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Bulletin SAF 1935


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Deux magistrats bretons du XVIIè siècle Germain-Gabriel Ruinet du Tailly (1726- 1805) et Jean-Marie Ruinet du Tailly (1760-1793)

A. Durand

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1935 tome 62 - Pages 75 à 102

eux a 1S ra S re o n s
GERlVIAIN- G ABH.mL R UINET DU TAILLY
( 1726-1805)

JEAN-MAl{ lE llUINET DU TAILLY

Le 4 mars 17 26, les cloch es de l' église Saint-Sauveur , au

Faou, résonnaient à toute volée, Ce jour-là , M essire Mocaër,
prêtre-curé de la trève du Faou, venait de célébrer nn grand
baptême sur les fonds si joliment décorés de cette pilloresque
église.
Puis, sur le parvis, où se pressait la foule, on vit appa- _
raître, escorté de ses parrain et marraine « Nobles gens
Germain-Gabriel Le Baron. si. eur de Lestang, avocat à la
Cour, et demoiselle Anne de Quenechqu evilly, épouse du
sieur Kisienmader n. le nouvea u chrétien Germain-Gabriel-

Alexandre, « né )J , nOLI s dit J'acte de baptême du L I mars
1726, « le second du même mois, fil s légitim e du sieur
(1) D es circonstances nous ayant permis de trou ver dans des archi­ ves de famille, conserv ées au manoir de Bodigneau, en Clohars-Foues­ nant, ,près Quinlper, une uocumentation originale et particulièrement
rÎ ;he, il nous a paru intéressant de la publier, en la commentant et la
complétant pa l' quelques recherches aux Archives nationales à Par'is pt
~ux Archives départementales du Finistère et du Morbihau, ainsi qu'aux
A l'chives municipales du Faou et rie Pontivy, afin d'évoquer les figures
de ces deux magistrats éminents du XVIIIe siècle, Qu'il nous soit permis
de remercier ceux qui de près ou de loin ont bien voulu nous prêter le
concours de leur érudition et documentation.
Julien-Pierre Ruinet du Tailly et de demoiselle Jeanne de
Quenechquevilly, son épouse» (1).

Grande avait été la joie de Julien-Pierre Ruinet, sieur du
Tailly, avocat au Parlement, appartenant à une famille de
robe, fixée depuis déjà de longues années dans cette ville
alors si prospère et si commerçante du Faou, lorsque parut
au foyer, créé deux ann. ées auparavant par son union avec
Jeanne de Quenechquevilly (2) (elle-même descendante d'lin
président au Parlement de Bretagne. conseiller de la du­
chesse Anne (3.1, ce premier né mâle, susceptible de prolonger
celle lignée de magistrats et d'avocats à laquelle il avait
l'honneur d'appartenir.
Aussi fut-il décidé de donner au jeune Germain-Gabriel
la solide éducation ecclésiastique. que reçurent la plupart de
ses contemporains, et de le confier, dès son jeulle âge, aux
professeurs du collège de Quimper. Ce fut dans cette capi­
tale de la Cornouaille que se forma ce c!'lrveau, modelé et
pétri pal' la théologie, l'algèbre. l'histoire et la pensée
romaines et la culture grecque. Son père voulait, en effet, en
faire l'un de ces avocats et magistrats du temps jadis, à la
fois, conseillers paternels et graves, ne craignant pas l'occa-:.
sion d'exprimer avec sérieux une idée plaisante, mais fins
lettrés, sachant ce qu'ils voulaient. et le voulant bien.
Dès qu'il ful pourvu des diplômes d'études secondaires,
Germain-Gabriel (dont les Archives départementales du
Finistère conservent la signature sur un acte de baptême du
18 septembre '740, comme panain d'Anne Pouliquen) (4)
fut acheminé sur L'tennes pour y faire ses études de droit:
(i) Cet acte de baptême constilue ia pièce 1 des Archives du manoir
de Bodignean.

(2) Acte do mariage du 3i janvier 1724" conservé aux Archives muni-.
paies du Faou.
(il) J. de La Martinière, Les Parlements sous les Rois de France. Les
Présidents dans Annales de Bretagne, 1930.
(4,) Archives départementales du Finistère, B 72.

Son parrain Gabriel Le Baron, sieur de Lestang, avocat à la
Cour, surveilla de si près sa formatioTl juridique que, le
1 pr juillet 1750, à 24 ans, notre étudiant, après avoir soutenu
à 6 heures du matin, devant un jury présidé par le famellx
juriste Poullain du Parc, les deux thèses, rédigées en latin,
l'une de droit canonique intitulée De sacramenlis non ile­
randis (1), et l'autre de droit civil De palria poteslale (2 ),
recevait son diplôme de bachelier de droit (3) .

Mais là ne devait pas se bornet· son exploit, et à peine un
mois s'était-il écoulé que, Je [2 août [750, après avoir
brillamment soutenu deux nouvelles thèses, l'une de droit
canonique et l'autre de droit civil, sur des sujets entièrement
différents des précédents (4), et obtenu de Poullain du Parc,
avocat au Parlement et professeur royal de droit français.
une attestation « qu'il avait, par bénéfice d'âge, étudié le
droit pendant le trimestre d'avril 1750 à juillet» (5), il
subissait avec succès les épreuves de la licence en droit,
obtenant le même jour un superbe parcbemin revêtu du
sceau de la Faculté de droit de 'Hennes, en date du 12 août
'750 (6 J .
Enfin le lendemain 13 août, ainsi qu'en fait foi l'extrait des
registres du Parlement de Bretagne, manuscrit sllr ce dOCll­
ment, il était reçll avocat et ,prêtait le serment en tel cas
requis (7). .'
Ainsi donc, Germain Ruinet du Tailly se trouvait, à
2f1 ans, pourvu du, droit d'exercer librement sa profession
devant les diverses juridictions de Bretagne, sous certaines
(i) Pièce 2,
(2) Pièce 3,
(3) Pièce 4"
(4,) Pièce 5,
(5) Pièce 6,
(6) Pièce 7,
(7) Pièce 7,
Archives de Bodigneau .

conditions qui étaient très stl'ictement imposées aux ' avocals

« miliLant' aux deux grandes juridictions de H.ennes et' de
Naütes», mais étaient pal' contre souvent perdues' de ' vue

devant les juridictions inférieures ([).
C'est pour l'une de ces juridictions inférieures que le
jeune avocat opta, et, comme sans doute, la charge de son
père au Faou ne devait pas suffire à occllper et à entnltenlr

deux hommes de lois, il vint s'installer à PonLivy, siège de
la justice seig neuriale du duché de Rohau. Les relations du

duc avec la Cornouaille (où il possédait de nombreuses terres

avoisinant Rosnoën et Le Faou) furent sans doute les causes
dominantes de ce choix d'une cité, certes très importante à

celle époque, mais néanmoins aSSeL: 6loignée du berceau
de la famille Ruinet.
Toujours est-il que, peu de temps après son illstallatioli,
Germain-Gabriel épousait, le :1 [ juillet '75 [, la sœur d'un de
ses camarades et collègues, Cécile-Perrine Scgaud. Le contrat
de maria ge (2) fut reçu pal' Mc Jusal'd, « notaire de la Cour
et juridictio n de Pontivy. siège principal ' du duché de
H.ohan Il , et le jeune ménage s'installa dans une maison
datant de 1664, sise place du Marché au fil, et qui existe
toujolHs en parfait état de conservaLion, portant en exergue
la plaque bleue apposée par la municipalité de Pontivy,
lorsqu'en [897 elle décida de don ner à celle place le nom de
Ruinel du Tailly.

