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XIII;
DOCUMENTS INEDITS
relatifs à la Révolte du Papier timhré en Basse-Bretagne
Le classement des dossiers de l'ancienne Cour royale de '
Cilrhaix, conservés aux archives départementales, nous a
1'8Cemment amené à y découvrit' un certain nombre de docu
ments permettant d'éclairer d'un nouveau jour plusieurs
épisodes encore mal connus des troubles populaires qui,
communément désignés sous le nom .de Révolte du Papiet'
timbré, agitèrent pendant plusieurs mois la plus grande
partie de la Bl'etagne sous le règne de Louis XIV. De ces
joints à ceux déjà publiés et à quelques autres
documents,
que nous· avons pu retrouver à la Bibliothèque nationale et
aux Archives du ministère de la Guerre à Paris, il nous a
paru possible de dégager une étude d'ensemble sur les causes
et le développement de ce mouvement,au moins pour la Basse-
Bretagne. Nous avons pensé d'autre part qu'il y aurait profit,
d'aborder cette étude, à cornmencer par la publi
avant.
cat.ion des documents eux-mêmes et à mettre pour ainsi dire
par avance entre les mains les pièces du procès.
La plupart de ces pièces se rapportent à la révolte
elle-même eL en révèlent des incidents. Nous avons cru
toutefois utile d'en mentionner quelques autres qui, bien
qu'an,térieures de quelques mois ou de quelques années,
n'en sont pas moins intéressantes puisqu'elles nous font
connaître l'état d'esprit des populations. Celles qui ont
trait aux premières men.aces dirigées contre le marquis
de Tl'évigny, seigneur de Kel'goët, en 1668, sont à cet égard
partieulièl'ement caractéristiques. Le pillage du château du
Kergoët en 1675 ayant été l'une des scènes les plus atroces
du soulèvement des paysl~ns, il est im portarlt de montrer (
1 ' b l' t'AI' d ' t tIlle
c lez eaucouI) ( en re eux, il co e u mccon en emo llt Cl'"
par les exactions fbcales du pouvoir central , il ex,istait. dt)::;
rancunes particulières et des haines locales qui, RU jOllr de
la révolte ouverte, ne furent ni les les moius vi\'ace~, ni les
moins farouches. Pour la mt'me raison nous nous pl'OpOSOll!';
de publier plusieurs pièces postérietll'es à la révolte Pl'OPl'f!_
ment dite et qui prouvent que, même a près le p3ff:ago des
régiments demandés pur le duc de Chaulnes, mêl'lle après
l'amnistie accordée pal' le ·Boi, les revendicat.ions populail'e:s
continuèl'ent de se produire avec lu rnême énergie et SOUYlllJt
les mêmes excès.
.lEA~ LEMOINE .
1668-1669. . Troubles à Saint-IIernin ft à Carhaix.
A messieurs, messieurs les juges de la COllI' royalle de
Carhais. .
Supplie humblement ct vous l'ornonstro rne~;sire Tous
saincts Le 'Moyne, mal'quis de Tr6vigny, seigneur du Ker
goët ct de Coatqueveran.
Exposant que luy ayant esté raid et susc il é depnis les
trois ans un procès sans j Ilstice Ily fondemant de la part
d'une troupe de mutins et sédicieux sujectz de ses dictes
seigneuries tendants ù s'affranchi!' de toute .sujec lion, l'antes
et obé issances, la conf aUI'oit pl'olloncé sur leurs folles et
téméraires plaintes, pa!' déboutLemcnt avecf')ne une cil'cons
tance Ilottable de t·on arrest qnc les term'es illjul'iellX couchés
dans leur requette contre l'équité du suppliant sera ient l'ayés
à l'audiance. Ce jugement très juridicque aUl'oict teJ1emeut
ireité ces espritz factieux et re))e11os qu'il se sel'oit fnicl
depuis quelque temps dans la paroesse de Sainct-IIel'n in
des projectz publicqs et exécralJles d'assassinats cOlltre sa
personne et d'incendie contre sa maison dont il auroit porté
ses plaint.es devant vous et en d'aultres courtz, mais la ter
l'cUI' imprimée par les mauvais garnemens, cheffs et autheurs
de ces projetz qui tiennent le peuple en une sujection~toute
manifeste, auroit empêché la preuve des faiciz contenus aux
plaintes du suppliant lequel nouveliement et après avoir fait
au pl'osne de la: grand'messe de la paroesse de Saint
publier
Hernin l'ouverture de ses greniers pour y recevoir les bledz
ct autres espèces quy luy sont due de l'ante pour le terme
de la Saint-]\'lichel 1667, les detlenteurs de trois convenants
du villaige de Penfrat ne se seroient aucunement esmus de
bannyes et advertissement et se seroient emportés à des
ces
menaces touttes plaines de fureur contre le suppliant et les
sergents qu'il auroit fait employer à les contI'aindre en sorte
qu'il auroit esté obligé le samedy ge de ce mois d'envoyer
les nommés Cozicq, Tanguy, Penezou et Henequin, le pre
mier sergent royal et les aultl'es subalternes hault justiciers
jusques audit villiage . de Penfrat là où i1z auroient esté
repoussés et trait.és avec une vioIlance sans exemple et un
mespris de la justice qui ne se peuJt trop sévèrement chastier
ainsin qu'il peut estre veupar les procès-verbaux des dits
sergents, lesquels n'y aucuns autres n'osent plus approcher
de ce villaige où ces sortes de vioUances sont ordinaires et
communes; mais entre les principaux furieux de cette rébé
lion, le nommé lvon Kergaraval, dit Le Du, homme déses
péré, cbargé de crimes et prévenu de plusieurs décrets,
s'estalll présenté avecque un fusil auroit protesté qu'il est.oit
chargé avecque i.nterition d'exterminer le suppliant, son
seigneur, lequel n'escbaperoit. pas ny à luy ny à ses cama
rades; lesdits sergellts auroient négligé d'avertir ledit .
seigneur de ces menasses, mais ce jour, dimanche dixième
de juin, vostre suppliant s'eslantrendue à la grand'niesse
de son bourg de Saint-Hernin, auroit jeLté les yeux.pendan
la granù 'messe sur un homme dont la vue mal assul'é et
l'aplication à considérer le suppliant auroit donné quelqUe
soupçon -de ses desseins, et le supliant estant sort,Ye do
l'église, se voyant suivy de ce mesme homme duquel s'estant
un peu écarté vers le presbitail'e et s'approchant ensuite de
la foulle du peuple quy sortoit. de l'église, il alll'oit. r.emarcpté
que le mesme s'approchait tousjout's de luy, a~'ant l'œil à.
terre et la main dans la pochette,. ce quy auroit obligé 10
suppliant à demander son nom tout bas et ayant appris que
c'estoit le nommé Yves Coent, consturier~ et l'un des COI1l~
paignons eoupeja.retsdudit Kël'garaval, il n'alll'oit aucune~
ment doutté qu'il n'eust quelquo pernicieux desain et en
effaict, le voyant enCOl'r8 portel' la main dans sa pochette, il
auroit apellé le sieul' Dumaz, huissier, et joinct avecqlJe IllJ
se seroient jetté sur l'accusé qui auroit esté trouvé saizi
d'un pistollet de poche bien chargé, en sorte qU8 le suppliant
n'avoit plus doutte que ce ne fust un as~assinateur employé
pour le tuer et après avoir attesté le tesmoignage puhlicque
de tout le peuple qlly estoint dans le cimit.ière, à l'enh'é
duquel cet asasinatellr auroit esté surpris, et requist esgard
à la noistoireté publicque au saizsissement évidant d'un
pistollet de poche, ledit Dumaz, huissier, de l'aI'rester, ce
qu'il a raid, mais ne voyant pas de suretté de le faire rendre
jusques anx.prisons de CadHlis pa!'ce que cet homme a une
grande famille gui semble se mouvoit' et se dispose!' à
quelque violance extrême) s'att'oupant déjà dans les chemins
avecque murmu['e, le suppliant requiel't, messieurs, que tout
que dessus cOllsidét'é et aHendu l'importance pressante
et qualliffiée du faiet, .
plaise présentement descendre jusques au boul'g'
Il vous
de Saint-Hernin pour interroger l'accusé) le faire rendre
ensuilte en seuretté dans vos prisons, ouyr et i ntefToger les
thémoins qui pourroient desposer tant de ce faict que des
mesnaces et projets dudit Coent et de son capitaine Yvon
Kergaraval, décerner compulsoire contre · ceux qui peuvent
porter thémoignaige avecques vingt livres d'amande contre
~cLllx qny le l'eITllseront et mesme de permettre d'obtenir et
fulminee monitoil'e partout où requis sera et pour preuves
de ce quy esl par le suppliallt maintenu s'estre passée sa-
'1Ilcc1y derniel' au villaige de Penfeat faire commandement à
Cozic(J et aut.res sergents cy dessus nommés de me~tre leur
procès vel'bal pal' dm'el's vous et de les répéter sur iceluy
pour passé de 10ut cc qne dessus estre pae'vous ordonné
contre les accusés et coupables cc qu'il appartiendra et
(t'I'ez bic Il . .
TOCSSAI~CT LE MOY~E DE THJ~YIG~Y.
Information d'office faite par la Conr et siège royal de
Carbaix, à requeste et SUI' la plainte de messire Toussainct
Le Moyne seigneur m8l'quis de Trévigny, demandetll' et
comparant, conlre Yves Coent deffandeur et Rccuzé à quoy
a esté vacqué par nou::; baill,)' dLldict Cal'haix ayant pOUl'
adjoint le soubzs ign ant gl'eflier Givil et criminel dlldit siège
juré au cas requis ce jouI' dOLlziesme juill mil six cenlz
soixante et huict.
Me PierTe l\'lacé, notail'e et I)I'OCUrelll' des juridictiolls de
Kergoat et Coatqnever'an, demeul'ant au village de Kel'ibin,
pal'Oisse de Motl'eff, aagé de soixante et un an, tesmoin juré
par sermellt dil'e vérité,purgé dr conseil et autres causes de
fabveurs, c~al1liné et enqnis d'oflice,
Dépose que, dimanche derniel', dixième de pr'ésent mois,
estant allé au boul'g pal'l'ochial de 'Saint-Hernin, tant pOil!'
assister à la gr'ande messe à SOIl ordinaire qrte pOUl' faire les
expéditions qui s'y présenteroient en qualité de nolail'e, il y
viLl anivel' pOlldant ladite gl'ande messe le seigneur de Tré
vigllY, plaintif, leqüel à l'yssue d'icelle ayant sort y de l'A-S
g'lise et hOI's du cimetière, le déposant le suivit peu apl'ès
et s'aclVatlç'élnt pour saluer ledit seigneur avecq lequel il
avoit quelque aITaire , il vid une foulle de monde et ledit
seigueur esmeu appelant le peuple à tesmoin de ce que le
nommé-Yvon Coent, tailleur, venoit de le voulloÏ1' assasinel'
d'ull pistolet dOllt il estoit trouvé saisy, et en mesme len1ps
vit Me Yves Dassue1, lluissiel' audiencier de ce Eiège, lequel
dispuloit un pistollct avec ledit Yvon Coent, voulant iceluy
Dassuet l'arracher dudit Coent qui se deffandoit de SOli
mieux, néantmoins pressé qu'il l'ust par ledit Dassuet et le
sieur' de Pou]glaoll quy accourut au secours, il rust abatu et
luy -f'ust lcd il. pistollet arl~acbé pal' fOI'ce et tiré de la pochette
et le tenant ledit sitmr de Poulgla~)U à la main après l'avoir
ledit Coent se jetta encore au pistollet et fit efI'ort
HITaché,
. de l'empol't.el' des mains dudit sieur de Poulglaou, en pré ..
sence de tou t le peuple qui sortoient de la messe, et Fust
enfin réduit et amené par ledit Dassuet assisté de quelques
autl'CS personnes ses assistantes jusques au village de
Kergl'oix pOUl' le devoir rendl'e devant vous estl'e iutel'-
rogé et de là aux prisons de cc siège ... C'est sa déposition
qu'il a affil'rné conlenil' vérité.
