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Bulletin SAF 1892


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Documents inédits. Sauvergarde du sieur de Kergoumar au sieur de Kerauffret. 1591. Mémoire des excès commis à Kerauffret (Maël-Pestivien) 1596-97

M. Luzel

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes


DOCUMENTS INEDITS ,

Le chanoine Moreau, en parlant des pillages, ravages et
exactions de toute sorte exercés par le comte de la Magnane
entre Châteaulin,
et ses soudarts, dans les communes situées

et Quimper, s'exprime ainsi:
Douarnenez
« Ils ne laissaient après eux que ce qui était trop chaud et
ù trop lourd. Il fit un très grand butin, car, 'par la longue
« paix qu'avait eue cette contrée, les paysans étaient riches
« en meubles. Il y avait peu de familles où il n'y eût force
« hanaps d'argent: cela veut dire des tasses, qui étaient
« grandes et larges, dont plusieurs étaient dorées; il Y en
« avait de trois à quatre marcs. En peu d'heures; le comte
« et ses gens en l'aIDèrent un nombre innombrable et de très
« grande valeur, avec une infinité d'autres mèubles assez
« riqhes, comme des habits et semblables. Mais surtout il
« désarma la populace, qui était assez bien fournie tant
' « d'arme~ .. à feu que de longs bois» (1). ,
Le document inédit qui suit vient à l'appui de cette asser­
tion de l'auteur de l'histoire de la Ligue en Bretagne, prin­
cipalement en Cornouaille, en nous faisant connaître le
mobilier considérable (en bétail surtout) d'un gentil­
la commune de Maël-Pestivien,
homme campagnard de
canton de Callac, dans les Côtes-du-Nord. '
à rapprocher d'un autre semblable, publié
Ce document est
par la Revue de Bretagne et de Vendée, en mai 1860, p. 401,
et qui nous donne l'inventaire du très riche mobilier du
manoir de Mézarnou, en Plounéventer, pillé, en 1594, par la

(t) Hlsloire de ce qîti s'est passé en Bretagne pendant les guerres de
la Ligue, 1 re édition, 1836, " p. 152 .

capitaine Yves de Liscoët, sieur du Bois ' de la Roche, en
la commun~ de Coadout, près Guingamp. .
Je crois .ut~l~ de donner d'abord la gé.néalogie de la
famille Huon, dressée par M. Hervé du Penhoàt, ancien
directeur de l'enregistrement et des domaines sUl"des docu ..
ments qui existent aux archives du département .
. Généalogie de la famille Huon .

Huon, sr de Lanonver et de Bourgerel, paroisse de Plou-
gonver. .
Réformation et montres de 1427 à 1481; paroisses de
Plougonver et Bourbriac, évêché de Tréguier .
D'argent à deux fasces d'azur. Aliàs: d'argent à trois
bandes ondées d'azur (sceau 1418). Aliàs : trois coquilles
accompagnées d'un croissant, à la bordure engreslée (sceau

Prigent reçoit une montre à ·Bourges en 1418.
La branche de Bourgerel fondue, vers 1300, dans Léon . .

Huon (ramage d'Huon de Lanonver), sr de Kerflech, de
Kergadou, paroisse de Calanhel; de Kerdavy, de Kerauffret,
paroisse de Maël-Pestivien; de Lezénec, de Keramédan, de
Rosgourel et de Kersanton, paroisse de Plounévez-Lochrist;
de Kerguz, de Kermarquer, du Plessix, de Keraudy, de
Kerusval, de Kermabusson, paroisse de Plestin.
Ancienne extraction. Réformation 1669, huit généra-
. tions. Réformations et montres de 1427 à 1562, paroisses
de Plougonver et Bourbriac, évêché de Tréguier; Maël-
Pestivien et Calanhel, évêché de Cornouaille.
D'argent à trois chevrons de gueules, une fasce d'azur
brochante (sceau 1415).

Branche de KerauJfret.
Morice Huon, sr de Lanonver, prête serment au duc entre
les nobles de Tréguier, en 1437.
Enfant: Olivier qui suit.

