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Bulletin SAF 1877


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Notice sur la paroisse de Rédéné, près Quimperlé

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M. de la Villemarqué, président de la Société archéo-
et en ce moment à Paris, assis­
logique du Finistère,
tera à ces réunions.
La. Société délègue, sur sa demande, M. F. Audran,
vice-président, pour la représenter dans .cette solen­
nité.

M. Audran donne ensuite lecture du travail suivant:

NOTICE

SUR LÀ PÀROISSB DB RBDBNNB, PRÈS QUIMPERLB (1). .

RBDENNÉ, paroisse du ressort de la sénéchaussée d'Henne­
bont, et à quinze lieues de Vannes son évêché, est borné au
nord-est et à l'est, par les paroisses d'Arzano et de Lesbin;
au midi par celle de Guidel, à l'ouest et nord-ouest par la
rivière ElIée, qui sépare l'évêché de Vanne~ de celui de
Quimper, à l'exception de quelques mouvances entre le vieux
chemin de Quimperlé à Lorient et la rivière Ellée. Cette
paroisse fait partie des anciens dons et partages que les souve­
rains de Bretagne accordèrent aux auteurs de M. le prince de
' Rohan, lequel à cause de sa principauté de Guémené est sei·\
gneur suzerain et supérieur de cette paroisse de Redenné, .en
laqu~lle outre quelques domaines particuliers, il possédait par
inféodations ·envers nos. ducs et nos rois, l'universalité des
terrains non inféodés vers son Altesse, et des landes vaines et

b 7 hi Pi

(1) J'ai trouvé cette notice dans d'anciens papiers provenant de
rétude de Me Mancel, notaire à Quimperlé. Elle paraît avoir été rédigée
vers 1874, en vue de la publication d'une deuxième édition du Diction­
naire de Bretagne d'Ogée; car l'auteur anonyme a pris pour modèle
l'article du géographe breton, qu'il cOIJlplète très-heureusement. mais
dans des proportions que ne comporte pa~ une paroisse comme
Redenné.

vagues, terres décloses et abandonnées, lesquels par actes

des deux mars et douze avril, homologués le onze octobre
mil sept cent soixante-neuf, sa dite Altesse a généralement
transportés, ainsi que pareils droits en la paroisse d' Arzanno 1
à M. Simon Bernard Joly de Rosgrand, Sénéchal de la séné­
chausée de Quimpel~é, conseiller du Roy, premier magistrat
en ce siége, et qui est demeuré duement inféodé, outre ces
vagues aussi considérables que suceptibles, si les cultivateurs
ne manquaient pas dans cette paroisse presque maritime; elle
contient beaucoup de proches mouvances à M. le prince de
Rohan, et plusieurs seigneuries, terres et maisons nobles, la
première et plus ancienne desquelles suivant la tradition de

l'endroit et les aveux des princes de Rohan, est la terre et
seigneurie de Rosgrand, àutrefois Rosangrand, dont la mou­

vance est restée ~ la principauté de Guémené, après luy avoir
été plusieurs fois contestée par les ' procureurs généraux des
ducs, et par MM. de la chambre des comptes, qui prétendaient
de Ro~grand, soit comme ancienne mouvance
cette terre

immédiate du domaine ducal, soit comme juveignerie de la
Rochemoisan, ou des princes de Rohan, ces prétentions étaient

fondées sur la plus haute antiquité,. puisqu'en l'an mil quatre
vingt-cinq, Jean du Terre qui n'avait et ne reconnaissait
cent

sous noble et puissant Charles de Rohan, seigneur de]a Roche­
moisan, autre demeure et manoir que celui de Rosgrand, en
fournit aveu à ce prince. et y emploja comme dépendances de

