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Bulletin SAF 1899


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Mémorial de M. de Kervaségan. Alloué du Présidial de Quimper

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MOIUAL DE M. DE KERVASÉGAN
Allohé du ('>résidial de Quirnper .

Nisi Dominus œd'ificaverit domum,
in vanum laboraverunt, qui
œdificant eam .
MEMORIAL
des actions principales, quant au temporel, de Guillaume Bil­
loart,ecuyer, sieur de Kervasegan, alloué, lieutenant general.
civil et criminel au presidial de Quimper, lequel a pour objet
. d'instruire la nombreuse posterité que Dieu Iuy a donné dans'
les trois mariages qu'il a fait, de l'etat de ses affaires et des
circonstances qui peuvent servir a menager l'union entre ses
enfants, laquelle est trop precieuse pour avoir besoin de
recommendation, c'est la source de leur bonheur, c'est la
force de la famille. Vis unita fit fortior. C'est un pacquet de
tleches etroitement liees, qu'il est difficile de rompre. Nexa
quiescent.
Il n'est rien de plus beau qu'une grande famille fort unie,
cela denote le bon esprit, fait honneur dan,s le monde, attire
les benedictions du Ciel et donne a chacun la force de tous .
Ut rupes immota mari stant sanguine juncti.
_ Je prie Dieu de toute l'etendue de mon cœur de donner
cet esprit d'union a mes enfants, mais ils ne le recevront
qu'autant qu'ils joindront leurs prieres aux miennes, pour
obtenir cette grace de Dieu, qui est la source de tous les
biens. Celuy qui portera le premier le feu de la division dans
. la famille doit en craindre la punition dans ce monde et dans
l'autre.
Ma sœur de la Jumelaye et moy, nous n'avons pas eu la

moindre contestation pour nos parta"ges, et nostre pere n'en

a eu aucune avec ses freres et sœurs, quoyqu'ils fussent neuf
enfants a partager six mille livres de rentes, ainsy mes
enfants doivent regarder cette union, avec une crain.te res-
pectueuse de la rompre, comme une chose hereditaire dans
la famille, par le moyen de laquelle ma succession sera
bonne, et sans laquelle elle ne sera rien. Diligite '/)os invi-

cern sicut.pater vester dilexit 'vos.
Dieu, par sa grace, m'a tiré du neant et m'a fait naître le
28 octobre 1657, en la ville du Pont-l'Abbé, du mariage de
feu Guillaume Billoart, vivant sieur de Kervasegan, et de

dame Anne Cariou, mes pere et mere, qui ne m'ont
feue
laissé d'autre .frere que Christophe Billoarl, religieux carme,
, sous le nom du Pere Joseph de Jesus-Marie, qui apres avoir
vecu 59 ans dans son ordre, avec edification et distinction"
est decedé au couvent de Saint-Paul, en l'année 1719, ny
d'autre sœur que dame Marie Billoart, a present veuve de
feu messire René de la Jumelaye, vivant chevalier, seigneur /
de la Jumelaye.
J'ay eu aussy une sœur consanguine, nommée Marie
Billoart, d\m premier mariage de mon pere avec feue dame
Françoise (1) Drouallen, laquelle sœur a esté mariée a feu
M. de Kergoran Furie (2), decedé conseiller et avocat du
Roy au presidial de Quimper', lesquels ont laissé de leur
mariage M. de Kergoran Furic (3), leur fils, et dame Anne
Furie, en son vivant epouse de feu messire Charles de Stan­
guingan, vivant chevalier, seigneur du Sconvel, aujourd'huy
representée par dame Marie de Stanguingan, veuve , de
messire Paul des Amoureaux, vivant chevalier, seigneur de
Saint-Lazare, lieutenant des vaisseaux du Roy~ capitaine

(1) Elle est nommée Béal1'ice, dans divers actes.
(2) Ignace Furie, s. de Kergourant, baptisé en Saint-Julien de Quimper,
le 4· avril 1630, fils de Mathieu Furie et de Marie Jouhan, s. et d. de Ker­
gourant.
(3) Joseph-Ignace Furie, né et baptisé le 6 avril 1661 ,à Châteaulin,où son
père exerçait les fonctions de procurelir du Roi.