Olivier Huon, sr de Lanonver, époux de Jeanne de Coat­
goureden, vivait en 1481.
Enfants: 1° Jean Huon; 2° Alain Huon, cadet: qui suit.

III.
Alain Huon, sr de Kergadou, époux d'Anne de Keranflech.
Enfants: 1° Henry Huon, qui suit. .
2° Pierre Huon, époux de Catherine de la Boixière et
auteur de la branche de Kermédan.

Henry Huon, sr de Kergadou, époux de Jeanne Le Dar .
Enfant: Louis Huon qui suit.

LouisHuon, sr de Kergadou, époux d'Isabeau de Coat­
goureden, dame de Kerauffret, paroisse de Maël-Pestivien.
Enfants: 1° Jean Huon, sr de Kerauffret, décédé sans
hoirs, laissant pour héritier François Huon, son frère juvei­
gneur (1).
2° François Huon qui suit.

François Huon, sr de Kerauffret-Maël, époux de Bertranne
Le Veyer.
Enfant: Amaury Huon qui suit.
(1) Le 4 may 15Gf.l, Louis Huon donne partage noble et . avantageux à
Alain, François et Guyon Huon, enfants de Pierre Huon et de Catherine
de la Boixière. . . .

VII.

Amaury Huon, sr de Kerauffret~ époux
de Catherine
Trolong.
Enfant: Jeanne Huon, fille unique qui suit:

VIII.
Jeanne Huon, dame de Kerauffret, épouse
de Claude de
Rosmar, sr de K.erdaniel, était veuve

D"après P. de Courcy, la branche de Kergadou s'est
fondue, en 1605, dans du Parc. (Nobiliaire de Bretagne,

3 édition, tome II, p. 40.) .
Cette note paraît en contradiction avec la généalogie ci-
dessus, insérée dans l'arrêt de nobless'e du 7 aoust 1669.

La branche de Kermabusson fondue dans Le Gualez, en

Saàvegarde acc(jrdé.e par le seigneur de Kergournar au
sieur de Kerauffret et à ses frères, du 24 juillet 1591.

Le seigneur de Kergoumar, chevalier de l'Ordre du Roy,
sa chambre, capitaine de cinquante
gentilhomme ordinaire de
pour Sa Majesté en ",
lances de ses ordunnances, gouverneur
la ville de Guingamp et évesché de Tréguer. .
i Prions tous capitaines, lieutenans, , chefs et conducteurs
de gens de guerre soubz le service du Roy, laisser passer et
librement par les lieux 'de leur commf!.ndement le
séjourner
sr de Keroffret-Mel, accompagné de ses frères, lequel nous
pour semploy'er à notre suitte au service de
vient trouver
Sa Majesté, sans permettre lui estre falct ny donné aulcun
empeschement ou ennuy en leurs personnes ou esquipaige,
ainsi lassister de vostre faveur et auctoritté où ils auront
besoing, et préserver leurs maisons et biens de tout ravaige

de gens de guerre, et nous en re:vencberons en pareil cas.
- En tesI!l0ing de ce nostre seing, et y avons raict apo~er
le cachet de noz armes. Donné à Guingamp, le vingt et
quatriesme jou~' de juillet lan mil cinq cens quatre vingtz et
unze.
• KERGOUMAR •
'. . (Cachr,t.)
(Or'tginal.J •

Mémoire des excès commis à Kerauifret, en Maël-Pestivien,
par les' gens de guerre, pendant les guerres civiles, 1596-