Rosgrand, ses héritages tant en fief qu-e domaine, ses seigneu-
ries en ligence et ramage aux paroisses de Redenné, Arzano,
Lesben, Guidel et Plœmeur, par acte qui fut reçu aux géné­
raux plaids du huit mai 1425. Par autre aveu fourny le 26 juin
1430 au même Charles de Rohan par Guillaume de Guer, ce
dernier s'inféode de la seigneurie de ramage, sur les susdits
héritages de Jean du Terre, seigneur de Rosgrand, et employe
plusieurs héritages, rentes, domaines et seigneuries, en ma­
partie rentrés depuis héréditairement ou par retrait aux
jeure
seigneurs de Rosgrand. Le trois janvIer 1495, noble écuyer

Loui~ du Terre, seigneur de Rosgralld et du Terre, fournit à
haut el puissant Louis de Rohan, aveu de sa terre de Rosgrand
seulement, et des mêmes sèigneuries, terres rentes, et héritages
cy dessus et autres comme dépendances de' Rosgrand ; le même

Louis du Terre obtint les droits de haute; basse et moyenne
justice par concession de la duchesse Anne de Bretagne de
l'an 1490, et par lettres de confirmation du Roy Louis douze,

de l'an 1505. Ce fut peut:être leur enregistrement, qui fit
naître ou l'appelel' les prétentions dé la chambre des comptes
sur la terre de Rosgrand, dont la mouvance ne paraît plus.
contestée à la principauté de Guémené, servie depuis par les

seigneurs de Ro.sgrand, fondateurs et préeminenciers de l'an ·
cienne et belle église de Saint-Pierre et du monastère . de Tem-

pli ers et camaldules y joints et tombés en ruines, sur le grand
chemin· de Quimperlé à Pont-Scorff, aux confins de celte
de Redenné; en laquelle, et en la trêve de Saint-David,
paroisse
comme dans l'abbaye de Blanche~ aux religieux, Jacobins et
lés mêmes seigneurs de Rosgrand jouissent et ont les
ailleurs,
mal'gues des premiérs et pLus. beaux droits honnorifiques. De
• cette terre, outre ses mouvances et autres droits utiles dépen-

dait l'ancien manoir noble de Kerguèvre, sorti de l'ancienne
maison de Boulleville, qui payait sur Kerguèvre six livres de
chef rente a Rosgrand, y rentré avec ses bois, moulins et

dépendances par retrait féodal en 1644. Ces deux terres qui
n?enfont pius qu?une, sont échues héréditairement à M. Joly de
Rosgrand~ sénéchal de Quimp.:rlé (1), qui, outre les terrains va·
On ' " 'h 7

(t) Simon-Bernard Joly de Rosgrand, Ile à Port· Louis, paroisse
le 9 juin 1'140, fils de Simon Joly, né à Lorme, ]e 29
de l'Assomption,
décembre t 701, subrécarqlle de la compagnie des Indes, et, lors de sa
dissolution, capitain\l d'infanterie gardes-côtes, acquérelll' en 1752, de
la terre de Rosgrand, et de Anne marchand, originaire de Lorient.
avait épouséà Quimperlé, le 18 octobre 1763, Catherine-touise
Briant du Stang, fille unique de M. Théodore-Bonaventure Briant du
Stang, avocat à Quimperlé, et de Marie-Anne HervieQ.x, fille de René­
Corentin Hervieux, conseiller honoraire au siège de Quimper.
If prétendait descendre di ]a famille romaine à laquelle appartenait
Jules·Césé\r. .
Or tus ex Jûliis œduis civib. Rom. Simon lûl. ·IJlont-Levrain

gues ]uy concédées en t 769 par M.le prince de Roban, jouit en
core en cette paroiss~, par l'effet de son contrat du 24 novembre
1773 avec M. le marquis ùe Tinteniac, des droits des'seigneurs
de Quimerch ou Keymerch qui enlr'aulres droits et mouvances
avaient celle du manoir de Reransquer, reconnu par Renault
du Bouyer et Marie Kergadeu, sa femme, sieur et dame de