d'une compagnie franche de la marine, chevalier de l'ordre
militaire de Saint-Louis. Je n'ay jamais ri~n eu a discuter
avec ladite Marie Billoart~ ma. my sœur, par la sage precau-
tion de ma deffunte mere, qui avoit terminé avec elle pour
ses droits et pour son pal'tage.
Feu mon pel'e, agé de 66 ans~ est decedé en la ville du
Pont-l'Abbé, en l"année 1666. le jour de la fete de la Sainte­
Trinité, et a esté inhumé dans l'eglise des religieux Carmes
de ladite ville, sous la premiere tombe a la droite du troisie-
me rang de tombes du chœur, et feue ma mere, agée de 58
ans, cst decedée le jour de Noel de l'année 1683, en la ville
de Quimper, ou elle demeuroit, et ensuite transportée au
Pont-l'Ahbé et inhumée sous la mesme tombe, dans la dite
eglise des Carmes. J 'offenserois le respect que je dois a sa
memo,ire et je manquerois a l'edification que je dois a mes
enfans, si je manquois a les informer icy que cette dame
etoit d'une grande taille et bien faite~ d'un esprit solide et
superieul', d'une tres ,bonne conduite, admirable dans . sa
• pieté, aimant et -servant Dieu de tout son cœu!", fort
appliquée a la pratique des vertus chretiennes, tres mortifiée
dans son gout, tres austere pour elle-me~me par ses jeunes
extraordinaires, portant la haire et le cilice, se disciplinant

tous les jours. Elle pal'tageoit son temps entre le~ eglises et
sa maison, appliquée aux meditations des verités eternelles
et aux lectures saintes,' fort charitable envers les pauvres, .
leur donnant, les visitant et les instruisant, avec une atten-

tion toute particuliere a cacher ses œuvres de pieté aux yeux
du public; elle etoit agreable dans sa conversation, par le
talent qu'elle avoit de bien parler et par une memoire prodi­
gieuse, elle a copié plusieurs sermons en entier, apresles
avoir entendu; elle est morte en odeur de sainteté. Dieu nous
fasse la grace de l'imiter et a son mary et a elle de reposer
en paix dans le sein d'Abraham~ et a nous de jouir du meme
bonheur avec eux. \

Au mois d'octobre de l'an 1679, agé de 22 ans, je fus reçu
au Parlement dans la charge de senechal des reguaires de
Quimper, qui coutoit 7.000 livres, de M. de Boisjaffré (1)
auquel feue ma mere paya la dite somme.

· Le 13 de juin, j'epousay demoiselle Marie Desfages, ma
premiere femme, et de ce mariage est issue une fille, née le
er aoust 1684. et sa mere deceda le 10 du mesme mois et

an, elle fut inhumée dans l'eglise des Cordeliers, a Quimper,
sous une tombe de cuivre, a l'entrée du chœur. Requiescat

'ln pace.
La dite fille fut nommée Marie-Anne, qui en 1701 prit
l'habit de religieuse ursuline, a Hennebond, et y a fait sa
profession, le ' 21 decembre 1702. Sa dot fut reglée par àcte .
du 20 novembre 1700, a 300 livres de pension viagere et
600 livres en argent, outre son ameublement et les frais qui
portoient a 900 livres, et de plus 50 livres de rente viagere
pour elle, les dites pensions payables en deux termes, de
six en six mois, par avance, ce qui a esté , reguliereme'rlt '
execute Jusques a ce Jour.
Pendant ce premier mariage j'ay fait des acquisitions et
j'en' aj arreté la communauté par un .inventaire du mois de
juin 1685. deposé au greffe du sieur Gauvain, gréffier des
regllaires de Quimper.
Ces acquisitions consistent en la maison ou je loge a
Quimper, rue 01scure, acquise du sieur Sta!1cmeur la
Garde. le 5 janvier 1685; et en l'année 1686 j'y ày fait de
grandes reparations, pour la rendre logeable .
Dail.s les deux convenants de Ruhault et Lanigou, en la
paroisse de Sa.int-Germain Plogàstel, acquis par coutract .
du 29 janvier 1684, de M. et Mme d'Aleno .

(1) L'inventaire des Archives dé.partementales du Finistère (B. 20.) cite,
1680, maître Guillaume le Baron, sr de BoisjalIray, garde scel du
vers
présidial de Quimper.

Du domaine de Pontusqué, situé en la paroisse de
Goesnach, acquis de \1.. et Mme de Kernegues, par contract
du 7 octobre 1683. ' ,
Du lieu de Quermao, en la dite paroisse, acquis de
Mme de Ker,du, par contract du 30 novembre 1683.
, Dans le convenant de Kergannet, paroisse de Ploneour,
avec des rentes en Treoultré, 9-cquis de Mme de Querebin,
par contract du 16 feuvrier 1684.
Tout ce que dessus m'est resté en propre, par l'accord que
j'ay fait avec les heritiers de la dite religieuse Marie-Anne,

ma fille, en me chargeant de sa dot.
Feue dame Anne Cariou, ma mere, etant decedée le 25
decembre 1683, je partageay les biens de mon pere et de ma
mere avec Mme de la J~melaye, ma sœur,et 'mon lot pouvoit
bien valoir trente mil livres, c'etoit toute ma fortune. Ce par-
tage fut fait en 1684, par l'avis d'un amy commun, sans la

moindre formalité de proces; j'invite mes enfans a en user

de mesme. '

