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Société Archéologique du Finistère - SAF 1936 tome 63 - Pages 69 à 135
L'instruction sous l'ancien régime
dans les limites du Finistère actuel
LES PETITES ÉCOLES
L'enseignement populaire avant 1789 n'a pas encore fait
l'objet de recherches assez nombreuses. En ce qui concerne
le Finistère, la question n'a donné lieu à aucune étude
d'ensemble. On affirme couramment que le Léon et la Cor
nouaille, comme du reste toute l'ancienne province de Bre
tagne, étaient plongés dans l'ignorance la plus complète. et
qu'il a fallu le souflle rénovateur de 1789 pour Y répandre
les bienfaits de l'instl'Llction.
Rien n'est plus inexact. Ces siècles ne nous paraissent
ignorants que parce que leur histoire intellectuelle nous est
'profondément ignorée. L'histoire scolaire de l'ancienne
province cie Bretagne reste à faire. Nous y apportons notre
modeste contribution.
Les documents relatifs aux écoles d'autrefois sont l'ares
et disséminés un peu partout. Toutes les sources d'in-
formation n'ont pas été épuisées dans ' celte étude. Les
documents utilisés sont cependant suffisants pour jeter
quelque clarté sur ce qu'était l'enseignement populaire sous
l'ancienne monarchie. Ils permettent de s'inscrire en faux
contre la réputation de profonde ignorance faiLe à nos
,ancêtres. Puissent-ils attirer l'attention des .chercheurs sur
un domaine à peu près inexploré. '
Sans même consulter les documents d'archives, certaines
constatations permettent d'affirmer que notre région n'était
pas dépourvue d'écoles et que l'instruction était répandue,
non seulement dans les villes, mais aussi dans les
campagnes.
Les registres de l'état civil témoignent de cette diffusion.
Aux XVIe et xvu
siècles, on y relève, non seulement des
signatures de nobles et de bourgeois, mais aussi de
nombreuses signatures de gens du peuple.
Les pièces de procédure, les inventaires après décès, les
délibérations des Généraux (1), dans les paroisses qui nous
paraissent aujourd'hui les plus rétrogrades, sont revêtus de
signatures nombreuses et authentiques.
Des arrêts du Parlement cie Bretagne ( 1688 et 1689),
slipulaient que tous les membres du Général et du Corps
politique devaient savoir signer et qu'ils clevaient signer
personnellement les procès-verbaux sous peine de nullité .
Dans chaque paroisse, les ( fabriques» avaient des recettes
à noter, des dépenses à enregistrer; il leur était donc
indispensable de savoir écrire. Les paysans aisés recher
chaiknt les charges paroissiales; pour y parvenir il leur était
nécessaire de posséder quelque rudiment d'instruction .
L'importance des collèges avant 1789 est une autre
preuve du développement de l'instruction sous l'ancien
régime. Le collège de Quimper, le plus important de
Bretagne après celui de Rennes, comptait 1.000 élèves
au XVII" siècle; celui de Saint-Pol-de-Léon avait de 400
à 500 élèves, celui de Morlaix 100; quant aux collèges de
(i) Le Général était à la fois le Conseil municipal et le Conseil de
fabrique de nos jours. Il était composé ordinairement de douze membres
et de deux trésoriers. Le recteur, le procureur fiscal et les juges de la
juridiction dont relevait la paroisse, venaient se joindre au Général
Quimperlé et de Landerneau, l'effectif ne nous en est ·pas
connu. Ces chiffres ont leur éloquence si l'on considère
qu'e n 1850. après une longue période de l'éorga nisalion,
et pour une population supérieure de près de moitié à celle
du XVIIe siècle, l'effectif total des collèges finistèriens,
publics et privés, n'était que de 950 élèves.
La plupart des paroisses fournissaient des élèves aux
collèges de Quimper et de Saint-Pol - de- Léon. Comme
les étude8 y commençaient au niveau de la cinquième,
il fallait bien que les enfants eussent appris, non seulement
à lire, écrire et compter, mais encore les rudiments du
latin: ce qui suppose l'existence d'écoles élémentaires.
La diversité d'origine des écoliers qui fréq uen taien t
les collèges nous oblige à conclure que les petites écoles ( 1)
étaien t nombreuses.
Un autre fait prouve que le Léon, la Cornouaille et
le Trégorrois, n'étaient pas ces pays arriérés, inaccessibles
au progrès, dont on parle trop souvent. La Bretagne,
en effet, compte parmi les premières provinces françaises
où l'imprimerie ait été pratiquée (2). En 1486, trente et un
ans après l'apparition de la fameuse Bible de Gutenberg
et quatorze ans seulement après la création de la p·remiere
imprimerie parisienne, notre vieux duché comptait déjà
quatre localités conquises à « l'art sublime)J, tandis que
la Normandie, son opulente voisine, n'en pouvait encore
montrer aucune (3) .
Au XVI" siècle, si l'on excepte la région· parisienne,
la Bretagne était la région de France qui possédait
le plus d'imprimeries (4) . En 1885, Noël Clamet de Quimper.
(i ) Nom rionné aux l'col es primaires avant la Révolution.
(2) G. Lepr~lIx, Gallia Typogr-aphica, t. IV, Bretagne
(3) L. Le Guennec, Les premiers imprimeurs et libraires de Morlaix
et de Tréguier (Association bretonne, 1930). Eu i4.7g, malLre Goal'del
exerce à Quimper la pl'Of~ss,on dp l'plieur. .
Corentin imprime à Rennes les Contes et discours
d'Eutrapel de Noël du Fait. Au XVII' siècle, Morlaix,
Quimper, Brest et Saint-Pol·de-Léon avaient des impri
meurs -libraires .
La nécessité crée la fonction;
établissemen ts ne confirme-t-elle
la présence de tels
pas l'existence d'une
certaine culture ~ Les ouv rages sortis de leurs presses
éta ient, en effet, répandus, non seulement dans 'les villes,
mais aussi dans les campagnes .
L'empressement que la Bretagne mit à se procurer des
livres, avant même d'avoir ses imprimeries à elle, nous est
attesté par un curieux document où il est exposé qu'en
1480, Gu iIJau me de Lespine, de l'évêché de Cornouaille,
vendit pour le compte d'un libraire de Nantes, nn stock
d'ouvrages valant 500 livres, ce "lqui équivaut à environ
75 .000 francs de notre monnaie. La majeure partie de ces
li vres était évidemment. destinée à la Bretagne bre
tonnante (1).
a Dès que les imprimeurs de Paris, de Lyon, de Troyes,
en eurent donné des versions en prose, accessibles aux
petites bourses, les romans de chevalerie se répandirent
à pt'Ofusion dans les bourgades et les hameau x de la
Basse-Bretagne qui était le paradis des colporteurs )) (2) .
Si les pierres n'ont pas d'âme, ceux qui 'les ont travaillées
en ava ient une. Peut-on admettre que cette âme artiste
si bien étudiée par M. Waquet dans son magnifique
ouvrage sur L'Art breton, ait été fruste comme le granit
qu'elle scu lp tait ~ « Les cal vaires traduisent en pierre les
représentations théâtrales» qui faisaient les délices de
nos ancêtres et que des acteurs populaires donnaient dans
les grandes occasions. Ces acteurs étaient uniquement
(1. ) A. de La Borderie, L'imprimerie en Bretagne au XVe siècle, p. 99.
d'humbles artisans et des laboureurs . Ils copiaient leur
rôle, l'apprenaient par cœur, ce qui suppose qu'ils savaient
lire et écrire couramment (1).
Les villes avaient un niveau intellectuel plus élevé que
celui des campagnes . Depuis le XVIIe siècle, Quimper avait
sa « chambre littéraire ') ; les lettres y éta ient en h onneur
malgré J"affirmation courante qu e les Quimpérois aiment
mieux un bon dîn er qu 'un bon livre. ( Quimper, malgré
les préventions françaises et les vers de La F ontaine,
n'en n'est pas moins, écrivait Cambry en 1794, un e ville très
aimable, très. éclairée ; c'est l'endroit de la Bretagne où, sans
comparaison, on trouve le plus d e connaissances, de talents ,
d'amour pour l'étud e ; on y a pour les talents et pour les
lettres ce vieux respect anéanti dans un e partie de la
France ) .
(( Brest avait ses académies el ses génies, ses poètes
à madrigaux; on y jugeait et Corneille et Racine.
Voltaire avait trop de légèreté, mais Jean-Jacq ues était
étonnant et le pIn s conséquent d es hommes )) .
Morlaix avait sa chambre littéraire et politique instituée
en 1778 par lettres patentes du r oi Loui s XVi. ( Au milieu
d e ses préoccupations comm ercial es, la bourgeoisie n'y
restait pas étrangère au mouvement des idées . Nou rri e des
idées de Montesquieu , de Voltaire, de Rousseau, de Didero t,
elle réclamait, avec l'école de ces penseurs, la destru d ion
des abu s et d es privilèges )) (2) .
Une chambre de lecture existait à Douarnenez depuis
1707. En 175 2, le roi interdit ' aux ' habItants de Saint-Pol
d'en établir un e (3). ,.
D'après tou t ce qui précède, n'est-il pas permis d'affirmer
(i) H. \Vaquet, L'Art breton, t. II, p. 86 ; A. Le Braz, op. cit.
(2) Cambry, Voyage dans le Finistère, p.p. 228-327.
que notre pays n'était pas sans Cllllure, que les écoles '
y étaient répandues et que l'instruction avait atteint un
degré insoupçonné de la plupart de nos contemporains?
Des documellts d'archives préciseront et confirmeront
cette appréciation et nous permettront de parler en connais
sance de cause du régime scolaire d'avant la Révolution,
LES PETITES ÉCOLES AU MOYEN-AGE
Les XI· , XIIe et Xill
siècles ne nous fournissent aucun do
cument local relatif à l'état de l'instruction ou aux établisse
ments d'enseignement.
M. de La Borderie am l'me que la « cullu re in tellectuelle
chez les Bretons de cette époque, était réelle )J. L'enseigne
ment se donnait en latin. Le professeur ou grammaticus
n'enseignait pas exclusivement la grammaire, mai s aussi les
belles leUres latines. Les comtes et les grands seigneurs
bretons, notamment le comte de Cornouaille, tenaient à
honneur d'avoir auprès d'eux des grammalici. Malgré la
rudesse des mœurs féodales et les guerres continuelles, les
nobles désiraient posséder une certaine cullurp.
Les écoles, bâties près des cathédrales ou des monastères,
n'accueillaient que les jeunes gens qui se destinaient aux
Ordres. C'étaient les seuls centres de l'éducation bretonne.
« On n'y formait pas des esprits, on y cultivait les vocation s
ecclésiastiques » (1 ).
Ces écoles, du reste, ne constituaient que le premier stade
d'un enseignement que certains complétaient dans les Uni
versités. Les clercs bretons, su l'tou t ceux de Basse-Bretagne.
fréqu entaient volontiers l'Univers ité d e Paris où les scribes
(i) La Borderie, Hiljtoire de Bretagne, t. Il; p. 217.
· bretons se trouvaient assez nombreux pour composer une
confrérie qui se réunissait à Saint-André-des-Arcs. La
proportion des Bretons instruits était très forte dans la capi
tale ( 1).
Les Universités d'Angers et d'Orléans où l'on enseignait le
droit, la rhétoriqLie et la grammaire, recevaient aussi de
nombreux écoliers bas-bretons. Les étudiants qui voulaient
se perfectionner suivaient les cours de l'Université de Bolo
gne, renommée pour l'étude du droit civil (2).
Au début du XlV' siècle, le goût des études se développa.
En 1325, Guillaume de Coëtmohan, chanoine de Notre-Dame,
fonda à Paris le Collège de Tréguier où les étudiants pauvres
de ce diocèse étaient logés et nourris gratuitement. Peu
après, Gonnet de Kerambarz créait à Paris un autre collège
en faveur des écoliers du Léon (3).
En 1317, un ecclésiastique cornouaillais, Guléran, avait
fondé cinq bourses en faveur des étudiants pauvres de
l'évêché de Quimper; en 1380, Nicolas de Guistry, chanoine
de Quimper et de Nantes leur donna une maison, rue
Saint-Jacques. Ce fut l'origine du Collège de Cornouaille,
à Paris. Ces collèges ne furent d'abord que des
établissements de bienfaisance destinés à loger et nourrir
gratuitement les étudiants pauvres qui fréquentaient
l'Université.
Dans les familles seigneuriales ou les grandes familles
bourgeoises un précepteur s'occupait de ~l'instruction des
enfants. Le vicomte Jean de Rohan avait pour précepteur
Bernard Le Gonidec, docteur en théologie, auquel il
assigna plus tard une pension de 100 livres sur la recette de
(i) H. Waquet, Les Bretons de Paris au Jfoyen-Age, daos Bull. de
la Soc. arch., année i93.i, p. XIIl-XVI.
(2) R. Prigent, Mémoires de la Société d'hiltoire et d'archéologie de
Bretagne, t. IV, i 923.
(3) R. CnutrQo, Notes sur les C(jll~ges d~ Léon et de Tréguier.
Landerneau. Jean Auchier, .maître d'école du seigrieur
de Léon, fils aîné du Rohan, recevait 30 livres de gages,
sans compter sa nourriture et son entretien (1).
I! semble qll'à cette époque l'instruction ait déjà
commencé à se répandre dans le peuple. Le carlulaire de
Quimper mentionn e un maître d'école el le classe parmi
les clercs inférieurs ayant une part dans les obits. Dès
le début du XIV' siècle, Guidomar ou Guyomar était recteur
des écoles de grammaire de Quimper-Corentin, tenues dans
une maison de la rue Viniou (2) .
En 1377 une école fonctionnait à Morlaix. Elle n'était pas
gratuite ainsi qu'en témoigne un acte du 6 décembre 1377
par lequel Guillaume Tm'ell, pour reconnaître les services
que lui ont rendu s Henry Le Borgne et Havoyse Torell sa
femme, sœur dudit Guillaume, donne à leur fils AulTroy
Le Borgne, pour « l'aider à tenir à l'escole», 6 sols
de rente sur une maison sise en la ru e de Plollje:m
à Morlaix (3).
Saint-Pol-de-Léon avait aussi une école. ainsi qu'il résulte
de la déclaration de Fran çois Le Saux, âgé de 66 ans
qui, déposant au cours du procès intenté en 1501
Pierre de Rohan, déclare que « estant à Saint-Pol en Léon
aux escolles, a oy dire que lesdits Reyzarcl, Aureille pellll e
et autres avaient été décapitez el exécutez » . (lI).
Il existe à la Bibliothèque nationale un manuscrit connu
sous le nom de Formulaire de Tréguier (5) . C'est un recueil
(t ) Ant. Dupuy, Société aoadémique de Brest, 1877-78, p. 3:13. '
(2) A. de Blois, Notice historique sur la vitte de Quimpel'.
(3) Archives de Lesquiffi ou .
t4) Procédures politiques du règne de { ,ouis XIl, publiées en 1884
dans la co lleclion des Documenls inédits de l'Histoire de France, p. 4H .
(5) Le texte du Formulaire de Tréguier a élé pllblié illlpgraiement
par M; René Prigenl. dans lps ' Mémoires 'de la: Société d'hi~toire , ,~t
d'archeologte de Bretagne, t. IV, i 923. Les renseIgnemen ts qm s. uIVèn!
ont été pUisé$ dans .cette.savante efcoD sciencieuseétude. '
:" de 157 lettres ou formul es de lettres datées du début
du XIV' siècle. Antérieures à 1329 , elles ont, pour la plupart,
été transcrites telles qu'elles ont été rédigées. Elles émanen t
. de milieux très di vers et fou rnissent des renseignemen ts
intéressa nts. sur les bretons du Trégorrois à la fin du
siècle, Toutes les lettres, en effet, concernent l'évêché
de Trég uier, dont une notable partie a été rattachée
au Finistère en ) 790.
Elles nous donnent des indications précieuses sur l'état
de l'instruction en Bretagne au Moyen-Age. La culture
intellectuelle était bien supérieure à celle qu'on attribue
généralement aux Bretons de cette époqu e. On est tout
surpris de trouver dans ces lettres des détails mythologiques
prouvant que les souvenirs de l'antiquité avaient pénétré
au fond même de la Bretagne. Un architecte est comparé
. à Dédale; les avoca ts son t des Cicéron, les médecins des
Hippocrate ; une amitié égale à celle d'Oreste et de Pilade
unit deux écoliers.
Certaines lettres traitent des affaires ecclésiastiques,
d'autres proviennent de seigneurs, chevaliers ou écuyers,
d'autres enfin émanent de bourgf~ois et même de gens du
peuple. C'est ainsi que, de Lanmeur, un père écrit à' son
fils, professeur de droit à Orléans, qu'il vienne soutenir
le procès de sa sœur trompée par un j eu ne homme. Ailleurs,
un père de famille écrit à un pelletier d'enseigner le métier
à son fils. Un malade écrit 'à un médecin pour réclamer
ses soins; une veuve emprlln te cent sous pour les obsèques
de son mari; un écuyer prie un maître d'école de se
charger d'un enfan t de sept ans; un maître d'école sollicite
le concours d'un bachelier, etc.
