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Société Archéologique du Finistère - SAF 1925 tome 52 - Pages 49 à 51
QUELQUES REFLEXIONS
ur l'ordonnance auto raphe de
aennec
Le premier signe que l'on voit sur l'ordonnance de Laënnec
est une figure ressemblant à un 4 et qui, dans l'ancien formu
laire, devait toujours se placer en avant et sur la même ligne
que la «( base)) de la formule, c'est-à-dire son principe actif.
Ici. ce signe pourrait passer pour inutile puisqu'il ne s'agit
que d'un seul élément; mais, cet élément contient un toxique
et il convenait d'attirer l'attention sur lui
Le médicament prescrit, le diascordillm, est un vieil élec tuaire qui n'a pas disparu depuis bien longtemps de certains
formulaires conservateurs. comme ceux des services de santé
de la Marine et de la Guerre. Un électuaire est un médicament
d'une consistance'de pâle molle, composé de poudres diverses,
divisées dans un sirop . Le plus connu des électuûires a joué
dans la thérapeutique ancienne un rôle considérable : c'est la
thériaque, chaos informe où toutes les drogues venaient se
confondre; la thériaque était Ulle panacée un peu moliéresque,
mais à qui nous devons une grande révérence, car elle nous
a valu ces pots à thériaque, joyaux inestimables des vieilles
apothicaü·eries. La thériaque se fabriquait une seule fois l'an,
en quantité considérable pour chaque officine et en grande
pompe.
Le diascordium, lui, se distingue par ce fait qu'il contenait
des substances astringentes et toniques; il devait ses pro
priétés principales à l'opium dont il renfermait 6 mmg. pa r
gramme en extrait. On y trouvait : bistorte, gentiane, gin
gembre, tormentille, cannelle, scordium, dictame, rose rouge,
berb éri s, poivre de Cayenn e, gomme d'Arabie, galbanum ,
baum e du Pérou, bol d 'Arménie, extrait d'opium et mellite
de rose . S'i l fallait chercher un correspond à cette composition
da ns la pharmacopée m oderne, il suffirait de citer l'élixir
parégor; jque. Le diascordium avait les mêmes propriétés, à
peu de ch ose près ; il est donc probable iJue, comme n ous
somm es au x calend es , c'est·à-dire au premier jour de Judlet.
M. Bayard souffrait de ce que le sire de Joinvill e appelle la
« men oIson ».
Ici, le génitif de diascorrlium est fon ction de la quantité
p rescrite. Le sig ne placé ensuite et qui ressemble à un 3 ou à
u n Z représente un poids, la drachme ou gros , qui pesait un
peu moin s q ue qu atre grammes ; vient ensuite la quantité de
g ros prescrite. JV, c'est-à-dire quatre gros, donc un peu moin s
de seize gramm es . Nous lisons, dans le cours de M. Rouelle,
pharm acien de l'Hôtel-Dieu à la fin du xvrn
siècle : « On doit
obse rver de fi gurer les unités par un J et non par nn l pour
éviter la confu sion » ( page 33 d u manuscrit de ce cours par
le Dr Elie de La Poterie, de Quimper). Voil à pourquoi
Laënnec écrit JV et non IV. Cette dose de quatre g ros ou
environ seize g rammes doit être divisée en qu atre parties pour
les quatre prises prescrites .
L'ordonn ance de Laënnec doit donc se lire ain si : diviser
en quatre parties quatre gros de diascordium.
On remarquera qu e Laënuec, ~n 18 18, use enc,we des vieux
poid s. L'adoption du système métrique par les m édecin s a été ,
très lente ; plusienrs fois les gouvernements se préoccupèrent
de cette ques tion; particulièrem ent, en 1802 , l'illu stre Chaptal,
p rofesseur honoraire de la Faculté de m édecin e de Mon tpellier,
mi nistre de l'lntérieur, coosulta la Société de Médecine de
Paris qui, réunie au Louvre entendit, sous la présidence de
Heurteloup. les '21 et 27 Pluviose an X, un remarquable rap
port des citoyens Biron, Brasdor et Pelletier. (Rapport fait à
poids et mesures dans les usages de la médecine, Paris, de
l'Imprimerie des Sourds-Muets, an X). Ce rapport concluait
à la nécessité qu'il y avait pour les médecins à n'user désor
mais que du système métrique. Je ne sais quelle fût la décision
du gouvernement consulaire, mais je sais que les usages
anciens se conservèrent longtemps, malgré la refonte du
Codex medicamentarius, et que, tant qu'il y eut des médecins
qui avaient fait leurs études avant la réforme des poids et
mesures, nombreux furent ceux qui continuèrent d'user des
anciens poids dont on persista à parler longtemps, même dans
les chaires officielles; ce n'est guère que depuis le milieu du
siècle dernier que, sans exception, les médecins se confor
mèrent à la loi sur le système métrique décimal.
Docteur L. LAGRIFFE.
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DEUXIÈME PARTIE .
Table des ,Mémoires publiés en 1925
I. Manoirs et rues de Penmarc'h, par
F. QUINIOU [ nne planche]. . . . . . .
l'abbé
II. Liste des juridictions exercées au XVIIe et au
xvm
siècles dans le ressort du présidial de
Quimper (suite) , Sénéchaussée de Morlaix et
PAGES
de Lanmeur, par IL BOURDE DE LA ROGERIE.. 13
Ill. 1 Documents sur le Cap-Sizun. Il Les habitants
du Cap-Sizun demandent un médecin (1609).
III Requête du Roi... pour êtr~ déchargés de
certains impôts (1566). IV Etat du monastère
des Ursulines de Pont-Croix en 1720, par
DANIEL BERNARD . . . . . . . . . . . .. 35
IV. Deux lettres de Guillaume Laënnec sur la guerre
navale en 1779, . . . . . . . . . . . ., 44
V. Quelques réflexions sur l'ordonnance autographe
de Laënnec, par le Dr L LAGRIFFE [une
planche]. . . . . . . . . . . . . . . 49
VI. Nos vieux grands chemins et la corvée en Cor
nouaille et en Léon à la fin de l'ancien régime,
par J. SAVINA [une planche] ....... , 52
VIL Saint Corentin et ses vies latines à propos d'une
publication récente, par LARGILLIÈRE. . . .. 86
VIII. Première contribution à l'étude des noms d'hom-
mes et de lieux du Cap-Sizun, par J. LOTH et
D. BERNARD. Introduction par J. LOTH ...