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Bulletin SAF 1925


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Nos vieux grands chemins et la corvée en Cornouaille et en Léon à la fin de l’Ancien Régime

J. Savina

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1925 tome 52 - Pages 52 à 85
NOS VIEUX GRANDS CHEMINS

ET LA CORVEE

EN CORNOUAILLE ET EN LEON
A LA FIN DE L'ANCIEN RÉGIME
Nous nous proposons, au cours de cette étude, d'esquisser
un tableau d'ensemble du réseau des routes de la Basse­
Bretagne, à la fin de l'ancien ' régime. Nous bornerons notre
étude aux routes royales ( 1), les seules d'ailleurs qui fllssent
régulièremen t entretenues par la corvée des paroisses, sous la
surveillance de l'administration.
Le réseau routier actuel est de date récente; en majeure
partie, il ne remonte pas au·delà du XIX" siècle. Le réseau ancien,
fort incomplet et, le plus souvent, mal tracé, a dû être
profondément remanié et très considérablement augmenté
depuis cent ans pour répondre aux nécessités nouvelles de la

VIe economlque.
On sait que les conditions géographiqu~s. en Basse-Bretagne.
rendaien t particulièremen t difficile j'établissement d'une bon ne
vicinalité. La région est compartimentée à l'infini par des
crêtes accentuées et par d'innombrables vallées étroites et
profondes. Un tracé tant soit peu rectiligne donne donc à la
(i l La dénomination de routes royales s'appliquait particulièrement
aux routes do « i ·

ordre, de postes et rie messageries» ; mais dans
l'usage cou rant, la même appellation s'étendait aux chemi O s '\Jo second
ordre entretelllJs ~alelIlent par la corv ée dite royale.

plupart de nos routes un profil en dents de scie et des pentes
abruptes rendant difficile ou impossible la circulation des
lourds véhicules.
La domination romaine paraît avoir doté la Basse-Bretagne,
comme le reste de la Gaule, d'un magnifique résea u de voies
rectilign es qui répondait parfaitement aux besoins de l'époque.
Au moyen âge, ces routes cessèrent d'être entretenues. Les
tronçons utilisés pour les besoins locaux se transformèrent,
par l'usage et le ravinement, en chemins creux. Les portions
abandonnées se couvrirent de gazon et de broussailles et leur
chaussée. ainsi protégée, a traversé les siècles sans trop de
dégradations. Le particularisme féodal aidant, l'ancien réseau,
tronçonné, devint méconnaissable. Chaque seigneurie eut ses
chemins, mais il n'exista plus entre ces voies ni lien ni
cohésion. Il y eut ainsi les « chemins du baron n, ceux « du
comte)J, et plus tard ceux « du marquis l) . Ces dénominations,
longtemps justifiées, ont survécu; aujourd'hui encore, en
maints endroits. dans l'usage local, les paysans n'en emploient
pas d'autres (1).
Sansdout6.par souci d'ordre militaireautant qu'économique,
les ducs de Bretagne. au xv

siècle, et. plus tard, les rois de
France firent-ils quelques efforts pour remédier à l'état
déplorable de la vicinalité en Basse-Bretagne. Quoi ql1 'il en
soit, les routes bretonnes gardèrent, jusqu'au milieu du
XVIIIe siècle, une réputation détestable. La boutade de
La Fontaine, dans le Chartier embourbé, traduisait l'opinion
commune: on ne pouvait voyager en Bretagne. En 1754
même, tout restait à faire ou à refaire. Le duc d'Aiguillon qui
fit doubler le réseau routie~ breton et qu'on accusa d'avoir
accablé la province sous le poids de la corvée royale a pu

(i ) Les paysans de la région de Plogastel-Saint-Germain désignent le
chemin de Quimper à Landudec sous le nom de Hent-ar-Afarquiz, en

écrire pour se justifier: « Si l'on s'en rapporte au témoignage
de tous ceux qui ont parcouru la province, avant 1756, les
chemins y étaient absolument abandonnés. La seu le route de
Rennes à Brest était praticable; les autres, dans les plus
beaux temps, olTraient à peine un passage sans danger, même
aux cavaliers. A la moindre pluie, tout rapport, toute
communication étaient interceptés entre les différentes
villes» ( 1) . Les affirmations du duc d'Aiguillon nefurentpas
sérieusement contestées par ses ennemis.
L'idée directrice du programme du duc d'Aiguillon fut en
somme un retour à la conception romaine de la grande
vicinalité. Si d'Aiguillon fit percer, çà et là, quelques nouveaux.
chemins, il se borna le plus souvent à faire revivre, en quelque
sorte, les anciennes voies romaines. L'extension du réseau
routier fut rapide dans la seconde moitié du XVIII" siècle. En
1757, il n'y avait en Bretagne que 380 lieues de grandes routes;
on en comptait 801 en 1769, 848 en 1J75 et 950 en 1789.
On sait qu'en Bretagne, à la veille de la Révolution . l'admi­
nistration des grands chemins relevait tout entière des Etats
de la province et, dans l'intervalle des sessions, de la Commis­
sion intermédiaire. La création et l'entretien des routes
s'elTectuaient surtout au moyen de la corvée. La province, en
effet, ne prenait à sa charge que les appointements des
ingénieurs et les travaux de maçonnerie qu'elle confiait à
des adjudicataires (2) .
En 1775, le réseau des routes bretonnes, administré plu un
ingénieur en chef, était réparti en JO circonscriptions
territoriales ou « départements» qui avaient pour chefs-lieux :
Rennes (2 départements), Dol, Nantes, Saint-Brieuc, Vannes,
(i) M émoire pour Je duc d'Aiguillon, cité par Pocquet, Le duc
d'Aiguillon et La Chalotais, t. L p. 27 .

(2) Caron, L'administration des Etats de Bretagne de 1493 à 1790,

Guingamp, Pontivy, Landerneau et Quimper. Chaque dépar­
tement, comprenant une moyen'ne de 84 lieues de routes, avait
à sa tête un ingénieur et un sous ingénieur. A cette époque,
le réseau se partageait à peu près également entre les diverses
parties de la province; la Haute-Bretagne se trou vait cependant
légèrement favorisée. La Bretagne possédait, en moyenne,
II km . 700 de routes par 100 km

, alors que la Basse­
Bretagne n'en avait que II km . 100 . En 1789, par suite de
nouvelles constructions, la répartition géographique du réseau
favorisa davantage encore le pays Gallo: la moyenne passa à
13 km. 100 pour l'ensemble de la province, tandis qu'elle res­
tait stationnaire dans les évêchés de la Cornouaille et du Léon.
A la fin de l'ancien régime, il y avait en l'évêché de
Cornouaille 541 km. de grands chemins, 283 km. en Léon et
environ 749 sur le territoire actuel du Finistère.

LES DEPA.RTEMENTS DES PONTS ET CHA.USSEES (1)
A. Département de Quimper. - Le département de
Quimper comprenait 75 lieues de routes (353 km .), rayonnant
autour de Quimper, jusqu'à l'Aulne au nord et jusqu'à Lorient,
Hennebontet Gourin à l'est. Les routes de Lorient à Hennebon t,
de Hennebont au Faouët y étaient comprises; mais celles du
Faouët à Gourin et de Gourin à Carhaix étaient au département
de Pontivy .

B. Départemeut de Laudernean. - Celle circonscription
s'étendait sur toùt le Léon et une partie de la Cornouaille
jusqu'à l'Aulne, au sud, et Carhaix à l'est. Les routes de
Landerneau à Châteaulin, de Châteaulin à Carhaix et de Carhaix

à Landerneau en dépendaient: au total, 84 lieues bretonnes
(390 km.).

C. Autres dépal'tements. Les roules du Trégor finis-
térien, (de Morlaix à Lannion. de Morlaix à Guingamp. de
Morlaix à Ca rhaix), étaient au département de Guingamp
ainsi que celles de Carhaix à Guingamp et de Guingamp à
Corlay. Les autres rou tes de la Haute-Cornouaille dépendaien t
du département de Pontivy.
L'ingénieur en chef de la province, Besnard, dont le burea u
se trouvait à Rennes , ru e des Foulon s, près de l'hôL el des
Messageries royales, avait sous ses ordres , dans chaque
département. un ingénieur ordinaire et un sous-ingénieur.
C'étaient, en 1789. pour la région qui nous intéresse : David
in génieur el DeL aillesous-ingénieur à Quimper, Pichot dela Ma·
bilais, ingénieur et Le Roux, sous-ingénieur à Landerneau (1).
NATURE DES
En principe, d'après un arrêt du Conseil, du 31 mars 173 l,
il ne devai t y avoir en Bretagne que deux sorLes de grands
(1) Après la form ation du département du Finistère, en 1790, le réseau
des roules fini stériennes fut provi soirement partagé entre les deux
anciennes circonscriptions. En 1791, par application delaloi du 16 décembre
1790, il Y eut dans Je Finistère un ingénieur en chef, David, et deux
ingé uieurs orrl inaires : Detaille à Quimper et Le Roux li Lan derneau.
Pichol fut alleclé au M orbihan, en qualité d'ingénieur en che!. Dès celte
annre, Je Conseil général du Finistère estima que ces 3 ingénieurs ne
pouvaient suffire ~ux besoins du département. En 1792, suivant la
lIouvelle organi sa tion des ponts et chaussées, on affecta au département
du Finistère li, ingénieurs à 2.lI,OO fr. de traitement chacun et 3 conduc­ teurs de trava ux au traitement de 800 fr. L'ingénieur en chef David
rece\'ait de l'Elal un supplément de traitement et son administration
disposa de 3.000 fI'. pour frais divers. Le Finistère fut di \'isé en 3
arrondi ssemeuts : Quimper, Landerneau et Morlaix qui eurent respecti­
vement pour ingénieurs: D etaille, LeRoux et Loriot et, pour conducteurs:
La Hubaudière fils, Le Roux cadet et Souvestre, le père de l'écrivain
E mile Souvestre.
Cf. Rapport fail au conseil du département du Finistère en 179f,
broc b. in-

