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Bulletin SAF 1874


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Séance du 12 juillet 1873 (suite)

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Déjà le jour commençait à bais~el'; en faisant I~ tour de l'E­
glise extérieurement, nous aperçumes cependant a une grande
Îlnuleur, au sommet du pignon nord du chœur' Uile inscription
en relief qui paraît composée de lettres golhiques très-se/'l'ées;
mais que la distance el l'absence de lumière ne nous permirent
pas de déchiffrer.
II fallait songer à la retraite et nOLIs rentrâmes à Quimper
apl'és une joul'née où nous ne sommes pas un instanl l'estés
sans qu'un objet intéreSEallt allil'âl notre allenlion. (1)
La lecture de ce récit est écoutée avec un vif intérêt.
et l'on décid~ qu'il sera inséré in-extenso dans Je prochain
numéro du Bulletin de la Socié:é.
M. B'WRASSIN donne ensuite communication d'une note
des faits géologiques qui se . seraient produi ts au com-
sur
mencement de . l'ère chrétienne sur quelques points de
notre littoral.
« Il y a une trentai,je d'années, dit 1\1. BOURASSIN .. plu­
sieurs dunes de sables de l'ànse de la Palue ou de Losrnarc'h
en la commune de Crozon (Finistère)., furent déplacées à
la suite. d'une violenle tempête, et mirent à découvert, au

milieu de fragments de tuiles à rebord et de tessons de
poterie de l'époque gallo-romaine, un grand nombre de
. squelettes d'hommes, de femmes et d'enfants de tout âge,
régulièrement rangés les uns près des autres. Leurs bras
étaient étendus le long du corps, et leur tête reposait sur
une pierre plate. Il était évident que ce lien avait été le
théâtre d'une catastrophe dans les premiers siècles de notre
ère, el plusieurs conjectures sur la cause de ce désastre,
furent mises en avant. Les uns l'attribuèrent à une maladie
contagieuse, d'autres à une descente de pirales sur ce
de la côte .. où les \'cstiges d'un établissement gallo­
point
romain sont encore bien visibles. Cependam aucun des
squeleltes ne portait de traces de mutilation.
Pout' moi, je n'hésite pas il croire avec mon ami Du­
minès à Rennes, que la catastrophe
rocher, ingénieur des
dans la,quelle périrent tant d'êtres humains, fut causée par

(1) A différents endroits de cette lecture, M. de Montifault s'cst in­
pOlU' donner certaines explicatIons plus détaillées et ponr
terrompu
faire passer- les plans et les desseins des monuments et inscriptions
qu'il décri.vait.

un tremblement de terre, qui eut lieu sur nos côtes vers
la fin du Ille siècle de l'ère chrétienne, et qui forma une
grand~ partie des baies ou 'anses de celte partie de notre
Ge tremblement de terre détruisit plusieurs villes
littoral.
"ViIlagp,s dont les habitants furent engloutis dans les flots.
La mer, en se reti rant, laissa à découvert leurs cadavres"
qui furent inhumés dans les sables .

« Si nOllsconsultons les faits géologiques, nous remar­
quons sur divers points du littoral de la presqu'île de Cro­
zon, un grand nombre de roches trachitiques, volcaniques,
la cause du soulèvement
pyrogènes, dont l'apparition a été
p:lr suite du tremblement de terre dont nous
du sol et

parlons,
Ct Ce qui me porte à placer il la fin du nre siècle de

notre ère la catastrophe de l'anse de la Palue, c'est qn'à
l'époque où elle a eu lieu, la religion chrétienne n'était pas
encore connue dans cette contrée. On n'a découvert, en
effet, aucun emblème chrétien au milieu des squelettes qui
y étaient inhuinés.
« On a sou vent parlé de la ville d'ls envahie par la mer,
éte possibie de déterminer son emplacement.
sans qu'il ait
Ne pourrait-on pas attribuer sa destruction au tremblement
de terre que je viens de mentionner, et ne pourrait-Gl1 pas
en conclm'e quelle était située aux environs de Crozon, sur
la baie de Donarnenez ? »
lH. le Président r~mercie M. BOURASSIN de son inLéres-
sante communication. L'abaissement du sol sur plusieurs
points dU" littoral du Finistère est un fait sur lequel ne
peUvent laisser aucun doute l'exisl.ence de forêts sous­
marines dans plusieurs de nos anses, et. l'envahissement
on par la mer, de nombreux monuments
par les sables
gaulois on gallo-romains. La géologie doit venir N1 aide à
l'histoire, pour expliquer ces phénomènes, et il espère que