A Messeig.neurs du Parlement,

'Supplye humblement Jan Huon, escuyer, sieur de Kerauf-
fret, disant que le troisiesme de may, moys et et an présants,
au point du jour, arriva audavant dù lieu' de Kerauffret, sa
demeure, ungne compagnye de gens dé guèrre de la garni­
son de Corlay, lesquelz, après avoir rompu les portes de la

court dudit lieu, le suppliant et ung sein frère de ce advertiz
sortent hors de la maison, demandent auxditz gens de guerre
( ce) qu'ils voulloyent, lesquelz gens de gue'rre respondirent

que le sieur de la M'ouche, capitaine dudit Corlay, les y avait

envoyés et donné charge d'entrer dans ladict :(Ilaison pour qué-

rii, le bestiail du supplyant, pour ce faire .payer de certaine
som'me de deniers leur deubz par les paroissiens de la parouesse
de Maël, pour les fortificatio.ns dudict chateau de Corlay, en
laquelle parouesse est sittué ledict lieu de Kerauffret, et
combien que le supplyant leur remonstrat sa qualité de noble;.
son comportement au service du Roy et que son bien ne

debvait estre pris pour les debtes de ladicte parouesse,
d'ailleurs que, suivant la tresve, ils ne pouvoient aller par
pays pour lever deniers pour les fortifications, et désirant
empeséher leur entreprinse, leur montra la sauvegarde des
sieurs de Saint-Luc et de Sourdeac, par lesquelz estoit def-
aux gens de gùerre du party du Roy ' d'aller loger,
fendu

fourra.iger ny prendre auéhu'ne chose auX: maisons et métai­
(1) du supplyant, aussy les articles de la tresve et' conti­
ries
que lesdictz soldats prindrent et deschirèrent,
nuation d'icelle,
ce que ayant faict. commencèrent à jurer et blasphesmer le
nom de Dieu, pQ.r mots exécrables, ,et continuant leur des-
seig , rompirent l~s portes et fenestres de ladicte maison,
en laquelle ils entrèrent de forcze, fouillèrent en icelle de
et emportèrent tout ce qu ~ilz peu­
touttes partz, preindrent
rent trouver qè bIens meubles de touttes especzes apparte­
nants au supply~nt. Non contans, font prendre trente-neuf
scavoir: quatorze bœufs et dix-sept vaches, ,quatre
bestes,
toreaux, trois génisses et un poullain de deux ans, qu'ils
par la mesme forcze et viollance, à la valleur de
emmenèrent
plus de trois cents escus, et ~n biens meubles de ladicte
maisoc de plus de Cinq cents escus. Et.faisantz ceste vollerye"
partye d'iceulz tirèrent plusieurs coups d'arquebuzes sur le
, supplyant et ses domestiques et leur firent plusieurs autres
oultraiges et les contrayghirent de s' enfuyr hors de ladicte

maison, et continuantz leur maliCe et meschanceté, 'lesdictz
'soldatz allèrent ' âli moullin d'icelle, les portes duquel ilz
pé\reillement et y ayant entré, battent et excèdent
rompirent
le moulinier, ra'mpent son , coffre, prindrent tout ce qu'il
y est.oient,
avoit de meubles, mesme les bleds et farines qui
rompent et brisent les ustancilles dudict mouIlin. ,

Sy vous rernonst.re le supplyant que la coustume ordinaire
des soldatz deladicte garnizon entre aut.res est. de piller et
ravaiger le peuple continuellement, prenantz leurs biens ,
meubles et alltres commodités, ne leur laissant aucune chose
pour se nourrir, 'substanter eulx et leur famille, font des

levées de deniers pour payement des quelles amènent les
bœufs, vaches, de 'sur le pays ,audict Corlay, les ranczonnant

, (1)' Je n'ai pas trouvé cette
sauvegarde, mais seulement celle de Ker-

goumar.

