye d'Espaigne bon et de poix». Pourquoi Yv~s
Goezbriand, ayant officiellement adhéré à la Ligue, se trou­
vait-il à Tréguier, ville encore royaliste, gouvernée par M. de
Châteauneuf, lieutenant du prince de Dombes? On peut
croire qu'il y séjournait, non pas de son plein gré, mais comme
prisonnier de guerre, et que le prodUit du contrat de vente de
la terre de Launay fut employé à payer une rançon libératrice.

Délivré de cette façon ou peut-être par les Ligueurs aidés
des Espagnols, qui, en octobre 1590, surprirent et saccagèrent
Tréguier " ,le seigneur de Roslan revint à Morlaix, et fit
aussitôt diligence pour rembourser. Yves de Rerret, selon la

faculté que lui accordait l'acte de vente. Le ;) décembre, il se
libérait vis-à-vis de son acheteur, et reprenait possession du
manoir de Launay.
La campagne, sans cesse parcourue et dévastée par les
bandes sanglantes et piII.ardes de Fontenelle, la Magnanne, la
Tremblaye, du Liscoët, offrait alors si peu de sécurité que les
familles nobles, préférant à l'abri précaire des murailles de
leurs manoirs la protection plus efficace des solides remparts
d'une ville fortifiée, abandonnaient partout leurs domaines

(t) La Chambre du Conseil de la Sainte Union, par A. de Bàrthelemy, Œ87,
pp. 35., et 40. . . , . "

BULI.ETIN DE LA SOCIÉT~ ARCHÉO. ' TOME XXXIX (Mémoires 7.)

ruraux pour v' enir se réfugier dans les centres urbains. Pl u­
sieurs actes passés de 1;)90 à ' f;)95 par Yves de Goezbriand
fOnt'voir qu'il résidait alors avec: sa famille en la ville-close de

Morlaix, paroisse de Saint-Mathieu, « obstailt les troubles )),
« pou'r sa seureté .», etl( à caùse:de 'l'injure des temps ) , L'Un
de ées actes, en date du '29 juillet 1;)93, est un contratd'afféa­
geÎnent de quatorze convenants situés à Kèrgadiouet ' Kerilly

,en' Guimaëc, et dépendant de la seîgrieurie de Trèmédern,
consen'tÏ par noble' et puissant Nioolas de Talhouet, seigneur
de Kerservant, Cremenec, Grandbois, le ' Dreortz, Trémedern,
capitaine des gentilzhorrünes dù bari ,et arrière-ban de l'eves­
ché de Cornouaille, demeurant àprèsent pour l'injure des
temps 'eh la ville d 'è Henpo'nt (ste), à: noble écuyer Yves de

GMzbriand; sieur de Roslan, Ketvéguen, demeurant à present
pour l'injure des temps en cette ville de Mothlix. Le prix de
vente est de 650 écus sol. Un'e des' clauses de racte stipule que
le sieur de Roslanaura ledroît de remplacer par ses armoiries
un écusson aux armes des anciens seigneur's de Trémédern
existant au second panneau et soufflet de la principale vitre
de l'église de~ Guimaëc, du côté de l'évangile .
: Un accord du 14 décembre 1;)98, conclu entre Yves de
GoezbrH:mdet Pierre Polart, sieur dé ra Villeneuve enPloué~
zoc'h, fait aussi allusion aux calamités de la Ligue, lorsqu'il

dit que les levées du: lieu dù Stancou en Guimaëc ne doiVfmt
: « 'estre poyées en entier pour lesdictes années ( 1594-1;)98), esga rd
aux ruynes, desgat et ravages adveneuz aux laboureurs depuis
:ledict temps, que par les ülalheu'rs des guerres et maladies,
'ledict sjeur de la Villeneuve n'auroict peu faire cultiver la
terre'ny moissonner et amasser ce' qu'il pourroit avoir cultivé, ))

