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Bulletin SAF 1904


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Après Quiberon. Le trésor du comte de Sombreuil caché à Querrien

Abbé A. Favé

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APRES QUIBERON

On lisait dan::; ItJs jJelÛes _l/fic/I(~S, au commencement de
Juin t904 :
~15 millutes du P<:lris-Saiut-Lazarc, petit c<:l~tel historique appelé:
~l(1i~ul1 de l'Amiral, cOllfortable, calorifère, IJnius, jardin d'hiver,
pelouse, V(ll'C, ombrages, communs, 3;000 /rJètrc~, 40,000 Cr. (;011-
venLions spéciales e.n cas de décolwerle du trésor de : Ja.cquei 11
d'Ecosse.
Un trésol' en manière de prime à l'acquéreur: voilà qui
n'est Pé\S banal. Si l'on s'en Lenait aux ' termes d'une leUre
(lue nous avons recueillie, déll1S nos recherches dans la
série L, aux Archives Départementales du Finislère, clic
donnerait, elle aussi, une plus-value au propriétaire du fonds ,
entours, contours et alentours du terrain Oll l'estoit Joseph
Herpe, pr(\s du bourg de Querrien, arrondissement de Quim-
pcrl(\ vers Thermidor an III de la République Ur.e et
Indivisible .
Cette lettre, papier bleuté, esl écrite sur t~"ois pages d'une
écrilure serrée, de 23 cen timètres sur 17, et la !~e page, la
lettre ayant été pliée en forme d'enveloppe. porte J'adresse
libellée comme il suit:
nRJ;~ST
Au cÏlo\'el1
J oscpil Herpw', LJIHl'cllillll
de Bois, derllellrant c1:ms
La COllllllUlH' dl' J«(~riell proche
Onililper-Ié
clc'parteillellt clll lini::;tèr(' pn!'
Brest
A la COll 1 Jl1UlH' de Kerien.

La lettre, malheureusement, n'est pas datée: au dos de
l'enveloppe nous trouvons une indication : 1 Ire. an 8 : ce
qui laisserait à supposer que cette lettre aurait été interceptée
et que le l > frimaire an VIII, elle aurait été consignée au
GrefIe. Elle est fatiguée comme si elle avait circulé long-
temps, et le papier de l'adresse est ombré de taches de terre
et de sueur. Elle a vait été fermée par deu x pains à cacheter
que l'on avait rompus maladroitement en l'ouvrant en sorte
que sur plusieurs lignes du texte, la lettre a été déchirée: on
s'en rendra compte par les vides et les blancs que nous avons
scrupuleusemènt laissés dans la copie de ' la pièce, que nous
produisons ici. Le lecteur saura facilement suppléer aux mots
qui y font défaut par suite dr. cet accident.

Monsieur, depuis long' temps .l'ai entendu parler _ de votre .
probité. J'ai pensé trouver en votre personne un homme
dans le cas de me rendre service. Se seras votre bonheur
ainsi que le mien .. Voilà de quoi il est cas. MOllsieur, ayant
an commencement de cette malheureuse Révolution qui fut
en 1700 la perte de beaucoup de braves gens qui ne
méritoient pas d'ètre la victime de ce iléots désastreux qui
fut pour moi ainsi 'que pour mon maître le Conte de Sombreuil
totalement notre perte. Ayant partis de France en 1790,
pensant nous rendre ft J.,'Ondre, terre d'A ngleterre au Rang
des émigrés ou nous avons résidés jusques 1.79[1, ce terme
là écoulé nous part:\mes de J...,'OneIre avec deux vaisseaux
armés en guerre pour nous rendre à Quibéron. avons fait
pour france ou nous sommes ralliée ail Hang de. la
voile
grallde escadre anglaisse arrivant ft la ditte iisle quelque
jours après nOlIS avons tentés à la descente et même réussit
dans notre entreprise, mais tous nos projets furent bientôt
ôvanonis. Sitôt la descente faiite. mon nHlÎtl'r. )e Conte de