',N oble J earl Cadiou, sieUl' de Kel'menguy, demeurant depuis
quelques années ell la vitte de Chàteauneufr, marchand de
vins en gl'OS, âgé d'environ irenle ans, tesmoin juré etc.
Dépose que le dimanc.be dixiesme de ce mois estant allé
• lU bourg pal'othial de Saillt-Hel'l1in pour l'esligement de
quelqlle C'rénnce qui luy esioit deue comme fermier aux
anllées dernièl'cs des impôts et billots au baillage dudit
Chtlfcaullcur, estant à la grande messe qui s'y disoit ledit
jour par le curé de la mesme pal'Oisse, il vist ariver le sei-
gueul' do Trévigni lequel y avuit ùeux notaires royaux pour
quelque déclaration d'avec ses hommes si olt nOIl
pl'endl'e
ils pl'étendoiellt se lellir à quelques actes passés entre lui el
sesdits hommes et au cas qu'ils ne le voulussent faire ils
n'avoient qu'à le dire et que lesdits notaires le raporteroient,
appl'ès quoy ledit seiglleùl' de Trévigni ayant sorti de l'église
disant à sesdits vassaux qu'il ne les fopçoit en rien et qu'il
se retirait pour leu1' donner la liberté de parler plus libre-
rll , le tesrnoin le suivit peu apprès sa sortie où il vist
ent
dans le cimetière ledit seigneur de Trévigni qui s'i prome
lI et ayant passé hors du cimetière fut suivi par un jeune
oit
homme incognu au déposant fors qu'il estQit de moyenne
!n couve!'t, <1\111 jusleaucol'ps geis qn'il croit pouvoir
iIle
recoglloist.l'e sïlle voyoit, lequel homme pressant sur'les pas
Judit seiglleul' ùe Tl'évigny, ooservoit toutes ses démarches,
llc quoy s'estant leclit seigneul' de Trévigni advisé et adverty
Ile précédant., il. ce que peu apprendre le tesmoin, de la cons
de ses vassaux conU'c Illy, il se destonrna un peu
piration
csmeu et comme esfra.ré et dit à Me Yves Dassuet, huissier'
audiencier de ce siège qui y estoit aussi à quelques pas
dndit seigneur de Trévigni qu'il eust à l'arrester pour qu'on
Je fouillàt. parce qu'il le croyait saisy de quelques armes ce
qu'ayant en l'endroit voulu fàil'e ledit Dassuet ledit jeune
homme se defTendit de raczoi! que ledit Dassuet eut eu du
pire n'eust esté lïntervention du sr de Poritglaou lequel
s'estant aussi jeUé à l'ayde dudit Dassuet ilz fouillèrent ledit
jeune homme et lui trouvèrent. un pistollet à crocq qu'il
avoit à la pocheHe et l'en vou1lant désarmer, tombèrent les
à terr'8 et se tirèrent quelque temps jusques à ce que
tl'ois
ft la till led it sieur de Poutglaou demeura mestre duclit pis
\.0118t et le tellant à la main ledit jeune homme se rejeUa
sur lui et le lui voulust arrache/'; appr'ès quoy ledit dép po
sant. vist ledit seigneur de Trévigni appeler le peuple qui
sortoient de la gTande messe à tesmoin du désordre que lui
ledit jeune homme lequel ne fust aucune
avait voulu fail'e
ment moles té. C'est. sa déposition laquelle lui leue il a cifllr-
mé véritable el:. a signé.
GILLES RE~1EUH J. CADIO - LOUIS AUDHY pour le greffe.
Veu l'estat dn procès cl'imillel pendant en ce siège entre
Mr~ TOllssaillctz Le Moine, seigneur marquis de Trévigny,
demalldeur et accusateur d'une part, et Yves Coent, accuzé
d'autre .
.le requiel's pOUl' ledit seigneur ct comme son procureu
l'exécuteur de halllte justice aux prisons de ce siège, de lù
mesné et condu it au mal'trait de ceste ville pour y estre pendu
estl'anglé jusques à extermination de vye et. pour exemple
qne son COI'pS soit laissé et. attaché à la potence qui y sel'a
. dl'essé l'espace de tl'ois joues et pour réparation civille qu'il
soit. cOlldemné en mille livres envers ledit ,seigneur à estl'(~
pl'is sur le plus clail' de son bien et en telles aumosnes et
amandes qu'il sera yeu appartenir et aux despancrz du procès
Faiet et conclut par moy soubsignant procurelH' à Cal'hai.t
ce jour' douziesme juillet 16G8. .
DASSUET.
Veu la plaint.e préselltée en la COUI' et siège royal de
CDl'haix pHI' messire Toussainctz Le Moyne: seigneur mar
quis de Tl'évigny, demandelll' et compal'ant contee Yyes
Coellt: deITandeul' et accuzé, nostre procès-v8I'bal de descente
au village de Kergroix, en Saint-Hernin', lïntel'rogatoil'e
dudit Coent, accuzé, et. le procès-ver'bal cie sa captul'e l'édigé
pal' Me Yves Dassucit, datée dnl0 juin dernier, l'informatioll
d'office faite conll'e leùit eoent, conclnsions et sent.ence de
règlemcnt à l"exll'aOl'dinairerrndu en son pl'ocès,Îes caliiel's
de l'éeollemen1s el confrontations des témoins faitcs audit
accusé\ des 12" et ISO duclit mois, répétition dlldit Dassuet
snr sOlldit.fH'oeès-vel'bnl de cnpt.tll'e du 23 du mesme mois,
de Mc Gahriel Le Houret SUI' le mesme
autl'e l't'pétition
procès-\'8I'bul du 2 de j uiilet pl'éscnt rno'is, procès-verbal Je
par Mc lVlathieu Cozic. serQ'ent royal de
rébellioll rédiQ'é
t... J ' \.) t..
. ces1e jur.idic.lion, et autres ses assistants contre Yves Kerga-
l'aval dit Dît et <-IntI'es habitants du vinage de PenÏl'at .....
conclusiolls eiyil1es dudit seigneur demandées du 12 de ce
mois u\'ccflles conclusions définiti ves du . substitut du procu-
reur du Hoy ct le tout veu et meurement cousicléré ...
. Nous avons déclaré ledit Coent prisonnier suilisamment
atteint ' et convaincu d'estre habitué à porter armes 'ù feu
"ohibées et deiTandues par les ordonnances royaulx, arrestz
aussy pOl'té [un pistollet] à crocq de pochette, duquel il fust
dixiesme juin dernier jour de dimanche à l'issue
dessaisi le
de la grand messe au bourg pal'ochial de Saint-Hernin à la
yeu de ·tout le peuple quïl pensa esrnouvoil' pour en assas
siner ledit seigneur de Trévigny: son seigneur, à la suazion
des aultres vassaulx révoltés et mutins dudit seigneur, pOUl'
l'éparation de quoy avons conùernné ledit Coent cl'estre pris
par l'exécuteur de hahllte justice aux prisons de ce dit siège
mené et esLre mis la corde au col jusque.=; au mart:ay et place
publique de cette ville pOUl' y estl'e pendu et estranglé jusques
à extermination de vie à une potence et gibet y eslevé, ses
lJieus meubles déclal'és acquis et confisqués au Roy: les frais
de justice préallablement pris et condemné aux ch~pells V81'S
ledit seigneur de Trévigny. Arresté par nous sénesc]wl,
bailly et lieutenant de. Carhaix au rapport dudit bailly en la
chambl'e du conseil cequatorziesme juillet mil six cents
soixante et huict.
DE LA BOISSIÙRE, sénédwl,
GlLLES HE;\IEUR Charles AU;\lOi'i'l'. l1eutenant.
1 juillet lGG9.
l\1onsieur, lVIonsieuf' le sénéchal, premiel' magisl,'at ~jllgc
et maistre de la police de Carhaix.
Supplye humblement Jan Le Mao, laboureur: ol'iginaire
de la trefve de Kergloff, et servant depuis trois ans au
chasteau de Kergoet de valet, ayant le soign des l'abou~'s et
harnoys dudit chasteau, prisonnier en vos prisons depuis
samedy derniel', 2g de'ce mois, jour de la feste saint Pierre.
Exposant que le jour précédant il seroit venu du chasteau
de Lesmays, en l'évesché de Tréguier, distant de. cette ville
de huit lieues, où il e'stoit avec le seig'neur mal'quis de 1"'6_
vigny, son maistre, qui l'avoit envoyé pour avertir audit
jour de saint Pierre 40 des ollvrÎers ordinail'es du château
de se randre avec(I ledit ~Iao à Lesmais pour travaill ",
marer la lanùe de Scholvas le lUlldy suivant, ordre auquel
il aUI'oit manqué au grand préjudice de son maisLr'e pal' les
causes et f.lmpeschemeuts quy vont estre nal'l'és.
EsLant en ladite foil'e de celte ville, allan t et venant de
touts coltés pour tl'ouver les gents dont il avoit besoin et
ayant en sa main un assez long bâlon de pèlel'in, tel que les
piétons les portent pOUl' chemillel' et voyager, à dessain de
se rendl'e le mesme jour à Lesmays, il tl'Ouva Tanguy Ges_
tin, aultre valet domestique du Kel'goët, qui Illy dit qu'il y
avoit des g'entz en foire qui chercllOient noyse et qu'un
homme en passant luy avoit donné dellx coups de bâton et
que. crainte de plus il avoit fuy, le suppliant apprès avoil'
sceu que le nommé Losach se disal1t avocat en la COUI', le
nommé Le Dréau, Le Clercq de Fontenay et autres estoient
de ceux qui cherchoient par ln foil'e à faire gagner pratique
à la justice on à la médecine, Illy dit d'éviter mauvaise l'en
contre et de faire sa besoigne qui estoit pareillement de
chercher des mal'eurs, qui peu après' estant proche de la
prison il
su~te touts coururent vers luy et fust premièrement, saisy d II
nommé Le Dréau et de nombl'e d'autl'es, mesme de la per-
sonne à robe longue et de touts eux fust exédé de mille
, coups de points, pieds et bastons et ignominieusement lrayné
dans la prison où il appl'ist que le nommé ,Guillaume l'dahé
avoi~ esté peu avant constitué et par dix ou douze personnes
battu avec tant d'exés qu'il n'eIl pouvoit presque plus et qlle
si les autl'es prisonniers à coups de pierre n'auroient. de
pitié abrégé celte violance qn'il fust mort entre leurs mains et
qu'ensuite s'estant aproché dudit Mahé qui estoit chargé ·de
(el'S: lLly auroit demandé le sujet de son malheur, à quoy
r3 l'e luy auroit répondu qu'il n'avoit offencé: blessé ny
Llt
b[ltt per·sonne. et qu'il ne pouvoit cOl1cevoi ... ce qu'on Illy
vou~oit sinon qu'illuy avoit esté dit depuis qu'il estoit eu
pl'ison que ledit Dréau, Clercq de Fontellay, le Cosicq, 5er
g.e : et Marion, autre sel'geant, appl.lyés d'une personne de
justice, ayoient tout le jour' I.l'availlé à obliger ledit Mahé il
donner quelques coups pour avoir lieu de se jetter sur luy
ce que n'ayant pu fail'e ilz l'auroient sans canse, prétext.e,
plainte ny fondement traisné d'ans cè lieu.
Que quelque tel:nps apprès ledit Mao vit al'l'iver UB homme
l'obe long'ue qui précédamment n'en avoit pas et qu'il con
nust estre le nommé Lozach, mais qu ïl fut bien surpris que '
ledit Lozach se mist en devoir de !"interroger ce que n'ayant
aucn droit de faire n'estant s.on justiciable ny coupable
d'aucun fOl'fait et de plus que ledit Lozach estant ouverte
ment depuis longtemps déclaré contre les illlérestzde la
maison du Kergoët, mesmequïl estoit un de ceux qui tout
le jour en avoit cherché les domestiques avecq mauvais dcs-
sains, il estoit au del'l1iee point estonné de voil' sa partie si
pl'omtement devenue son juge et avoit' l'audace sur un fait
de police, vous, Monsieur, qui en estes le maistre~ estant ·
ùans la ville: de le venir interpeller de réponJre à ces ]·idi
cules interrogats dont la forme dér'eiglée disgeucie la justice
et la tourne en dérision.