Le 11 feuvrier 1685 (1), je passay en un second mariage

avec feue demoiselle Marie-Louise Lansulien, fille puisnée
de feu messire Vince~t de Lansulien~ vivant seigneur de
Pennanrun, et de dame Marie le Gubaer, son epouse, lequel
mariage a duré jusqu'au 29 juin de l'an 1704, que ladite de
Lansulien est morte et a esté inhumée sous la tombe du
milieu de la chapelle de Saint-Hyacinthe, dans l'eglise cathe-'
draIe de Quimper, laquelle est dependante et armoyée des
armes du manoir de la Forest, qui sont: Un cors dl!. chasslJ,
accompagné de trois molettes d'epron. 'Requiescat in pace.
De ce mariag~ sont issus onze enfants, dont l'un, qui etoit

une fille, nommée 1'herese, est morte a la nourice. Les dix
autres sont cy apres nommés, suivant l'ordre de leur nativité:

(t) Alias: 1686. ,(Preuves de noblesse faites en 1779 par Jean-M.arie-
Joseph-Ange Billouart 'de Kerlérec, pour être admis dans les Ecoles
royales militaires.)

1 ° Guillaume, sieur de Pennanrun (1), lieutenant particu­
lier de l'amirauté de Quimper, qui a epousé demoiselle Mi-:
chelle-Guillemette Cariou (2), fille de feu M. du Seonvel et
de dame Anne le SaI, son epouse.
2° Joseph-Marie, pretre de l'Oratoire (3).
3° Jean-Baptiste: sieur des Salles, senechal royal de Lan­
meur, veuf de feue dame ... ' , 0 le Gall (4), fille de Mo le
Gall, conseiller secretaire du Roy, a Rennes, et a present en
second mariao-e avec dame Marie Mahuet, de Vanries (5).

(1') G~illau~e Billoart ~ouru-t à l'âg~ de 60 ' a~s ~t fut inhun;té dan.s la
de Quimper, le 2! décembre 174.6. Il étaIt pere de Thérese-Gmlle- ,
cathédrale
mette Billoart. qui épousa à Quimerc'h, le 25 avril 1757, Hervé-Louis ~e
Kerléan, chevalier de Saint-Louis, capitaine au régiment de Bourbonnais.
(Registres paroissiaux.)
(2) Michelle-Guillemette Cariou mourut à Quimper, le 29 jan vier 1i55.
(3) Joseph-Marie Billoart de Kervaségan mourut à l'âge de 68 ans; cha­
noine et doyen de l'église collégiale de ' Saint-Georges du château de Ven­
dôme, où il fut inhumé le 25 déceml;Jre 1754: (Note due à l'obligeance de M.
A. de Trémault.)
(4) Jeanne-Françoise-Marie le Gall mourut à Lanmeur, où' elle fut
inhumée le l avril 1719, après avoir donné le jour à un fils, Jean-Marie
Billoart, né le '27 mars 17'21, inhumé l~ 8 mai suivant. (Henseignements
M. Edo de Bergevin). .
communiqués par
(5) Le mariage de Jean-Baptiste Billoart et de Marie-Henriette Mahuet
fut célébré en la chapelle de la Haye-Dréan, paroisse d'Elven, le 31 mai t 723 0
(Invent. des archives départ. du Morbihan, E, supplément.) Leurs enfants
à Lanmtur, furent: 1° Jean-Marie-Gnillaume, né le 4. mars, bap­
baptisés
tisé le 15 août 17:25, garde de la marine, à Brest, le 12 juillet 1741, garde
du pavillon, le 12 octobre 174:3, eut le bras emporté à bord du Neptune, le
'25 octobre 1747 ,dans le célèbre combat de Mo del'Etenduère; « les chirurgiens
« s'étant hâtés de le panser, il leur échappa et tout sanglant, sans habit,
• ~'élança sur le pont, voulant encore aacrifier à la Nation le bras qui lui
' 0: restoit, mais il tomba mort aux pieds de Mo de Kerlérec, son oncle J.
(Jo Fo d'Hozier, l'Impôt du sang) ; 2° Marie-Jeanne, bapt. le 29 avril 1726 ;
J" Joseph-Marie-Gabriel, bapt. le 2 octobre 1727, garde de la marine, à.
Brest, le 1\:1 septembre 1749, garde du pavillon le i7 janvier 1750,embarqué
sur le Dragon, du n juin 1751 au 24 septembre 1751, lieutenant réformé
chargé du détail de l'artillerie â la Louisiane le 15 octobre 1752, passé à
la Nouvelle-Ol'léans sur le Cha1"iot royal, le 8 novembre 1752, capitaine
commandant de la compagnie de canonniers-bombardiers, à la Louisiane,
.. le 1·1' novembre 175U, chevalier de Saint-Louis le 18 janvier 176'?, colonel à
la suite du régiment de Saint-Domingue par commission du 18 août 1772,
aulorisé à se retirer du service, avec un traitement de 4.000 livres, le
H, mai 1/76; 4" Louis-Henri-Pierre, bapt. le 29 mars 1729; 5° Henri-