'Que de scènes navrantes de famine et de de tresse évoquées par
' c: es qU'elques lignes d'tin' impassible grimoire notarié! ' '
:: ' Durant cette triste' période~ h~' seigneur de Roslan n'eut
'à enregistrer que des deuils. « Le quatorziesme jour de !pay
'l'an mil cinq cen tz qua tre vingtz traize deceda , vertueuse

daIIloyselle Franczoyse de Goezbrient, ' cy devant dicte, dan1me
en son vivaIit de Lesven et de Goazgoazlé et sœur esnée du
present sieur de Roslan, son 1 corps est inhumé en l'esglise
parochielle de Plouegonven, supplye a toutz les sainctz ,de'
faire a Dieu pryèré qu'il repose son, ame en celeste lumyere;
amen , » - . Ce souhait si chrétien d'une félicité éternelle prouve'

qu'Yves de Goezbriand entretenait d'exellents rapports avec
sa sœm;, Leur affection avait pourtant été obscurcie de quel­
ques nuages, lorsque en 1388, celle-ci s'était avisée de réCla­
mer une plus grosse part de la succession de Jean Estienne de
Kervéguen, comme étant fille de Marguerite Estienne, fille ef

héritière en partie de feus Jehan Estienne et Isabeau Le

Rouge, sieur ' et dame de Kervéguen. Pour éviter un procès,
M. de Roslan dut lui céder une rente de30quartièrs froment,
une renée fèves, une renée orge et 4 livres et demie argent, .

assise sur le lieu noble de Kerynou en Plougasnou. C'est sans
doute pour s'en venger que, dans l'acte de transaction, il dési-

gne peu courtoisement la noble douairière sous ce seul nom: .
(( la lame de Lesguen j), en l'obligeant à reconnaître qu'elle tient

le lieu de Kerynou cc comme juveigneure d'aisné etfm ramage»

et en lui imposant une cheffrente annuelle de 40 sols p'ayable
au l

'janvïér. '

cc Le houictiesme jour de juillet l'an mil cinq ce'ntz quatre
vingtz quatorze décéda tres debonnayre enfant Jan de Goez-

briend, filz aisné desd. sieur et dame de Roslan et de Kerve-'
guen, en la maison de Jan Guéguèn a Morlaix, et fut son corps

inhumé en· l'esglise paroyssielle de Plouezoch, devant Dieu

soyt son amme, amen.» ,
Le calme rétabli, les châ telains de ftOShlll revinrent habiter
leur manoir, qui avait probablement subi la" désastreuse visite

des routiers de Fontenelle ou de la Magiuinne, et Yves de Goez-

bi'ian'd 's'employa de son mieux, par une administration avisée

de ses biens, à; -répàrer les pertes que lui avaient causées'la

gUerre civile' , Un grand nombre" d'actes nous le montrent s'oo-

...,.,. . f 00 ..

. èupant activement de gérer ses terres et d'arrondir, par des
acquêts ou des échanges avantageux, le domaine proche de la
seigneurie de Roslan. C'est ainsi que le 8 mars 1603, il
acquit de nobles gens Nicolas Kerrain et Marie Corre, sa
femme, demeurant à Cléder en Léon, les deux tiers du manoir
. tout voisin de Kerlemarec, comprenant maisons, cour, porte

aire, issues, rabines, prééminences d'église à Plougasnou, bOis

de décoration, douves à rouir le lin, jardin, verger et pièces
de terre, l~ tout chargé, de sept boisseaux froment et quatre
sols de rente à la seigneurie de Plougasnou. Le 2iS avril sui­
vant, demoiselle Marguerite Corre lui vendait, moyennant une

rente de six quartiers froment, le dernier tiers du manoir .

Les actes de ferme ou de baillée convenancière sont d'in té-

ressants documents sur la valeur locative des immeubles, et
la nature des redevances dues par les tenanciers de l'époque.
Le manoir de Launay est affermé, ~n 1iS96, pour 9 ans, à
Tanguy Le Citaran et femme, pour 12 quartiers froment,
2 quârtiers avoine, une charrette de foin, « ung couple de
lin peselle, ung mouton gras, deux chappons, et par argent six
écus sol valant quinze livres. » Le lieu de Goasquérès en Plou­
gasnou est loué en 1601 à Charles Réguer et Yvon Moal pour
12 quartiers froment, 7 écus et 1 chapon, et les preneurs s'en­
gagent à planter chaque année deux douzaines d'arbustes
« es endroitz qui plaira audit seigneur leur montrer, et les

dellivrer quand la bonne saison s'offrira. » Le fermier de la

métairie de Kervéguen s'engage, en 1612, à donner par '
. an douze livres de beurre pour chaque vache à lait qu'il
nourrira, et à ne point travailler ailleurs, sauf deux journées
de charruage au cOIlVenant qu'il a' affermé. Un étage à