C'est pourquoy le suppliant ... a recours il vos[)'e miséri-
corde el à vostre justice pour que tout ce que dessus consi
déré, il vous plaise, Morisieur.
Dessandre d'heure à autre dans les prisons de cette COUI'
affin d'interroger le su pliant sur les prétendus faits qu'on
lui peut im puter et que SUl' son interrogatoire, charges et
informations telles qu'elles peuvent esll'e si tant est qu'il
s'en puisse tI'ouver aucune, il vous plaise ordonner que les
portes de vo~s prisons Iuy seront ouvertes sans préjudice
quÏl puisse poursuivre les sus nommés et autres sos pal'tie~
pour la réparation publique et eivile, dommages et intéreslz
de l'emprisonnement du supliant et mesme du seigneur de
Tl'év'gny SOIl maisire par toutes les voies qui sere>nt requises
et ferez bien. .
Louis l\IOHIN, procureur.
Nous déclarons nous dépol'ter quant à présent attandu que
nous nous sommes desjà des porté su rune l'equeste à nous
présentée par le sieur lieutenant de ce siège vers le suppliant
dans le dessain de nous 'pourvoir çoutr'e luy pour l'entreprise
qu'il a rait à nostre préjudice au fait de la pollice qui llOU~
appartient privativement, ce jouI' premiel' juillet mil six cens
soixante et neuff.
DE LA BOISSll~HE, séucschal.
8 et 11 mai 1675. - Troubles à Callac et à Duau.lt .
Nosseigneurs du Parlement.
Supplie humblement · dame l\Iauricette-U l'sulle
Le Bigot,
dame douairière de Kerlouet, tant en son nom
que pOllr
"Louis Briand dit La Rose. son cocher.
Disant que Louis et Henry les Glléguens, surnommés
les Colliers, par la multiplicité et impunité de leurs crimes
et méchantes actions souhz l'apuy de quelques mauvais
garnimans .qu'ils atroupent quand il leu!' plaist et en faveul'
. de la retrait.e qu'ils tl'ouvent chez Ges canailles qui tirent
profit de leur mauvaise vie se sont rendus si redoutés qu'ils
tiennent tout le canton en crainte et sujection au point que
[leur insolence] n'épargne mesme pas les personnes de
qualité.
Il y a quelque temps que ces méchants ont pris à tâche
non seulement d'attaquer les domestiques de la supliante,
mais encore de la menacer eUe-même de· la vie, aveq des
serments exécrables de ne Illy manquer ny à ses gents la
art où ils les trouveroient ; dequoy elle n'a tenu aucun compte
assélssinatsorme s qu 1 sont COl11mlS C ans ce mOlS, le pre-
Joie en la personne de S011 cocher et l'autre en sa propre
el'Sonne et de s'a damoiselle suivante.
lUe
C(,jrn 8 du courant que ledit cocher ayant esté com-
1ll8ndé d'aller à la chasse et comme il en retournoit, ayant
enU'é pour disner chez le sieur Dilaouen, l'un des hosteliers
de la ville de Callac, les dits accusés qui estoient dans une
autre chambre du logis le vinrent attaquer, armés de mous-
quetons et de fusils sans que de précédant il les eut veu ny
eu parolle aveq eux et tout à coup ledit Louis Collier ayallt
gagné la porte de la chambl'e où ledit cocher disnoit., le
pl>il11a de ' telle sOl'le que sans luy donner le temps de se
rcconnoistre: il luy tira ung coup de mousqueton dont il eut
le bras persé de quatre ou cinq gros postes ct receut une
balle et quelques postes dans le corps dont il t.omba comme
mort et au depuis est entre .les mains des chirurgiens, en
hazard de la vie.
Apprès avoir commis cet assassinat, ledit Dilaouen quy
avoit peu l'empêcher et ne l'avoit pas fait: leut' ayant laissé
la sortie libre' parce qu'il tire profict de la retraite qu'illenr
dOllne et des débauches qu'ils font journellement chez luy,
dirent à pleine teste que ce n'estait pas assès et qu'ils
ils
ne pardonneroient à aucune personne de la maison de Les
mabon, pas mesme à la suppliante, les quelles menaces ont
eslé suivies d'effects.
Cal> le onziesmc 'du courant, la supliante ayant est.é oblig'ée
d'aller en la ville de Guingamp pour ses affaires, comme
elle en retournait le lendemain passant auprès de la chapelle
de Saint-Servais sittuée dans la paroisse de son domicille et
dans laquelle il y avait ce mesme jour des indulgences, elle
l'Jl>int son temps d'y entendre vespl'es et passa pour s'y rendre
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOAiE XXIII. (lUémoir'es). 10
pàr un village au proche nommé Quervernou où ces dell)(
fripons avecq d'autres garnimens comme eux beuvoient ct
de la dite chapelle en sa maison et à cet effect prirent le
devant et allèrent l'attendr'e proche d'une croix où elle devait
passer " mais par hazard et par bonheur elle print une autre
voye qui n'estait pas néantmoins fort esloignée ; ces accusés
ayant donc veu que le carosse prenait un autre chemin que
celuy où ils étaient, voulurent à course couper chemin à tra~
vers champs, criant à pleine teste: « Cocher, arreste! » par
ayant reconneu, fist le
plusieurs fois, mais le cocher, les
contraire et, ayant mis ses chevaux au galop, chercha à fuir
de sorte que les accusés, désespérants d'aborder le carOsse
de plus près, y tirèrent du lieu où ils estaient, en sorte que
l'appuyeur de carosse receust une balle dans la cuisse, une
autre dans le pied et trois ou quatrs g'ros postes donnè~
rent dans le bois et derrière le carosse, mais heureusement
sans effect.
La cour aprendra, s'illuy plaist, que cet assassinat fust
insolamant commis à la veue de plus de trois ou quatre cents
parts au pardon et assem
personnes qui arrivoient de toutes
blée de ladite chapelle sans que personne osast s'y opposer
et la suppljante qui n'avait que sa damoiselle suivante, un
cocher et un appuyeur de carosse, n'estait pas en estat de s'en
défendre.
La cour sera encore informée que ledit 1 Jouis Collier est
un déserteur des troupes, condemné à mort par sentence de
la juridiction de Carhais pour cause d'un meurtrè, mais
parce que néantmoins sentences et toutes suites de justices,
impunément et vexent tont
ces fripons ne vaquent pas moins
trouvent coml11i::i
le pays et que lesdits deux assassillutz . se
l'un au déstroit de la juridiction de Callac et l'autre au détroit
de celle de Carhais et que ce serait un doublement de frais et .
l'elal'dement de les instruil'e en deux diffél'ents lieux, elle
l'equiert,
1'8cevoir sa plainte et
Qu'il vous plaise, Nosseigneul's,
pour informer ~es faits d'icelle et mltl'es en résuHans, faire et
parfaire le procès desdicts accusés et leurs complices, como:
mettre les juges royaux de Carhaix~ prochains des lieux et
dans les prisons desquels sont deux des accusés.et leur faire
et commandement de vaquel' diligeament à ladite
injonction
instruction et jugement et au geôlier et garde des prisons
dudit Carhais. de faire bonne et seure garde desdits prison-
niers et t'eres bien.
BEflTHOU, procureur.
13 mai 1675. - A'utres trOttbles aLt pardon de Saint-Seroais,
en la paroisse de Duault.
Messieurs, Messieurs les juges royaux de Carhaix.
Suplye humblement maistre Ollivier de la Boessière,
sieur dudit lieu, procureur fiscal de la juridiction de
escuier,
Quellen, en la paroisse de D-qault, diocesse de Cornouaille.
Disant 'que dans ladicte paroisse, soubz l'estendu du fieff
de ladite jUl'idiction, est située la chapelle de rrionsieur saint
Servais, tellemerlt fameuse en dévotion et en miracles con
tinuels que le peuple de tous les endroictz de la province y
pélérinage tous les ans, les huictjours des envi
abondent en
t'este à chaque traizième du mois de may, en sorte
rons de la
que comme le bourg ne fournist pas assès de logement pour
mettre à couvert tous les pèlerins non plus que les mar
chandz de chacque espèce de marchandise comme boulan
gel's, merciers, cabaretiers et autres qui estallent sous des
simples cabanes dans l'issue de ladicte chapelle, et le sei
gneur de ladicte cour est tenu, fondé et en possession de
faire faire la garde audit lieu pàr ses vasseaux soubz la con-
procureur fiscal ou autres ses officiers en son
duite de son
absenc~ pour éviter aux larcins, pillages et autres vices qui
s'y commetteroit tant de jo~r que de nuit et veiller à la COll~
servation du peuple aussy bien que du trésor de ladite
pourquoy les officiers de ladicte seigneurie et de
chapelle,
ladicte garde sont recompensez pour subvenir à leur sub~
sistance d'un fort médiocre droit de coustume par chaque
estaI de marchand.
Sy bien que le supliarlt estant ainsy occupé à la fonction
sa charge en la dernière assemblée et feste de saint
Servais de l'année présente, il a esté non seullement troublé
en sa fonction par plusieurs malfaiteùrs et en la pluspart
vasseaux et sujectz de ladicte seigneurie qui y debvoient
assister et lui tenir main-forte, mais mesme a est.é couru .
maltraité et injurié en sorte que sy le suppliant ne se fut
retiré dans une maison au village de Querven, il eust couru
risque de la vie et d'y estre assasiné par une cohorte
d'yvrognes, mutins et séditieux à luy incognus, lesquels non
contants d'avoir levé ensuite ledit droit de coustume et
disposé au préjudice du suppliant, vinrent encore la nuit
dans la maison où il s'estoit sauvé de leur furie et efIondè-
rent la porte pour le debvoir effectivement assasiner s'il ne
s'estoit caché d'eux, ce qui causa un tel trouble et un tel
désordre en cette dernière assemblée .que les marchandz y
ont aussy receu notlable préjudice et tout le peuple fort mal
édiffié.
De sorte que pour avoir réparation de ces injures et trou
bles publics, effondrements,pcrte de salaires' et -injustes
deniers faiclz par les ditz accusez au préjudice du
levées de
supliant, il requiert, ce considéré,
Qv'il vous plaise, mes dits sieurs, lui permettre d'informel'
dessus et pOUl' faciliter les preuves, d'oLtenÏI'
d'office ce que
et faire fulminer l11Gn iloires par Lont ou requis sera pour,
passé de ce, estre ordonné d'office ce que de raison et cepen
dant mettre le supliant sous la protection et sauvegarde du
}loy et de la j usti,ce aveq defTences à toutes person nes de luy
meiTaire ny médire directement ny indirectement sur les
OLIVIEH DE LA BOESSIÈHE.
!) juin 1675. ' , Rassemblement à Briec. ' Allain Le
Moign dit « le Grand Moign » et le pillage du château
de la Boixière (i). '
L'interrogatoire de Laurens Le Quéau, exécuté de mort,
fait aux prisons de Quimper.
Interrogatoire d'office faicte en]a geolle et conciergerie
des prisons du sièg'e présidial de Quimper-Corentin à la
partye cy après nomée, requérant le sieur advocat du Hoy
dudit siège, a quoy a esté vacqué par nous messire Pierre
du Disquay, chevallier, sei gneur de Kervent, alloué, lieute
nant général civil et criminel audit siège, ayant pour adjoinct
le soubsignant co mis au greffe, juré au cas requis; ce jour
douziesme aoust mil six cens soixante et quinze, aux fins du
procès-verbal de ce jour,
Faict venir devant nous en la chambre criminelle des
dudit siège un jeune homme de haulte stature, por
prisons
iallt eheyeux et. barbe noirs, habillé d'une camisolle l'ouge,
d'tm haut chauche de sal'ge de can gris, tenant un chapeau
en mains, duquel le serment prins de dire vérité, ce qu'il a
apprès avoir faict lever la main. ' ,
promis faire,
Intenogé de son nom, auge, qualité et demeure.
Dict. s'appeler Laurens Le Quéau, meunier, demeurant au
moullin de COSqllll'jOU, paroisse de Quéménéven, aagé d'en
Vil'Ol1 trante ans, originaire de la paroisse de Briziac, du
moulin de Kerolven.