1" Quimper, 1.792, p. lI,7. Rapport des opéra Lions du directoire

chemins: les routes royales, larges de 54 pieds, et les routes
de ville en ville, larges de 40 pieds, fossés compris. En réalité,
si la maj eu re partie des routes avaient l'u'ne ou l'autre de ces
largeurs, on trouvait, dan s des proportions variables. suivant
les régions, des chemins de 32,30 ou 24 pieds (r).
Dans les limites actuelles du Finistère, les routes royales

larges de 54 pieds avaient un développement de Ig5 km.
C'étaient les trois grandes artères: Quimper à Rennes ou
Nantes, Quimper à Landern eau, Brest à Rennes. Dans la même
étendu e., seule la route de Quimper à Douarnenez et Pont­
Croix avait 32 pieds et, seules aussi celles de Pont-Croix à
Audierne et de Lesneven à Pontusval en avaient 24. Un tiers
des grands chemins du Léon (g2 km.) n'avaient que 30 pieds.
Dans cette catégorie se trouvaient ceux de Landivisiau àSaint­
Pol, de Lesneven à Lannilis, de Gouesnou à Saint-Renan et au
Conquet, de Saint-Renan à Ploudalmézeau avec les deux
embranchements d'Argenton et de l'Aber-Ildut. Tous les autres
grands chemins de la Cornouaille. du Léon et du Trégor
finistérien avaient 40 pieds (13 m.).
La largeur des grands chemins se divisait en 3 parties
égales; au milieu , la chaussée proprement dite couverte d'un
cailloutage (2) , puis de chaque côté, un tiers pour l'accotement
et son fossé (3 ). Ainsi les grandes artères avaient une chaussée
empierrée large de 18 pieds (5 m. 85) ; chaque accotement
avait 12 pieds (3 m. go) et chaque fossé 6 pieds en haut, 3 en
bas et .3 de profondeur.

(i) Caron, op. cit. p. 4,H.
(2) Pour éviter les dégradations par de trop lourds véhiculrs, les
règlements interdisaient d'atteler il une charrette à deux roues plus de 3
chevaux, du f er avril au fer octobre, el plus de 4, chevaux, le reste de
l'année.
(3) Les fossés et rigoles, le long des grands chemins, devaient être
récurés au moins une fois par an par les propriétaires ou fermiers des

LA CORVEE DES GRANDS CHEnINS
OU CORVÉE ROYALE

Aux villes incombait l'entretien de leurs ru es et banlieues.
Le reste des grands chemins était à la charge des paroisses
rurales. Chaque paroisse avait une tâche proportionnée à son

importance, évaluée d'après le chiffre de sa capitation . En
principe la tâche était d'une toise par livre de capitation. Mais
en fait, dans la détermination des tâches, il était tenu compte
de la difficulté du travail, suivant la nature du sol, la largeur'
des chemins ou l'intensité de la circulation et surtout sui­ vant l'éloignement, calcu lé du centre de la t.âche au clocher de
la paroisse. La tâche d'une paroisse une fois fixée, on la sub-

divisait entre les corvoyeurs, au prorata de leur capitation (1).
Chaque paroisse avait un syndic des grands chemins dési­
gné par le général de la paroisse parmi les notables sachant
écrire. Ce syndic inamovible ne pouvait être remplacé que pour
des motifs graves dont le bureau diocésain de la commission
intermédiaire et les ingénieurs demeuraient seuls juges (2) .
Sous le contrôle des ingénieurs, le syndic dirigeait la corvée
de sa paroisse. Il était assisté d'un certain nombre d'auxiliaires
appelés cc députés)), (1 par 60 corvoyeurs), comme lui ex.empts
de la corvée personnelle mais tenus de rester sur l'atelier pen­
dant la durée des travaux. Syndics et députés, étant responsa-
(1) La tâche de chaque paroisse était limitée par une borne en pierre
de taille portant le nom de la paroisse et la longueur de sa tâche, en
toises. Cf. J. Savina, Notes sur quelques bornes routières du temps
du duc d'Aiguillon, Bull. soc. iJrchéol. du l''inistère, :1.918, p. 209 à 214,.
(2) En 1787, les délibérants de la paroisse de Pouldergat ont, de leur
chef, r~voqué Jolivet de ses fonctions de syndic des grands chemins. Le
:1. 7 juin, la commission diœésaine informe le recteur que ces délibérants
" ont encouru, chacun d'eux, une amende solidaire de 10 1. ). Toutefois,
la commission permet de nommer un nouveau syndic qui s' ache lire et
écrire et qui soit capité au-dessus de iD. 1. (Arch. ' du' Finistère. C. 76,
Reg. 1.7 juin' i 787). ' '

bles, devaient signaler les absences ou les négligences des
cor voyeurs souvent peu dociles . Les paysans n'acceptaient qu'à
contre-cœur ces fonctions peu enviables qui les exposaient aux
représailles des délinquants. Fréquemment, en effet, ceux-ci
répondaient par des menaces ou des violences aux justes sanc­
tions provoquées par les dénonciations des syndics ( r).
Les travaux de la corvée se faisaient surtout au printemps
et en automne; on les suspendait généralement du r5 décem­
bre au [ er mars et du 15juilletau r50ctobre, afin de permettre

aux paysans de vaquer aux occupations les plus urgentes de
l'agriculture (2).
NO~IBRE DES CORVOYEURS

ET NmIBRE DE LEURS JOURNEES
La cote de la capitation servant de base à la répartition de
la corvée, il est possible d'établir approximativement le nom­
bre des corvoyeurs. Les 22 paroisses et les 3 petites villes de
Douar:nenez, Pont-Croix et A udierne chargé~s de l'entretien de
la route de Quimper à Douarnenez-Audierne payaient environ
r60001. de capitation proprement dite répartie entre 5.450 co­
tes (3). La tâche de ces paroissef. étant de 4 r km. 200, le taux de
(i) « Le sieur Mauguen, syndic de Plomodiern, homme doux et intel­
ligent, a déclaré de vive voix au commissaire chargé d'inspecter Ja route
de Quimper à Lanvéoc que les corvoyeurs les menaçaient continuellement
et qu'il craignait même pour sa vie, si l'on ne faisait cesser ces menaces.
Il a, de plus, assuré que Mignon, député de ladite paroisse, avait été frappé
par le nommé Guillaume Gonat de Lagat-Guen. Effectivement ce député
avait deux blessures assez considérables à la tète. Nous vous prions de
faire conduire Gonat par deux c lvaliers de la maréchaussée, à ses frais,
à la prison de Quimper 1,. Archives du Finistère, C. 76, i7 juin 1787.
(2) Letaconnonx, Le régime de la corvée en Bretagne au XVIIIe siècle,
p. 36.
(3) Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 39!H el 3982. Ces paroisses, peuplées
de 29.000 habitants, correspondaient exactement à l'ancien district de
Pont-Croix, moins les paroisses de Plonéour et de Lanvern aft'eclées à la
route de Quimper à Pont-l'Abbé. "

la corvée d'entretien ressortait à 2 m. 57 par livre de capita­
tion. Compte tenu des exemptés et des cotes infimes, environ
4.200 contribuables avaient la charge d'entretenir près de
40 km. de chemin, Ainsi, en moyenne, chaque corvoyeur pa­
yant 31. JO sous de capitation exécutait une tâche de 9 m. cor­
respondant à 7 ou 8 journées d e corvoyeur de bras.
La tâche des corvoyeurs était relativement plus lourde sur
la route de Quimper à Quimperlé. Treize paroisses payant
12 .1 141. de capitation entretenaient 44 km. de chemin, à raison
de 3 m. 64 par livre (1). Le n ombre des corvoyeurss'élevait
à environ 3.200. Chacun d'eux, taxé en moyenne à 41. 2 sous
de capitation, faisait annuellement une tâche de 14 m. équi­
valant à II journées de manœuvre.
D'après les calculs ci-dessus, l'entretien d'un kilomètre de
grand chemin exigeait annuellement 800 journées de corvée
de bras; en moyenne 85 cOl'voyeurs travaillant pendant 9 ou
IOjOurs (2). Evalué en argent, à raison de ro à 12 sous la
journée de manœuvre, l'entretien du kilomètre revenait à
4401. (3). Mais cette somme ne représentait pas tout le poids

