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Bulletin SAF 1930


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Pénity

R. Largillière

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1930 tome 57 - Pages 18 à 30

Grégoire de Rostrénen a traduit le mot penit y par « lieu ou
maison de pénitence» ; il ajoute que, dans le dialecte de Saint­
Brieuc, ce même mot désigne la sacristie (:2) ; penily est com­
posé de deux termes, un premier qui signifie la pénitence, et
un second qui est le mot ty maison; on l'a latinisé sous
la forme peniticium, de la même façon que le mot abbati
(maison de l'abbé) a été latinise en abbalicium (3).
Le premier exemple de ce mot nous est donné par la vie
latine de saint Goulven qui raconte que le saint construisit
lui-même une petite maison en forme d'oratoire, que les
Bretons appellent Peniti, c'est-à-dire maison de pénitence ou
du penitent: Gedificavit ibi domunculam quadrangulam in
forma oratorii, qUGe Lingaa Britonam Peniti dicitur, hoc est
(:1.) Ce mémoire, dont la famille du très regretté RemI Largillière a
bien voulu autoriser la publication, a été rédigé au début de juin :1.926.
L'auteur est mort le 30 septembre suivant, sans avoir pu le mettre au
point. Nous avons tenu à le publier sans y laire dll retouche, persuadés
que, même sous cette forme, il sera d'une utilité véritable tant par les
idées qu'il suggère que par les faits qu'il établit (H. W.)
(2) Dictionnaire françois-celtique, :1.732, aux mots pénitence et sacl'is­
tie.
(3) Ernault, Glossaire moyen-breton, pp. 472-473. Les noms composés
avec ty comme second terme sont nombreux: maendy, maison de pier­
re, escopty, palais de l'évêque puis diocèse, lœdty, laiterie, Sur le pl'e­
mier terme, voir J. Loth, Les mots latins dans les langues britonniques,
p. :1.94, au mot penyd.

pœnilenlice, vef.pœnitentis damus ... Il's'enferme dans les murs
de son Peniti, où il prie nuit et jour; il n'en sort qu'une fois
par jour pour faire comme une procession ... Sanclus ilaque
Galvenus intra septa Pœnilitii sui se inclusit, urbi pro salutt!
totius chl'islianitatis indefessas et continuas nraliones nocte
dieque prolundebat . .. Nunquam a suo pœnititio discedebat,
nisi semel in die, quasi processionem laciens ... (1). Cette vie
latine est (( .au plus tôt du XII' siècle et est dépourvue de
valeur historique » (2 ).
On examinera ici successivement tous les Penily que la

toponymie nous a conservés.
1 ° Penit y sant Goulven
L'emprunt qui vient d'être fait à la vie de saint Goulven
nous oblige à commencer par ce premier exemple. Le Penit y
sant Goulven est une petite chapelle en Goulven, commune sise
sur le bord de la mer, dans le canton de Lesneven (3). Cet le
chapelle est toujours le centre du culte rendu à saint Goulven,
patron de la paroisse ancien prieuré cure constitué par

(1) Vie publiée par La Borderie, dans les Mémoires de la Sociéte
d'Emulation des Côtes-du-Nord, t. XXIX, 1891, pp. 214-250, § 7-8. Le
mot pœnititium se retrouve au § H.
(2) Duine, Memento, n° 51, p. 76. L'abbé Duine au cours d'une
conversation le 13 mai 1924, m'avait dit que le monastère de s. Samson
à Pental était très certainement un pœnitale. Le chanoine Porée, dans
son élude sur Le monastère de Pental et l'église de Saint-Samson
(Evreux, 1923, in-So, p. 5) a reproduit cette hypothèse. Le nom du
monastère n'est pas donné dans la [ a vita Samsonis, cap. 59 j ill'esldans
la [[a vita. 1. lI, cap. IX (Sanctus vero Samson nomen loci illius Pentale .
vocavit) j on le retrouve dans deux textes du IX· s. que M. Fawtier a
cités (La vie de saint Samson, Paris, 1912, p. H5, n. 3) ; dès cette époque,
on ne saisissait plus le sens du nom de lieu, puisqu'ou l'écrivait sous sa
[orme parlée, sans tenter de se rapprocher de l'étymologie.
(3) Carte de l'Etat-Major j Bulletin diocésain . .. de Quimper, 19B,
p. 45 j voir aussi les notes de La Borderie dans j'édition latine de sai nI