(1) CeLle affaire nous est connue par les pièces du procès fait aux deux
pl'incipaux auteul'S du rassemblement, Lament Le Quéau, de Quéméné
ycn, jllgé au mois d'aoùt Ilji.) au Présidial de Quimper, et Allain 'Le
Moign, jugé l'année suivanle pal' la Cuur royale de Carhaix. Nous dun-
neruns ces pièces en suivanL l'orelre e1es dates.
,'" Interrogé où il estoit dans le comancement des révolte
de la campaigne.
Répond que le d imal)che jour de la Trinitté, au mois de
juin derniel': il estoit en sa maison lorsque le toxain fust
sonné dans la paroesse de Quéméneven et Saint-Venee
et Briziac au poinct ùu jour, ce qui l'obligea de se rendre à
Saint-Venec, aecompagné de Jan Louarné, texier, demeurant
chez l'interrogé~
Interrogé. ,
Répond. qu'il podoit tin fusil et ledit Louarné qui l'accom .
pagnoit une fourche de fer.
Interrogé,
scaVOlr aussy quy
Conteste qu'il eust sonné le toxain ny
sça esté.
Interrogé.
Hépond qu'est.ant ft Saint-Venec, il s'y estoit amassé quan.
tité de personnes, tous armés, avec lesquels il alla au bourg
de Briz :ac, 1
J nterrogé des noms de coux qui s'y est.oient attroupés .
Hépolld qu'il ' y avoit entre ant.re Nicolas Kerazean, du
manoir de Quinigou, Lanrant Lal'gouar, aussy dudit manoir,
en ladite paro('sse de Bl'iziac ct de Quéménéven est.ant aus!")'
Yvon Nicolas du lieu de Keranglas, Gnillaume Le Quéau,
du lieu de Kel'mengny. Allain MOI'eau ; du mesmé village,
et quantité d'autr'es dont il ne se peut souvenir des noms.
Intereogé du subject de leur attroupement au bourg de
Br'ziac.
A répondu qu'ayant appris que le sieur de la Garaine
Jouan estoit porteur de la gabelle, lequel ils croioient estre
au manoir de la Boixière chez Monsieur de Keranstret, ils
résolurent tous ensemble de s'yen alIel' à dessin de les
extel'miner, où estant arrivez au nombre de quatre à cinq
centz personnes ils demandèrent ledict La Garaine à la gou
vernante dudit sieur de Keranstret nomé Rueneufve et sur
leur répondit qu'il n'y èstoit pas avec offre de leur
u'elle
faire ouverture de toutes les chambres: ils y. entrèrent et
ellrag>és de ne le point trouver, ils demandèrent du vin, ce
que on leur accorda, ayant faict rbndre une barrique de vin
dans la cour qu'ils effoncèrent et la burent entièrement.
Interrogé.
Répond qu'ensuitte ils estoient tous esprins de vin, apprès
quoy il vit le feu que l'on avoit mis dans' la crèche.
. Interrogé par quy fust mis le feu.
vu entre autres Allain Le Moing, du village
Répond avoir
Je Cosquéric et Nicolas Keradean, du lieu de Quénigou, qui
leurs fusils sur la couverture de ladicte crèche
appuyèrent
et y lachèrent leurs coups, ce qui fist que le feu y prinst.
Interrogé. .
Dict que le feu fut aussy mis en la grange dudit manoir
de la Boixière par les mesmes Moign et Keradean, lesquels
furent à l'aire quérir de la paille avecq des picques qu'ils
prirent des particùliers et les randirent en ladite grange où
ils mit'ent le feu, ensuitte de quoy ils allèrent de recheff au
grand .corps de logis où ils portèrent de ladicte grange le
feu lequel ils mirent dans l'entrée duclict manoir et ne scait
quel errect Dst }e feu dans ladicte entrée du~ict manoir sinon .
quïlyavoit depansderays (sic) qui furent bruslés, dictqu'ils
allèrent tous de compaignie dans un pavillon qui donne sur
le portail dudit manoir, croyant y trouver ledict de La
Garaine, où ayant trouvé la porte fermée, ils l'enfoncèrent.
Interrogé.
Répond que tout le peuple estoit si confus qu'il ne sçait ce
qu'on fist audict pavillon, mais que l'on y tira quantité de
aux vish'es des fenestres et que l'on cassoit et
coups de fusils
. brisoit tout ce que l'on trouvoit dans leur voye.
Interrogé. .
Dict qu'ils se rettirèrent ensuitte tous chacun chez soy
tout ce désordre audit manoir de .la
apprès avoir fait
Boixière, disant d'une voix commune pour la pluspart qU'ils
n'en avoint pas encore assez faict.
Interi'ogé.
ledit. jour dimanche de
Conteste avoir esté à Châteaulin
la Trinitté ny autres jours ensuite.
Inter'rogé des noms de ceux qui se trouvèrent audit
manoir de la Boexière. .
Répond en cognoistre une partie, sçavoir Yvon Nicoi
du lien de Kel'anglas, Allain Moreau et Guillaume Le Quéau,
du lien de Kermenguy, tous paroissiens de Quéménéven, et
Laul'ans Lal'HOUa, du lieu de Quénigou, N:coIas I\.eradéan
dudit. lieu, et quantité d'autres dont il ne petit se souvenir
de leurs nomt;, de Briziac.
Interrogé.
Hépond qu'il alla aveeq plusieurs aut.res prandre le reeteul'
dudiet Briec chez luy en son -presbitaire, leCJuel ils firent
marcher à leur test.e aadit. manoil' de la Boixière.
Interrogé .
Cont.este avait' veu lediet sielll' de Keranstl'et au bourg de
Brice: s'en est.ant retir'o ayant qu'il y arriva.
Interrogé. ' .
Hépond n'avoir nOIl plus esté présant à aucull mauvais
traict.cment qlle l'on ait peu faire audict sieur de Keranstret,
mais avoir bien entendu que on J'ayoit voulln assommer sans
qu'une pal'He desdits hommes asseI11bJés parèrent les coups
qu'on luy voulloit portei' et avoir aprins que l'on avoit baillé
des coups do picques à ses cheveaux.
Adyerty: quoy qu'il desnie, qu'il sera vers luy informé qu'il
esté ('heft' des séditieux estant à leur t.este et que mesme il
fust sonner le t.oxain Huxdits bourgs de Quéménéven et Bri
. ziac et. qu'il les auroit mesme conduictz jusques andict
manoir de ]a Boixièl'e où il aurait pillé avecq eux et mis le
feu et emporté·tont ce qu'il y avoit dans ledit manoir, armes
de fusils (sic) et mousquets et que incessamment il tient le
peuple en subjection et que mesme il fust à Châteaulin lors
que le marquis de La Coste fust blessé et lorsque l'on pilla la
maison dudict sieur de la Garaine, sommé de reconnoistre la
véritté, .
Conteste le contenu au présent advertissement, se refférant
à ce qu'il a cy devant dict.
Et sont ses interrogatr" confessions et dénégations,
lesquels luy leus de mot à autre il a affirmé véritable, disant
ne scavoir signer. Ainsi signé Pierre du Disquay, alloué,
Corbet, cornmis au greffe. '
17 août 1675. Testament de Laurens Le Quéau, ' "
exécuté' de mort à Quimper.
S 'ensuilt un autant du procès-verbal de torture estant au ·
bas de la sentence de mort de Laurans Le Quéau, condamné
par le siège présidial de Quimper-Corentin le dixseptiesme
Roust mil six cens soixante et quiDze, ledict procès-verbal
de torture faict par monsieur l'alloué dudit siége en présence
de Messieurs Goazre et Marec toutz juges et conseillers en
iceluyapprès la lecture et prollonciation faicte audit Le Quéau
de ladicte sentence.
Apprès quoy avons sommé ledict Le Quéau de révéler ses
complices pour esviter les peines de la torture, a dict estre
fort estonné qu'il soit seul puny pour un sy grand nombre de
gentz qui furent audict manoir de la Boixière des paroisses
de Briec, dans laquelle on flst premier sonner le toxain, de
Saint-Dreyer, Landudal, Trefilez, Landeévarzec, Saint
Venec, Quéménéven, Cast, Plomodiern, Ploeven, Plonévez-
Porzay, Chasteaulin, Saint-Goulit, Edern, Guelevain, Tré-
gourez, Langollen, Conay, Elliant, Ergué-Gabéric, Plo- '
gonnec, de laquelle paroisse de Quéménévcn, vindrent chez
luy la mat.inée du joue de la Trinilté Yvon Nicolas, de
Keranglas, All9-ip Mor9-\l et Gqilhmme Le Quéau, du village
de Kermenguy, Vincent Le Goal' et Guillaume Le Boz , du
village de Kerligoul, Jacques Le Coan et Guillaume Has_
couët du village de Kerestou, René Le Ferrec et plusieurs
autres, de ladite paroisse de Quéménéven et de la paroisse
de Plougollnec, Allain et Guillaume Leroy, le nommé
Sallaun, hoste dudict bourg de Plougonnec, et plusieurs
autres dont il ne sçait pareillement les noms en la compa_
gnie desquels il alla audict bourg de Briec où il y avoit
environ sept à huict centz hommes des lieux cy-dessus
desnommez, lesquels aussy bien que luy furent obligés de
marcher audict La Boixière par des vaurriens dont il ne
scait les noms comme les nommés Moign, Kcravezan et
Coroller qu'il a nommé par ses intert'ogatoires.
Ensuilte poür avoir une plus grande révélation, l'avons
faict Iyer sur la torture et, avant l'aprocher du feu, l'avons
sommé de nous déclarer ses complices, a dict que quand on
jusques aux oz il' ne scanroit rien dire au deslà
le brusleroit.
qu'il a desjà déclaré et approché pour une première
de ce
fois du feu~ s'est escrié: « Ha! mon Dieu! aydez-moi. Quand
on me brusleroit tout viff,je ne scaurois déclarer autre chosse»,
sur quoy il a esté esloigné dudit feu.
Et approché pour une seconde fois du feu, s'est encore
éCI'ié : « Ha ! mon Dieu! je meurs sy VOliS ne m'ostez de ce
), et sur ce qn'il n'a voullu rien déclarer a esté encore
feu
esloigné dudit feu. .
Et approché pour une troisiesme fois dudict feli s'est encore
escrié: « Quand vous me brusleriez jusque aux oz, je ne
scaurois vous déclarer autre chose. »
Et l'ayant faict desliel' de dessus le tourment, luy avons
faiet lectul'e de mot à aut.re de ce qn'il a cy dessus déclaré à
Cl Ltoy il a persisté, dée!arant que lesùictz Moign, Keravezean
et Coroller et plusieurs autres gen Iz de néant l'ont obligez
luy et les autres qu'il a cy dessus nommez cie faire les
démarches qu'ils ont faict audict La Boixière, car, s'ils ne
l'eussent faict, sesdictz gentz de néant les Ruroint bruslez
chez eux ainsi qu'ils menassaient.
Ensuilte l'avons mis entl'e les mains de deux réverandz
Jèr capucins pour le disposer à la mort: ce qu'ayant faict
cut\3 conformément à nostre jugement.
COUBET, comis au greffe .
Extrait des registres du greffe du siège présidial de
Quim per-Corentin.
Veu les deux interrogatoires de Laurans Le Quéau des
douze et dix-sept de ce mois, la sentence de mort dudit jour
dix septiesme de . ce moys avec le procès-verbal de torture
dudit Le Quéau aussy dudict jour faict aux prisons de ce
siège, portant son testament et tout considéré, le si~e, par
jugement présidial en dernier ressort a ordonné et ordonne
que Allain Le Moign, du village du Cozquéric, et Nicolas
Kerazéan, du lieu du Quinigou, et le nommé Coroller seront
prins et appréhendés au corps, rendus et constitués prison
niers aux prisons de ce siège pour estre ouys et interrogez
sur les motifs des genti du roy pour, passé de ce, estre vers
eux procédé comme apartiendl'a, ordonne que leurs biens
meubles , seront annottés et régis par commissaires qui se
ront à cette fin establys. Faict au siège au rapport de
l'alloué, ce jour vingtiesme aoust mil six cens soixante et
qUlflze.
COUBET, commis au greffe .