de la corvee pour le paysan; il convient d'y ajouter les pertes
subies; trouble jeté dans l'exploitation agricole, temps perdu
(:1.) La population globale de ces 13 paroisses s'élevait à 22.850 habi­
tants.
(2 ) La corvée de harnais venait en déd uction de la corvée de bras. Un
corvoyimr conduisant une charrette attelée de 2 chevaux s'acquittait en
une journée d'une corvée équivalente à celle de 5 corvoyeurs de bras.
(3) Ce chiffre concorde, à peu près, a vec l'évaluation de Gohier en
:1. 7 89. Gohier (Mémoire pour le Tiers-Etat de Bretagne, p. 9:1.) estimait
qu'en Bretagne la corvée représentait un impôt de près de 2.000.000
de livres. La Bretagne possédait, à cetle époque, 950 lieues de grands
chemins (lieues de 2.4,00 toises), soit 4,:4,4,6 kilomètres. A raison de 4,4U 1.
par kilomètre, la valeur de la corvée montait à 1.956.240 l.
En :1.84,9, dans le Finistère, la journée du manœuvre comptée 15 sous,
l'entretien d'un kilomètre de grands chemins revenait à 240 fr. pour les
routes départementales et à 350 fI'. pour les routes nationales. (Annuaire

en longs trajets vers des tâches éloignées de 3 ou 4 lieues
risques d'accider:.ts pour les personnes et les attelages. Même
payée, la corvée personnelle eût été un impôt très lourd; gra­
tuite, cette corvée équivalait à une double ou triple capitation.
Le rendement de la corvée était faible ;. une main-d'œuvre
spécialisée eût pu accomplir le même travail à des conditions
deux fois plus avantageuses.

DOL~ANCES RELATIVES A LA CORVEE

La corvée des grands chemins fut toujours odieuse aux
paysans bas-bretons; elle fonctionna néanmoins sans trop de
difficulté jusqu'en 1786 et, tant bien que mal,jusqu'à la Révo­
lulion. Les édits relatifs à la suspension de la corvée, en 1786,
et à sa suppression, en 1]87, n'ayant pas été enregistrés au
Parlement de Rennes ne furent pas appliqués en Bretagne.
Mais, dès lors, l'administration se heurta à la force d'inertie
des corvoyeurs.
En mars 1787, au moment de la reprise des travaux de la
corvée, les commissaires diocésains de Quimper écrivaient;
(, Les m enaces que nous avons faites jusqu'ici ont été sans
succès. A peine la voie des amendes a-t-elle pu servir à réduire
les moins mutins. L'ignorance des syndics dont plusieurs ne
savent pas lire rend bien difficile dans l'exécution tout ce que
vous exigez d'e ux et il y a beaucoup de paroisses où il est
impossible de s'en procurer de plus intelligents . Ceux même
qui le sont affectent souvent de paraître plus grossiers et la
crainte qu'ils ont des corvoyeurs fait qu'ils ne donnent qu'en
se garant, et toujours avec la plus grande précaution, la liste

des défaillants. La somme qu'ils reçurent l'année dernière pour
le soulagement de la corvée, ils l'ont regardée comme le paie­
ment de leu rs travaux et toute la besogne qui a été faite sur
les routes s'est trouvée à peu près payée. La misère des temps
llQI1S il empêçhé~ de nous servir de la voie de contrainte

contre les autres, ce qui obligera, à la reprise des travaux,
d'user de plus de rigueur. Plusieurs même des corvoyeurs
ont déclaré à un commissaire qu'ils ne feraient rien sur la
route s'ils n'étaient salariés. N'a-t-on pas lieu de craindre
qu'ils se révoltent totalement ~ Ils ont entendu dire que le roi
avait supprimé la corvée dans l'étendue de son royaum e et

ils ne respecteront ni n'obéiront à nos ordres dès qu'ils ne
seront plus persuadés que nous avons l'autorité néces­
saire Il (( ) .
D'autre part, les plaintes des paysans deviennent amères et
nous en trouvons un écho dans la plupart des cahiers des
paroisses en 1789' On les oblige « à ferrer des routes où ils ne

marchent que pieds nus )), et « ceux qui les fréquentent le
plus ne font rien» (2) . « Ils sont journellement arrachés à
leurs charrues pour aller loin de leurs foyers réparer les che­
mins publics)) (3). « On les y occupe même dans des temps
destinés à la récolte Il (4). « A ussi les grands chemins reten­
tissent depuis bien des années de leurs gémissements ~ (5) et
(t les corvées dépeuplent les campagnes Il (6) . Ce n'est que con­
traints « par les menaces de garnison J) qu'ils s'arrachent aux
travaux de la culture, « dans les moments les plus précieux,
pour rétablir la grande route où doit passer l'équipage de
l'homme opulent ,) (7) et « pour rendre plus facile la course
rapide des chars d'honneur riches et souventinu tiles à l'Etat J) (8\ .
« Pour tout salaire et récompense, si quelque tâche se
trouve un peu dérangée, on est sûr de garnison)) (g).

(i) Arch. du Finistère, C. 76 reg. il la date du 25 mars 1.787.
(2) Arch. du Finistère, Série B. Cahiers de doléances, Lababan.
(3) Ibid. Nizon.
(lt,) Ibid. KernéveJ.
(5) Ibid. Loperhet.
(6) Ibid. Lanriec.
(7) Ibid. Plogonnec.
(8) Adresse des habitants des campagnes.
. (9) Cahier de Dirinon.

Les paroisses rurales sont à peu près unanimes à vouloir
la suppression complète de cette corvée. Dans les sénéchaus­
sées de Quimper et de Concarneau, 70 paroisses sur 83 la
de ma nden t expressément. Bien rares son t les parois8es qui

comme Goulien « se contentent de la faire com me au passé)) (I I.
Si Beuzec-Cap-Caval et Combrit acceptent (( que la corvée des
grands chemins subsiste en rétat, comme par le passé», c'est
seulement « parce que les nobles et les ecclésiastiques qui en
ont été exempts jusqu'ici, y contribueront désormais, en y
envoyant des corvoyeurs, à leurs frais, proportionnellement à
leurs biens et à leur aisance» (2). La plupart des paroisses
demandent, comme Lanvern, « que la corvée en nature soit
enfin abolie et que les fonds nécessaires soient levés de la
manière la moins onéreuse, de fa çon que cette taxe soit sup­
portée, dans une juste proportion, par tous les c.itoyens de
quelque rang, état ou condition qu'ils puissent être. )) Les
plus modérées exigent, tout au moins, « que les rôles d'impo­
sitions concernant les corvées regarderont les généraux des
paroisses et que le produit soit uniquement employé pour
faire travailler les pauvres dans la paroisse des imposés ,) (3).
APPRÉCIATION DU RÉGUlE DE LA CORVÉE
EQUITÉ RELATIVE DANS J,A RÉPARTITlON DES TA
La Bretagne est. la seule province française qui ait conservé
dans son intégrité, jusqu'à la Révolution, le système de la
corvée des grands chemins. La construction et l'entretien des
routes demandaient aux paysans un immense effort pour un
faible rendement. Seul l'égoïsme des privilégiés y trouvait

(i) Cahier de Goulien.
(2) Cabier de Beuzec·Cap-Caval et Combrit, art. 2.

son compte. Le régime de la corvée était mauvais dans son
principe: l'intérêt public, autant que la justice, exigeait sa

suppressIOn.
Mais, cette réserve faite à l'égard du principe, il faut recon­
naître que l'administration de l'ancien régime se montra sou­
Cieuse de répartir équitablement les tâches entre les paroisses
et les corvoyeurs. Cette répartition n'était pas chose aisée.
Tout d'abord, on tenait compte de l'éloignement de la tâche.
Ainsi, les paroisses de Querrien et d'Ellü:lOt avaient leur cor­
vée sur la route de Quimper à Quimperlé. Le centre de la
tâche de Querrien était à 9 km du clocher de la pal'Oisse ; la
tâche d'Elliant se trouvait sur la paroisse même. Aussi,
Elliant faisait 232 toises par 1001. de capitation, tandis que
Querrien n'avait que 140 t0ises, soit une tâche réduite de 2/5.
Pluguffan et Loctudy travaillaient sur la route de Quimper à
Pont-l'Abbé; la première était à ;) km. de sa tâche et la seconde
à 12 km. Pluguffan entretenait 14:1 toises par 1001. de capitation
et Loctudy seulement 124, soit une rédu clion de 1/ 6. Enfin,
Tréguennec et Plovan étaient à 16 ou l7 km. de leur lâche,
tandis que Plonéis, sur la même route, n'en était qu'à 6kin.
Plonéis faisait 189 toises par 1001. de capitation. tandis que

Tréguennec et Plovan n'en faisaient que 107. soit une tâche
réduite de près de moitié.
La difficullé de la tâche variait avec la nature du sol. Meilars

et Beuzec-Cap-Sizun avaient leur tâche près de Pouldavid. La
tâche de Beuzec était sur un plateau au sol résistant ; celle

de i\' leilars se trouvait au fond d'un vallon au sous-sol vaseux .
Quoique Meilars fû t plus rapprochée de Ha tâche que Beuzec,
Meilars n 'avait que 128 toises pour 1001., tandis que Beuzec
en avait 154
Enfin. l'int.ensité de la circulation était aussi un élément
don t il con venait de tenir corn pte. Si nous considérons la
population des paroisses, qui était d'ailleurs dans un rapport

moin s dan s le même évêché, nous constatons que les parois­
ses cha rgées de l'entretien de la route de Brest à' Landern ea u,
(la rou te la plus fréquentée de la Basse-Bretagne) , fai sa ient
en moyenne une tâche calculée surie tau x de 1 m. par habita nI.
Cette moyenne s'élevait à 1 m. 40 entre Landerneau et Morlaix .