prelèvement sur le territoire de Plouid er - et bien qu e l'égli se
paroissiale soit, elle aussi, sou s l'invocation de saint Goulven.
2 ° Penily Landévennec
Dom Lobin eau , dan s la vie de saint Guennolé, donn e le dô­
tail suivant concernant le corps du saint fondateur de Land é­ yennec : « Son corps inhum é dan s l'égli se de son abbaye,
bâ tie p onr lors au lieu qu'on appelle allj ourd'hu y le Penet)'.
et où estla m aison abbatiale, fut depui s tran sféré, le 28 d'avril,
dan s J'église qui subsiste, où il fut révéré jusqu'au tems d es
courses des Normans ... Il . Autrement dit l'égli se primitive de
l'abbaye, celle q ui précéda l'église romane dont n ous admi­
rons a uj ourd'hui les ruines, était à l'emplacement de ]a mai­
son abbatiale, seuls bâtiments encore debout de n os jours, e l.
on appelait cet endroit le Penil)' (1 ) .
(1) Les autres vies de saint Guennolé ne font pas allusion à cette trans­ lation j ni la vie latine du cartulaire de Landévennec, ni celle du manus­ crit Coltonion Otto D vur, publif\e par D e Smedt et par Latouche, ni
Albert Le Grand (Deric, l , p. 223) a copié Dom Lobineau j d'autre part,
Kerdanet a ajouté le détail en note à Albert Le Grand (p. 59, nO 2).
L'histoire de l'abbaye de Landévennec par Dom Noël Man, publiée
dans le Bulletin diocésain en i91.:t!, raconte qu'après avoir quitte Tybidi ,
saint Guennolé et sas compagnons s'installèrent à Pen(orn, et que c'est
Iii que sainl Guennolé fil jaillir une source. Ils y restèreni dix ans, puis
pour être mi p ux à l'abri des vents, ils se transportèrent un peu plus bas
el là Guennolr. bâtit le monastère définitiI (p. 1.31. ). D om Mars émet l'hy­ pothèse que le cimetière des premiers moines (le Relecq du 1. Il c. 28
de la vita JiF il1waloe'Ï du cart. de Landévennec) fut à cet endroit qui
s'appelait Pen( orn ou Peneti, où fut le second monastère (le monastèt 'e
actuel étant le 3

), et qui était alors la maison abbatiale ('t ses jardins. -
Il semble a l'oir existé une tradition suivant laquelle le monastère primi­
tif aurait été au lieu dit PeneU j la date du 28 avril donnée comme an­
niversaire de la translation était anciennement vénél'ép., puisque M ontreuil­
sur-Mer la célébrai t aussi (R odière, les corps saints de Montreuil, p. 76).
C'est l'abbé Jean Brient ( 1608-:1.630) qui « a fait bâtir la maison du Pé­ nili pour le logement des abbés commendataires et la décora de plusieurs
beaux jardins, vergers, clôtures et pêcheries» (Albert Le Grand, édit. de
1.901, p. 69, liste des abbés). Un document des archives du Finistère

3" Pénity en GoUe$, nOLl
En Gouesnou, dans le canton de Brest. il existait une cha­
pelle du Penili Gouesnou ou Penily-saùH- Gouesnou; une cha­
pellenie à la présen ta tion du corps politique se desservait dans
cette chapelle en 1780. Il paraît que l'on désigne aussi sous
le nom de Pénity le territoire que parcourt .la procession de
sain t Gouesnou au jour de l'Ascension ( 1). Saint Gouesnou
est patron de la paroisse; c'est un saint de l'époque primitive,
car il donne son nom à une Lan: la paroisse était jadis Lan­
goesnou.
4° Pénity -Briac en Bourbriac
En Bourbriac , dans les Côtes -du-Nord, il existe une petite
chapelle dite Le Pénity -Briac; Albert LeGrand, qui afabriqué
lui-m ême la vie qu'il donne de saint Briac, dit que ce saint,
qui avait son monastère là où est l'église de Bourbriac,
venait souvent chercher la retraite à l'endroit où fut bâtie
cette petite chapelle. Cette chapelle amait été dédiée à la Vierge,
La statue de saint Briac qui s'y trouve provient de la chapelle
du Bod fo ; on ra apportée ail Pénity vers 1876 (2) . Le nom
de Briac, accolé au mot Peni L y, ne désignerait pas le saint
patron cie la chapelle; ce serait le nom du patron cie la pa­
roisse, permeltant de distinguer ce Penit y des autres Penit y .
La chapelle n'est pas comprise dans l'enceinte de la leo dro,
procession qui est comme la troménie de Bourbriac et qui en­
~erre le Minihi Briac primitif.