De cetle union devaient naître plusieurs enfants, savoir
deux garçons el trois filles (3) .

(i ) Ces juridictions i[Jrfirieur~s resLaienL soumises LouLefois à l'ins­
pection cOIILinuelle des Sénéchaux, qui étaienL inv estis du droit de
suspendre ou révoquer ad n'ulm/! les avocaLs convaincus par , eux
d'ignorance ou d'indignité.
(2) Pièce 8, Archives de Bodigneau.
(3) Nous reLrouverons, au cours de ceLle étude, le cadet Jean-Marie,
né le D aoûL i 760 et baptisé le 7 lévrier 1.761, qui, après avoir succédé
à son père comme avocat au Parlement et procureur fiscal, devait

Le 12 janvier 1771, les époux Rllinel du Tailly se fai saient,
par devant M" Dumay, notaire royal à Pontivy. donation
mutuelle et égale ( 1 ) de L ous leurs biens meubles et de
l'usnfruit de lem s immeubles. et l'ann ée suivante, le ~o juil­
lel 1772, Germain-Gabriel Ruinet du Tailly était admi s par

le duc de Bohan à exercer provisoirement les fonction s de
procurem fiscal et maître des Eaux et Forêts de son duch é
aux parties de Pontivy , Bohan et Goarec, vacant par la
démission du sieur Deshayes Le Bacon (2).
Le 3 août 1772, il était reçu dans cette charge et le 12 oclo­ bre 1772, il était installé également dans la maîtrise des Eaux
et Forêts du Duché (3).
Le Il août 1775, Ruinet du Tailly, qui avait sans doule,
depuis trois ans, donné entière satisfaction dans la gérance
de la charge Deshayes, obt.enait de M. le du c dfl Rohan:
1° sa commission de procureur fis cal (4 1 et maître des Eaux
et Forêts; et 2 ° un mandement de « survivance de sa charge
pOlir six années, afin cie permettre à sa veuve, s'il venait à
disparaître prématurément, de posséder un certain temps
pour présenter un successeur acquéreur de l'offi ce» au duc
de Roban (5) .
Aussi après s'être fait délivrer, le 17 novembre 1775, par
le sénéchal Le Vaillant de Laubé. un certificat \6) consta t.ant
cc qu'il avait rempli fid èlement la profession d'avoca t pendant
25 ans», présentait-il, le 15 novembre 1775, C I à nos Seigneurs

mourir au champ d'honneur le i4 mars 1793 à Pluméliau. étant COIfl­
missaire du département au recrutement. el l'une des filles, Perrine,
mariée à Boullé, député du Morbihan à la COlJstiluante.
(i ) Pièce 9, Archivps de Bodigneau.
(2) Pièce iO,
(3) Pièce 1.1.,
(4) Pièce i2,
(5) Pièce 13,

du Parlement de Bretagne Il une requête (1) aux fins «d'être
reçu en l'exercice desdits états et offices de procureur fiscal
de la juridiction ducale de Pontivy et de la maîtrise des Eaux
et Forêts du duché de Rohan ».
Conformément à la loi, une information fut requise, dès ce
15 novembre 1775, par le Procureur gùnéral de Caradeuc de
La Chalotais, sur « les vie, mŒ)urs, âge et religion catholique,
apostolique et romaine du suppliant» et, par arrêt du 17 no­
vembre.la Cour commettait Maître Huart de La Bourbansaye,
conseiller doyen. pour procéder à cette mesure d'instmc-

tion, (2) .
Sans désemparer. le rapporteur entendait ce même jour
trois témoins: ,0 Messit"e René de La Grezillonaye, prestre,
âgé de 75 ans; 2

Paul-Christophe Garnier de L'Hermitage,
avocat en Parlement. âgé de [15 ans; et 3.

,Maltre Jean Joseph
Dagorne de La Vieuxville, âgé de 60 ans 011 environ, lesquels
furent unanimes à déclarer connaître Ruinet du Tailly pour
« un homme d'honneur et de mérite et probité et l'avoir vu
faire des actions d'un bon chrétien, d'un homme de bien et
de bonne vie et mŒUrS» (3).
Puis, sur avis favorable du Procureur général, la Cour,
par arrêt du [8 novembre (4), déclarait que « Ruinet serait
reçu à l'exercice desdi ts offices » et, pa r a lTêt du 20 novem­
bre (5 ) commettait « le premier des juges de .la juridiction
ducale de Rohan au siège de Pontivy pour installer le sup­
pliant 1).
Deson côté. Ruinet du Taillyadre.ssait.le 2 décembre 1775,
une première requête (6) au sénéchal Le Vaillant de Laubé
(i) Pièce 1.5, At'chives de Bodigl1eau.
(2) Pière 16,
(3) Pièce i 7,
(4) Pièce i8,
(5) Pièce i9,
(6) Pièce 2a,

pour fixer la date de sa réception comme procmenr fiscal, et
une seconde requête ( 1) à Monsieur de Quemeur, avocat,
faisant fonctions de lieutenant de robe longue de la juridic-

lion de la maîtrise des Eaux et Forêts du Duché de B.ohan
(, pour qu'il soit procédé à son installati on dans les fonc-

tions de maître des Eaux et Forêls »,
Les deux opérations eurent lieu le même jour et par même
procès-verbal dressé par Me Querneur, en date' du L I décem­
bre l775 (2).
Comment B ,uinel du Tailly exerça- t- il ses délicales fonc­
tions de procmeur fiscal et de maître des Eaux el Forêls . de
1775 à 1786, date à laquelle il devait céder sa charge à son fils
Jean-Marie? Les documents en notre possession n e nous per­
mettent guère de répondre ct 'une façon prét.:ise à cette CI ucstion.
Il est infiniment probable toutefois que Ruinet du Tailly
lut à la hauteur de la tache si complexe qui lui était confiée
et qu'il sut agir non seülemenl en excellent homme d'affaires
cc chargé de maintenir et poursuivre les droits du duc qu'il
représentait à l'audience» mais encore en officier intègre du
ministère public, préposé à la poursuite des crimes et délits.,
(Nous verrons en étudiant sa carrière politique, qu'il sut
acquérir une popularité et une estime telles qu'en 1778, il
était élu député aux États de Bretagne et en 1781 maire de
Pontivy). D'un autre côté le duc de B.ohan lui témoignait sa

