Bulletin SAF 2000
Table des matières
Chronique de préhistoire et de protohistoire finistériennes et des archéosciences pour 2000
P.-R. Giot
Pages 11 à 22
Notices d’archéologie finistérienne (années 1999-2000)
Pages 23 à 44
Des ossaria dans le Cap-Sizun (Finistère)
Michel Le Goffic, Josick Peuziat
Pages 45 à 56
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Résumé
Bien connus dans le Morbihan et le centre-ouest de la France, les petits monuments funéraires gallo-romains formés de trois parties que sont les ossaria n’avaient encore jamais été signalés en Finistère. En l’espace de quelques semaines, plusieurs éléments d’ossarium ont été inventoriés dans le Cap-Sizun, sans que l’on puisse expliquer, pour le moment, la raison de cette localisation bien délimitée. L’enquête ne faisant que démarrer, il serait hasardeux de tirer des conclusions hâtives.
Monuments et objets d’art du Finistère. Études, découvertes, restaurations (année 2000)
Pages 57 à 86
L’architecture religieuse des hospitaliers en Bretagne au Moyen Âge: une étude à entreprendre ?
Michèle Boccard-Billon
Pages 87 à 98
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Résumé
Peut-on envisager de mener à bien l’étude de l’architecture religieuse des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne pendant la période médiévale? Ou, en d’autres termes, existe-t-il un parti architectural propre à cet ordre militaire sur l’ensemble de la région bretonne? On aurait pu croire, au vu des nombreux noms de lieux énumérés dans la charte donnée aux hospitaliers par Conan IV en 1160, que cette recherche allait s’avérer fructueuse. Hélas, la charte est peut-être un faux, les documents d’archives pour la période concernée sont quasiment inexistants, et les rares structures conservées manquent par trop d’homogénéité pour espérer en tirer des conclusions probantes. Restent les connaissances d’ordre général que nous pouvons avoir sur l’Hôpital de Bretagne, et les observations tirées des archives modernes ainsi que des édifices encore debout, qui mettent sur la voie d’une fragile réponse à la question posée: il ne semble pas avoir existé au sein de l’ordre une volonté affirmée d’employer des formules particulières, que l’on pourrait retrouver dans d’autres régions, ni du point de vue architectural, qui nous intéresse ici, ni de celui de la gestion des biens, pourtant mieux documentée.
Cathédrale Saint-Corentin de Quimper: essai d’inventaire des vitraux disparus
Jean-Pierre Le Bihan
Pages 99 à 108
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Résumé
Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper ont été restaurés entre 1973 et 2000. Une partie d’entre eux date du 15e siècle, beaucoup du 19e et du 20e siècle. L’examen approfondi rendu possible par les travaux de restauration, les indications fournies par le chanoine de Boisbilly à la fin du 18e siècle, par l’érudit Aymar de Blois, l’archiviste René-François Le Men, l’architecte Joseph Bigot, le chanoine Alexandre Thomas, au 19e siècle, ont permis de dresser l’inventaire d’une partie des vitraux anciens disparus.
Orfèvrerie finistérienne : croix de procession et boites aux saintes huiles
Yves-Pascal Castel
Pages 109 à 132
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Résumé
Les croix de procession finistériennes, fleuron de l’orfèvrerie religieuse ancienne du département, sont précieuses au double titre d’avoir été produites par les orfèvres locaux, à Morlaix, Saint-Pol-de-Léon, Quimper ou Brest, et de présenter un profil particulier apparenté aux petits calvaires de pierre dressés dans les enclos paroissiaux et sur les routes. Pour leur confection, les maîtres locaux, formés comme compagnons aux étapes de tours de France laborieux, ont utilisé les ressources d’un art séculaire qu’ils ont pratiqué magistralement: ciselure, repoussé-ciselé, fonte, gravure. Moins connues que les grandes croix d’argent, les boites aux saintes huiles utilisées au cours du rite baptismal forment un corpus de coffrets de formes variées sortis des mêmes ateliers que les croix de procession.