Des remarques du même genre pourraient être faites au
sujet de la plupart des paroisses . Le même souci d'équité pré­ sida it, sa ns doute. à la répartition des tâches entre les corvo-
yeurs de la m ême paroisse. .
Si le régi me de la corvée royale a provoq ué tant de doléan­
ces, tout le long du XVIIIe sièclfl. il semble bien que les abus
e,!: les vexations d ont le peuple avait il se plaindre tenaien t
plu s à l'in stitution elle- mêm e qu'aux hommes chargés de
rappliquer.
I. ROUTES ROYALES (r)
(Voies de 54 pieds)

A. De Quimper à Jlel'lé. . Ce vieux g rand chemin
de Quimperà Rosporden,Quimperlé, Henn ebont. Vann es, Ren­ ne~ou Nan tes était une des voies les mieux tracées el! Basse-Breta­
gne, une d e celles qui n'ont pas nécessité de profonds
remaniemen ts depuis deux siècles . La route actuelle suit
généralement l'ancien tracé qui, en Cornouaille, n'a élé corri gé

que sur un parcours de 7 km. 6 (4 km. 6 entre Quimper et
Kergon an. traversée de Saint-Ivy, 500 m . à la sortie de Ros­
porden, 500 m. à l'Ouest de Bannalec et :J km. du Cosquer à

(i ) Houtes « UP, i or ol'dre, de postes et de messageries». Sur le ter­
ritoiI'() actuel du ~ ~inistère, les rel~is de poste se trouvaient à Quimperlé,
Rosporden. Ouimper, Châteaulin, Le Faou, Landerneau,. Brest, Landi- .
visiau, Saint-Thégonnec, Morlaix, Le Ponthou.

Quimperlé pa r le Poullou). Les correclions onl eu pour elTet
d'all onger le trajel d'environ 2 km .

Tâches des paroisses ( 1). Quimper: banlieue, 644 m.
E rg ué · Armel: synd ic, Gui llaume Sez nec, 2800 m .

E rg u é- Gabéric : François Lij oU\', 48 [6 m. ; de la cote 87
à l\.el'andren ni c .
Sainl- Evarzec: Jean Daniel. 1800 m.
E lliant : Lament Costiou , 91 [2 m . ; de la cole 96 à Dioulan.
Tourch: Guy Le Bourhis . [814 m.
Hospol'den : Mathieu Le Scoazec, 838 m. ; traversée de
Rosporden, cote 130.
Melgven: J ean Colten. 2574 m.

Kernével : Mathieu Pen nec, 2652 m . ; de la cote 1 [3 à fa

cole 105 .
Bannalec : Guyho, 7236 m.
Le Trévoux: Charles Le Gall. 1755 m. ; d e Quimerch à Ker-
naou r.
Saint-Thmien : Fran çois Le GolT, 1618 m.
Mellac: René Le Pu stoch. 235 1 m.
QUlrrien : Barnabé Pu stoch, 4746 m. ; du Ronas à [\er-
neuzec.
Locunolé : Simon Lochouarn, 370 m.; jusqu'au Lézardeau.
Quimperlé : banlieue Ouest. 702 m. : traversée du Poullou.
Qu impe rlé : bnnli eue Es l, 700 m.
Tr~méven : Coren lin Guiscrifl', 1542 m.
Red ené : Heu ri Le Moing. 3576 m. ; d e Kel'pivic à la cote 36 .
Arzano: Loui s Le Romancer, 3252 Hl . ; jusqu'à l( ervénec
en Pon l ScorfT.
En 1787, loules ces lâches étaient bien entretenues, à l'ex­
cep ti on de ce lles de Bannalec, Querrien et Locunolé ; les ban­
li~ues d e Qnimperl é laissaient b eaucoup à désirer.
(i) Archive d' lllr-et-Vilaine C. 4,883, liasse.
31 décembre i787, des travaux de corvée.

B. De Quimper à Landernean. - La grande route de
Quimper à Landerneau a dIÎ être presque entièrement refaite
au X[X

siècle. La roule royale. au XVIII " siècle, suivail le tracé
d'une ancienne voie romaine. La route nationale actuelle
n'emprunte la chaussée ancienne que sur 3 sections d'une
longueur lotale de rD km., (3 km . vers Landrévarzec, entre
l( erhervé et lemoulin du Lait, 5 km . entre le coude de l'Auln e
au nord de Châteaulin et le Pont-de-Buis, !I km. au sud du
Faou). Le tracé actuel a évité les trnp fortes pentes, en allon-
geant le trajet d'environ 10 km., soit près de 20% ([).
De Quimper à Châteaulin.. - Quimper ; banlieue, 652 m.
jusqu'à l\erfeunteun.
Kerfeunteun ; Jean Hémery, 1623 m ; jusqu'au Sud de la
Mère-de-Dieu.
Cuzon : Mathieu Kerloch, 878 m.
Plogonnec ; René Louboutin, 3 120 m. ; de Coatoliec à
Pennanrun .
Briec; Jean Le D'Hervé, 5850 m.
Landrévarzec; Hervé Le Suignar, [800 m. ; de Vouez-Doun
au Stéir.
Quéménéven ; Sébastien Marzin, [900 m.
Cast; l':icolas Le Doaré, 3 [20 m. ; de Kerchout à Lelsach.
Lothey ; Yves le Sanquer, 900 m.
Saint-Coulitz; Jean-Roland Gogo, 1854 m.; de la cote 204
à l( ergaliou.
Dinéault ; Guillaume Miossec, 2340 m. ; jusqu'au pont de
Châteaulin .
cc Le seul pont de Châtea:.Ilin, trop étroit, mal bâti, fai sait
courir de gra nds risques à toutes les voi tu l'es Il.

(1.) « Il n'y a qu'à l'endroit des fortes moutagnes, qui sont fréquentes
sur cette route, ou les rampes sont dégradées ». Mémoire de l'in~énieur
David sur l'l'lat des routes du l''inistère, ~6 frimaire, an II. (Bulletià

De CIl â lcaulin au Faou. - Cette route fort rude et d'un
entretien difficile a dû être abandonnée sur la moitié de son
parcours , Soit découragement, soit mauvaise volonté des cor­
voyeurs, les 'tâches y étaient partout et toujours négligées.
Ca mbry la trou va « sauvage el fatigan te )) . Châteaulin: 2770 m . ;

Pleyben : 5800111., de Lezabannec au Ponl-de-Buis ; Saint-

Ségal, 1560 111 , ; Lopérec: 1658, de Penanrun à Penanvern ;
Quimerch: 2145 m. ; Rosnoën : 2233, de l'embranchement
vers le Vieux-Quimerch à la cole 69 ; Le Faou : 1755 m.
jusqu'à cette ville.
Les ponts sur la Doufine et la rivière du Faou étaient pavés
sur une largeur de 4 à 5 m. el entrelenus aux frais de la pro­
vince. En 1787, une somm e de 12.000 fr. fut dépensée pour
la réfection du Pont du Faou.
Du Faou à Landerneau. Roule de 9360 toises
(1 8 km. 270) qui courait en d roi te ligne du Faou à Landerneau
par I(eromen, Le Bois du Gars, Irvillac el Saint-Urbain, cou­
pant vallées et crêtes par le [l'avers et descendant des hauteurs
de Pencran à Landerneau par une pente vertigineuse. C'était
par excellence la voie de communicaticn entre la Cornouaille
et le Léon, la seule route carrossable entre Quimper et les
villes de Brest. Lesneven, Saint-Pol el Morlaix,
Neuf paroisses avaient leur corvée SUl' ce chemin. C'étaient,
à partir du Faou : Hanvec, 4250 m, ; Logonna, I4LlO m.
dans la traversée du Bois du Gars; Daoulas 430 m., jusqu'au
ruisseau au sud d'Irvillac. Le centre de la lâche de Dirinon
(2480 m.) était au pont de la rivière de Daoulas. Plogastel­
Daoulas (4680 m ,). de 500 m. au sud de Saint-Urbain
jusqu'à la bauteur de PeIlcran ; Pencran 667 m., à l'ouest de
Chef-du -Bois ; Saint-Thomas, 546 m. jusqu'à la banlieue de
Landernea u qui n'était que de 60 toises.
Celle route étai t mal famée. Le Bois du Gars devenait. à

