 
    
  Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes
Société Archéologique du Finistère - SAF 1913 tome 40 - Pages 42 à 46
PRE 1ÈRE CONTR1B UT10N 
A L'INVENTAIRE DES 
MONUMENTS MEGALITHIQUES 
. du F,inistère 
Avant-propos. En sou mettan t à mes collègues de la 
Société Archéologique du Finistère la présente étude, je ne 
prétends aucunement leur donner un catalogue complet des 
monuments mégalithiques existant encore sur le sol du dépar-
tement. 
J'ai seulement pour but de mettre à leur disposition les 
renseignements que j'ai personnellement recueillis depuis 
dix-sept ans sur le terrain même, au cours de visites plusieurs 
fois renouvelées aux mêmes monuments: je ne pense pas, en 
effet, qu'une seule exploration rapide, dirigée vers un point 
. signalé par quelque guide, suffise à l'archéologue pour étudier 
le ou les monuments qu'on y rencontre: il lui faut encore 
parcourir les terrains environnants, examiner les murets et 
les blocs épars sur le sol: ainsi apparaîtront des relations de 
positions dont j'ai déjà démontré toute l'importance : tel 
aspect du monument qui n'avait pas hier attiré l'attention, la 
frappe vivement aujourd'hui. 
Certains mégalithes peuvent, à première vue, sembler 
isolés, qu'une exploration plus complète permettra de relier 
à d'autres, indiscutables ou mutilés: l'existence d'un ensemble 
mégalithique est toujours un fait digne d'intérêt, comme 
manifestation de la volonté des arch.itectes préhistoriques, 
tandis que l'isolement a pu se produire à un moment quelcon-
que des siècles nombreux qui nous séparent de l'ère monu-
mentale. 
De même que le point géométrique ne saurait prêter à dis
cussion, le menhir isolé, simple témoin des âges lointains, 
n'en livrera pas les secrets: qu'importent les morceaux de 
charbon ou les débris de poteries que l'on peut récolter à sa 
base. Tout au contraire l'ensemble mégalithique, dolmen, 
enceinte, alignement, par ses dispositions et son orientation 
ouvre libre carrière au chercheur, et peut-être faut-il voir, 
dans ce genre d'observations, le .facteur prédominant des 
études archéologiques futures, au moins en ce qui concerne 
les époques dont l'Armorique a conservé de si précieux restes. 
De l'idée première des relations de positions ' découle la 
for me de cette étude: des eartes et des représentations pho· 
tographiques en seront la partie principale; j'y adjoindrai 
des indications numériques et des descriptions sommaires, 
avec quelques croquis. . 
J'espère ainsi sauver de l'oubli, pour nos successeurs, les 
monuments qui viendront à la ruine: marqués avec précision 
sur une carte à grande échelle mensurés et photographiés 
sous leurs aspects les plus caractérisques, ils ne disparaîtront. 
plus tout entiers, et fourniront encore, alors que le sol n'en 
gardera plus la IÎlOindre trace, de féconds éléments de recher
che. 
La protection de l'Etat ne s'étend malheureusement qu'à 
un nombre bien restreint de mégalithes: d'autres, par centai-
nes, semblent voués à la destruction; la bonne volonté des 
particuliers ne peut res faire bénéficier du classement réel, 
elle peut du moins les classer sur le papier. C'est le but que 
je me suis proposé. 