La construction de l’oratoire de Saint-Jean-du-Doigt (1576-1578)
Christian Millet
Pages 133 à 152
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Résumé
Le dimanche 26 août 1576, les paroissiens de Plougasnou prennent la décision de construire un oratoire dans le cimetière de l’église de Saint-Jean-du-Doigt. Le chantier sera actif pendant deux ans et donnera une des oeuvres les plus significatives de la seconde Renaissance dans le pays de Morlaix. Au-delà de l’oeuvre conçue par l’architecte Michel Le Borgne, l’intérêt de cet édifice réside dans les comptes de sa construction que les Archives départementales du Finistère conservent dans leur totalité. Leur analyse nous permet de reconstituer l’histoire du chantier. La ventilation des dépenses par corps d’état, maçonnerie, charpenterie, couverture, plomberie et mobilier, puis, pour chacun d’entre eux, la distinction des coûts matière, main-d’oeuvre, transports et autres, nous donnent une présentation moderne du prix de l’ouvrage et fournissent un référentiel à d’autres études. Malgré la sécheresse de leur rédaction, ces documents laissent transparaître une multitude d’informations sur les maîtrises d’ouvrage et d’oeuvre sur les marchés et les monnaies. L’omniprésence du port de Morlaix démontre son importance dans l’économie locale. Les relations qui se nouent entre artisans et fabriciens et entre les corps constitués de la paroisse, où le tiers état cherche à s’affirmer, laissent entrevoir les enjeux qui animent cette communauté villageoise du Trégor.
Un sculpteur sur pierre : le Maître de Plougastel (1598-1621)
Emmanuelle Le Seac’h
Pages 153 à 176
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Résumé
La statuaire bretonne sur pierre des XVe-XVIIIe siècles en Basse-Bretagne a trop longtemps été considérée comme anonyme, les sculpteurs ne signant que rarement leurs oeuvres. Par des analyses stylistiques précises, la filiation du travail d’un sculpteur, le Maître de Plougastel (entre 1598 et 1621), a pu être mise en évidence. Son oeuvre la plus célèbre, le calvaire de Plougastel-Daoulas, a servi de parangon de référence. Le Maître était à la tête d’un atelier qui fournissait les fabriques paroissiales en statuaire ornementale et en calvaires. Il était secondé par un compagnon dont le style des sculptures se différencie de celles du Maître. Le Maître de Plougastel était également architecte comme son successeur Roland Doré (entre 1618 et 1660).
Au péril de la restauration: le jubé de Notre-Dame du Folgoët (1835- 1852)
Robert Leclercq
Pages 177 à 188
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Résumé
La conservation du célèbre jubé du Folgoët pose, dans le premier tiers du XIXe siècle, un très difficile problème né de la rupture des arcs-boutants qui le rattachaient aux piliers, voisins, de la nef. Malgré les réserves de D.-L. Miorcec de Kerdanet, qui suivait avec d’autant plus d’intérêt les projets de consolidation que, résidant à Lesneven, il était voisin de la basilique, une tentative malheureuse de stabilisation du jubé et de reconstruction de sa balustrade, brisée, du côté du choeur, aboutit à un conflit avec les sculpteurs - les frères Poilleu, de Brest - qui avaient cru pouvoir prendre en charge le chantier. C’est la relation de ce conflit, qui les mit autant en péril que le fut le monument lui-même, qu’il a semblé intéressant de relater.
Le granite du Huelgoat et le canal de Nantes à Brest
Louis Chauris
Pages 189 à 198
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Résumé
L’exploitation des rochers granitiques du Huelgoat, pour les travaux du canal de Nantes à Brest, a été la cause, en 1825, d’un sérieux litige entre la municipalité de cette commune et les entrepreneurs chargés de l’ouvrage. En révélant les arguments présentés par les deux parties, sous le regard du service des Ponts et Chaussées et des autorités préfectorales, les données archivistiques permettent de mieux appréhender, sous un éclairage original, les mentalités, au début du XIXe siècle, face à l’utilisation des ressources naturelles.
