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Bulletin SAF 1925


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Manoirs et rues de Penmarc’h

Abbé F. QUINIOU

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1925 tome 52 - Pages 3 à 12

1° Tréoultré. Ces manoirs n'avaient rien de l'aspect
grandiose des anciens châteaux du moyen-âge. C'étaient de
simples gentilhommières d'un genre plutôt sévère, et ils ne
se distinguaient des demeures environnantes que par leurs
proportions plus vastes et un certain luxe dans l'emploi d es
pierres de construction. La porte principale était généralement
encadrée de cannelures et d'arcatures et surmontée de l'écus­ son avec les armes du seigneur.
Penmarc'h n'a jamais été à proprement parler une ville
fortifiée. Les trois agglomérations de Tréoultré, de Kerity et
de Saint-Pierre qui composaient la paroisse. n'ont à aucun
moment formé une seule et même cité. Elles étaient. autre­
fois comme de nos jours, reliées entr'elles par des groupes de
maisons distants d'une centaine de mètres les uns des autres ,
Le territoire à défendre était trop vaste pour être clos de
remparts; mais ça et là se trouvait un manoir dont les murs
d'enceinte pouvaient porter quelques canons de petit calibre,
En ces temps de guerres de partisans, ou d'incUL"sions de la

part des Anglais ou des Espagnols. un manoir fortifié qui
pouvait tenir quelque temps les assaillants en respect, permet­
tait aux troupes du voisinage d'accourir pour forcer l'ennemi
à la retraite.
Nous avons d'abord l'ég!ise paroissial~ avec son cimetière,

point de défense contre l'ennemi arrivant de la direction de
Pont·!' Abbé, et lieu de refuge pour les habitants du bourg et
des villages voisin, s. Entourés de retranchements et de palis­
sades. ils pouvaient défier longtemps les attaques des assiè-

geants, et ce n'est que par surprise que La Fontenelle en 1595
put s'en emparer.
Au nord et tout près de l'église, ce sont les rues Donge,
Drouallen et Gorray, et à l'est le manoir de Kerlaérec duquel
dépendait la métairie du Gorray, Les Drouallen étaient sei­
gneurs de Kérazan en Loctudy. Kerlaérec appartenait en 1481
à Bertrand Lézongar, ensuite à cscuyer Guilla ume de Kerlaérec,
sieur de ' Botbellec en Plobannalec, Marie de Kerlaérec
épousa le sieur le Héder Kerlambert de Tréoultré, Plus
près du bourg, c'est le manoir de Kerdavid dont était proprié­
taire, dame Marie de Méabé douairière de Kervéréguin (Loc­
tudy), veuve de René de Kervéréguin, notaire. royal en 15g8.
Cette famille possédait également le manoir de Kervinigan
dans le village du même nom, à peu de distance et à l'ouest
de l'église paroissiale.
Deux cents mètres plus loin, c'est le Pénity, dont les murs
~'" .. portent encore des restes de fortifications .. Ce manoir est aujour-

d'hui maison d'école publique de filles, après avoir servi de
résidence aux prêtres de la paroisse jusqu'en 18n, Au-dessus
d'un portailàarcade en plein cintre s'étend un rempartàmâchi­
coulis dont la plate- forme pouvait recevoir des canons de petit
calibre. On y accède de l'intérieur de la cour par un escalier
de pierres de taille. Derrière cette demeure fortifiée se trouve

le manoir de Pors-Lambert auquel était jadis attachée une
maison de dîmes (1). Ce dernier édifice surmonté d'un clo­
cheton ajouré existe encore dans un état de conservation par­
faite. C'est peut-être un des rares spécimens de ce genre. Nous
nous permettons de le signaler à l'attention de l'Administra­
tion des Bp.aux-Arts pour éviter qu'il ne subisse le sort de tant
d'autres monuments anciens de la paroi~se. En ces temps où
l'on percevait la dîme, la charn'lte chargée de gerbes pas­
sait sous l'arcade ogivale et sortait par l'autre porte, après