un repaIre de voleurs qui, à main armée. détroussaient les

voyageurs.
La route actuelle, passant plus à l'ouest par l'Hôpital et
Daoulas, a complètement abandonné ce tracé, sauf sur un
parcours de 500 m., vers Keromen, près du Faou.
c. De Brest à Rennes. Cette route, la plus fréquentée de
toute la Basse,Bretagne. était « d'un grand entretien surtout
entre Brest et Guipavas)) (1). Elle suivait le tracé actuel,
sauf sur une section de 5 km. 5 qui, chevauchant les bosses
g ranitiques. au nord de La Forêt et de La PaIne, a été corrigée
par deux lacets, au sud de Saint-Divy et vers la Petite-Palue.
De Brest à Landerneau. Brest entretenait sa banlieue
de 35 [0 m . jusqu'an Pont-Neuf; puis venaient les tâches de
Trénivez (185 m .) , Lambézellec (2 780 m.) (centre de la tâche
au Froutven), Bourg-Blanc, 2080 m .. jusqu'à Guipavas;
Plollvien. 2300 m ., jllsqn'à Séiter ; Kersaint. 700 m., jusqu'à
la route charretière de [(erviniou ; Guipavas, 5[1 70 m., jus­
qu'au ruissea u de [a Grande-Palue. Enfin, les paroisses de
Saint-Divy, 575 m. ; La Forêt, 5 18 m. ; Saint-Thonan, 555 m.
et Bellzit 585 m. entretena ient le reste de la voie jusqu'à la
banlieue de Landerneau qui ne dépassait pas 30 toises.
n e [,n ndcrneau à Landivisiau. En tièremen t d isti ncte
de la voie tlctuelle. cette route suivait la rive gauche de l'Elorn
jusqu'à La Roche-Maurice. De là, après avoir traversé l'Elorn.
elle escaladait le plateau, dans la direction de Saint-Servais,
puis, du vi liage de Kera ngueven, cou ra i t d roi t vers Landi visia u.
A la banlieue de Landerneau (88 toises) commençait la
tâche de P[ouédern :1435 m. ; celle de La Roche, 993 m.,

(1) « Cette route est, on ne prut [llus, latiguée (lJf les rouliers. Les
pierres pour ses réparations sont tendres ce qui fait que la dite route n'est

arrivait jusque vers Le Pontois . Le centre dela tâche de Pont­
Christ, 1750 m., se trouvait au pont sur l'Elorn. Les corvées
de Loc-Eguiner ( 1560 m .) , et de Lanneuffret 270 m., s'éten-.
daient jusqu'à Keramoal. Le reste de la route se partageait
entre Plounéventer, 3820 m. jusqu'au nord de 'Lanven, Saint­
Servai s, 1213 m. jusqu'à 1 erroux et enfin Landivisiau, 3510 m.
A u dire de l'ingénieu l', celte route était en général « assez
roula n te ».

De Landivisiau à Morlaix. De Landivisiau ' à Saint-
Thégonllec, l'ancien tracé a été suivi par la route natio nale,
sa uf aux abords de la Penzé où il a dû être corrigé SUI' près d e
2 km. De Saint-Thégonnec à Morlaix, la chaussée très recti­
lign e suivait une ancienne voie romain e passant par Coatilézec
et Sainte-Sève et descendait à Morlaix par la Villeneuve.
L'entreti en de la route était assuré par les paroisses suivan­
tes : Landiv isiau, la traversée du bourg; Plougourvest,
15:JO m., ju squ'au m oulin aux Prêtres; Lampaul . 3l(l 2 m .,
jusqu'à I(ergolvez ; Guimiliau, 3315 m., jusqu'au pont sur
la r enzé ; Sa int·Thégonnec, 5040 m., dans la trav ersée d e la
paroisse entre la Penzé et le Coatoulsach ; Pleyber-Chri st,
4387 m .. j mq u 'à Baga telle ;Sai n t-Martin-des-cha tripS, 1745 m . ,
jusqu'à la bifurcation d e la route de Saint-Pol, près de
Kerjourdren où s'a rrêtait la banlieu e de Morlaix ( 1170 m).
De Morlaix à Hennes . La l'OU te de Morlaix à Saint-
Bri euc , « la plu s m ontueuse qu'on puisse imagin er » disait
Cambry, sortait de Morlaix par le haut d e la l'ue de Ploujean,
courait droit vers La Madeleine , Plouignea u et Le P ontbou
su ivant un tracéa bsolument rectili gne qui a dÎt être fortement
co rrigé aux abords d e Morlaix et au passage du Domon pour
mi eux m énager les pentes . Cette correction a eu pour effet

d'allonger de 2300 m. le parcQu rs de çet~e vQ ie S4!' k terri-

II. ROUTES DE VILLE EN VILLE
(Voies de 40 pieds ou au-dessous)
EN CORNOUAILLE

De Quimper à Pont-l'Abbé. - Cette route réputée belle e t
ro ulante n 'a été que légèrement modifiée sur 1 km. 6, a n
passage des rivières, a n sud du m oulin Melven et a u nord du
châ tea u du Corroarc'h.
Quimper: ba nlieue, 1200 m, jusqu'au sud du Calvaire.
Plu g ufTa n : Jea n Le Cosm e, 1977 m., ju squ 'à l'embra nche­ m ent vers Kerlagatu et Kera val.
Plo melin: Yves Le Bru sq. 820 m.
Bodivit : Pierre Tanniou , 310 m., de la cote 64 à Bel -Air.
Tréméoc : Yves Chassec, 61 4 m ., jusqu'à l'embra nchem ent
l'O U te de Plomelin .

Combrit: Jacques Lozéach , 1 837 m , jusqu'à la route de
Plo néo l1r.
La n vern: Jean Pezron, 450 m.
Plo néour: 2925 m ., du carrefour route de Plug uffan il
Kerm el.
Loctu dy : René Folgoas , 1480 m.
Plo ni l'el : Henri Andro, 390 m ., ver s l'éta ng de Cor­
roa rc' h .

Plobann alec : François Le Floch, 10 6 0 m.
Tréffi aga t : François Gloaguen, 4:.10 .m ., de la cô te 49 à
Kerlosqu et. G
Plo meur: Pierre Durand, 2063 m .
Beuzec-Ca p-Caval: Pierre Le Go ua rc'h , 1482 m., de Trémic
à la cote 36.
Penmarc' h : Quern el, 1236 m. , jusqu'à Rozarhastel.

De Quimpel' à Douarnenez-.\udierne.

route a ete fortement remaniee aux abords
L'ancienne
des villes de
Quimper, Douarnen , z, Pont-Croix et A .udierne. Quatre tron­
çons d'une longueur totale de 12 km. 4 ont été abandonnés
(de Qnimper, par la Terre-Noire à la cote 89, au sud de Ploaré
et Pouldavid enlre Coatanezre et Le Dinvez. de Lochri st à
Pont-Croix et de Kervénenec à Audierne.
Quimper: banlieue, 874 m., jusqu à la Terre-Noire.
Plonéis : René Le Floch, 1443 m.
Plogastel: Louis Joanis. 1287 m., du carrefour au nord de
Pratanroux à Pratanras.
Peumeri t : Pierre COl·oller. 1 100 m .
Tréoga t : Guyon Yvenou, 360 m., vers Sainle-Ann e.
Treguennec: Le Bastard de Kerguiffinec, 390 m.
Plovan: Jean Berrivin, 1552 m., du Cochard à la cote 147 ,
Pouldreuzic: François Le Gall, 1069 m.
Lababan: Corentin Le Berre, 550 m. ,de Kerautretà la cote 155 .
. Landudec ~Mathieu Mignon, 1287 m.
Pou ldergat: Nicolas Renevot, 2656 m., de Kerlouic à la
Croix-Neuve,
Ploaré : Yves Le Gac, 3549 m.
Poullan: J ean Rapbalen, 2380 m., du

Run à Kerdaëc.
Mahalon: Jean Le Brun, 1876, de Kerdaëc au ruisseau
du Penit)'.

Douarnen ez : Durest-Le Bris, 1779 m., du Penit)' à Douar-
nenez par Ploaré.
Meilars: Sébastieu Le Ga ll, 1178 m., de Coatanezre au
moul in de Pou ldavid.
Beuzec-Cap-Sizun: Jean Mat, 2670 m., de Pouldavid au
m oulin à l'Est du Dinvez.

Plouhinec : Henri Le Gou il. 3563 m.
Plozévet : Cbarles Le Guell ec, :~5 1:;) m., de Kermoal à 1 km.
Ouest de Con fors.

Pont-Croix: Alain Guézennec, 1894 m, de Lochrist à Pont­
Croix_
Cléden : Jean Le Toullec, 1982 m.
Primelin: Jean Le Masson, 900 m., de la cote 18 au
carrefour route de Goulien.
Esquibien: Mathieu Thalamot, 1537 m .
Plogoff: Clet Yven, 406 m., traversée des bois du Grand­
Ménez.
Audierne: Kerilis·Calloch, 1428 m .
. De Quimper à Lalnréoc. C'était la route la plus directe

entre Quimper et Brest. Un service rég ulier par bateau existait
entre Brest et Lanvéoc. Les tronçons abandonnés ont 12 km. 6
\à la sortie de Quimper, à l'oues t du cimetière Saint-Marc,
aux deu x passages :lu Stéi r par Troheïr, Croazkaer et La Lorette
dans la traversée de Locronan et au pass~ge du ruisseau de
l'Aber.
Quimper: banlieue, 700 m.
Penhars : Jacques Le Roy, 1170 m., jusqu'à Saint-Conogan.
Guenga-t : Hervé Bernard, 2820 m., de Saint-Conogan à
Croazkaer.
Locronan: Olivier i'I'lao, 1540 m .

