Responsive image
 

Bulletin SAF 1899


Télécharger le bulletin 1899

Note sur la seigneurie du Hilguy

J. Trévédy

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes


VII.

NOTE SUR LA SEIGNEURIE DU HILGUY (1)

Le corps principal de la seigneurie du Hilguy était dans
la paroisse de Plogastel-Saint-Germain; et son chef-lieu, le
. . château du Hilguy ,est situé au proche voisinage de Plogastel (2).
La seigneurie avait haute justice exercée à Quimper dans la
salle basse du couvent de Saint-François. •
Le Hilguy eut pendant longtemps des seigneUl~ particuliers . .
L'un d'eux est nommé en 1327 (3). On peut signaler Jean du
HiIgùy écuyer du comte de Montfort ('H:17) (4:); et un peu après
Guillaume du Hilguy, écuyer tranchant à la cour de Jean V, et.
assurément fort habile en son art puisqu'on le voit trancher
. devant le duc et la duchesse (14:25) (5); devantla reine de Sicile, .

devant Marguerite de Bourgogne, femme du connétable de

. (l) Il Y a quinze ans (hélas!). je publiais mes premières études dans notre
bulletin. Une étude sur Pratanras et Coatfao donnée en t 88'2 contient
plus d'une indication inexacte. Qu'il me soit permis de saisir l'occasion
de me corriger.
qui s'offre
('2) La seigneurie avait quelques possessions hors de ~ette paroisse. Ex.
de Quimper, séparé de l'enclo.s du Calvaire, (aujourd'hui
Kerlan tout près
le Séminaire), par le ruisseau qui après avoir longé le mur entre dans
l'enclos:

. (3) Le Men, Monog. de la cath. Geffroy du Hilguy fait un legs en t327
à un autel de cette église. .

(4) M. Couffon de Kerdellec'h. Chevalerie de Bretagne I. p. 541 .
Le comte de Montfort François, fils aîné de Jean V, depuis François t·"
al6rs âgé de sept ans.

Richemont (1~26) (1),devant la comtesse de Montfort (1~31)(2);
Selon toute apparence, c'est le même qui est écuyer de Pierre '
de Bretagne (1436) (3).
Au siècle suivant, le Hilguy allait passer en la possession
le nom apparaît souvent dans nos annales,
d'uue maison dont
les Lezongar. Voici (sauf information plus précise) comment
s'opéra cette transmission. .
de Lezongar, héritier de la seigneurie de Pratanras,
Roland
(et qui sera Roland VI). avait épousé Jeanne du Fresne (et non
Fresnay), fille de Alain et de Jeanne du Hilguy. Elle mourut
en 1538, laissant deux filles dont l'aînée nommée Jeanne (~). -
D'un second mariage avec Claude du Jqch, Roland VI e~t
un fils, Roland VII, qui mourut le 28 mai 1556, et fut inhumé
le lendemain aux Cordeliers de Quimper (5).
Il semble que Roland VII mourait sans hoirs, peut-être sans '
(1) Id. 1. 543 et M. de Courcy. Nobiliaire. Vu Hilguy Reine de Sicile est .
un titre donné prématur6ment... Il s'agit d'Isabelle, fille aînée de Jean V,
alors enfant. Depuis 14.17, elle avait été fiancée à Louis, duc d'Anjou et .
roi de Sicile. Après la mort de Marguerite, sa sœur cadette (1429), fiancée
à Guy XIV, comte de Laval, Isabel!e, renonçant au titre de reine d'un
royaume à conquérir, devint (ce qui était plus sûr) comtesse de Laval et
baroüne de Vitré. Le mariage fut célébré à Redon, le ter octobre "1430.
Marguerite de Bourgogne, fille de Jean-sans-Peur, veuve de Louis, duc
dé Guyenne, dauphin, frère ainé de · Charles VII, et, depuis mars 1423,
femme d'Arthur de Bretagne, comte de Richemont et connétable, et dite
même pendant son second mariage Madame de Guyenne .
(2) CoutIon 1 542. - Comtesse de Montfort. Yolande d'Anjou, première
femme de François, comte de Montfort, morte à Plaisance près de Vannes, le
17 juillet 1440. Un livre couronné par l'Académie (Littoral de la France,
. Bretagne, p 150) dit que la comtesse, morte en l·HO, était la célèbre
comtesse de MontfOl't.
C'est désigner Jeanne de Flandre, femme de Jean de Montfort et mère
de Jean IV, et nous dire qu'elle a survécu cent six ans à son mariage et
quatre vingt quinze ans à son mari !!
(3) Id. L 543. .
(4) Nécr. de St-François de Quimper. 1
(5) L'extrait de nécrologe qui nous reste a omis la mention de cette in­
humation. Elle se trouve au registre de Saint-Julien . J'ai publié cet acte
dans Ce qui reste du nécrologe, etc. p. t2 note 1. '

