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XII.
DECOUVERTE A CARHAIX
Extrait d'une lettre adressée à 1\1'. LU.Jel par 1\1'. Nédellec .
« Je suis propriétaire d'un petit champ de trente-cinq ares~
appelé Parc-ar-Frout, situé au nord-ouest de la ville de
Carhaix, à la distance d'environ cent mètres de la maison
que j'habite, rue de l'Eglise. Ce champ figu,'e au cadastre
de notre commune, section unique, sous le nO 225. .
« Depuis plusieurs années, j'avais remarqué que la partie
supérieure de mon terrain restait toujours sèche et stériJè.
La bêche et la charrue n'y pénétraient que difficilement" à
cause de la grande quantité de pierres et de débris de briques
que les instruments de labour rencontraient dans le sous-sol.
« L'année dernière, je pris la résolution d'enlever l'obstacle
qui gênait ma culture et j'appelai des ouvriers .
« Dès le début du travail, mes hommes n'ont rencontré
sous leurs pioches que des pierres de moellon, ayant déjà
servi à des constructions, et des briques brisées, provenant
d'anciennes toitures, des pans de murs maçonnés à chaux et
à sable et des décombres de toutes sortes; le tout ~ntremêlé
coni'usément et paraissant provenir de la chute de vieux,
très vieux bâtiments, dont une partie reste encore en place
(la partie ini'érieure des murs), mais dont nul h.abitant du
pays n'a connu l'existence. On sait seulement que la ville
de Carhaix a été beaucoup plus étendue qu'elle n'est actuel
lement, parce que, dans presque tous les champs qui l'en
tourent, l'on trouve de vieux restes d'édifices .
..: On sait aussi que les Romains sont venus à Carhaix;
qu'ils y sont restés très longtemps, et qu'ils y ont laissé de
nombreuses traces de leur séjour .
« C'est pourquoi je n'ai été nullement étonné de rencontrer,
dans mes fouilles: la masse de décombres dont je viens de
parler. Ces déGombres ont une épaisseur moyenne de près
d'un mètre, sont couverts d'une couche de terre végétale et
reposent sur une couche de matières brûlées; je veux dire
sur une couche de cendre et de charbon provenant certaine-
ment d'un vaste et terrible incendie.
« C'est dans cette couche de matières brûlées que mes
ouvriers ont trouvé. à diverses dates du mois de mars der-
nier, les objets suivants:
li 1 Une trentaine de pièces de monnaies romaines, à
l'efIigie des empereurs Vespasien, Domitien, Nerva, Trajan;
Valérien, etc., etc ... Plusieurs de ces pièces sont en argent
et ont à peu près la ~imension d'une pièce de 0 fr. 50 c. de
notre monnaie; la . majeure partie est en bronze, d'une di
mension plus grande, mais plus ou moins détériorée; une
seule pièce est en or, à l'effigie de l'empereur Vespasien;
elle pèse un peu plus de sept grammes et est parfaitement
conservee.
« 2 Le 26 mars dernier, un de mes hommes a découvert,
en ma présence, à environ 1 m25 de profondeur, trois plats
en bronze, de forme ronde, légèrement çreux et mesurant
environ 30 cent. de diamètre. Ces plats sont plaqués, à l'in
térieur, d'une mince feuille d'argent; mais ils sont fort dé
tériorés, par suite d'un long séjour dans le sol et dans
les décombres de toute sorte qui les environnaient.
« Enfin, le même jour, 26 mars, nous avons trouvé, à la
. même profondeur, et à proximité des plats, trois vases en
argent, ayant la forme de casseroles, avec queues ou poignées
. plates, également en argent et faisant corps avec les vases.
Ces queues mesurent de 3 à 4 cent. de largeur moyenne et
une longueur de 9 cent.
« Ces trois derniers objets pèsent ensemble 1 kil. 318 gr.,
dont 353 grammes pour le plus petit, 390 grammes pour le
plus grand et 575 grammes pour le moyen .
« Le plus grand po~te gravé, en pointillé, sur le reYel'S
de la poignée, un nom composé des lettres que voici:
{( Q. B. DIVIXTAE.
« Le moyen porte SUL' la poignée les deux initiales sui ....
vantes ':
N)'.:DELLEC,
Conseiller général .