4° Corentin, sieur de Treouguy, conseiller au presidial de
(1), demoiselle Marie-Madeleine Me­
Tours, qui y a epousé
M. Menard (2), ecuyer, et de feue Anne Tasche­
nard, fille de
reau, son epouse.
5° Marie-Joseph, religieuse professe a l'abbaye de Kerlot,

a Quimper.
6°Anne-Scholastique, veuve de messire Hervé le L~gadek,
vivant chevalier, seigneur de Mezedern. .
7° Marguerite (3), epouse de messire François-Joseph
Rolland, né le 13, bapt. le 17 janvier 1731 ; Go Marie-Thérèse, bapt le 13
avril 1735 ; ï" René-An toi ne-Agathe, né le "23, bapt. le n octobre 1 :-36,
aspil'an t garde de la marine en 1753, après avoir fai t une campagne aux Indes
de 1750 à n5'2, enseigne au service de la Compagnie des Indes en 1755,
enseigne des troupes de la Louisiane en 1 ÎÜO, réformé avec un traitement
de~ 00 livres en nB3, capitaine au régiment de la Guadeloupe le 1 cr ma i
1775, chevalier de Saint-Louis le 14 mars 1 i77, admis à une pension de
retraite de 400 livres, avec rang de major, le 1 février 1 il/) j 8° Marie­
Joseph, bapt. le 19 décembre i7JÎ. (Archives du Ministère des Colonies et
notes de M. Ed. de Bergevin). . ' . . .
(1) Ce mariage fut célébré le 8 mai . 1719, en l'église Saint-François-de­
. Paule-lès-Tours, près le Pless.is, (Note de M. Louis de Grandmaison, archi-
viste départemental d'Indre-et-Loire) M. de Tréouguy fut père de .
Corentin Billoart de I{ervaségan, né le 14 mars .!Î'U, surnuméraire à l'école
d'artillerie de la Fère en 1743, officier pointeur le 1 or février 174o, com-
missaire extraordinaire le 5 février 1747, capitaine en second dans la bri­
gade de Beausire, le!ü février 1:58,chtvalier de Saint-Louis le 5 juin 17B~.
M. de Kervaségan prit part aux campagnes cie Flandre et d'Allemagne, et
se signala au siège de Tournai, en li45, où il reçut douze blessures. Il
épousa, le 13 mars lï4.8, Bonne-Charlotte de Thizard, dame de la Montel
lière, qui mourut le 'W mars 1 ï7J, laissant à son mari la terre de la Mon
tellièr e En secondes noces, ' Coren tin BiIloart de 'Kervaségan s. de la M on­
tellière, épousa Françoise-Thérèze Dulac de Montizambert, dont il eut un
fils Louis Corentin, né à Vendôme le '28 mars 1776, baptisé le lendemain
dans J'église de la Madeleine de cette ville. Il' existe encore des descendants de
ce dernier par les femmes. (Archives du Ministère de la Guerre et notes de
M. A. de Trémault). .
(2) Joseph Ménard, s. des Chastelliers.
(3; Marguerite-Louise Billoart mourut~ l'âge de GO ans, le '2 juin 1759, et
fut inhumée le lendemain, dans la cathédrale de Quimper. (Registres
paroissiaux). Elle avait épous~ M. de Villefort, à Paris, par contrat du 'lU
août 1718, dans lequel il est stipulé notamment que dame Marie-Suzanne
de Valicourt, mère du futur, se démet entre les mains du Hoi et sous le bon
plaisir de Sa Majesté, de sa charge de sous-gouvernante des Enfants de
France, en faveur de la dite Marguerite-Louise Bi/loart, à titre de sUl'vi-
vance. (Bib. Nat. Ms. fI'. 31.416).

d'Isarn, chevalier, seigneur de Villefort, lieutenant aux
o-ardes fra11çoises et chevalier de Saint-Louis et de Saint-
Lazare.
8° Vincent, sieur de la Forest, noyé a son retour de Saint­
Domingue, en 1722.
go Charles, sous-diacre, decedé a Pontorson, en 1726.
10° Louis, sieur de Querlerec, garde de la marine (1).