Kel'ansquer et dépendances en Redenné suivant aveu fourni à
nobie haut puissant messire Charles, seigneur de Quimerch et
du Haut bois, le vingt-troisième jour de mars 1472, signé,
Jehan Lamollen, passe. Sous la dite principauté de Guémené,
ressort d'Hennebont en celte même paroisse, sont les maisons et
lieux nobles. de Porls-Cadic, de Lûminec, du Tymen sans aucu­
nes traces de cette dernière (1). D'un au tre côté, et à l' occiden t
de cette paroisse et du grand chemin de Quimperlé à Lorient,
sont les métairies et lieux nobles de Penerven, du Pa,rc, de la
Villeneuve,d~ Trevosec, Keranhouarn, du Plessis ou Quinquis. M.
le prince de Rohan Guémené prétend la mouvance de plusieu,rs
de ces derniers articles, dont jouit provisoirement le domaine
royal de Quimperlé, à cause de l'ancienne chalellenie ducale
de Carnouet, qui s'étend en celle partie trève de Saint-David,

ou est le bois du duc avec les restes d'un ancien retranche­

de ses douves. Les faubourgs du Bourgneuf sous
ment entouré
Quimperlé ,ct pont Ellée, autrement terre de Vannes, sous
de la ville de Quimper'lé ,
Hennebont, faisaut partie considérable

(itius J.ûli~, cent'urio, genuit JÛl. Rosgr-and Prœtof' ex XXVIl
pr-œtOrtbl~S B-ritann, arrnoric~s .
Son fils Jean-Marie-Théophile Joly de Rosgrand, maire de Redenné
et juge de paix du canton de Quimperlé, fut annobli par ordonnance
royale du 24 mai 1818. F. A .
(1) La seigneurie de Tymen que l'auteur de la notice ne connaissait
à cette époql1~, à Mlle du Couédic, épouse
pas appartenait
de Charles-Louis du Couédic seigneur de Coroac'h, son cousin (qui
la SU'rveillante) , et à sa s œ lU'
s'est immortalisé comme commandant de
Marie-Joséphine du , Coué'dic, épouse de M. Jean-Marie du Vergiet', an-

cien officier des vaisseaux du. l'oy. F. A. -

de Vanlies ; d'anciennes traditions assurent que l'église tré­
viale de Saint-David ou se font toujours toutes les fonctions
curiales, était la première et plus ancienne église pal'oissiale:
que celle de Redenné doit postérieurement son établissement
à une image miraculeuse de la vierge qui, par des§ évènements
singuliers, manifesta vouloÎL' être invoquée à l'endroit ou est
cette église paroissiale. Ce qu'il y a de certain, c'est que vers
1aftn du quatorzièmesiècle,Pierre de Terre,seigneurde Rosgrflnd,
reçut près la croix, sous les murs de l'églisp. , de Redenné, la
soumission de plusieurs de ses vassaux et domaniers d'y charro-
yer sans discontinuer les pierres de taille et matériaux de son
lieu de Kerloganos; ses domaniers au dit Kerloganos se chargeant
particulièrement de six vingt charrois, pour être quitles de
leurs usurpations aux dits matériaux. Par ]e même acte, le
dit du Terre aumone une année des convenants lui dûs sur
ses terres joignants la ' dite église, outre cinq années de son ,
de coutume et havage de Saint-Pierre Kerloganos, le
droit
tout pour aider à l'édification de la chapelle de Notre Dame
(dite de Lorette) que faisait construire arguerite de Guer, ,
épouse du dit du Terre, heritière de Guillaume ,de Guer.
Les seuls enfeux existant en cette église paroissiale de Redené
et construits dans la longère coté de l'évangile de cette église,
sont propres à la maison de Rosgrand.
Ces droits à Redenné et autres premières préeminences de
cette terre, dans l'ancienne église de Saint-P.ierre Kerloganos,
dans les chœur et sanctuaire des églises de Saint-David, de
l'abbaye Blanche et autres chapelles, (1) indiquent les sépultures