Sombreuil et moi comme son valet de chambre à qui il
avoit toute confiance, il m'ordonna de me avec
tout ce qu'il avoit de plus précieux et ele me retirer dans un
endroit où il auroit pù me trouver. Aussitôt ses ordres
. dOllués, je me retirù au plus vitte avec tout. ce qu'il m'avoit
confié. six cents doubles Louïs, t.rois milles pièces dors
~llJO'laisses. un éclin de tons ses bi]'ons, unotaha-
tière d'm' ql1r je VOltS roeomrnande de le nom demon
d18l" maître est gl'avé dessus, des papiel's relatives à sa
Correspondance ave(~ la COUl' d'Angleterre: des lettres
déchanges payahles sur la ville de Bordeaux et la Rochelle.
Voilà ce 'qui! m'avoit confié entre le;; mains. Quel fnt m011
plus grand malhen!' lorsqu'un Chevalier de Malthe vint
m'annoncer avec peinne la mort de mon cher maître . .l'étois
comme un homme égaré. Aprenanf cette triste nouvelle alors
me voyant abandonné je pris la fuitte au travers des cam­
pag'nes Ile sachant où porter 'mes pas, n'étant munis d'aucun
passe-port de france et toujours en crainte d'être arretté
avec une somme aussi considérable . .le me descida au bout
de quelques jours de marche. L'envie mer prit de les déposer
claus le sem de la terre à soule [ fin] (.fun jour .à venir je l€s
retrouves pour faire mon bien-être. Ce fut le long de vos
campagnes et près de chez vons que je cachés six cents
doubles Louïs I~rois milles pièces dors anglaisses, un éclin
g'arui cl:: tous ses bijonx, nne tabatière d'or ainsique tous
les autres papiors dont j'ni fait mention ci-dessus . Cela se
fit d'après avoir bien pris mes mOSSUl'es et rensoignements
sur les lieux mêmo ot avoir bien Hegardé de tous cotté ne .
voyant personno dans 10 cas de me nuil'o et ne . voyant quo
je ne conrois ancun risqne lfljo dépossa co dont il est men-
tion, Je no gat'da aussi qne très peu d'argent pour me
snbsister penclanl, quelqne toms, ct pour mon malheur peu
de lems après j(~ filS anrtt6 ct. conduit ,an chiHean de Brrfit
1)11 pen de jO·llI· nprôs jp filS interrogé où il n'ont jamais pù

découvrir mon émigréation et m'ont tous de même jugé
jusques à la paix comme domestique de quelque cydevant et
depuis cc tems je languis terriblement ne pouvant avoir
aucune correspondance avec mes parents voyant qu'ils sont
aussi émigrés et moi n'ayant pas eu l'esprit. présent de me
munir d'une somme assez suITisante pour subsister pendant
quelqueo anllées voyant que je pouvais le faire avant
que de les dépassés dans le sein de la terre, mais je ne .
prévoyé pas aucun accident quil pouvoit m'arrivé . .l'ai été
obligé de melll'.e. lllOIl portefeuil en . gage pour uu em-
prunt de cents cinquante livres que j'ai fait a un prisonnier
comme moi, mais pIns heureux puisqu'il est au sein de Sa
famille. Monsieur sera-t-il possible de laisser une somme
aussi considérable à perdre ne pouvant moi mesme aller les
dettérer dansle lieu OLI. il est dépassées. Non je pense avoir
. affaire à un homme tel que vous vous donnant mon rensei­
gnement quil pourra [un] jonr rendre tous les servicef'
possibles ainsi qu'à moi) de vous dépent mon bonheur
ainsi que le votre ; faul-il qu'un homme de qualité
comme moi périsse sons le poids de la Rninne. NOll.
Vous seul peut sanver un infortun{, en part.ageant avec lui
mention et vous donnant le renseignement
ce quil vous fait
entre les mains. Ainsi, Monsieur pour la cause la plus légi­
time je vous invile de venir aussitôt la présente reçue. Je
attent avec impatience. N'épargnez ni les frais ni les
vous
démarches) prenez plus tôt la poste. Munissez-vous de quel
qu'argent ou de quel que linge de corps. Que tous ses [sicJ
attendu que vous les acquérerez lors .
ne vous al'rette nulment.
de votre retour.
En arrivant. vous me trai1efez de Gnusin à seul Jin quil ne
parroise pas quil y est quelque chose de secret entre nous.
m'écrivez pas par la poste ùe peur que vos lêttres ne