(1) Louis Billoart ou Billouart de Kerlérec naquit à Quimper, où il fut
baptisé, en la paroisse de Saint-Ronan, le 27 juin 1704 .. Ofllcier de mari­
ne distingué, il se signala par sa bravoure dans plusieurs combats où il fut
blessé, notamment. à bord de l'A,'dent en 1740 et à bord clu Neptune en
1747. dans 'le C1ilèbre combat de M. de l'Etenduère. Parvenu au grade de
eapitaine des vaisseaux du Roi, il fut nom~é en 1752. gouYel:neur de .Ia
Louisiane où il resta pendant onze ans. (VoIr: .Levot, Bwg?"aphte br'etonne).
II mourut à Pàris, étant brigadier des armées du Roi et chevalier de Saint­
Louis, le 8 septembre 1770 et fut inhumé le lendemain en la paroisse de
Sa int-Eustache.
De son mariage célébré à Quimerc'h, le 1'" mars 1738, avec Marie­
Joseph-Charlotte du Bot. M. de Kerlérec laissa pour ms aîné Léon-Claude
Billouart de Kerlérec, mousquetaire du Roi, qui obtint le 8 février 1774 un
a[Têt du Conseil d'Etat, le maintenant et confirmant dans sa noblesse, EU
égard Il à la distinction dont cette famille a toUjOUl'S joui dans la province
Il de Bretagne, à ses services tant à la guerre que dans la magistrature, et
fI singulièrement à ceux que le feu sieur de I{erlérec, père du suppliant, a
({ rendu pendant près de 50 ans dans les différens grades militaires et em­
Il plois don t il a été pourvu; en mémoire en tre .au tres du glorieux combat
({ par lequel il se distingua en 174·7 sur le vaisseau du Roi le Neptune, etc ... »
Léon-Claude Billouart de Kerlérec épousa à Morlaix, en la paroisse de
Saint-Melaine, le 2 juin 1767, Marie-Anne-Gertrude le Pappe, dont il eut:
10 Jean-Mal'ie-Joseph-Ange, né et baptisé à Morlaix, le 31 janvier 1770,
dont les preuves de noblesse furen t faites le 27 mai 1779, pour son admis­
sion dans les écoles royales militaires; devenu ensuite officier de marine,
i! pl'Ït part. comme sous-lieutenant dans le régiment d'Hector, à l'affaire
de Quiberon, et mourut fusillé à Auray, le 13 fructidor an III (30 août
1795) ; 2° M arie-Jeanne-Louise-Ignace, baptisée à Morlaix le 31 janvier
177'!, décédée à Brest, le 1G septembre 1860, mariée à Morlaix, le 29 plu­
viose an XI (18 février 1803). à Pierre-François Parscau, appelé le chevalier
du P\essix-Parscau, né à Brest le 4 mars 1771, garde de la marine en 1785,
élève de la marine de 1'· classe en 1787, émigré en 1791, lieutenant de
vaisseau en 1797. chevalier de Saint-Louis en 1800, capitaine de frégate en
1814; chevalier de la Légion d'honneur en' 18"20, capitaine de vaisseau en
182'2, officier de la Légion d'honneur en 18'25, démi~sionnaire en 1830,
décédé à Brest le 21 février 1845 ; 3° 'Gabriel-Julien-Marie-Léon, baptisé à
Morlaix le 8 juillet 1776, tué en li94, à Newport.

BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. . TOME XXVI (Mémoires). 12 •

En l'année 1693 je fus reçu. au Parlement, dans un office de

pour 5.000 livres
conseiller au presidial de Quimper, acquis
de M. Drouallen (1).
En la mesme année je vendis mon office de senechal des
reguaires: pour la somme de 5.000 livres, a M. du 8eonvel,
lettre d'en partager les emolumens aux deux
sous une contre
parts et tiers, et l'evenement fut que luy et"ant decedé quel­
apres, l'office fut perdu et devolu a M. reveque
ques années
de 'Quimper, dont on ne put tirer que deux mil livres, que je
pour desinteressement, payé en 1701.. .
reçu
J'observeray icy 'flue mon pere et Jacques Billoart, mon
et leurs autheurs ont toujours pris
ayeul, sieur de Keranguen,
ra qualité d'ecuyer et que dans le temps qu'ils vivojent on se
rechercher les
faisoit une espece de confusion du soin de
lettres de sa noblesse, parce qu'il n'y avoit eu aucune refor-
mation de noblesse plus de cents ans auparavant, et comme
pere etoit un fils puisné du feu sieur de Keranguen, il
mon
pas saisi des titres de la noblesse des Billoart, dont
ne fut