tant qu'ilz leur sentent aucun denier, et quand ilz voyent
qu'ilz n'ont plus. de moyen de racquicter leur bétail, lesdictz
gens' de guerre les vendent à des marchands normands; .
faire payer de peu de deniers, voire pour
aussy que pour ce
quinze escuz de principal, ils emportent pour leurs courses
la vaIleur de plus de trois centz escuz~ de tout quoy ilz ne
baillent quidance lie rescription. Bref, tous les jours lesdictz
soldatz. ne font que voIler ' le peuple d'aUentoUl' . de Iadicte
garnizon, et néa'llltmoinz le pauvre peuple n'est en rien des-
chargé du payement des fouaiges, tailles et aultres leyées de
tant ord'ihaires que extraordinaires :; et sy par la
deniers,
court n'e'st pas pourveu' sur tell~s , exactions, 1 peuple sera
conlrainct de tout quicte.r 'et abandonner'.
Ce considéré, qu'il vous pl~ise, Nosseigne.urs, attendu ce
que dessus, qui est 'enthièrement enfraitrdre et violler la
tresve, ordonner qu'il sera informé d'office du contenu en la
par le premier de messieurs le.s conseillers
présante requeste,
trouvés sur les lieux., juges royaulx et de seigneur hault jus-
ticier recquis pour les informations faictes ra'pportés vers' la
par icelle ordonné les promotions de justice en .
court, estre
tel cas accoutumé, et pour avoir plus ample preuve, per­
mettre au supplyant d'obtenir de faire fulminer, monitoires,
et pour faire les explectz requis, commettre les sergents
royaulx et ceux. de seigneùr de haultjusticier, et ferez bien .
Aist le suppliant commlssiOIl aux fins de sa requeste.

Faict en Parlement le XV" may 1596.

Pour faire voir au Conseil ce qui ensuict scavoir est:
Que le vandredi vingt et sixiesme de juillet, l'an mil cinq
ceutz quatre vingtz saize, environ le trois heures après
midy, arriva ung compaignie de jantz de guerre de la ville

de Rostrenen, de la compaignie, de Monsieur de Vaurille,

mestre de camp soubz l'aultoritté de Monsieur de Mercure,

à la maison de Kerauffret, en la parOisse de Maël, jantz à
ié et il cheval, environ trante cinq, le sergent de la Cosarde
leur caporal,
Lesqueulx, pour y' entrer, rompirent les portes dudict
lieu de Kerauffret et lors entrèrént"par forcze et en armes et
firent quitter Jedict sr . de la maison et ses domesticques,
comme espérant estre et demeurer paisible en la maison,
eri la (abveur inviolable - des édits de la tresve, et y
jusqùes au lendemain, jour de samedy
estantz, séjournèrent
vinO't e't septiesme·dudièt mois, et à leur partir, environ le

dix heures dùdict jour, menél'ènt 0 (avec) eulx quarante -
quatre bestes à' corne, qui trouvèrent en leurs estables, et
jeunes chevaulx, avecque la 'charette plein de meubles
delllx
et vivres àyant grant valleur et estimation, usant de tmItes
voies et actes d'ostilitté.
Ledict jour de samedy; vingt-septiesme dl~dict mois; en­
viron sur la vesprée, et le lendemain, jour de dimanche 28

furent lesdictz bestial meubles, charette et vivres requis et

demandés audict sr Vaurille par Monsieur de Kerlédan, Jean
et Louis Meurou, de quoy il en fit reffus, disant qu'il
Merrien
les eut faict vandre au boult de halle pour le debu (dette) de
à ladicte paroisse de luy payer deux cents
la paroisse, faulte
pour tailles et deniers quy (qu'il) leur demandoit,
seize livres,

suivant certain mandat que delivra audict Merrien et Meurou
rendre en la paroisse, signé Jan Le Nevez. ,
pour
Le mardy ensuivant 30° 'dudict mois, ledict sr de Kerauffret
alla exprès en personne trouver ledict sr Vaurille, en son
et y estant, luy
logeitz (logis), en ladicte ville de Rostrenen,
remonstra la défaicte ,et insolancze commise en ladicte
maison de Kerauffret 'par son sergent de la Cosarde, le
cadet de la Vigne et plusieurs aultres de ses soudartz, Iuy
demandant son· bestial, meubles, ' charette et partie des '
vivres, Ledict sr Vaurille ·lui dict et respont qu'il eut faiet