La rénovation du Musée départemental breton, Quimper
Philippe Le Stum
Pages 199 à 208
Musée départemental breton. Un an d’enrichissement des collections (2000)
Philippe Le Stum
Pages 209 à 222
Les seigneurs de Penhoët en Saint-Thégonnec
Patrick Kernévez, Guy Travel
Pages 223 à 258
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Résumé
Deux tours à demi abattues et quelques pans de courtines, c’est tout ce qu’il reste du château d’un des plus illustres lignages léonards. Les seigneurs de Penhoët ont pourtant fourni des capitaines, des chambellans et un amiral de Bretagne aux XIVe et XVe siècles. Dans cet article est brossé un aperçu de l’histoire du lignage, de son château et de sa seigneurie. La maison de Penhoët est mentionnée à partir du début du XIIIe siècle; certains auteurs en font un ramage des vicomtes de Léon, ce qui reste incertain. Trois membres de cette maison ont laissé leur nom dans l’histoire bretonne: Guillaume, capitaine de Rennes, Jean, amiral de Bretagne, et un autre Guillaume qui fut chambellan du duc et dont la fille, Françoise, épousa Pierre de Rohan-Gié, maréchal de France.
Les seigneurs de Guengat
Gérard Le Moigne
Pages 259 à 286
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Résumé
Le fait que les sires de Guengat portent ou ont donné leur nom à la paroisse prouve que la famille a une ancienneté établie. Cela expliquerait alors la mention des premiers Guengat dans la seconde moitié du XIIe siècle et le commencement du suivant. L’origine du ramage du Juch reste à confirmer. Cependant, jusqu’à la seconde moitié du XVe siècle, les seigneurs de Guengat restent en retrait des événements politiques majeurs. Guillaume Ier est le premier nommé à la cour de Bretagne. Les Guengat servent les ducs de Bretagne jusqu’à l’union au royaume de France. Tout naturellement, ils se mettent ensuite au service des rois de France. Alain Ier de Guengat obtient de ceux-ci la charge de vice-amiral de Bretagne vers 1523. Cette réussite confirme l’émergence de la famille en ce milieu du XVIe siècle. L’obtention du titre de baron puis celui de comte, au siècle suivant, confirme la réussite du lignage. Cette ambition se confirme dans l’étendue et la morphologie de leur fief. En l’espace de quatre siècles, celui-ci passe de deux à quatre-vingts paroisses y compris les seigneuries annexes. Leur réussite transparaît également dans leur demeure. D’une simple tour, les Guengat réussissent à construire un château avec corps de logis et chapelle, le tout clôturé d’une enceinte de pierre. Avec ses tours, son châtelet d’entrée et ses défenses avancées, le château de Guengat reflétait jadis la richesse et les prétentions de cette famille.
Les origines du prieuré de Pont-Briand du 11e siècle à 1293
Pierre Hollocou
Pages 287 à 310
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Résumé
Les noms de Pont-Priant et de Saint-Gilles sont aujourd’hui ceux d’un modeste village et d’une chapelle voisine en la commune du Saint, canton de Gourin, en Cornouaille morbihannaise. Ces deux noms sont restés liés pendant plus de six siècles à l’histoire méconnue du prieuré bénédictin de Pont-Briant dépendant de l’abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé. Une identification des donateurs des XIe et XIIe siècles avec les vicomtes de Gourin est à l’origine d’un certain nombre de confusions toponymiques qui aboutissaient à en faire un prieuré au territoire très dispersé. La relecture des chartes du cartulaire de Quimperlé, appuyée sur une utilisation plus rigoureuse de la linguistique, l’observation des cartes au 1/25 000 et les travaux historiques récents nous permettent de dessiner les contours d’un prieuré plus compact et recentré sur Pont-Priant. L’acquisition tardive de la terre de Botelan en 1293 trouve ainsi sa vraie place aux limites sud de ce prieuré.
Les pêches du maquereau sur les côtes nord de la Bretagne au 18e siècle
Olivier Levasseur
Pages 311 à 338
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Résumé
Les pêches du maquereau forment un secteur d’activité important dans l’économie de la Bretagne nord du XVIIIe siècle. Ces pêches sont d’une part des pêches vivrières, largement pratiquées par des populations riveraines (y compris femmes et enfants) qui se caractérisent par leur pluriactivité, et d’autre part des pêches commerciales d’une toute autre ampleur. La base de ces dernières est la baie de Morlaix, en particulier Roscoff qui concentre une grande part des activités annexes (salaisons, vente ... ). Ce sont pourtant des pêcheurs normands et picards qui les pratiquent, s’appuyant sur des populations locales qui embarquent parfois sur leurs navires. L’étude de ces pêches permet de voir comment elles participent d’une ouverture des littoraux bretons sur le monde et de leur intégration dans des circuits économiques qui s’étendent bien au-delà des seuls marchés locaux.