Rolland Billoart, sieur de Kerneven, son frere, se saisit
'pour les produire a la Chambre de la Refor-
comme aîné,

màtion de la Noblesse etablie par le Roy · en l'année 1668,
ayant laissé un enfant masle
mais il deceda en la dite année,
et quatre filles, desquelles messire ... '" .. de Kermellec,
seigneur . de Mesanles, avoit epousé l'une, lequel s'etant
saisi des titres de noblesse de la' famille, eut a gré' de les
hruler, dans un emportement de colere, pour empecher son

beau-frere d'exiger un partage avantageux. Ce fait m'a esté
souvent assuré par ma deITunte mere et a mesme esté repro­
ché en ma presence a Mme de Mesanles, ma cousine germaine,
qni dans ce temps ne le .contesta pas, disant qu'elle etoit
mary eut fait cette faute.
fachée que son

(1) Joseph Drouallen, écuyer, s. de Lesnallec, baptis6 à Pont-l'Abbé, le
6 mars 1639, marié par contrat du '1. février 1665 à Marguerite ' Billoart,
dame de Pendré, Hile de feu Bollûnd Billoarl et de .M arie ·le Gubaër, s. et
d. de Kernéven.

En l'année 1668, le Roy ayant ordonné 'la reIormation de
la Noblesse,en'Bretagne, dans laquelle .la famille fournit une
induction de noblesse avec quelques titres ramassés d'un
coté et d'autre, mais comme on ne se trouva pas en etat de
produire ceux qui etoient les plus necessaires, par le fait dont
on vient de parler, il y eut un arrest de debouttement en
l'année 1670.
Le Roy, par une declaration du mois d'aoust 1698, ayant
ordonné de rechercher en Bretagne tous ceux qui avoient
usurpé le titre de noblesse et de les condamner au payement
d'une amande de 2.400 livres, et en l'année 1699 que cette
recherch.e etoit dans sa force, le Roy ordonna de distribuer
plusieurs .lettres de noblesse ou de confirmation a ceux qui
se trouvoient sous cette recherche, en etat et en volonté de

payer une somme de 7.000 livres, qui en etoit le prix, et
comme j'etois dans ce temps la fort occupé du soin de 'reta­
blir la noblesse de mon nom dans ma famille, d'autant plus
que j'avois plusieurs enfants males, je fus d'abord frapé de
ce moyen de lettres et sur le point d'en saisir l'occasion, mais
je fus arreté par la crainte de voir dans la suite supprimer
toutes les lettres de noblesse, comme il est arrivé dix ans
apres. Je pris un autre party qui etoit violent, eu egard a la
mediocrité de ma fortune, de contracter avec M. de Queridec
Thomé '1), de sa charge de conseiller secretaire du Roy,
Maison, Couronne de France, de la chancellerie pres le Par,. ,
lement de Bretagne, pour une somme de 27.800 livres, par
acte du ... novembre 1700, payables dans les differents
termes y relferés, et j'y fus instalé a Rennes, le 11 janvier de
l'an 1701. Cette charge ne rapportoit dans ce temps la que
25 livres par quartier d'emolument, mais elle me procuroit
le retablissement au premier degré de la noblesse reelle de
quatre races dans ma famille, sans avoir esté obligé de faire
aucun acte derogatoire, ny declaration que je prenois cette

(l) Jacques l'horné, s. de Keridec.

, charge dans cette vue.Ce moyen, quoyque violent, a reussy,
j'en ay eu la peine et Dieu m'a fait la grace de le remplir (1).
Le 21 decembre 1702, Marie-Anne, ma fille de mon pre­
mier mariage avec la dame Desfages: a fàit sa profession de
par laquelle je devins son
religieuse ursuline a Hennebond,
héritier aux meubles, et en l'année 1703, par un soussigné
du dit an, je traitay de sa . succession aux immeubles avec
M. Desfagès (2), procureur du Roy a Chateaulin, M. de
Querneguez (3), bailly de Carhaix, et autres heritiers, les-

quels en faveur de la somme de quatre mil livres, que je leur
payai, et de 350 livres de rente pour la pension viagere de
la dite religieuse, m'ont fait quitte du raport de la dot de la ,
mere de la dite religieuse et m'ont abandonné leur part dans
pendant ma communauté avec la dame
les acquisitions faites
sans aucune reservation, ny retour de part et
Desfages,
d'autre.
En l'année 1703 je vendis ma charge de conseiller presi-
dial de Quimper'à M. de Drouallen, pour 'la somme de 6.300
livres, payables aux term.es convenus.
La dame de Lansulyen est decedée, comme on l'a dit, le
29 juin 1704, et pendant sa communauté qui a commencé le
(1) Guillaume Billoart conserva sa charge de conseiller secrétaire du Roi
jusqu'au 11 mars 1723, époque à laquelle le sieur René Montaudouin de la
Clm;lière en fut pourvu. Il obtint alors de Sa Majesté des lettres d'honneur
en date du 23 mars 1723. Il mourut à Quimpel' et fut inhumé dans la
le 7 janvicI' 174.0. L'Armorial Général de !G96 lui donne pour
cathédrale,
blason: D'or à une croix alaisée d'az,w", surmontée de deux molettes de
même, mais dans les preuves de noblesse faites en t 779 par son alTière
petit-fils les armes des Billoart sont décrites de la manière suivante: D'm'
à une cl"oix alizisée d'az,ul', cantonnée en chef de deux molettes d'éperon de
gueules.
(2) Jean Desfages, s. des Vignes, conseiller du Roi. lieutenant général
de police de la ville de Châteaulin et procureur du Roi dans la sénéchaussée
par contrat du 2 novembre 1706, Marguerite-Henriette de
d udit lieu, épousa
Rospiec, fille puîn~e de messire René de Rospiec et de dame Catherine­
Françoise le Torcol, s. et d. du Ménez, de Kermabon; du Tymeur, etc.
(3) Olivier-Charles Olymant, s. de Kernéguez, bailly de Carhaix, avait
épousé, par contrat du 14 mars 1677, demoiselle Marguerite Desfages.