soient intercepptées. Si vous ne venez vous-même, envoyez
moiun homme de confiance de votre part il qui je pourois

co mon plan et rentleigl1011l01l t par éorit. Soye~ senet
nfior
ne pade~ même pas ft vus plus pl'oclles et. alliées. Voicl c.e
billet tel que voilà ma signatur'c. Vous mettrez c,e billet
. dans le col d'une ehemiso el. pal' ]à je veer'ai si e'est vous.
Jo suis dét.onu aIL chttteun de Brest lVIunsie\ll'. Voiln. la marcho
véritable que vous clovr'ez prenùee eu ontrant dant 10 chateau.
Après avoir passé ]e pont-le-vis prêts ~\ (~llll'ef' sous lél voùLlc
vouS verrez denx cachôls. L'un à droille ct l'autre à gaug'C'.
n'avez nulment ft VOlIS acldresser :'1 ses pe~"sonn('s
Vous
attendu que ce n'est pas le lieu OLL je suis détenu. Etant passé
dessous eet.te voùtte VJUS apercevrer, un sentinel qui est vis­
à-vis -corps de garde à droit. e en ontt'al1t do là
vous escalier de piorre. vous n'aurez qu'ft ~monter
totis [ch'oit ?J escalier. Lorsque vous serez mon Lé
vons verrez sentinel qui ost absolument celui qui est
en faction à la de la salle qui est diroctemellt.la salle
où jo suis détenu qui ont ù celles de militairos
VOlIS vorl'ez môme du fUll1iel' qui acé. Vous n'aurez
qu'à mappeller par mon nom ou me fairo appellé . .le serai
de suitte ft vous. Vous n'avez nulment besoin do vous
addl'esser au conciel'ge do la prison, .le suis, Monsieur, avec
sentimonts les plus (ljstin~'llôs et vous attondant avec
les
impatience. (1)
I~LosQuET .

En notre prime,jeunesse, nous avions vu, concurremment
avec les prospectus des Loteries de Hambourg, circùler les
mystérieuses correspondances de Carlistes ou de Républicains
espagnols, lettres parfois t.out simplemont autographiées;
offrant, . eux aussi, des trésors à recouvrer ct à partager:
trésors confiés, à l'insLant m(~me d'un dramatique évènement,
(1) Archives du Finistère, série L. 106 .

soit au secret des ruines, soit aux entrai.lles de la terre, soit
mème aux consignes des ~tatiolls de chemins de fer.
Aujourd'hui encore, nous viennent en Basse-Bretagne de ces
lettres émouvantes et pressantes où le proscrit, le prisonnier
demande à Lln inconnu de la veille, ou du jour même, clr
l'aider à sauver l'héritage de ses pères et la fortune de ses
enfants, lui proposant, moyennant un léger apport pécuniaire,
la douce satisfaction d'avoir fait une h(mne Œ1(1)I'C p,{, une
h(Yr/?u' affai/'e.
Kerlosquet est-il un précurseur, un vulgarisateur de ceUe
industrie?
Sans nous pronollcer, nous allons rapprocher son mode de
rédaction de celui d'un autre prisonnier, à peu près de la
môme époque. Au fort de la Révolution, le comité de surveil­
Innce de Saint-Pol-de-Léon interceptait deux lettres adressées
au citoyen Picrel jeune, négociant à HoscofI, pour lors en

