Responsive image
 

Bulletin SAF 1885


Télécharger le bulletin 1885

Note sur le massacre du siège de Quimper

M. de la Borderie

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes


XVII
NOTE SUR LE MASSACRE DU SIEGE DE QUIMPER
Si le fait du massacre de la prise de Quimper, en 1344,

ne me semble pas pouvoir (malheureusement) être
révoqué endoute, je ne suis pas cependant disposé aadmettre
ÇtU pied de la lettre les circonstances spécifiées dans la note
du Chronicon Britannicum. Cette note a été évidemment
rédigée par un ennemi très prévenu cont~~ Charles de Blois,
pris à tâche de faire retomber sur ce prince person-
qui a

. nellement tout l'odieux de l'évènement. A prendre son texte
au pied de la lettre, il semble que c'est Charles qui a tué de
sa propre main (per ipsum) les 1,400 personnes, que c'est

lui qui personnellement a ordonné le massacre (nec cessa-
Carolus a sua crudelitate et occisione. C'est le langage
bat
haineux de l'esprit de parti .
Ce qui est vrai, c'est que, a Quimper en 1344, comme au
Moyen-Age, dans presque toutes les villes prises d'assaut,

les vainqueurs se dédommagèrent par une tuerie, des per-
tes nombreuses que leur avait infligées la vigoureuse résis­
tance des assiégés .. Charles prévoyant ce carnage qu'il lui
était presque impossible (on peut même dire impossible)
d'empêcher~ ne put faire autre chose que d'y soustraire
les gens d'église. Mais qu'il ait ordonné ce massacre, cela
est d'autant plus invraisemblable que, dans la disposition
où étaient les vainqueurs en pénétrant dans la
d'esprit
vi1le par la brèche, un tel ordre était absolument surperflu.
Ce qui résulte au contraire de la note du Chronicon Bri­
iannicum, si haineuse qu'elle soit, c'est que Charles intervint
personnellement pour faire cesser le massacre: probable­
ment il donna cet ordre aussitôt qu'il eut quelque chance
de se voir obéi, sans attendre cet épisode de l'enfant
suçant les mamelles de sa mère massacrée. Mais si cet
horrible fait se produisit, les ennemis de Charles ne pou-

vaien t pas manquer de le relever et de l'exploiter contre
lui.
Quant au nombre des tués, le ton haineux et partial du
Chronieon Britannieum autorise, oblige même à croire
qu'elle l'a exagéré; mais, lors même que l'exagération
serait du double., il resterait encore à la charge des vain­
queurs une boucherie affreuse. Seulement, il serait, je crois,
injuste d'en faire porter la responsabilité sur Charles de
Blois personnellement.
A. DE LA BORDERIE •
. Cette note répond au doute exprimé ci-dessus (p. 292), sur la réalité
du massacre de Quimper. .

BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. ' Tome XII. (Mémoires).