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XVII.
DOCUMENTS INEDITS
SAUVEGARDE DU DUC : FRANÇOIS II
Contre les oatrages faits aux religieux Cordeliers de
QUlInper, en 1469, et ajournement sur trois OU quatre
personnes, ubtenu en la Cour, le XXVld jour de sep
tembre 1469.
NotJ'e Vice-Président M. Trévédy, dans les numéros de juin
et de juillet de notre Btûletin, a prouvé, avec sa science et sa
clarté ol'dinaires, que le couvellt des Cordeliers de Quimper,
dont quelques atiteul's, entr'autres M. Le Men, attribuent la
fondation à un baron de Pont, a été réellement fondé, de 1232 à
1237, par l'évêque Raynaud (Renaldus), le même qui a aussi
entrepris la première construction de l'église actuelle de Saint
Corentin, ou cathédrale de l'évêché de COI'nouai1le .
Les archives de ce couvent, qui fut le premier établissement de .
ordre en Bretagne, sont malheureusement perdues, sauf une
cet
soixantaine de titres, et non des plus importants, que nous
devons à la libéralité de M. René de Kerallain, qui en était
possesseur, par' héritage de fillnille, et que l'on peut consulter
aujoul'd'hui aux Archives du département. De là l'impossibilité
d'ècrire, avec des informations suffisantes et bien authentiques,
l'histoire des frères mineurs de notre ville.
Pal'mi les documents éehappés au naufrage, se trouve la
curieuse pièce que nous repr'oduisons ici, et dont nous devons
aussi la communication à M. de Kerallain, qui en a gardé l'ori
ginal par devers lui, mais nous a permi d'en prendl'e une copie.
On y verra, entr'autres choses, que les moines de Saint-François
n'eur'ent pas toujours à se louer (et d'autres pièces encore en
font foi), des sentiments et des procédés des habitants de Quimper
à leur égard. Mais ce qui doit étonnel' le plus, peut-être, c'est de
voir presque toute la noblesse du pays participer (sans doute
après boire), aux violences sauvages dont leur maison et leurs
personnes furent l'objet, en l'année 1469.
F ,-M. L .
François, par la grâce de Dieu duc de Bretaigne, comte de
Montfort, de Richemont, d'Estampes et de Vertus, à nos
seegens, généraulx et particuliers et checun sur ce premier
requis salut. De la part de notre bien-aimé et féal maître
Nicolas Kermeno, notre procureur général, nous a esté
exposé combien que nos religieux et orateurs les frères
mineurs du couvent de Saint-François de nostre ville de
Kempercorentin, l'église, maisons, jardins et appartenances
de leurdict couvent avecques leurs autres droits, franchises,
privilèges, prérogatives, saesines, pocessions et biens
queulxconques soient en notre protection et espéciale sauve
garde publiée et faicte à scavoir deüement, tellement que
nuls ne peut ou doyt cause de ygnorance prétandre et que à
nuls ne fut permis ne licite en nostre païs, de quelque puis
sance et auctorïté qu'il soit, se insurger, faire ne user de
port d'armes sans nostre congié, ès paines et pugnicions q ne
en tel cas appartiennent, et ce néantmoins, nos subjects
maistf'e Allain de Hosmadeuc, maistre Jehan Le Baillirf:
maistre Jehan Garlot, maistre Henry Phyly, Guillaume
Hillary, Bertram, SI' de Lanros, 'l'uguai Le Cozker, dom
Thibaud Hobert, Henry de Tyvarlen, dom Allain Tallegars,
Pierre, serviteur dudit de Lanros et ung Escozais, auxy
serviteur dudit de Lam'os, maistre Allain de Penquelenneue,
dom Jean Lamarre, Hio de Treanna, maistre Jehan Le
Saux, maistre Jehan Le Cozic, dom Hervé Le Taurin, dom
Guyon Le Houx, dom Allain Sallaün, y danart, Pelletier,
Jehan Bigot, Jehan Le Guennadou ]e jeune, et plusieurs
autres en grant nombre et incognus aux dits religieux, firent
comotion, monopole et asamblée en nostre dite ville, le mer
credi vigille de Saint-Bartholemer, au mois d'Aougst derrain
pour aller invader et assaillir lesditz religieux: lesqueulz
dessusditz et autres en leur compaignie agens complices et
adhérés en force et aide les ungs des autres firent sonner le
toqsain, ce que n'est accoutumé faire si n'est par feu,
sédition de guelTe ou périll danemis , envyron meslluit dudit
JOUI' , ce qui estait heLlr~ suspecte, estans à port. d'm'mes,
garnys despées, dagnes évaginées, lances, javelines, perti
zanes, jusarmes, haches clarrnes et. autres bâtons de cleffance,
se transportèrent à ladite église, maisoll et couvent desdit.s
frères, en grant tnmulte et scandalle, où partie clesdits reli
gieux estans à dire matines et autre part.ie sestans levez pour
devoir aller savoir ponr quo)' on sonnait. ledit. toqsain, 1es
gueulz délinquans en mectans leurs menaczes, conspirations
et mauvaises volontés à exécution, rompirent à force à
grosses pieczes de boys debout et autrement les huys · et .