Il est ordonné au Procureur du Roy de Carhaix de se saisir
et mettre en seureté le nommé le grand Le IVloign, du Cos
quéry, en Briec, lequel s'est retiré depuis six mois chez le
sieur de Chébocage, en la paroisse de Paule, ou autre part
où il pourra se rencontrer et m'informera des diligences
qu'il aul'a fatcl sur ce sujet. Faic.t à Rennes ce 17 aOll
Le duc DE CHAUL;XES,
Le duc de C/w1.tlnes au PrOClweur du Boi d Ca1'haix.
A Rennes, ce 7 septembre 1676.
Monsieur,
Je suis bien aise d'apprendl'e que vous ayez fait arrettel'
le nommé Le Moign: l'insolence de ceux qui sont exeptez de
l'amnistie estant trop grande de paroistre publiquement
pour n'estre pas pumis. Je VO\1S fais donc cette lettre Pour
qu'incessamment son p'rocez luy soit faict et pal'faict dans
ordinail'es de la just.ice et suis,
les formes
Monsieur,
Votre très humble serviteul'.
Le duc DE CHAULi\"ES.
Adresse: M. le pr du Roy de Cal'haix.
Le duc de Chm.ttnes an Lieutenant du Roi à Carhaùc .
A Hennes, ce g' oclobre 1676.
l\Iollsie1.ll' ,
snis SLU'!)I'ÎS de yoil' par VOstl'C leltee du 3 du présent
que yons av('7, tr:ollvé dc la difficulté fi juger le g'rand Le
Moing SHI' nne prétendue pl'évention des juges de Quimpel'
fondée sur un décl'et, mais comme ils ne sont pas saisis du
prisonnier, cette prévention ne peut avoir lieu et vous ne
debvez point perdre de temps à lejllger: s'agissant d'un cas
prévotable et que l'accusé pounoit est!'e erilevé dans le
transport CIll'on l'el'oit de sa pel'so nne de Carhaix à Quimper.
VOltS mÏllfol'merez ùu jugement ùe cc ceimillel et suis:
l\I 0 n fi i l'Ill' .
Vot.re tl'ès hnml)le sCl'viteul' .
Lé duc DE CHAULXES •
Adresse,' l\I. le J)eutenÇ\qt de Carhaix,
21 septemcre 1676. Interrogation d'office de la personne
c)' apprès 'nommée faicte par la Cour et siège royal de Car
huix à la requête et poul'suite de monsieur le procureur du
RoY dudit siège, à quoy a esté va'cqué par nous bailly du dit
siège, présent le soubsignant, gl'effier, el1 exécution de l'ordre
de monseigneur le duc de Chaulnes, en date du 7 de ce
n1Üis, ce jour vingt et uniesme de septembre mil six cens
soixante et seize.
Faict venir devant nous dans la cliamlJI'e criminelle par
le ministaire de Charles Lorans, geolliel', un homme de
statul'e, portant cheveux et barhe lloirs, habillé d'un
haute
justaucorps de drap gris et d'un hault de' chausse de toile,
tenant une carapollsse de dl'up miniel' à ln maiu, dUll11elle
serment pris de dire vérité, ce qu'il a promis fail'e, luy faict
la main, préalablement luy déclarant qu'on luy fera le
lever
procès provostablement et en del~niel' l'essort.
Interrogé de ses nom, SUl'rlOrn, aage, vacc~lcion et demcu-
rance. . '
Respond avoir nom Allain Le 1\1Dign, laboul'eul' de terl'e,
demeurarlt au village du Cozlluéric, trerve de Trévinel,
paroisse de Briec, aagé d'environ trente six ans.
Interrogé où il estoit le jour de la Trinitté dernièl'e il y a
eu un an.
Respond qu'il estoit dans sa demeul'e ledit jour de la
Trinité du matin lorsqu'il ouid le tocsain SOllllcr en plnsieul's
chappelles du quantol1, ce qui fIst l[u'il s'advisa de se rendl'e
au manoir de Quél'olfen, demeure du sieur de Penanech
Toulgoat pour scavoir à quoy tandoit le son des cloches quy
se faisoit ainsin partout, auquel lieu de Querolfen il trouva
ledit sieur de Pennanech et le sieur de Keraudrain, son frère,
et le vallet dudit sieur de Pennanech.
Interrog-é ce qu'il fist et dist audict lieu de Querolfen.
Dict qu'il demanda auxdiets sieurs de Penanech et de
Keraudrain c~ que c'estoit que ses sons de toxains qu'il se
faisoit ainsin partout, lequel sieur de Penanech lui resparlit
qu'il n'en sravoit .rien, mais qu'il avoit envoyé informer au
bourg trefl'vial de Landud'al et au boul'g parrochial de Briec,
auquel bourg il diet y avoir envoyé un de ses valets.
Interrogé. .
Répond que ledit sieur de Penanech voiant que son vallet
tardoit à s'en retourner dudit Briec, monta à cheval, comme
aussi ledit sieur de Queraudrain, son frère, lequel sieur de
Queraudrain pr-it le chemin pour se rendre au manoir de la
Boessière, demeure du sieur de Keranstrait, et icelluy sieur
de Penanech dict à l'interrogé qu'il alloit audit Briec et luy
demanda de le suivre et à son dict vallet, ce qu'ils firent.
Interrogé.
Respond que comme ils s,'en alloient tous trois audit Briec,
ils voioient de toutes partz plusieurs personnes quy y aCCOur
l'oient aussy et oyoient par le chemin que les cloches dudit
Briec sonnoient le tocsain sans cesse, et s'estant tous trois
rendus proche du bourg dudict Briec, ils firent rencontre
d'un homme luy incognell lequel dict audit sieur de. Pena
nech qu'il n'eust pas à entrer dans le bourg s'il voulloit:
sans s'expliquer autrement, ce quy fist que ledit sieur de
Penanech tourna bride pour s'en retourner et dict à son dict
vallet nommé Yves Le Goff et à l'interrogé qu'ils eussent à
entrer dans le bourg pour voir ce qùy se passeroit, ce qu'ils
firent.
Interrogé. .
Respond qu'estant rendu dans . ledit bourg de Briec, il y
vid et trouva le peuple assemblé audict son de tocsain qu'il
ne peuIt dire le nombre, mais croit qu'il y avoit pour le
moins plus de deux mille, tant le cimetière et l'yssue du
bourg estoient remplis.
Interrogé.
Respond qu'il vid du peuple arriver dans ledit boul'g
attroupés par bandes, et que chacune à son arrivée, quand
on avoit cessé de sonner le tocsain, le faisoit sonner de
et ne put du commancement scavoir le subjet de
nouveau
audit bourg.
l'assemblée
Interrogé. .
Respond qu'après une messe qui fust scellebrée et qu'un
chacun eust sorly de l'église) il fust surpris d'ouir tout ce
ainsin assemblé dire d'une commune voix qu'il falloit
peuple
mannoir de la Boessiére, sans qu'il ouid dire pour
aller au
quel subjet ny pour quoy faire, et ouid aussy mesme dire
communément qu'il falloit tirer le sieur recteur dudit Briec
de son presbittaire pour y aller pareillement.
Interrogé.
Respond qu'il ouid plusieurs personnes dire d'une com
mune voix qu'il falloit que c'eust eslé Iuy quy eust esté le
habittants de la ücfve du Coresquer en Tré
capporal des
venel, ce que oyant, il dict et déclara haultement et public
quement qu'il ne le seroit pas, cependant sur' ce qu'il ouid
qu'on insultoitledict sieur recteur dans son presbitail'o,
dire
s'y rendit où il trouva ledict sieur recteur et plusieurs
personnes entre aultres un nommé Le Quéau, meulnier, quy
tenoit au collet, lequel Quéau et tous les autres disoient
d'une commune voix qu'il falloit qu'il seroit allé avecq eux
audit manoir de La Boessière.
Interrogé. .
Répond que ledit sieur ,recteur et tout ce peuple général
lement assemblé audit Briec se rendirent audit manoir de la
Boessière où il se rendit aussy en eompaignie et tous jours
proche dudit sieur recteur, et ayant tous deux entrés dans
embas de ladite mayson, ils s'assirent tous deux l'un
proche de l'autre sur un banc dudict embas dans lequel
ayant entré tant de personnes qu'on n'y pouvoit se tourner,
il n'ouit pas néautmoins faire désormais aucune proposition
ny demande, ce que voyant luy et ledit sieur recteur se
rettirèrent de compaignie jusques à un village proche dudit
manoir. dont il ne seait le nom. où ils se séparèrent et Il
et plusieurs aultl'es se rendirent de eompaignie audit B!'iec
pour parler au sieur de Trégain qu'on leur dict qui le~
demandoient et ne seut ce qui se passa dans ledit manoi!' cie
la Boessière fors qu'il ouid dire audit Briec que le feu avoit
esté mis dans une g'l'ange dudict ta Boessière par ledit
Le Quéau ou son vallet.
. Interrogé. .
Respond quïl cognoissoit deffunct Le Quéau et un n0111mé
Balbouz qu'il vid audit Briec l'un armé. d'un fusil et l'autre
d'un mousquetton et luy interrogé estoit aussy armé d'un
Fust donné chargé par ledit sieur de Penanec'h
fusil quy luy
et le luy rendist en mesme estat la vesprée du mesme jour
comme il s'en retournoit à sa demeul'e et ne vid ledit Bal
bouez audit La Boessière, mais bien ledit Le Quéau et n'ouid
tirer aucun coup d'armes à feu audit La Boessière ny ne vid
faire aucun mal.
Interrogé pourquoy il a quitté le canton et sa demeure.
Respond qu'ayant eu advis que le sieur de Keranstreat
menaçoit de luy faire le procès, prévenu qu'il ' estoit que
l'interrogé avoit esté de ceux quy luy avoit plus faict de mal
de ceulx quy estoient allés à sa mayson de La Boessière,
qu'à la véritté il se résolut de quitter pour quelqus temps sa
demeure et son quanton, croyant que dans l'intervale ledit
sieur de Keranstreat pourroit s'apaiser et se rendit dans la
sieur de CheU-Bocage, en la pal'oisse de Paul,
demeure du
qu'il cognossoit par la fabveur du sieur du Run, son père,
qui den~eure dans ce pays de Quimper .
. Interrogé.
Conteste et desnye qu'il fit aucune fonction de cheff de
révoltés en qualitlé de caporal ny autrement ledit jour de la
Trinitté dernière il y eut un an audit bourg parrochial de
Briec, qu'il fist marcher· l'assemblée quy s'y estoit faide
audict manoir de la Boessièl'e, qu'y estant avec ses com-
pliees, il fist tirer des baricfJ.ues de vin. q:u,'illeu.r fist hoirie à
J'ai,de des només Le Quéau, LO~lal'nel', Balbouz et autres,
qu'il y til'a plusieurs coups d'armes à feu, mit et alluma le
feu, dans rune des cornières de la grange et l'espa,ndy de la
maison dudict L9. Boessière dans un pavillon et une crèche
aussyen dépendants .
.... Adverty du crime de parjure, Iuy desmontré qu'il n'a
dict et respondu la vérité, et qu'il est autrement informé et
appris contre Iuy. '
contesté le contenu en nostre remonstrance et persisté
en ses réponses, confessions et dénégations, lesquelles luy
leues et données à entendre qu'il affirme véritables et ne
savoll' signer.
JEAN HEllVÉ. bailly ; THÉPAULT, greffier.
Du 23 septembre 1676. Information d'office faide par
la cour et siège royal de Carhaix à la requête et poursu,ite
sieur procureur du Hoy dudit siège, demandeur et acc~
sateur, contre Alain Le Moign, deffandeuI' et accusé, à quoy
par nous bailly dudict Carhais, suivant et au
a esté vacqué
désir d,e l'ordre de monseigneur le dnc de Chaulnes, datté
du 7 ,eme de ce mois, ayant pour adjoinct le soubsignant, com-
mis au greffe dudit siège, juré au cas requis, ce , jour vingtz,
septembre mil six cens soixante seize.
troisiesme
Jean Le Quéré, laboureur de terre et péréieur, demeurant
au village de Keraliez, treffve du Méné, paroisse d'Edern,
aagé d'environ quarante trois ans, tesmoign jüré par ser
ment dire vérité, purgé de conseil, solli.citation et autres
causes de fabveur, examiné et enquis d'office.