-vandre en sà présance, pour luy faire despit, tout son bestial,
et biens meubles, pour payer ses soudartz de leur
charettes
course, faulte à luy de forcer ses paroissiens de Maël à luy
payer deux centz seize livres pour' principal et course luy
debu, et pour ledict principal que il fut destenu prisonnier.
Et l'aresta en ung chambre en son logeitz, luy-mesme le
tenant par le 'bras.
Environ l'heure de 'midy dudict j~ r furent lesdictz
à boult de' halle et illecques exposés en vante
bestial menés
par iceluy Le ,Névez, se'rgent,)edict sr 'de Kerauffret mené '

sur le lieu par ledict sr VaiIrille cappitaiIie, qui en parle bon

voulvoir du Nevou, Fleureàu, la Cosarde et plusieurs aultres
prétan­
estans présantz. Contre laquelle vante quy (qu'ils)
doient faire desditz bestial s'opposa ledict sr de Kerauffret,
disant à haulte voix, en plein marché, ledict bestial luy
en s,a possession e,t en son
appartenir, ayant esté prins
logeih, audict lieu dè Kerauffret,' sans rien devoir, criant à
foreze sur ledict sr VauHlle et sur ledict Le Nevez, appel..;.
lant à ihémoigntz plusieurs de 'sà connaissance estans
et toutz ceulz du marché qliy le pouvoi~nt voir et
présantz
ouïr, demandant acte ' et procès-verbal de son opposition
dudictNévez,' sergent, en cas 'qu'il eut passé oultre. Le
sr Vaurille, ce voyant, fit commandement â Floureau, la
Cosarde et aultres y estansprésants de prendre le corps
dudict sr de Kerauffret et de le constituer prisonnier au
corps~de-garde, ce qui fust faict par ledict Fleureau, lequel
espée et le fouilla, estant dans ledict corps-de-
luy osta son
garde. Puis après fut tiré du ,corps-de-garde et mené davant'

ledict Vaurille, ,lequel luy bail~a . son ' emprisonnement de
recheff, à son logeitz, et luy fist jurer l'arrest luy com­
sortir hors de son logeitz, sur peine de sa
mandant de ne
vie. Ayant ledict Vaurille l'espée à la main, manaczant
ledict sr de KeraufTret, luy disant que par la mort Dieu que

bientôt il luy eust payé son bestial, d'un coup d'espée. Et

ains fut. reieüu et arresté prisonnier ,tout au iong dutlct
jOUl', '
lendemain, mercredi ·· 31 dudict mois, fut baillé son
congé audit sr de .Kerauffret; pour s'en aller avecques ung
procés-verbal de partie de son bestial, si~né de Jullien Le
Névez, avecques note au bas de son opposition aussi signé
dudict Le Névez, luy disant qu'il eust à chercher son recours

sur la parOIsse, . ., . '
Ledict sr de Kerauffl'et voyant pour tout-es prières et sup-
plications présentées audict sr Vaurille .ne pouvoir avoir
auchun . bon justicze de Illy, pour le recouvrement de son
bien., s'avisa d'anvoyerpoUl~ présanter requeste ce touchant
à Monsieur de Mercure, lequel seigneul' le désavoa et permict
que information eust esté faicte par juges de la partie de
l'union, ..
Ledict sr. de Vaurille adverty de ce par quelque bruict quy
courut, tout incontinant, pour se vanger de ce, faict loger
ungn compagnie de ses jaritz au village de Crec'hanbleiz,
en la paroisse de Maël, le lundi 19 au.gst 1596.
lendemain, jour de' mardy 20 dudict mois, environ
l'heure de neuff heures. du matin, arriva sept ou houict '
soudartz de ladicte compaignie audict lieu de Keraufl'l'et et,'
sans demander ouverture, frappèrent la porte d'ungn grand·
piecze de boys et la rompirent et jettèrent davant eulx
dedans, et y estant entrés, fut contraint ledict sr de Ke- .
à leur ouvrir tous les portes de son logeitz, couffres,
rauffret
armoires et chambres, ayant les armes à feu à le contraindre.,
luy disant que cestoit voii' le logeitz et comodités qu'y" (qu'ls)
faisoient pour loger leur capitaine nomé du Nevou, serg'ent-
major dudict Vaurille, .'
Le 21 e, jour de mercredy, environ sdureil couchant, arriva

