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XVII.
SACRAMANT ANN ' NOUENN
Na lâret morse euz eun den a deu da verwel, heb ma ve
bet eur bélec 0 covès hac 0 noui anehan : « Allas! marv ê,
heb Sacramant ann N ouenn ! » rac na ouzoc'h ket se.
Setu aman ar pez a zo bet c'hoarvezet en parrouz Botsorhel,
en miz dû deuz ar bloaz 1831.
Bean a oa eur vatès, hanvet Jobenn Kerandour, en eur
maner coz, wardro eun hanter lew euz ar bourk, hac a vije
atao re divezad en ofIern veure, pa vije he zro da vonet, hac
holl dud ann ti a vije 0 lâret d'ehi : « C'huÎ, Jobenn, a ve bep
« tro re divezad en ofIern veure. Eur vez eo ho cu el et hoc'h
« antren en ilis, ken divezad ha ma vec'h. »
- « Ma! n'eus forz, a lâre en-hi hic'h-unan, scuiz
« on 0 vea tamalet abalamour d'ann ofIern veure, ha na vinn
« ken re divezad ; gwelet a vô ! »
Eur zul al' beure, a oa he zro da vont arre d'ann ofIern
veure, e tishunvas en creiz ann noz, 0 sonjal a oa arre re di
vezad, hac e lammas e-maës he guele, hac a em wiscas
buhan, haç e-maës, heb sellet ped heur a oa, ha da vont
etrezec al bourk. Sclezr a oa alloar, ha ien ann amzer. Clevet
a ra eur c'hloc'h 0 son. « Daoust, emezhi, pe zon eo?
Ann eil, pe a c'henta, me voar-vad, rac na "velan den 0 vont,
hac a dlean bean re abred. » Hac a paouezas da hastan. Neuze
a tremenas daou a-biou d'êhi, eur paotr hac eur plac'h, pere
na anavee ket. « Daoust. piou int? emezhi; n'ho anavean
ket, ba na in t ket euz ar c'hartLer. » Hac evel ma haste ann
daou-man : « Ar re-man hec'h a buhan; me voar-vad ê
poent hastan. · Hac a valeas buhanoc'h.»
Clewet a ra adarre eul' c'hloc'h 0 son: « Ar zon di-
LE SACRE NT DE L'EXTRÊME-ONCTION
(TRADUCTION LITTÉRALE)
Ne dites jamais d'un homme qui vient à mourir, sans
qu'un prêtre l'ait confesgé et extrémisé : « Hélas, il est mort
sans (avoir reçu) le Sacrement de l'Extrême-Onction! » car
vous ne le savez pas.
Voici ce qui est arrivé dans la paroisse de Botshorel, au
mois de novembre de l'année '183'1.
Il Y avait. une servante, nommée Josèphe Kerandour, dans
un vieux manoir (situé) à environ une demi-lieue du bourg,
et elle arrivait toujours en retard à la messe du matin, quahd
c'était son tour d'y aller, et tous ceux de la maison lui répé
taient sans cesse: c( Vous, Josèphe, vous arrivez toujours en
retard à la messe du matin; c'est une honte de vous voir
entrer dans l'église aussi tard! »
- « Eh bien n'importe! » se disait-elle à elle-même, c( je
cc suis fatiguée d'être ainsi blâmée au sujet de la messe du
cc matin, et je ne serai plus en retard; on le verra bien! »
Un dimanche matin que c'était son tour d'aller à la messe
du matin, elle s'éveilla au milieu de la nuit, en songeant
qu'elle était encore en retard, sauta hors de son lit, s'habilla
à la hâte et sortit, sans regarder l'heure, et se dirigea vers le
bourg. La lune était claire et le temps froid. Elle entend
sonner une cloche; cc Savoir quel son c'est? se disait-elle. cc Le
second ou le premier, sans doute, car je ne vois personne
aller et je dois être trop tôt. » Et elle cessa de se hâter. Alors,
passèrent deux personnes près d'elle, un homme et une femme,
qu'elle ne. connaissait pas. « Qui sont-ils? » se dit-elle; cc je
ne les connais pas, et ils ne sont pas de mon quartier. » Et
comme ces deux personnes se hâtaient: « Ils vont vite; il est
sans doute temps de se presser. » Et elle accéléra sa marche .
