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DOCUl\fENTS INEDITS (1 )
Lettre de Louis· XIV.
A Monsieur, Monsieur le comte de Boyséon, gouverneur de
Morlaix, ou en son absence à celluy qui commande.
la teneur de la lettre du Roy.
Sensuit
M. le marquis de Lavardin, la nouvelle conqueste' que je
viens de faire de la ville de Condé(2) sera sans doute receu de
mes peuples avec autant plus de joye qu'oultreTimportance
de la place, la prise a esté accompagnée de circonstances plus
avantageuses pour la gloire de mes armes. Cinq jours de
tranché ouverte ont fini un siège si considérable et l'ont fini
par une action non moins hardiment entreprinse que heureu-
sement exécutté. Les travaux que j'avais fait extrêmement
avancer en ce peu de temps me fh:ent prendre une résolution
de forcer les ennemis dans les ouvrages qu'ils deiIandoient.
J'en-disposois moy-mêmes les attaques, j'en donnois les ordres
pour la nuit du vingt-et-cinquiesme de ce mois, et ils furent
exécuttez avecq tant de valleur par mes troupes, que mes
soldats animez par lexemple de leurs officiers, emportèrent
tous les dehors, se rendirent maîtres des ·bastions, passèrent
jusques aux portes de la vilI'eet laissèrent à peine le temps
à - la garnison, qui s'était retirée en désordre, d'implorer ma
clémence et de se remettre à la discrétion. C'est à cette condi-
(1) Nous ne sommes pas bien sùr que cette lettre, que nous avons
copiée sur un registre de ,délibérations du corps politique de Morlaix, soit
peu connue, en tout cas, et cela nous a paru ,suffisant
inédite; elle est
pOUl' la porter à la connaissance de nos lecteurs.
(2) Il s'agit de Condé-sur-Escaut.
tion que le gouvernenr et douze centz soldats sont demeurés
prisonniers entre mes mains, et que ce poste d'une si grande
conséquence pour la Flandre est passé sous ma domination.
Ce qui m'est encore plus sensible, dans un si grand succès,
est que n'y ayant perdu qu'un très petit nombre d'hommes,
la victoire a esté à peine ensanglantée d'un sang que je ne
dois jamais répandre sans douleurs et que je conserve tou
jours avec soin. L'approche même de l'armée d'Espagne et de
celle de Hollande joinctes, qui s'étoient avanc$s pour leur
secours de la place, n'a servi qu'à augmenter la gloire de
l'avoir fait tomber à leur veue. Un si grand événement excit
tera sans doute dans le cœur de mes subjects, toute la joye
que je dois attendre de leur zèle et de leur affection pOUf moy
et de l'intérest qu'ils ont au bonheur de mes armes et au bien
de mon Estat. Mais ces sentiments ne sont pas les premiers
que j'ay demandez d'eux en cette rencontre. Je ne regarde cet
avantage si signalé que comme le tenant de la main de Dieu.
'Je veux qu'ils le considèrent de même, qu'ils reconnaissent
avecq moy que sa protection, seule toulle puissante, a réglé
mes conque~tes, dans celte entreprise, animé les trouppes et
abattu mes ennemis, qu'ils le bénissent co'mme l'auteur de
tous les biens, et que les actions de graces qu'ils luy en ren
deront soient les premiers témoignages -de leurs réjouissances
publiques. J'ay escript aux saincts archevèques et évesques
de mon royaume qu'ils ayent à faire chanter le Le Teum,
dans leurs églises, pour remercier la divine bonté d'une grâce
si extraordinaire dont j'ay voullu vous donner advis par cette
lettre et vous dire que mon intention est que vous assistiez à
cette cérémonie, au lieu où vous rencontrerez, et qu'au sur
plus vous donniez les ordres nécessaires dans l'estandue de
votre charge, pour faire allumer des feux, dans les rues, tirer
le canon et donner au surplus touttes autres démonstrations
de joye publique accoutumées en pareil cas, à quoy m'assure
que voue satisferez bien ponctuellement.
Je prye Dieu qu'il vous ait, M. le marquis de Lavardin, en
sa sainte garde.
en mon camp de Condé, le vingtiesme jour d'avril,
Escript
mil six cent septante six.
LOUIS.
Et plus bas: ARNAULT.
Du 18 jour de may 1676, devant Mgr le comte de Boyséon,
gouverneur pour le Roy des ville et chasteau de Morlaix et
pays CIrCOnVOISInS. .
Assemblés dans leur grande salle commune, de l'ordre
comte de Boyséon, etc ...
dudit seigneur
des lettres présen
Lesquels sieurs habittants, après lecture
tées par ledit seigneur comte, ont estés d'advis qu'elles
seroient enregistrées, pour y porter effet, et qu'elles soient
quoy ont chargé ledit sindicq
entièrement exécuttées, pour
de 'faire chanter un Te Deum, faire faire les feux de joye,
. tirer le canon et touttes réjouissances publiques, ainsin qu'il
est ordonné par lesdites lettres.
Hercule-François DE BOYSÉON.
TRIBER, greffier.
J. GOUVERNEUR, syndic.
A la séance du 29 mai '1676, lecture de deux lettres ana
logues du Roy et du marquis de Lavardin, au sujet de la .
de la ville de' Bouchain .
prise