1\'1. BOURASSIN, qui a fait de la constitution de notre sol une
étude approfondie, voudra bien développer dans nn travail
à expliquer les modi-
d'ensemble, tous les faits de nature
'qui se sont produites dans la configuration de nos
.fications
!emps historiques. .
côtes depuis les
M. LE MEN fait observer que si la catastrophe do e l'anse
de Losmarc'h doit être attribuée à un tremblement de terre,

ce fait n'a pu se pr~duir,e qu'à la fin d,u Ive, siècl.e, au ~lus
tôt, pUIsque le 1\1 usee departcmental .d .archeologl~ possede
ValentInIen et Gratien, pro-
des monnaies des empereurs
venant de cette localité. ,
du jour .étant épuisé, M.le Présiùent fait observer
L'ordre
à l'Assemblée que, si intéressante que puisse être la commu­
nication de mémoires faite en séance par un petit nombre
de membres, il ne faut pas perdre de vue que le but princi­
pal 'que s'est imposé la Société archéologique du Finistère,
est de faire connaître Jes riches~es monumentales de ce dé­
partement. C'est une tâche à laquelle doivent prendre part
, tous les Membres de la Société.
Une catégorie de monuments lui paraît devoir surtout
fixer l'attention des travailleurs. Il veut parler des voies ro­
, maines du département dont le réseau n'est que très impar­
faitementconnu.ll pense que l'on pourrait s'occuper d'abord
de l'étude des voies de l'ancienne Cornouaille. '
MM. HALLÉGUEN ~ FLAGELLE, DE lUONTIFAULT et LE 1\'lEN
sont d'avis qu'il n'y a pas lieu d'établir de subdivisions dans
Par cette méthode, on n'obtiendrait le plus
cette étude.
souvent qU6 des' tronçons de voies. Pour avoir la véritable
physionomie du réseau des voies romaines dans notre pays, .
il convient d'embrasser dans une même étude l'~nsemble des
voies du département.
MM. IlOUSSIN, FOUGERAY et lm GU.A.Y demandent si les voies
le Finistère.
sont nombreuses dans
M. LE MEN répond qu'à son avis, elles sont peut-être plus
nombreuses que les routes actuellement en usage. Si elles
sont aujourd'hui fort dégradées, c'est que le moyen-âge s'en
est emparé, et n'a pas pris la peine ou n'a pas eu le temps de
les entretenir dans l'état où il les avait trouvées.
1\'1. ROUSSIN voudrait savoir il quels caractères on peut re-
connallre une VOle r,omame.
M. HALLÉGUEN, FLAGELLE et LE l\'IEN répondent que par­
mi les caractères assez nombreux qui servent il les distinguer
des chemins ordinaires, on peut indiquer les suivants: 1 v la
présence sur leurs bords de bornes milliaires ou de substruc­
tions gallo-romaines; 2° leur grande b.rgeur; 3° leur direc~
tion vers des points aujourd'hui sans iml)orlance, et où se
rencontrent souvent des vestiges romains; 4° l'~xistence des .

restes de chaussée pavée dans
quelques
partIes de leur
parcours .
FLA.GELLE pense qu'outre les renseignements deman­
dés pour l'élude des voies romaines, il importe que chacun
fasse connaître tous les monuments celtiques, gallo-romains
ou du moyen-âge qu'il a pu étudier, ou qui lui ont été signa­
lés. On arriverait ainsi promptement à établir la statistique
du département.
monumentale
M. le d'Octeur HULÉGUEN dit que c'est précisément là le
but que poursuit la Société. Il ajoute, et cet avis est partagé
qu'il faudrait pointel' sur la
par tous les Membres présents,
cârte de l'Etat-major tous les monuments ind.iqués.
M. DE MONTIFAULT veut bien se charger de celle opération.
M. LE MEN fait observ6r que la carte de l'Etat-major est
à un résultat réelle­
bien confuse; il pense que pour arriver
ment utile et pratique,'il serait préférable d'indiquer 1eR mo­
numents sur des calques des cartes cantonales du département .
MM. HULÉGpEN, FLAGELJ,n, AUD1tAN, LB GUAY, FOUGERAY,
de MONTIFAULT et DONN.A.RD sont du même avis .
. 1\1 . le docteur HALLÉGUEN met sous les yeux ·de l'assem­
blée un plan du château de Chàteaulin, dans les ruines du­
quel il a fait des fouilles il y a' quelques années .
M. le Président donne lecture du programme du prochain
congrès de l'Association bretonne, qui doit avoir lieu à
Quimper le 15 septembre prochain,
Il procède ensuite au dépouillement du scrutin pour l'é­
M. le comte de Carné, de l'A­
, lection d'un vice-président.
cadémie française, ayant obtenu l'unanimité des suffrages,
de la Société. '
est nommé vice-président
MM. BOURASSIN et FATY font hommage ail )lIusée d'archéo­
logie de monnaies et d'autres objets, qui seront mentionnés
de la Société.
avec détails, dans un des prochains bulletins
La séance est levée à quatre heures et demi.
Le Secrétaire : R. F. LE MEN.
ORDRE DU JOUR. •
Pour la séance du samedi 9 août, à 2 heures, dans une des salles
du Musée d'a1'chéologie.