Pennenez en Locquirec est baillé à convenant en 1604,
pour 21 livres monnaie, 2 couples de poulets et deux plesées
d'oignons. En 1607, la métairie de Kervéguen trouve un nou­
veau preneur en Pezron Thomas, qui paiera, la première
année, 30 quartiers froment et 10iS livres tournois, et nourrira

- fOl

une vache à lait, - et « au regard des années suivantes, ledit
sieur de Roslan et ledit Thomas tiendront ladite mestairie à

mi-croix et mi-gain et aura ledit sieur dix livres de beurre
pesées au crocq de chacune vache à lait nourrie audit lieu. »
Guillaume Huallen afferme en 1613 les deux moulins de
Roslan moyennant 71) livres argent, 60 quartiers mouture,
2 quartiers gruau et 2 poussins, et donne pour commission un
mouton gras. Le moulin de Kervéguen est loué, en 1614, pour
48 quartiers gros blé, 1 boisseau -gruau, 6 livres argent et
2 chapons. Alain Sali ou afferme, en 1616, la métairie de Ros-

lanauxconditions suivantes: payer par an 11 quartiers froment,
30 livres argent, 2 quartiers avoine et nourrir deux vaches
parmi les siennes, « tant en l'hiver que en l'hesté. )) Yves de
Goezbriand lui donnera chaque année une charretée de foin
et lui permet de jouir « des fruictz d'un grand prunier estant
au milieu du grand vergier, parce qu'il gardera et aura l'œil
et curiosité de clore sur les fruitiers et vergiers dudit lieu du
mieux qu'il pourra. )J Généralement, les actes de baillée sti­
pulent quelque redevance en nature. Une maison située à
Saint-Michel-·en-Grève est louée pour 19 livres 4 sols et « une

pattée d'huile» ; un convenant en Guimaëc pour 9 livres et
« ung couple de poncins de nouvelle croissance », un lieu en

Botsorhel pour 28 livres 16 sols et une platée de beurre. Les
tenanciers sont assujettis à suivre le moulin seigneurial et à
faire urie journée de corvée au moment de la fenaison. Parfois,
ils s'engagent aussi à faire quelques journées « d'homme à _
labourer)J. Les rentes et les cheffrentes, très minimes d'ail­
leurs, dues aux fiefs suzerains, sont également à leur
charge. ~ _
Yves de Goezbriand acquit de plus des prééminences en l'é­
glise de-Plougasnou, où jusqu'alors, et bien que située dans

cette paroisse, la maison de Roslan n'en possédait aucune.
Cela s'explique par la position écartée qu manoir, que cinq

grands kilomètres à vol d'oiseau séparent du bourg de Plou-

gasnou ; aussi ses seigneurs avaient-ils choisi leur sepulture
dans le chœur de l'église bien moins éloignée de Plouézoch

et leurs enfants y recevaient le sacrement de baptême. Le
,Hi avril 1609, François de Goezbriand et Franço,ise de Kerver~
der, sieur et dame de Launay-Crechmellou, donnèrent au sieur
et dame de Roslan, « en considération des bons, agréables et
singuliers plaisirs qu'ils cognoissent avoir receu par cy devant
et encores espèrent recevoir d'eulx )), deux tombes armoriées

« avecq le pillier de pierre de jouxte au bout suzain l) situées
dans le chœur de l'église de Plougasnou, du côté de l'évangile.
Un peu plus tard, le 18 mars '161~, Yves de Goezbriand échan­
gea son manoir de Launay avec noble Alexandre Toulgoet,
ancien procureur fiscal de la dame de Scépeaux, contre le
lieu noble de Lerfhir et la chapelle dite de Plougasnou, plac~e

du côté de l'épître du chœur de la même église, et contenant
vi tres, arcade et ba nes. "