et armoiries de plusieurs familles connues et distinguées par

(1) Les droits et prééminônces de la seigneurie de Rosgrand dan a l'é­
glise de Saint-David, sont décrits dans un procès· verbal rapporté par
les notaires de Quimperlé, le 26 décembre 1762.
Les droits et prééminences de la même seigneurie dans l'église des
Dominicains de Quimperlé, sont réglés par un accord inte,rvenu en '
1768, entre M. de Rosgrand et le marquis de Tinteniac, baron de Qui­
merc'h. (Acte du t 9 mars 1768. au rapport de Moreau, notaire à
Quimper). F. A .

leurs services auprès de nos ducs, et que lors de la dernièr
réformation étaient entièrement éteintes ou sorties de celte
province. Sur d'anciens édifices au ' chef-lieu, sur la chapelle
dans' les bois' et aux dépendances de Rosgrand, se ~wnt trouyés
et s'y voient encol'e de très belles, fort grandes et anciennes
sculptures et pierres représentant, l'une un Iyon assis et cou·,
vert d'un casque soutenant un écu d'hermines ou de Bretagne.
Une autre pierre sur la fontaine dans le bois de Rosgrand, re­
présente un écusson party d'hermines accolé d'un autre por-
tant, au premier, d'or semé de fleurs de lys d'azur, au canton
de gueules; au second pallé d'or et de gueules de six pie.ces ,­
on tient que ce sont les armes d'une duchesse de Bretagne, que
l'on croit être Françoise d'Ambroise, femme du duc Pierre deux,
laquelle avait el céda un droit sur cette terre, dont la situation

est saine et agréable, et y a passé . quelques temps avec Yves de
Pont-Sai, évêque de Vannes, dont une très grande pierre y

ses armes, qui sont unécu d'argent d la fasce de gueules
porte
chargée de trois besants d'or, accompagnée de six hermines de
sable. trois en chef et trois en pointe. Cel écu est soutenu par
deux figures de grandeur d'enfant, et couronné d'une crosse et
d'une mitre. Cet évêque y avait occasion d'y voir souvent des
dominicains qu'il aimait, et dont il avait pris l'habit en leur mai­
son dite l'abbaye de Blanche en celte paroisse de Redenné. Une
quatrième et très belle pierre plus ancienne que les deux der-
nières représente un écu renv'ersé portant les armes de la mai-
son de Rohan et ses anciennes alliances, notament avec la
maison de Navarre, et au surplufl est soutenu par deux Iyons eL
couronné d'un casque. Plusieurs autres grandes pierres · repré-
sentent aussi en relief des écus d'azur à sept macles d'or, trois,
trois, et un, au canton d'argent fretté dehuit pièces {ie gueules (l).
Il s'y trouve aussi beaucoup d'autres écussons portants d'argent
au Iyon de gueules, et autres d'anciens seigneurs de Rosgrand,
mais le plus repeté et qui est celuy counu pour être les armes

(1) Ces armoiries sont-elles de la famille de Guer?

particulières de celte terre porte, d'hel'mine~, quatre, trois,
tlois, et un: t, t'ois des hermiroes des secon'd et troisième rangs
entourées de t1'ois C6rcles où anneaux de gueules posés deux
et ,un (1). '
Les armes de la terre de Kerguèvre sont d'argent au cerf
passant de sable onglé et boisé d'or. pepllis la réunion de ces
deux terres, ces deux derniers écus accompagnent souvent les
armes du seigneur actuel, qui sont d'azur au lys naturel d'ar­