1 Notice sur le château féodal de Châteaulin et SUl' son
M. le docteur HALLÉGUEN.
parc (avec plans), par

, 20 Statistique monumentale de diverses communes ' du
Finistère, par M. FLAGELLE.
30 De Quimperlé au Pouldu, excursion archéologique,
par lU. AUDHAN. . ,
NOTA. ' • les Sociétaires sont priés de vouloir bien
le plus tôt possible .. le montant de leur ~otisa­
faire parvenir,
tion (10 francs), à M. FATY .. chef de bataillon en retraite,
rue des Reguaires, nry ~2, à Quimper.

Dons offerts au Musée départemental d'Archéologie.
M. le docteur HALLÉGUEN, membre de la Société.
1. Hache en bronze à ailerons trouvée dans la COlllmune
de Spézet (Finistère), près d'un grand menhir.
2 Fragments de poterie gallo-romlJine trouvés au village
de Kervinic, en la commune de Lopérec (Finistère), près
d'un camp romain.
5. Fragment d'une mosaïque servant dé pavé à un édifice
le voisi­
gallo-romain, dont les subslructions existent dans
de la ville de Carhaix. . Dessin colorié de cette mo-
nage

salque. ,
4. Enduits colorés dont quelques-uns sont inscrustés de
de Carhaix.
coquilles marines, provenant des environs
5. Fragments de poterie fine et grossière, même .prove~
nance.
de carrelages en marbre, en
6. Fragments nombreux
en schiste ardoisier, même provenance.
pierre calcaire et
de béton dont quelques-uns pro­
7. Divers échantillons
viennent de l'aqueduc gallo-romain de Carhaix.
Briques diverses pour construction, carrelage, piliers
d'hypocauste de même provenance.
9. Tuiles a rebord et tuiles faitières dont plnsieurs portent
des marques de fabrique, même provenance.
10. Deux tuyaux de conduite d'eau, s'emboîtant l'un
.. trouvés dans les ruines d'une construction
dans l'autre
gallo-romaine voisine de Carhaix.
11. Valve d'huître, défense de sanglier et cristaux de
quartz Hyalin de couleur violette, provenant aussi des
de Carhaix. _
ruines gallo-romaines
12. Ossements humains trouvés àans une construction
CÔlliillune de Saint-
gallo-romaine située à Penlrez, en la

Nic, et en partie détt'uite par la mer. (Os du front; -
ct dents; , fragment de la clavicule
machoire superieure
fragment de l'humerus du bras gauche; , frag­
droite;
ment du fémur de la cui~se gauche.)
13 .Briques et fragments de tuiles rOQlaines provenant pes
localités suivantes toutes situées dans le département du
• Finistère:
Plouhinec ' (Poulgoazec);. Pont-Croix; Ponllan
(Porz-Mal vez); . Ploaré (Kerru) .; . Douarnene z (Le
Guet, l'Ile.,.Tristan); . Ploaré (Plomarc'h-ar-stang, Le Riz);
-, Plonévez-Porsay (Cariguelloll; Trezmallaouen ; Lane­
vrit; Trefentec ; An Oguennou et Treguer, près Sainte-
; . Plomodiern (Goulit-ar-Gllcr; anse de .
Anne-la-Palue)
~aint-Nic (Pel1lrez,',; -
Porz-ar-Vag; Pouloupry);
Telgruc (Lizioc; Pen-ar-c,'haon; Bern-bihan-ar-c'hall);
Kerro~en ; Losmarc'h) ; ... ' Bourg
- Crozon (Ile-L'Aber ;
de Quéménéven ; Bourg de Landévennec; , Hanvec
(Pencfars; Kerohan) ; - , Le Faou (Keranclan) ;. Saint
Ségal (Le Drennit) ; Quimerc'h (Bolaniec; Coat-Iy­
Beuz); . " Quimperlé (cour du cloître de l'hôrel-de-ville ;
place de Lovignon); , Clohars-Carnoët (Le Pouldu); -
Place forte de Concarneau; Plomelin (Le Perennou) j­
Pont-l'Abbé;· Rivière de Penzé, entre Morlaix et St-Pol.
14. Fragments de marbres calcinés; débris de poterie;
de scories; pointes de javelots; clefs anciennes;
fragments
ferrures de portes; meule en granit; le tout provenant
des ruines du château de Châteaulin (Finistère) .
NOTA. - Les objets mentionnésci-ùessus ont été offerts
M. le docteur M. Halléguen à la Société archéologiq,ue .
par
au mois d'octobre 1852, à une époque où le
du Finistère
musée départemental n'existait encore qu'à l'état de projet.

Ils ont été déposés dans . un corridor des bâtiments
Collége, où ils sont demeUl'és pendant de longues années,
sans que l'on en prit grand soin. Quand on les a tranférés
dans u'n local mieux approprié à leur conservation .. plusieurs
de ces objets n'ont pu être retrouvés. De plus une grande
de la destruction
confusion s'était établie entre eux par suite
de's étiquettes qui indiquaient leul' provenance. La nomen­
clature ci-dessus a été faite d'après un catalogue remis par
gonatour à la société archéologique au mois de janvier

1853. (A suivre.)