Une lettre, en prose latine rimée, adressée par un maître
d'école de Morlaix à ses élèves, à l'occasion 'de la
Saint-Jean, nou s apporte de curieuses révélations. Elle
maîtres ne se faisaient pas faute de -réclamer de leurs élèves
des dons en nature (Il .
« Apportez, dit ce digne magister, des fromages, des
bignons, qiJe j'aime au fond du cœur, des œufs, du beurre;
celui qui apportera le plus grand nombre de fromages,
sera le chef de l'école; je l'appellerai « mon fils II et
je lui donnerai des louanges de ma propre bouche; ceux qui
n'apporteront rien seront fouettés et je les jetterai dans
le Danube (sic) ".
Un autre maître d'école réclame son paiement, faute de
quoi il saisira les vêtements de son écolier malgré l'âpreté de
l'hiver, « suivant la coutume des écoles )).
Au début du xv· siècle, la Bretagne vivait en paix, alors
que la guerre de Cent ans décimait les provinces voisines.
Pendant tout ce siècle, notre région connut une grande
prospérité, propice au développement de l'instruction. Le
duc François Il fonda l'Unlversité de Nantes (14130); les
étudiants y furent bientôt nombreux L'imprimerie donna
aux études des facilités et un essor nouveaux; les écoles se
développèrent et se multiplièrent. La Basse-Bretagne n'était
nullement en arrière sur le mouvement intellectuel en
France. Suivant le témoignage de Pie Il, si la Bretagne du
xv· siècle était experte aux armes, elle l'était aussi aux lettres.
A Quimper, Bertrand de Rosmadec dota la psallette de la
cathédrale en vue de donner l'instruction à un plus grand
nombre de jeunes gens de la cité (2).
Les paroisses payaient pour l'enregistrement des nomina
tions des maîtres d'écoles, une taxe dite droit de scel ou
(i) Celte lettre a ét~ traduite par M. de La Borderie, dans la Revue
de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, t. IV, 1890, et porte le nO 155 dans
l'étude de M. René Prigenl.
(2) Du Chatellier, Académie des, Sciences morales et politiques,
sceau. Un registre spécial était tenu à jour pour la perception
de cet impôt. Uue feuille de parchemin, provenant de ce
regi stre, a été découverte à la mairie d'Ergué-Gabéric où elle
servait de couverture à un vieux 'registre d'état-civil. Cette
feuille, datée de l4g8, énumère 33 paroisses cornouaillaises
sou!llises à la taxe ( [).
Celle énumération es t évidemment très incomplète, puisque
nous ne possédons qu'une feuille détachée d'un registre qu'il
eût été intéressant de posséder en entier. Voici la liste des
paroisses mentionnées, qui possédaient une école;
{( Ploe"banalec, Ploëvan, Pont-l'Abbé, Ploe'meur, Primelin,
Goulchien (Goulien), Cléden-cap-Sizun, Pont-Croix, Ploeïan
(Ponllan), Ploëdregat, Argol, Camaret, Crauzon, Ploëmodiern,
Ploe'caslel-Daoulas, Hanjvec, Landerneau, Rosnohen (Ros
noën) , Brasparz, Lannédern, Plusquellec, Pleyben, Corllay,
Ploëven, Landeleau, Coray, Leunhan, Rostrenen, Carhès,
Banazlec, Faoe·t, Langonet n.
Quelle conclusion peut-on tirer de cette liste incomplète ~
C'est que les écoles devaient être nombreuses à cette époque,
surtout si l'on tient compte du fait qu'il existait des écoles
dites écoles de charité, fondées par des particuliers, et: qui,
exemptées du droit de scel, ne figurent pas dans l'énumé
ration ci-dessus. On constate que la région côtière s'étendant
de Pont-l' Abbé à Landerneau, et plus particulièrement le
CapcSizun, était abondamment pourvue d'écoles.
Les documents relatifs à cette époque sont rares. Toutefois
nous pouvons ajouter à cette liste:
Guipal'as, où, en 1426, Guillaume Le Guével est exempté
de fouage comme (( gradué et maistre d'école» (2).
Pouldreuzic, où Guillaume Le Cal vez était maître d'école
en [426. Il se prétendait noble; les paroissiens le niaient,
mais les témoins de la réformation, choisis parmi les nota-
(i) Abbé Antoine Favé, Association bretonne, i896.
bles, estimaient que (c wn gouvernement », c'est-à-dire sa
profession, devait lui valoir d'être déch argé d'impôt.
Le même rôle des fouages en 14 26, mentionne à Plonéour
un cc mestre d'escolle Il, et à Lesneven, « deux clercs tenant
escolle (1).
L'école de Goulien était tenue en 1500 par messire Pierre
Le Bloch demeurant au village de Kerbeullec (2 ).
Un acte de l'abbaye de Daoulas. en date du 9 fév rier 1501,
mentionne le droit de collège que possède l'abbaye et fait
défense à tOllle personne d'en tenir à une lieue à la ronde
sans la permission des abbés.
L'exi stence d'un e école à Morlaix avant la fin du xv
siècle
nous es t révélée par un e transaction d'août 1506, où il est
reconnu qu'Olivier Polart, seigneur de la Villeneuve, en
Plouézoc'h, « avoit esté débauch é à l'aige de 14 ans, en la
ville de Morlaix, où il estoit aux escolles Il, pour épouser
Marie de La Lande. Ledit mariage fut ann ulé et il épousa, en
secondes noces, Madeleine RivauIt de [(erisac (3) .
Malheureusement, les guerres de la Ligue désolèrent les
. campagnes. Le triste tableau de ces guerres, décrit par le
chanoine Moreau, nous montre les villes et les paroisses
dévastées, abandonnées par leurs habitants qui fu yaient les
bandes armées de Fontenelle, les troupes des Ligu eurs ou
des Royaux.
Durant cette période troublée, où la misère règ nait en
maîtresse, les écoles disparurent en Basse-Bretagne, comme
du reste dans la France entière, en proie aux luttes religieu ses .
Dans l'une de ses lettres patentes, Henri IV écrivait :
« L'ignorance prend cours dans le royaume par la longueur
des gu erres ci viles »
(i) Archives de la Loire-Inféripure, B. 2988 .
. J~ ) _ Bull~tin de la Société archéol. du Finistère, année l. 9i3.
(3) Ancienne. généalogie des Polart. Note communiquée par M. Le
parOIsslens, se rOUVrirent et apporterent a nouveau aux
campagnes l'instruction disparue pendant· les guerres civiles.
Si tôt finie cette d ure période, 0 11 ressen ti t le besoin
d'arracher les enfants à l'ignorance entretenue par les '
malheurs du temps; des âmes généreuses s'occupèrent de
reprendre l'œuvre interrompue. Il y eut, après la Ligue, une
sorte de renouveau, d'élan pour l'instruction: Les écoles
rurales, fondées par des particuliers ou entretenues par les
ORGANISATION DES ÉCOLES
Rôle de la royauté
L'enseignement populaire n'a guère préoccupé les rois .
Pour l'ancienne monarchie, l'enseignement n'était pas affaire
d'Etat: c'était l'affaire de l'Eglise, des paroisses et des '
familles. qui recherchaient les avantages procurés' par
l'ins truction.
Cependant, vers la fin du XVIe siècle, le pouvoir central
intervient et affirme le droit de la couronne sur les écoles.
En 1560, à la suite des plaintes et remontrances des députés
du Tiers-Etat. Charles IX , par son ordonnance d'Orl éans
(art. 9), prescrit que « dans chaque église caLhédrale ou
'collègiale, une prébende sera destinée pour l'enlretenement
d'un précepteur leqnel sera élu par l'Evêque clu lieu. appelés
les chanoines dudit lieu et les maire, échevin, conseillers cie
la Ville )). Ce précepteur, appelé scolastique, devra instruire
gratuitement la jeunesse; il pourra être destitué parl'Evêqùe,
après avis du Chapitre et du Conseil de ville.
L'ordonnance de 1560 assura la mainmise de l'Eglise sur
l'instruction populaire. Les écoles cie campagnefl1l'ent
considérées comme une extension de l'école attenant à la
cathédrale. Le scolastique étant nommé par l'Eveque, les
m aîtres d'école , des . villages seront au ssi placés sou s son
autorité ; il déléguera cette autorité au scolastique, d'où le
prin cipe que les maîtres d'école dev ront recevoir l'appro bation dq scolastique. A son tour, celui-ci autorisera le curé
à le rem placer dans sa paroisse.
Cet état de fait sera consacré pa t· l'Edit de 1606 où
Henri IV. précise que les régents, les précepteurs ou maîtres
d'écoles des pelites villes et des villages, seront approuvés
par les Cil rés des pa roi sses.
L'Edit , de 1 695 confirme celui de 1606 et ordonne qu 'en.
CO I1l'S d~ vis ile l' Evêqlle s'assurera de l'orthodoxie des
maîtres ,:et ordonnera qll'on les rem place s'il n'est pas
sa tisfait de leurs doctrin e et mœ llrs.
La Déclaration ro)'al e dll 4 mai 17 :14 fixe le traitement
I T !inimllll1 des maîtres d'école à [50 1. et celui des maîtresses
h 1 00 1. 'Là où il n'y a pas de fonds spéciaux pour le paiement
d~s maitres, la Déclaration autori se à imposer les habitants
pour se procu rel' 1 es resso u'l'ces nécessa ires.
En ré~umé , le rôle de la royauté s'es t born é à codifier en
quelqu e sorte un étaL de 'fail qui existait déj à ; son interven tion
dans l'in struction du peuple fut n égligeable. Les écoles de
l'ancien régime étaient libres vis- a- vis de l'Etat qui ne s'en
occupait pas ; ell es dépend aient étroitement de J'Egli se.
Rôle des évêques
Des opinion s contnidictoires ont été exprim ées sur l'état de
l'instruction en F.ran ce" ava nt 1789 ; cela provient de ce q ue
certaines régions étaient plu s ou moin s bien partagées quant
a u nombre des écoles , sui va nt que l'impulsion donn ée à
l'enseig nement par les évêques dans leur diocèse était plu s
0 11 moins forte. Tandis qu e l'on voil l'évêcbé de Vannes
à-p p.u-près dépourvu d'écoles, les évêch és voisin s de Cor
nouaille, de Léo n et de Trég uier, étaient bien partagés au
Il Y eut en effet dans ces évêchés comme Ulle sorte de
tradition, comme un devoir sacré d'assurer la continuité ou
le développemen t des petites écoles et que les évêques se
transmettaient l'un à l'autre, Si bien qu'à travers les siècles
on sent comme une unité de vues favorable au dévelop
pement des écoles. Chaque évêque a tenu à honneur de
s'occuper de l'instruction du peuple, de rappeler à son clergé
les règlements existants ou d'en publier d'autres, de stimuler
le zèle des maîtres laïcs ou des jeunes prêtres gui, avant
d'accéder à d'autres fonctions, devaient s'occuper de l'ins
truction de la jeunesse.
Le concile de Trente dirigea le mouvement qui assura
au XVIe siècle la renaissance des écoles. Ses prescriptions,
nombreuses et précises, seront reprises par les évêques dans
leur diocèse.
Le rôle des évêques bretons a été fixé par le concile
provincial de Tours (1583). Il leur était enjoint de procur!'lr
des écoles aux paroisses, « parce que la jeunesse, nourrie en
oisiveté apprend l'art de mal faire )) .
Les statuts synodaux :nous renseignent sur l'action m enée
par les évêques dans leur diocèse pour appliquer les direc-
tives données. .
EVÊCHÉ DE CORNOUAILLE
Le 30 avril I7 10, M gr de Plœuc donn e des instructions
pour «( rétablir les petites écoles dans les villes, bou rg· s et
paroisses, principalement en faveur des pauvres)). Il exhorte
les fidèles il contribuer à la fondation de ces écoles où les
jeunes prêtres, récemment sortis du séminaire, s'occuperont
de l'instruction des garçons. Il interdit les écoles mixtes
comme contraires aux bonnes mœurs. Après avoir donné
des ordres précis pour l'animer le zèle des jeunes prêtres
maîtres d'école, Mgr de Pl œuc ajou te; «( Les recteurs auront
soin que les jeunes vicaires apprennent à lire et à
- autant qu'il se pourra, à tous les enfants de la paroisse », .
(e Da ns tou s les lieux où on pourra établir des maîtres et des
maîtresses de p rofession , nous exhorton s les seigneurs et les
au tres fid èles , q ue la piété et la charité intéressent à l'éduca
tio n des enfants, d'y contribu er avec joie selon leurs fa
cultés ".
Mg r de Saint- Lu c consid ère la tenu e des écol es comme si
importante, qu 'à ses yeux , la m eilleure recommandation
pour un j elln e prêtre es t " le zèle qu'il m ontre dans l'in struc
tion des enfants l) (1).
EvÊCHÉ DE LÉON
En 1630 . Mg r de Ri e ux recommand e allx recteurs de ne
[ 'ecevoir pour maîtres qu e ce llx qui auront témoi gné de lem
orth odo xi e devant l'autorité épiscopale, et, s' il s sont étran
ge rs 1 111 diocèse, qu e S UI' lettres testimoniales de leur Ordi
naire, Il précise le règlement qu e devront suivre les écoliers,
règlem ent qui vise sllrtout lem édll calio n chréti enne. La
classe se fera de 8 heures à 10 h eures du malin , et de 2 heures
à li hellres du soir. On commencera la classe par une courte
prière L lu e le maître récitera à genoux a vec ses élèves , et on
la tel'lllin era pa r nn chant à la Sainte Vierge comme l'Ave
Maris Stella. Alltant qu e possible, dan s chaque paroisse, un
prêtre 0 11 un clerc se ra choisi, aux frai s de la cc fabrique n,
pO Ul.' raire les fo nclioll s de maître d'école (2) .
Les statuts formul és en 1758 enj oign ent à tous les rectems
cl 'iJ pporter leurs soin s à (c l'établissem ent et à l'entretien des
petites écoles cla ns leurs p a roisses , de veiller à la manière
dout elles s'y font, et de n'en charger personne san s j'avoir
préalablemen t e xil. min ée J) . L'évêque ordonne qu e, dans le
cours cle ses vi sites, les maîtres et les maîtresses d'école lui
(I ) Les statuts synodaux, Bib liothèque mun icipale de Quimper.
soient présentés, afin qu'il s'intru ise lui-même « de leur
capacité, catholicité et probité» . 11 défend aux maîtres de
recevoir, w u s quelqu e prétexte que ce soit, des filles dans
leurs écoles, et aux maîtresses d'admeLtre des garçons dan s
les leurs ( l ).
Mgr de La Marche, nomm é évêqu e de Léo n en :772, m ontra
une sollicitud e particulière pour les écoles ; il s'a ttacha il
mettre l'instru ction à portée de toules les classes sociales , et
particuli èrement des pauvres; il rech e t'cha parmi ceux-ci les
intelligences d'élite et leur facilita, par des bourses , l'accès
des humanités.
Dans son mandement du 10 décembre 1774, il précisa et
dével oppa les statuts relatifs aux écoles, « afin de perfec
tionner l'éducation de la jeunesse et d'arrêter le cours de
plusieurs abus qui se sont introduits dans les petites écoles
du diocèse» . 11 ordonne aux prêtres de concourir à l'enLre
tien des retites écoles et au choix des maîtres. Il interdit la
co-éducation et ordonne aux prêtres de visiter souvent les
écoles, d'y maintenir le bon ordre et de s'assurer par eux
mêmes d e l'orthodoxie des dogmes et de la pureté de la
morale qui s'y en seignent, Il énumère les pratiques reli
gieuses à faire observer aux enfants et exige qu'on ne mette
entre leu.rs mains (1 que des livres propres à tes édifier ou à
les instruire >J . Les recteurs devront s'occuper eux-mêmes o.e
l 'instruction des enfants (c s'il se trouvait quelque paroisse où
il ne fût pas p ossible de se procu rer des maîtres et maÎlresses
d'école d'une piété et d'une probité reconnues» (2) .
EVÊCBÉ DE TRÉGUIER
Les statuts synodaux publiés en Ill59 par l'évêque de
Tréguier, recommanden t d'accorder avec facili L é et gra tu i Le-
(i ) Abbé Piéderri èl'e, Revue de Bretagne et de. V -endée, année 1877 .
(2) Cette or~onnance est · imprimée. en tête du catêcnisme diocé. s;lin ,
édition de :l779.
ment la permission de tenir les petites écoles à ceux qui,
instruits et de bonnes mœurs, désirent donner l'instruction
aux ignorants, Ils interdisent , sous peine d'excommunica
tion, de rien exiger ou demander pour cette concession (1).
Chaque évêque avait donc, dans son diocèse, la haute main
sur l'inslruction des enfants, Il déléguait ses pouvoirs au
scolastique et aux recteurs des paroisses, mais il se réservait
de visiter les écoles au cours de ses tournées pastorales.