satisfaction en lui accordant, le ILl août '781, la survivance
de sa charge pour six nouvelles années (3 ).
Enfin la fa cilité avec laquelle il oblint en '785, lorsqu'il
voulut abandonner sa charge, la nomination de son fils Jean­
Marie, comme succes, seur, prouve également la considération
dont il jouissait non seülemenl à Pontivy, mais encoreau
Parlement de Rennes.
(il Pièce 2-1, Archives de Bodignea u.
(2) Pièce 22,
(3) Pièce 24,
Il ne fut pas demandé, en eITet, à ce candidat la justifica­
tion d'une inscription au barreau du Parlement pendant
villgt-cinq années que nous avons vu exiger de son père.
Sans l'enquêle et l'information préalables édifiées pOUl' son
père et cédant, un arrêt de la Cour du 22 novembre 1786 (1),
ordonnait son installation dans l'exercice de la charge de pro­
cureur fiscal de la juridiction du ducbé de Rohan, aux
honneurs. profits et émoluments y attribués, et enjoignait
aux officiers de cette juridiction et aux vassaux de la seigneu­
rie de lui porter le respect et l'honneur qui lui sont dus. Cette
décision intervint exactement trois ans, trois mois et dix-huit
jours après sa prestation de serment d'avocat au Parlement,
en dale du II août 1783 (2).
Jean-Marie R uinet du Tailly, né le 7 février 176 [, à Pon ti vy,
n'avait alors que 25 ans, mais il avait su (ainsi que l'exposera
son beau-frère, Boullé, le 26 novembre 1786. dans sa requête
présentee au senechal et juges de celle juridiction aux fins
d'installation) (3 ) «( profiter amplement des talents qu'il avait
reçus de la nature, qu'il avait culli vés pal' ses premières étu­
des, et qu'il ne demandait qu'à perfectionner une fois associé
à leurs travaux et nourri de leurs principes, encouragé par
leurs exemples, et en s'inspirant des vertus et succès, de l'in­
tégrité la plus exacte, du zèle le plus éclairé et de l'activité la
plus infatigable de son prédécesseur ».
Pou r se convaincl'C de la réalité des eITorts faits par ce jeune
homme pour se préparer à l'exercice des fonctions qu'il con­
voitait, la publication intégrale des pièces 25 à 31 des archi­
ves de Bodigneau auntit présenté un réel intérêt. Mais nous
devons nous borner à les résumer et y renvoyer les esprits
désireux d'approfondir ceLLe étude. Ils pourront notamment
y compulser:
(i) Pièce 33, Archives de Bodigneall.
(~) Pièce 30,

Les thèses en latin d e d t'Oit canonique et d e droi.t civil
imprim ées ch ez Vatar à Rennes et soutenu es en vil e du ba cca-

lauréa t en d roit le !3 ma rs 1783 parJean-M a rie [{uin et devant
des jurisles éminents comme Loisel, Lanjuin a is , elc ... ( 1).
, 2 ° Le diplô me de bache li er en droil, à lui délivré, et revêlll
du sceau en cire rouge aux arm o Iries de la faculté (2) .
3° , Le~erl.ificald'assiduité aux cours de novembre 171:b à
juillet 1783 (3).
lI .' Les affi, ches relatant les suj ets d e th èses de droit can o­ nique De olficio cl poleslale judicis de legalis e t de droit c ivil

sur les «droits des min eurs)), so utenu es le l e,. aoùt 1783 par
ce candidat (lI ).
5° Le diplôme de licen cié ( > n oroit à lui délivré. le II aoùt
1783 (5).
6° Enfin. l'extrait' des registres du P arl em ent sig né par
Dan'y, constatant que, le II aoùt 1783 , à l'audience publique
de la Cour, Maître J ea n -Marie Ruin et d u Tailly . licencié aux
lois de la Faculté de Rennes , a été reçu avoca t et a fait et prêté
le serm ent en tel cas requis (6).
Ain si pour vu d'u ne solide form ation j uridiq ne, Jea n -M a ri e
Ruinet revint à Pontivy pour apprendre à l'école d e son p ère, .
dont l'esprit d e sagesse et d'équité était universellem ent
apprécié, à po u voir exercer les nobles fonctioll s qui allaient
, lui être confiées : ( Veiller a u maintien d e la police et du bon
ordre, soutenir les faibles , servir aux m alheureux de protec­
teur et d e père et remplacer ainsi di g nement le ma gistrat
anqu el il devait succéd er ».

(1) Pièce 25, Archives de Bodigneau, Ces thèses traitent des sociétés
et de l'influence de la capitis deminutio romaine SUI' certains principp s
du cirait canon.
(2) Pièce 26, Archiv es de Bodigneau.
(3) Pièce 27,
(lj,) Pièces 28 et 29,
(5) Pièce 30, --
Pal' arrêl du 22 novembre 1786 ( 1), ci-dessus rappelé, la
Cour, après examen parqualre conseillers, reconnaissait Jean­
Marie Ruinel avocat en la Cour, pourvu de l'étal el office de
procureur fiscal du duché de Rohan, Pairie de France au
siège de Pontivy, capable d'exercer ces fonctions. Elle recevait
le serment en lei cas requis et par autre arrêt du même jour,
elle ordonnait son installation: à laqnelle il fut procédé le
26 llovem bre '786 .

Deux ans et d emi après. le 26 mai 1789, Jean-Marie Ruinet
du Tailly, après contrat de mariage reçu le 20 avril 1789 (2),
par M" Huart, épousait en l'église Saint-Mathieu à Quimper
Marie- Céleste Sévène, demeurant en celte ville place Terre­
au-Duc; de celte union devaient naître trois enfants, dont
le plus jeune, Roger, renouvelant le geste héroïque de son
père, sut moul'ir au champ d'honneur, comme sous-lieutenant
ail L

8" d'infanterie, durant la guelTe d'Espagne.

Des juristes de la valeur des procureurs fiscaux dont nous
venons d'énumérer les titres et diplômes ne pouvaient l'ester
à l'écart de la vie publique. ni supporter >:'ans récriminer
toutes les inégalités dont souffraient les bourgeois du Tiers
Etat et le peuple du fait des privilèges de la Noblesse et du
Clergé.
Mêlés par leurs fonctions à la gestion des intérêts de la
communauté (laquelle à Pontivy comportait 27 échevins il
l'époque où Germain Ruinet du Tailly signifiait le l e' janvier
'775, à cette assemblée, agissant ès-qualité de procureur

IIscal, un arrêt du Parlement ordonnant d'assurer le cou-
chage des sacristains dans les sacristies, pour veiller il la
(1) Pièce 32, Archives de Bodigneau.

conservation des bicns des ,égliscs), ils devaient fatalement
acquérir la confiance de leurs concitoyens et briguer des
mandats élecLifs.
Aussi voyons-nous dès 1776. Germain Ruinet du Tailly
être choisi comme correspondant à Pontivy du bureau dio­
césain de la Commission intermédiaire créée en 1734 à Rennes
par les Etats de Bretagne pour administrer entre les ses·
sions les finances de la province, afln de permettre aux
commissilires attentifs dilns ce rôle essentiel de protecteurs
des contribuables de la province d'améliorer leurs rapporls
a vec la popu la tion.
« Dans chaque lieu de garnison l'nt installé le cOl"fespon­
dant de la Commission Intermédiaire, qui ne fut d'abord
chargé que du détail du casernement, mais qui se trouvait
tout prêt pour d'autres besognes, et ainsi fut institué en Bre­
tagne un second cadre administratif» (1).
Le tact et la compétence de Germain Ruinet du Tailly
devaien tlui valoir une telle popularité que, le 28 avril 1778,
J'Assemblée de la ville et communauté de Pontivy, présidée
pal' le sénéchal, désignait ce magistrat comme député à la
prochaine session des Etals.
Ruinet du Tailly se rendit donc il Hennes le 8 novembre
et, pendant la durée de la session, s'acquitta avec un lei zèle

de son mandat qu'il se créa des ennemis et que son change-
ment comme correspondant fut demandé par le bureau de
Vannes pour «abu s dan s la con fection du rôle de la ca pitation».
Huinet ne se tint pas pour baLLu. Il en appela aux Etats au
cours de la session tenue ensuite à Rennes, se lava des accu­
sations portées contre lui et, s'il succomba après une lutte
épique parce que le bureau de Vannes, reuni en entier, exigea
énergiquement une satisfaction d'amour-propre (2), il garda
(i) Hellillon. Les Etats de Bretagne, p. 290 .