ErIe entend encore une cloche sonner. « Le dernier son,
veza, me voar-vad, emezhi ; mès na eus forz, na vinn ket re
divezad, hirie, rac setu me digwezet el' bourk.
Gwelet a 1'e breman calz a dud 0 vont êtrezec ann ilis, hac
a-roc d'êhi ba war he lerc'h, hac 0 tont er-maës ann tier, er
bou1'k, ha na anaveze den, al' pez a saoueze anêhi. ' « Petra
zo kiriec, a son je en-hi hic'h-unàn, na anavezen den
aman? morgousket on c'hoas, me voar-vad, pe ma daoulagad
a zo troublet. » Hac a frotte he daoulagad. .
Bezr ez ê ann de, d'al' c'houlz-ze al' bloaz, ha na ve ket
sclezr, pa gommanz ann offerenn-veure. Treuzi a ra al' verred,
ha mont bars ann illis. Calz a dud a oa ebars, ha delc'hel a
re da dont bepred. N'hec'h a ket doon en ilis; chom a ra en .
kichenn al' pinsin braz do ur binniget. Ar-re a deue eno, da
gomer dour binniget, a 1'e hol el!l' zell diout-hi, evel. pa
vijent saouezet euz hi gwelet eno; ha bepred na anaveze
den a-bed, na paot1', na plac'h. « Ma! a son je, • •
biscoas kement aIl n'em eus gwelet! Rèd ê na ven ket
dishunv mad, pe ê troubletma daoulagad. Hac a frotte arré
·he daoulagad. Hac evit bea calz a dud en ilis, na glewe trouz
a-bed, nac al' boutou-coad tachet, war bave ann His, nac
ann dud 0 waskenni, evel ma ve custum da glewed, d'al'
c'houlz-ze al' bloaz, en iIizou.
Dont a ra eur bêlec euz al' sacritiri, evit làret ann offerenn,
ha na anaveze ket anehan, nac ive al' c'holist a oa gant-han
evit respont ann ofierenn. Tri bêlec a oa el' barrouz-ze. -
« Daoust, emezhi, piou ê al' bêlec estern-man ? Na anavezan
. ket anezhan. )) "
Ar bêlec, kent commanz he ofierenn, a làr, en em distreï
e-trezec al' bopl: « Làromb, ma breudeur ha ma c'hoe
rezed, eur bater hac eun aoe evit Fant Ann Dantec, a zo
claonv-fall, prest da verwel. P'em bô lâret ma ofIerenn, hec'h
inn da gass ann Aotro Doue d'êhi, hac a pedan ar-re a zo
aman euz ar vl'euriès-ze da dont ganen betec he zi.» Jobenn
I{el'andour a son jas neuze: « Penaoz, Fant Ann Dantec, ma
sans doute, » se dit-elle; « mais n'importe, je ne serai pas en
retard, aujourd'hui, car me voici arrivée au bourg. »
Elle voyait, à présent, beaucoup de monde se diriger vers
l'église, et devant elle et derrière elle, et sortant de leurs mai
sons, dans le bourg; et elle ne reconnaissait personne, ee qui
l'étonnait. « Qu'est-ce qui est donc cause, » se disait-elle,
« que je ne reconnais personne ici? Je suis, sans doule,
encore à moitié endormie, ou mes yeux sont troublés. » Et
elle se frottait les yeux.
Le jour est court, à cette époque de l'année, et il ne fait
pas clair, quand commence la messe du matin. Elle traverse
le cimetière et entre dans l'église. Il y avait déjà beaucoup de
. monde, et il continuait d'en venir toujours. Elle n'entre pas
profondément dans l'église; elle reste auprès du grand bénitier.