ungn grande troupe de recheff audict lieu de Kerauffret,

envifon quatre vingtz quinze, tant à cheval que à pié, entrant
par trois endroictz, audict lieu, rompant les fossés d~ se~

chanctz (champs) et près, pour faire leur chemintz, où ,estoit
en partie ses bledz, lesqueulz firent pareille eontrainte audiet
Ss de Kerauffret que avoient faiet ceulx qui avoient esté le
jour préeédent. Tout ineontinant la nuiet venue, eommen­
lediet · sr et son frère y estans,
eèrent et voulurent offaneer
d'ungn infinité de choses
faulte 'de pouvoir les aeeommoder
qui leur demandoient, et soubz ombre de eereher lesdietes

eommodités, fouillèrent par tout la maison, inenaezant,
disant qu'il estoit nuict et quilz estoient de la eompaignie
des compaignons, que MI' Vaurille estoit loing d'eulz et que
ils estoient sans capitaine ne homme qui les eussent com-.
mandé, n'estant aultre que eulx-mesmes.
Au jeudy 22 arriva aussy audict lieu de Kerauffret, de
bon mattin, le sergent-major nommé capitaine du Neveou,
avecques encore gr~nd nombre de soudartz, tant à.cheval
que à pié, environ six vingtz, ayant aussi en leur corripaignie
des laboureurs de terre qui avoient des fausilles et couples

(fléaux) pour couper et battre les bledz dudict sr de.Kerauffret
hommes, en ses metteries, lesquëlx tout
et les bledz de ses
~ncontinant furent mis à ce faire: s'ans avoir nulle esgard.
Environ nuiet clovante dlldict jour, se trouvaungn aultre
compaignie despaineux (d'Espagnols), le sergent de la
Cosarde 'caporal, environ quarante-cinq, à cheval et à pié,
tout ensemblement amassés occupent tout le
lesqueulx
logeitz, fors ungne ' chambre fermée à clef, en laquelle ilz
t(ntrèrent par la' couverture de la maison quy (qu'ilz) démo­
lirent et par .. la fenestre quy rompirent et brissèrent, de
chambre prendèrent et menèrent 0 eulx entre aultres
laquelle
choses ungnaccoustrement noir pour deul appa~tenant
audict sr de Kerauffret • •

, Le vendredi 23 , eri.viron nuict clovante, se trouva aussy
de recheff avecques les aultres audict lieu de Kerauffret le
de MO'nsieur Vaurille, nommé Bon-Voulvoir,
lieutenant
avecques ungn aultre compaignie de jantz à cheval et à· pié,

en"viron trente-cinq, lesque~lx Bon-V ûtilvoir, du ·Neveou et
de la Cosarde, après avoit' communiqué ensemble de 'lem~s
affaires, firent appeler ledict sr de Kerauffret en leur consei.l,
et y 'estant arrivé, ledictcapit:aine de Neveau,luy dict qu'il
'de les arretter tous là et que il ne tenoist .que
estoit ' cause
en luy . que il nesloit· prest pour s'en aller le lendemain,
. disant que· M. Vaurille les avoit mandé que il avoit du moyen
; à le payer et quy (qü'il) pouvoit p:ar ci-après à son aise
desur la paroisse, auItrement et fauIte de ce faire, ilz
retirer
fussent demeurez là pOUl· 'fa~re son augst (m.oisson) et pour
. couper ses bletz et les bletz .de ses méteïers et le battre pour
·le mener à Rostrener van~re, afin de payer le sr Vaq.rille de
prétandu debu de sur la poroisse. Quoyvoyant ledict
son .
sr Kerauffret, incontinant s'absente d'eutx en quittant tout.