Rôle du Parlement et des États de Bretagne
Ni le Parlement ni les Etats ne semblent avoir porté grand
intérêt à l'instruction du peuple, '
Les Déclarations royales du 13 décembre 16g8 et du 4 mai
17 ').4, disposaient que, dans les loçalités où il n'y avait point
de fonds des tin és à l'entretien des maîtres et maîtresses, on
devait imposer les habitants de manière à payer un minimum
de traitement de 150 1. aux hommes et de 100 l. aux femmes.
Le Parlement de Bretagne refusa d'admettre cette clause,
entravant ainsi le développement des écoles et laissant au
clergé et à la bonne volonté des habitants la charge des
petites écoles (2 ).
Un arrêt du Parlement, en date du 26 novembre 1716,
vient appuyer les statuts synodaux et fait défense à tous les
maîtres ,de la province, « de tenir les petites écoles ni d 'aller
enseigner dans les maisons particulières sans le consente
ment des recteurs ou l'approbation des évéques », sous peine
de destitution et d'une amende de 50 1.
Les sommes consacrées à l'enseignement par les Etats de
Bretagne furen,t toujours dérisoires. Leurs budgets ne portent
aucune trace de subventions destinées aux petites écoles,
(i) D, Morice (Preuves, t. H).
o (2) Potier de La Germondaye, Intraduction au gouvl71'1W1fWnt des
L'enseignement secondaire fut favorisé par des dons. assez
peu importants, du reste. Les Etals témoignèrent leur géné
rosité pour le Collége et la Maison fondés à Rennes pour
l'éducation gratuite des gentilshommes pauvres et d es demoi
selles nobles . En 1778, ils consacrèrent 3.000 1. à la création
de bourses en faveur des jeunes gens du Tiers dans les
collèges de province. En 1786, celte subvention s'élevait à
14.000 J. ( [). En 1785, la part affectée à l'entretien des bour
siers au Collège de Saint-Pol-de- Léon, s'élevait à 8 ,:.l francs.
Les Etats spécifiaient que les bourses étaient accordées
à des enfants pauvres « nés dans l'Ordre du Tiers»,
mais en étaient exclus les enfants d'ouvriers et de 'paysans,
« attendu la nécessité de laisser des bras à la culture déS
terres, aux ateliers et aux manufact.ures u,
Le clergé était donc à peu près seul à s'occuper de
l'instruction dans les campagnes; le roi et les privilégiés ne
se souciaien t pas d'instruire le peuple.
Etudier le passé avec une impartialité absolue est chose
difficile. Ne nous hâtons pas de juger les choses d'autrefois
avec nos façons de voir actuelles : nous les jugel'Ïons mal.
Essayons plutôt de les comprendre en les jugeant avec l'espri t
du temps.
Dans la bourgeoisie, aussi bien que chez les privilégié' Si
l'opinion courante était que le peuple n'avaitpasbes6Î~ '
d'instruction; on n'attachait pas à cette inst['Uction là
même importance qu'aujourd'hui.
La Chalotais, procureur général du Parlement de Breta
gne, l'un des esprits les plus avancés de son temps, écrivait
en q63 dans son Essai d'éduéalion nationale: « Les frères
de la Doctrin'e chrétienne 'qu'on appelle ignorantins,
(1) Rébilién, Lès Eiatsde Brdà{jnë de ÛM iJ, 1.7 -eg.
apprennent a lire et ' a écrire à des gens qui n'eussent dû
apprendre qu'a dessiner et à manier la lime et le rabot,' mais
qui ne le veulent plus faire, Le bien de la Société demande
que les connaissances du peuple ne s'étpndent pas plus loin
que ses occupations. Tout homme qui voit au-dela de
son triste métier, ne s'en acquittera jamais avec courage
et patience. Parmi les gens du peuple, il n'est nécessaire
de savoir lire et écrire qu'a ceux qui vivent de ces arts ou
que ces arts aident a vivre »,
Voltaire lui écrivait le 28 février 1763: « Je trouve toutes
vos vues utiles. Je vous remercie de proscrire l'étude chez
les laboureurs, Moi qui cultive la terre. je vous présente
requête pour avoir des manœuvres et non des clercs, ..
Envoyez-moi des frères ignorantins pour conduire mes
charrues ou pour les atteler ») (1) .
Il écrivait encore le l" août 1766 : {( Il me paraît essentiel
qu:U y ait des gueux ignorants. Ce n'est pas les manœuvres
qu'il · faut instruire, mais le bourgeois... La canaille
d'aujourd'hui ressemble en tout à la canaille qui végétait
il y a 4.000 ans. Il faut que le peuple soit conduit, mais
non pas qu'il soit instruit; il n'est pas digne de l'être.
Quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu ».
Rousseau écrit dans l'Emile: « Le pauvre n'a pas besoin
d'instruction; celle de son état est forcée, il ne saurait
en avoir d'autre ... Dans l'ordre social, où toutes les places
sont marquées, chacun doit être élevé pour la sienne.
,Si un particulier élevé pour sa place en. sort, il n'est plus
propre a nen ».
En. 1665, Charles Colbert constatait que le commerce était
déconsidéré par la bourgeoisie et attribuait ce fait au trop
grand nombre d'établissements d'instruction. Il écrivait, à
propos du port de Quimper: « Le commerce y était beau
(i) CôrràpamÙùû!e;èditionBeuCh'ol, X, 58! .
autrefois de toute sorte de marchandises et on en attribue la
cessation à l'établissement du Collège des Jésuites qui fut
fait en 1620, depuis lequel temps la jeunesse s'est mise à
l'étude et n'a produit que beaucoup de prêtres, avocats,
procureurs et sergents, et surtout un grand nombre de
faussaires)) Cl).
Un prélat éclairé, ami de l'instruction, se distinguait par
ses içlées hardies et neuves sur l'instruction du peuple:
c'était Monseigneur de La Marche, évêque de Léon. Rompant
avec les idées de l'époque, il réfuta dans une admirable lettre
à l'Intendant de Bretagne le sophisme alors très répandu
relatif aux dangers que présentait le développement de l'ins-
truction primaire dans les classes pauvres (2).
Des idées que nous croyons nouvelles, des réformes que
nous croyons d'hier, inspiraient déjà ce novateur, tradition
naliste farouche dans le domaine religieux, mais hardi et
large dans le domaine de l'enseignement populaire. Il étai. t
partisan d'une instruction générale répandue dans tous les
milieux.
Etant donnée la carence de l'Etat, de la noblesse et de la
bourgeoisie, les petits et les humbles seraient restés dans
l'ignorance la plus complète si l'Eglise n'avait pris en mains
la cause de l'enseignement populail"e. Il convient de dire que
l'Eglise poursuivait snrtout un but religieux: mettre les
enfants à même d'apprendre Je catéchisme et de lire les livres
de piété. Mais, ce faisant, ne contribuait-elle pas à répandre
les bienfaits de l'instruction et ne préparait-elle pas '
l'émancipation du peuple?
(:1.) J. Lemoine et Bourde de La Rogerie, Inventaire des {nnds d . es
Amirautés de Morlaix et de Quimper.
(2) Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, C. 596.
Cette lettre est publiée en appendice, p. 546, dans la thèse de doctorat
ès-lettres publiée par , M · . l'abbé Louis 'Kerbiribu, Jean.-Eran'ÇOis de
LES ÉCOLES
DE L'ORDONNANCE D'ORLÉANS (1560)
A LA RÉVOLUTION DE 1789
L'enseignement secondaire: les Collèges
Le plein épanouissement des connaissances et de j'instruc
tion générale se produit toujours aux époques où règnent la
paix et la prospérité matérielle. En Bretagne, les xv". XVIe et
xvn
siècles, furent des siècles calmes où l'art s'épanouit
dans toute sa splendeur et où l'instruction prit un dévelop
pement insoupçonné. Les misères du règne de Charles VII
lui furent épargnés. Aux XVI" et XVIIe siècles, la Basse
Bretagne jouissait d'un bien-être matériel, inconnu dans de
nombreuses provinces . La culture des céréales et du lin,
l'industrie de la toile, le commerce ave0 l'Espagne, les
Flandres, le pays bordelais, amenèrent une aisance presque
générale. Les inventaires de l'époque nous montrent
les paysans possesseurs de solides maisons garnies de riche
vaisselle, de mobiliers sculptés et de lits-clos nantis
de couettes de plu me (1) . Les manoirs et gentilhommières
qui parsèment nos campagnes, datent de cette époque;
l'art · religieux breton fleurit et donna sa mesure; le
bien -être régnait partou t. Peu t-on cOllcevoir ce développe
ment artistique sans une certaine cu lture intellectuelle ~
Cette prospérité fil t én effet fa vora ble à l'éclosion des
écoles. Bientôt un enseignement primaire ne suffit plus
aux classes aisées; on réclame des collèges où se donnerait
(1) S. Hoparlz, Le Mobilier .du paysan
Rèl/ue de l1rifadne et de Vendée, 1862.
breton au xvie siècle. dan"
un enseignement plus élevé. Les nobles abandonnèrent
leurs châteaux ou leurs manoirs pour ' venir habiter
dans les vil ~es où ils pouvaient procurer à leurs enfants de
bons maîtres, puis un enseignement plus élevé dnas
les collèges. Quimper eut sa rue des Gentilshommes, Morlaix
sa rue des Nobles.
Le 29 mars 1611, la création d'un collège à Quimper fut
décidée « pour l'instruction de la jeunesse, tant de ladite
ville que d 'ailleurs ... )). L'établissement s'ouvrit en octobre
1620 dans une maison prébendale de la rue Verdelet dont
messire Jean Briant, archidiacre de Cornouaille, fit don aux
Jésuites chargés de l'enseignemen t. En 1634, les fonds re
cueillis permettent la construction d'un collège bâti à l'em
placement du lycée actuel (1).
L'assemblée des notables alloua une
annmte de
2.000 livres pour l'entretien des maîtres, et une somme de
300 livres pour achat de volumes. (1 estant donné que les
régents ne peuvent régenter sans livres, non plus que
les soldats combattre sans armes ).
En 1627, le collège comptait déjà 950 élèves. Les
« escholiers)) s'y rendaient de 20 à 30 lieues à la l'onde.
L'importante 'école de Plouguernével fournissait à elle
seule annuellement, de 50 à 70 élèves.
Il n'y avait pas d'internat. Les élèves étrangers à la ville
prenaient pension dans les hôtels, dans les auberges
ou dans des maisons particulières (2). Celle jeunesse
studieuse, mais souvent turbulente, défraya à maintes
reprü :,es la chronique judiciaire.
(i) La majeure partie des édifices existe encore, mais a subi d'impor
tantes modifications.
La Bretagne ne possédait, à celte époque, que deux collèges: celui de
Rennes et celui de Quimper. Pour plus de détails sur le collrge de
Quimper, consulter l'excellent ouvrage de Fierville : Le collège de
Quimper.
Les livres scolaires étaient imprimés chez l'imprimeur
quimpérois Gùillaume Le Blanc, dont la maison, sise rue
du Sallé, fut démolie en Tg3 2 (r) .
Le plan d'étude du collège éta it celui des principaux
collèges de Paris. Avant d'y entrer, il fallait savoir bien lire,
écrire et calculer; il fallait connaître les éléments du latin,
bien savoir le Rudiment et expliquer l'Appendice. On ,'oyait
en cinquième les fabl es de Phèdre, le Sulpice Sévère ou le
Seleclée veteri testament. J :ette étude était accom pagnée de
l'A brégé de l'Histoire Sainte, de la llIythologie, d'une partie
de la Grammaire de Vailly et de la Géographie de Crozas
En quatrième on expliquait le Seleclée veleribus scripto
ribus, Cornélius Nepos, les Eglogues de Virgile, et les
pero montrent à la fois la diversité rl'origine des écoliers et le mode de
pension en usa~e à Quimprr au XVIIe siècle:
:1.64,1, 12 lévrier. - Sépulture d'Yvon Gourmelen, escolier Je Plo,..
modiern.
i645, 3 mars. Sépulturfl d'un escalier du pHyS de LPon demeurant
en la maison d'Ad eline Le Goff.
i65i, 5 novembre. Sépulture de Pierre Rolland, de Crozon.
1651, 25 janvier. SéJlulture d'un l'scolier nommé Charles Le Guil-
lou, rl'Huelgoat, l'stant au log is de Nicolas Doucin, menui, ier.
165:1., 22 lév ri er. SApulture d'un l'sc011ier estralJge trollve l'n la
rivière de cèste ville, et après la visite de ~1M . les Gens du Hoy, !lOUS
l'avons mis en terre
:1.65:2, ... sept~rnbre. Sépullure d'un escolier demeurant au logis de
Guillaume Pérennès au bout du grand pamedor (?i
1652.-Sépultnre d'un escolier dem~urant au lo:.:is d'Adeline Le Gull'.
1655, if) février. Sépulture d'un escolier de la paroisse de Boul.ta
vené (?) lequel c1emelll'ail en la maison d'Ollive la Boulangère.
Nous trou\'ons encore les Hcles de décès rie François David, de B~r
rien; Charles Le Bras, de Guimiliau; Michel Chevance, rie Tréogan ;
Yves Moridal, du Faou: René Géliu, de Plonévez-Porzay j Joseph
Collin, de M erléac; Gilles Bouguen, de Plouzané ; Franço is .Jpzp quel,
dtl Scrignac; Jacques Le Hénaff, rI'Edl'rn ; Joua Le Conq, de l'évêché
de Saint-Pol; François QUPl'é, de Plouguerneau ; Charles Guillon, de
Duault, etc.
(:1. ) La pierre d'lIuvent pOI'tant J'inscription: J-fl-S. 1 '. F. par
H. H. Guillaume Le Blanc, .An 163.'1. Act. 64, a Hé couservée et se
Elégies d'Ovide. On étudiait les règles de la prosodie latine,
on continuait Vailly et Crozas, on voyait l'abrégé de t'Histoire
ancœnne.
En troisième on traduisait Végèce, Florus, les Commen
taires de César, les Métamurphoses d'Ovide, les trois premiers
li vres de l'Enéïde, les EpUres d'Horace, les Discolzrs de
Cicéron, Marcellus Poëta et les Offices. On continuait Vailly
et de Crozas ; on étudiait l'abrégé de l'Histoire romaine.
Dans tou tes ces classes on faisait d!'s thèmes, des versions,
des vers latins; on composait tous les 15 jours.
En seconde on expliquait Salluste, les Discours contre
Catilina, les Odes d'Horace, quelquefois comparées aux tra
ductions françaises en vers; on continuait l'Enéide, on
apprenait par cœur un petit ouvrage très estimé, intitulé le
Guide des Humanistes; on étudiait l'abrégé de l'Histoire de
France, et de l' HistoÏi'e de Bretagne.
En rhétorique on expliquait Tile·Li ve, Tacite, les Philipiques
de Cicéron, et l'Art poétique d'Horace; on continuait l'Enéïde ;
on faisait des vers, des fables, des amplifications.
En philosophie on suivait la Logique de Duchemin, ou
celle dite de Lyon, qui était meilleure, plus claire, mais dont
l'achat était plus dispendieux.
En physique, on voyait les Mathématiques de Mazéas et la
Physique de Lyon.
Les Jésuites enseignaient aussi le grec et apprenaient à
leurs élèves à faire des vers français. Comme on le voit, leur
enseignement ne visait pas seulement à instruire, mais aussi
à former l'esprit.
La classe du matin durait 2 h. ~ ; celle du soir, 2 h. ~
également.
Les élèves avaient. dans leur pension, des précepteurs qui
leur faisaient des répétitions, les aidaient à faire leurs devoirs
et à préparer leurs auteurs.
ment de l'année, chaque élève était tenu de verser 6 francs
pour son inscription; les Quimpérois avaient le privilège de
ne payer que 3 francs. Le produit de cette rétribution était
employé à la réparation des bâtiments.
Le jour de la Saint·Nicolas, un des garçons venait faire
une quête dans les classes; chaque élève lui donnait 24 sols.
C'était, en grande partie, le salaire des deux garçons, dont l'un
était jardinier et l'autre servait à la table des professeurs (r).
Avant la Révolution, le collège de Quimper avait environ
Ir .000 fran cs de revenus en immeubles provenant des biens
des Jésuites, dont 2 .000 francs étaient payables par le collège
de La Flèche. Ces revenus suffisaien t amplemen t au traitement
des professeurs ( L). .
Le collège de Saint,Pol-de-Léon (2) s'ouvrit le 5 jan
vier 1682, dans un bâtiment situé entre la rue Verderel
et la rue Fouennoc. A l'origine, il n'y existait que quatre
classes. On y enseignait la morale, les ' langues française
et latine, la géographie, les belles-lettres, J'éloquence,
la philosophie, la physique et les mathématiques.
Les écoliers étrangers logeaient dans des pensionnats tenus
par des particuliers. Avant la guerre de sept ans, le nombre
des élèves était de 400; en 1762, les guerres avec
J'Angleterre ayant ruiné les populations du littoral, J'effectif
tomba à 200 élèves. L'établissement végéta jusqu'à l'épis
copat de Mgr de La Marche, qui fit construire à ses frais
un nouveau collège, y améliora le plan d'étude, y établit
7 professeurs et· 2 répétiteurs et affecta à son fonctionnement
les revenus suivants (3) : .