Plonévez-Porzay: Le Doaré. 4340 rn., du m oulin de Lorette
à Bonnescat.
Plomodiern: Corentin Le Mauguen, 5300 m., jusqu'à
Locronan.
Traversée de Locronan: 234 m.
Ploéven: René Marchadour, 975 m_, jusqu'à 200 m., Nord
de Gouletquer. '
Saint-Nic: Hervé Guiguiniat, 2440 m., jusqu'à Plonévez.
Telgruc: Jean Le Monze, 3900 m., de Plonévez à Kermerien.
Argol: Magloire Le l3œnnec, 3510 m.
Landévenoec : Jacques Le Bris, 975 m., de Keravel à la

Traversée de la grève: 2730 m.
Crozon: François Le Ferree, 15000 m., jusqu'à Guernigenet.
Camaret: Guillaume Le Guen, 101 0 m., jusquà Kersi mon .
Roscanvel: Vincent Hergent, 1170 m.
Lanvéoc : Paul Capitaine, 975 m.
De Quimper à Concarneau. Deux sections de l'ancienne
route ont été abandonnées: 3 km. de la sortie de Quimper à
la cote 68. 5 km. de Kerampica rd à la Maison Bianche.
Les corrections faites ont allongé le trajet de 2 km. 5.
Quimper: banlieue, 644 m., au Nord de Saint-Laurent.
Locmaria: Nicolas Denie, 1065 m .. ju--qu'à Ty-Douar.
Pleuven: Pierre Nédélec, 2211 m.,jusqu'à Kervao.
Gouesnac'h : Yves Nédélec, 1892 m.
Perguet: Pierre Le Cain, 1845 m .. de Keri n vel à Kerhom O ll.
Clohars-Fouesnant: Pierre Keriel, 1843 m.
Fouesnant: Louis Le Lagadec, 6515 m., de la cote 67 à
Saint-Laurent.

Locamand: Pierre Tudal. 1774 m .

Beuzec-Conq: Mathieu Le Gac. 2600 m. de Kergu érès au
quai de Concarneau.
Concarneau: banlieue, 350 m, banlieue généralement
boueuse
Sur ce chemin. Ip-s tâches des paroisses devaient paraître
lourdes car elles étaient calculées à raison de 3 toises environ
par livre de capitation .

De Concarneau à Quimperlé. -
Le tracé primitif n'a
guère été modifié, sauf aux abords des rivières de Pont-Aven
et de Belon.
Lanriec : Pierre Cariou, 1324 m.

Trégunc: Jean Le Bellec, 6298 m .. Ie cenlre de la tâche vers
Kerouel (cote 24 '.

Nizon : Le sieur Decourbe, 263 1 m., jusqu'à Pont-Aven.
Riec : Alain Le Sellin, 4634 fi . , de Pont-Aven. à Riec.
Moëla n : Louis Le Rob et, 4504 m., d e Riec au ruissea u de
Belon _

Baye : J ean Calvez, 647 m.
Clohars -Carnoët: Yves Bern ard , 348 1 m. , centre de la tâch e
à Baye.
Lothéa : Guillaume Riou, 1840 m.
Saint- Michel: Jean-Lo uis Le ~1intec, 649 m. , jusqu 'à la
cote 54.
Quim perlé : banlieue, 82 7 m .
De Rosllorden au Faouët. - Route peu ch an gée, sauf au
passage d u Ster-Laer, près du Faouët. Coray, 3700 m. jusqu'à
la roule d e Locyan, Scaër 6:!l 5 m.jusqu' à Kernescop . Leuhan
3670 m. j usqu'aux abord s de Scaër. La p a roisse d e Scaër
entretenait la traversée du b ourg sur 955 m . C'était sa
d euxièm e lâch e ; elle en avait une 3° sur la r oule de Gourin:
en tout 10 km. 8 ( 1). E ntre Scaër et Le Faou ët, la corvée
d'entre tien se partagea it enlre les p aroisses de Guiscriff,
La nvénége n et Le Fao uët.

De Scaël' à Gourin et Carhaix. - Scaër entretenait le
ch e rni!1 en tre J'lsole el la cote 175, au n ord-o ues t d e Guiscriff;

vena ient ensuite la tâch e d e G ui scriff, 6320 m. et celle d e
Gourin 4485 m. L'an cienn e voie entre Go urin et Ca rh aix
cou pait la chaî ne des Montagnes Noires à une altitud e d e
309 m. et. passa nt p a r Kero uer, traversait les affiu ents d e
l'H yè.res près de Sainl-Sa uveur et du m oulin Provos t p our
atteindre Ca rhaix. Ce tracé au profil trop rud e a été totalem ent
(i ) Le syndic de Scaër pour les I(rands chemins rIait Yves PO:llic. Ce
culli vateur, devellu ( 'n 179:2 administraleur du Finistère, pa rtagc~ le sort
de l'ad ministration ~irùndine Lie ce dépll!'lemept et fut guillotiné à Brest

abandonn é. Celte sec tion qui relevait du département de
Pontivy éta it à la charge des paroisses de Spézet, MotreIT et
Sain t- Hernin .

De Châteaulin à Cal"llaix. Le tracé général de celte voie
ne s'écartait guère du tracé actuel, mais sur de nombreuses
sections des remaniements ont été eITectués : 22 km. de l'an­ cienne route ont dù être abandonnés àu XIX' siècle et le
parcou rs a été allongé de 3 km. 5,
L'ingénieur accusait les corvoyeurs " d'être fort négligents
StH cette route » . A la vérité, le mauvais entretien tenait aussi
au manq ue de bons matériaux d'empierrement. Entre Château­
neuf et Carhaix, Je profil éta it rude. « Vous y trouvez, dit
Cambry des chem in s mal conduits, mal ferrés, A quelques
portées de fusil, on est forcé de grnvir une montagne qui ne
permet aux rouliers ni de la monter ni de la c\escenrlre ».
Les tâches étaient: Gouézec 2 km. 5, Le Cloître 2453 m,
jusqu'à Toul ·ar-Garront, Lennon 27 16 m .. Brasparts, dont le
centre de la tâche était au bourg de Pleyben 4366 m, Laoné­
dern 1007 m., Plonévez-du-Faou 5 124 m.,jusqu'à Langalet,
Saint·Thois 2242 m., jusqu'à Kerivon, Châteauneu f 9200 m"
jus'qu'à la limite de la paroisse de Landeleau, Trégourez

2500 m. jusqu'au Penit y, Laz 4660 m jusqu'à la cote 14 9
au Nord de Cléden, Collorec 31:10 m. jusqu'à la cote 132 au sud
de Bouillen etenfin Landelean 3940 m. jusqn'à la banlieue de
Carhaix 180 toi ses) ,
De Landerneau à Carhaix. Cette grande diagonale
longue de 60 km., onverte en 1764. permit cie trilnsportel' à
Landernean et à Brest les produits rie la mine de Poullaouen
et les bois des forêts royales des environs de Huelgoat. Le
tracé de la voie éta it, pour les deux tiers du parcours, distinct
de la route nationale actuelle. Sorl.ant de Landerneau, la

l'Elorn au moulin de Kel'léau et par Saint-Ildut, Croix-Skabel­
lec, 'l'y-Douar atteignait le Roch-'l'révézel. Au sortir du terri­
Loire de La Feuillée, elle suivait la limite nord de la paroisse
de Plouyé, coupanl l'Auln e au Ponl-de-Pierre et l'Hyères au
moulin Meur.
A part la petite agglomération de La Feuillée, nul bourg et
pour ainsi dire nulle habitalion au bord de cet âpre chemin
où ne se présentaient à l'horizon que des espaces de solitude.
Les tâches étaient: Landern eau, banlieue 230 m., La Mar­
tyre 4134 111., Ploudiry 3647 111., de Hiscoat à Lanviguer,
'l'réflevenez 1580 m ., 'l'I'évereu r 1 130 m ., de Kergoal à
l'embranchement vers Ploudiry, Le Tréhou Igoo m., Sizun
128 IO m., du Cosquer à la cote 257 sur le versant nord du
H.och-Trévézel, Saint-Sauveur 3800 m. jusqu'à l erbl'Uc,
Commana 7630 m., jusqu'à la cote 232 au sud-est de Kereleun,
La Feuillée 2 '76 m., jusqu'au Cloître, Loqueffret 3538 m., .
jusqu'à la Grand'Halte au sud d'Huelgoat, Plouyé 5440 m.,
Kergloff 3040 m . . centre de la tâche au Pont-de-Pierre sur