état d'arrestation ('11. Dans une de ces lettres, datée du
8 décembre 1793, un pl'(~tre détenu (se dit-il), « dans l'enceinte
infernale de Bicêtre » veut révéler à l'infortuné 'Picrel un
secret: « Je laisse dans ce lllonde misérable une créature
san~ appui, sans fortune, cal' ce fut moi qui reçut le dépôt
sacré. Cet objet n'est qu'une faible-purLioll de tout ce que les
évj'nemenLs m'ont fait dérober aux recherches des hommes
dans un moment où jc n'avois pas encore perdu comme RU­
joul'd'hui tout espÔlr de le recouvrcr. Cependant, assurés moi.
[aiLes moi le serment que YOLlS l'acquiterés et je vous aban­
donnA le reste; en VOLlS faisant par\'cllir avec des détails plus
étAndus une indicatioll précise du lieu où est Cil terré ce trf',sor
jusqu'à présent COllnu de Dieu seul eL moi » .....
«( Je saisis ayec avidité la première occasioll qui m'a ofIArl
Ifl possibilHé de "ous écrire, occasion. rare et presqu'inespé­
l'able qU2 j'épiais depuis quatre mois;. ellp. p.sl. d'flLlLant plus
(1) AÀlbé J. Tangu~', Cne t'ille In'e!Ol1ne SOIIS la Révolution, p. 229 et
suivantes.

précieuse qu'il n'entre IIi ne sort rie cette lllaison aucune
lettre qui ne soit lue )). .
« Je profite pOUl' celle-cy d'un malheureux qui vient de
subir une comdamnation de quatre ans qui vient de finir qui
. intéressé par son propre lllaiheur au sort des autres infortunés
s'est chargé de cacher celte leure SUl' lui pour en sortir et. la
mettre à la poste à Paris. A la yérité j'ai été obligé de le tl'OlTIper
un peu en lui disant l(u'il ne s'agissait que d'affaires de
famille, mais ce mensonge ne saurait être désagréable à Dieu,
car je ne pou vois pas m'exposer à mettre cet homme dans
une confidence aussi délicate. {hLaut à üotre '/'éponse vo'iei Cf
que j'ai avisé. Vous pou l'Ifs m'écrire comme s'il était q'I/('.st"Ïon
rCa/fains de ramille. J'e'Ji{end/,a'Îs tOll}OH/'S !J'ien Cf' que Ij)01Ui
voud1'ai d'ire, pa /' eicemple '/Juus pu llt~e.: dire J(~ vo us prie m.on
cou sin de me man/lle/' jus le ['état de tu utes vos (f rfaires a:"ff'
la (amille si vous vou.le.: que j'agisse en conséquence, de. Vous
scntés qu'à cette manière je /Jel"l'aù; aisé'nwnt q1l(~/j{)1/S mp
demande: n 'ndica.tion 1) /'édse de l'end'l'o'Ît où est ent e1'1'ff ce riant
je V01U, pm'le dans les co Il J'8 de cette lettre. Jf~ tlO"1{ S 'l'épandrai
. dans le même stile pa.,. ce moyen VUllS ne sel'és nullement
comp1'Omis et pow' vOUS éti'ÎlCl' tout-à-I'a'it de l'P.tl'e en manif.TP
quelconqu.e 'vous rués liO{ l'e s tynat"U1'e à l'eool/I's, c' (~st-à-di're en
rommençant pa.1' la dlwrdè l'e leU "c de vot l'C nom et finisRrfrl t
lJa.?' la. p l'emiè'l'e )). .
({ Je sais bien qu'il me seroit possible d'entretenir corres-
pondance avec vous d'une manière plus claire, en meltanl
dans mes intérêts un des hommes ..... (qui) servent les prison-
niflrs, car j'ai des preuves que cette sorte d'hommes est
propre à tout, mais c'est à force d'argent qu'on obtiflns d'eux
des ·Iégers services tels que de mettre en secret une lettre à la
poste, et malheureusement je suis dépourvu à cela près des
uelques fonds trop modiques pour ceUe entreprise et que ma
'ituation d'ailleurs me rend trop précieux pour les hazards
avant de connollre vos intentions »,