alliance, et que sa sœur consanguine, Jeanne ait été son
héritiêre. Du moins, dix-sept ans plus tard, en 1573, la
voyons-nous rendre aveu pour les seigneuries de son père, no-

tamment Pratanras.· En même temps, elle apparaît comme
dame du Hilguy, sans que nou~ puissions dire si cette sei­
gneurie lui vint de sa mère ou de succession collatérale .
En 153 (contrat du 18 mars) Jeanne de Lezongar s'ètait
mariée dans une maison illustre qui a donné trois amiraux
à la Bretagne (1). Elle avait épousé Jean du Quellenec, .d'une
branche cadette, seigneur de Bienassis, Saint-Quérec, etc. De
1538 à 1553, ils eurent quatre fils et quatre filles au nombre
desquels, Claude, l'aîné, Pierre, mort sans hoirs, et Jean, plus
tard seigneur de Saint- Quérec et du Hilguy, le calme et cou­
rageux gouverneur de Quimper au temps du siège de 1594 (2) .
Devenue veuve (7 novembre 1558), Jeanne de Lezongar
abandonna Bienassis qui appartenait à son fils aîné, et revint .
à son berceau. Elle mourut à Pratanras, le 29 novembre 1587,
et vint reposer dans le chœur des Cordeliers (3).
Claude, fils aîné et principal héritier, était mort avant sa
mère, vers 1569. De son mariage ave.c Julienne de Launay-
(1) Ogée n'a nommé qu'un amiral du Quélennec qui aurait exercé son
office pendant cinquante et un ans. D'autres en distinguent deux,notamment
Mrs de Courcy et CoutIon Il faut en compter tTois ayant eu mêmes prénoms et
mêmes titres :
1 Jean Vte du Faou, en charge en 1433, 1451, 1454,Morice. Pr.II, 1259 -
2" Jean Vte. du Faou, nommé le 28 décembre 1459. Lob. Pro col. 1035 .
Morice. Pro II 1261.
3° Jean Vte du Faou, nommé le 10 avril 1484 (1485 n. s.)« en remplace­
ment d'autre Jehan du Quélenec, mort dans les douze mois précédents »
Lob. p)'. 1411. Morice. Pro III. 460. - Destitué (mars 1489).
(2) Chan. Moreau, p. 160 et autres. .
(3) Encore une mention omise à l'extrait des nécrologes ! Ces faits ré­

du minu fourni au roi pour le rachat dû à raison du décès de
sultent
Jeanne de Lezongar, 8 janvier 1581:\), et de la délivrance faite, le même
jour, par Jean du Quelenec (le gouverneur de Quimper), d'un legs fait par
sa mère aux Cordeliers.

Cosmat il laissait six enfants mineurs, sous la tutelle de son
frère' le gouverneur d.e Quimper: parmi eux, un .seul fils héri­
tier principal nommé Jean et une fille nommée Françoise (f).
A la mort de Jeanne de Lezongar, Jean, déjà pourvu dans
la succession paternelle, prit dans la succession de sa grand'-
mère le principal manoir, Pratanras. Le HiIguy fut attribué à
son oncle et tuteur, le capitaine de Quimper.
Presqu'aussitôt Jean mourut laissant sa sœur Françoise
pour principale héritière, dame de Bienassis, Pratanras, 'etc.
elle fut bientôt mariée à Christophe
Elle avait dix-sept ans; et
de Tréal, qui mourut prématurément lui laissant une fille (2) ;
et dès 1092 Françoise, remariée à Gilles de Visdelou, seigneur
de la Goublaye, avait un fils auquel allaient passer les sei- .
gneuries des Quelenec et des Lezongar.
Le gouverneur de 'Quimper vit naître ses petits-neveux. Né .
en 1545, il survécut jusque après 1605 ; et, à sa mort, sa sei­
gneurie du Hilguy fut recueillie par la dame de Visdelou.
Quand celle-ci mourut, le 24 juin 1624, à Lamballe, son

second fils Jacques, seigneur d'Ellien ou du Dellien. venu de
la succession paternelle, reçut le Hilguy en partage. Jac'ques '
fut commandant de l'arrière-ban et de la garde-côte de Cor­
nouaille, juge du point d'honneur de la noblesse du diocèse
et chevalier de Saint-Michel.
(1) Ces détails extraits des généalogies des du Quelenec et Visdelou
semblent certains, En 1605, le parlement eut à juger un procès entre les
héritiers de Jeanne de Lezongar. L'arrêt a été recueilli et critiqué par
Pierre Belol'deau au 1 er volume de ses Con!1'oVe1'Ses (1619), p. 224 et 225.
Controverse LXXV. Il donne l'héritière de Jean pour sa tanle sœur de
son père Claude. L'erreur est certaine. Un frère de Cl-aude, Jehan, le capi~
taine de Quimper, survivait à son neveu et eût hérité avant la tante. Pour
que Françoise héritât de Jean il fallait qu'elle fût sa sœur.