(i) D'après un rapport du i5 vendémiaire ao X, adressé au ministre
Chaptal en réponse à sa circulaire du 25 ventôse an IX. (Archives du'
Finistère) .
(2) Les ouvrages suivants fournissent d'iotéress~nts détails sur la vie
du collège de Sainl-Pol: Yves Picard, Le collège de Léon; llbbé Pon
daven, Saint-Pol-de-Léon; L. Kerbiriou, Mgr J.·F. de LaMarche.
Rentes sur les Elals de Bretagne ..
Prad uit de l'abbaye des Trépassés
Canonicat ......... ' .. . . .... .
Dispense de Carême .... ........ .
Dons particuliers
8 . 500 fI'.
1 .500 JJ
2.000 JJ
1.500 »
1.500 »
TOTAL .... " 15.000 fr.
Une partie de ces revenus était affectée à des bourses
données, après concours à des étudiants pauvres.
La rétribution scolaire des écoliers riches était de
'j 1. 10 s. par an; les élèves pauvres en étaient dispensés.
Le collège pou vait grâce à ses revenus, admettre les
pauvres comme les riches . . « Les premiers instituteurs des
uns et des autres éta ient souvent les ecclésiastiques, qui
apprenaient à la jeunesse les principes des langues de Paris
et de Rome. Ils recevaien t d'ailleurs pOUl' cela des
encouragements annuels, et étaient récompensés en raison
du nombre et du m érite des élèves qu 'ils mettaient au
collège. Ces récompenses montaient annuellement à une
somme de 2 .000 à 2.400 livres)) (1).
La création du collège de Morlaix (2) avait précédé celle
des collèges de Quimper et de Saint-Pol-de-Léon .
Le 24 septembre 1597, Messire François Le Bihan, seigneur
de Pennelé, bon pére, zèlé et affectionné en tout ce qui
concerne l'érudition et instruction de ]a puerille jeunesse aux
lettres et sciances )J, fit don à la Communauté des n.obles
bourgeois de Morlaix, du lieu noble appelé Crechjoly, à
(i) M émoire écril en 1.801> par l'abM Peyron, ancien principal du
collège de Morlaix (Archives Ile l'Evêché).
Pour l'ensem ble des collèges bretons, consulter A. Dupuy: L'instruc
tion secondaire en Bretagne au XVIIIe siècle.
(2) Sources : Arch. du Finistère, série E, Fonds Le Bihan de Pen
nelé; Oumesnil et Allier. Histoire de .~forlaix; articles publiés par
M. Le. Guennec dans la Résistance de Morlaix en 1.9:1.0 et 19:1.1.. Ces
pages étaient écrites quand 11 paru l'ouvrage de M. H. Schlemmer, prin
condition que la ville y cons,truise un collège et y établisse
« régents et personnes doctes pour l'instruction de la jeunesse
aux lettres humaines ».
La donation comprenait le lieu noble de Crecbjoly avec
ses logis grandement détériorés, un colombier ruiné, le
jardin, les vergers, les parcs et autres pièces de terre, le tout
situé entre le chemin qui menait du bas de la rue de
Notre-Dame de la Fontaine au haut de la rue des Vignes, et
le chemin qui, de cette dernière rue conduisait à la chapelle
de Notre-Dame.
L'acte spécifie que les régents doivent être catholiques et
gouverner le èollège à l'instar de ceux de l'Université de
Paris. Il est fait condition expresse qu'aucun prêtre qui ait
«charge où cure d'âme)J, ou qui appartienne à une des
églises' de Morlaix, ne soit admis dans le personnel. Les
régents veilleront à ce qu'on n'explique aux élèves aucun livre
entaché d'hérésie. La municipalité veillera à ce qu'aucun
abus ne se glisse dans l'enseignement, Le prévot de Notre
Dame du Mur et les échevins devront } ' faire « la visite, de
trois mois en trois ». Le seigneùr de Pennelé ' se 'réserve la
nomination du principal, le droit de placer ses armoiries aux
lieux les plus apparents du collège et de la chapelle. et le
privilège, pour les enfants de sa maison, d'avoir une chambre
réservée «et étude à leur commodité» .
Le manoir de Crechjoly tombait de vétusté et exigeait une
refection complète avant d'être utilisé comme collège. Pour
payer les réparations, la ville demanda et obtint du roi
Henri IV, des lettres patentes lui permettant de lever un droit
de 12 deniers sur chaque pièce de 100 aunes de toiles débitée
sous les halles et dans tout magasin public. Au bout de
quelques années on put, grâce au produit de ce devoir,
restaurer les bâtiments du nouveau collège.
L'établissement fut autorisé et confirmé en 1601; il fut
Les Jésuites, rentrés récemment en France, songèrent à
venir enseigner dans le nouveau collège, mais les pourparl ers
n·aboutirent pas . Le premier directeur de l'établi ssement fut
un ecclés iastiqu e, Yves Le Louë t. Le l " mars 1 602 il eut
pour successeur Pierre Quintin de Limbab u, plus connu
sous le nom de Père Quintin, qui fut l'un des arti sans de la
rénova tion religieu se de la Basse-Bretagne au XVIl
siècle .. Né
au manoir de Kerozarc'b, en Plol.ljean, il mourut en odeur
de sainteté au couvent d es Dominicains de Redon. le
22 juin 1629 .
En 1606, « Très honneste jeune homme Pierre de Boa detz))
fut nommé principal. 11 fut remplacé en 1616 par Jea n des
Bois ; à ce dernier succéda en 16 171e régent Collebois, qui
mourut dans un tel dénu ement qu'il dut être enseveli au;\"
frai s de la ville, «a ttendu qu'il n'avait laissé aucuns meubles
ni bien pour y subvenir ».
En 16 20 le principal était messire Jea n Blandin, prêtre·; il
exerça ses fonctions pendant 27 ans. En 165 1 les bâtiment.s
du collège étaient en très mauvais état. La communauté de
ville décida qu'il serait fermé pendan t deux ans afin de le
remettre à neuf. Messire Blandin se plaignit qu e, sa ns éga rd
pour ses bons et loyau x services, on voulût interrompre ses
cours et l'expulser; il inten ta un procès à la ville. On plaida.
mais le récalcitrant prit le parti de mourir, ce qui simplifia,
à l'instan t, les choses. La ville ferma le collège, y fi t
entreprendre les travaux nécessa ires, et le rouvrit en 1654
après en · avoir confié la direction à missire Marc Dizeulx,
prêtre, avec lequel furent passées les curieu ses co nventions
sui vantes: .
l a Missire Dizeulx occupera les fonctions de prin cipal
pendant cinq années consécutives. Il ne pourra s'absenter
plu s de quinze jours « sans l'exprès consentement des
ha bi tan ts )) .
~o Le principal sera assisté de troi s régent s, ( Français,
bo ns ca th oliqu es el capables d e régenter et en seig n er » ). Le
p rem ier se ra n omm é par les h abitants et le seign eur d e
Penn elé ; les au tres se ront cb oisis p ar Mi ssire Dizeulx. Cellli-ci
pourra « congédi er' et cha nge r p OlU ju s le canse» les régents .
30 Le collège devra fonc tionn er comm e « ceux de Pari s et
autres bonn es vill es d e ce roya um e les mi eux ord onn ées)J . La
j eun esse se ra in struite ( ès- lettres humaines b onn e vye et
civillité de m œ urs , comme il appartient à b on s chré ti en s
ca th oliqu es, apos toliques et ro m ain s ,) , sa n s qu'il soit employé
p a r les escoliers ès- classes, autre langage qu e latin )) . Les
p en sionn aires et les extern es (( seront catéchi sés Il uu e fois
par sem am e .
llo Le prin cipal fournira les lits d es p en sionnaires et le
m o bili er qui leur sera n écessaire.
50 Lorsqu e la ch ap elle sera ach evée, il d evra y dire l a:
m esse au m oin s troi s fo is p ar semaill e et )' faire assister les
élèves . « Ponrra toutefoys prendre d e ceux qui lui donn eront
ch arge de clire des m esses ce qu ' il s vOlldront lu y bailler
pour Ge regard, selon la lo uable coutum e ».
6° La ville assign e sur ses revenu s une somm e d e goo livres
tourn ois pour les appoint r rn ents du prin cipal et cles trois
régents .
7° Les externes paieront un e r étributi on scolaire de cinq
sols par m ois , « for s les pauvres n'a yant m oye n ci e pa)'er
qu )' en seron t exempts».
8° Le prin cipal aura la disp osition d es m eubles apparte
n ant à la ville, (( lesqu els il renclra lorsqu 'il sortira du col
lège» .
gO Les don s qui p ourraient être fails au collège seront.
remi s au miseur d e la ville p our être emplo)'és selon la
volonté du don a teur (1 ).
(0 Arch. du Finisli'rr , série E, Fonds Le B-ihan de Pennelé. Ce
traité, dont il n'est don lié ici qu'une anal yse, a tlté publié in-exten so pal'
Le même traité fut passé, presque sans modiûcaLions , avec
les successeurs de Messire Dizeulx.
Vers 1700, le principal était Guénolé Le Gall. II était mari é ;
011 loue le soin qu'il prenait des en fants et des mœ urs, mais
il était très peu instl'Llit. Les régents faisaient si mauvais
ménage entre eux que le temps des classes s'écolllait en
chamailleries et disputes, ce qui amusait sans doute les
éco liers, mais ne valait rien pour le travail scolaire. L'établis
sement périclita; Guénolé Le Gall fut destitué en 171 8.
En 17L I3 , le collège était dirigé par l'abbé Polozec Lui non
plus n'était pas le personnage docle requis par l'acle de
fonclation. On lui reprochait de cc n'avoir jamais donné
aucune marqlle de savoir et de ne connaître que lrès peu le
latin à en juger par l'en tendre clire sa messe )J. Son premier
régent, le sieur Carré, fit pendant vingt ans la quatrième, la
troisième et la rhétorique, avec l'aicle cie son frère, Jean
Carré, laïque non lettré. et l'un cie ses neveux, qui s'engagea
ensuite comme solclat clans l'arm ée. Le personnel était com
pIété par le sieur Bercher, « clerc ton suré, si peu habile qll'i!
n'a Pll se faire promouvoir aux ordres sacrés, quoiqu'âgé de
plus de 50 ans)J. Ce triste personnel causa la ruine du
collège. Polozec fut remplacé par le sieur Le Got, qui mout'Llt
le r8 juin 1760 et n'eut pas de successeur.
Un procès avait été intenté à la ville en 1737 par
M. de Pennelé au sujet de la nomination du principal qu'il
revendiquait aux termes cie l'acte de fondation Or, clepuis
l'ouverture du collège, le principal avait toujours été choisi
par la Communauté.
Le procès clura près de 30 ans, Le collège, inhabité, tomba
en ruines; les classes furent fermées en juin 1760,
En 1768, la municipalité voulut rétablir le collège.
M. Macé de Richebourg, maire, lut devant l'assemblée un
substan tiel mémoire où l'on lit:
« ... Il existait à Morlaix, il y a peu cI'années, un établi s-
ioo
sem en t don t la chu te excite les regrets de presque tou s les
pères de famille. Le collège a fleuri pendant 150 ans : son
exercice a cessé lorsque les bâtim en ts sont deven us
inhabitables. Depuis ce moment, les parents qui sentaient le
prix de l'éducation el qui ont voulu en donner à leurs
enfants ont été forcés de les envoyer en d'autres villes. Mais
les pères de famille peu avantagés de la fortune ne peuvent
pas instruire leurs enfants.
« Qu'on jette un moment les yeux sur la situation
actuelle de Morlaix relativement à J'éducation de la jeunesse!
On n'v trouvera nulle ressource en aucun genre, si ce n'est
quelques maîtres privés ... Ce n'est donc pas sans raison que
les pères de famille désirent si ardemmen t le rétablissement
du collège» .
Un nouveau bâtiment fut bâti sur l'emplacement de
l'ancien coll ège ; il coûta 36 .502 livres. Les classes s'ou-
vl 'irent en 1788. M. Geslin en fut nommé directeur.
« La communau té' accumu lera ses faveurs sur M. Geslin si
elle trouve la sagesse de ses vues remplies, J'in struction
répandue avec fruit dans tou tes les classes, les mœurs
produire dans l'éducation les salutaires effets qu'elle poursuit,
la dissipation détruite et la religion plus respectée et mieux
instruite dans la classe la plus pauvre comme dans la
pl us aisée ').
Le principal fut secondé par deux maîtres: MM, Coddir
ct Le Pichon. L'enseignement comprenait le latin, le
français, les sciences, l'écriture et la lecture. Le prix de la
pension était de 350 livres, Il y avait une quarantaine de
pensionnaires et environ 100 externes.
Dans sa délibération du 20 février 1787, la municipalité de
Morlaix exige du principal du collège que l'in struction y soit
donnée gratuitement à tou s les élèves qui ne peuvent payer.
Il La communauté, considérant cette classe pauvre des
101
elle doit prendre intérêt, affiigée du · tableau des vices qu'elle
confracte par le manque de moyens de se procurer l'instruc
tion, établit pour condition essentielle dans la condition qu'elle
fait au sieur Geslin, principal du collège, les clauses suivan
tes: « Le principal sera tenu et obligé de recevoir et d'ins
truire gratis dans la lecture, récriture et le catéchisme, tous
les enfants de la ville qui se présenteront avec un certificat
de pauvreté signé par le recteur de leur paroisse respective,
visé par le maire, et la communauté leur fournira les livres
d'instruction, le papier et les plumes, afin d'agrandir par ce
sacrifice les moyens d'instruction pour cette classe intéres
sante de citoyens. De pins, la ville décernera des prix aux
élèves les plus méritants ».
M. Geslin démissionna le 20 février 179 I. A la suife de
celle détermination, le collège fut fermé. Morlaix devra
attendre 70 ans avant de voir s'ouvrir un nonveau collège.
Telle est l'histoire peu reluisante du collège de Morlaix,
Son plus beau titre de gloire serait, si ce n'était pas là, en
l'absence de tout document, qu'une simple probabilité,
d'avoir compté parmi ses élèves le grand Dupleix. Celui-ci
passa son enfance à Morlaix, où son père, François Du pleix,
était directeur de la manufacture des tabacs; il fut envoyé
ensuite au collège des Jésuites de Quimper.
Il existait également à Morlaix, une maison de Domini
cains où l'on admettait à l'étude de la logique et de la philo
sophie les jeunes gens qui voulaient partager les études des
jeunes religieux.
A Quimperlé, un collège était tenu par les Bénédictins de
l'abbaye de Sainte-Croix. Il disparut vers 1730.
La ville de Carhaix essaya à diverses reprises de créer un
établissement secondaire; le manque de ressources ne permit
pas de réaliser ce projet.
A Landerneau, les Capucins dispensèrent, à partir de /634,
102
On remarq l1era la place considérable donnée au latin clan s
les établisse m ents secondaires , Il n e faut pas oublier que,
ju squ'au xv' siècle, le latin était la se ul e lan gue adm ise clans
les grandes écoles et utilisée cl a ns les milieu x in tellectuels
des na tion s policées: Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne,
Itali e, etc, Les étran gers, et il s étaient nombreux, fréqu en
taient les Universités fran çaises, Le latin était donc une
langue universelle : l'Espéranto du moyen-âge. Les négo cian ts bretons commer ça ien t avec l'Espagne et les Flandres ;
il s voyageaient dans ces pays où ce qu'ils sava ient de lalin
leu r permetlai t de se faire coruprendre.
On remarquera aussi l'i mportance don n ée à la mémoire à
un e époque où les bons écoliers se faisaient gloire de réciter
pal' coeur des chants en tiers de Virgile o u des discours de
Cicéron .
Il ne semble pas que les en rants des rich es famill es nobl es
aient beaucoup fréquenté les collèges bretons. Ceux-ci fré
quentaient les grand s collèges de la ca pitale, tel le j eu n e
Jacqlles de Penancoat, seigneur de Qui limadec, qui, en 1 692
faisait ses étud es au fame ux co llège d'Harcourt. Une somme
de 500 livres fut consignée en tre les mains du proviseur; un
valet de chambre et un précepteur Messi re Stevens, p rêtre
étaient attachés à sa personne. Il fut p ourvu lors de son
départ pour Paris, « des petiLs meubles nécessaires pour IHl
jeune cava li er de son rang 'J , six draps de lit, Lrois douzain es
de servi ettes , deux plats, « un estuit de LabIe », un coutea u,
une fourchette, un e cuiller et un gobelet de vermeil, le tou t
valan t 84 livres ( 1).
(-l) Quelques notes sur l'éducation des enfants nobles en Basse-Brela
Lagne pal' l'aubé A. Favt\, Bulletin de l'Association bretonne, annéo
103
L'ENSEIGNEl\1ENT PRIMAIRE
Les petites écoles
Les collèges accueillaient les enfallts qui avaient reçu da ns
les « petites écoles» une première in struction. En mêm e
temps qu e ces collèges s'établissaient et se développaient. le
nombre des petites écoles aug mentait.