La Bretagne sous la Restauration. Souvenirs romantiques et parfois romancés d’après les lettres de Boucher de Perthes (1816-1825). [Troisième partie]
Pierre-Roland Giot
Pages 339 à 370
Cidre et sociabilité dans la région quimpéroise (première moitié du 20e siècle)
Corentin Ollivier
Pages 371 à 0
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Résumé
Le cidre, après avoir été en Bretagne une boisson de grande consommation au 19e siècle et dans la première moitié du 20e siècle, a connu une forte régression depuis la Seconde Guerre mondiale. Le cas d’un café quimpérois, qui fonctionna de 1924 à 1961, permet de mesurer la place qu’il tint dans la société d’une ville moyenne de l’époque, à un moment où le vin a commencé à le détrôner dans les habitudes alimentaires.
Chronique de langue et de littérature bretonnes (année 2000)
Pages 0 à 378
Anciennes possessions de l’abbaye de Landévennec
Albert Deshayes
Pages 379 à 384
Des possessions de l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé
Albert Deshayes
Pages 385 à 386
Réflexions sur la notation de quelques toponymes ou sur leur étymologie
Albert Deshayes
Pages 387 à 392
Quelques lettres de René Largillière
Michel Debary
Pages 393 à 399
Notes de lecture
Jean-André Le Gall
Pages 400 à 404
Une version de la troisième Vie latine de saint Tugdual d’après un manuscrit provenant de Crépy-en-Valois (Oise)
Bernard Tanguy
Pages 405 à 450
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Résumé
Les trois Vies latines de saint Tugdual ont été éditées en 1886 par Arthur de La Borderie, d’après une copie du XVIIe siècle pour les deux premières, un légendaire du XIIe siècle de l’abbaye de Savigny, complété par une copie du XVIIe siècle, pour la troisième, la plus longue. Les archives de l’évêché de Tréguier possédaient une version de celle-ci, copiée au XVIIe ou au XVIIIe siècle et accompagnée d’une traduction. Fortuitement découverte dans un fonds d’archives privées, cette version a été tirée d’un légendaire de l’église Saint-Aubin de Crépy-en-Valois (Oise). Ce sanctuaire détenait, en effet, dès le XVe siècle, outre les reliques de saint Brieuc, une grande partie des reliques de saint Tugdual, sans qu’on sache précisément leur provenance ni la date de leur dépôt. Le saint étant anciennement appelé Pabu Tugual, cela entraîna, à Crépy, un dédoublement du personnage et des reliques, une partie étant attribuée à Sanctus Tugualdus confessor, l’autre à Sanctus Papucius martyr. Si l’on sait qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles, des démarches furent entreprises par l’évêque de Tréguier auprès des églises de Chartres et de Laval, détentrices également de reliques du saint, on ignore quand et dans quelles circonstances la copie de la Vita IIIa parvint à Tréguier. Le lecteur découvrira en appendice une transcription annotée de la Vita et de sa traduction.
Le vocabulaire nautique breton de Lampaul-Plouarzel, enregistré par Augustin Jal en 1841
Daniel Le Bris
Pages 451 à 0
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Résumé
Le Glossaire nautique d’Augustin Jal, publié en 1848, est un dictionnaire encyclopédique et polyglotte (60 langues) de la marine. Pour obtenir, ses équivalents bretons, Jal utilise les dictionnaires de Grégoire de Rostrenen (1732), de Le Gonidec (1821) et de Troude (1842). Il s’appuie surtout sur le témoignage oral de François Ezou, marin originaire de Lampaul-Plouarzel dans le nord-Finistère et interrogé à Toulon en 1841. Jal a sous-utilisé les termes bretons fournis par Ezou. Afin d’analyser la valeur de ces informations orales, nous avons confronté tous les termes bretons du Glossaire nautique au breton vivant de Lampaul-Plouarzel. Pour l’étude de certains termes, nous avons aussi pris en compte le breton parlé à Molène, à Ouessant et dans certaines communes limitrophes de Lampaul. La comparaison des résultats de nos enquêtes de terrain avec le matériau oral réuni par Jal permet de décrire le parler nautique de Lampaul-Plouarzel d’un point de vue lexical, phonologique et dialectologique.