Le temps n'est plus où les fouilles étaient considérées com
me la raison d'être et l'unique objectif de l'archéologie méga
lithique et ' où un dolmen cessait d'intéresser dès que les 
derniers éclats de silex ou Jes . derniers fragments de poterie 
en avaient été retirés. Cette manière de voir a d'ailleurs été 
néfaste: de nombreux chercheurs, même parmi les plus cons
ciencieux ont trop souvent mutilé les monuments pour en faci
liter l'exploration, et négligé d'assurer la consûvation de ce 
qui en restait; les cultivateurs, en quête de . trésors ou dans 
le but d'agrandir la surface labourable de leurs terres, ont 
vite parachevé l'œuvre de ruine- . -
- Il ne doit plus en être ainsi: les récoltes réc(~ntes ne diffè-
rentd'ailleurs que fort peu de celles faites il y a trente Ou 
quarante ans et n'ont guère fourni que des objets de types déjà 
connus: elles ont pu enrichir des-musées, ou des collections 
particulières, sans faire progresser beaucoup nos connaissan ces; seules les découvertes de gtavures présentent une très 
réelle im portance. _ 
Par contre les monuments eux-mêmes, abstraction faite du 
mobilier qu'ils enferment ou des objets déposés près d'eux; 
apparaissent chaque jOllr comme plus dignes de toute l'atten-
_ tion des archéologues: ce que nous recherchons ce n'est point 
le vase ou l'al'me du dresseur de menhirs, c'est sa pensée 
même et la science rudimentaire, mais bien réelle et puissan te, qui dirigeait ses travaux. La notion des orientations 
astronomiques, que j'ai longuement exposée dans ce Bulletin, 
fait du monument l'élément le plus intéressant de l'ère des 
constructions mégalithiques: grâce à elle, l'archéologie peut 
progresser sans détruire à jamais ce qui fut l'instrument de 
ses premiers progrès. 
Mon travail ne s'occupe ni des lec'hs, ni des tumulus de 
médiocres dimensions. 
Bien que les matériaux des premiers aient vraisemblable ment été, pour beaucoup, empruntés à des monuments méga-
lithiques, il serait imprudent de les considérer, d'une-façon 
générale comme des restes authentiques et des documents des 
époques préhistoriques. .-
Les emprunts ont pu donner lieu, en effet, non seulement- aux 
dénaturations dont nous voyons le dernier terme, mais aus si à des déplacements d'amplitude ou. de date- indéterminées. 
Dans l'ignorance où nous nous trouvons des lieux primitifs 
d'implantation, comme-des formes originel.les des mégalithe~ 
déI1aturés, mieux vaut laisser les lec'hs à la légende médîe
vale ou à l'histoire. 
pour ce qui est des tumulus, je n'ai voulu considérer, dans 
cette étude consacrée aux monuments apparents, que les ter
tres dont le relief se pouvait distinguer à bonne distance: 
plus hauts qu'aujourd'hui de tout ce que leur ont enlevé les 
agents atmosphériques, ils constituaient des lieux de veille et 
sans doute aussi de véritables obsel'vatoires, pourvus de jalon
nements astronomiques: les monuments de tous genres régu
lièrement établis tout autour du Mané el' Heoeck de Locma
riaker forment le type le plus complet de ce genre d'ensem
bles. 
De nombreuses générations ont vécu les yeux tournés vers 
ces buttes géantes; tout au contraire la sépulture à faible 
relief, envahie par les ronces, ne devait pas longtemps retenir 
l'attention; invisible ou presque, elle ne pouvait servir de 
jalon en vue de constructions nouvelles: l'étude des petits 
. tum.ulus sortirait donc du cadre que je me suis tracé. 
Un dernier point ne saurait être passé sous silence . 
Si la civilisation d'un groupement humain est fonction du ' 
milieu tellurique, les œuvres de cette civilisation sont gran· , 
dement influencées par la nature des matériaux dont dispo· 
'sent les occupants du sol, l'architecture égyptienne dérive de 
la solidité des granits et des porphyres, l'art chaldéo-assyrien, 
de la multiplicité des combinaisons que permet l'emploi de la 
brique. 