La mort prématurée des d' eux fils aînés de M. de Roslan,
François et Jean: fit de leur frère puîné Christophe l'héritier
principal de sa maison. Il 'épousa, ,à l'âge' de 21 ans, un. eriche
héritière léonaise de 16 ans, Marie de Kersaintgily, ,fille ~ni·
que de feu Alain de Kersaintgily et de Gilette de. Coetlosquet,

,seigneur et dame du Cosquérou en Mespaul, trève de Plouvorn.
Yves de Goezbriand avait sans doute beaucoup travaillé pour
procurer à son fils une si sortable alliance,et, dans. son allé­
,gresse, il consigna deux fois sur son registre les circonstances
,de cet heureux événement. Voicisa' première rédaction: « Le
vingt cinquiesme jour de juillet et fête de Mons

Sainct Jac-
ques mil six centz dix, furent célébrées les nopces d'entre led.
Xpristoffie de Goezbriend, sieur de Kerveguen, et damoyselle
, Marie de :Kersangily, dame héritière duCozqùerou e, t de
Kerudot en la chapelle de Mons

de Launayen , présence de

made sa mere et nombre de leurs parentz (1 l, playse a , Dieu

(i) Leur acte de Ularia~e se tro, uve encor, e, en p~rtie déch,iré" sur les
anciens registres paroissiaux de Plougasnou,'On 'peut déchiffrer les'noms

_7 103 u

leur donner tout bonheur'et felicilté, le décret avoict esté faict
le 2' P jour de juin.precedant moys en l'auditoyre de Morlaix
par mons

le bailliff de Penhoat, presentz quararite-septdes
parentz de ladicte héritière.» .
L'opulent patrimoine de Marie de Kersaintgily avait excité
les convoitises d'épouseurs sans scrupules, qui ' projetaient
même d'employer la violence pour ~ arriver à leurs fins, puis­
que sa mère Gilette de Coetlosquet déclare, dans l'acte de
décret, « n'ozer mener saJille hors ceste ville (Morlaix) et n'a
seureté aucune de le faire, d'aultant que certains gelltilzhom­
mes auroient menaczé de ravir et enlever sadite fille contre .
son contentement, celluy de sa fille et de la pluspart de ses
parants, pour à quoy , obvier elle auroict esté contrainte de
randre sa fille en ceste ville par l'ad vis de ses parants ».De

telles mœurs sentaient encore la brutalité du temps de la
Ligue. La maison de 'Roslan, riche elle-même, soutenue d'une
parenté nombreuse, protégée par l'influent seigneur de Goez­
briand, chef dela famille, offrait.le meilleur des refuges ,à la
pauvre héritière. si âprement traquée par ces féroces coureurs
de .dot. La seconde rédactio~ de la note consacrée à ces épou­
sailles est 'ainsi conçue: « Le vingtiesme jour de juin 1610
fust faict et decretté le' mariage de nobles homs Xpristoffle
de Goezbriend, sieur. de Kerveguen, et damoyselle Marie ' de
Kersainctgillj, dame heritiere du Cozquerou, Kermbrvan,
Kerudot et ,cetz., en ' tres honorable compaignie; Dieu ,leur
doint bon mesnage. ' . : "
Le vingt cinquiesme jour dej uillet l'an surdict mil six centz
et dix et feste de monsieur Sainct Jacques et de monsieur

Sainct Xpristoffie. furept célébrées leurs nopces eQ la chapelle
de Launay Marec par m

Jan Gaouyer, curé de Plougaznou,

de quelques témoins, entre autres François Marree, sieur de Launay et
Gilette de Kersauson, sa femme. Celle-ci était tante de la jeune m;lriée, et
c'est pourquoi la cérémonie fut faite dans la chapelle de leur manoir de
Launay en Plougasnou. , ,::"

104 ., .

assisté de très bonne compaignie. Et le lendemain furent ren­
dus à Roslan assistés d'icelle compaignie ».
On aime à penser que lés vœux d'Yves de Goezbriand en
faveur du jeune ménage eurent leur pleine réalisation. Avant
d'aller à son tour goûter les béatitudes célestes près de Ce
« très bon Dieu» dont il avait si souvent invoqué la miséri­
corde envers ses défunts, Je vieux seigneur de Roslan eut la
joie de voir fructifier sa race et de grouper autour de lui des
têtes rieuses de garçonnets et de fillettes pour lesquels il fut,
n'en doutons pas, un grand-père indulgent et tendre. Parcou­
rons la page où il a noté les naissances, entremêlées de deuils,
de ses petits-enfants. . .