Cette heureuse époqu e, favo rable à l'éclosion des arts, le
fut aussi au développement des écoles. Les paro isses enri chi es, les parti culiers aisés, ne se contentèrent pas d'élever
de b elles églises , des chapell es admira bl es ; ils songèrent
au ssi à procurer aux enfants un e in struction dont le bien être faisait ressentir le besoin. Les paroisses qui ne possé daient pas encore d'école tinrent à honn eur d'en fonder un e.
Créer une école fut considéré comm e Œuvre pie; les dona teurs se firent nombreux, croyant être ag réabl es à Dieu en
fournissant a ux enfants de leur pa roisse les moyens de
s'in struire.
La li ste qu e nous donnons des petites écoles es t malheu
reusement in co mplète. Les documents, dissémin és un peu
partout, sont ra res et diffi cil es à tro uver. Les marguilliers
qui conservaient avec soin les titres concern ant les bi ens
ecclésiastiqu es , ont trop souvent laissé di sparaître les papiers
qui se rapportaient aux écoles.
J 'ai relevé t.ous les renseignemen ts rel a tifs a u x établ isse ments scolaires qu e j'ai pu découvrir dans les actes de fond a ti on, les comp tes de fabriq ues, les délibérations municipales,
les m onographies, les tra vaux divers dispersés dans les
104 --
EVÊCHÉ DE LÉON
De tout temps, l'in struction semble avoi r été en honneur
dans le Léon et le Trégorroi s. Ces d eux région s étaient plu s
riches que la Cornouaille; leur sol, recouvert d'un limon
quaternaire favorabl e à la culture des céréales, produisait les
grains en telle abonclance qu'on les appelait au XYll
siècle
« les greniers à blé de la capitale ». La culture du lin
contribuait également à la prospérité des deux évêchés . Cette
aisance, particulièrement favorable au développement de
l'instruction, explique que les Trégorrois et les Léonards
a ient eu jadis à Paris la réputation d'être plus instruits que
les Cornouaillais qui, dans la capi.Lale, exerçaient cles métiers
subalternes , particulièrement celui de ,'iclangeur. (1)
Les fondations d'écoles clù es à des pa rticuliers semblent
avoir été plus nombreuses clan s les évêchés de Léon et de
Tréguier, ce qui s'explique par l'aisance des habitants qui
obéissaient au vœ n cles évêques et sacrifiaient une partie de
leurs biens pour oITrir aux en fants pauvres les moyens de
s'instruire.
Saint-Pol-de-Léon_ Conformémen t à J'art. IX des
Ordonnances d'Orléans (janvier 1560), « sur la requêLe des
manants d e la ville», les chanoines, réunis le 2 juin 1580,
demanden t à l'évêque, Rolland de Neufville, les fruits d'une
prébende destinée au payement d'un maître d'école qui
enseignera gratuitement.
Le 27 septembre 1580, dan s une réullion où les trois Elals
étaient représentés, l'évêqu e «( bailla », pour la tenue d'une
(1) H_ Waquet. Les Bretons à Paris au :lfoyen-Age. Bull. de la Soc.
arch, au Finistère, 1934, p_ Xli!.
fi existait à Paris une chapelle dédire à saint Yves. fondee en 1302
paT" le roi Jean Le Bon . Bull. rie la Soc_ arch ., annPIl 1933, p. xxx.
H. Cnuffoll. Le Collège de Tréguiel' à Paris, Société d'émulation
105
école, les fruit s d'un e prébend e qui s'élevait à 800 1. m a is
qui , certaines années, p ouvait atteindre 1. 200 1.
Messire J eba n Prigent accep ta les fonction s de scolas tiq ue,
à co nditio n qu'a vec les fruit s de sn prébende, il fL 'il a uto risé
à prend re « min ervalia », c'es t-à - dire une rétributi on scolaire
qui d evait être d'un sol pa r écolier et p nr m o is ; il put a in si
s'adj Oindre un so us-mnÎtre : miss ire Fra nço is Le Noir.
En 16~ 2 , le n omlJre des élèves nya nt au g m enté. le Co nseil
de Ville pria le scolastiqu e de prendre 300 J. sm ses revenu s
pour J' entre tien d'un n ouvea u maître ( r).
L'école se fa isait à Prat- Cuic, dan s la chapelle N.-D. d e
Bonn e Nouvelle. Une d élibérati on en da te du 4 septembre 16'10
dit qu e « de tout temps imm ém o i'ial, la classe p OLlr l'in s tl'tl c ti a n d e la j eun esse 0 s'est tenu e dan s celle chapelle. Elle
était revendiquée pa r des parti culi ers qui n'entend aient pas
q u'elle servit d ésorm ais d e classe . Un e nuit, ces p a rti culi ers
« ont de leur propre a lltorité, rompu , cassé el brisé et em
p orté les b a ncs servant au x écoliers en ladite chap elle, et
icelle fermée à clef et cloutée, et, par ce m oyen , empêch é les
étud es des écoli ers n'aya nt autre lieu p our tenir classe Il. Le
S)'ndi c intervint el la chapelle reçut à nouvea u les écoliers .
L'effeclif devenant tro p co nsidé rable et le besoin d'uii:e
in stru c li on plu s élendu e se faisa nt sentir, un collège fu t .
o uv ert en 1682 . La vieille cbapelle ci e Prat·Cui c continua
d'abriter les p etites écoles jusqu'au 6 mai 178 1, époqll e où,
m enaçant ruin e , elle dut être évac uée.
La vill e de Saint-Pol posséd ait d 'autres écoles qui recru
taient leurs élè ves da n s Iii localité et da ns les ca mpagnes
environn antes . Les maîtres étaient gé néralement d'a nciens
élèves du collège qui , n'a vaien t pu s ui vre la ca rri ère ecclésias tiqu e ou l'un e d es ca rrières libérales auxqu elles les études du
collège perm e Llili cnt d'accéd er; tels J efl n Sévéze n et le sieur
Gaill a rd, qui tenaient d e petites écoles fort bien fréqu entées.
i ) G. Pondaven, Saint-Pol-de-Léon.
Brest ( 1). Jusqu'au début du XVIII' siecle, la ville de
Bres t se contentait. pour ses eofants des écoles tenues par des
particuliers. li y avait au moins 10 écoles, dont deux étaient
dirigées par des prêtres (2). Les unes étaient fréquentées
exclusivement par les enfants de la bourgeoisie, les autres par
ceux du menu peuple.
ALI so rt.ir des écoles, des batailles se livrai ent entre les
éleves partagés en deux camps: ce ux de la Ville-haute et ceux
du quartier des Sept-Saints, qui étaient « pour la plupart mal
élevés, sa ns édll ca tion et de basse naissa nce)). Des combals
corps à corps ou à coups de cailloux avaient lieu sur les
gla cis du Château, sur les remparts ou SIl!' le Champ de
bataille. Un enfant d 'o nze ans eut la jambe cassée d'uo coup
de pierre. Ces bataill es se poursnivaient malgré l'ordonnan ce
du bailli, M. de I ersau son , qui recommandait aux sergents
de police d'arrêter et de conduire les batailleurs aux prisons
de Pontaniou (3) .
Il Y avait à Bres t quantité d'enfants d'ouvriers qui, faute
d'argent pour payer l'école, ne recevaient aucune instruction
et passaient leur temps à vagabonder dan s les rues.
Frappé de cel état de choses, le lieutenant des vaissea ux
du Roi, Jean-Louis de Hennot, désireux d 'accomplir une
bonne œ uvre, consacra un e parti e de sa fortune à la création
d'une éco le pOllr l'in struction des enfants du peuple. Par
acte en date du 10 mars 1740, il légua ses meubles el effets
mobiliers à la commune de Brest, poUl' contribuer à fond er,
dans la ville. une communauté de freres de l'ordre de
Saint-Yon, pour l'instruction des enfants pauvres.
Pal' délibération du :19 juillet 1740 , la municipalité
accepta le legs de M. Henn ol. Le produit de la vente d es
( 1. ) L p-s localités sont classées par orrlre alphabétique, saur Saint-Pol,
Quimper et M orlaix .
(2) H egistres de la capitation de la ville de Brest.
(3) Audience de police du 16 mars 1723.
obj ets désignés dans l'acte s'éleva à 6.075 livres 19 sols,
4 d eniers, M. deB lois, exécuteur testamen laire, versa ·encore
dan s la caisse dn receveur muuicipal L I73 li vres 8 sols .
provenant de la succession, et filllli - m êlll e à la ville un don
d e 100 livres .
POUl' se COnf0l'l11er aux intenti on s du tfls tateur, par d élibé-
ration du 5 février 1743 , la ville passa llll trailé avec
l'lnstitnt d es frères d e Saint-Yo n ou de la Doctrin e chré ti enne.
Celte d élibératio n fllt approuvée pal' rInt endant d e la pro
vince « snivant o rd onnan ce , au pied de la dil e délibérali on »
Un arrêt dn Conseil, du 8 décembre 17/1 5, revêlu d e leltres
patentes, enregist ré au Pal'lem ent et à la Cour des Comptes,
auto risa l'établissem ent d es frères d e la Doctrin e e11l·é ti enn e
el permit à la ville d'acq uérir « la mai so n qui se ra trouvée la
plus convenable pour leur logem ent et les exe rcices de
l'école, exemp te de tous droits d'am o rti ssements ».
Le 5 novembre 17L 1 3, le siellr Fayard, ll otail'e et procu reur
à Bres t, avait déjà acqui s, a ll n om de la vill e . une mai so n
sise à Brest, ru e Cliaronnière, apparlenant à la veuve
Lempereur, de Saint ' P(ll - ri e- Léon . Le prix d e vente s'élevait
à 3720 livres ( 1). L'école fut Ollverte le IL l mars I7L I6; elle
comprenait 3 classes. Les maîtres apparlen aiellt à la congré ga tion foud ée par J. B . d e La Sa ll e ; les Frères de la Doctrin e
chréliénn e étai ellt réplltés dans tout le rnyallme pour
J'excellence de leurs procédés pédagogiqu es et I C lI r pro
g ramm e d'enseign ement adapté il llX besoin s d e la classe
populaire. Selo n les in stru c ti ous de leur ordre, formul ées
dan s' la Conduite des écoles , les Fréres apprenaient à lire et à
écrire ; ils enseignaient aussi l'orthograph e et l'arilhmétiqll e,
mai s il leur était interdit d' enseigner le lalin. lis d eva ient
(1) D 'après les pièces prése nt ées à la sra nce du Conseil m1lnicipal ri e
Rrr.st lt~ 26 octobre i80~J, à l'dT'et de pl'OUV CI' )ps droils de prop riété ri e
la ville sur l'a llcienne mai son d'école dps Freres.
_. 108
apporter des soins spéciaux à l'étude des prières et du
ca téchisme.
La nouvelle éGole était entièrement gratuite et réservée aux
enfants pau vres de la ville. La municipalité bres toi se payait
à chaque frère un traitement annuel de 200 livres et versait
une somme de 30 livres pour achat de prix (l ).
Les élèves affiuent. En 1749, deux nouvelles classes sont -
ouvertes à Recouvrance dans une maison sise rue Ros-ar-Coat
(bas de la rue Neu ve) et louée 12 0 livres par an. Les loca ux
de Bres t deviennent trop exig us : 150 enfants attendeut qu'il
y ait des places vacantes ; on doit renvoyer les plus avancés
pour faire place aux petits.
Sous Louis XV, les Frères sollicitent une aug mentation de
traitement: l'Intend ant de la province s'y oppose. Il prétend
qu 'il conviendrait plutôt de fermer l'école, « ( parce qu'entre
autres choses , la science de l'écriture qne l'on apprend dans
ces écoles, ne sert qu'à détourner les élèves de la Marine et
du métier de leur père, ce qu'il faut éviter dans un port tel
que Bres t ).
En 1787, l'Intendant conçoit le proj et de supprimer au
moin s l'école de Recouvrance. 11 s'attire la vigo ureu se
p rotes tation de Mg r de La Marche, qui affirm e les bienfaits de
l'i nstru ction et s'oppose à cette suppression, qui « sans
rendre un g ra nd service à la Marin e, ferait un grand
mal dans cette pa rtie de Brest et exciterait le murmure de
tous les citoyens qui ne sont pas imbus de faux principes )) (2).
Malg ré tout le zèle déployé par l'évêque, l'Intendant fit
fermer l'école de Recouvrance le 1 7 septembre 1 789 . L'école
de Bres t fonctionna jusqu'en 1791, époqu e où les Frères
furent remplacés par des maîtres laïcs.
(i ) L'école de la rue Charonnière, bâtie sur l'empl acement actuel de
l'école de la rue M onge, fut, jusqu'en 1821~, la seule école de Frères du
Finistère. .~
lOg
De nombreuses écoles tenues par des maîtres privés
fonctionnaient à Brest. En 1760. pour une population d'en
viron 20.000 habitants, la ville possédait au moins 16 maîtres
laïcs .
POl1\' se faire agréer et recruter des élèves, chacun faisait
étalage de ses titres et de son savoir. En 1757, le sieur Gou-
lier, « grammail'ien de la ville de La Flèche en Enjou}) (sic).
auteur d'une grammaire latine, sollicite de la Communauté
de ville, l'autorisation de venir s'installer à Brest. Le Conseil
décide de s'informer de « ses vies et mœurs » et de contrôler
« sa capacité et expérience en la grammaire et l'étude des
belles-lettres )J.
Antoine Monjarrêt de Kerlocq. « ancien maître écrivain et
maÎtœ d'écolle à Paimpol, ayant aussi régenté en seconde au
collège de Tréguier et autres lieux », est admis à « tenir
école et classe publique pour enseigner aux enfants le latin
et à écrire et l'arithmétique» et prête sermen t d'observer
fidèlement les ordonnances, arrêts et instructions concernant
son art.
En 1750, maître Jean Lamour enseigne à Recouvrance les
mathématiques, les éléments du savoir-vivre et les notions
de droit utilisables dans la vie courante.
Ces maîtres recrutaient surtout leurs élèves dans la bour
geoisie et parmi les paysans aisés. Ceux dont la capacit é
était moindre enseignaient dans les couches plus humbles.
Leur moralité laissait parfois à désirer, témoin le sieur
Dubois qui, le 25 avril 1720, assomma le maire à coups de
canne, parce que ce dernier lui avait envoyé un soldat à
loger.
En l,8o, les sieurs Gaulard, Bacré, Tournellec, Daviel,
Dreppe, Bourson, Pierron, etc., se livrent à l'instruction de
110 "
tion )), Bou rson et Pierron sont autori sés à prendre des pen
sionn aires. Pour a Llirer la clien tèle, chaq ue maiLre étale sur
sa mai son une enseig ne voyante. Le sieur Pierre, prêtre,
reçoit de la vill e ll ne gratifica tion annuelle de 250 livres,
parce" qn'il enseigne gratuitement les premiers princilJes de
la langue frança ise et de la lan gue latin e (r).
Parmi tous ces maîtres, le plus réputé était Bourso n,
au teu r d'u n Traité du p articipe français, assemblage de
règles subtiles; on lui reconnaissait un e valeur pédagog iqu e
supéri eure à celle des autres maîtres; en r7g2, il fut appelé
li la d irection de l'ancienn e école des Frères.
Bodilis. Le dimanche de ca rême 16g8 , le recteur de
Bodi li s annonce an prône que, pendant le carême, M. Baron,
prêtre chargé des petites écoles, commencera sa classe
«( entre 8 et 9 h eures » (2 ).
Cléder . ....:... En 1787, Guillaume Abiven, o ri ginaire du
Folgoët, faisait les petites écoles à Cléder, sans autorisation
écrite, mais avec l'assentim ent tacite du rectelir et du
Corps I Jolitiqne. En [7go, une pétition demand e son renvoi.
Cette pétition est signée de 35 électeu rs, ce qui prouve que
J'in structi on était déjà donnée da ns cette commune avant
l'a rriv ée. d'Abiven, bien qu'aucun document n'en fa sse
mention (3).
Commana . Située sur la route de Morlaix à Quimper,
la paroisse de Commana était, grâce à sa situation
topographique, un centre de foires et de marchés très
fréqùentés . En 1687, une école importante, comportant un
pensionnat, était tenue par messire Alain Bell ec, prêtre (4).
(1.) Dr Corre. Notes sur les écoles de Brest au XVIIIe siécle. Bull. de
la Soc. arch. , 1.896.
(2) A. Pavé, Le pro ne du dimanche à Bodilis vers 1700. Bull. de la
Soc arch. , :1.899.
(3) Archiyes départementales L, lnstr . pub!.
111
Par acte en date du 27 juin 17 24, Jea n-Marie Pouliquen,
cullivaleur, faiL don à la fabriqu e d'une renLe annuelle
de 36 livres pou!' (( J' en tretien d'une petiLe ecole aux
enfants pauvres de la paroisse )J. En 1766, l'heritier,
Jean Pouliqu en , refu se de verser la rente dont son heritage
etait greve; par decision de justice, la somme est prelevee
sur la vente de ses meubles \I ).