« H ,étléchissez, Monsieur, sur ce que vous a vez à faire et
l'appelés vous surtout que les moments sont comptés ».
« J'atlends votre réponse que vous m'adresserés ainsi qu'il
suit: au citoyen Jean Charles Renaux, détenu à Bicêtre ».
« Par réflexion et pour qU8'mon nom ne soit pas un motif
de cOlllpromise, quoi(lu'on m'arr:acherait la vie avant mon
secret, je profite do celUI d'Lui reude horl1llle (Lui est avec moi
At qui reçoit beaucoüp deleltres auxquelles LlO fait peu d'atten-
Lion, il"est convenù'delü'e,l;emeltre la \'ô'lre ,à son arrivée pour
que Je lüi ',donne, 'd'ailleurs comme elle ne
qnelques bagatelles :
conlienrira (lue des détaïls dEdall1ille" il üe pourrait en abuser.

, lliscèLt'c, ee H décembre 170H.

On voit que,' d'une ,mahi'èi'e frappante, le stylt', les indica-
tions et les instruction's du ch~tenU" de Bicètre cadrent avec

ce ll es du détenu du Ghùteau dè Brest. Pour mieux' les com-

preMtrc, il' fa ud'rait p,osséder des l)otions bien exactes sur le
r(\gi01e des prisons soùs'.la ·ft6yol\llion, et véri1ier ainsi ' ia

p,oss,ibilît,é dècorrespondr8 ave'c :I8 dehorsà pàreille 'fin. Les
cas 'eu son't · m ni tiples 1=\1 'onl. in'Iérrssr r)'P,Il1(n8t1 ts 'historlrns .

", j}àns,respèce, le personnage' p,rlncipal c'est Kedosquet. [J
n'pst pas bas-breton :·c1ans sa syntaxe, nous ne 'tr'ouvons 'pas
l'Ofllbl'8) d"un celticisme;' cl'uÎ'lc: tournure d8 phrase: qui ':soit
bl~e(611he. Il est tout au'plLl'S éles,b'orc1s de la Hance:Kel'loscjuct
est lll1 no'nl vraisemblablemel1L' SUPPOSt\. Lors de son: anestn-
[ioli;, ÉII)rès son passage c'i :Q'uérrien", il fut conduii RU chiltcau ,
clè', B I:'E~'sf: son inlél'(\t dail de: së' mainten ir dans le plüs strict.
i. )i.i~:()Ùfûùj .. Il y réussit ét' neÏllt, 'pas reconnu commé (~rni!/fl;
)'(;nfi'l. , Par mesure cie haute, jJolice. il fui toutefois 'l'ctûnu
( FI,~(fl"(,') à la ]}(/ù' comme ~.fiJinr'.i;(il/I(.,~ tif' I/I/I'h/ur' (~!1 t!.f''/'c(nf ».
D011C Kcrlosquel esl un tlojn (:s upposé et alMs, CJLù~rétai( son

véritable nom?

TUMULUZ DE RUMÉDON

Fig. 3

Fig. 1

Fig. Z

Poignard N° 1 (1/2)
Poignard N° 3 (1/2)
Poignard N° 2 (1/2)

. TUMULUZ DE RUMÉDON

Fig. 1

Fig. 2

Grande Hâcbe (5/7)

Glaive (1/3)

Il était en '1790, el sans doute avant, valet de chambre et
homme de confiance du comte de Sombreui!. Ses souvenirs
de l'expédition ' de Quiberon sont confus, même sa date du .
débarquement est fautive. Les proportions et la perspective
son résumé rapide du drame. Où
manquent totalement dans
était-il quand il apprit par un chevalieT de Malte la mort de son
maître? Cependant, on ne peut refuser de recevoir sa déposi­
tion malgré ces défectuosités Son relevé du contenu des ba­
D'ages de Sombreuil semble aussi exact que détaillé. Nous
contrôlerons plus bas cette déclaration sur un témoignage d'un
poids, celui de l'éminent auteur de l'Histoire de la
grand
Ilél)olution dans les Départements de l'Ancienne Bretagne, A.
du Chatellier.