« Le quatorziesme mars mil six cent trayse fust né Fran-
czoys de Goezbriend, filz desdit sieur et dame de Kerveguen
et du Cozquerou, et le lflndemain fust ba ptizé par messire
Franczoys Le Loucze, recteur de Plouezoch, corn payre fut
mons

le vicontte de Mejuceaume (1), comayres la damme de

Roslan et de Kervéguen et la damme de Longueville (2),
Dieu Iuy doint la grace d'estre homme de bien, et le vingt
deuxiesme apvrill prochain ensuyvant il deceda a nostre tres

grand regret et fust inhumé en l'esglise de Plouézoch par
ledict sieur Recteur et ses chapelleins avecq belle assemblée,
Dieu nous donne la grace d'estre a la fin de noz jours ses
associés en paradis . .
Le quatorziesme jour d'aoust . fust- née Renée, fille desdits
sieur et damme de Kervéguen et du Cozquerou, et babtis~e le

dudit mois par ledict sieur recteur de Plouezoch, compayre
fust le sieur de Roslan, commayre madamme Renée de la
Marsilyere, damme de Goezbriand (3), .'en }'esglise de Ploue-

(i) François de CO,etlogon, seigneur d'Ancremel, Penanvern, la Gaudi-
naye (Reg. par. de Plouézoch) .
(2) Christine de Goezbriand, dame de Kerhir, en français Longueville . .
(3) Femme de François, seigneur de' Goezbriand, Coatcoazer, l'Armori-
que Kerantour, etc. .

- 105
zoch, l'an ' 1614, Dieu luy doint la grace d'estre fille de bien.
Le dix-neufiesme jour de novembre l'an mil six centz saize
trespassa en la meson de Kerveguen vertueuse et sage damoy­
selle Plezou de Goezbriend ('1), seur du present sieur de Ros­
lan, et son corps inhumé en l'esglise parochielle de Guimec
en la chappelle de Kervéguen, Dont suys obligé fayre a Dieu
priere qu'il repose son arnme en celeste lumyere, amen. Ses
obsecques furent célébrées le jour et feste de monsieur Sainct
André 30

novem bre an surdict.

Le vingt troisiesme jour de juin mil six centz et dix-sept
fus

né Yvon de Goezbriend, filz dès surdicts sieur et dame
de Kerveguen, et babtisé le vingt et cinquiesme dudit mois
par messire Baptiste Le Mousterou, recteur de Guicmec, en
ladite esglise de Guicmec. Compere fut nobles ho ms Yvon de
Goezbriend, sieur de Rûscoet et de Keralliou, commayre

damoyselle Gillette de Coetlosquet, damme douayrière du
Cozquerou . . Dieu luy doint la grace d'estre homme vertueux
en ce monde afin de parvenir à la vie éternelle en l'autre, .
amen. »
Six ans s'écoulèrent sans que le seigneur de Roslan trouvât
l'occasion d'augmenter d'un nouveau paragraphe son mémo­
rial de famille, puis il eut la douleur de perdre soudainement, à
quatre jours d'intervalle, sa femme et sa fille aînée.
« Le quinziesme jours de mars 1623 deceda tres sage et
tres regrettée damoyselle Louyse Estienne, damme de Roslan
et héritière de Kerveguen, Lanvelin, Launay et cetz, en sa
meson . de Kerveguen, asistée par messire Baptiste du Mouste­
rou, recteur de Guicmec, maistre Vincent Clech et aultres
gens de l'esglise,. environ l'heure de mydi, et le lendemain a
pareille heure fut son corps inhumé en l'esglise de Guicmec en
tres bonne compaignye et grande congregation de peuple, et
(i) Les actes la qualifient de dame de Kerlizé . . Le t9 juillet i6i7, son
frère fournit minu à la seigneurie de Plougasnou pour l'eligement du
rachat de sa succession, comprenant deux convenants à Tréourhant et
Kerlizé en Plougasnou.