(2) Françoise de Tréal épousa, le 12 juillet 1608, Jacques, baron de
Névet, qui fut tué aux Etats de Rennes en 1616 par Thomas, baron de
Guémadeuc. La jeune veuve, violenta luctu, n'eut de repos qu'après l'exé­
cution de Guémadeuc en place de Grève (27 septembre 1617).

D'un second mariage (1) avec Marie Lohéac, filIè de Mathieu
Lohéac, procureur du roi à Quimper au t~mps de la Ligue (2) ;
Jacque's eut un fils nommé Guy.
Celui-ci, seigneur du Hilguy après son père, fut conseiller

du roi, alloué, puis lieutenant criminel au siège de Quimper,

enfin il devint conseiller au parlement (1661),
D'un premier mariage avec Françoise de Kerbloyson, Guy

Ronan) ; qui hérita le Hilguy dont il prend le titre en 1681.

(Bapt. 20 janvier. Saint-Mathieu).

Le 22 février 1683, François épousa, à la Chandeleur de
Quimper, Suzanne-Claude de PIœuc, fille de Nicolas de Plœuc
seigneur de Kerharo, Le Guilguiffin, etc.
Après lui, le Hilguy passa à' sa fille unique Marie-Fran-··
çoise. Le 21 février 1708, celle-ci épousa à la Chandeleur,
François-Roger Robert, conseiller durai en ses conseils,
intendant de justice, police et finances de la marine à Brest.
Devenue veuve, elle épousa le comte du Gué, lieutenant géné­
raI des armées navales. Elle semble avoir survécu aux deux
fils et à la fille de son premier mariage (3) ; elle mourut au
milieu de l'année 1765.
(1) Il avait été marié en pl'emières noces sans enfant (1626) avec Mau­
ricette, veuve de Maurice du Rusquec, fille de François du Chast~l, et de
cette plaintive Marie de Keroulas qui, selon la ballade, mourut de douleur;
le temps d'avoir trois enfants. Mieux mariée que sa
mais qui pourtant eut
mère, la fille mourut sans enfant après un ap d'union.
(1) Moreau, son collègue au présidial, le signale comme dévoué au roi,
p. 214 et autr.es.
Ce nom de Lohéac ne doit . pas faire illusion Ceux qui le portaient
n'avaient rien de commun avec les Lohéac, possesseurs de la seigneurie de
Lohéac, (Ille-et-Vilaine) qui d'eux passa aux Montfort, Laval, Rieux etc.
Les Lohéac de Quimper ont été déboutés à l'intendance en 1704. Ils avaient
figuré à une montre de 1481. .
Marie Lohéac, veuve de Jérôme de Bahuno, était fille de Millhieu et de ,
Marguerite Le Baud. . .

(3) Le mari de sa fille, M. de Lantivy, était remarir en 1761, ses fils ni
leurs enfants ne figurent au nombre des prétendant dmit à sa succession­
Arch . .du Finist, (Inv, sommaire B. 88 (lire 87), fo 45 ro. Procès entre

héritiers Robert et autres.

Un peu plus tard, la seigneurie du Hilguy fut aèquise par
César François Le Gac de Lansalut et sa femme Caroline de
Deux-Ponts. Le père de Mme de Lansalut était Christian IV,
prince palatin du Rhin, duc de Deux-Ponts, prince de
Birkenfeld et de Bischeviller, comte je Velden, de Sponheim,
etc. Sa mère était comtesse de Forbach. (1) ,
(( Ce mariage fit grand bruit, » me disait notre regretté
confrère le vicomte Aymar de Blois; c'est pourquoi j'ai cru
'pouvoir faire quelques recherches à cet égard (2) .

Christian IV avait hérité le duché de son père Christian III,
en 1737. Il résida longtem ps à Paris, où il menait grand
train et fut de l'intimité de .Louis XV et de Mme dé Pompadour.