(2) Archives départementales du Morbihan, Hegistre des délibérations

la considération de ses concitoyens qui le maintinrent au
nombre des échevins de la communauté et même, deux ans
après, l'élirent maire, le 14 septembre 1781, en remplacement
de M. de Kerangal, démissionnaire.
Proposé le 21 juillet 1781 par ce dernier à l'agrément du
gouverneur de la province, ,conformément aux règlements
de 1771, Ruinet reçut avec Chassin, avocat, et.Jean de La
Gillardais, également avocat, J'agrément du duc de Pen­
thièvre pal' lettre du 31 juillet, et le 14 septembre (la com­
munauté, comprenant 27 échevins, après un premier scrutin
qui lui donna 13 voix contre 7 à chacun de ses concurrents),
il fut « unanimement et par acclamations», dit la délibéra­
tion, « nommé pour remplir les fonctions de maire au lieu et
place de M. de Querangal, dont la communauté a reçu la
démission avec regret)) (1) ,
Le même jour, Ruinet du Tailly écrivait à l'Intendant Caze
de La Bôve, pOUl' lui faire part de son élection et ce dernier
lui répondait le 24 septembre I/81, « qu'un meilleur choix
ne pouvait être fait et qu'il était persuadé que M. le duc de
Penthièvre l'approuverait très volontiers ». « De mon côté »,
écrivait-il, Il je serai charmé de concourir avec vous au bien
de l'administration de celle ville et je vous procurerai avec
plaisir toutes les facililé~ qui dépendront de moi)) (2).
Sous l'administration de Ruinet, la communauté ne tarda
pas à rencontrer de multiples difficultés avec son miseur
Talmon et le comte de Goyon, commandant de la province,
pour le logement des troupes. Le maire fit remarquer que
« la ville ne comportait que cinq cents et quelques maisons,
dont un tiers seulement. peut contribuer au casernement (les
autres chefs de famille étant des journaliers mercenaires ca­
pités à 10 et 5 sols, ou des ecclésiastiques, des gentilshommes
(i) Archives municipales de Pontivy, registre 8135.

pt'opriétaires , des marchands· ou aubergistes), qu'il lui était
donc impossible de loger en sus de ses deux escadrons de
chasseurs, un troisième escadron etun bataillon d'in l'an tet'Ï e Il,
Finalement Guingamp dut recevoir et loger ces nouvelles
trou peso
Le t4 juin 1784, Ruinet adrcsse, au nom de la commu­
nauté, une très belle leLLt'e, dont le brouillon es t aux archives
de Pontivy, il Bertrand de Molleville, il qui le Roi vient de
conficr l'In tendance de Bretagne, po urIe félici te t' de sa
nomination e t. l'assurer du désir de toujours seconder ses
vues bienfaisantes.
Puis à la fin de l'année, sut' le point de partir pour Rennes,
afin d'assister en qualité de maire et de député à la session
des Etats, il reçoit de multiples leLtres, au sujet du règlement
de la succession du comte de Robien de Campbon, décédé
étant procureur général syndic des Etats de Bretagne. Les
quémandeurs s'arrachent sa voix, et le comte de Boisgelin
notamment, lui écrit de Paris le 24 octobre, que « l'élection
dépend de l'ordre du Tiers et qu'il espère que Madame
Ruinet se joindra à lui, le priant de lui faire mille compli­
ments, et de lui dire qu'il aura le plaisir de l'embrasser l'été
prochain ... ') (1),
Le 1

septembre 1785, Ruinet, arrivé au terme de son
mandat, estimant {( qu'il est dans l'ordre que les honneurs et
les corvées se partagent dans tout corps politique entre les
membres différents qui le composent Il, donne sa démission
de maire et est remplacé par son assesseur et ami Colomban
d'Haucour. Mais il restait échevin, et, en 1786, son fils, lui
succédan t en sa charge, prenait place à son tour dans rassem­
blée de la communauté.
Le :14 avril 1787, Germain Ruinet est chargé comme
ancien maire de rédiger un mémoire j ustifica tif de l'excès de

l'imposition de la capitation ·dans cette ville el, dans un
travail très documenlé, lu le 8 mai 1787 en séance, il attribue
chiffres à l'appui, les causes de cette situation à la diminu ­ tion du nombre des commerçants et à l'exode de la popu­
lation vers les grandes villes de Lorien t et Vannes ( 1).
Mais déjà à ce moment la Hévolution grondait. De graves
événemen ts se prépal'aien t et, dès 1788, des inciden ls se
produisaient. Pendant que des députés envoyés par le Parle­
ment à Paris étaient embastillés, les bourgeois, qui compo­
saient la grande majorité de la communauté de Pontivy et
étaient dans la vie ordinaire les égaux des gentilshommes
de la ville, et même souvent plus instruits qu'eux, ne pou­
vaient supporter l'inégalité politique et sociale qui les
séparait et les froissait. Aussi par délibération du II novem­
bre 1788, signée pal' lI.uinet, secrétaire, la communauté
réclame-t-elle ce que nulle autre en Bretagne n'avait encore
osé récla mer (1 le nombre des députés du Tiers égal à celui des
députés des deux autres ordres, la représentation des cam­
pagnes, l'égalilé devant l'impôt et surtout le vote par têle et
non pas par ordre, etc ... )) (2).
Le 22 janvier 1789 la communauté de Pontivy prend une
délibération en faveur du Tiers. Une députation est envoyée
au Hoi et enfin un cahier de doléances comprenant 29 arlicles
de revendications, rédigé et signé par des hommes de loi
comme les H.uinet, est approuvé, le 2 avril, par une assemblée
générale, dans laquelle les petits bourgeois et les ouvriers et
commerçants de Pontivy expriment leur confiance à la
bourgeoisie de robe promettant de se laisser conduil'e par
elle (3).
Ce cahier est remis à Boullé, avocat et échevin qui, ainsi

(i) Voir le lexIe ùe ce rapport. Documents annexes de l'Histoire de la
communauté et ville de Pontivy au XVIIIe siècle, par Le Lay, p. 335.
(2) Registre des délibérations, A l'chi ves municipales ùe PonLi v y.
(3) Archives de Pontivy, pièces annexes .

que nous l'aYons déjà dit, avait, le 14 juin 1785, épousé l'une
des filles de Germain Ruinet du Tailly, Jeanne-Perrine, et avait
été élu le 16 av ril 1789, député de la sénéchaussée dePloër­
mel et Pontivy aux. Etats généraux convoqués à Versailles
par le Roi.
BoulIé et ses co-députés quittèrent Rennes le 24 avril 1789
et le représentant des Pontiviens rend comp te dans des lettres
très curieuses adressées à ses mandants et conservées aux
archives de la ville de Pontivy, des péripéties de la lutte
engagée entl'e les trois ordres à Versailles. Ses élecLeurs
sont consternés de l'attitude du Roi, mal conseillé à l'égard du
Tiers, et, le 4 août, un comité chargé de ve iller à la sécurité
des citoyens et de con espondre avec les auLres vilïes de la
pl'Ovince, comité comprenant sept titulaires (dont les deux
Ruinet) et deux suppléants, est élu et pendant six mois va
diriger en fait la ville de Pontivy.
Le Il janvier 1790, H.uinet père est délégué à Lorient pour
régler une question de paiement de frais de logement de
tl'Oupes de passage. Le 1 6 janvier à peine l'entré, il reçoit les
150 délégués de Bretagne et Anjou venus à Pontivy pour
renouveler le pacte d'union patriotique élaboré à Rennes
par des étudiants épris de liberté.
Le L , révrier, en qualité de doyen d'âge des notables.
Germain Ruinet père, pl'Ocède à l'installaLion de la nouvelle
municipalité et enfi n Je 15 février '790, à l'occasion des fêtes
de la Fédération, des délégués de 129 municipalités de
Hretagne et d'Anjou (qu i rendirent Pontivy à jamais célèbre
poUl' avoir, par le Pacte fédératif. fait rentrer la Bretagne sans
réserves dans la grande famille française), il prononce à l'issue
de la messe et après être monté daus la chaire de l'église
paroissiale. un superbe « discours de bienvenue aux hommes
accourus des quatre coins de Bretagne et d'Anjou» (1).
11) Ce discours d'une très belle tenue littéraire nous a été conservé dans
son intégralité, gl'âce au procès-verbal des assemblées de la FéMration