(i ) Bulletin diocésain, 191.0, p. 269 et 312; Cf. Bulletin de la Socié­
té anhéol. du Finistère, 1904, p. 30. Grégoire de Rostrenen, dans
son Dictionnaire (au mot penitence) cite le Penit y Gouesnou. A propos
de ce p~nity, comme de ceux de saint Goulven, de saint Briac et de Lo­
cronan , voir R. Largillière, Les Minihys, dans les .Memoires de la Société
d'histoire ... de Bretagne, 1927, 2

partie, p. 183-2i6.
(2) Clocher de Saint-Briac (bulletin paroissial de Bourbriac), i 7
avril i921 et 22 Juillet i923 . La chapelle est indiquée sur la carte -de

5" Le Pénity dans l'ile de Batz
Il Y avait dans le cimetière de l'église de l'ancien monastère
de saint Paul Aurélien, dans l'île de Batz, une petite chapelle
dite Notre-Dame-du-Pénity , non loin d'un rocher dit Roc'h-ar­
Bedy ; la chapelle est fréquemment citée sous le nom de Notre­
Dame-du-Pénity dans des actes dont le plus ancien est de
1599 (1). Cette chapelle mériterait d'être connue pourla seule
raison que Lobineau s'est aventuré à son sujet dans une bro­
derie qui pourrait étonner ceux qui ne le connaissent pas
suffisamment. Il était dit dans la vie latine de saint Paul et
dans Albert Le Grand, que le saint eut dans sa cellule, quel­
ques jours avant sa mort, l'avertissement que sa fin était
proche. Lobineau a ajouté de lui-même que cc le saint s'étoit
fait bâtir, sur la fin de ses jours, une petite cellule proche le
monastère, où il se retiroit pOUl' veiller, sans incom.moder ses
frères, et il y prenoit quelque fois un peu de repos lorsque le
~ommeill'abbattoit ... ; c'est au lieu qu'on nomme à présent
le Penit y de S. Paul ... » et c'est là qu'il eut l'apparition qui
lui prédit sa mort prochaine. Ici comme dans la vie de saint
Guennolé, Lobineau a voulu que ce soit le saint qui ait créé
le Pénity, qui était sa maison de retraite. C'est l'influence de
la vie de saint Goulven qui pèse sur le bénédictin. La chapelle
était sous l'invocation de Notre-Dame, et c'était une simple

chapelle de cimetière.
6° Le Pénity Locronan
La chapelle du Pénity accolée à l'église de Locronan en Cor­
nouaille est bien connue; elle passe pour avoir été bâtie à
l'emplacement de l'ermitage de saint Renan. La vie latine du
(i) Voir le Bulletin diocésain, :191,3, pp. i72 et seq , et 205 et seq.,
et Eglises et chapelles de N.-D. en Léon (par Cyrille Le Pennee), dans
saint ne donne pas le nom breton pdniti; la cellule que le
saint construit est un oratorium (1).
Le Penit y est maintenant une chapelle accolée à l'église;
c'était jadis l'église; en effet il a conservé le tombeau du saint;
d'aut.re part, l'édifice qui est aujourd'hui l'église a été cons­
truit dans le second tiers du xv" siècle; le Penit y dans son état