Le duc épousa morganatiquement Marie-Anne Fontevieux,
du conseiller Fontevieux, juge de Birkenfeld, et il la
sœur
fit comtesse de Forbach, du nom d'un domaine acquis . par
eux en Lorraine.
En 17:58, Christian abjura le protestantisme, et ses enfants
élevés dans la religion catholique. Il mourut en / 1775.
furent /
A sa mort, son mariage morganatique fut reconnu, et sa
veuve reçut le tit.re de douairière de Deux-Ponts .
Le duc avait eu six enfants: deux moururent jeunes. Les
quatre survivants,deux fils,Mme de Lausalut et une sœur, pri­
rent. tous le titre de comte ou comtesse de Forbach qui fut
plus tard (1792) échangé contre le titre de baron de Deux-

(1) Et non Su Izbach (de Courcy. Nobiliaù-e Vu Le (,ac .. ) Sulzbach est
\lne ville de Bavière, voisine de Nuremberg, qui a donné lion nom à une
branche de la famille de BaYière, comme nous allons voir. ' Le nom de
Forbach n'est pas eelui de la ville de France voisine de Sarreguemines. Ci-
dessous.
("2) JI~ dois beaucoup des renseignements qui suivent à nos confrères
le chanoine Peyron et du Crest, à M. Bienvenue. avoué à Morlaix, à M.
Hélo, notaire à Plogastel Saint· Germain, à M. Vaillant, greffier au tri­
bunal de Quimper, èt enfin à des érudits belges et bavarois, qui ont bien
voulu accueillir la requête d'un inconnu.

ponts qui subsi~te. Mais ils n'étaient pas aptes à recueillir le
duché; bien plus, le mariage morganatique de leur père a
enlevé à sa descendance l'occasion de monter sur le trône- de
Bavière. Christian IV avaIt eU .deux frères, Charles et Frédéric
Michel. C'est un fils de ce dernier qui fondera la .dynastie de
Bavière, aujourd'hui régnante. Nous le verrons plus loin. ' :
Une longue épitaphe, écrite en latin sur le monument funé­
raire d~ Christian IV à CroiHlls ('1), donne les noms et le~
qualités de ses enfants (1). .
Mme de Lansalut, née la troisième, avaient deux frères
ainés'qui servirent en France dans le régiment de Deux-Ponts
et se distinguèrent dans la guerre de l'indépendance améri­
caine (2). Sa sœur cadette, Elisabeth-Auguste-Frédérique"
devint, quand elle avait dix-huit ans, chanoinesse-d'honneur
du chapitre noble d'Avesnes (3).
Voici traduite mot à mot la mention de l'épitaphe concer-
nant Caroline. .

(1) Cette épitaphe latine est curieuse. Elle commence ainsi de façon
profane : Cf Div i Christiani... etc. }). Le mot chiliarchus (commandant de
mille hommes) est employé pour colonel. tribunus pour li~utenant-colonel .
centurio pour capitaine, legio pour régiment, m'x pour château, parlant 'du
Hilguy. .
la situation de la famille de Christian au lendemain
L'épitaphe donne
de sa mort: une note qui m'a été adressée complète ces indications.
(2) Christian (l'aîné), lieutenant colonel du régiment français de Deux­
Ponts, chevalier de Saint-Louis el de l'ordre de Cincinnatus à sa fondation,
est mort général . en Bavièr·e. De Adélaïde-Françoise-Léonline de Béthune,
qu'il avait épousée en 1783, il a laissé deux filles dont une, l'aînée, nom­
mée Caroline-Auguste-Amélie. . .
(le cadet), capitaine au régiment français de Schomberg,
Guillaume
cavalerie, devint lieutenant-colonel du régiment français de Deux-Ponts
·(cavalerie), chevalier de S(!int-Louis. De son mariage ayec Marline-Rogère-
de Polastron (10 janvier t 780), il laissa d~ux fils:
Françoise-Adélaïde
Christian et Charles et peut-être des filles. Christian, général de cavalerie,
de la · garde du corps à cheval, est mort en 1859. En lui
• capitaine général
la descendance masculine des barons de Deux-Ponls .
s'est éteinte

(3) L'acte dit: (1 Capituli nobilis de Laveine in Arvemia (de Laveine en
Auvergne), nom inconnu. J'ai cru qu'il fallait lire Avesnes, où il y avait
noble de dames. .
un chapitre