l'Aulne, Cléden 3860 m. à l'extrémité sud-ouest du bois du
'l'ymeur, à Sainl-Nicolas, Plouguer 4'73 m., jusqu'à la
banlieue de Carhaix (165 toises).
Le Pont·de-Pierre sur l'Aulne et le Pont-Meur sur l'Hyères
entreten us à prix d'argent étaient en mauvais état. Cette route
était mal entretenue entre La Feuillée et Carhaix « les corvo­
yeurs y travaillaient peu ".
CHEmNS DU LÉON
De nOl'laix à Saint-Pol (1 ) . Ce chemin se superposait
en totalité à l'ancienne voie romaine de Morlaix à Saint-Pol,
(i ) Le grand chemin de Saint· Pol à Rosea U' fut construit en l'an II.
« Route essentielle en temps de guerre, ouverte cette année j on continue

voie suivie au moyen âge par le pélerinage du Tro-B reiz el si
bien décrite par M. Le Guennec (1). Indépendante du tracé
actuel sU!' les deux tiers de son parcours, la route passait à la
Croix des Ladres, La Madeleine, Brémingant, Locmikel, Penzé,
Ponthéon et Mezhelou. La seclion de Mezhelou à Saint-Pol par
Le Mouster continue seule à êlre utilisée par la voie moderne .
L'entretien incombait à Morlaix. 1'70 m. pour 'sa banlieue,
jusqu'à la Croix des Ladres; Taulé, 3134 m., jusqu'à Pradi-

gou ; Henvic, 15!O m. ; Camntec. 1077 m., jusqu'à Parefur;
Guiclan, 5178 m., jusqu'à mi-chemin entre Ponthéon et Mez­
helou ; Plouénan, 24~.lO m., jusqu'à la limite de la paroisse
près du Mouster; Trégondern, 1858 m ., jusqu'au Penquer;
Toussaint, 1130 m . jusqu'au Pont-Glaz; Saint-Pierre, 1676 m.,
jusqu'au ruisseau de La Villeneuve où commençait la banlieue
d e Saint-Pol (553 m.)
Les chaussées des ponts de Pensez et de Ponthéon, en toul
une cinquantaine de toises, étaient pavées aux frais de la
province. Calte route passait pour être assez roulante; seule

la tâche de Guiclan, vers Pensez et Ponthéon, était générale-
ment mal entretenue.
De Saint· Pol à Lesneven. CeLt'1 rOll te, une des mieu x
entretenues et des plus roulantes, n'a subi que des corrections
de détail sur environ 6 km., notamment entre Sainl-Pol et
l'embranchement de Landivisiau. Les tâches se suivaient, à
partir de la banlieue de Saint-Pol (507 m,) : Plougoulm,
2621 m ; Sibiril, 1501 m. ; CIMer, 5776 m. ;' Tréflaouénan,
1534 m. ; Plouzévédé, 3[46 m. ; Plouescat, 209' m. ; Saint­ Vougay, 1258 m . ; Plounévez, 5423 m. ; Lanhouarneau,
1074 m. ; Tréflez, !O60 m. ; Goulven'"806 . m ; .Plouider,

3377 m.; Languengar, 265 m. ; banlieue de Lesneven, 156 m.

(i) L. Le Guennec, /,e chemin du Tro-Breiz entre Saint-Pol et TI'é­

De Saint-Pol à Landh'isiau. - Cette route de 30 pieds
de large qui se détachait de la précédente à Ty-Corn n'a été
modifiée que sur l km. 5, au sud de Lambader. La paroisse
de Crucifix-des-Charnps l'entretenait sur 3220 m., jusque vers
Sainte-Catherine; suivaient les tâches de Plouvorn 8L,44 rn.,
Plougar 1560 m., Bodilis 3630 m. jusqu'à Landivisiau dont
la traversée était pavée sur une longueur de 46 toises.
De Lesneven à BI'est. Bien tra cée et bien entretenu e,
celle route a été peu modifi ée. Les tâches étaient, ~ partir de la
banlieue de Lesneven 117 m.: Kerlouan [790 m., Guiquelleau
67LI rn., Lanarvily 428 m., Kernilis '850 m., Plabennec
5 100 m .. Lannilis 4400 m., Milizac 3170 . m., Goueznou

1365 m., Guilers 11 00 m., Bohars 450 m., Saint-Pierre-Quilbi-
gnon 1365 m., Plouzané 3900 m. jusqu'à la banlieue de Brest.
De Lesne,·en à Lannilis (1). Cette route de 30 pieds de
large c' peu fréquen tée par des voitures pesantes» s'embran­
cbail à la route de Lesneven à Brest, vers Le Folgoat où
commençait la tâche de Plouguerneau 10648 m., Tréménech

595 m., Tréglonou 380 m., Landéda 2340 m. et Brouennou
683 rn. CeLLe route a été depuis corrigée sur 3 km. 5, aux
abords de l' Abervrach.
De Leslle\-en à POlltus\'al. Large de ~4 pieds seulement,
ce chemin était ( , en très mauvai s état et presque impraticable ».
Il était tout entier, à l'exception des 70 toises de la banlieue
de Lesneven, à la charge de la paroisse de Plonéour-Trez
(1I648 m.) ; mais « cette paroisse ne travaillait jamais que
par contrainte 1).
De Lalldel'Ileau à Lesneven. Route bien tracée, bien
entretenue et roulante, Les tâches étaient, à partir de Lander-
(i) En l'an Il, « route en mauvais élat; ancune réparation depuis long-

neau : la banlieue 215 m., Saint·Houardon 874 m., Ploudaniel
6050 m., Le Drennec 166 m., Landouzan' 390 m., Trégarantec
672 m., Loc-Brévalaire 292 m., Kernouez 1023 m., Lesneven
502 m ., Saint-Frégant 1100 m., Guissény 3960 m., banlieue
de Lesneven 450 m. .

De Gouesnou à Saint-R.enan. «( Route peu fatiguée

par les voilures pesantes et généralement en bon état 1),
entretenue, à parLir de Gouesnou, par Coatméal 234 m.,
Tréouergat 780 m., Lanrivoaré 741 m., Plouguin 4290 m.,
Plourin 5753 m. jusqu'à Pont-Avenee. La chaussée de Pont­
Avenec était pavée sur une longueur de 70 toises, ainsi que la
traversée de Saint-Renan (454 m.) . La tâche de Sain t-Renan
1521 m. s'étendait de la ville à Pont-Avenec .

De Saint-Renan au Conquet. Modifiée seulement entre
Saint-Renan et le pont de l'Hôpital. Les tâches étaient, à partir
de Saint-Renan: Plougonvelen 6460 m., Trébabu 820 m,
Lochrist Conquet 6730 m. et Saint-Mathieu 429 m.
De Saint-Renan à PI{mdalmézeau. - Route de 30 pieds,
pavée à la sortie de Saint-Renan sur une longueur de 223 m.
et ordinairement bien entretenue. Les tâches étaient: Plou­
moguer 4290 m., Ploudalmézeau 2820 m., Saint-Pabu 3350 m.,
et Lampaul 2610 m.
Embrancllement d' Argenton. - Cet embranehemen t se
détachait de la route précédente un peu au Sud de Lanrivoaré.
« Rou te fort roulante», entretenue par Ploudalmézeau 3800 m.,
Lampaul-Plouarzel 820 m., Landunvez 2273 m., Larret 478 m.,
et Porspoder 3610 m.
Embrancllement de Lanildnt. - Cet embranchement se

détachait du précédent à la hauteur de Lanrivoaré où com-
mençait la tâche de Plouarzel 4892 m., le reste du chemin
était à la charge de Lanildut (1560 m .. ).

'CHEmNS DU TRÉGOR
De~lorlaix à Lannion (1). - La route de Morlaix à Lan-
nion par Lanmeur, Plestin et la Lieue de Grève, a été presque
entièrement refaite sur le territoire du Finistère. La route
actuelle n'a utilisé qu'une section de 3 km. 7 de l'ancienne
chaussée. Indépendant, à la fois, de la voie romaine et de la
voie moderne, le vieux grand chemin passait par Le Petit­
Launay, Kerozar, Kervolongar, Coat-ar-Roch, Coat-ar-Froter,
l'Hôpital-PeU et traversait le Douron à .Pont-Menou.
De ~Iol'laix à Carhaix. Ce chemin, lon g de 9 lieues
anciennes, l'un des plus durs de la Bretagne, a été entière­
ment abandonné par la voie actuelle de grande communication,
sauf sur un parcours de 1 km. 5, au Sud-Est de Poullaouen.
Sortaht de Morlaix, il montait, au Sud, vers l'Arrée en rampe
raide par Plourin, Quélern, La Croix-Courte et, des rochers
du Kragou, dévalait à travers les forêts du Hellas et de Saint­
Ambroise vers Pont-ar-Gorrec, sur l'A ulne. Les charrois
s'effectuaient péniblement par cette voie où passaient cepen­
dant une bonne partie du plomb des mines de Poullaouen et
des bois des forêts royales d'Huelgoat et du Fréau. Cette route,
disait Cambry, (( est cahoteuse, hérissée de pointes de rochers; .
elle est d'une longueur, d'une monotonie insupportables; vous
traversez 9 lieues de terraius arides, sans pour ainsi dire
trouver une habitation l) (2).

(i) En l'an II, cette route était rangée parmi celles de premier ordre,
avec relais à Pleslin et Lannion. « Route en mauvais état, n'ayant pas
été réparée depnis de lonll'ues années». David, ibid .