Ceux qui y venaient prendre de l'eau bénite lui jetaient tous
un regard, comme s'ils étaient étonnés de la voir là; et toujours
elle ne reconnaissait personne, ni homme Iii femme. « En
vérité, » pensait-elle, « jamais je n'ai vu pareille chose! Il
faut que je ne sois pas bien éveillée, ou que mes yeux soient
troublés. » Et elle se frottait encore les yeux. Et, bien qu'il y .
eût beaucoup de monde dans l'église, elle n'entendait aucun
bruit, ni les sabots garnis de clous, sur le pavé de l'église, ni
des personnes toussant, comme on entend ordinairement, à
cette époque de l'année, dans les églfses.
Vient un prêtre de la sacristie, pour dire la messe, et elle
ne le connaissait pas non plus, ni aussi l'enfant de chœur qui
l'accompagnait, pour répondre la messe. Il y-avait trois prêtres
. dans la paroisse. « Savoir,» se dit-elle, « qui est ce prêtre
élranger? Je ne le connais pas. »
Le prêtre, avant de commencer sa messe, dit, en se tournant
vers le peupl~ : « Récitons, mes frères et sœurs, un pater
et un aoe pour Françoise Le Dantec, qui est gravement ma
lade, près de mourir. Quand j'aurai dit ma messe, je lui por
terai le Bon-Dieu, ef je prie ceux qui sont ici de cette
amezegès, a zo ken claonv-ze, ha h'em eus clewet netra, nac
ar re-aU duman? Ze a zo kiriec, me voar-vad, na eo ket deut
tud ar c'hartier d'ann offerenn veure. »
p'hen doe ar bêlec lâret he offerenn, e teuas e-mâes ann
ilis, gant ann Aotro Doue, hac ann holl dud a oa ebars a
deuas war he lerc'h; mès calz anezhe a chomas el' verred,
darn-all a chomas er bourk, pe hec'h eas en hentjou hac er
wennodennou, a dehou hac a gleiz, ha pa arruas ar bêlec en
ti Fant Ann Dantec, na oa ken ne met Jobenn Kerandaur ha
daou all euz he c'heul, ar re a oa bet 0 tigemen d'ezhan hac 0
kerc'had croaz ar maro. Ha na anaveze ket anezhe ive, hac a
sonje arre : « Ma ! na ouzon ket petra eo kement-ma ; na
anavezan ket arre ann daou a zo bet er bourk, 0 tigemenn ar
bêlec hac 0 kerc'had ar groaz ! Ha coulzgoude e tleont bezan
euz ma cartIer .... »
Prest a oa peb-tra en ti, evit digomer ann Aotro Doue ha
noui ar glanvourès. Pa oe .êt en ti, Jobenn a eure eur zei endro
d'ezhi, ha na anaveze den bepred eur al' re a oa eno, nemet
ar glanvourès. DaouIiua a eure, evit pedi gant ann hini a oa
o vont da dremen. E-keït ha ma oa ar bêIec 0 covès hac 0
noui anezhi, e talc'he hiniennou da dont bepred en ti. Eur
plac'h a deuas da daoulina war gorn he davanjer. Ober a eure
eur zell diout-hi, hac hec'h anaveas mad Jannet Al Làgadec,
da behini a defoa dalc'het eur bugel euz ar fonz-badeziant, ha
pehini a oa marw, tri bloaz a oa. Pa deus gwelet kement-
ze, e sonjas : « Jesus ma Doue! pelec'h hec'h on-me aman? .