- 106 "

fust 1''Office célébré par les chappeleins de Guicmec, Lanmeur
Plougazn'Ou et St Jan, et l''Ores'On funebre pr'On'Oncée par vene:
l'able Religieux Père (blanc) en 1''Ordre de St Augustin, tant
le j'Our de l'enterrement que le j'Our des 'Obsecques ayente
atteint lage l'Ors dudict decz'Oys de s'Oixante quinze ans, dont
s'On c'Orps estant l'Ogé en l'esglise de Guicmec attendant la
resurecti'On generale je supplie le . tres b'On Dieu qu'il luy
plaise l'Oger s'On ame aux cieux en la c'Ompaignye des bienheu~
reux, amen.
Le dix neuffiesme j'Our m'Ois et an surdicts deceda tres hon~
neste dam'Oyselle Margaritte de G'Oezbriend, fille de ladite def~
funte danie de R'Oslan, et dame de G'Oazven, Kerguien et Kera~
dri'Ou, en la maison de Keradri'Ou, et le vingt et unies me dudit
m'Oys s'On c'Orps fust inhumé en grande assemblée de gens d'e-

glise et de n'Oblesse et c'Ongregati'On de peuple en l'eglise paro-
chielle de (Trébeurden) a l'heure de l''Office, l'ores'On funebre
célebrée par Reverènd Pere frayre (blanc), prieur du C'Ouvent
- des Augustins de Lanni'On et d'Octeur en the'Ol'Ogie. »
Marguerite de G'Oezbriand laissait deux fils, Gilles et Effiam
Le B'Orgne. Ce dernier, né au man'Oir de Kerazi'Ou,' 'Ou Kera­
dri'Ou, et baptisé . à Trébeurden le 4 n'Ovembre 1620, eut en
1629, l'Ors de sa c'Onfirmati'On, s'On prén'Om changé en celui de
Guy, par l'évêque de Tréguier Guy Champi'On. Il devint plus
tard, vers 16~2, all'Oué et bailli de Lanmeur et est l'auteur
d'un précieux Armorial Breton, publié en 1667 par Julien
. Ferré, marchand Jibraire à Rennes, qui a été réimprimé én
fac~similé par n'Otre c'Onfrère M. de Bergevin, en 1902.
Ainsi se termine, sur un d'Ouble deuil, le « mèm'Oyre » du
seigneur de R'Oslan. Il n'a mêmepas.'n'Oté la naissance d'une
. sec'Onde petite-fille, Christine, baptisée le 7 mars 1624 à
Pl'Ouéz'O. c'h,. d'après les registres par'Oissiaux. L'âge et les
infirmités inhérentes à ses s'Oixante-quinze ans l'accablaient

sans d'Oute. Il dut rn'Ourir deux années plus tard, car J'inven-
taire des f'Ondati'Ons desservies en l'église de Pl'Ougasn'Ou men-

- 107 H .

tionne; à la date du 8 février 1626, l'acte testamentaire de
nobles homs Yves de Goezbriand, sieur de Roslan, par lequel
il fonde un service solennel et lègue à la fabrique une rente
de deux quartiers de froment sur le lieu ' de Tréourhant (1)
En 1628, son fils Christophe se qualifie, pouda première fois,
de 'sieur de Roslan dans l'acte de baptême d'un quatrième
enfant, François de Goezbriand, baptisé à Plouézoch le 28 octo­
bre. Un autre fils, Tanguy et une autre tille, Marie, lui naqui­
rent encore en 1633 et 1631.
Christophe de Goezbrianq, seigneur de Roslan, reconstruisit