Et fut ainsin privé de &on logeitz , et moyen jusques au llC
jour de septembre prochain ensuyvant; auquel jour ilz par­
tirent avecques un charrette plein de vivres, seigle, froment
'et biens meubles, lesqueul;x biens et bledz achettadeulx, en
chemin par un nommé Yvon Tasset, du Kervillien, à laquelle
villai ge luy rendirent lesdictz bledz et biens, après estre à
ung (d'accord) du prix,' et furent payés contant par ledict

Tasse.t, comme faisait ordinairement ledict Tasset.
Ledict Tasset fut bien sO\lvent avecques eulx audict Kerauf-
pour achetter des meubles, soubz ombre d'aider la
fret
paroisse d'accorder avecques le capitaine du Neuveou, les-
queulx paroissiens ne l'avoient aucunement appelë ne
demandé sur leur accord, par ce que en tous leurs affaires il
leur estoit contrère et adversère.
Aussy entre auItres choses trouva ledict Tasset moyen de
enlever certain pacquet de lettres de ladicte maison de
il a du depuis usurpé
Kerauffret, en vertu de partie desqueulx
la position (possession) de certains héritaiges appartenantz

en fonds et proprietté ~udict Sr de Kerauffret.
Maintenant t'auIt entendre que durant ledict temps de

qUlnczaihe; scavoir du 20 ;augst jusque~ " au: 4 septemhl'e
1596, - que lesdictes compagnies de janti.· dé .' guerre de la
troupe, comme dict est, dudict Sr Vaurille 9nt esté aùdict
lieu de Kerauffret, que ilz ont faiet ungn ' grant dégast et
et ruisne audict lieu, moullin et mesteries -d~pendantz dudict
lieu. Ainsin est d'avoir spolié ledict Sr de K~r~uffret, luy et

tous les'jantz de son logeitz de tout moye~ po~r vivre, néan­
meubles et vivres; dès
moins avoir ; mené tout son bestail,

auparavant.

Puis après, d'àvoir rompu et brisé les couvertures et vitres
de son logeitz, bruslé grand nombre de bois; mesme les .
roux
pieczes meubles de la maison, trois chermes, trois
(roues) de charrette, trois moël (moyeux?) et vingt carnet (?),
trois douczaines de planches de cherme, de èlix piés de long,
quatre douczaines de planches de fou (hêtre), ' deux chartilz
de charrette rompus et bruslez et cinq douczaines de soli vaux
neufs. Aussy incontinant leur arrivée audictlieu de Kerauf­
fret, commencèl'ent abattre un mullon de paill avoine estant
à la grange, et bien environ quincze charettées, pour bailler
à leurs chevaulx et cavalles. Aussy mangèrent et gastèrent
avecques leurs dictz chevaulx vingt-cinq charretées de fouen
estang en ung pré auprès de la maison, fau'ché, raict et tout
sec, en ses grantz mullons, etc ...

Le 13 octobre 159,6, ledict Vaurille envoya de recheff ungn
compagnie d'Espaineul (d'Espagnols) courir la paroisse et
logèrent ungn nuict audict lieu de-Kerauffrct, bruslant et
fouillant comme davant.
Le 14 lundi, se loga dè recheff cappitaine du Neuveu,
Fleureau, son .frère, ~e cadet de là Vigne et aultres, tant à
~cheval que à pié et séjournèrent jU$ques au samedi 19.

Le mardi 23 octobre, environ ungn heure du matin, le
jeune Vaurille,·le cadet de la Vigne et aultres, tant à pié que
à cheval, à grand nombre: rompirent les _ portes de Kerauf-

j'l'et et y logèrent et firent ~.1I1gn grand dégat aux boisaiges
et bleclz et foulèrent la maison.
Le lendemain 1 jour de mercredy 24 à leur partir, meuê-