« E-touez ann dud-varw, a gredan ! Setu aman Jannet Al
« Lagadec, hac a zo marw tri bloaz a zo ! »
Ar glanvourés a varwas doc'htu evel ma oa bet covesêt ha
nouëL Ar bêlec a lâras d'ar-re a oa enD penaoz a oa marwet
en stad a chraz; ha neuze hec'h eas-cuit. Jobenn Kerandour,
goude bea pedet gant' ann hini a oa a baouès merwel, a deuas
ive emaës ann ti, ha penn-da-benn ann hent, 0 vont d'ar gêr,
frairie (1) de m'accompagner jusqu'à sa maison. » Josèphe
Kerandour pensa alors: ' « Comment, Françoise Le Dantec,
ma voisine, est si malade que cela, et ni moi, ni les autres
chez nous n'en avons rien entendu? C'est ce qui est cause,
que les gens du quartier ne sont pas venus à la
sans doute,
messe du matin. »
Quand le prêtre eut dit sa messe, il sortit de l'église avec le
Bon-Dieu, et tous les assistants sortirent à sa suite, mais beau
coup d'entre eux restèrent dans le cimetière, d'autres restèrent
le bourg ou prirent des chemins et des sentiers, à droite
dans
le prêtre arriva à la maison de Françoise
et à gauche, et quand
Le Dantec, il n'était pl us suivi que de Josèphe Kerandour et
de deux autres personnes, celles qui avaient été le prévenir
la croix de la mort. Et elle ne les connaissai t pas
et chercher
non plus, et elle pensait encore: « En vérité, je ne sais pas ce
que signifie tout ceci! Je ne connais pas encore les deux qui
ont été au bourg, prévenir le prêtre et chercher la croix; et
ils doivent être de mon quartier!. .. ))
pourtant
Tou t était prêt, dans la maison, pour recevoir le Bon-Dieu
et extrémiser la malade. Quand elle fut entrée, Josèphe jeta
un regard autour d'elle, et elle ne reconnut encore personne
de ceux qui étaient là, à l'exception de la malade. Elle s'age
celle qui allait trépasser. Pendant que
nouilla pour prier pour
le prêtre la confessait et l'extrémisait, quelques personnes
la maison. Une femme vint qui
continuaient d'entrer dans
s'agenouilla sur un coin de son tablier. Elle la regarda et re
bien Jeanne Le Lagadec, à qui elle avait tenu un en
connut
fant sur les fonts du baptême, et qui était morte, depuis trois
Quand elle vit cela, elle pensa: « Mon Dieu, où suis-je
ans.
Parmi les morts, je crois! Voici Jeanne Le Lagadec, qui
ici'?
est morte depuis trois ans!» ,
La malade mourut aussitôt qu'elle eut été confessée et extre
Le prêtre dit aux assistants qu'elle était morte en état
misée.
(1) Quartier, section.
a sonje en kement a defoa gwelet, hac a oa saouezet braz. Pa
em gavas el' gêr, na oa savet den c'hoaz, hac a lâras: .
« Petra, am~n na zavo ket ann dud, hirie? Setu me distro
qeuz ann offerenn veure, ha~ hec'h oc'h c'hoaz en ho
cueleou ! »
- Petra, a lâras ann ozac'h, hunvrean a rez-te? Re abred
ê c'hoaz evit mont d'ann ofIerenn veure.
- la re divezad eta, pa hec'h ê gwir he'ch on bet, ha
distro.
- Kement-ze na ale het bea gwir.
- Eo, gwir a-walc'h sur, hac evit preuvenn, a lârinn
el' beure-ma, Fant Ann Dantec, hac
d'ac'h hec'h ê marwet,
hec'h on bet betec he zi, gant ar bêlec hen eus covesêt ha
nouët anezhi. N'hoc'h eus clewet netra eta, pa na oa hinin
ac'hanoc'h oc'h assistan anezhi da ver'wel, hac hi unan euz
oc'h amezeienn ' dosta ?
- Penaoz Fant Ann Dantec a zo marw ?
- la, ha bennoz Doue war hic'h ine !
- Ma Doue! eme al' wreg, setu aze hac a zo marwet neuze
heb bea bet covesêt ha sacramantet !
- Oh ! n'eo ket, dre c'hraz Doue! a lâras Jobenn, rac me
a zo bet betec he zi, gant al' bêlec hen eus covesêt ha sacra
hac ez on bet saouezet na oa den eno euz he
mantet anezhi,
breuriès, hoc'h assistan anezhi da verwel.
- Piou a zo bet neuze 0 kerc'had ar bêlec hac al' groaz?