Ce document est tellement significatif de l'étal d'esprit d'un
magistrat, membre influen t du Tiers à celte époque, que nous
ne croyons pas devoir hésiter à en publier quelques extraits:
« Quel spectacletlatleur », dit-il « pour les habitanls de Pontivy de
voir encore une fois leUl' cité réunir dans SOli sein les généreux défen­
seurs et les plus fermes appuis de cette précieuse liberté dont le nom
lut li peine cpnnu pendant des siècles entiers d'escla vage et de barbarie!
Le jour, qui fit luire à nos yeux les premiers rayons de cet astre salu­
taire et bienfaisant a été sans doute regardé pal' chacun de nous comme
le plus beau de sa vie, Mais ce qui doit le rendre à jamais mémorable,
c'est qu'un trait de sa vive lumière, pénétrant tout à coup jusqu'au fond
de nos cœurs, nous ait fait apercevoit' à Lous et pOUl' ainsi dire, au
même moment, que pour conquérir et nous assurer la possession de cet
inestimable avantage, il fallait ajouter aux armes de l'éloquence et de
la conviction des ressorts d'une (rempe un pflU plus forte j que le
moment était enfin venu de montrer de la vigueur et de l'énergie et que
c'était surtout aux Corps représentatifs qu'il convenait d'en donuer
l'exemple à une foule d'hommes enchaînés par la violence des préjugés
d'anliques opinions d'autant plus dilficiles à détruire qu'elles étaient
plus enracinées. , .. , Que nos ennemis apprennent qu e, malgré la gloire
des Jeunes Citoyens Militaires, nos Fils, nos Frères el nos Amis, d'avoir
aux séances mémorables des 26 et 27 Janvier, frayé la route de cette
sainte coalition, qui doit être à jamais la (erreur des méchants et le
boulevard de la nouvelle Constitution, les Pères ont le courage et
l'ardeur d' e leurs enfants comme les enfants onl la prudence et la sagesse
de leurs pères, quand la voix de la Liberté sc lait entendre et qu'un
patriotisme éclairé embrase tous les Cœurs. , , .. Souve.nons-nous même
qu'appelés pal' nos représentants à la consolidation de l'étonnante Révo­
lution qu'ils ont si heureusement opérée, il n'est point d'égards, point
de considérations particulières dont le sacrifice doive /lOUS coûter, dès
qu'il nous paraîtra nécessaire pour conduire il ce but si salutaire et si

désiré: Sagesse, Prévoyance, Economie, Tels sont, Messieurs, les
principes fondamentaux de toule administration civile ou politique et

!mprimé chez Valar et dont un exemplaire se trouve aux Archives
départementales du Finistère .. série L (brochu!'E1s annexes), Voir aussi

lels doivent êlre aussi les pivots immuables de la nÔ lre ..... Obéissance
aux lois, amoul' et respect au Monarque chéri, qui ne connaît d'aulre
bonheur que celui de ses peuples et qui comme il le dit lui-même, lrouve
dans l'assurance de leur amoui' la consolation de ses peines ; modération
sans faiblesse, fermeté sans aigreur envers nos concitoyens ; justice en
tout et à l'égard de tous; union constante et durable enlre nos différents

corps, tel est en ra ccourci le tableau des obligations de nos Municipa-
lités .....
« França is et Frères, indigents ou régnicoles, aimons-nous, n'ayons
plus qu'un seul cœur et qu'une âme et ne nous considérons désormais
que comme des citoyens unis par les liens indissolubles de la concorde,
de l'égalité et de la Fraternité qui doivent exister entre les sujets d'un
mê me Empire. . . .. Tels sont, M essieurs, les dispositions constantes da
tous les sujets de ceU e ville, dont j'ai l'honneur d'être l'organe ; ce sont
aussi mes sentiments particuliers, et je dois regarder comme l'avantage
le plus précieux, celui d'être autorisé par leur choix il les déposer dans
le sein de cette respectable Assemblée.
« Signé : RUINET DU TAILLY, avocat el dépulé Je Pontivy. »
Puis les travaux reprirent et se poursuivirent jusqu'au
2 1 fév rier, ainsi qu'en fait foi le procès-verbal déposé le
22 février a ux assemblées générales de la municipalité de
Pontivy et signé par R. du Tailly, secrétaire.
Cependant les Fédérations de Bretagne et d'Anj ou ne
restaient pas isolées. Partout en France les patriotes s'étaient
fédérés et pour mieux sceller leur serment de défendre la
Révolution, les Fédérations régional es se fondirent en une
Fédération nationale à Paris le 14 juillet 1790, jour anniver­
saire de la prise de la Bastille. Ce jour-là , une messe fut dite
au Champ de M ars, sur l'autel de la Patrie, par l'évêque
d'Autun, Talleyrand , en présence de [ll. ooo gard es natio­ naux venus de tous les départements et de lloo.ooo specta­ teurs. Jean-M a rie Ruinet, procureur fiscal, représentait avec
deux autres délégués la ville de Pontivy à cette première fête
nlltionale et reçut à cette occasion un certificat de, patriotisme

amSl conçu :

« Fédération Nationale, 14 Juillet 1790.
« Nous, Maire de la Ville de Paris, Commandant Général de la Garde
Nationale Parisienne, Président et Commissaire de la Commune pour
le PacLe FédéraLif, certifions que Monsieur Buinet a assisté en qualité

de DépuLé du D éparLement du Morbihan, district de Pontivy à cette
Fête Nationale et que pendant son séjour dans nos murs il nous a donné
les témoinages du plus pur patriotisme et de la Fraternité la plus

entière. En foi de quoi, Nous lui avons délivré le présent certificat

auquel nous avons apposé le cachet de la Fédération.
« Fait à l'Hôtel de Ville, le 21 Juillet 1790.
« Signé: BAILLY, Maire; LAFAYETTE, Commandant
Général; CHARON, Président des Commissaires pour
le Pacte Fédératif; DURET et MANE, commissaires;
JONETRI, etc ... Scellé du cachet en cire l'ouge de la
Ville de Paris» ({).
En rentrant à Pontivy, Ruinet annonce à ses concitoyens
qu'une nouvelle organisation judiciaire est en préparation,
et effectivement la loi du 16 août 1790 vint bouleverser
complètement l'état de choses créé par l'Ancien Régime en
s'inspirant du même esprit qui avait présidé à la réorganisa­
tion administrative en départements et districts. TouLes les
juridictions anciennes, justices de classes et justices d'excep­
tion' furent anéanties et à leur place on établit une hiérarchie
de justices nouvelles égales pour tous, clont les tribunaux de
clistricts furent comme la cheville ouvrière. Par décret du
l8 août, le Morbihan se voit attribuer Tleuf tribunaux, clont
celui de Pontivy composé cie cinq juges et cie quatre sup­
pléants tons élus.