D'autres dons durent être faits en faveur de l'école, car,
en 1774 , le cure de Commana ecrit à so n évêque: « Pour les
petites écoles il y a une fondation de 75 livres .pour faire
l' école à 25 garçons pauvres, et un e autre de 54 livres pour
faire l'école à 18 filles. Ces fondations pour l'école d es
pauvres tournent au profit des riches par la facilité qu'elles
donnent de trouver un maître et un e maîtresse d'école» (2):
Guipavas En 1660, la paroisse cl e Guipavas possède
800 livres de rente pour les écoles eL pour les pauvres. Celle
rente a été donnée par Jean Le Gall, docteur en théologie,
rec teur de Guipavas. Sur ces 800 livres, !l81 livres sont con
sacrées 'aux écoles, 320 sont rése rvées aux pa uITes et 150 li
vres sont destinées à l'entretien d'une sage-femme. Il ya
li écoles pour les gar ;ons et 4 pour les filles ; elles se font
dan s les chapelles.
Au XVlIl
siècle. « les bien s des pauvres » produi sent un
revenu annuel de [.350 livres; la dotation des écoles est
considérablement augmentée (3).
Guissény J 743. Une cham bre de J'ossuaire était réservée
aux « petites école!l (4) ».
Ile-de-Batz Après une mission faiLe à l'Ile-de-Batz, en
(1.) Archives départementales, série G.
(2) Enquête de M gr de la Marche sur la mendicilé dans le Léon.
(3) Notice sur Guipavas (Bulletin de la Commission diocésaine d'his toire et d'archéolog ie). Association Bretonne. Congrès de Concarn eau,
1.905, P. 27ÇJ.
1 I:l
1664, le père Maunoir affirmait que pour l'instruction et la
moralité, celle paroisse était «( la meilleure de Bretagne ll .
!{erlouan Dans un acte de 1610, Jacques H.oudaut e~t
intitulé ( Reclol' et scholaslicas de I(erlouan ( 1) )) .
Kersaint - Une école, où le niveau des études devait être
assez élevé, ex.ista it au bourg trévial de Kersaint (2 ).
Lampaul-Guimiliau Lorsq u'éclata la révolution de 1789,
Jacques Coat était instituteur à Lampaul-Guimiliau. Il y
ex.erçait aussi les fonctions de chantre (3) .
Landéda. En 1784. au cours de sa tournée pastoral e,
Mgr de la Marche note la bonne tenue de l'école paroissiale.
En 1786, l'école était tenue par un maîlre de latin (4) .
Landerneau . La vi lle de Landerneau était située, parlie
dans l'évêché de Léon, partie dans l'évêché de Cornouaille.
Elle ressortissait à la Cour royale de Lesneven; deux de ses
paroisses su r trois éta ient dans le Léon. Une école de garçons
était tenue par les Récollets, dont le couvent fut fondé en
1488, par Jean, vicomte de Rohan. Une autre école était
tenue par les Capucins, établis à Landel'lleau en 1634 (5).
Toules deux recevaient gratuitement les indigents.
L'école des Capucins était d'un degré supérieur; en 1650,
une thèse y fut dédiée à .François de Kergroadez.
Deux. autres écoles étaient tenues par des particuliers (6) .
Landivisiau. Au xvne siècle, le sieur Kermorgan, marié
à une demoiselle Lahoussaye, y fa it les petites écoles pendant
25 ans (7)'
(i ) Notice SUI' J(erlouan. Bulletin diocésain.
(2) Abbé Guéguen, Les P7'ônes d'un 7'ecteu7' de Landunvez sou.s
Louis xn
(3) Arch . dép., série L, lnslr. pub!.
(4,) L. Kerbiriou, Mg7' de la Marche, p.230.
(5) Ogée : Dictionnaire de Bretagne, art. Landern ea u.
(6) Archives municipales.
(7) H enseignement communiqup par M. l'abbé Thomas.
1I3 -
Landunvez. Dom Yves Kerenneur, du manoir de
Poullouarn, fait les petites écoles en 1669 ' Les registres de
l'etat civil de cette époque portent de nombreu ses signatures
de paysans. En 1690, aucun prêtre ne se présentant pour les
petites écoles, le recteur recherche un laïc « pour faire école
,aux enfants des pauvres Il. Comme fonctions accessoires,
celui-ci devra sonner les cloches, balayer l'église, l( accom
moder la lampe et avertir les fabriques pour les affaires du
roy ». En dehors des émoluments, dont le chiffre n'est ,pas
fixé, le nouveau maître pourra faire une quête dans la paroisse
« selon l'arrêt du roy et l'ordonnance de Monseigneur de
Léon» (1).
Lanneuffret. Cette petite paroisse de 200 habitants
possédait de petites écoles tenues par un prêtre. Les comptes
de fabrique de. 1689 signalent qu'on a payé 2, sols à Vincent
Le Guen, écolier, pour ,un ·service (2).
Lannilis. Maître David, grammairien, épouse en 1622,
Marie, dame de [(erosven. Le sieur Le Cal vez lègue 10 livres
de rente foncière au profit de l'école de Lannilis; le sieur
,Bandiez légue une rente de 30 livres en faveur de la même
école (3).
Le Conquet. En 1667, Tanguy Crasseur est maître
d'école au Conquet. En 1713, l'école est tenue par le vicaire (4).
Lesneven. - Le couvent des Récollets, fondé en 1628 par
Jacques Barbier de Lescoët, donnait l'enseignement primaire
(1) Abbé Guéguen, Les prànes d'un recteur de Landunvez, sous
Louis XIV.
Les quêtes se faisaient en septembre. Les quêteurs recevaient, en
nature, beurre, lard, andouilles ou blé. En 1770, le Parlement de
Bretagne interdit toutes les quêtes. Malgré cette intel'diction, l'usage des
quètes persistait encore en 1789, car de nombreux cahiers des 'doléances
en demandent la suppression.
(2) Abbé Guéguen, op. cit. J
(3) L. Kerbiriou, Mgr de la Jlal'che, p. 227,
(4,) Notice surie Conquet, Bulletin de la Commission diocésaine .
aux jeunes garçons de Lesneven; le COll vent des Ursulines le
donnait aux filles. Il y avait également dAS maîtres privés.
En 1785, An toi ne Bourguèlys . maître ès·n lts, est autorisé par
les juges de la Com de Les neven à y enseig ner les éléments
de la langue latin e. Son épo ll se instruit les petites fill es.
BOllrg uay s etait l'auteur d'un ouvrage tendant à facilit er
aux débutants l'etude de la la ll gue latin e. Cet oUYrage se
recommandait par sa bri èveté, sa clarté, son esprit de
méthode. Les règles, au nomb re de 79, étaient présentées par
clemand es et répo nses, comme un ca téchisme. « Bourguays
joint à beaucoup de talellt s et de lumières, des mœms clou ces
et pmes, des p rin cipes sllrs de religion et nn e conduite
exemplaire. Son école esf ce lle 'des con llaissances el des
vertus" .
Olivier Chrom enseigna à' Lf!sneve ll, pelldant 36 an s, « les
langues fran çaise et latine et l'arithmétiqu e, tant aux enfants
.de la ville qu'à ceux de la campaglle » ( 1).
Loc-Eguine /' . En 1730, la fab riqll e possède « une
maison CO ll verte d'ardoises, de 28 pieds de long, 12 de large,
avec un petit jardin aLi cO llchant , con tenant 7 cordes, desti
née au logement du prêLre qui fait les petites écoles, les quelles sont situ ées dans un lieu au-dessns de la chapelle,
appelé la rue de Ros an-lIis, eL appartiennent à ladite cha
pelle depuis plus de 40 ans ,) . (2)
Oaessanl. Vers 1660, Michel Le Noble Lz crea une école
à Ouessant; « il stJla le cure à tenir ecole » (3), Le cahier
des doleances d'Ouessant porte 22 signa tures, toutes d'une
écrit me ferme et assu rée.
Pleyber-Christ. En 173 1, les paroissiens construisirent
une maison pour les petites écoles contre le mur du
(i) Archives départem entales, s,'rie L. Après i789, Bourguays devint
professeur au collège de Saint-f'ol.
(2) Archives clépal'tementales, série G.
cimetière, avec l'agrémént de ~1. de Lesquiffiou, seigneur
fondateur de l'église qui démanda se.ulement que ses armoiries
fussent placées au-dessus '~e la porte (1).
Ploudaniel. ~1ichel Le Nobletz fit- ses humanités à
Ploud.aniel sons la direction d'Alain Le Guern. Celui-ci
instruisait spécialement les jeunes gens qui se destinaient au
sacerdoce.
En 1679, une école de charité fut créée par Sébastien
Dottoux, prêtre, q.ui fournit les fonds nécessaires à son
fonctionnemen t.
Voici les passages essentiels de l'acte de fondation:
« Le dixième jour de may mil six cents soixante et .dix-neuf,
par devant nous nottaire à Ja Cour royale de Lesneven .. . , a
comparu en personne, vénérable et discret missire Sébastiell
Dottoux, prestre demeurant an château de Trébodennic,
paroisse de Ploudaniet diocèse de Léon, lequel aiant depuis
longtemps l'intention de contribuer au soulagement des
pauvres nécessiteux et d'y subvenir de partie des biens qu'il
a plu à la divine providence de lui eslargir ... a désiré faire
et par le présent fait une fondation en l'esglise parrochialle
dudit Ploudaniel, a être possédée en titre de chapellenie par
un chapelain actuellement prestre, originaire de. ladite
paroisse et y résidant, de bonnes vie et mœurs porté à la
piété et dévotion et capable et idoine pour acquiller
personnellement toutes les charges de la chapellenie. Lui et
les successeurs serout tenus et obligés de faire escole tous les
jours non chomés pour l'instruction et apprentissage des
enfants et autres jeunes gens de ladite paroisse qui souhai-
teront se ranger à apprendre leurs créances ou catéchisme ou
à lire et à escrire. Et lesquels étant journellement assemblés
dans le lieu où on fera ladite école au bourg de Ploudaniel,
seron t exhortés de dire chacun le Pater nos ter et l' Ave Maria
-' 116
devant le très Auguste et très honorable Sacrement de
J'autel. Et lp,dit chapelain dira à la fin de l'école l'antienne à
l'honneur de la saincte vierge Marie et, après la mort dudit
sieur fondateur, le psaume de profundis ... »
L'acte énumère ensu ite les maisons et terres dont le
reven u assurera le service de la chapellenie. Le fondateur
institue premier bénéficiaire de la chapellenie l'un de ses
pàrents, messire Tall iou, prêtre (1).
Plougoulm. En 1789, les petites écoles sont tenues par
un prêtre (2). ,'i,.
Plounéour-TreZ. - Le corps politique acquiert en 1688,
une maison et Ull jardin dont le revenu permet de verser au
maître d'école un traitement annuel de 84 livres pour
l'instruction gratuite des pauvres. L'école est faite par les
prêtres qui sont rétribués au prorata des journées de classe
faites par chacun. '"-,,
En 1782, les comptes portent:; « payés à M, Corfa, curé,
pour petites écoles, 42 livres 15 sols; à M. Le Goff, curé, tant
pourfondationsqLie pour petites écoles de garçons, 103 livres ;
à M. Le Borgne, pOL\l' petites écoles, 21 livres; à M. Guillerm,
7 livres (3) ».
Plounéour-Ménez .- Une école gratu ite fonctionnait à
l'abbaye du Relec; l'un des moines était chargé du service
de cette école. En 15g8, le « précepteur enseignant la
jeunesse)), reçoit, sur les fonds de l'abbaye, 5 écus d·or
par an (4) .
Plounévez-Lochrist. « Le cinqyième du mois de febvrier
mille six cent nonante et sept» (1697), demoiselle Julienne
Huon, dame de Kerhulaouen, fonde, par testament, une
(1) Archives départementales, 176 G. 3.
(2) Archives départementales L, Instr. pub!.
(3) A. Favé. Congrès de l'Association bretonne, 1895.
école à Ploun évez-Lochri st. Elle fait d o n à la fabrique d 'une
rente d e 84 livres sur le con ve nant n oble de Kerusgoal)
payable chaq ue a nlJ ée à la Saint- Mi ch el. pa r Loui s T oncq,
tenancier de la ferme d e Keru sgoa l. E lle p ri e le recteur' ,
messire Jean Brochec, a ncien scolas ti q ue du diocèse, (1 de
faire la nomina ti o n d 'une personne capable et h onn es te pour
faire lad. fonctio n )J . ,L'école dev ra se faire (( 'd a ns l'église ou
un e ma iso n honn es te à la commod ité d u recteur et à ce lle
des enfants )J . L'a cte spécifie qu e l'écrde dmera 4 h eures par
jour. d e 9 hellres à LI heures et d'Llll e heure à 3 h eures ( 1).
Roscoff Dès le XVI e siècle, Roseo IT possédait un e école.
L'in stru c ti on y é tait rép and ue ; un e pétition des habitants ,
d atée d e 1583 , récla ma nt la cr~a tion d e foires et d e m a rchés
au bourg d e RoscoIT, es t couv erte d e 50 sig natures sur 61
pétitionn aires (.2) ,
L'in ventai re général des ti tres de Hoscoff, dressé en 1780.
porte q ue des personnes a no nymes ava ient fait d on à la p a roisse d' une somm e d e 1. 333 livres pour l'établissem ent
d'une école d e c harité d es tin ée aux enfants pauvres. Placé
sur le Tréso r roya l, le d on rappo rt ait Iln intérêt annu el de
.26 li vres L 3 sols qlli. j oint à un e a ll tre re nLe de 75 livres
payée pa r la fa briqu e, se rvait à l'entre t.i e n d 'un m aître d'école.
En '786, le sieur Blan ch ard , reçoit, pour ses fon ctio ns, la
som m e d e 1O0 li vres (3).
Saint-Pien'e-Ouilhignon En 1773 . M, M adec, recteur, fit
don d'un e rente de 105 li vres pour subvenir à l'in stru c ti on
des enfants pau vres de Recouvrance.
A p a rtir de 1777 , deux Frères pri s sur les cinq qui rési-
(1) A. Favé, Une école furale avant / 789 Congrès des sociétés
savantes, 1895. A va nl 1697, des pelites éc:.les avaient existé à
Plounévez-Lochrist, ainsi qu'en témoignent les lIombreuses signatures
de gens du peuple apposprs au bas de, actes de l'état·civil, et des
devoirs d'écolier datant de 1676.
(2) Bulletin de la Société archéologique , 1933, page L ,
(3) L. Kerbiriou, J lfgr de la Marche , p, 227.
Ils -
daient à Brest, vinrent enseigner à Recouvrance. Ils devaient
faire deux fois par jour ]a traversée de la Penfeld, ce qui
n'était pas toujours sans danger. L'école de Recouvrance fut
supprimée en 1789 par ordre de l'lnteudant de Bretagne,
ennemi de l'instruction populaire.
Trémaouézan La trêve de Trémaouézan dépendait de la
paroisse de Ploudaniel. En 1688, Alain Laurent, du village
de Menhir, y tenait les petites écoles. En 1715, elles étaient
dirigées par te vicaire, qui recevait de ce fait un traitement
d e 60 livres par an, la jouissance d'une maison au bourg et
de deux ou trois pièces de terre appartenant à la fabriqu e.
ChaqIJe foi s que récole changeait de titulaire. le corps
politiqu e de la trêve passait avec le nouvea u maître un con
trat en bonne et dùe forme. L'un de ces contrats, daté de
1J28. porte ce qui suit: «( Le sieur Corfa prendra 60 livres
pour les petites écoles qu'il fera dans les j ours oll\rables aux
enfants de la trêve , permi s toutefois au sieur Corfa de don
ner vacation un j Oli l' , dans les semaines qu'il ne se trouve
aucune fête gardée. II sera payé au prorata du temps de son
service qu'il continuera tant et aussi longtemps qu'il le sou
haitera, sans qu'on pui sse lui ôler les dites écoles pour les
donner à un autre. ·Même en cas de maladie. il suffira au dit
sieur Corfa de faire faire les petites école~ par quelque autre
de probité et de suffisance ... ».
Dans un autre contrat de '749. il est dit que le sieur
Maurollx fera r école anx enfants de la trêve . excepté le j eudi
et les Ill ois d'août et cie septembre (1) ».
L'existence de l'école était assurée par une fondation dont
on ne possède qlJ'ulle mention faite dans le rentier de l'église
en 178!1.
Avant 1789, les registres de mariages étaient couverts
de "ig nal!ll'cs (jcllu es époux, témo in s, ass i~ lanl.s) . A la fin
~-l Abbé J. ~léve l, Notice sur la paroisse de TrémaOll~Zal!
lIg
de la période révolutionnaire. les aeles, portent invaria
blement cette formule: « les époux déclarent ne sa,voir
signer >l, ce qui laisse croire que les petites écoles,
disparues sous la Révolution, ne furent pas rétablies.
Autres écoles . Au cours de sa tournée pastorale, en 1784
l'évêque note la bonne tenue des écoles paroissia.les de
Plabennec, Ploudalmheau, Plouguerneau el Landéda.