actuel a été bâti. au début du XVIe siècle. L'église primitive
étant devenue trop petite, on en construisit une beaucoup plu s
grande sur un terrain libre à côté de l'ancienne qu e l'on con­
servait respectueusement. Mais plus tard, la vieille église
menaçant ruine, on entreprit de la réédifier; on lui laissa
ses dimensions, elle ne fut qu'une chapelle (2). Le Pénity est
clone le nom de l'antique église du prieuré de Locronan.
7° Pénity Ronan en Briec
Il existait jadis en Briec une chapelle du Pénity Ronan;
elle figure aux comptes des décimes de 1765- 1789, et a dîl
disparaître au débl}t du XIX' siècle. Un village s'appelle encore
le Pénity (Carte E.-M.). La statue de saint Renan, patron de
cette chapelle, a été transférée dans la chapelle Sainte-Cécile,
qui est non loin de là (3). Briec est en Cornouaille, et le
culte de saint Renan s'est répandu assez vite dans la Basse-
(1) Cette vie est du xur" s. ; elle est du même auteur que la vita longa
Chorentini, qui est nn lettré et n'aura pas voulu donner un mot breton;
mais il semble ne pas y avoir de doute: oratorium est pour peniti.
(2) J'utilise ici l'étude que M. Waquet a donnée de ces mon)lments
dans Vieilles pierres bretonnes (Quimper, 1920), p. 100 et seq.
Le nom de Pénity a du être donné depuis toujours à la vieille église,
ce qui lui a évité d'être dénommée la vieille église: ar coz ili.s. Rien ne
permet de dire que le nom de Pénity remonte au saint lui· même; il n'y a
aucun doute : ce personnage a existé, mais a-t-il réellement mis le pied
en Armorique, ou au contraire, comme le veut la vie latine irlandaise,
n'a-t-il 'pas vécu en Irlande? Son culte seul et ses reliques sont venus
en Armorique.
(3) Bulletin diocésain, 1904, p. 228, 1.923 p. 209. Cf. Bulletin de la

Bretagne; on ne' dit pas que saint Renan ait résidé en Briec.
8° Peneti sant Sezni en [(erlO llan
Albert Le Grand, cians la vie de saint Sezni, raconte que ce
saint, venant d'Irlande, débarqua en [(erlouan , paroisse du
ca nton de Lannilis; il ( s'babitua près de ce port, et y bâtit
un petit ermitage pour soy et ses confrères, lequel s'y voit
encore et s'appelle Peneli sant Sezni De là il vint au lieu où,
à présent, est l'église parochiale de Gnic-Sezni et y bâtit un
m onastè re où il m ourut ( r1. Rien d'historique dans ce qu'é­
crit Albert Le Grand, qui a utilisé le légendaire manuscrit du
Léon, lequel avait emprunté une vita irlandaise en y ajoutant
un conrt paragraphe armoricain Il y a là une chose curieuse:
on a en Kerlouan un Peniti sanl Sezni, et en ou tre un lieu dit
Treisseny (carte de l 'Etat-Major). Le saint éponyme de Guis­
seny se trouve ainsi avoir son culte très répandu dans la
paroisse voisine de Kerlouan. Or le nom même de Kerlouan,
nom la'lc d e lieu dit, n e p eut désigner qu'une paroisse relati­
vement récen te ; il faut admt'ltre que Kerlouan est un démem­
brement de Guisseny; il est fréquent que le saint éponyme
d'une paroisse ait un e chapelle et des lieux dits reproduisant
so n nom sur le territoire de la paroisse. Ce qui est exception ­ n el ici, c'est que le territoire primitif de la Ploue-Sezny aurait
été coupé par une rivière importante. Les paroisses anciennes
ont géliéralement plu s d'unité. Le démembrement de cette
paroisse a entrainé la disparition de son nom en ploue.
9° Penily sant Guido
Grégoire de Rostrénen dans son dictionnaire (au mot péni­
tence), cite le Penit y SQnt Guido, sa ns dire où se trouve cct

('1) Sur cette vita, voir Duine, Jlemento, nO 90, p. 104. La chapelle
est au village de l'reff an Lerrel (Bulletin diocésain, 1,915, pp. 54-5a) .

oratoire . Il exis L e encore de nos joUl's une chapelle Saint-Guido

ou Saint- Guidon, au village de Tréguido o u Tréguidl!au. dans
l'ancienne paroisse de Plonivel, actuellement en Loctudy,
canLon de Pont-l'Abbé. CeLte chapelle éta it dite aussi Notre­ Dame de Tréguideau, elle est citée en 1 68tl (Arch ives du Finis­
tère, E 2E! 1), on l'appelait aussi parfois Saint-Glly, parce qu'on
avait identifié saint Guido avec saint Guy . L'on raconte il
Tréguido qu'un baron du Pont avait fait venir un homme très
savant, sa int Guido, et qu'il l'avaiL établi à Tréguido pour y
guéri r les habitants atteints d'une maladie grave (1).
On connaît auss i les ruines de la chapelle Saint-Guido ou

Saint-Guy, dont certaines parties son t du xu' siècle, à l'ancien
prieuré de Languidou en Plovan (canton de Plogastel-Saint­
GermélÏn ), à la limite de Tréogat. près de la petite rivière qui
se jette dans l'étang de Kergalan. La chapelle était dans les
derniers temps dédiée à saint Guy et c'est sous ce nom qu'elle
est indiquée sur la carte d'Etat-Major. Ici encore, on a ten té
de substituer sa int Guy il saint Guido (2) .
Les chapelles de Saint-Guido en Loctudy et de Languidou
sont toutes deux en Basse-Cornouaille, tout près de la mer,
à une quinzaine de kilomètres de dista nce; c'esl l'une ou l'au­ tre de ces cha pe lles que l'on a ppelait jadis Le Penily sant Gu.ido .