La loi plaçait dans chaque tribun al un officier chargé des
fonctions de ministère public, agent du pouvoir exécutif près

des tribunaux et dont les fonctions consisLaient à faire obser-
ver dans les jugements à rendre les lois intéressant l'ordre
général et à faire exécuter les jugements rendus. Ce magistrat
était nommé par le roi, et Jean-Marie Ruinet avait cru « d'ail-
leurs autorisé par l'intention connue du H.oi de ne vouloir
déplacer aucun des anciens titulaires, à moins de cas graves,
pour ne pas augmenter le nombre des maihelll'eux » . pouvoir
poser et faire appuyer sa candidature, « afin de conserver une
charge qui constiluait, disait-il, son unique patrimoine el
faisait sa principale ressource pour sa subsistance et celle de
sa famille naissante)) (1).
Mais un concurrent rort appuyé en Cour, le sieur de Ker­
melec, a vocat, célibataire. travaillait dans l'ombre et Buinet,
comme tous les notables de Pontivy, passe par des émotions
qui se trahissent dans divers documents, savoir:

Un certiJlcat délivré le 16 octobre 1790 par le sénéchal
Le Vaillant de Laubé et le lieutenant de robe longue de
Querneur, « attirant l'attention du Boi SUl' l'estime et la
considération dont jouit le sieur Ruinet près de ses conci­
toyens qui le verraient avec satisfaction continuer un minis­
tère auquel ses services et ceux de Monsieur son père qui
ra exercé avant lui semblenllui donner les droits ) (2) ;
Et 2 · deux délibérations prises les I7 et 18 octobre 1790
(à la suite d'une pétition des notables au Roi) par le con~eil
général de la commune d'une part (3), et le directoire de
district d'autre part (4).
Documents d'un intérêt indiscutable par les sentimen·ts
d'estime alTeclueuse qu'ils révèlent à l'égard de leur ex -pro­
cu l'eu l'fiscal.
Le lendemain 19 octobre 1790 Jean-Marie Ruinet quittait
Pontivy pour se rendre à Paris plaider sa cause, muni d'uu
passeport « requérant toules autorités de le laisser librement
passer et de lui prêter au besoin secours et assislance ) (5).
(l.) Pièce 36. A l'chi ves de Bodigneau.
(21 Pièc~ 37,
(3)~rièco 38,
(4) Pièce 39,

Louis X Vi se laissa émou voir et le 3 novembre 1790, le
député Boullé pouvait écrire de Paris à ses électeurs que
« son beau-frère avait réussi à réaliser les espérances qu'on
lui avait d'abord données et qu'une de ces cascades trop com­
mlInes à la Cour, dans ce centre des manœuvres et des intri­
gues avaient un instant déjouées 'J . « Il se dispose D ajoutait-il,
à partir muni de ses provisions en bonne et due forme J) (1).
Le 19 novembre Jean-Marie Ruinet est installé dans ses
fon ctions de commissaire du Roi près le tribunal de districL
de Pontivy, au cours d'une assemhlée générale du conseil
général de la comm unp, dont le procureur Guépin félicita en
termes émus Q le nouveau magistrat d'avoir su, au milieu de
son triomphe faire des vœux. pour le succès de son rival, la
certitude de le voir content ayant pu seul le pleinement satis­
faire lui-même » (2) .
Pendant ces années 1791 et 1792 nous voyons Jean-Marie
Ruinet s'acquitter avec zèle et ponctualité de ses fonctions (3) .
Le IL~ août 1792, les commissaires du Roi furent susppndus
de leurs fonctions à la suite des événements du 10 août et
rem places 'par des commissaires nationaux élus par les nota­
bles et le 25 novembre 1792 Jean-Marie Ruinet etait élu com­
missaire général.
Mais ce jeune magistrat qui. le 8 prairial an Il adressait au
comité de Législation à Paris un rapport (( pour 'se plaindre
que le tribunal ait été paralysé depuis le 9 pluviôse jusqu'au
(1) Lellrl's d~ I:loullé à ses électeul's (Archives municipales de Pon­
tivy). CI. Macé, Annales de la Révolution Française, 191.2.
(2) H egistl'e des délibérations du conseil général (A rchives munici-
pnlrs de Pontivy). ' '
(3) Nous avons consulté aux Archives nationales dans les cartons BBI
n° MI, plaque ~ et D III nO 1.7i Comité de Législation du Morbihan, divers
l'apports de ce magistrat ct notamment un document du i 7 octobre i 790
dans leq uel il pose HU l1iuistre certaines questions délicates sUl'le~ervice
des huissiers de sa cil't;onscripllon et une requête à Louis XVI èn date
du 30 mars -1792 aux fins d'interprétation de l'article 1

de la loi du

2 floréal par suite de l'arrestation des membres qui le com­
posaient comme suspects, et dans l'impossibilité de trouver
un local pour les audiences » ( 1) ne devait exercer ses fonc­
tions que pendant quelques mois.
Le 13 mars 1793, en effet, Jea n-Marie Ruinet du Tailly
acceptait en sus de ses fonctions, celle de commissaire par­
ticulier du département pour le recrutement des 300.000
hommes dont la Convention venait d'ordonner la levée pour
la défen se des fron tières et de la Pa trie en da nger. Désigné
pour surveiller les opérations du tirage au sorL à Plumeliau ,
il partit à la tête d'un détachement de cent gardes nationaux

qui, le lendemain, alors que l'on recueillait les inscriptions
dans l'église désaffectée, fut surpris et en grande partie massa­ cré par quatre mille paysans réfractaires accourus au son du
tocsin. Un seul homme put s'échapper et venir alerter la gar­
nison de Pontivy qui, le lendemain, repoussa l'attaqu e contre
celte ville mais n e put reprendre Pluméliau ni le corps com ­ plètement défiguré de Ruinet (2) .
Ce n'est pas cependant seulement celte belle mort au champ
d'honnem du fils Ruinet du Tailly qui devait pousser le
Conseil Municipal de Ponlivy à donner, le 28 mars 1897, le .
nom de Ruinet du Tailly à l'un e des places de la ville. Le rôle
joué par le malheureux père Germain-Gabriel (dont n ous
avons déjà vu les services rendus précédemm ent à la cit~)
au cours des événements qui vont se précipiter, n'y a certes
pas élé étranger non plus.

(1) Archives nationales, 0 III n° i91.
(2) Le décès fut déclaré constant par délibération du conseil général
de la Commune relatant celte scène de ca rnage et dont l'extrait tenant
lieu d'acte de décès conslitue la pièce 43 des archives de Bod igneull.
Plusieurs aulres délibérations règlent le sort des veuves el liquident leur
pension. Mmo J,-M. Huinet se réfugia à Quimper près de son perl' olt
six mois après elle accoucha d'un garçon qui devait roumi .. une tl'ès belle
carrière dans le génie sous l'Empire et la H estauration et l'punir la
collection de Bodigneau (actuellement utilisée grâce à l'obligeante commu­
nication du propriétaire actuel du manoir, M. G eorges Nouel Huinet du