dans' de belles proportions' son manoir de Roslan. Ses armoi-

ries, une (asce surmontée d'un lambel, se distinguent encore
sut l'arcade du petit portail, mi-parti de celles de sa femme
Marie de Kersaintgily, six trèfles posés 3, 2, 1. Cette dernière
mourut veuve à Roslan le 21 août 1670, après avoir reçu s'es
d' erniel's sacrements des mains de Messire Vincent Prigent,
recteur de Saint-Philbert de Grandlieu au diocèse de Nantes,

et fut inhumée le 22 en 'l'église ,des , Pères Carmes de Saint-
Pol de Léon, dans la sépulture des seigneurs du Cosquérou,

ses ancêtres. Son fils aîné, Messire Yves de Goezbriand, che-

valier, seigneur ~e Roslan, Cosquérou, Kervéguen, avait con-
tracté, en 1649, une flatteuse alliance en épousant une nièce
de l'illüstre maréchal de Guébriant, Louise Budes, fille de

Christophe Budes; seigneur du Tertre-Jouan, conseiller au Par­
lement et garde-scel de la chancellerie de Bretagne, et de
Renée du Bouilly. Ils n'eurent point d'enfants, et Yves de
Goezbriand étant décédé à Roslan le 5 février 1672, sa sœur

,Anne, mariée le 27 novembre ' '1651, dans l'égpse de Plo\lé
zoc'h, par noble, discre.t et vénérable Maître Michel Thépault,

sieur de RumeIin, chanoine de Tréguier et recteur de Plou-
gasnou, à très noble et très puissant Jacques de Kermenguy,

seigneur de Kermenguy, le Bodon, le Runiou, Kersuliel),

(1) Arch. ,du presbytère. de pIQugasnou. "

- " lOS - '

etc., chevalier de l'ot'dre de Saint-Michel, de- la paroisse de
Cléder, porta tous les biens de la maison de Roslan dans l'an_
tique lignée léonaise de Kermenguy, issue de Guillaume
Derrien, sénéchal de Bretagne en 13152.
La chapelle domestique d~ manoir, dédiée à saint Gonéry,
et aujourd'hui disparue, avait vu, le 4 février 1666, célébrer

le mariage d'écuyer Ignace Le Gonidec, sieur des Aulnays,
du diocèse de Rennes, et de demoiselle Françoise Budes

dame du Tertre-Jouan, du diocèse de Saint-Brieuc, sœur de la
dame de Roslan. Signèt'ent à l'acte: Ignace Le Gonidec "
Françoise Budes - Renée Le Borgne Louise Budes .
Françoise-Gabrielle de Kerguezay le commandeur de Budes
- Robert du Louet de Goezbriand Yves de Gouezbriand
-Pierre de Kersauson Guénan G. de la Forest . J. Le
Court, recteur de Plougasnou.
Le fils d'Anne de Goezbriand, Guy de Kermenguy, seigneùr
dudit lieu, Roslan, etc., lieutenant, pQis capitaine d'une com­
pagnie de gentilshommes du Léon, épousa Jeanne-Corentine

de Kergoet, dont Guy-Rolland, seigneur de Kermenguy, Ros-
lan, page de la Grande-Ecurie du Roi en 1710, qui laissa de
sa seconde femme Marie-Anne Le Bihan de Pennelé deux fils,

René-Yves et Marie-François de Kermenguy. Celui-ci rési-
dait en 1769 à son manoir de Roslan, et sa femme Michelle-

Thérèse Le Forestier de Kerosven y mit au monde leur
second fils, baptisé à Plougasnou le 3 novembre de cette
année, sous les prénoms de Nicolas-Marie-François. Dénoncé

sous la Révolution par la municipalité de Saint-Pol pour
« s'être glorifié dans le passé du vain titre de Roslan », M. de
Kermenguy fut arrêté à Landerneau, Lé 2 septembre 1793, par
ordre de la Commission administrative, sous ' l'i~culpation
« d'avoir refusé des assignats en paiement de ses revenus et
de ne s'être jamais montré qu'un contre-révolutionnaire des

plus dangereux (1}.» On l'emprisonna à Carhaix, tandis que sa
(i) Abbé J~ Tanguy. Une uille bretonne sous la Réuolution, p. 3iS.