Le second personnage dans l'affaire ser::üt le destinataire de
la lettre: Joseph Herpe, marchand de bois proche le bourg
Querrien. Qu'était-ce que Herpe et les Herpe? On nous infor-
mait récemment que ce nom a disparu de cette commune.
Toutefois, il n'y fut pas toujours inconnu.
Une pièce de procédure de la Baronnie de Quimerch nous
montre Mathurin Herpe, marchand de bois, demeurant au
bois de Lœrgouat en La paroisse de f(errien, en 1697. Deman..:
cleur en justice, il expose (( que luy et ses consortz ont acquit
coupe du bois de Quesquiviet, en ladite parroisse ' de
Madamme la Contesse de Tronchacteaux pour une some de
quattre mil cincq livres, dans lequel il a faict faire plusieurz
marcha ndisses comme plancher, mambroueres, bordages,
et mérein )). Un voisin le volait: « le nommé Joa­
subvaux
cheim Herpe filz dud. Maturein », arriva chez le voleur et
le corps du délit, d'où la plainte du 21) mars 1697, et
reconnut
les poursuites contre le délinquant.
Le 31 mai 1716, Messire Vincent Chef du bois, Seigneur \
de Talhouet, capitaine de la paroisse de Kerrien et Messire
:1.ené Finot, recteur, signalen t nn soulèvement et désordre,
émotion populaire, au sujet de levées fiscales constestées,
BULLETIN ARCHÉOL . DU FINISTÈRE. . TOME XXXI (Mémoires) 12

Il était en '1790, el sans doute avant, valet de chambre et
homme de confiance du comte de Sombreuil. Ses souvenirs
de l'expédition de Quiberon son t confus, même sa date du .
Les proportions et la perspective
débarquement est fautive.
manquen t totalement dans son résumé rapide du drame. Où
élait-il quand il apprit par un chevalier de Malte la mort de son
maître? Cependant, on ne peut refuser de recevoir sa déposi­
tion malgré ces défectuosités. Son relevé du contenu des ba­
aaaes de Sombreuil semble aussi exact que détaillé. Nous
contrôlerons plus bas cette déclaration sur un témoignage d'un
grand poids, celui de l'éminent auteur de l'Histoire de la
Ilévolution da.ns les Départements de ['Ancienne Bretagne, A.
du Chatellier. .
Le second personnage dans l'affaire sersit le destinataire de
la lettre: Joseph Herpe, marchand de bois proche le bourg
Querrien. Qu'était-ce que Herpe et les Herpe? On nous infor-
'mail récemment que ce nom a disparu de cette commune.
Toutefois, il n'y fut pas toujours inconnu.
Une pièce de procédure de la Baronnie de Quimerch nous
montre Mathurin Herpe, rnal'chand de bois, deme,ura.nt au,
bois de LargOLtat en la pa?'oisse de f(eTrien, en '1697. Deman..:
cleur en justice, il expose « que luy et ses consortz ont acquit
cou pe du bois de Quesquiviet, en ladite parroisse de
Madamme la Contesse de Tronchacteaux pour une some de
qualtre mil cincq livres, dans lequel il a faict faire plusieurz
comme plancher, mambrouéres, bordages,
marchandisses
et mérein i). Un voisin le volait: « le nommé Joa­
subvaux
cheim Herpe filz dud. Maturein », arriva chez le voleur et
le corps du délit, d'où la plainte du 2ti mars 1697, et
reconnut
es poursuites contre le délinqua nt.
Le 31 mai 1716, Messire Vincent Chef du bois, Seigneur \
de Talhouet, capitaine de la paroisse de Kerrien et Messire
René Finot, recteur, signalent un soulèvement et désordre,
émotion populaire, au sujet de levées fiscales conslestées,
BULLETIN ARCHÉOL . DU FINISTÈRE. . TOME XXXI (Mémoires) 12