(i) Bulletin de la Societe archéol. du Finistère, '190:{ p. 183; 1904,
p. 20. Pri's de celte chapelle, il 200 m , on voil un lech dans un champ.
(2) ;l ssociation bretonne, t900, p. q,8. Cl. Bulletin diocésain, i902,
p. 225. Sur saint Quidou, voir J. Loth. Noms des saints bretons,
pp. 23 et 55 ; Duine, Inventaire Liturgique. pp _ 207 et :210, (noter qU E'
le bréviaire goth ique de Quimper de la Hibliothèque des Rollandistes à
Bruxenes ne comporle pas un office de sainl Quinou, mais une simple
mention el indicalion olilce nu commun : De sancto Quidavo ep"iscopo
totU11l de com11luni) . Il ya vn hameau de j{erguldou en Ploëven (Finis­
tère, carte E .-M. ), un lieu de l'oulguidou en Loguivy-Plougras (C .-du-N.),
qui relevait jadis de la commanderie de La Feuillée de l'ordre de Malte,
(Guillotin de Corson, Les Templiers et les Hospitaliers en Bretagne,
Nantes, :192, io-8°, pp. 26-27 ) ; il Y a aussi un l'oul-Gouido en Lande­
batlron (C.-du-N.). Ces noms sout des noms laics el ont probablement

[00 Pénity à Quimper
Il Y avait à Quimper une ancienne chapelle dite du Penit y
et dédiée à Notre-Dame; c'était un édifice gothique de bon
goût, dont le plan représentait une croix; il se trouvait sur la
rive gauche, au pied du mont Frugy, vers le milieu des allées
de Locmaria. On l'a démoli en 1810 (1).
II ° et 12° Pénity en Landeleau
La Carte d'Etat-Major indique, en Landeleau (Finistère), à
environ 6 kilomètres au Nord-Est du bourg, sur le bord de la
rivière d'Aulne, la chapelle du Penit y-Saint-Laurent. Cette

chapelle est dédiée à saint Laurent, et en même temps à
sainte Barbe, qui, dit-on, aurait eujadis une chapelle dans ces
parages (2).
La carte mentionne en outre, à l'extrémité Sud-Est de la
paroisse, au fond de la boucle de la rivière d'Aulne, un petit
hameau Pinity, un peu à l'ouest un village Pinity-Raoul, et
plus à l'ouest encore, l'écluse du Pinity. Le véritable nom du
du Pinity-Raoul est Penit y Raoual (3).
13" Pénil')' en Carnoë·t
On connaît une chapelle du Pénity en Carnoët (Côtes-du­
Nord), canton de Duault, sur la rivière d'Hière. Cette
(i) Oiverrès, Notice sur le Pénity de Quimper dans le Bulletin de la
Société archéol. du Finistère, t. XII!, i886, pp. 9-25. La chapelle avait
été reconstruite au XVIe siècle. .
(2) Bulletin de la Société archéol. ,du Finistère, 1.9iO, p. 162 ; Cf.
Bulletin diocésain, i916, p. 296.. Les continuateurs d'üg ée mention-
nent encore la chapelle Sainte- Barbe.
(3) Sur ce nom voir J. Loth, Noms des saints bretons, p. 1.37, au
mot Rawele. Cr. Keraoul en Combrit (Finistère) et la famille de Keraoul
ou Keroual au XVIe s. (Bltlletin diocésain, 1.926 p. 1.37 et n° i et D. i3\;J

chapelle est sous le vocable de Notre~Dame, on l'appelle Notre­
Dame-du-Pénity (1)_

14° Pénity en Coatascorn

La Carte d'Etat-Major cite un village du Pénily, non loin

de la chapelle Saint-Maudez en Coatascorn, Côtes-du-Nord,
canton de La Roche-Derrien (2). .