Dépose que le jour de la Trinité, il y a eU,un an, à son lever
il onid le toxsin sonner dans le bourg de Briec et autr,es cha
pelles sirconvoin,es, ce qui l'obligea de se rendre au bo.urg
d'Edern et de là au manoir de la Boessière, demem:e du sieur
de Keranstreat, où estant rendu il vid dans la cour dudict
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXIII. (MéqlOires). 11
manoir une barrique de vin enfoncée et proche d'elle Allain
Le Moign, lequel disoit à un chacun qu'ils eussent à en boire
et que si cella ne suffisait qu'ils en auroient eu d'autre, et
incontinent vid ledit Le Moign, un nomé Le Quéau et deux
autres qui allumèrent le feu dans une grange par les deux
boults, dans laquelle il y avoit du foign, disant ledit Le
Moign que les diables de gabelleul's y estoient cachés et qu'il
falloit les bruller, et la mettaière aient estaint le feu, ledit
Le Moign et autres la maltrétairent à coups de piedz, quoy
que grosse, et allumèrerit le feu d'abondant dans ladicte
grang'e, laquelle fust lors incendiée, sy dict qu'avant le feu
fust allumé dans ladicte grange, la gouvernante de la maison,
nommée la demoiselle de Rueneuve, se jetta àgenoux devant
Le Moign et autres de sa caballe pour requérir d'eux qu'ils
n'auroient rien bruslés et leur offrit mesme de l'argeant,
lesquels repartirent que ce n'estoit pas de l'argeant qu'il leur
fallait, mais bien messieurs le marquis de La Coste, La
Garaine-Jouan et de Kerantreat et autres gabelleurs' qui y
estQient et tira ledit Le Moign un coup de fusil à la fenestre
du cabinet, disant qu'il y voioit de la noblesse et qu'il les fal
loict tous bruller, dict aussy qu'ayant prié lesdits Quéau,
Moign et autres de cesser et de se retirer comme les autres,
il fust par eux menassé et couru, ce qui l'obligea de se retirer.
C'est sa déposition luy leue qu'il affirme v.éritable et ne savoir
SIgner.
JAN HERVÉ, bailly ; LE CORRE, commis au greffe.
- Me Guillaume Le Goez, notaire et sergent de la cour et
jnridiction de Guelevain, demeurant au village de Kerariou,
treffve de Guelevain, paroisse d'Edern, aagé d'environ
trante ans, tesmoign juré, etc ...
Deposé que le jour de dimanche de la Trinité, il y avoit eu
un an, il se rendit au bourg parrochal de Briec où le tocsain
avoit sonné tout le mattin, dans lequel bourg s'estoient
ssaOl plusieurs personnes, et vid et ouid un nommé Le
b1és
htlulteJ11ent qu'il falloiet aller au mannoir de la Boessière,
demeure du sieur de Keranstreat, prendre les armes qui y
et qu'il falloit aussy que le sieur' recteur dudict
estoient
Briec seroict aussy allé avecq eux et estoient armés scavoir,
Quéau d'lm fusil et ledit Le Moign d'un fusil et d'un
ledit
. tolet et ensuilte ayant entré au presbitaire, ils firent sortir
ledit sieur recteùr et obligèrent icelllli sieur recteur et tous
leS autres d'aller avecq eux audit manoir de la Boessière,
marchants tous deux à la teste a vecq ledit sieur recteur, et
estant rendus audit la 13oessière, les dits Quéau et Moign et
quelques autres incognus au déposant entrèrent dans la
maison faisants marcher tous jours devalit eux ledit sieur
recteur et incontinant firent sortir une banique de vin cleret
Jans la cour, laquelle ledit Le Moign enfonça d'une piere,
et ensuilte en but avecq une escuelle, disant aux autres
qu'ils eussent à boire et qu'il 'y en avoit d'autre, et ayant dict
avoir La Garaine-Jouan et Kel'anstreat, gaLel
qu'il fallait
pour tuer, et un homme incognu ayant dict : Pour
leurs,
quoi les tuer? ledit Le Moign dict: J'en ay faict bien d'autre,
et entra dans ladicte maison et demanda à la gouvernante
d'icelle la cleff du cabinet parce que les dits La Garaine- ,
Jouan et Keranstreat y estoient, laquelle leur aiant ré part y
qu'elle n'avoit pas la dicte cleff et que les dits La Garaine et
Keranstreat ny estoient pas, ledit Le Moig'n sortit dans la
cour et tira un coup de fusil à la fenestre dudit cabinet et en
cassa les vitres, et ensuilte disant que puisque l'on ne pou
voit trouver lesdits La Garaine et Keranstreat, qu'il falloit
dans la grange où il y avoit du foign affin de les
mettre le feu
faire sortir s'ils y estoient, ils se rendit souIn ladicte grange '
et tira un coup de fusil dans le foign pour y allumer le feu,
ce qu'il fist coi11me aussy pl'inst de la lande d'un mulon quy
estoit hors la cour et les 'aporta dans l'entrée de la maison,
et y aiant allumé le feu: les filets qui estoient à mulons dans
laùicte entrée furent bruslés,et dans ce temps disoit, puisqn'il
ne pou voit trouver le père: « Si nous pouvions du mOins
trouver ses petits », et puis le déposant se retira et ne vid
autre chose, c'est sa déposition luy leue qu'il 'affirme véritable
et a sIgne.
JEAN HERVÉ, bailly: Gu. LEGOUEZ, notaire.
LE CORRE, greffier. ' ,
- Guénolay Rolland, couturier, demeurant à Quenech~
conaval, paroisse d'Edern, aagé d'environ vingt-six ans,
tesmoin juré, etc ...
Dépose que le jour de dimanche et feste de la, Trinité, il
y a eu un an, il se rendit au bourg de Briec, où il vid Un
grand populaire qui s'estoient rendu audit lieu au son de
toxcin qu'on y faisoint, et le déposant aiant entré dans le
'presbitaire dudit Briec quelque temps après, il y' viel entrer
les només Le Grand Moign, Le Quéau, Balbous, Nicolas
Keradean et Louarner, lesquels d'abord dirent au sieur
recteur dudit Briec et au sieur recteur d'Edern qui man-
geaient dans la salle dudit presbitaire qu'il falloict qu'ils
seroient allés avecq eux au manoir de La Boessière, lequel
si~ur recteur de Briec aiant respondu qu'il estoit nialade et
qu'il n'y pouvoit pas aller, ils luy repartirent qu'il y seroict
allé par beau ou par force et qu'il n'estoit pas chez luy, mais
bien chez eux, et à la fin fust obligé de sortir avecq eux aussy
bien que ledit sie'ur recteur d'Edern, et estant dans le pla
citre .dudict bourg, leselicts Le Moign et Balbouz montèrent
chacùn sur des pieds de bois audit placitre et de là publiè-
rent haultement à un chacun qu'il falloict aller audict man
noir de de La Boessière parce que le marquis de La Coste,
La Garaine Jouan et Keranstreat y estoient pour eslablir la
g~abelle et qu'il falloiL aller scavoir s'ils y ,esto~ent encore,
disants qu'eux estoient le's eorporeaux (sic) des trefves de
Trévenel et Landudal et ensuilte lesdicts Le Moign, Quéau,
[3a.l Nicolas Keradé.an et Louarner, armés de fusils et
bouS
)10Llsquets, marchants à la teste et faisant marcher devant
[3oessière où estants, les cy-dessus només entrèrent les pre-
J}1icrs, disants qu'il falloit avoir lesdits La Garaine-Jouan,
O1a quis de La Coste, Keranstreat et autres gabeleurs, et
tirent sortir dans la cour une baricque de vin cleret quy fust
enfoncée et beue, et ensuilte lesdits Moign, Keradean et
IJouarner se rendirent proche une crèche couverte de glez et
"niant entrés y tirèrent et y mirent le feu, et la metteière
aiante estaint le feu, ledit Le Moign la frapa du boult de son
arme et ràllumèrent le feu dans ladicte crèche et dans la
grange dans laquelle il y avoict du foign, disants que ledit
La Garaine yestoit caché et qu'il falloict le bruller, et le
déposant s'estant mis en debvoir d'étaindre le feu, il fust
couché en joue par ledit Keradean, ce qui l'obligea de se
retirer et ne vid autt'e chose, mais ouid plusieurs coups
d'armes à feu, et [est] sa déposition, lui leue et donnée à
elltendre qu'il affirme véritable et ne scavoir signer.
JEAN HERVÉ, bailly; LE CORRE, commis au greffe .
Janne Le Lagadec, femme de Guillaume Gouien, mesnager,
et avecq -lui demeurante au village de Beusit-Bihan, paroisse
d'Edern, aagé d'environ quarante et un an, tesmoigne jurée,
etc. . . •
Dépose que le jour et dimanche de la Trinité, il y a eu un
an, elle se l'endit au mannoir de La Boessière pour devoir de
son mieux appeiser la furie des personnes révoltées qui y
estoient, où elle vid des personnes qui beuvoient du vin d~une
baricque enfoncée qui estoit dans la cour et d'autres qui en
apportoient de la cour, et ensuilte les només Le Grand Moign
et d'auttres à elle incognus se rendirent dans une crèche
proche le 1110uli n et y allumèrent le feu par le 1110ien de deux
coups de fusils que ledit Le Moign et le vallet de Quéau
tirèrent 'et la déposante y aiant entré et estaint le feu, ieeh'
ensuitte receut plusieurs coups de pIeZ desquels elle e
encore incomodée et le sera toute sa vie, et aiant sortie, elle
vid led it ~.Je Moign prendre de la lande, y rallumer le feu et
l'aller aussy mettre dans la grange où il y avoict du foig
et où ledict Le Moign disoict que messieurs les gabell
eurs
estoient et après l'avoir allumé d'un boult, l'aluma aussy de
l'aultre, crainte, disoit-il, qu'ils ne se seroient sauvés et lors
fust aussI' bruslé un pavillon qui estoict au coin de la COUr à
costé de ladicte grange, et ensuilte lesdicts Moign et QUéau
prindl'ent de la paille, y allumèrent le feu et l'alumèrent aUSsy
dans la lande qui couvroid les rouet.s de chasse qui estoient
dans l'entrée de la maison et la gouvernante de ladicte mai
son, nomée Ruenellf\-c, etla déposante s'étantes jeUées à
genoux devant lesdic1s l\loign et Quéau pour requérir qu'ils
n'aul'oient. pas mis le fell en icellc maison, à raison mesme
des ornements de la clHlpelle de Nostre Dame de Lanien
qu'elles disoient y estre, croiant que cella les eust peu appe-
sel' et mesme ladicte gouvernaute leur ayant offert de l'al'
geant. pOUl' s'en allcl', ils dirent que puisqu'ils ne trouvoient
le grand. diable, qu'il falloict du moins avoir les petits diables,
parlant dudit sieur' de Keranstreat · et de ses enfants, et ne
voulurellt prendre l'argent et aiants à la fin veu une grande
fumée dans ladite maison. ils comancèrent crier t.out hault:
cc A ! c'et à ce coup que tout sera brnllé. Allons nons-en », et
puis se. retirent; et ladite dép'Osante, à l'aide la veufve de
Kerbrat; l~ femme du fol Kel'brat et plusieurs aultl'es étain
rent le feu dans lesdits rouets et dans les planches du pre
mier estage au dessus. Cet sa desposition lui [leue] et donné
à entendre qu'elle affirme véritable et ne scavoir signer .
J.AN HERVÉ, bailly; LE ConnE, commis au greIl'e .
.,. Martin Morgant, charpentier, demeurant au village de
Kerevenou, en la trefve de Lanarprovost, paroisse de Briec,
aagé d'environ quarant,e trois ans, tesmoignjuré, etc ...