EvÊcHÉ DE TRÉGUIER
Cet évêché a été de tout temps un centre de culture
intellectuelle; il fut, selon Luzel, la terre classique de
notre littérature nationale, l'Allique de la Basse ·Bretagne Il.
Les territoires constituant les cantons de Lanmeur et de
Plouigneau et une partie du canton de Morlaix. faisaient
jadis partie de l'évêché de Tréguier. Les écoles y étaient.
nombreuses.
Morlaix. La partie de la ville sitllée sur la rive droite
du Queffieut et comprenant les paroisses de Saint-Mathieu
et de Saint-Melaine, dépendait de cet évêché. La paroisse de
Saint-Mathiell, située sur la rive gauche, était 'seule rattachée
à l'évêché de Léon. .
Ville commerç;1I1te, enrichie par Je négoce et le travail de
ses habitants, Morlaix a possédé des écoles dès le moyen-
âge; ces écoles se sont développées après l'Edit d'Orléans.
Dom Lobineau, rapporte qu'à l'âge de 5 à 6 ans
(donc vers 1575) , il fut «envoyé à l'école sous un prêtre
nommé Missire Hervé Miorsec, homme de sainte vie
qui enseignait publiquement les enfants dans une chappelle
de Saint-Nicolas à Morlaix» (1).
En 1591, la ville payait de ses deniers trois maîtres d'école.
Jean Larcher, prêtre, llervé Lemercier et · Charles Claer
(i) Dom Lobineau, Les Vies des Saints de Bretagne, Rennes i 724,
p, 365.
120 -
recevaient chacun 180 livres, somme assez considérable
pour l'époque.
En 1596, quatre maîtres sont payés par la Commu
nauté, 180 livres chacun. En 1597, on trouve de plus dans les
comptes une somme de 32 livres donnée à Jean Riou, maître
d'école.
Ces maîtres étaient choisis par les habitants et établis par
eux dans chaque paroisse. Leur installation se faisait même
avec une certaine pompe, car les comptes de 1597 indiquent
. qu'une collation « a été baillée» aux habitants à leur retour
de la cérémonie d'installation du nouveau maître d'école de
Saint-Melaine.
Un maître enseignait à l'école dite « collège de Saint
Nicolas ", qui devait être une fondation particulière. Les
cours y étaient d'un niveau plus élevé; en 1 599,
Jean Camus reçoit 420 livres « pour avoir régenté en ce
collège pendant 8 mois» (1)_
Le rôle de la capitation de 1704 à Morlaix indique J 5 maî
tres et maîtresses d'école dont 8 pour Saint- Mathieu, parmi
lesquels. figurent Mlle de Kerorgant-Courtin et la demoiselle
Françoise Rouxel. Trois exerçaient à Saint-Melaine et quatre
à Saint-Martin, dont Marie Le Taro, la veuve du sieur Sour
deval, et François Jaouen, sieur de Kernaon. Ce dernier est
capité à 9 livres; la demoiselle de Kervizien à 6 livres, la
veuve Sourdeval à 3 livres, les autres à 4 livres l:l sols (2).
En 1789, les corporations de Morlaix se réunissent pour
l'établissement des cahiers de doléances. La communauté des
maîtres d'école y est représentée par Dubois et Cabon.
En 1792, 15 maîtres continuent à exercer; 8 seulement
prêtent le serment exigé par la Constitution; 7 refusen t et
et sont déclarés suspects .
(i) Joseph Dumesnil et Allier, Histoire de ·Morlaix, p. 203.
(2) Archives municipales.
l:ll
Guimaë·c. En 1789, « René Le Coz, de Guimaëc. y en-
seigne la jeunesse )) (I).
Lanmeur. -- Les petites écoles de Lanmeur sont tenues en
9 par Louis Thomas, origi naire de la corn m uue (2).
Plouégal-Moysan. - En 1725. Plouégat-Moysan possédait
une école, ainsi qu'en fait foi le certificat ci-dessous, délivré
par le recteur :
25 avril 1725 . llIaître Charles Le Dilacer, maître d'escole,
s'esl comporté en honnesie homme en cetle paroisse el a salis-
{ail au précepte de za communion pascalle en celle paroisse.
En {oy de quoi je lui donne cette attestation pour servir el
valoir ... (3). .
Plouézoc'h. Le :l2 mars 171 l, les paroissiens de Ploué-
zoc'h .proLestent contre une ordonnance de l'évêque de Tré
guier . enjoignant à leur recleur de se rendre au séminaire
pendant trois mois. La protestation est couverte de 24 signa
tures de gens du peuple, signatures fennes et élégantes,
décelant chez leurs auteurs une bonne instruction et laissant
croire à l'existence d'une école paroissiale .
Plrmgasnou. Cette paroisse possède une école au début
du XVIe siècle.
Le dimanche :.6 septembre !574, à l'issue de la grand'
messe, le Corps politique s'assemble pour le choix d'un
nouveau maître et les émoluments à lui payer.
La délibération déclare que (1 les deniers employés à l'en
trelenement de l' Escole en lad. paroisse. ne sçavoir estre mys
ne employés en usage plus louable. verluenx et nécessaire à
la république».
M e Sébastien Lucas, de Guimi.lëc, accepte de « tenir ladite
Escole et inshuire la jeunesse ès bonnes leUres et mœurs
pour la somme de vingt escus pistoletz ».
(i) Archives départementales L, Instr. pub!.
(2) Ibi dem. .
La classe se fera dans la chapelle Saillt-Georg'es, qui, depuis
déjà longtemps abritait les petites écoles.
L'acte stipule que la classe commencera au début d'octobre,
pour finir le 20 juillet Le maître est autorisé à toucher des
élèves une faibl e rétribution. « Bien es t dit qu'il respectera
les notoirement pauvres et indi gents, desquels il ne prendra
aucun salaire» (1).
Plus tard, les maitres d'école furent choisis, non plu s par
le Corps politique, mais par l'assembJ ée des habitant s réuni s
à l'église paroissiale. Puis la nominatio n était ann oncée par
acte prônaL (:l). '
« Le 7 septembre 1618, il est remontré aux paroissiens
conjugez et assemblés pour faire et o uït" le ~erv icze divin, par
noble et vénérable Mi ssire Estienne Argenton, so ulz curé,
comment il convient à présent suyvant leur co uslume en
lad , paroisse, de se pourvoir ùe quelqll e homm e di scret et
capable pour in slruire la jeunesse et tenir escole pllppliqll e
en la chapelle de Monsieur Saint-Georges en lad. paroisse
recquerant à ce qu'ils ayent à délibérr.r. " adviser et résouldre
ce"touchant pour l'an présent"qui commencera à la première
comodité du maistre de l'escale.
« Sur quoy lesd . paroissiens .. ont nomm é et chocsy dom
Raoul Gourvil. ' preslre de lad. paroisse, pour apprendre et
instruire la j eunesse et tenir lad . école puppliqu e en lad.
chapelle de Saint Georges. Lequel GOUl'vil, présent and.
prosne, a promis de s'acquitter a il mieux qu'illuy se ra pos
sible ... POlir employer à ce faire. les paroessiens ont ordonn é
el donné charge aux procureur et gouverneur de la chapell e
de monsieur Saint Jean (1) en lad. paroisse, de luy pa ye r et
(1.) A. Favé. Association Bretonne, l. XIV .
2) Le prôlle él~il J'uniqup mode de puhl ieité utill sP dall~ les call1P~
gnes ; le prêtre lIsait ell chaire tous', les actes publics intél essant la
parOIsse.
faire tenir la somme de 60 livres tournoi aux termes accous
tumés )).
Suivent les signattires de 6 prêLres, [) nobles et 7 parLables.
Le .5 octobre .634, il p.sL procédé avec le même cérémollial
à la nomination de « Missire Hervé Roux l'un des prest.res de
lad. paroisse de fort longl emps cognell Lrès digne et capable
de ladicte charge par l'expérience qu'il en a faict au temps
passé par plusieurs années » (1).
Le nombre des élèves ilyant sans doule augmenté, Messire
Roux est autorisé à « chouaisir pour l'aider et assisLer en lad.
charge tel aultre prestre qne bon lui semblera)). Il
« chouaisit Missire Marc Le Sqllin, anltre preslre de la pa
roesse (:l) ».
JO novembre 1647 Nomination par acte pronal de
Maistre Hervé Keroullé sous-diacre et Goulven Kerneau, tous
deux originaires de la poroisse de Taulé, « gens versés aux
leUres)). Ils toucheronL c, pOlir partie de leur salaire et dota
tion, la somme de 60 livres tournois à la Saint Jean-Baptiste.
24· de juin prochain venant avec les aultres salaires et bon-
nesleLés qu'on leur déparLiril ». .
:19 novembre 1649 Nomillation par acLe prônaI de
« Missire Nicolas Guéguen, dem ellranL an lieu du Pouldu en
Plouézoc·h. homme capable. ~aige et pl'lldC'lll eL de bonnes
vie et mœurs ". Il se fera aider de Missire Richard Beguat,
J'un des chapelains de J'église d e Plollga snou.
Un contrat passé entre .les nouveaux maîtres et la fabrique
prècise que, l'école s'éLant ouverte assez tard. « lesd. Guéguen
et Beg'uat s'obligenL de tenir \'escolle jusqu'au fin du mois
d ;ougst prochain )).
paroisse de Plougasufl1 t. 1.8 riotai i'ln de l'école élait prise sur les revenus
rie celle rg lise qualifi,'c ici d·> c\);'1wI1,'
(1) Archives du pre~hylè l'P de :'aint-Jpan. DQcuments co mllluniqurs
par 1\1. L. Le Guenn
(2) A l'chives lu Finistère.
En 1652, l'école est tenue par Thomas Barazer c homme
de bonne vie et mœurs, et versé aux études et Lettres jusques
avoir faist son cours en la filoso Œl e n.
Plougonven . En 16M, l'école de Plougonven était tenue
par François Le Goff qui devint diacre en 1667 et mourut en
1701. L'école se tenait dans la chapelle cie Ch rist, située au
sud de l'église (l) .
Plouégat-Guerrand. 1578. Maître Allai n du Chef'ne, âgé
de 40 ans, dépose dans une procéd u l'e rela live a ux armes ' de
la seig neurie du Pont qui avaient été enl ev'ées de la maîtresse
vitre cie l'église de Ploégat-Gallon. Il relate qu' (c il ya 12 ans,
il tenail pour lors esco lle en la cha,uelle de Sa incle Margarelie
au bourg de Pont-Menou n et qu'il y vit deux éCllssons frettés
d'or en champ cie sable , que le sieu.r de Locmaria a fail
remplacer par les siennes (2) .
Cette déposition nous apprend qu'il y avait llne école à
Pont-Menou, aggloméra tion sitll ée dans la commllne dé
Plouégat-Gll errand: à peu cie distancé nu petit port de
Toul-an-Herry qui avait alltrefois une ferme roya le pour les
vins, sels et eaux-de vie . .
Au bourg même de ·Plouégat·Guerrand, les petites écoles.
tenues par un prêtre, se tenaient dans le reliquaire.
EvÊcaÉ DE CORNOUAILLE
Plus étendu que les évêchés d e Léon et de Tréguier réunis,
l'évêché de Cornouaille, limiLé au nord par l 'Elorn et la
ligne des montagnes d'Arrée, clébordait largement dans les
départements actuels des Côles-clu-Nord et du Morbihan.
Les écoles semblent y avoir été moins nombreuses que
clans le Léon et le Trégorrois; elles étaien t pl us nombreuses
(i) L. Le Guennee. Notice sur la commune de Plougonven, p 96.
sur la côte que dans la Cornouaille intérieure, stérile et
pauvre, dépourvue de voies de communication.
Quimper. - En conformité de l'article 9 de l'Ordonnan ce
de 1560, une école prébendale, destinée à remplacer les
anciennes écoles, fut construite à la fin du XVI" siècle clans
. la rue Verdelet, sur un terrain dépendant d'une maison
, 'prébendal e (1).
Messire Milio t, chanoine. y était scolastique en ' 1602 ;
il s'était adjoint (1 quelques sous-maîtres ,) (2).
, En 1613, le scolastique était messire Yves Laurens. Il signa
la pétition demandant au roi Lo'uis XIII d'autoriser
{( J'érection et établissement d'un collège à Qùimper». Cette
pétition ét;lit couverte de 150 signatures des principaux
nobles, prêtres et bourgeois du pays.
. En 1615, messire Yves Laurens consent à J'établissement
du collège dans la maison prébendale de la rue des Vignes
où se trouve aujourd'bui l'école Jules-Ferry et demande
qn'on ait « à luy bailler un appointement pour ung second
maistl'e, ne pouvant seul satisfaire» ; il offre « de sa part
d'entretenir ung troisième )).
Le collège ne s'ouvrit pas rue des Vignes; il fut établi
provisoirement dans la maison pl'ébendale de la rue Verdelet
offerte gracieusement par Jean Briand, abbéde Landévennec,
archidiacre de Cornouaille (3).
Le scolastique offrit 300 écus ou une rente annuelle de
« 3 pippes de bled », pour aider à l'aménagement du collège,
mais il demanda qu'il soit fait défense aux 'maîtres
-particuliers (( de tenir eschole privée, ains hanter bonnes
escboles publiques )). "
Les écoliers pauvres étaient instruits gratuitement par le
(i) Ces constructions ont été abattues en i933.
(2) Cb , de Blois. Notice sur Quimper (Dictionnaire d'Ogéc).
(3) Fierville. Histoire du collège 'de Quimper.
scolastiqne. Bientôt celui-ci, malgré ses réclamaÙons, se vit
conCUl'l'encer par . des maîtres pri vés qui donnatcnt leur
enseignement aux enfants des nobles, des bourgeois et des
cultivateurs aisés de la région.
Ces maîtres d'école formai ellt une corporation avec
les charpentiers. menni siers, sculpteurs et peintres doreurs.
Une ordon·flauce . de l'lntendant, en date du 19 décem
bre 1710, exigeai t des membres de cette corporation une
imposition totale de 330 livres pour leur part de la taxe de
6.853 livres impos, ée aux divel's corps de métiers de la ville.
En 1712, René Guiomar, maître d'école, ne peut payer
la contribution qlli IIIi3 été fixée ; ses meubles sont saisis
et vend us sur la place Mauber ,pour la modique somme
de 18 livres ( 1 l.
En 173. 6. François . Cévaër est à la fois maître d'école et
débitant de vin sur le Quai" .p} i l!;oisse de Saint- Mathieu.
A celle tpême époque, René \'ladec, père du fameux nabab
des Indes, habitait place T,'rre-au-Duc et ajoutait à
sa profession de maître d'école celle d' « hoste », c'est-à-dire
aubergiste servant à boire et à manger, logeant à pied et
à cheval. Sa femme, Manon Melin, l'aidait dans son
commerce. Si le maître d'école était pacifique de par sa
profession. il n'en était pas de même de Manon, qui avait
le goû t des aventures et qui, semble t-il, le donna à son fils
futur roi dans l'Inde. Un navire chargé de savon ayant fait
naufrage sur la côte de Plozévetle 27 décembre 1736, Manon,
montée sur un vieu x cheva l, se rendit à Plozévet, prit
part au pillage de la ca rga iso n et rapporta au logis,
sans bourse délier, une ample pro vi sion de savon.
Le métier de maître d 'école n 'enrichissait guère son
homme et il est à croire que l'industrieuse Manon ne sut
pas faire prospérer sa maison. Le ménage dut quitter la place
Terr f!-au-Dnc pour s'installer ru e des Orfèvres , aujourd'hui
ru e du Chapea u- Ronge (peut-être à l'emplacement même où
se trouve l'école Pau l-Bert). En 1764 . SO li modeste mobilier,
com prenant toute sa forlnn e, fut veudu 43 livres 3 sols (1).
En 1750 . Quimper avait huit maîtres d'école au n'Omhre
desq'li' is Charles Val elltill, père dll peintre qui s'illu stra à
l'époqll e révolilti onllaire. Cha rles Valentin tenait une école
l'n e du l ,'rollt; il était éga lement cha sse- g ueux (sui sse) à la
cel thédrale. M el lg ré ces de ux fonc ti ons. il « lirait I~ diable pal'
la q neue )J . car il n'élait in scrit a u registre de la capit~ tion
qu e pour une somme de deux liVl'es, imposition éga le à
celle payée pa r les va lets 1.2) . . .. ' .
Drao ulec exerçait la profession. de n 'l,aître d'école dans la
paroisse de Saiot-Sauvel)r.O ù il mourql en 1759, La mêm e
ann ée décéda, rue TOlll-al-Laër, J~an-Françoi-s Mauduit,
maître d'écriture. A cette ' même époqu e, René ·Jean
I(erbri gent dirigeait une école il la Terre an Duc, où pcut-
être il succeda à Hené \lad ec.