« Caroline de Deux-Ponts, née le 18 juin 17!)!), mariée le
4 avril 1771 à un, gentilhomme breton, César-François Le
, Gac de Lansalut, seigneur de Lansalut, Keraveran, Coëtando,
chevalier de Saint-Louis, colonel honoraire du régiment fran­
du jeune Condé (apparemment Enghien), demeurant en
çais
son château du Hilguy dans la petite Bretagne »
Au temps de son mariage, Mme de Lansalut était dans sa
seizième année et elle, épousait un mari de trente-'cinq ans.
César Le Gac de Lansalut était né le 29 décembre 1736 à
Saint-Martin de Morlaix; il était fils d'écuyer Pierre-Louis,
seigneur de Lansalut (Plouézoch, canton de Lanmeur) et de
Marie-Hyacinthe de Ken'et. ' :
Il avait deux frères, Rolland:-Pierre, seigneur de la Ville-
, neuve, et Louis-Gabriel. Tous les trois entrèrent dans l'armée.
Louis se retirèrent comme capitaines, avec la croix
Rolland et
de Saint-Louis. (1) César fut plus ambitieux ou plus heureux
que ses frères.
A quel grade parvint-il '1 ... On a écrit qu'il fut colonel ou
mestre de camp d'infanterie, colonel de dragons (c'est encore
infanterie); les actes de l'état-civil lui donnent l'un ou l'autre .
de' ces titres; mais je n'ai jamais vu l'indication de son régi­
que nous venons de citer lui donne le titre
ment. L'épitaphe
de colonel honoraire du régiment du jeune Condé, c'est-à-dire'

d'Enghien (infanterie). Toutes mes recherches à cet égard
l'Etat militaire ont. été vaines (2).
dans
Le mariage se fit du plein consentement d'u duc Christian.
(1) Le grade de capi taine et la croix de Saint-Louis a près vingt ans de
services. : Telle était l'ambition de beaucoup de gentilshommes! Roland est
l'aïeul de Mr Le Gac de Lansalut, nos contemporains. . '
(2) Notre confr.ère, M. Lemoine, a bien voulu faire faire des recherches
au ministère de hi guerre. Elles ont été sans résultat. Il m'apprend qu'il
n'existe de 'répe :loire alphabétique par noms de personnes que depuis la fin
de la Révolution; et anlérieurement les états de services (et avec de nom­
breuses lacunes) ne remontent qu'à 176Q. Dans une déclaration de 1777, M.
de Lansalut prend le titre de mestre de camp de dragons.

La preuve c'est qu'il donna à son gendre le titre de cham­
bellan (1) et qu'il fut le parrain du premier enfant de sa fille.
Le titre de chambellan laissait apparemment liberté entière
à'M. de Lansalut : il emmena sa femme en Bretagne; et, dès
1770, nous trouvons l~s époux nabitant la paroisse Saint­
Martin de Morlaix. C'est là que, le 20 juillet 177Q, naquit
leur premier fils.
Le lendemain, il fut baptisé dans l'église de Saint-Martin .

Il reçut les noms de Christian-Marie-Thérèse-Joseph-Coren-
tin. Il devait le premier à son grand-père, le duc de Deux- .
Ponts, et les autres à sa marraine .

La marraine était la dernière du nom d'une des plus nobles
et plus anciennes familles de Bretagne: « haute et puissante
dame Marie-Thérèse-Josèphe-Corentine de Nevet, dame
(d'honneur) de Mesdames, veuve de très-haut et puissant
seigneur Jean-Antoine Franquetot, comte (ou marquis) de
Coigny, lieutenant général des ' armées du Roi, chevalier de
de ses ordres, gouverneur des ville et château de Caen et de la
maison royale .de Choisy ... » (2)
Il va sans dire que l'abbé Expilly, recteurde Saint-Mar­
tin (3),. ne vit pas le vieux duc de Deux-Ponts ni la mar­
quise de Coigny, tenir l'enfant sur les fonts. Tous les deux
furent représentés: le duc, par Louis-Gabriel-Claude Le Gac,
(1) Le titre de chambellan ne lui fut pas continué après la mort de son
dès 1777, M. de Lansalut prend le titre d'ancien chambellan de
beau-père:
son S. A. S ....
(2) Marie de Nevet (dernière du nom) était fille de Malo, l'ermite de la
montngne de Locronan, et de Marie de Gouzillon. Elle avait quatre ans à la
de son père, en 17"21. En novembre 1729, quand elle nvait douze ans,
mort
oe Coigny, fils diI maréchal duc, tué
elle épousa Jean, comte, puis marquis
en duel du vivant de son père, en 17-H~. Mme de Coigny mourut le 19 août
1778. Son fils aîné, Marie-François-Henri, duc de. Coigny, fut comme son
aïeul maréchal de France (1816) ; et sa petite fille épousa le général, depuis
Mme de Coigny a donc été bru, mère et belle-grand'­
maréchal Sébastiani.
mère de maréchaux.
(3) Le premier évêque constituti0nnel du Finistère, guillotiné le Z2 ma
1794 à Brest, avec vingt-cinq administrateurs du Finistère .