(2) Cambry, op. cit. p. 4. « Cette route est longue, ennuyeuse et
fatigante ; elle est pavée de rochers aigus que le vent et l'orage ont
découverts. C'est un désert plus triste que ceux de l'Afrique et de l' Arabie.
M.albeur au voyageur dont l'essieu se briserait dans cette affreuse soli­
tude. »

EN HAUTE-CORNOUAILLE
La partie orientale de l'évêché de Cornouaille, entre
Carhaix, Quintin et Pontivy était pauvrement dotée de
grands chemins. C'était, à cet égard, la région la plus
deshéritée en Bretagne. Pour une superficie d'environ
r.300 km

, comprenant 60 paroisses ou trèves, il n'existait
que 100 km. de routes, soit, en moyenne, 8 km. par 100 km

alors que cette moyenne rlépassait TI km. pour toute la
Basse-Bretagn e.
Ces grands chemins, tous d'une largeur de 40 pieds,
étaient les suivants: de Carhaix à Guingamp, par Callac;
de Carhaix à Pontivy, par le Moustoir et Rostrenen; de
Pontivy à Guingamp, par Neuillac, Mur et Corlay. Enfin, la
route de Pontivy à Saint-Brieuc, par Uzel, traversait seule­
ment deux paroisses de l'évêché : Neuillac et Saint-Caradec.
L"ENSEllffiLE DU RÉSEAU
En résum é, à la fin de l'ancien régime, il existait 542 km.
de grands chemins sur le territoire de la Cornouaille et
283 km , en Léon.
Sur le territoire actuel du département du Finistère,
l'ancien réseau routier s'étendait sur 749 km., se décompo­
sant ainsi: 195 km. d'une largeur de 54 pieds, 409 km. de
40 pieds, 36 km. de 32 pieds, 91 km. 47 de 30 pieds et
17 km. de 24 pieds (1).
Quel a été, depuis 135 ans, le sort de ces vieux grands
chemins ~ Ils ont été utilisés dans la proportion de 60% de

(i ) En l'an II, l'ingénieur David comptait, dans le Finistère, 54 lieues
de roules de i er ordre el 138 lieues de routes de 2

ordre, en tout
192 lieues 3/4 (lieues d'environ 4 km.), ({ dont la majeure partie très
viables et même en bon état». Bull. d'histoire économique de la Révo­
lulion, années 1917-19, p. 82 à 86. Le même ingénieur comptait,
en i787, par lieue de 2.400 toises (4.680 m.)

leur longueur par les voies de grande communication
modernes. Le reste, 295 km ., soit 40°/., a été abandonné
ou partiellement utilisé par la petite vicinalité. Les sections
abandonnées ont été remplacées au XIX" siècle par 348 km.
de nouveaux chemins, ce qui a eu pour effet d'allonger de
5:1 km. l'ancien parcours.

CHE~nNS "DE BOURG A BOURG"

Outre les routes régulièrement entretenues par la corvée
royale, il existait évidemment un grand nombre d'autres
chemins, dits CI de traverse n, menant de bourg à bourg. Ces
chemins, généralement en très mauvais état (1), étaient
exclusivement à la charge des propriétaires riverains. 0 Tout
propriétaire et possesseur de terres voisines de ces chemins,
sans égard à la capitation qu'il paie, est tenu d'entretenir et
de rendre praticables les chemins qui bordent ses terres.
quelque nombre de toises qu'ils contiennent ».
Quelques-uns de ces chemins, très fréquen tés, auraient dû
être classés par l'administration de l'ancien régime. Parfois
d'ailleurs certaines paroisses s'imposaient des corvées supplé­ mentaires pour venir en aide aux riverains. Ainsi, en dehors
des routes entretenues par la corvée royale, s'amorçait un
réseau secondaire qui, très accru et amélioré sous la Révolu-

(i) Les chemins de traverse étaient presque partout déteslables . En
i 789, les habitants de Tl'égnennec et de Laz se plaignaient de ne pouvoir
transporter leurs blés aux: villes marchandes les plus rapprochées. Les
paysans de Tréguennec déclarent « que leurs petits chemins sont si
inégaux qu'il est de toute impossibilité d'y charrier pendant 1) où 6 moiS
de l'année». Cependant leurs corvées aux gran ds chemins n'en étaient
pas moin~ lourdes, puisque « depuis i763, ils faisaient des rrparations
à la ronte de Quimper à Douarnenez, route distante de pIns de 4 lieues et
qu'ils ne pratiqnaient jamais ». (Arch. du Fin., série B, cahier Ile dol

tion et le Premier Empire, figure sur la carte de Cassini (1).
Ces routes peu ou point entretenues avant 1789, et qui
seront en assez bon état à la fin de l'Empire, avaient une lon­
gueur totale de 317 km. dont 295 en Cornouaille et 22 seule­
ment en Léon. C'étaient: 1

Dans la Cornouaille méridionale,
les routes de Pont-l'Abbé à Plomeur, de Concarneau à Rospor­
den, de Quimperlé au Faouët, de Quimperlé à Plouay, le
raccourci de la route de Pont-Croix à Quimper, entre La
Carrière et Plonéis, de Douarnenez à Plonévez-Porzay;
2° Dans la Cornouaille intérieure: de Quimper à Roudoual-
.lec par Coray, de Quimper à Châteauneuf, partie de la route
de Quimper à Plonéour-Ménez par Pleyben (la transversale de
Quimper à Morlaix ne fut achevée que sous la Monarchie de
Juillet), de Telgruc à Châteaulin, de Crozon au Faou, de
Daoulas à Landerneau et à Plougastel;

. 30 Dans le Léon: de Saint-Pol à Plouescat et enfin, entre
Saint-Renan et Le Conquet, les embranchements de Ploumo­
guer et de Lochrist.
A la fin de l'ancien régime, il existait sur le territoire du
Finistère environ 750 km. d'assez bonnes routes, soit seulement
II km. par 100 km

de superficie. Sous la Révolution et
l'Empire, l'administration mit en état d'entretien 317 km. de
routes demeurées jusque là médiocres et peu sûres. La Restau-
(i ) Toutes les routes entretenues par la corvée figurent sur J es cartes
(au :1. /200 .000· environ) de l'Atlas itinéraire de Bretagne, par Ogée,
publié en :1.769. La Carte de Cassini, au i /86),,00·, levée avant i789,
mais publiée de i792 à 18i5, indique pour le Finistère 1.066 km. de
routes, soit 3i 7 km. de chemins non entretenus sous l'ancien régime.
Parmi ces derniers quelques-uns devaient être très médiocres, comme
celui de Quimper 'à Morlaix qui fut entièrement refait sous le règne de
Louis-Philippe. La Carte routière et hydrographique du Finistère, au
i/200.000·, de l'ingénieur en chef Goury, publiée vers i840, porle le
tracé de :1..397 km. de routes classées. Cetle carte, li·ès exacte, vrai chef­
d'œuvre de fine gravure, figure en pointillé la route de Quimper à

tauration n'y ajouta pas grand'chose ; mais la Monarchie de
Juillet et le Second Empire firent un effort considérable pour
la construction de nouveaux chemins (816 km.) et la correc­
tion des anciens tracés (347 km.). Vers 1863, quand le Finis­
tère fut doté de ses premières voies ferrées, le réseau routier
atteignait près de 2000 km. Il appartenait à la troisième
République de compléter celte œuvre par le percement ou la
réfection d'environ 6000 km. de nouvelles voies, en majeure
partie vicinales, et de porter l'ensemble du réseau à environ
8100 km., soit en moyenne 120 km. par 100 km

. Ainsi, en

l'espace de 120 ans, le réseau routier finistérien a été décuplé.
Jean SAVINA .

-124 -
DEUXIÈME PARTIE .

Table des ,Mémoires publiés en 1925

I. Manoirs et rues de Penmarc'h, par
F. QUINIOU [ nne planche]. . . . . . .
l'abbé

II. Liste des juridictions exercées au XVIIe et au
xvm

siècles dans le ressort du présidial de
Quimper (suite) , Sénéchaussée de Morlaix et

PAGES

de Lanmeur, par IL BOURDE DE LA ROGERIE.. 13
Ill. 1 Documents sur le Cap-Sizun. Il Les habitants
du Cap-Sizun demandent un médecin (1609).
III Requête du Roi... pour êtr~ déchargés de
certains impôts (1566). IV Etat du monastère
des Ursulines de Pont-Croix en 1720, par
DANIEL BERNARD . . . . . . . . . . . .. 35
IV. Deux lettres de Guillaume Laënnec sur la guerre
navale en 1779, . . . . . . . . . . . ., 44
V. Quelques réflexions sur l'ordonnance autographe
de Laënnec, par le Dr L LAGRIFFE [une
planche]. . . . . . . . . . . . . . . 49
VI. Nos vieux grands chemins et la corvée en Cor­
nouaille et en Léon à la fin de l'ancien régime,
par J. SAVINA [une planche] ....... , 52
VIL Saint Corentin et ses vies latines à propos d'une
publication récente, par LARGILLIÈRE. . . .. 86
VIII. Première contribution à l'étude des noms d'hom-
mes et de lieux du Cap-Sizun, par J. LOTH et
D. BERNARD. Introduction par J. LOTH ...