Le :1 juin 1793, en effet, Ruinet père étant encore édile, la
Montagne l'emporte à la Convlmtion et le fédéralisme éclate
en province. Rninet père et Corbel sont chargés pal' J'Assem­ blee de la société des Amis de la République, cie se rendre à
Vannes pout' inviter le département il lever une force impo­
sanle pOUl' marcher sur Paris. Hs exëcntcnt leu r mission, et
le 9 juin partent pour Rennes avec Faverot, ancien maire.
Ruinet préside lecom ité cen tré)l constitué il Rennes et lance
le 19 juin un appel ainsi conçu:
" H ennes, le 19 juin 17\l3, an 11

de la H épublique.
« [,' Assemhlée Centrale, composée des députés du département du
« Finistère, du Morbihan, des Côles-tlu-Nord, de la Loire-Inférieure ct
« d'Ile-et-Vilaine séant à H ennes, aux Administrateurs du Cah'ados:
« Frères et amis. Une des plus importantes mesures, qu e nécessite
« l'ptut de crise où est plongée la Patrie, 1I0US a paru la réunion des
« vrais républicains dans un point central. Le chel-Iieu du dépa rtement
« du Calvados, qui déploie aujourd'hui tant d'énergie, a fixé nos regards.
« Nons venons d'arrêter, d'y envoyer des commissaires pour concerter
« les moyens les plus propres à rem plir les vœux de la loi du 24 Illai...
" Nous avons pensé que Caen devait être aussi le lieu du prem ier
« rendez-vous ries forces que nos départements organisent pour rendre
« à la Convention Nationale la liberté et l'intégrité que des fâcheux lui
« ont ravies mais avant de les meUre en marche, il était indi spensable
" de vous clema nder si nous ne verrit'z pas quelque obstacle à nos
« projets. Nous vous dépêchons en constlqu8nce un courrier px traor­
« dinail'e et nous vous prions de le charger de votre réponse ; elle oou~
« app rendra si vous pouvez recevoir nos C(lI Tlm issa ires et nos
« bataillons ; ùeux de vos concitoyens présents à notre séance, nous
« font espérer que vous accueillerez nos vues. Nous attendons en ce cas
« de votre zèle que \'ous en préviendrez les autres départements, au
« moins ceux qui vous 11 voisinent. Plus la réunion sera considérable
( plus le succès sera certain,
« Signé : HUINET, Pt'ésident, rue Pérou.
« HoUJoux, FAVEHo'l', LE GHAVEIIEND . Secrétaires.
" A Caen, Imprimerie Nationale chez Le Roy. 1.793» (i).
(1) Cet nppel a été déconvert pal' nous dans le dossier de jugement de
Mme Rolanrl, condamnée à mort le 8 novembre 1793 et guillotinée le

En m~me temps l{uinel écri va it à Pache, maire de Pari s,
pour bi en lui spécifier qll e « les fédérali stes n'entendaient
nullement créer un mou vemenl in surrec tion nel mais concou­
rir à délivrer la Convention des maux qui l'assiègent » ( 1).
Malheureusement l"arm ée levée à Caen se fit mettre en
déroute à Ve rnon, et, com me les GÎl"ondin s étaient traqu és un

peu partout eu France. Ruinel n'eut plu s que la ressource de
l'en trer à Pon livy où nous le voyo ns siéger com me nolable au
conseil général de la commlln e les 29 juin, 1 3 et 16 juillet
et 211 août 1793 (2) .
' Le 1" décembre 1793, malg ré son grand âge, Ruinet est
réélu maire et in stall é le même jour Il pl'ima il'~ an Il. Mais
a u bout de sept semaines, écœuré, déconragé par les trahiso ns
d'amis comme Georgelin le calomniaut en proclamant que
« ]a dénoncia lion était une ve rtu républicaine» (3), il démi s­
sionnait en il lléguant, par lettre d u 2 f j auvier 1';'94, q ue son
âge et sa santé ne lui perm ettaient plus de remplir cette
place (lI .) .
Pour le réco mpenser. Prieur de la Marn e, représentant du
peuple en mi ss ion à Ponti vy, le des tituait comme suspect de
fédéralisme, et nom mait Joubert maire, en ordonnant « I"ar-­ restation de Ruinet et de vingt-se pt bourgeo is suspects d'avoir
voulu briser J'unité de la République» (5) . Malgré toutes les
protesta tions des conse illers, il deva it res ter dans les geôles
de Ponti vy, jusqu'au 9 thermidor. En e ITet, ce fut seu­
lement un arrêté de Bouret, représentant du peuple aux
( 1. ) Archives nationales BBI, p. 82.
(2) Archi ves mnnicipales de Pontivy. Registre des délibérations H a.
(3) Archiv es nationales DIlI 170. Lettre adressée le 12 septembre 1793
par G eorgelin , président dn tribnnal de Lorient, suspendu depuis le
il mai 1793, aux citoyens membres du comité de Lé~islatioll pour les
remercier de sa rp habililation et solliciter nn poste de Jnge mililaire.
\4) Archives mnnicipales de Pontivy R3, pièces annexes.
(5) Arrêté du :1.5 pluviôse an Il (3 février 179[ 1,). Ai'chives munici­
pales de Pontivy.

tardent pas à lui interdire l'exercice de ce mandat électif'poli-

tique, et, le 3 brumaire nn V, il donne sa démission d'admi-

nistrateul' ponr repren,dl:e sa toge et · être nommé presque
aussitôt président de son tribunal. En effet, le 10 nivôse an V,
nous le voyons figurer sous ce titre dans le procès-verbal

d'installation du nouveau tribunal par l'agent national
d'Haucourt.
Puis la vie se poursuit sans événements saillants, danscepetit
tribunal de province où le président Ruinet continue à être
entouré de l'estime de ses collègues etde tous ses concitoyens,
Mais les temps sont durs, et nous trouvons l'écho ,de ces
bouleversements des fortunes dans une requête en dégrève­
ment ·de cote mobilière el personnelle, présenLée le 5 vendé­
miaire par ce magistrat « qui prétend avoir été imposé à tort

en l'an V pour une somme de 16 livres, et , en l'an VI, pour
une somme de 105 livres alors que la première de ces années,

il n'aurait reçu pour le produit de ses traitements publics et
privés, que celle de 6:10 livres, savoir comme administrateur
de district, [135 livres et comme séquestre des eaux eL forêts
du duc de Rohan 185 livres, et que la seconde année, il n', eut
joui que du second de ces revenus », et il conclut en deman­
dant que sa contribution soit fixée à 50 livres pour l'an V, et
32 livres 5 pour l'an VI, soit en tout 82 livres 5 1) (1). Nous

ignorons la suite qui fut donnée à cette requête.
En l'an VIII, le Premier Consul modifie une fois de plus
l'organisation judiciaire, mais, dans le procès-verbal d'instal­
lation du nouveau tribunal civil, nous voyons toujours RuineL
figurer comme président et prêter le serment « d'être fidèle à
la Constitution et de remplir avec exactitude les fonctions qui
lui sont confiées (21.