109 _ .

ferume était arrêtée et détenue à ' Saint-Pol. La chute de

Robespierre leur rendit la liberté. Leurs deux fils, officiers
aU régiment de Bretagne, avaient émigré puur combattre sur

le Rhin et en Vendée. L'aîné mourut à Dusseldorf des suites
de ses blessures; son frère, né à Roslan rentra en France
à l'amnistie de 1803 avec sa jeune femme Rose de Gouyon­
Vaurouault, et fut père du vénérable et respecté M. Emile­
L ouis de Kermenguy, député du Finistère à l'Assemblée
Nationale et à la Chambre, mort à Paris en 1893, dont le sou­
venir demeure impérissable dans q.e pays de Léon qui a su

lui donner un si éminent successeur.
Un intéressant calendrier de fondations dressé en 17D3,
unique débris qui ait survécu à la dispersion des archives
paroissiales de Plouézoch, nous apprend comment l'on 'priait
dans cette église « pour les decedez de la maison de Rosi an

en l'endroit de leurs services. » On y faisait 'oraison « pour

le repos des ames de Messire François de Goëbriand et
damoiselle Anne de la Haye, sieur et dame de Roslan ; pour
Messire Yves de Goëbriand et d
lle
Louise Estienne, ;lussy
seigneur et dame de Roslan; pour Messire Guy Estienne, '
damlle Marie de Goëbriand,. dame du Goasven ; pourChristin. e

de Goëbriand, dame douairière de Longueville, et en général
pour les decedez des maisons de Roslan, Kerveguen, Cosqué­
l'ou. » Au prône dominical, dont le même cahier nous a con ..
servé le texte en ce déplorable breton du XVIIIe siècle, on priait

aussi pour les seigneurs de Roslan: (( Davantag e peiomp
(pedlomp) ... evit an autrounez neus an ty a Keryan, ar Quer­
nevez, a Roslan, hac en gene-ral evit quement ma hon neus
obligation da pedy)/.
L. Le GUEN NEC.

DE'UXIÈ E ·PART'IE

Table des Mémoires publiés en 1913

Pages
Les Mégalithes de la commune dé Spézet par A.

JARNO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

II. Les tumulus· du Ruguello en Trézény (Côtes-du-

Nord) par ~. MARTIN et l'abbé PRIGENT ...... . 6
III. Eglises ' et Chapelles du Finistère par le Chanoin~
PEYRON (CanLon de Lanmeur) (suite) .. , ..... . 20
IV. Première contribution à l'Inventaire des monu-

ments mégalithiques du Finistère' par AIL

DEVOIR .. ' ........................ . .... 42-77-142·264

v. Norges Oldtid par G.' GUSTAFSON~ traduction du
Commandant LE PONTC)IS. Chapitre VIII. Con-

servation des monuments; dispositions de

la loi ............. , ......................... ~ 47 .

VII.
VIII.

Danvez Gériadur. Màtériaux pour compléter les

Dictionnaires Bretons-Français par G. ESNAuLT 55-110
Note SUI' la Chapelle et le Calvaire de Perguet en
Bénodet par Ch. CHAUSSEPIED ... " " ..... " .
Note SUI' l'Arc de Triomphe de Sizun par Ch.

CHAUSSEPIED .. , ..... ' . " ... ....... .. . . . .. .. .. 74

IX. Le Cahier du Seigneur de Roslan par L. LE
GUENNEC lOlO ~ ". 85
X. Notice sur les Seigneuries. de la Roche-Helgo-
marc'h, Laz et Botiguigneau par R. DELAPORTE . 155

XI. La Révolution en Bretagne. Les Derniers Mon-
tagnards 1795 par PR. HÉMON.. . ........... ; 177 ·271

XII. Etudes sur le. Cap-Sizun. V. NoLiee historique

sur la Seigneurie de Lezoualc'h e:r;t Goulien et
ses Anciens Seigneurs par D. BERNARD. . . . . . 193
XIII. Pêcheurs cornouaillais et XV· siècle par H.
W AQUET.. lOlO......................... lOlO..... 249
XIV. Le Marquis de PontIez, légende par le Chanoine
PEYRON .... ..... .

261