- Daou ha na anavezan ket anezhe, nac ive ar bêlec, eut'
bêlec diavaës.
- Ar pez a lâret aze, Jobenn, na dIe ket beza gwir, ha na
gredan ket a ve tremenet Fant Ann Dantec, pa na eus bet den
o tigemenn ac'hanomb.
- Tremenet eo, pa lâran d'ac'h, gwelet a refet, hab daIe,
ha Doué da bardono ann anaoun !
de grâce, puis, il s'en alla. Josèphe Kerandour, après avoir
prié pour celle qui venait de mourir, sortit aussi de la maison,
et, tout le long de la route, en s'en retournant à la maison,
elle songeait à ce qu'elle avait vu, et son étonnement était
grand. Quand elle se rétrouva à la maison, personne n'y était
encore levé, et elle dit: « Comment, ici on ne se lèvera
donc pas, aujourd'hui? Me voici de retour de la messe du
matin, et vous êtes encore dans vos lits? »
- Comment, dit le maître, tu rêves, sans doute? Il est
encore trop tôt pour aller à la messe du matin.
Oui trop tard, puisqu'il est vrai que j'y ai été et que je
suis de retour. .
Cela ne peut pas être vrai.
Si, c'est bien vrai, et à preuve je vous dirai que Fran-
çoise Le Dantec est décédée, ce matin, et que j'ai été jusqu'à
sa maison, avec le prêtre qui l'a confessée et extrémisée. Vous
n'en avez donc rien entendu, puisqu'aucun de vous ne l'assis
tait, au moment de la mort, bien que vous soyez ses plus
proches voisins?
- Comment, Françoise Le Dantec est morte '?
- Oui, et la bénédiction de Dieu soit sur son âme!
Mon Dieu! dit la ménagère, elle est donc morte sans
Confession et sans l'Extrême-Onction!
Oh! non, grâce à Dieu ! répondit Josèphe, car j'ai
accompagné jusqu'à sa maison le prêtre qui l'a confessée et
extrémisée, et j'ai été étonnée que personne de sa frairie ne
fùt là à l'assister, à l'heure de la mort.
- Alors, qui a été chercher le prêtre et la croix '?
- Deux personnes que je connais pas, ni le prêtre non
plus, un prêtre étranger.
- Ce que vous dites là, Josèphe, ne doit pas être vrai, et
je ne crois pas que Françoise Le Dantec soit morte, puisque
personne n'est venu nous en avertir.
-'-- Ped heur ê ive? sellet ann hoi·olach.
- Ann horolach-man a dIe bea arretet, a lâras jobenn,
goude bea se11et, rac na verq nemet ter heur.
Ann hor- olach a zo mad, ha na ê ket arretet, a làras ann
ozac'h ; kê d'as cueIe, ha pa vo dez, a welfomb petra ê kement
ze hol.
Mont a ra Jobenn d'he guele, saouezet braz ; mes a-boan a
oa d'ezhi bean êt ebars, ma em gay breur ann hi ni a oa tre
menet da skeï war ann nor : dao! dao!
- Pi ou a zo aze? a c'houlenn ann ozac'h, euz he vuele.
- Fanch Ann Dantec; digorrit d'inn.
en he guele, breur Fant a deu da
Setu, a sonjas Jobenn,
larêt ez ê manv he c'hoar; breman a credfont, marteze.
Digoret a oe ann nor, hac a teuas Fanch en ti, hac a Iâras :
- Me 'zo deut da lâret d'hec'h penaoz ma c'hoar Jannet a zo
tremenet, en noz-ma.
- Bet a zo eur bêlec 0 covès hac 0 sacraman ti anezhi '?
- Allas 1 den n'hen eus gwelet anezhi 0 verwel.
- Neuze eta 11a eo bet na coveset na sacramantet?
- N ann, siouas ! Doue d'hi fardono !