gent au chef d'or chargé d'une croix pattée de sable. Au sud-

ouest de Rosgrand est le village 'de Saint-Ihuel, en dépendant,

au nord et près duquel était une très-ancienne chapelle sur un '
terrain nommé Roz- Verret, ou le coteau du ciIrtelière ; lequel
joint les bois fort étendus de Rosgr'and, dans.1esquels est, sous un
rocher, une chambre dite rh ermitage ou suivant la tradition
habitait saint-Ihuel ou Saint-Tuel qui, les jours de fêtes, venait
instruire le peuple en cette chapelle, près Femplacement côté '
du nord de laq, ueUe a été batie une petite métairie dite Lover-
ret-Saint-Thuel, ,ou le lieu du cimetière de Saint Ihuel. Peut être,
lors de quelquRs maladies, où à la suite de quelques actions in-
huma-t'on plusieurs corps en cet endroit. Son nom le fait
croire, avec d'autant plus de fondement, que les anciens de ce
village ont l'apporté qu'on avait vu souvent des lumières autour ,
des ruines de la chapelle. On sait qu~ ces phéuomènes élec­
triques,lconnus sous les noms de feux follets.; sont toujours rni~
raculeux pour les gens de campagne. Ceux de cette paroisse

. sont dans l'usage immémorial de dire des pater suivis de de-
-profundis, quand ils passent, surtout la nuit, dans des chemins

de traverse., qui depuis un endroit nommé pont Patirau, vien·
a d 2 2 j E 2

(t) Ces armoiries sont celles que l'armorial de l'Arsenal donne à la fa­
mille DU TERnE: d'hermines à trois annelets de gueules (pol de Courcy.
noh. de Bretagne 2 édit .. page 425). Le procès-verbal cité dans la
note p. t 62, donne pour armoiries partioulières de la terre de Rosgrand :
d'argent au cerf passant de sable, etc.

(:!) Le mllsée archéologique de Quimper possède une pierre portant
les deux écussons.

nent dans les plaines de Roscasquen qui aboutissent au levant
à' la chapelle dite l'Hôpital percé. C'est exactement l'endroit où,
l'an mil trois cent quarante deux pendant le siège d'Hennebont,
Gauthier de Mauny, anc trois mille hommes d'élite, rencontra
Louis d'Espagne, qui à la tête de six mille hommes, venait au

secours de Charles de BlOIS contre la comtesse de Monfort as-
siégée à Hennebont. On sait que des six mille horrimes corn·
mandés par Louis d'Espagne,' il n'en échappa que trois cents
avec ce prince, qui,dans cette action,perdit son~neveu Alphonse.
Tout le reste.fut tué dans le combat ou assommé par les pay­
sans du pays. Les descendants de ceux-ci en conservent le sou-·
venir par ces pater ~t de profundis. Cette chapelle de l'Hôpital
percé fut l'endroit ou l'on rassembla les blessés; les l'estes d'ar-
gent et sécours donnés à ces derniers morts ou guéris, contri­
buèrent à l'édification de cette chapelle, qui est sur le bord au

nord du ,grand chemin de Quimperlé à Pont-Scorff et Henne­
bout, à une petite lieue à l'ouest de l'église de ,Saint-Pierre,
où ont été;trouvés, en terre, quelques armures anciennes, y lais­
sées peut-être par les troupes de Gauthier de Mauny, ou en­
terrées avec quelques uns des vaincus. - •
A un quart de lieue du dit lieu de St.-Pierre Kerloganos, et
au nord et près le bourg de Redenné. se trouve la plaine du
Vaguer; c'est le terrain plat le plus étendu das environs. On y
distinguait et on y voit encore, des marques d'anciennes
circonvallations très-étendues, et formant quelques parties de
retranchements, qui annoncent un très ancien camp. On y
trouva en 1771, en formanl des fossés, une urne d'une terre
grise très-dure et très-épaisse. Elle contenait des cendres~

quelques ossements d'oiseaux ou de poulet, et ' une espèce de
croix composée de balles de cuivre réunies et soudées. Cette
plaine, la seule qui soit voisine <:lé la rivière EIlée, et la seule

du pays ou une année considérable ait pu s'étendre, pourrait

être celle, ou l'an huit cent dix-huit, Louis Le Débonnaire,
empereur d'Occident et roy de France, fils de Charlemagne,