15° Penit y en Kerien

Il y a en Kerien (Côtes-du-Nord, canton
ancienne trève de Bothoa, une chapelle
Pinily (3).
de Bourbriac)

Saint-Jcan-du-

16° Pénity el'/. La Forêt-Fouesnant
Un acte de 1747 nomme la « chapelle du Pénity ou Saint­
Maudetz l) en La Forêt-Fouesnant (4).

17° Pénity en Persquen
En Per~quen, (Morbihan. canton de Guéméné), il y a une
chapelle Notre-Dame-du-Pénéty; elle a été réparée et bénite
à nouveau en 1722. C'est le seul exemple de Pénity en région
vanne taise (5).

18° Péntty en Penmarc'h
Il existe un manoir du Pénily en Penmarc'h' , canton de
Pont-l'Abbé (6).

(i ) Carte de l'Etat-Major . Cl. Gaultier du Mottay, Géographie dépar-
te'llumtale des Côtes-du-Nord, p, q,92.
(2) La chapelle Saint-Maudez est citée par les continuateurs d'ügée. Il
se peut qu'on l'appelle Saint-Maudez-du-Pénity; je l'ignore.
(3) Carte de l'Etat-Major. Cf. Gaultier du Mottay, Géographie dépar-
tementale des CÔles-du-Nord, p. q,78.
(IJ,) Bulletin diocésain, i91O, p. 87.
( 1)) Le Mené, Histoire des paroisses de l'êvêché de Vannes, t. Il, p. 88.

Pénily en PICClré
Il ya en Ploaré Icanlon de Douarnenez), un chàtea u du
Pénity (l }.

20° Pénily en Le Minihy- Tréguier
La Carte d'Etat-Major mentionne un lieu -dit Le PiniLy, au
sud de la commune du Minihy-Tréguier (Càtes-du-Nol'd) le
long de la rivière, tout près du pont qui conduit à La H.ocbe­
Derrien ~ 2).
Conclusions

Reprenons la liste des Pénily qui viennent d'être cité~ ;
1 ° Pénily-sant-Goulven, en Goulven_
2° Pénily Landévennec.
3° Pénity-sant-Gouesnou, en Gouesnou .
4° Pénity-Briac en Bourbriac.
5° Notre-Dame-du- Pénity, dans l'lie de Balz .
6° Pénily Locronan.
7° Pénily-B.onan, en Briec.
8" PéniLy-sant-Sezn i, en Kerlouan.
gO PéniLy -san t- C uido, en Basse-Cornou ail le
10° Notre -Dàme- du-Pénily, à Quimper.
J 1° PéniLy-saint-Laurent, en Landeleau .

PéniLy- Raoul én Landeleau .
3g Nolre-Dame-du-Pénily, en CarnoëL
Ill

Pénily, en Coatascorn.
15° Saint-Jean-du-Pénity, en Keri en .
6° Pénity Saint-Maudez, en La Forêt-Fou esniJllt.
(1) Carte de l'Etat-Major; Dictionnaire des P. 7'. 1'.

(2) Il n'y a pas rie chapelle et le nom parait n'avoir été
sans quoi ou y aurait vu le lieu où saint TuduaJ se relirait
pénitence.
remarqlle,

17° No tre Dame-du-Pénity en Persquen.
18° Pénil.)' en Penmarc'h. .
19° Pénity en Ploaré.

Pénily en Le Minihy-Tréguier.
Tous ces pénity sont renfermés dans la zone acluelle du
brelan; il n'y en a pas dan s la région qui était bretonnante
au XO siècle; ces noms sont l'épandus dans le Tréguier, le
Léon et la Cornouaille; par contre, on a vu qu'il n'yen a qu'un
seul exemple dans le Vannetais. Le fait que ce nom ne se
trouve pas en dehors de la zone actuelle du breton permet
de dire que ce mol, qui pouvait exister dans le moye~-breton,
n'était qll'un nom commun et ne servait pas encore comme
nom propre de lieu. Il n'yen a pas en Vann etais, parce que
dan s cette région on a fait, plus que dans les autres régions.
grand usage du mot Iole et du mot mousloir pour désigner
les chapelles'.
Le mot pénity paraît contemporain du mot lok, mais il
semble s'être figé beaucoup plus tard en nom de lieu: le mot
es t long, il n'était pas fort facile d'y accoler le nom du saint
palron, comme on pouvait le faire pour [ok, et ainsi il est de­
meuré nom comm un. Il a fallu qu e le mot penit y disparaisse
de )' usage pour devenir nom propre de lieu (1). Les culles atta­
chés à ces chapelles précisent l'époque: le culte de la Vierge,
desa int Jean s'est étendu en Bretagne après les invasions nor­
mandes; c.insi l'existence de nombreux Locmaria et Locjean
confirme-t- elle ce qui a été dit plus haut, à savoir que les pé­
nit y sont contemporain s des lok.. L'extension du culte de saint
Maudez es t un peu plus tardive; celle du culte de saint Lau­
rent da te surtou t du XIV· siècle, de l'époque des grandes con la-