U ievriel 1685 (1), j'ay fait plusieurs acquisitions, entre
autres de la terre de Pennanrun, de celle de Treouguy, de
celle de la Forest et autres revenus, de ma charge de secre­

taire du Roy, le detail desquels se trouve plus particuliere­
ment dans l'etat cy attaché, avec l'etat des alienations de
mes propres pendant cette communauté, qui consistent dans
ma charge de senechal des reguaires vendue a M. du Scon­
vel, pour 5,000 livres, dans une maison située aux faux'bourgs
de la terl'e au Duc, rue Hossignol, vendue à le Bourg, pour
onze cents livres, en un petit jardin pres le jeu de pauIme,
vendu a CoITec, pour cent vingt livres.
qu'au decez de la dame de Lansulyen, je
J'observe . icy
devois une partie considerable de ma charge de secretaire
du Roy, de laquelle partie les termes de payer n'etoient pas
echus, recours aux quittances, suiyant lesquelles cette partie
a esté acquittée pendant mon troisieme mariage.
Me voyant chargé du nombre de dix enfants, du mariage
de la dame de Lansulyeri, lesquels etant dans un bas age,dont
le dernier etoit a la nourice, demandoient des soins et des
attentions continuelles, que je n'etois pas en etat de me don-
ner, non seulement par rapport a mes affaires, mais encore
parce qu'un homme est peu propre a l'education de dix
enfans, dont le plus agé n'avoit pas douze ans, je pri~ le
party de passer a un troisieme mariage avec demoiselle
Therese le SaI, fille de feu M. de Kerullo, vivant senechal
des reguaires de Quimper, et de feue dame Françoise FroUo, .
son epouse, laquelle a eu la bonté d'entreprendre l'ouvrage
de cette education avec un zele tout singulier, qui a attiré
l'attention de toute la ville de Quimper, dont le succez en­
gage mes enfans a une .grande reconnoissance.
Il eto·a assez de la régIe qu'avant d'entrer en une troisieme
la dite le SaI, j'eus arreté par un
communauté de biens avec

(1) Alias: 1086. (Voir plus.haut).

inventaire' la communauté de la dame de Lansulyen, cette
difficulté a long'temps arreté mes reflexions, enfi n l'amour
que j'ayois pour mes enfans, la consideration de leur g'l'and
nombre et l'objet de diminuer les discussions et de cimenter
l'union, me determinerent a ne pas alTeter sa co.mmunauté,
parce qu'au cas qu'il survint quelque enfant de la dame le
SaI, comme en effet il y en a eu trois, dont deux sont morts
a la nourice et le troisieme est Guillaume-A ntoine (1), né le
juin 1708, la communauté de la dame de Lansulyen et
celle de la dame le SaI n'en faisant qu'une, le partage, se
trouvant plus aisé a faire, souffriroit moins de discussions et
l'union plus facile a menager, parce que les enfans de la

dame de Lansulyen en auront une moitié ùes deux commu­
nautés du chef de leur mere, et partageront e:lCore de mon
chef avec le dit Antoine, dans la ' moitié dl~ l'autre moitié,
lequel Antoine aura seul , du chef de sa mere un quart des
dittes deux communautés et sa part dans l'autre quart .