Eo 1 eo! a lâras Jobenn, 0 clewet kement-ze, euz he
guele; covesêt ha communiet a deus, rac me a oa eno, hac
em eus gwelet. Istrevidon a oa en ti, mès n'em eus anavezet
hinin anezhe, nemet Jannet Al Lagadec.
Petra a lâres-te? Jannet Al Lagadec, pehinin a zo marw,
tri bloaz zo !
- Na eus forz, ez oa enD assamblès ganen, pa lâran d'hec'h .
kement-ze a zo a beurz Doue.
- Annoncet a deus d'imb maro ho c'hoar, kent evidoc'h,
a lâras neuze al' vroeg, ha lâret na oa hini enD euz ann ame
zeienn ; rèd ê crecli anezhï, hac al' pez a zo c'hoarvezet a zo
a beurz Doue, evei ma lavar.
Person al' barrous a interrojas Jobenn Kerandour war ar
-. Elle est morte, je vous le dis; vous le verrez, sans
tarder, . et ,Dieu pardonne à son âme!
- Quelle heure est-il aussi'? regardez à l'horloge.
- Cette horloge doit être dérangée, dit Josèphe, après avoir
regardé, car elle ne marque que trois heures.
pas dérangée, dit le maître;
- L'horloge est bonne et n'est
va-t-en à ton lit, et, quand il fera jour, nous verrons ce que
signifie tout cela.
Josèphe va à son lit, tout étonnée; mais, à peine y était-
elle, que le frère de la morte se trouve à venir trapper à la
porte : dao ! dao ! .
- Qui est là ? demande ]e maître, de son lit.
François Le Dantec; ouvrez-moi.
Voici, pensa Josèphe dans son lit, le frère de Françoise
qui vient annoncer ]a mort de sa sœur; à présent, ils croi
ront, peut-être.
On ouvrit la porte, et François entra et dit: Je viens
vous annoncer que ma sœur Jeanne est trépassée, cette nuit.
- Un prêtre l'a-t-il confessée et extrémisée '?
-,-- Hélas ! personne ne l'a vue mourir!
Si ! si ! dit Josèphe, en entendant cela, de son lit; elle
s'est confessée et elle a comm unié, car j'étais là et j'ai vu. Il
Y avait d'autres que moi dans la maison, mais je n'ai reconnu
que Jeannette Le Lagadac.
Que dis-tu? Jeannette Le Lagadec, qui est morte depuis
trois ans!
elle était là en même temps que moi, ' je
- N'importe !
vous l'affirme; tout cela est de par Dieu. .
_. Elle nous a annoncé la mort de votre sœur, avant vous,
dit la ménagère, et elle nous a dit qu'aucun de ses voisins
n'était là; il faut la croire, et çe qui est arrivé est de par
Dieu, comme elle le dit.
Le curé d.e la paroisse interrogea Josèphe Kérandour sur
pez a defoa gwelet; mès na voar ket hirroc'h eget al' re-aIl
war ann traou-ze.
Evel-so, pa deu unan bennac da verwel, pe a vô pe na vô
bet eur bêlec hen assistan, en he heur diveza, na lâret ket a
vô marwet heb bea bet covesêt ha sacramantet. Doue, heb
ken, hen goal'.
Contet gant Fanch Thépaut, bat'aër, euz a barrous Botshorel ;
Guenveur 1890.
Dastumet ha troët en Gallec gant F.-M. Ann UC'HEL.
ce qu'elle avait vu; mais, il n'en sait pas plus long que les
autres sur' ces choses-là,
Ainsi, quand quelqu'un vient à trépasser, qu'il ait été ou
non assisté d'un prêtre, à ses derniers moments, ne dites pas
qu'il est mort sans Confession ni Extrême-Onction, Dieu seul
le sait (1 ).
Conté par François Thépaut, boulanget', de la paroisse de Botshorel ;
janvier
Recueilli et traduit par F.-M. LUZEL •
_o . r'.ïIiI't?!e:; . . ....
(1) Cf. Une autre version, publiée dans les Légendes Chrétiennes de ta
Basse ·1Jl'etag ne, t. II, p. 350; chez Maisonneuve, Paris.