provoqués par Pierre Pi nsart et au tl'es habi tan ts (1). A la sortie
de la Grand' Messe, lors de la publication du rôle de la capi­
tation arrêt.é sur le général, le rôle est arraché des rriains du
SI' Desèvez Fouquet, déchiré et foulé aux pieds. Alors, on se
met en devoir de conduire Pinsart aux prisons de Quimperlé
. mais la foule s'y oppose et les sergents ne peuvent accomplir
leur commission. « Les vespres ayant sonnés, partie des
habitants s'y rendirent, pendant que les sergents s'estant mis
en devoir de conduire ledit Pinsart en cette ville,. les parti­
qui estoient restés en grand nombre sur le placitre se
culiers
jetèrent sur eux; les maltrai tèren t à coups de pierres, batons
et autres instruments et à l'aide des autres habitants qui
estaient entrés à t'Eglise pOUT y entendre vespres et qui, en
s01'tirent à foulle el se Touèrent aussy SUT eux et les maltl'ai­
tèrent t't'ès cruellement ... et enlevèrent de force et violence ledit
,jurants et Blas]lhémants le St Nom de Dieu, qu'il
Pinsart
(allait casseT la teste aux officiers, cocquins de màÙoutier et
volleuT, q'Lt'ils voulloù'nt 'Voir le seing du Roy aoant de rien
payer. ))
La pièce de procédure qui nous guide dans le récit de cet
incident peu connu et fort caractéristique, ajoute que M. de
Talhouët avait envoyé le nommé htllien Herpe, pour prêter
mai n forte aux sergen ts.
On sait que les principaux propriétaires de boisèt de forêts
tenaient à honneur de se faire recevoir Membres de l'asso­
d~s fendeurs ou bûcherons; plusieurs personnes, dit
ciation
Ch. Le Maout (2) ·se rappellent encore les fêtes brillantes qui
eurent lieu au Château du Rouvre dans le dernier siècle

'( '1S s.), quand M. le Comte du Bourbaln y fut reçu f'endew' ou
Bûcheron .
La noblesse témoignait aux fendeurs et m3rchands de bois

(1) Procédures criminelles de la Cour Royale de Quimpèrlé.
(2) Bibliothèque bretonne (185'1). Tome II, p. 552.

certains égards dont les Herpe profitèrent à ce titre profes­
sionnel.
Joseph Herpe fut-il inquiété à- l'occasion de la lettre de
Kerlosquet? même la reçut-il? nous ne le savons. Un acte
'de décès, celui d'un enfant mort en 1843, Jean-Marie Herpe,
-- en la commune de Querrien nous fait savoir, par voie de
déduction, que Joseph Herpe serait père de Mathurin Herpe,

sabotier au bourg, né vers '18'12, et d'autre Joseph Herpe,
sabotier aussi: venu en ce monde, vers '183'1.
Force nous est de chercher ailleurs des éclairci':lsements sur
le trésor du Comte de Sombreuil.
Nous les trouvons dans une note très affirmative d'Armand
du Chatellier que nous nous empressons de citer: Histoire
de la Révolution clans tes départements de l'Ancienne Bre­
tagne, 1836, Tome V, annotation au bas des pages 1Qû-HS8.
(( Comme détails intimes (concernant Sombreuil), nous
(( pouvons ajouter qu'au mois d'octobre 17'99, il se trouva
(( dans les prisons du Finistère, un nommé Brignon ancien
(1 domestique de M. de SombTettil. Rendant compte de sa
rr luite de Quiberon, cet homme prétend que de Sombreuil
(( etait retenu au lit le 3 Thermidor, par suite d'une légè1'e
(( blessure reçue à l'affaire du 28 M essidoT; que chargé par