(i ) Pénity n'est pas entré en composition dans d'autJ'es noms de lieu;
je n'ai relevé qu'un Tierùenit-i fantaisiste dans un roman publié dans Feiz

gions. La création des chapelles qui devaient porter le nom de
pénity a pu s'étendre jusqu'au XIV' siècle (1).
Pénity désigne une simple chapelle, rien de plus; on ignore
comment il a pris ce sens; mais on se rappelle que, dans le
petit Tréguier, il désigne la sacristie, bien que la sacristie ne
soit ni un lieu de pénitence, ni le lieu où l'on administre le
sacrement de pénitence. Le mot pardon a subi une évolution
parallèle: à l'origine le pardon désignai~ les grandes fêtes re­
ligieuses dotées d'indulgences, les jubilés où l'on peu t obtenir
rémission de ses faules; c'est aujourd'hui la fête patronale
d'une église ou d'une chapelle, ce qu'on appelle l( l'assemblée))
en Hau~.Bretagne .
La vie latine de saint Goulven, reproduisant une tradition

populaire, a expliqué que le nom de Pénity-Goulven venait de
ce que saint Goulven avait vécu en ce lieu dans la retraite et la
pénitence. Il ne fal.lt pas trop se laisser influencer par ce texte;
l'explication pour ce penily peut être jusLe (2 ). Lobineau, on
l'a vu, ayant appris qu'il y avait un Pénity près de l'abbaye
de Landévennec, et un autre près de l'ancien monastère de
saint Paul dans l'île de Batz, a créé une légende pour dire que
ces pénity étaient l'un le véritable monastère de saint Guen­
nolé, l'autre la cellule retirée où saint Paul venait se livrer à
l'ascétisme. La liste de nos Pénity prouve que beaucoup sont
dédiés à des saints qui ne lE)s ont jamais connus; le mot
pénity désigne une chapelle quelconque, il est sans rapport
avec le saint à qui la chapelle est dédiée.
R. LARGILLIÈRE.
(i) J'admets que le saint patron n'a pas changé; rien n'autorise à
supposer que saint Laurent ou saint Jean a remplacé uu autre saint.
(2) Si l'on pouvait vérifier l'hypothèse Pental Pœnitale, on aurait
la preuve que l'emploi de penit y pour désigner un oratoire est ancien en
breton; mais celà n'établirait pas que le pénity soit la maison de retraite
et de pénitence d'un saint; le sens étymologique a abandonné le mot;

139 -

DEUXIÈME PARTIE
Table des Mémoires publiés en 1930
I. Un programme de séance à l'Académie de philo­
sophie du Collège de Quimper en 1788, par

PAGES
l'abbé J. TOULEMOéH . . . . . . . . . . .. 3
II. Matériaux pour la bibliographie de l'histoire de la

Révolution dans le département du Finistère
(suite et fin), par D. BE RNARD. . . . . . .' 9
Ill. Pénity, par R. LARGILLIÈRE. . . . . . . . .. 18
IV. Simon-Bernard Joly de Rosgrand, dernier séné-
chal de Quimperlé. Ses tribulations, ses déten-
tions successives pendant la Révolution, par D.
BERNARD (avec une planche hors texte). . .. 3.
V. Un procès pour ruptures de fiançailles au XVIII'
siècle, par Jacques THOMAS .

VI. A propos du ravitaillement en 1791, par l'abbé
J. TOULEMONT ......... . a

VII. Les seigneurs de Penmarc'h en Saint-Frégant,
par L. FARCY (4 pages de planches hors texte) . 52

VIII. Liste des juridictions exercées au XVII' et xvm'
siècles dans le ressort du Présidial de Quimper
(suite). Sénéchaussée de Quimper, par H.