frèredu père, que nOlis avons nommé plus haut; la marraine, par
une parente, Mlle Ursule de Lansalut, dame de Lansalut.
Peu après la naissance de leur fils, M. et Mmll de Lansalut
transportèrent leur résidence au pays de Quimper.
la seigneurie du Hilguy de la succession
Ils y avaient acquis
de Marie-Françoise de Visdelou ; et, le 6 décembre 1777, ils
de la maison de la rue Saint­
étaient devenus propriétaires
François, dont ils comptaient faire leur pied à terre en ville.
Bientôt, changeant d'avis, ils louèrent cette maison, puis la
vendirent; et ils habitèrent le Hilguy (1). C'est là que d'autres
enfants allaient naître. .
Le 2 octobre '1778, naquit un second fils : baptisé à Plogastel
le 15 août 1779, il eut pour parrain un cousin
Saint-Germain
de sa mère, fils du jeune frère du duc Christian, Maximilien-
comte palatin du Rhin, qui donna ses prénoms 'au
. Joseph,
nouveau-né. La marraine fut la grand'mère maternelle
de Deux-Ponts (2\. Rolland-Pierre Le Gac de Lan­
douairière
le parrain; il ne se doutait pas qu'il re-
salut représente
présentait mi futur roi. .
En février 1781, un troisième fils naquit au Hilguy. Le27 de
ce mois il . fut seulement ondoyé; onze ans plus tard, les
cérémonies du baptême n'étaient pas suppléées: et, en 1792,
cet enfant était encore anonyme.
Le 20 septembre 1783, un autre fils né la veille recevait au .
baptême les noms de César-Joseph-Marie. Il fut tenu sur les
fonts par son frére aîné Christian, alors âgé de huit ans,
de dragons à la suite du régiment de
qnalifié sous-lieutenant
Deux-Ponts, et par Ursule Le Gac de Lansalut, (( dame du dit
nom », sans autre indication. .

(1). V. Maison n° 17 de la rue Saint-François. Bull. de 1898. p.
(2) Elle est désignée sous le nom de Marie-Anne de Forbach, et sous le
titre de comtesse de Deux-Ponts, nom et titre qui ne lui appartenaient pas.
de Forbach et douairière de Deux-Ponts ...
Elle était, nous l'avons vu, comtesse
il fallait dissimuler 'le nom bourgeois de Fontevieux.
Mais

Enfin, le 28 novembre 1789, fut ondoyée une fille née la
veille, qui reçut plus tard le nom de Léontine. .
EntreJes dates '1783-1189, il Y a place à deux naissances.
Nous n'avons sur ce point aucun renseignement. Il y a peu

d'apparence que d'autres enfants soient nés après Léontine.
Quoi qu'il en soit, trois fils seulement vivaient en 1792 .
C'est la mère elle-même qui nous renseigne sur ce point.
M. de Lansalutn'avait pas émigré (1). Aurait-il repris du
service, bien qu'il eût, et de quelques années, dépassé la

. cinquantaine? On pourrait le supposer quand on voit un acte
de l'état-civil lui donnant, en 1805, le titre de général (2\ ;
mais les recherches faites à cet égard au ministère de la
guerre ont été sans résultat.
Quoiqn'il en soit, en 1792, il ne résidait pas, semble-t-il,
. au Hilguy ; nous y voyons Mme de Lansalut seule avec ses en-
fants etchargée de l'administration.
En 1791,Mmi de Lansalut avait envoyé à sa lamille de
Deux-Ponts son troisième fils (l'anonyme) âgé de dix ans.
Un décret du 12 septembre 1792 ordonnait que les
parents d'enfants émigrés paieraient pour chacun d'eux une
indemnité destinée à l'habillement, armement et solde
.de deux hommes. Un décret des 30 mars':8 avril pré­
cédent permettait d'interpréter par « enfants émigrés \) les
u fils de famille en état de porter les armes »(3). Mais, pour
les administrations de ce temps, les rigueurs de la loi étaient

insuffisantes.

(1) Du moins n'yen a-t-il pas d'apparence qu'il ait émigré. Sa femme
et ses enfants ne figurent pas aux délibérations du Comité de .surveillance
de Quimper. .
(2) Acte de décès de son fils Maximilien rédigé sur la déclaration de
Chri.stian, son frère. Plogastel-Saint·Germain, t 3 prairial an XIII (6 juin

(3) Duvergier. Lois. T. IV. p. 518. Décret du 12 septembre 1792, art.
2. Décrets des 30 mars-8 avril, art. 24, p. 112 .