(( son maîtTe et l' b)êqtte de Dol, de la garde de leur maison
(( au bourg de Quiberon, il reçut L'ordre du premie'l" de luir
(( et de prendre un coffret dans lequel était déposés sa
(( c01'l"espondance" avec le cabinet anglais, 4.000 lattis en or,
(( 5.000 guinées, et un écrin garni de ses bijOttx. Il ajoute que
(( se trouvant égaré dans les environs de Quimperlé, ce coffret
(( et ces objets tLtrent enfouis par lui non loin du bourg de
v Clohars ... Que sont-ils deven'tts ? Nous L'ignorons. ~
M. Du Châtellier put, parfois être incomplet; mais exact

il le fut en toute sincérité. A la fin du Tome VI de son
Histoire, il constate que depuis la publication de ses prelnières
il ne lui est arrivée contre les faits si graves et si
feuilles,
nombreux qu'il a dù rendre publics, aucune réclamation
ou collective. Et il cite comme ses répondants Guezno,
privée
Bancelin, de Saint-Georges, Ludovic Chapplain, Moraud, Le
Grand, Cuny, etc .. ". .
La note que nous venons de copier est donc d'une grande
autorité et c'est en toute confiance que nous la reprenons en
détail.
A u mois d'octobre 1799, il sc trouva da.ns les prisons du
Finistère 'L1,n nommé Brignon, ancien domestique de hl. de
SomlJ'reu,il .)) .
• Octobre 1ï99 correspond à Brumaire an VIII, et la lettre de
Kerlosquet est consignée à la date du 1 frimaire an VIII,
comme l'indique l'adresse de cette missive qui semble avoir
beaucoup traîné.
ne serait-il pas le nom patronymique de
- Et Brignon
Kerlosquet, et Kerlosquet le pseudonyme, le nom de guerre
de captivité de Brignon, alor., qu'il avait un intérêt vrai­
capital à cacher sa qualité sI'émigré et à faire peau neUDe Y
ment
K81'Josquet ne parle pas de Mgr de Hercé: ce détail aurait
été une présomption de plus pour reconnaître en lui Brignon,
de même que si Brignon avait parlé du Chevalier de Malte
qui lui aurait appris la mort de l'héroïque Sombreuil, notre
eu une force de plus pour l'identifier avec
supposition eut
Kerlosquet.
. Kerlosquet, comme Brignon (( Teçut de Sombreuil . l' ordn
(( de f1tir et de prendre 'Lm com'et dans lequel étaient déposés
(( sa correspondance avec le cabinet anglais, 4..000 louis en
(( 01" • .•••• un écrin garni de ses bijoux. ))
Brignon comme Kerlosquet (( se t1'o'Li'Dant égaré da.ns les
(( environs de (ju.imperlé, ce coffret et les objets lurent enfouis
(( non loin du bourg. ))

Brignon disai t en octobre 1799 (( non loin du bourg de
Clohars. )/
Kerlosquet dans sa lettre dit: (( près de che~ Joseph Hupe,
de bois près le bOU'l'g de Kerien. )1
marchand
Si Brignon était Kerlosquet, il faudrait rechercher sa
raison de dire Clohars, puis Querrien, à moins qu'il y eut un
intérêt à donner une famse piste, et vraisemblablement il
l'avait.

Au lecteur béné'vole, disait-on autrefois; au lectent'
bien/veillant, dit-on aujourd'hui, d'excuser cette digression et
je nous informer s'il en sait plu" long ou s'il trouve une
autre voie pour résoudre ce problème.
Que ce soit Clohars ou Querrien 'qui détienne le trésor de
Sombreuil, il n'en surgira pas de ces rivalités antiques qui
faisaient couler des ruisseaux de sang ... A Querrien comme
à Clohars-Carnoët, on s'en désintéresse ... Crede e.rperto
Roberto . .. J'en sais quelque chose ...
Quimper, le 10 juin '1904,

Abbé Antoine FAVÉ.