établit son camp, comme dit l'histoire, sur le~ bords de la

rivière Eliée en Bretagne. Ce fut en ce camp d'été que
seigneurs Brelons consternés de la défaite de Morvan, leur
souverain, se rendirent aux pieds de l'Empereur, et en
acceptèrent toules les conditions -qui leur furent imposées. M.
Joly de Rosgrand,sénéchal de la sénéchaussée de Quimperlé et
propri~taire (lu Vaquer, y forma, sur la fin du dernier règne,.
cinq établissements et métairies fort étendues. Pendant les

années 1111, 1772, 1173, la disette et la chèrelé des grains
furent excessives. Le riche laboureur gardait ses grains pour
les vendre et n'employait aucuns journaliers; quoique ceux-ci
offrissent leurs journées pour leur simple nourriture. Ce
magistrat toüché de la misère qui règnait en cette paroisse et
en celle de Quimperlé, réunit toutes ses res50urces, et occupa
pendant les mauvaises saisons de ces années et des deux sui-

vantes, toutes les familles infortunées et particulièrement celles
des pauvres laboureurs. Il les paya en argent et ~n pain où à
leur obtion, et suffisait particulièrement aux besoins des

femmes et des enfants. Les jours de distribution qu'il . allait
faire Iuy-même, luy offraient l'aspect attendrissant d'hommes
épuisés et décharnés; plusieurs desquels voulaient se jeter à
genoux, et lui baisaient les mains, en recevant un salaire qu'ils
avaient mérité. Les avances~qu'il eut occasion de faire à ces
malheureux firent connaître leur bonne foy. Tous semblaient
concourir à cette. exactitude, en rappelant même à M. Joly de
Rosgrand, des avances qu'il voulait oublier, ou compter pour
rien. Le véritable laboureur, qui ne fréquenle les villes que
pour son commerce, est communément vertueux; des soulage­
ments placés à propos maintiennent sa probité, et animent sa
reconnaissance. ais que peut ce dernier sentiment, quand le
défaut de bras et de forces arrête le zèle du cultivateur.
Cette pa~oisse de Redellné n'a pas la moitié des habitants né-
cessa ires à ga culture, toutes les terres en sont généralement

susceptibles; néanmoins de quinze nouveaux établissements y

formés a\'ec soin par M. Joly de Rosgrand, il en est cinq qui
produisent en raison de quelques anciens champs annexés .

Pour les dix autres quelques c~msidérables qu'ils soient, M.
Joly de Rosgrand n'a pu trouver d'autres habitants, que des
familles accoutumées à la mendicité. Le défaut de laboureur, '
la jalousie ordinaire el répréhensible des riverains, ont rendu
inutiles non seulement ces établissements, mais encore des
épreuv'es faites avec les succès les plus propres à encou-

rager. .
Si M. Joly de Rosgrand avait été plus heureux et plus secondé,
il eut étendu sur deux à trois mille autres journaux de terre,
des établissements qui auraient soutenu, au profit de l'Etat,
plus de cinquante familles, propres à en partager les charges.
Les travaux: continuels ' et sédentaires de la magistrature, les
procédures criminelles . aussi multipliées que gratuites, ont
encore arrêté ce citoyen zèlé. Il se propose, quand il aura
le temps de son service avancé, et s'il y survit, d'aller
rempli
, partager ses revenus avec les cultivateurs, et d'en augmenter
le nombre, en demandant au Ministre des hommes moins uti-
lement occupés ailleurs.
Cette paroisse, quoiqu'en majeure partie du ressort de la
sénéchaussée d'Hennebont,e~t en partie' de la .,subdélégation
. de Lorient OÜ est la juridiction de M. le Prince de Rohan sous