Aux premiers jours de novembre 1792, Mme de Lansalut
reçut du directoire de Pont-Croix sommation de payer la somme
de 1100 fr. ~4 sols comme indemnité pour son fils absent. Elle
invoque l'interprétation résultant du décret de mars-avril;
elle dit qu'elle a deux autres fils de seize et treize ans
(Christian et Maximilien) ; et elle ajoute: « Si j'avais eu l'in­
tention de nuire à ma patrie française, je n'aurais pas fait
émigrer celui de mes trois fils le moins propre au service
militaire. Le motif de son absence est son avancement. Je
l'ai envoyé dans le duché de Deux-Ponts ou J al prIS naIssance.
Cette puissance amie de la France peut lui offrir de grands
avantages: il travaille ' à s'en rendre digne dans un collège
d'Allemagne ».
Pour le district ce bambin de onze ans est un présumé

émigré portant les armes! Sans aucun examen, en recevant
sa lettre, il répond à Mme de Lansalut (( qu'elle est tenue de
payer L 101 francs, sauf à prouver par la suite que son fils est
vraiment dans le duché de Deux-Ponts livré aux études» (1) .
. Nous ne trouvons plus trace de ce jeune fils en Bretagne .
Ses deux frères aînés, Christian. et Maximilien, furent sans
doute compris dans quelque réquisition de la République ou
de l'Empire. Toutefois nous n'avons aucun renseignement du
cadet jusqu'à sa mort. .'
Le .13 prairial an XIII (6 juin 1805) ,son ainé, Christian, vint
déclarer le décès de son frère .survenu la veille au Hilguy.
't'acte donn.e seulement l'âge du décédé (27 ans) ; mais n'in­
dique pas sa profession. Il attribue au père le titre de géné1oal;
et qualifie C~ristian . de rentier (2), titre insuffisant sinon
inexact. Christian devait à ce moment servir dans l'armée,

tt). Arch. du Finistère. L. 51.

(2) Le titre de rentier' est de style à Saint-Germain. Il est donné dans le
même acte à Louis-Armand Fortuné de Plœuc, du Guilguiffin; et, danS
l'àcte qui va suivre, à César de Lam.lut et à ses témoins Kerbringal,
Alexandre de Plœuc, rue Kéréon à Quimper ... de Trégain ... à Quimper.

et était sans doute en congé: il n'apparaît, plus aux actes de
décès qui vont suivre.
Un an après son fils, Mme de Lansalut mourut au Hilguy
dans la nuit du 4 au 5 août 1806, à cinquante-six ans'. Le len­

demain elle fut inhumée dans la chapelle du château. D'après
la déclaration, sa mère, douairière de Deux-Ponts, fui survi-
vait(11. ' .
, M. de Lansalut lui-même avait déclaré le décès de sa fem-
me ; il lui survécut seulement cinq mois.
On lit au registre des décès de Quimper pour 1807. « Du
21 janvier, acte de décès du sieur César-François,Le Gac de
Lansalut, veuf de dame Caroline des Deux-Ponts, dAcédé ce
jour, àquatreheures du 'matin, rue Mezgloaguen, âgé de 7'1 ans,
natif de Morlaix.)} De ses titres anciens pas un mot.

Vingt-deux jours plus tard, leur fille Léontine mourait en sa
fleur, à dix-sept ans, dans la même maison, 11 février 1807.
En vingt mois, Christian de Lansalul avait porté le deuil
de son frère cadet, de sa mère, de son père, et desajeunesœur. Il
allait survivre treize ans. Il mourut, le 2 janvier 1822, à
Quimper. Son acte de décès lui donne les titres de capitaine
de dragons en non activité, chevalier d-e la Légion d'honneur.

Le troisième frère (l'anonyme de 1792) bien accueilli du
cousin de sa mère duc de Deux-Ponts, était resté en Bavière.

Un de ses cousins de Bretagne, fils de Rolland de Lansalut, le
vit un jour à Quimper chez son frère Christian. Selon toute
apparence, il était mort avant Christian et sans laiss.er d'en-
fants.
Ainsi s'explique que Christian ait ,fait ,légataire ,universelle
sa tante maternelle Elisabeth-Auguste-Frédérique de Deux-

(1) L'acte porte:, « mie de Sa Majesté son altesse sérénissime Monsei­
gneur .. ,etc. etde Marie-Anne-Françoise, comtesse de Forbach, douairière des_
Deux-Ponts. » ,

ponts, alors veuve de Esprit-François du Chastellier, marquis
du Mesnil ('1).
Des créanciers se présentèrent; et la succession fut ac­
La vente des immeubles
ceptée sous bénéfice d'inventaire.
distribués en vingt lots fut ordonnée par jugement du 23
décembre 1822 ; et, le 26 mars suivant, le château du Hilguy
fut adjugé avec ses proches dépendances, à la barre du tri­

bunal
La descendance masculine du duc Christian IV s'est éteinte
en 1859, en la personne de son petit fils Christian-Auguste­
Guillaume, fils du second frère de Mme de Lansalut (3).
La descendance féminine subsiste; mais il ne reste pas
de descendants de César Le Gac de Lansalut et de Caroline de
Deux-Ponts.