o euh entre aultres choses ungn gl'and coigné, ungn escoou,
uno'n tranche et ungn palle.
Le 11 c novembre 1596, jour et feste Saint Martin, envi l'on
nuict clovante, ledict cadet de la Vigne et aultres , à cheval
et à pié, couchèl'elü .ungn nuict à Kerauffret.
Le vendredy au soir, environ l'heure de minuict, 6 dé­
cembre 1596, voIleries faictz à Kerauffret, pal' Philippe de
la Lande, soudart soubz le capitaine Lestang, tenant garni­
son à Callac, et .Tanguy, lesqueulx entrèL'ent audict lieu de
Kerauft'ret par les murailles, rompirent la fenestre de la
cuisine et foulirent la maison et logirent le reste de la
Iluiet.
Le vendredy 27 à Saint-Giltas, fur2ut les soudal'tz de
Vaurille pour devoir prandre ledict S,· de Kerauffret, lequel
fut couru par les parcs (champs) jusques à la nuict.
Le mercredy des Cendres, H) feb\Tier 1607, fut P-l1eore
t'millé la maison de KerauITI'et par les soudartz de Vaueille,
qui logea à Kergrist.
Le dimanche au soit" environ l'heure ùe minuict 16 feo-:­
vrier 1697, les soudartz du capi taille Lestang, scavoir:
ledict de Lalande, Tanguy et autres, rompireut la porte
d'anhault et toutes les portes du log eitz et i'oulirent toute la

malson.
Ravaigement faict à Kerauffret par l'armée de 'Monsieur
de Saint-Luc et larmnne (? l'armée ?) de L éon, le jeudy
benect (Jeudy Saint) 3 avril 16H7 , à leur retour du combat
quy fut à Quintin entreulx et le conte de la ?\10iennc (la
:\'laygnane.) .
VoIleries à Kel'auITret, le lundy au soir 20 janvier 1607,
par les cappilaines de la Croye~ nommé Bourg'ois de Lan­
tréger, Hené de Kerénol', sI' de la Villeneuve, Jan Thou
J3ULLETIN ARCIH~OL. !JO PrNISTimE. . TOME XIX. ( ~Iémoires). 10 .

Kel'anbazlanen, en Lanriven, appelé Villeblanche, et son
fl'èl'e, lesqueulx entl'èl'ent ledict jour de lundy, sur la Ves,:
prée et y couchèrent et séjournèrent jusques au mardy, en­
viron les dix heures, firent six feu en six cheminé et brus­
lirent forcze boesaiges, des pièces de meubles, foulirent
partout le logeitz et menère.nt 0 eulx forces lingeries et cou­
vertures de lict, oultre avoir mangé par leurs chevaulx force
lJledz ; menèrent aussy 0 euh froment, bled-noir et avoine
et tout la provision et un grand pourceau' gra, valant 15
livres. .
à Kerauffret faict le vcudredy matill jour de
Volleries
15 d'augst 1607, par Lafleur,
l'Assomption de Notre-Dame,
ChOlll'in, bom'gois de Guing'amp, lieutenant soubz Kermor­
van à Coetgaudu, Guéuément, sI' de Penlan, Allain Connan ,
Kermargaign, du treff Louch, lesquenh après avoir fouillé
la maison et mené 0 euh de meubles à l'estimation de cent
escus, à.leur parLir, menèrent aussi 0 euh uugn vache, un
toureau et trois geniczes.
Le vendredv 20 novembre 1507, fut mes beurs soubz la
chenue (ferme ?) de Crec'hsalioLL des tachés de leur harnoys,
Guillaume Le Poupon et Louis Le Bartz battu et voullu dé­
par Fuloc1t, soudart, appelé Kerbourou , Yves de
pouiller,
Coëtgourden, sI' de Kel'natehan , le cadet Kerous, Monplesir,
et autres.
Lè vendredy jou!' et reste ùe Saint AuJren, 30 et dernier .
ùe novembre 1597, euvit'on nuict clovC1.nte, entra audict lieu
de Keraul'fret les soudal'tr, de MI' de Coëtinisan, de Morlaix,
et fouillèt'elJt tout la maison.
jour des Innoceuts , 28° de novembre 1597,
Le dimenche
la maison de Kerauffret, par les
de bon matin, fut fouillé
soudartz du capitaine de la H.ivière, qui tenoit garnison à
: Quillebeuff, de Lanlman. ct aultres, et les
Callac, scavoit'
Cozcastel.
soudartz de