Dépose que le dimanche de la Trinité, il y a eu un an,
s'est,ant au son du tocsain rendu au placitre du bourg de
Briec, il y vid plusieurs personnes d'entre lesquels il reco
gnust les només Allain Le Moign, Le Quéau, Lehouarner et
Balbous, lesquels entrèrent dans le presbita'ire dudict Briec
et cellui d'Edern, ledit Le Moign tenant ledict recteur de
Briec au colet et, rendus au placitre dudict bourg, vid ledict
Le Moign monter sur une bille de bois et de là publia à ses
tréviens ,du Goresquer qu'il estoit leur cnporal et qu'il fal-
loict que tous seroient allés ave'cq luy au mannnir de la'
Boessière prendre les armes et les ammunitions (sic) qu'il y
avoict, et pour scavoir si le marquis de la Coste, La Garaine
Keranstreat et autres gabelleurs y estoient encore et
Jouan,
ensuilte lesdits Le Moign et Quéau 'marchants à la teste,
armés chacun d'un fusil et d'un pistolet et faisants marcher
devant eux lesdits sieurs recteur, prindrent le chemin de
, se rendre audit manoir de la Boessière, et le parlant resta
audit bourg où il demeuroit lors, et sur la vesprée dudict
jour vid led ict Le Moign retourné audict bourg et entrer
chez Michel Duval pour prendre du tabac, lequel Le Moign
dict que ceulx qui avoient froid n'avoient qu'aller se chauffer
à la Boessière, et qu'il y avoit beau feu, et Louise et Janne
Queinech lui aiant dicl qu'il y auroit eu de la penderye pour
cella, il repartit: « Ouy ou le foet, ce n'est encore rien que
'cella, il faut les déiacher tous », et estoit lors armé d'un
fusil et de deux pistolets, et aiant sorti dehors, dict qu'il fal-
loit bruler le presbitaire et la maison de Thomas Calvés,
hoste, à caus'e qu'il avoit du vin de gabelle, sy dict que le
mardy après le pardon de sainct Malgloau, le lendemain que
ledit. Quéau fut pl'ins, ledit Le Moign al'rivH audit bourg de
Briec, avecq ses tréviens pour chercher ledit Calvés, hoste,
pour tuer à cause qu'il avoit laissé prendre ledit Le Quéau
chez lui 'et fouillèrent partout sans le pouvoir 'néantmoins
renconbrer, Et sa dép0sition lui leue et donné à ent.endre
qu'ilafIirme véritable o't ne scavoir signer,
Jan -:tlEnvÉ, bailly ; LE CORRE, commis au greffe,
Allain Le GoIT, tex·ier et laboureur de terre, demeurant au
village de 'Crec"hgonnaval, paroisse d'Edern, aagé d'environ
cinquante hU'ict ans, tesmoign juré, etc,
Dépose qu'estant allé à la messe le dimanche de la Tri
nitté, il y a eu un an, au bourg d'Ednrn, il ouid dire que le
sieur de Keranstreat avoit esté tué au boürg parochial de
Bl'iec, ce qui fist que ledit déposant se rendist avecq quan
tité d'autl'es personnes audit bourg de Briec,où e1::itant il viel
le Grand Le Moign, nommé Allain, Le Quéau, son vallet, et
Kel'azean ' qui menassoient le recteur, lui présentant pal'
plusieurs fois les armes à feu dont ils estoient saisis, se
mettant mesme en elebvoir de ruiner son presbitaire s'il ne
venir à leur t.este au mannoir de la Boessièl'e pour
vouloit
trouver et exterminel' Je sieul' marquis de La Coste, La
GJ.renne et le grand gabelleul' Keranstl'eat, sur qu'oy ledit
recteur, tout pasIe, accompagné du sieur recteur d'Edern,
furent obligés nonobstant leurs insistances, de sOl'tir à lour
teste, et estant dans le placitre vid ]e nommé Balbous qui
faisoit battre la ql.1aisse et un autre qu'il ne connoist pas et
bannissoit à un chacun d'aller audit la Boessière pour y
armes, trouver les gabelleurs et se disoit ledit
prandl'e les
Balbous, caporal de la trefve, et pril'ent le chemin dudit
mannoir, obligeant mesme le peuple de s'y rendre, où
estants demandèrent le sieur marquis de La Coste, et. La
Garenne-Jouan et le grand gabelleur Keranstreat, et. sur ce
que la gouvernante et autres servantes leur respondirent
qu'il n'y estoient. pas, entrèrent lesdits Le Moign et Quéau
dans la maison, demandèrent les armes et ·du vin, sur guoy
dicte gouvernante les mena à la cour et leur flst prendre
HOe baricque de vin cleret qu'ils enfoncèrent dans la cour,
ce qu'il y avoit de pain dans la maison et cinq
leur donna
pottées de beure, dict que lesdicts Le Moign et Quéau inci
tèrent le peuple qui avoit entré dans ladite cour à prendl'e
du vin, et se faisoient aussy Kerazean et le vallet dudict.
Qnéau porter du vin blanc C01111118 estant le plus délicat dans
le jardin de ladite maison; ledict vin beu, lesdits quattre,
s'estants assemblé$ · dans ladicte cour, tirèrent de leurs
armes dans les vitres du. pavillon et quelques-uns enfoncè
rent la porte dudict pavillon d'une hache, y entrèrent les
uns et les autres, et ne scait ce qu'ils y firent, puis se réso- .
lurent d'aller au bourg de Briec trouver le sieur de Trégain,
leur capitaine, qui leur debvoit donner à boire, dict que
et Quéau estoient dans la
pendant que lesdicts Le Moign
maison, il les ·entendit demander les petits diables, autre-
ment les petits loups, puisqu'ils · ne pouvoient trouver le
gabelleur leur père, puis retournèrent et ne
grand diable de
du feu dans le moulin ny dans la maison, tirèrent
trouvant
leurs armes dans une couverture de g'leds estante au-dessus
d'une crèche et d'une maison à buer, et mesme par dedans
iceulx et ce faisant y misrent le feu, et duclit feu ledit
Kerazcan prist d'une fourche férée pour porter dans la
grange neuve et ledict Le Moign, du bout de son arme,
lesquels de ladicte grange qui se brusloit, prirent du feu
porter à l'entrée du grand corps de logis et au moyen
pour
de quelques landes qui couvroient de gl'ants fiUets, y mirent
le feu, à quoy s'opposa· ladicte gouvernante et leur offrit,
à genoux, dix escus en argeant ou du .vin pour
estante
n'accomplir leur dessain, à quoi dirent lesdicts Kerazean et
Le Moigri qui tenoient ledit feu qu'ils ne voulloient SOll.
al'g'eant ny son vin, mais bien y mettre le feu, ce ·qu'ils
par avoir retourné quérir du feu, le premier estant
firent
tombé, et ledit feu esbrandy s'en retollrnèrent disants que
le feu estoit partout le logis et ledit Le Moign resplic
. . . q\la
qU'lI fallOlüt que le sommet tomba dans le fonds de 1
véritable et ne scavoir signer. .
affirme
Jan IhmvÉ, bailly ; MACÉ, pour le greffe.
Veu le procès criminel du grand Allain Le Moign pendant
en ce siège par renvoi de monseigneur le duc de Chaulnes
réservé par l'amnistie de Sa Majesté, trouvé chargé par le~
.informations· et autres actes mentionnéz au procéz .
Je requiers pour le Roy à ce que ledit Allain Le MOig
soit déclaré atteint et convaincu de s'estre, au son du toxin
armé d'un fusil: rendu au bourg de Brièc le dimanche de la
Trinitté, il y a un an passé, premier jour de la révolte, d'y
avoir forcé le recteur du dit Briec et toute la populace par
ses menaces, se déclarant leur caporal, de le suivre au
manoir de La Boissière, dans le dessein d'y trouver le sieur
marquis de La Coste, Keranstret et La Gal'enne-Jouant
pour les tuer comme les grands gabelleurs, de· s'estre eHec-
tivement rendu au dit manoir et y estant: avoir demandé les
dits sieurs de La Coste, Keranstret et La Garenne pour les
exterminer: et ne les y ayant pas trouvé, demandé et cher
ché partout les enfants du sieur de Keranstret pour les tuer~
ne trouvant pas leur père, ensuite mis le feu dans un pavil
lon, grange, maison à bué et aussi dans le grand corps de
logis, fait piller et ravager ladite maison, qu'il soit de plus
atteint et convaincu de avoir avec le Lardie assassiné Allain
et Guillaume Queffélec, fréres de lait, de nuit, dans un grand
chemin, pour réparation de quoy qu'il soit pris par l'exécu
teul' de haute justice dans les prisons de ce siège, et mené
an pOl'tal de Saint-TrémeuI', la corde au col, la · torche en
mains, teste et pieds nuds pOUl' y estant, demander à genoux
pardon à Dieu, au Roy et à la justice et ensuite conduit au.
mariré de cette ,ville pour y estre rompu vif sur un eschafTot
qui y sera à cet effet construit, et y laissé jusques à expira
tion de vie, ensuite de quoy ledit exécuté soit rendu au
bourg de Briec pour y estre mis et exposé sur une roue jus-
ques à consommation pour servir d'exemple à ses complices
avec deffenses à personne de l'en oster sous peine de la vie.
Fait et conclud à Carhais ce quinzième octobre mil six
cens sOlxante et saize.
OLLIVIER-CHARLES OLYMANT,
advocat en la cour, subst.itut .
.- Entre le procureur du Roy de la Cour roya11e de Car
hais, demandeur et accusateur d'une part et
Allain Le Moing, deffendeur et accusé d'aultre et réservé
au nombre des révoltés dans l'amnistie .
Vu décret de prise de corps ordonné par le siège présidial
Quimper (1) etc ...
Nous, · par jugement provost.al et en dernier ressort., avons
déclaré et déclarons ledict Allain Le Moing atteint et con
vaincu de s'estre au son du toxin armé d'un fusil, rendu au
bourg de Briec) le dimanche de la Trinitté dernière il y eut
un an, d'y avoir forcé le recteur dudict Briec et toute la · .
et s'en estre déclaré le caporal, et marché à leur
populace
teste jusques au manoir de La Boessière, paroisse dudit
Briec, dans le dessein d'y trouver le seigneur marquis de
Lacoste, les sieurs de Kerànstreat et La Garenne-Jouan
comme gabelleurs et ne les y ayant trouvé, avoir mis feu
dans une grange et un pavillon et aussy dans le grand corps
de logis, et d'avoir avec le nomé Le Lardic assassiné Allain
et Guillaume Queffelec, frères, à l'issue du pardon de Notre
Dame de Goresquer, trève de Trévenel, dicte paroisse de
Briec, il y eut quatre ans au mois de may dernier, pour répa
ration de quoy l'àvons condemné et condemnons d'estl'e pris
par l'exécuteur de hauIte just.ice dans les prisons de ce siège
(1) Suit l'énumération des diverses pièces que nous venons de publier .
où il est détenu, la corde au col, teste et pieds nus, en che_
mise, tenant une torche allumé en main, du poids de six
livres, estre conduit au devant de la porte principalle de
l'église collégialle de Saint-Tremeur de cette ville, et là, à
deux g'enouï1s, demander pardon à Dieu, au Roy et à la jus-
tice, puis mené au martrait de cette ditte ville, pour sur Un
eschaITault guy y sera dressé au pied de la potence y estre
sur une croix de Saint-André estendu, son corps et ses mem
bres l'ompus et brisés à coups de barre de fer, au nombre de
cinq coups, iceluy préalablement estranglé jusques à exter
mination de vie, pour y rester Jusques à demain prochain
six heures du matin, pour, passé de ce, son corps.estre porté
dans ladicte paroisse de Briec, et mis SUl' une roue élevée
de huit pieds de haulteur, sur le proche grand chemin auprès
de ladite maison de La Boessière et y demeurer jusques à
parfaicte consommation, a,iecq deffenses à toutes personnes
de l'en oster, à peine de rébellioh nu Roy et à la justioe, sy
avons déclal'é ses biens meuble~ acquis et confisqués au Roy,
sur iceulx les fr-ais de justice préalablement pris, et condamné
et en cinquante liv1'8s d'amende au Roy, et cinquante livres
d'aumosne applicable à l'hospital de Sainte-Anne, aux Révé
rends Pères Allgustins de cet te ville et à la chapelle de
Saint-Yves de cet auditoire, et aux dérens du procès.