est vray que .le dit Ç-uillaume-Antoine, par ce deffaut
d'inventaire, est ,privé d'une moitié dEi ce qu'il aüroit pu
prendre dans la communauté de la dame le SaI, sa mere,
mais il s'en trouve dedommagé par la part qu'il aura dans la
communauté precedente de la dame de Lansulyen, d'ailleurs
etant seul, il se trouvera plus avantagé du coté de la fortune
ses freres et sœurs, qui sont en grand nombre, d'autant
que
pltis qu'outre sa part dans' ces deux communautés il aura en­
propres de sa mere et sa part dans l'l1.a snccession
core les
et de ce qui me revient de ces deux communautés, enfin il
sera quatre fois plus riche que chacun de mes autres enfans .
(1) Gui llaume-Antoine Billoart de Kervaségan, lieutenant au régiment
d'Anjou (Infanterie) Je '27 oetobre t 7Z5, puis capitaine au régiment de
Lônoncourt I.Cavalerie) le 26 avril 173.1" prit part aux campagnes d'Italie
en 1733, du Rhin en 1734 et de Flandre de 174!l à 1748, et quitta l'armée
le 13 a \Til 17'18. Il épousa demoiselle Renée le Lagadec et fu t a utorisé, pa r
lettres patentes, à prendre le nom de sa femme, qu'il transmit à sa posté-
fi te.

Mes biens personnels consisteront dans mes anèiens
propres et dans la recompense qui m'est due de l'alienation
j'ay fait , d'une partie d'iceux, dans les acquisitions que
que
j'ay fait pendant mon mariage avec la dame Desfages, dans
le quart qui m.e reviendra des acquisitions que j'ay fait avec
la dame de Lansnlyen et avec la dame le SaI, de tout quoy il
sera formé une masse pour estre partagée entre mes enfans
de la dame de Lansulyen et mon fils de la dame le SaI.
Apres cela si mes enfans de la dame de Lansulyen,
aU prejudice de l'intention que j'ay eu de menager l'union
en n'arretant pas la communauté de leur mere, veulent
qu'elle demeure arretée et fixée 'au temps de son decez, ils
en ont la liberté et en ce cas ils auront du chef de leur mere
une moitié des acquisitions de sa communauté, apres avoir
recompense des alienations de partie de mes propref,
levé la
sans aucune participation a celle de la! dame le SaI, dont la
moitié en entier demeurera a la dame le SaI et a son fils,
el l'autre moitié m'appartiendra comme un propre . naissant,
mais ce n'est ny leur profit, ny mon intention,qui est d'eviter
de grandes discussions et de menager l'ünion entre eux et
le fils de la dame le SaI.
L'etat de mes propres, de mes recompenses et de mes
pendant mes deux communau.tés avec les dites
acquisitions
dames de Lansulyen et le Sal,quittes et francs de toutes
dettes actives et passives, mesme de mon rachapt apres mon
decez pour les heritages relevant du Roy, en vertu de ' mon
titre de secretaire du Roy, Qst icy attaché avec toutes les cir­
peuvent instruire, pour eviter les contestations, .
constances qui
partage et menager l'union.
faciliter le
Quand j'ay vu croître chez moi le grand notnbre d'en fans,
j'ai cru que la volonté de Dieu etait que je travaillasse
autant que j'ay fait a me procurer les moyens de les elever
et de les avancer, mais ce travail auroit esté inutile si Dieu
par sa bonté n'avait beni et gouverné cet ouvrage. Non ille

qui plantat et qui irrigat, sed qui incrementum dat, " Deu8
est. Je le loue et le remercie de tout mon cœur de toutes ses
benedictions.
par sa grace m'a inspiré, en
Je finis ce projet que Dieu
s'aimer
recommandant a mes enfans de le consommer et de
et de n'oublier pas leur pere dans leurs prieres, ils doil"ent
ce retour a l'attachement que j'ay eu pour eux, je souhaitte
cœur que chacun d'eux fasse de plus grands
de tout mon
progres que je n'en ay fait dans les Yoyes de l'honneur et
pourront faire beaucoup mieux en se
de la fortune, ils
menageants dans la crainte et l'amour de Di.eu, qui est le
commencement et la fin de toutes choses, sans le secours
duquel tous leurs projets, leurs I?oins et leurs peines seront
inutiles. Nisi Dmninus œdificaverit do Jnwn, in va·num
lauoraverunt qui œdz:ficant earn.
. Fait a .Paris, le 1 de mars de l'an 1722 (1).

GUILLAUME BILLOART DE KERVASEGAN .

Quoyquïl soit rapporté que l'etat de mes biens soit attaché
au present memoire, il n'est pas cependant encore fait, mais
seulement ebauché, n'etant pas icy saisy de mes titres et
m'attends a le perfectionner et a le joindre icy
rentiers. Je
a mon retour à Quimper, si Dieu me fait cette grace.
Fait a Paris, le dit jour 1 cr mars 1722 .

(COPIE. Al'chives de Madame la comtesse de Guernisac,
au châtealt du Mur, en Plouigneau, Finistè1·e).

(1) Bien que ce Mémorial soit daté de 1722, l'auteur y a certainement
dans la suite, quelques additions, comme l'indiquent les mentions
fait,
en 17~3 et d'un décès survenu ~n 1726 .
d'un mariage célébrë