Oès les temps les pin s a nciens, existait à Quim per une
sin g ulière coutume qui di sparut a u XV Il' siècle. Tous les an s, à
la fêle de Sainle-Catherine. le scolas tiq ne allait avec ses
élèves chanter l'h)'mne de ce Lte sainte à l'hospice situ é dao s
la l'Ile actu elle de Sainte-Catherine. Au plu s fort des g uerres
cie la Lig ue il n' y eut pas d'interruption. et, quand la
cha pelle Sa i n te-Ca the ri ne eût été démolie, on célébra la
cérémon ie à III cathédrale. Après les ,'êpres. un repa s était
servi daus la chambre du prienr aux a nciens gouverneurs et
au scolastique ; on donnait aux écoliers une collation de
fruits (3).
(i l Archiv('s départemenlal t's E. i 5i9. V oir aussi A. Favé, Notes pour
servir à l'histoire du savon dans le Finistère. Bull. de la Soc. arch.,
i 887.
(2) Trévédy. Rôle de la capitation de 1750.
(3) Archives municipales : Comptes de l'hospice de Sainte-Catherine
Une autre coutume assez curieuse est rapportée par
Cambry ( 1). Sous une voÛte de la chapelle du Pénity (située
au bas du mont Fl'llgy et démolie en 1810 pour permettre
l'élargissemen t de la rou te de Quimper à Bénodet), se trouvait
un (( Ecce · homo» accompagné de deux bourreaux et de
deux pages. Les éco liers, à ql.li on avait persuadé qu'un des
bourreaux était Judas, l'insultaient, le couvraient de boue,
lui jetaient des pierres tous les jours de composition. Celui
qui parvenait à le frapper se croyait sÛr d'être « empereur Il
(premier en composition).
Andierne. - Un couvent de Capucins s'y établit en 1657 .
Une école y était ouverte pour les enfants d'Audierne et des
communes voisines. Les Capucins « vaquaient à l'éducation
des eilfants,îeur appl'enaient à lire, écrire, calculer, même le
latin; et leur donnaient quelques principes de pilotage Il (2).
L'enseignement du calcul y était rationnellement donné et
att.eignait le niveau des cours supérieurs d'aujourd'hui (Voir
plus loin l'analyse d'un cahier d'écolier conservé aux Archives
départementales).
En 1790, la municipalité d'Audierne demanda vainement
la conservation de la communauté, « tant pour le bien
spirituel de la ville et des campagnes, que pour l'instruction
publique » (3). En 1792, les bâtiments servirent de prison
aux prêtres âgés qui ne purent être déportés du Château de
Brest en Espagne.
En 1 760, deux maîtres laïcs exerçaient aussi à Audierne.
Bannalec. La chapellenie de Guernic, en Bannalec, dont
il est fait mention en 1678, était un bénéfice destiné à
(i) Cambry. Catalogue des objets échappés au vandalisme sous la
Révolution, p. 28.
(2) Archives départementales L. clergé régulier.
(:-lI J. SavioJ. Audierne à la fin de l'Ancien Régime. BulL de laSoc.
'-;"1:19 '-
rétribuer le maîtrecharg'é de faire Îes petites écoles à
Bannalec (1).
Briec. . Des {( petites . écoles, » tenues par le vicaire, sont
mentionnées-en 1770 (2).
Carhaix. Dès 1606, la ville de Carhaix fournissait à ses
enfants un enseignement public et gratuit. Bertrand Drouart,
institué par délibération de la communauté de ville,
recevait, sur les ressources communales, un salaire .de
1:10 livres (3).
Dans un acte de décès du 3 juillet 1673, Me Pierre Jouannin
est honoré du titre , de «maistre ecrivain enseignant la
jeunesse ». ,Le registre paroissial de 1679 'porte la signature
d'Yves Pellée, celui de .680. celle de Pierre Collet, tous · deux
qualifiés de « maistresenseignant la jeunesse ».
En 1771, la ville de Carhaix, trop pauvre pour fond~r un
collège, veut posséder un maître capable d'enseigner le latin
et les humanités et Illi assure, en dehors d'une rétribution
scolaire proportionnée aux ressources des parenls, le .loge
ment et un traitement annuel de ·200 livres.
Concarneau. En 1775, l'école est tenue par Messire
Jean-Marie BollOI'é, prêtre.
Douarnenez. Au cours de ses missions en Basse-Bret-e-
gne, Michel Le Nobletz avait fondé de nombreuses écoles.
Vers 1615, il en créa une à Douarnenez. Il écrivait aux nota
bles: "N'épargnez aucune dépense qualld il s'agit de l'édu
cation des enfants. Choisissez, pOllr les instruire, des maîtres
vertueux et capables de le!.!r apprendre les bonnes leUres (4).
En 17°2, le maître d'école de Douarnenez était en même
tem ps « mal re a anser ,).
(i) Archives départementales G., Bannalec.
(2) Notice sur les paroisses. Bulletin diocésain.
(3) Archives départementales E. 1.501..
(4) Vie de Michel Le Nobletz.
. , 130-
En 1750, le précepteur des enfants du Marnay (1 faisait les
écoles dans le bourg de Douarnenez » (1).
Edern. Les vieux registres paroissiaux d'Edern son t
ornés de beaux paraphes suivis parfois de la qualité « d'es
ch olier n. On aimait l'instruction à Edern, et, si l'on en croit la
tradition, la paroisse possédait jadis trois écoles disposées
aux trois angles de la commune; à Scoldy, à Niver et à Ty
Gouzout.
A Scoldy (en français, maison d'école), on apprenait les
rudiments de la lecture. Au Niver (en français, nombre), on
apprenait les chiffres et les éléments de calcul. A Ty-Gouzout
(la maison du savoir), on recevait un enseignement plus
étendu qui comprenait la grammaire (2).
Leuhan. Lorsqu'éclata la B.évolution, les petites écoles
étaient tenues par le sieur Mocaër, curé (3).
Locronan. - En 1580, Louis Le Noi, vicaire, tenait les
écoles à Locronan. La classe se faisait dans la chapelle de
N.-D. de Bonne-Nouvelle (4).
Lothéa. . Cette paroisse n'existe plus; elle a été partagée
entre les communes de Quimperlé et Clohars-Carnoët. En
1782, le procès-verbal de visite épiscopale porte la mention:
« Maître d'école: M.le Curé )J.
Mahalon. Pascal Kervénal, prêtre (1615-1647), tenait
les petites écoles à Lescran où il demeurait.
En 1785, les petites écoles étaient tenues par René Roche
dreux, prêtre (5).
Penmarc' h. Guillaume Berrou, vicaire, y exerçait les
fonctions de maître d'école en 1762 (6).
(i) Bull. de la Soc. arch., 1905, p. 60.
(2) A. Favé. Congrés de l'Association bretonne, :1.895.
(3) Archives départementales, L, .Instr. pub!. .
( i) Bull. de la Soc. arch., :1.916, p. 76.
(5) Conen de Saint-Luc. Notice sur Mahalon.
(6) Abbé F. Quiniou. Monographie de Penmarc'h.
Pont-l'Abbé. La ville de Pont-l'Abbé possédait vraisem-
blablement un maitre d'école appointé par la municipalité
pour l'instru ction des enfants pauvres. Au début du XVIIIe siè
cle, au moin s un maître privé y exerçait. Le 19 juillet 176~,
Jean Hamon, âgé de 78 ans, maître d'école a Pont-l'Abbé,
adresse a l'Intendant de Bretagne une supplique où il informe
ce dernier qu'il a été exempté de capitation et casernement
depuis 1733 , en raison d e ses fonctions gratuites de greffier
et commis de la municipalité, et qu'en raison de son âge et
de sa pauvreté , il n e peu t satisfaire a la corvée de grand
chemin p our laquell e il doit fournir ro hommes (~ ) à ses
frais.
La requ ête nous apprend qu e Jean Hamon exerce depuis
52 ans les foncti ons de maître d'école à Pont-l'Abbé, sans
aucun app ointement fixe. « L'état d e maître d'école où le
Seigneur a apppelé votre suppliant, écrit-il, est si médiocre
qu'il ne pourrait vivre avec sans qu'il s'occupe par ailleurs
à faire des roll es et autres écritures . Il a élevé r6 enfants
d'une même épouse défunte depuis 2 ans; dont quatre sont
établis en cette ville, qui sont : capitaines de barque, mar
chand et un Procureur (r) )}.
En 178 r, le sieur Morel remplit les fonction s de maître
d'école et de greffier de la municipalité.
En 1787, le Bureau diocésain décide d'ouvrir à Pont-l'Abbé
une école tenu e par des prêtres payés 200 livres chacun sur
les fonds des décimes du diocèse. J 'ignore si cetle école a
fonctionné.
Pont-Croix . Un prêtre y fait les petites écoles en 1750 (2) .
Urie école y fu t créée len i' 17
7 , par le Bureau diocésain, en
v'ue de recruter et de préparer d es candidats destinés aux
(1) Archives départementales, E. 1508 .
(2 ) A. Pavé. Vagabonds de Basse-Bretagne. Bull. de la Soc. arch.,
année, 1905, p. 60.
Ordres. On y enseignait la lecture, l'écriture, et le calcul.
Celte école semble être à l'origine du petit séminaire actuel.
Pouldergat. Michel Laënneç fut mis à l'école du sieur
Séradin, curé de Pouldergat, pour y apprendre les principes
de la langue latine; il Y séjourna deux: ans et continua
ensuite ses études au college de Quimper.
Pleyben. En 1787, l'école, créée par le Bureau diocésain
en vue de recruter des élèves pour le séminaire, était dirigée
par Mocaër et Guézengar, prêtres. Ceux-ci étaient payés 200
livres par an, somme prise sur le r"evenu des décimes du
diocèse (1).
PLonévez-Porzay. Au début du xvm
siècle les petites
écoles furent tenues par le même rectenr pendant 47 ans.
Primelin. Guillaume Maubras y était maître d'école
en 1773. Les écoliers aisés complétaient leur instruction au
couvent des Capucins, à Audierne.
Quimperlé. La réformation de [426 nous apprend qu'à
cette époque Maître J ean Kerfouil tenait une école dans
la paroisse Saint-Michel. En 1616, Quimperlé possédait un
maître d'école choisi par les habitants et payé à l'aide d'une
parUe de l'octroi de 10 sols payables par pipe de vin (2).
Le 27 août 1692 la communauté de ville prenait la délibé
ration suivante: « Sur ce qui a été présenté à la Communauté
par le sieur syndic, que Je sieur Jacques Bonnaventure ...
pourvu par MM. les habitants de cette communauté de la
régence d'icelle école pour l'instruction et l'enseignemen t
des enfants et de la jeunesse de cette ville, et les élever à la
crainte de Dieu, est dans la nécessilé d'abandonner ses
fonctions ...
« Les sieurs habitants ayant délibéré, connaissant la
nécessité qu'il y a d'établir un régent pour l'instruction de
la jeunesse en cette ville au lieu et place du sieur Bonaven-
(i ) Registre du district de Châteaulin, 1.0 mars i79i.
(2) Archives départementales, [) G. 4,2 .
ture, il s ont unanim em ent n ommé p our la dite régence,
vénérable et discret messire Jean-Fran çois Grant, prêtre, et
l'ont, dès à présent, établi pour le temps qu'il pl aira aux dits
h abitants, et pour j ouir aux honn eurs , profits et g ages
accoutum és ; et arrêté qu e lad ite régence sera faite d an s la
chapelle de Saint-Laurent en la pa roisse d e Saint-Michel,
auqu el lieu on l'exerça it anci enn ement )) ( r ).
L'acte es t contresig né pa r le no uvea u m aître d'école qui
sig ne : Jean-François Grant, preslre indigne et régent de la
Communauté de Quimperlé.
Le 8 juin 1762 , la Commun a uté pour voit a u remplace ment du sieur Léap, prêtre, et nomm e pour régent le sieur
Ga lliot, prêtre d e Saint-Colomban, « pa rce qn'il fera avec
assiduité les écoles sui vant l'u sage o l'din aire p our les enfants
d es pauvres h abita nts, a ux gages de 17 1 livres par a n )) .
En 1,83 , Gallio t fut remplacé par J,-H, Fo rge t, prêtre de
Saint- Colomban. no mm é pa l' délibéra ti o n clu 15juin 1783 (2).
Spézet. - En 1776 . le recteur d e Spézet, écrit d an s le
registre ci e la Fabriqu e, ses remarqu es sur les Pâques des
enfants.
Le jour de la communion, note- t-il , o n distribue les prix
a ux enfants qui ont le mieux su leur ca téchism e. Les prin ci
p aux sont: Les Heures bretonnes, d e M. Bris ; Le Bouquet de
la mission, en la ng ne bretonne, de M. Rop a rs , recteur de
Cast (édition de 176!() ; l'A viel. petit abrégé d e l'Evang ile, en
lan g ue bretonn e, pa r M. Ma ri go , rectenr d e Beuzec-Conq ,
édition de 1768 .
« Un recteur n e saurait faire plu s belle aum ône ; ces
prix entre tienn ent l'émul a tion p armi les enfants (3) ... »
Le mêm e registre po rt e en 178 ! la n ote suivante, écrite de
(1 ) Bulletin paroissial de Q uirnpel'lé, mai l 926,
(2) Archives départementales, B (1,241,4242
(3) Archives départpmentales, 268 G.
134 -,
la même main . « M. l'Evêque de Quimper, étan t en cours de
visite, a déclaré à son clergé quïl faudrait ex horter les gens
de la campag ne qui savent lire, à faire les ca téchi smes daos
leur villa ge, et même qu'on peutleur refnser l'ab:solution s'il s
sont négligents à instr uire les enfan ts, le pOllva nt faire ».
De ce qui précède nous pouvons conclure avec vrai se m b lan ce qu'en l774 il Y avait une école à Spézet et que les
enfants savai ent lire puisqu'on leur donnait des livres de
prix; qu'en 1781, l'école n'existait pl us puisqu' il étai t
co nsei ll é à ceux qu i sava ient lire d'apprendre le catéchisme
aux cn fants, alors qu e cette besogne éta it résen ·ée au maître
d'école.
Le procès-,'crbal des visites failes en 1782 dan s la I- Iaute
Cornona ill e par Mgr de Saint-Lu c, évêque de Quimper,
menti onlJ e un certain nombre de prêtres tenant de petites
écoles:
Laz . Urbain Le Clech, n é à Laz en 17l 8, prê tre en 1749,
« fa it les petites écoles ".
Châleauneuf. - Joseph Guillou, né à Château neuf en
1736, prêtre en 1764 « Bon suj et pour tOtlt, fa il les petites
écoles ».
Sainl-Hernin . Coren tin Biou , n é à Telg ru c, en 172L I,
prêtre en 1769 « fa it. avec succès les p etites écoles ').
Landrévarzec . Gilles H e"nry, né à Edern en 1749, prêtre
en 17 ïLI « fail les peti tes écoles» .
Huelg ()at. Gu illaume Gloilguen, n é à Glomel en 1749,
prêtre en 1773 « a fait les p etites écoles»,
Briec . Yves Kernili s, n é au Juch, en Ploaré, en 1,;,43,
prêtre en 1770 « es t à Briec depuis sa preslrise. Bon prestre,
presc lte bien, confesse: fait les petites écoles ».
Yves Bolland, né à Briec en 1738, prêtre en l763 « à Briec
dep ui s ce tcmps ; confesse , fa it les ca téchismes , les petites
écoles ».
Saint-Séga l. - Germain Plassart, né au Cloître-Pleyben
135
en 1744, prêtre en 1769, « confesse, presche, fait les petites
écoles »
. Le même procès-verbal de visite mentionne dans la Haute
Cornouaille, des prêtres faisant école à Glomel, Plounévez
Quintin, Plussulien, Haut-Corlay. Corlay, Neuillac, Saint
Guen (trêve de Mur), Saint-Caradec, Merléac, Pestivien (1).
Je n'ai pas trouvé trace d'autres écoles de garçons dans les
limites actuelles du Finistère. La liste est évidemment incom
plète. Dans le Léon, il est incontestable que si de simples
trèves comme Trémaouézan et des paroisses très peu impor
tantes comme Loc-Eguiner ou Lanneuffret, possédaient une
école, on peut affirmer que de grosses agglomérations comme
Saint- Renan, Saint-Thégon nec, Sizun, La M.artyre, etc.
devaient également être pourvues de moyens d'instruction.
Dans l'évêché de Cornouaille, des centres importan ts
comme Crozon, Châteaulin, Scaër, Rosporden, etc, qui ne
sont pas mentionnés, ne pouvaient être privés d'écoles quand
de faibles bourgs comme Leuhan, Saint-Hernin, Mahalon,
en etalent pourvus.
L. OGÈS.
(A suivre).
(i) Archives de l'évêché. Document communiqué par M. le chanoine
H. Pérennès.
143 _.
DEUXIÈME PARTIE
Table des mémoires publiés en 1936
PAGES
1. Quimper sous la Terreur. Le brûlis des saints de
la cathédrale, par Jean SAVINA . . . . . 3
II. L'instru ctio n sous l'Ancien Régime dans les limi-
tes du Finistère actuel, par L. OGÈs. . . . . . 69
Correction page 81 :
Les deux premières lignes sont à reporler à la fin du chapitre .
QUIMPER - IMPRIMERIE !I1