En finissant, qu'il me soit permis de dire quelques mots de
la· succession de Deux-Ponts après Christian IV, et de la réu­
de Deux-Ponts et de l'électorat de Bavière .
nion
Christian III, de son mariage avec Catherine de Nassau,'
avait laissé trois fils : .
1° Christian IV, duc de Deux-Ponts, ne laissait pas d'en-
fants pouvant hériter le duché;

(1) Nous avons parlé d'une sœur de Mme de Lansalut portant ces trois
prénoms chanoinesse d' Avesnes, quand elle avai t dix-huit ans. (Ci-dessus
p. 106.) C'est la légataIre. Le jugement du 23 décembre constate que le
testateur est son neveu .
('2) Le Hilguy fut adjugé à la dame Marguerite-Jeanne Masson, veuve
en premières noces du sieur Faudet, et en secondes du sieur Féret.
Elisabeth Faudet, sa fille, épousa le sr Gilles La Fontaine dont elle
eut une fille, Marie-Louise La Fontaine;
Le t or septembre 1837, la dame Fa udet -Féret légua le Hilguy à sa
petitE.' fille qui, le 1 octobre 18'13, épousa M. Charles Le Batard;
. Le 20 juillet 189\, M mo Le Batard est décédée laissant pour héntière sa
fille Louise épouse (le 10 août 1874) de M. Joseph Le Coq. ,
(3) Ci-dessus p. 106, note 2.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXVI. (Mémoires). 8

2 Charles était mort avant lui (1767), laissant 'un fils
également inhabile à succéder au duché (1, ;
, 3 Frédéric-Michel, de la pri ncesse Fra nçoise Dorothée de
Sulzbach, avait deux fils, Charles-Auguste, né en 1749, et
Maximilien-Joseph, né en 17!)6, que nous avons vu parrain
d'un fils de Mme de Lansalut.
Après la mort de 'son oncle Christian IV, Charles-Auguste
devint duc de Deux-Ponts. Il mou-rut sans, enfants en 179!) .
Avant cette' époque, son cousin Charles-Philippe-Théodore,
de la branche de Neubourg-Sulzbach, électeur palatin depuis
1742, avait hérité la p'rincipauté de B'avière, en 1777. Il
mourut à Munich, le 12 février 1799; et la branche de Neu­
bourg s'éteignit en lui (2).,
Maximilien-Joseph, son cousin éloigné, de la branche de
'Bickenfeld, duc de Deux-Ponts, hérita l'électorat de Bavière,

et y réunit le duché de Deux-Ponts (3),
En 180!) (26 décembre),.il obtint le titre de roi de Bavière;
et il a fondé ]a dynastie aujourd'hui régnante.
Maximilien Le Gac de Lansalut, mort le 6 'juin 180!), n'a
pas vu son parrain roi; mais Mme de Lansalut, vivant jus­
qu'au 6 août 18Q6, a salué la royauté de son ,cousin-germain,
Si elle vivait aujourd'hui, eUe serait l'arrière-grande-tante
(1) Charles avait un fils de même nom né d'un commerce illégitime,
une note que j'ai réçue. La même note dit qu'il devint (en 1775)
d'après
duc, de Deux-Ponts; mais elle ajoute que Maximilien-Joseph (duc en 1795)
était frère de son prédécesseur. Le prédécesseur, était donc Charles-Auguste;
l'autre Charles, fils de Charles, n'était que cousin de Maximilien. Il y_ a
les deux Charles. Une seconde note indique ainsi la succes­
confusion entre
sion: Christian IV - Charles-Auguste ' Maximilien-Joseph.
(2) Charles avait eu le titre de colonel du régiment d'Alsace, que son
successeur eut après lui. Charles commanda longtemps la place de Stras-
bourg. ,
(3) Une sœur de Maximilien, Marie-Amélie-Auguste, a épousé le roi Fré­
déric-Auguste de Saxe, morte, 1828.
Une autre (Marie-Anne) fut épouse du duc Guillaume de Bavière morte

a u septième degré
à la mode de Bretagne du
roi Othon,

de parenté (1).
J. TRÉVÉDY,
Ancien président du Tribunal de Quimpet' .

(t) Voici le tableau généalogique:

Christian III

Ft"'èl'eç ........ : .... . .
Christian IV ....... ..
Frédérie-Joseph
Cousins ge1'mains ... . Caroline (de Lansalut).
l\'laximiiien-Joseph, roi

Issus de germains ... . . Christian de Lailsalut
Louis 1 (1825-1848)
et ses frères.
Maximilien 1848-1864)

Louis II et thon