Hennebont et en partie sous Quimperlé. On observe que la
paroisse de Redenné est la dernière en cette partie, de l'use-
ment de Brouerec, ancien territoire des Comtes de Vannes,
ainsi nommédu vieux mot gaulois Brog, qui signifie pais ou can­
ton, et de Werec ou Guerec,fils de actiarn, comte de Vannes
dont parle Grégoire de Tours, livre 5 chap. 16. Cet usement
s'étend en longueur, depuis la rivière de la Roche Bernard jus­
qu'à la croix qui existait autrefois près le pont de Penpont-Ellée
ou terre de Vannes, faux-bourg de Quimperlé.. paroisse de
Redenné. Elle contient, y compris la trêve de Saint-David,
douze à quinze cents communiants. Cette église de Redenilé,
dédiée à Saint Pierre, l'est particulièrement aussi à Notre-
Dame, de Lorette dont on célèbre la fête le dimanche qui suit
le huit septembre; il s'y rend un peuple considérable. La fête

de l'église trèviale de Saint-David est célébrée le premier de
mars, jour de Saint Aubin.
Ces dp.ux églises sont exactement, la première à l'angle nord· _
est, la seconde aux bords sud-ouest de la paroisse. Il a -sl)uvent
été question de les réunir en n'en faisant qu'une (au centre,

vers le moulin à vent ,de Rosgrand), où le service spirituel
plus à la commodité des paroissiens. Le couvent des Ja­
serait
cobins ou abbaye de Blanche, rendrait toujours subsididirement
ses services ordinaires aux habitants du Bourgneuf et de la terre
de Vannes, faux-bourgs de Quimperlé, en Vannes. Ce qui est
relatif à cet abbaye de Blanche où est inhumé l'un de nos ducs,

plus dè rapport à Quimperlé et ne rentre pas dans le cadre

de cette DotiCA (1). - _ .
Après la leCture de cette intéressante notice.lil est donné _
communication d'une note de M. le comte de St-Luc,
par laquelle il informe ,la Société qu'il a découvert en
1870, dans les démolitions de la ferme de Quilliol.l, en
la commune de Plogastel-Saint-Germain, un écusson
carré en pierre portant: écarleté, au 1 et 4, d'hermines

(1) C'est sans doute pour la même raison que l'auteur de la notice ne
parle pas du prieuré de Bonne-Nouvelle dépendant de l'abbaye de Ste­
de Quimperlé.
Croix
de compléter cette notice par quelques mots sur ce prieuré.
. ' Je crois utile
En 1770, Dom Pierre-Josse Voyez, prêtre, religieux bénédictiu et pro­
cureur de l'abbaye, royale de Saint-Ricqllier, diocèse d'Amiens, fut
de Bonne-Nouvelle, et
nommé prieur conventuel et régulier du prieuré
par acte du 10 déc,embre 1770, aux rapports des notaires de Quimperlé,
aveu des maisons, terres et héritages composant ce prieuré
il rendit
en proche fief, mais seulement à devoir de prières
qu'il déclarait tenir
et oraison~ à très-haut ct puissant seigneur Jules Hercule de Rohan,
et de Guémené, etc., etc.
prince de Rohan
d~ la chapelle dite de Bonne-Nouvelle
Dans cet aveu il est fait état :
ou du Recluz avec le petit jardin y attenant, borné aIt nord par la
rue des Vignes, et au midi pat' la rue du Recluz ou de Bonne-nouvelle
le tout contenant envù'on un quart de jourrlal, et de rentes peu impor­
tantes sur quel'ques maisons, situées près' du prieuré; mais le prieur
avait le droit de prenùre et percevoir la dixme, savoir 'de trente-trois
gerbes, deux et la troisième à ]JI. le Recteur de la paroisse de Redené,
d cpuis le ruisseau Mengucr jusqu'au Pont-Ellé, en la ville de Quimperié,