portes dudit couvent, en disant: tuez! tuez! rompez tout et
mectez tout en ruyne! Et par force et violance entrèrent
dedans, rompirent les vitres de la salle en disant: ùous
aurons anuYt les ribauds! et quilz les eussent batus telle
ment que les âmes fussent séparées de leurs corps, en rom
pant et dillacérant luys de ladite salle. Et de là entrèrent
au cloistre par fOl'ce, et dillecques en l'église, rompirent une
armoire où il avait six ou sept calyces d'argent doré, rap
virent et emportèrent lesditz calices et deux reliquaires de
ladite église, et en continuant de mal en pis, rompirent les
huys et celiees cludit couvent, où estoit leurpetite provision
de vin, bellrent dudit vin à leur apétit et laissèrent couler et
gaster le surplus, prindrent et emportèrent une taxe fIui
estoit auxùitz celiers, et desditz celiers alèrent à lacuysine,
rompireBt h1.)'8 : prindrent et emportèrellt partie de la
vexelle destain qui dedans estoit, batirent ]e pannetier, qui
cstoit endormy, prindrent le pa=n le gectèrent contre les
masières, tuèrent les pans et autres oyseaulz, gastèrent et
dépecèrent les courtillaiges et gectèrent les voliers et. vignes
à bas. Et d'illecques allèrent à luys du reffectoir · et 0
congnées et autres feremens, le rompirent, et la grande porte '
derrière dudit couvent, et la misrent par pieczes, et la porte
de la librairie, en laquelle vitres et autres lieux par euh
b~'isez et rompus estqicnt les escuzons de noz armes. Et après
ce allèrent au dortouer, de chambre en autre, et firent ce
que bon leur' sembla des biens que dedans estoint. Et non
contans d'avoir comis et perpétrez lesditz exceiz, prindrent
au jardin dudit couvent, qùi est lieu de franchise comme le
couvent et porpris d'iceluy, J.mg desditz religieux, nommé
frère Yvon Allain, quel pour aucune r:naladie qu'il avait ne
pouvait aller hors dudit couvent, misdrent mains en luy,
malicieusement. férirent et batirent, heurtèrent et gestèrent
contre terre et le fouUèrent 0 les piez, et d'empuis qu'il fut
chai st luy donnèrent plusieurs coups et collées de leurs
espécs et dagues et autrement sur le corps et sur la teste, le
traynèrent hors de franchise, luy ostèrent son habit et le
mjsdrent en sa jacquete, et en grant scandale et vitupère de
sa personne et des autl'es religieuz du dit couvent, le menèrent
moult inhumainement et cruellement par la rue et le misdrent
en pris~n fermée et l'enferèrent, olt il est dempuis ladite
prinse et encores ' à présent détenu, à grand détresse et
empirance de son corps, sans dempuis avoir récréance ne
élargissement de sa personne; et firent plusieurs autres
oultraiges et ennormes exceix et violances esditz religieux,
neantmoins notre cry de force. Queulx cas sont scandaleux
et de mal exemple, dignes de grant pugnicion, touchant
violance d'église, sacrilège, l'ap, force, violance publique,
crime de port d'arme et de larrecin et inf'racions de notre
sauvegarde; sont lesdites chouses notoires au païs, en la
partie et en plusieurs lieux, en grant mesprins et désobeis-
sance de nous et illusion de toute justice et au très...;grant
grieff, préjudice, deshonneur et foulle desdits religieux;
nous suppliant notredit procureur sur ce luy pourvoir de
notre convenable remède humbl~ment requérant. Pour quoy
nous, lesdites chouses considérés, ne voulIons tels exceix,
qui sont tant enormes et scandaleux, tollérer ne souffrir,dont
avons esté aucunement informez, par enqueste sur" ce faicte~
mais iceulx en estre reprimés de justice et pugnicion en
estre faicte, selloll lexigence desdits cas, à ce qu'il cede a
exemple à tous autres; pour celles et autres causes et con si·
dérances à ce nous mouvons, vous mandons et comman
dons et à checun de vous ajourner lesditz de Rosmadeuc, Le
Bailliff, Garlot, PhyI1y, Hylary, Bel'tram de Lanros~ Tugail,
de Cozker, et checun à comparoir en personne et par arrest,
et les autres surditz simplement devant nous et auxdits
conseils, à termes con~pétans dont seront requis pour SUl'
lesditz cas respondre audict procureur g'énéral a telles fins
et conclusions quil vouldra et eslira, et auxditz religieux
si le requérent et partie sen veillent faire par leurs interests,
ce que droit sera. En mandant et mandons à nos ofliciers
desùr les lieux et checun ès officiers de révérend père en
Dieu notre bien amé et féal conseiller l'évesque de 'Cor
nouaille et à tous autres à qui il appartiendra lesditz reli
gieux détenus de mectre hors des prinsons, enlestat et habit
de sa religion, et le nous rendre et amener au terme de ceste
cause pour e~tre oui par les advocats comme appartiendra .
Et de ce leur faire exprès commandement de par nous aux
1 i queulx mêmes par cetz présantes mandons et commandons
ainsy le faire, à paine de mille escuz d'or applicquez à nous
et sur autre~ paines y partenantes, en cas de deffauH ou
désobéissance. De ce faire et les chouses y pertinentes et
necessaires vous donnons et à checun plain povoir, auctorité
et mandement espécial, mandant et recommandant à tous
nos feaulx et subjectz en ce faisallz vous estre et à checun ·
de vous obeissanz et diligemment entendans. Car il nous
plaist. Donné en notre ville de Nantes le XXVle jour de
septembre l'an mil CCCC soixante-neuff. Constat en intel'
lignée Henry Vigille. Donné comm~ dessus.
Par le clue en son Conseil
. H. lVIAC)~.
(Sceau en cire rouge bri~é
... .. " ........ eUnco m p.teL) •. ,. . ~'.'
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