A plus forte raison, les constructions préhistoriques, ·for· 
mées de blocs bruts ou grossièrement parés, se ressentent des 
earactéristiques physiques de la pierre utilisée: les transports 
ayant été relativement rares, et la roche sous-jacente ayant 
fourni presque tous les matéria ux, une étude à grands trai t8 
de la composition du sol laissera préjuger de l'aspect des 
monuments de chaque région. La carte géologique au 1j80000
donne, à ce point de vue des indications plus que suffisantes; 
) à 0 t A 
je ies ràppelÎerai dans de courtes notices; il est à remarquér 
que la masse et la résistance de certains éléments mégalithi~ 
ques ont pu grandement contribuer à leur préservation . 
d'autres se sont eflrités sous la seule action des intempéries 
telle est vraisemblablement l'une des causes de la très inégale 
répartition des monuments sur le sol armoricain; cette cause 
qui paraît avoir été, jusqu'à présent, trop négligée, mérite de 
retenir tou te l'attention des préhistoriens. 
Dans ces notes j'ai adopté, sauf de rares exceptions, la 
classification par ordre alphabétique des cantons et des com
munes, dans chaque arrondissement étudié: une carte par 
comrnune indique les positions des monuments existant 
encore. , et de ceux disparus dont l'emplacement est connu de 
facon absolument sûre . 
Pour chacun d'eux des données numériques et une descrip
tion sommaire complèteront la documentation photographi
que: en ce qui concerne les récoltes, je ne puis mieux faire 
que renvoyer le lecteur aux précieux travaux de notre regretté 
Président, M. Paul du Chatellier. 
Continuer son œuvre, montrer aux archéologues d'aujour
d'hui, conserver à ceux de demain l'image et les caractéristi
ques de nombreux monuments finistériens, faciliter, dans la 
mesure de mes moyens, leur préservation et leur classement 
par la publication de documents précis, telle est la tâche que 
je me suis tracée depuis de longues années, et dont le présent 
travail n'est que l'une des manifestations. 
Avec l'aide de la Société A rchéologique la science du passé 
en tirera, je l'espère, quelque profit . 
A. DEVOIR . 
DE'UXIÈ E ·PART'IE 
Table des Mémoires publiés en 1913 
Pages 
Les Mégalithes de la commune dé Spézet par A. 
JARNO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 
II. Les tumulus· du Ruguello en Trézény (Côtes-du-
Nord) par ~. MARTIN et l'abbé PRIGENT ...... . 6 
III. Eglises ' et Chapelles du Finistère par le Chanoin~ 
PEYRON (CanLon de Lanmeur) (suite) .. , ..... . 20 
IV. Première contribution à l'Inventaire des monu-
ments mégalithiques du Finistère' par AIL 
DEVOIR .. ' ........................ . .... 42-77-142·264 
v. Norges Oldtid par G.' GUSTAFSON~ traduction du 
Commandant LE PONTC)IS. Chapitre VIII. Con-
servation des monuments; dispositions de 
la loi ............. , ......................... ~ 47 . 
VII. 
VIII. 
Danvez Gériadur. Màtériaux pour compléter les 
Dictionnaires Bretons-Français par G. ESNAuLT 55-110 
Note SUI' la Chapelle et le Calvaire de Perguet en 
Bénodet par Ch. CHAUSSEPIED ... " " ..... " . 
Note SUI' l'Arc de Triomphe de Sizun par Ch. 
CHAUSSEPIED .. , ..... ' . " ... ....... .. . . . .. .. .. 74 
IX. Le Cahier du Seigneur de Roslan par L. LE 
GUENNEC lOlO   ~  ".    85 
X. Notice sur les Seigneuries. de la Roche-Helgo-
marc'h, Laz et Botiguigneau par R. DELAPORTE . 155 
XI. La Révolution en Bretagne. Les Derniers Mon-
tagnards 1795 par PR. HÉMON.. . ........... ; 177 ·271 
XII. Etudes sur le. Cap-Sizun. V. NoLiee historique 
sur la Seigneurie de Lezoualc'h e:r;t Goulien et 
ses Anciens Seigneurs par D. BERNARD. . . . . . 193 
XIII. Pêcheurs cornouaillais et XV· siècle par H. 
W AQUET.. lOlO......................... lOlO..... 249 
XIV. Le Marquis de PontIez, légende par le Chanoine 
PEYRON .... ..... . 
261