(i) Archives départementales du Morbihan, LZ 587.
(2) Archives départementales du Morbihan. U 70. Extrait du registre
d'avis, d'arrêtés et de procès-verbaux de la sous-préfecture de Pontivy

" l dd
'l'outefols la nomination comm e juge suppléant en l'an IX
d 'un sieur Guépiil, parent pal' alliance du président Ruinel,
attire une plainte très virulente,du cito)'en Le Bodec au citoyen
ministre de la Ju stice en da te du 25 ventôse :
« La nominatioll de deux juges et de deux adjoints au tribunal de
« première inslance de Pontivy n'esl » dit-il e t que l'elre! de l'aristo­
" crati f\ des richesses, de parentage et de caballe, '. Ruillet, président,
u âgé de 78 ou de 73 ans, ancien procureur fi scal el encore adminis­ « trateur des Forêls du ci·deva nt duc de Rohan, a quatre mille (rancs
« de l'entes, el o'a caballé et accepté ce poste de juge que pOUl' relever
« les droits du ci-devant duché de Rohan, Il est oncle propre de
« Guépin, premier suppléant, et ils ne peuvent jamais opiner ensemblp,
« Il en résulte que nécessairement l'un ou l'autr'e doit être révoqué ...
« Humet et Guépin O llt été proposés par Pétion, qui était alors admi­
« nistrateur du département et pal' Boullé, gendre de Huinet, et aujour­
« o'hui prMet des Côtes-du-NOI'd ... L'oncle, qui ne s'accommode avec
« aucun ct est toujours en querelle avec ses collègues rlevrait être
« retranchr' .. , au surplus ils sont trop payés , .. )\. (1),
Mais le sous-préfet d'Hauconr, qui était en réalité le pro­ moteur de la nomina tion de Guépin , veillait et, chargé
d'enquêter sur la pétition de Le Bodec, il trouva la solution
élégante de faire nommer Guépin substitut, si bien que le
ministre p ut répond re à Le Bodec, par lettre du 3 prairial
an IX que « désormais offi cier du mini stère public, chargé
des poursuites, aucune loi Il e s'opposait à ce qu'il fût parent
d'un membre d' un tribun al (2) .
Au surplu s, le président planait au-dessus de ces petites
vilénies (q ui dé montrent que la jalou sie et la lâcheté ne sont
pas l'apanage de nos contemporain s) , et il continuait à
s'acquitter avec zèle et confiance de ses délicates fonctions.
Nous trou vo ns en efTet, aux archives du Morbihan, plusieu 1'8
( 1.) Archives nationales, B ll5, p. 128,
(2) Archi ves nationales, A3, p, 66.

lOt
leUres cie lui au préfet, le ,8 brllmaire, le ,8 nivôse, le
2!, pluviôse, le , 8 ventôse et le ," th ermid o r, pOllr adresser
« cles éta ts nominatc l1l's des membres clll tribullal » et
su rtout pOlir « ill sister pOLir le paiement des traitements cie
scsjuges en retarcl cie plusiclf['s mois ( [).
En l'an XI, Ruin et fournit au Grand Juge. ministre de la
Justice, sur sa demande, un rapport très complet contenant
les renseignements qu'il a pu recueillit· sur la « moralité et
l'aLlacltement au Gouvernement cles Jllges de Paix cie SO li
arronclisscment )) ct ajoutant « qu'il s'est préoccupé d'ôtre
véridique autant que possible)) (2).
Pendant tout l'an XIl, le président H.uinct cOlltinue fI
émarger au registre des pointes des audiences de son tri­ bunal, avec une régularité qui, malgré son état de santé
assez précaire, ne se démentit pas (3) . li signe pOUl' la
dernière fois le [3 nivôse, an XlII, se fait excuser ensuite
pour maladie le 16 pluviôse et le 23 pluviôse il expire à son
domicile, âgé de près de quatre-vingts ans , ainsi qu'en fait
foi son acte de décès dressé ce onze [év ri el' 1805 (LI.).
Il ne laissait que des regrets, clont M. le Premier pré­
siclent cie la Cam d'appel cie H.ennes, d'une part, dans sa
lettre du 2 ventôse au Ministre (pour lui proposer de nom ­ mcr président le premier juge Puillon-Boblayc), et M. le curé
cie Napoléonvi lle, d'autre part, clans sa lettre du 16 ventôse
au premier juge (pour s'excu se!' d'inciclents protocolaires
sans cloute, qui se seraient produits aux funérailles de
M.H.uinet), surent se faire l'interprèLe (5).

(i ) Archives dépnrlemenLales du Morbihan, U 70.
(2) Archiv es nationales, n, p. mo.
( ~l ) Archivcs Mparlemc nLales du Morbihan, L Z 582.
(lI) A rt;hi ves de Bodigneau, pi èce Ij,!L
(5) A l'chives Mpartcrnenla les du Morhihan, lJ 76.
102

Tels fm enl les d eux mag istrats breton s dont nous venon s
cl'esquisser les fi g ures .
Germain et J ea n-Marie Ruin et du Ta ill)' (c ne se sont pa s
(( contentés d'être des homm es sé ri eux et instruils , pénétrés
« d e celte pratiqu e professionnelle pa rti c ulièrement éclairée
CI ct haulem enl in spirée de cet idéal de vérilé c l. cie ju s tice
(( [1 la l'ôa li sa li on duqu cl lout ma g istra t do il co nsacrer sa ns
" compter, ce qn 'il pe u t posséder d'ac ti vité, d'int ellige llce
(( ct de savoir » ( 1).
Conn aissant à fond lenr Bretagne, aim nn t ses man oirs,
ses landes, ses légendes, son hi stoire, et surtout son droit
coutu mier (puisque Germ ain Huin e l. d u Tail l)' fit vers 177 2
l111 e trad uc ti on d e ]'u sc ment d e ({ohan , d ont malheureu se­ m ent le manu scrit lui fut dérobé pa r un copiste infld èlc), il s
furenl. d e ceux qui (1 p én étrés d'un e philosophi e trop dog ml1-
« ti qu e crurent pouvoir, en élimin alll certain es institutions
Il d és uètes et se plaçan t sou s les signes d e la Liberté et
(( de l'Egalité, rendre leur pa tri e plu s accueillante au x
« faibles et aux opprimés» (2).
E t s' ils furent parfois aux )'eux d e certa in s victimes d'illu­
sion s dangereuses, il n'en res te pas m oin s vrai qu e (1 le
n om des Huin et du Tailly méritait mi eux )) , comme l'ont
p rocla m é les édiles de P onti v)', (c CJll e l'oubli dan s lequ el il
ôtait l'es lé si long temps )l (3) .
A ND"É DURAND,

(1) Un M agistrat du XVIe siècle. Estienne de La lloëtie. Di scours
prollQ océ le 3 novembre t 876 par M, [f1'ancÎs Habasqup, avoca t gpnénil
il l'audien('e solennelle de la l'entrée de la Cour d' Appel d'A gen,
(2) M adel in . lome IV ne l'Histoire de la Nation Française de Gabriel
lTallolaux, p, 532.

DEUXIEME PARTIE

Tab.le des mémoires publiés en 1935
L Comment les cacquins, cordiers et tonneliers
de Quillimérien en Plouzané obtinrent, en
170:1, le droit aux honneurs, charges, privi­
leges, sépultures dans l'église paroissiale et

Ill.
autres prérogatives, par 1. DUJARDIN. . . .
Le mouvement de la population dans le dépar­
tement du Finistère au cours de la période
1831-19:10 et depuis la fin de cette période,
par G. CALLON. . . . . . . . . . . . . .
Notes sur quelques mégalithes non encore
s, ignalés de la région de Ploudalmézeau
(Finistère), par Louis L' HOSTIS (planche hors-
texte). . ' . . . . . . . . . . . . . . . .
lV. La Tour d'Auvergne, amateur de chansons
pAGES

bretonnes, par J. SA VINA. . . . . . . .. 56
V. A propos de Sainl-Renan et des amOurs de
Victor Hugo, par L. DUJAUDlN . . . . .' 64
VI. Deux magistrats brelons du xvnr

siècle:
Germain-Gabriel Ruinet du Tailly (1726-1805)
et Jean-Marie Ruinet du Tailly (1760-1793),
par A. DURAND. . . . . . . . . . . " 75
VII. Un épisode ignoré de l'histoire de La Fonte-
nelle, par L. LE GumlNEc . . . . . . . .. 103
VllI. Les poteries de Lan veur en Lannilis (Finistère),
par M.-B. ClIEVALLlER-KERVERN. . . . .. 115

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