Faict et arresté en la chamol'e criminelle ce jour quin
siesme octobre mil six cens soixante seize,
JAN HElWÉ, bailly; CHABLES AmIO~T, lieutenant;
LOUIS LE GOGAL, avocat en la cour; GUILLAUME
LE MÉNEZ, avocat en la cour; J A~ DU PARC,
avocat en la conr; .J AX V ELLE R, avocat en la eour .
o juillet 1075. - La révolt3 à Carhaix
Plainte de M. de Châtel11l fort.
A Messieurs les juges du siège royal de Carhaix.
Supplie humblement noble Clande S\luvan, sieur de Chas-
teaufort, cy devant fermier des debvoirs des Estat'8 én ée
Daillage de Carhaix et autres baillages de celte province.
Disant que le samedi 6 juillet 1675, fa maison fust effon
drée et en après entièrement pillée et l'un de ses commis
massacré et tué sur la place par une trouppe de mutins et
g'ens révoltés d'entre lesque 1s estoi nt Nicolas et J an Le
Pennee, père et fils, boucher de cette ville, de quoy s'estant
plaint devant vous, vous auriez descendu sur les lieux de la
dite maison située en cette dite ville faire procès-verbal de
de l'état d'icelle, et ensuiLte ayant aussi vacqué à une partie
des informations, vous auriez décretté de prise de corps avec
annottation de biens contre plusieurs partieuliers du nom'bre
desquels sont lesdits Pennec, ce qui les auroit obligé de
déserter de la ville et s'absantel' pour qnelque temps, apprés
quoy ils auroient prié Guilla ume Doüguédroa t et Jacques
Leguir de tacher d'obtenir un désistement du suppliant, ce
qu'îlleur accorda en faveur de la somme de cent cinyuanle
livres qu'ils s'obligèrent de luy payer en tl'ois tpl'mes, etc ...
. Le 1 cr septembre 1676,
A utre plainte de M. de Châteaufort.
A Monsieur, Monsieur le sénéchal de la cour et s:ège
royal de Carhais. _
Supplie humblemnt Claude Sauvan, sieur de Chasteaufort,
cy devant fermier des debvoirs des Estats aux bailliages de
earllais et autres dans l'évesché de Cornouaille, demanùeul' .
Disant que les troubles et les souslèvements de peuples
qui sont arrivés en cest evesché et particulièrement en ceste
ville pendant le cours de sa ferme en l'an mil six cents sep
tante et cincq lui ont causé un désordre daus l'estat de ses
affaires et une perte très csnsidérable dans ses biens tant
par le meurtre de ses gents et commis, pillage de sa maison,
vins, eau-de-vie, argent, pappiers, meubles et autres effects
que par la non-jouissance de son bail, non seulement pour •
le temps lors courant, mais encore pour n'avoir peu sè faire
payer des restaux deubs et acquis du précédent qui montent
à des sommes nottables.
Et despuis, après la sédition cessée, quand il a voullu se
mettre en debvoir de les esliger, il a trouvé des obstaèles de
toutes parts causés par les hostelliers et cabarettiers et par
le faict des fermiers qui régissent présentement lesdicts
debvoirs par le ministère du sieur Joseph Rizon, leur recep
veur et autres commis, lesquels pour tirer profilt et adven
tage desdits désordres ont infatué l'esprit du commun peuple
et particullièrement de tous les cabarettiers, leur publiant et
faisant à croire que le suppliant ne pouvoit plus leur faire
demende d'aucuns debvoirs ny restaux parce que il avoit esté
desdommagé par les Estats de ce pais de toutes les pertes et
non-jouissances qu'il avoit souffertes pendant les troubles et
que ce qu'il leur demandoit à présent estoit une pure vexa
tion et vollerie, adjoustants qu~ puisque il n'avoit nul droict,
que s'il se mettoit en debvoir de leur rien demander par lui,
ses commis ou officiers, ils poùrroient impunément leur
courir sus et leur casser la teste, promettants qu'il n'en
seroit rien ..... Ce .considéré.
Monsieur,
Vous plaise recepvoir sa plainte et lui permetre d'informer
d'office du contenu en icelle, et pour y parvenir permettre
d'obtenir et fulminer lettres monitoriales et censures ecclé-
siastiques en forme de droict où requis sera pour, passé de
ce, prendre telles conclusions qu'il v.oira, et ferés justice.
SAUVAN.
Interrogatoire d' He·nry Le Bihan.
Du 23 septembre 1675. Illterrogatoire d'offiee.
Faict venir devant nous un homme de haulte stature, por
tant barbe et cheveux gl'is, auquel faict lever la main, juré
par serment dire vérité, ce qu'il a promis faire.
Interrogé de ses nom, aage, vaccacion et demeurance,
Respond avoir nom Henry Le Bihan, dit Potmoan, cordier
de son mestier, demeurant près la Magdeleine lès Carhais,
"o·é de soixante cinq à soixante six ans.
Interrogé, respond n'avoit' cognoissance de ceulx qui
en cette ville et n'avoir eu aulcun
cornmancèrent la révolte'
cornplot avec eux, ny de ceulx qui 'auroient pu avoir cy
devant formé ce dessein.
Interrogé, respond qu'il vint du matin de la révolte en
ceLte ville et se rendit au marché du chanvl'e·qui ~e tient'
dans la place au Charbon, où il achepta une charg-e de
chanvre qu'il emportoit sùr les onze heJ11'es du matin au lieu
OÙ il a coustume de vendre ses cordes et passant par la place
aUX Denrées, proche la maison de son fils, il yid plusieurs
personnes qui estoient des pa'isants qui ruoient des pierres
à la porte du sieur de Chasteaufort, lesquels luy estoient
neus
incog .
Interrogé, respond qu'il vid tirer plusieul's coups d'armes
à feu de ladite maison sur la populace, desquels coups
portèrent dans la muraille de la maison du
plusieurs
sieur procureur du Roy ,ce quy effraya ledit interrogé et
l'obligea de retourner sur ses pas par la rue du Fil, pour
se rendre en sa bouticque en la rue de la Moutarde, où il a
vendre des cordages.
coustume de
Interrogé, respond que ce tumulte l'obligea de plier sa
marchandise, et se rendre par la porte de Motreff dans sa
dèmeure vers l'heure de midy, avec Pierre Le Bihan, son
fils.
Interrogé, respond n'avoir aussy aulcune cognoissance de
ont' emporté ny pillé les meubles et effects dudit
ceulx quy
sieur de Chasteaufort et n'y avoir contribué et n'en avoir
manière soit de meubles, vins, eaux-'de
profité en aulcune
vie et n'avoir plus retourné ledit jour en ville. ,
Interrogé, respond que Je lendemain de ladite révolte, il
se rendit en ville sur les six à sept heures du matin et estan
Kerlouët, g'OtlVerneur de la ville et en sa compaignie le pèl'e
Cloutier, l'un des définiteurs de l'Ordre de Saint Augustin
et le sieur de la Salle Le Brun, quy dist à plusieurs pel'~
sonnes de basse condition qu'il ne peult nommer qu'ils eus~
sent à sortir de la maison et demeure dudit sieur Chasteau~
fort, à quoy ils insistèrent, disant audit sieur de KerloUët
qu'il n'en estoit pas le maistre, ce quy l'obligea de se retirel'
etc. . . . .
Interrogatoire de Jean Coent .
Du 29 septembre 1676. Interrogatoire d'office.
Faict venir devant nous dans la chambre criminelle pal'
Charles Lorans, geollier des prisons, un homme de haulte
stature, ayant cheveux castains, habillé en villageois d'un
habit de toile, lequel, juré par serment de dire véritté, luy
faict préalablement lever la main, ce qu'il a promis faire.
Interrogé de ses nom, aage, qualitté, vaccacibn et demeu-
rance. .
Respond avoit' nom Jan Coent, demeurant au village de
Tréveller, paroisse de Motreff, ~vesché de Corno.uaille, maré·
chal de son mestier, aagé de .vingt et huit ans.
Interrogé où il estoit le samedy sixiesme de juillet dernier
il y eut un ' an que la ,révolte des paysans se fist en ceste
ville.
H.espond que tout le long dudit jour, il fust occupé à son
mesnage, charroyant de la litière d'une pièce de terre située
proche le moulin de Quergantois a sa demeure audit village
de Tréveller.
Interrogé s'il n'onid pas la vesprée. dudit jour sonner les
cloches dudit Carhaix.
Respond qu'il ouid aussi bien que les auLr'es de sa com
paignye le son des dites cloches, mais n,e sçut pourquoy
cés(,oit Ily à quelle fiu, et ne bougea non plus que les autres
de leur joul'née et ne vid non plus aucune personne de son
qLlanton venir en ceste 'ville sçaToir ce que céstoit que ledit
son des cloches - .
Inte~rogé s'il ne sceut pal!; ledit jour de samedy sixisme
de juillet qu'il y eust révolte des p~ysants en ceste ville.
Respo.nd que comme il charroyait l'une de ses charretées
de littière à sadite demeure, environ les quatre à cinq heures •
de .l'apprès midy, estant entre le pont de Kernoueledic et le
pout Daoulas, il fist rencontre de quelques personnes luy
Îucognues, les uns à pied et les autres à cheval, lesquels Iuy
demandèrent et à ceulx de sa compaignye ce qu'ils faisoient
là aillsin charroyants perdant une si belle jour-née qui s'es
toit passée en ceste ville, et l'interrogé. leur ayant dem~ndé
ce quy s'y estoit passé, ils luy répartirent qu'il s'y estoit
faict une révolte et que la maison duclit sieur de Chasteauf-
fort avoit estée effrotidf'ée et pillée, .'
Interrogé où il estoit le 1 C l'jour de rassemblée des paysants
au ch~tteau de Kergoat.
Hépond qu'il se rendit le matin en ceste ville dans la
maison de Vincent Jezecquel, cordonnier, pour faire l~ac':'
commoder une paire de souliers pour son usage d'où il ne
bougea tout le long dudit. JOUI', fors deux ou trois fois qu'il
vint dans la halle se pl'omenant et pour voir la garnyson
ql.ly y estoit lors, et avant qu'il pal'tist, ouid par bruit com
munément que lesdits paysants assemblés audit Kerg'oat y
avoient mis le feu .
Interrogé où il estoit le lendemain.
Hospond qll'il occupa tout ledit jouI' dans sa forge, faisant
des faucilles à coups pour sy~r du bled et ne bougea ~out
ledit jouI' de son village, dit que deux ou trois jours apprès
ledit Kergoat avoit esté entièrement desmoly, ruyné et pillé
pal' la révolte et incendye quy s'y estoient faicts,
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. - TOME XXIII. (Mémoire~). 12
Interrogé, conteste formellement qu'il fust en ceste ville
le jour de la révolte qui s'y fist, ny non plus le lendemain
jour de dimanche.
Intel'rogé, conteste pareillement q.u'il fut au Kergoët le
jour de la révolte et première assemblée des paysans qui s'y
fist, non plus que le lendemain ny autres jours suivants .
. ... Advedy du crime de parjure, luy remonstré qu'il n'a
dîct ny respondu la v~ritté, et qu'estant du nombre des
. réservés par ramnystie, il fault qu'il ayt esté du nombre des
révoltés et des assemblées quy se sont faictes tant en ceste
ville qu'audit château du Kergoat et mesme du nombre de
cenlx quy ont commis des pillages et incendyes quy s'y Sont
raicts ou du nombl'e de ceux qui ont esmeus et excittés les
peuples, sonné ou faict sonner le tocsain dans les esglises
ou chapelles de son quanton.
Respond à l'esgard de ce qu'il se trouve du nombre des
réservés dans ladite admistye que ce ne peut estre que par
une mes prise, soustenant qu'il y a deux autres Jan Coent
dans ledit village de Tréveller et qu'il y a plusieurs autres
de son nom dans sa paroisse et dans le quanton et au cas
qu'il se trouve quelque personne ou tesmoing quy ayant
déposé contre luy, ce ne peuH estre que faussement et offre
passer inscription de faulx à l'encontre et au surplus conteste
le contenu en nostre remonstrance et persiste en ses ré-
ponses, confessions et dénégations, lesquelles luy leues et
données à entendre en son langage a dict qu'elles contien-
nent verIte et Ile scaVOll' signer.
JAN llEnvÉ, bailly.
(A sui'ore.)