(1) Voir note à la fin du chapitre,

avoir jeté au préalable le nombre de gerbes fixé par la coutume.
Le grenier situé au-dessus du bâtiment servait à -remiser les
gerbes. Jean Toulalan de la famille des seigneurs de Kerfemi­
teunic en Plobannalec était également seigneur de Pors-Lam­
bert ou Kérezrec. A côté, existent de vieilles maisons à portes
sculptées;propriétés degens riches,com mer ;an ts ou bourgeois.
Plus loin , dans les terres, étaient le. manoir de Kérontec ou
Kéraondu, autrefois à Henry de Kerouant, celui de Kerlégristy
ou Kerléguestric, d'abord aù sieur de Pellendé, puis à Hascoël.
le Harzer et en 1564 à Rolland de Guermeur seigneur de Coa-

trozec'h, et enfin le man oÏl' de Kerganten à Marguerite Le
Divanac'h veuve en 154:1 de Jean de Kerouant, de Plonéour­
Lanvern. Lors des guerres de religion, le sieur de Kerouant,
sa femme et son fils avaient abjuré leur foi pou l' se faire hugue­
nots . Par crainte des Ligueurs, ils s'étaient retirés au château du
Pont avec une partie de leurs richesses, "force vaisselle . d'ar­
gent pour servir trois ou quatre plats, des joyaux et autres
meubles de prix et en grand nombre)), mais tout fut perdu,
nous dit le chanoine Moreau. Le château, assiégé par le sieur
de Lézonnet, gouverneur de Concarneau, dut capituier; le sieur
de Kèrouant et son fils, faits prisonniers, ne purent recouvrer
leur liberté que moyennant une rançon de cinq mille écus. Les
troupes de Pémmarc'h avaient pris part à ce siège .
Revenons à Pors-Lambert pour suivre le chemin qui encer­
cle le bourg de Tréoultré à l'ouest et au sud. Nous tombons
immédiatement dans la rue Dronsart qui mène au manoir de
Kérellec, distant d'une centaine de mètres. Obliquant vers la
gauche. on a la rue Strayer qui touche à la voie romaine de
Pont-l'Abbé à Kerity . Le village auquel aboutissait cette rue
appartenait à Yvon Bénic sieur de Kerguennou. après a voir
été la propriété de Guillaume Pénalan sieur de {(erras. La rue
Saliou avec ses ruines de maisons et de clôtures de jardins fait
suite à la rue Strayer èt dépendait d'Adelice Cozic.
Non loin de là, et tout près des marais, le village de Kélar-

gant s'avance au coin du fer à cheval qui comprend au milieu
l'important manoir de Pors-ar-Gosquer, sentinelle avancée en
face de la grève blanche, où pouvait s'opérer facilement un
débarquement de l'ennemi. Ce manoir, avec ses deux portes
cintrées, dont l'une . est surmontée d'une statuette en Kersan-
ton de sainte Thumelte, patronne de Kerity, est entouré de

fortifications rappelaüt ,celles du Pénity, Il appartenait à la
fin du xvm" siècle à Anne Danyel, veuve du sieur Frollo de
I\erliyio, et en 1732, ,il devenait la propriété de l'église de
Tréo llllré. Les canons qui servaient à sa défense débouchaient
à i'ex térieu r par t.rois ouvertures pratiquées dans les remparts.
La porle d'entrée de la cour donne sur la rue Croizic. Cette
rue, ou plutôt ce sentier, a une longueur d'une centaine de
mètres, et finit au manoir de Pors-ar-Paign, dont les démo­
litions ont été utilisées pour des .constructions modernes.
Encore .actuellement, les travaux exécutés dans les champs

voisins mettent à jour des pierres de taille, restes de bâtiments
anciens. Le sieur Le Paign était en 1680 notaire royal à Kerity.
En face, plus près de la mer, se trouvaienne manoir de
KervelleG et à un kilomètre à gauche, la rue Baccus, ainsi
appelé;! du nom du propriétaire du village. Dans celte rue,
qui aboutissait à Kersunez, existait une chapelle dont les
ruines elles-mêmes ont disparu, lors de la construction de la
ferm e actuelle. Le voisinage de Lannorogan ou Langourougan

explique l'existence de cette chapelle. (L/i'ii monastère ou fief
religieux). Au nord du village est Kergadien avec son moulin
appartenant à Jean de Kersaudy de Plomeur qui se fait repré-
senter à la montre de 1481' par Jean, son fils, archer en
brigandine. Plus près du bourg, et non loin de la gare actuelle,
nous avons la grosse agglomération de Kergazégan avec son
manoir qui fut d'abord la propriété de Jean de Quilliourc'h,
puis de.la .famille de Kéranroès et enfin de Jean de Rochan.
Ne quittons pas. le quartier de Tréoultrésans signaler le

-; du c~n!lrqui:)séparait-la Q.{fr.ojsse.,deJiBen'm.aL:~:h; 'i.d~)~ t~~ve::de>
.. Saint-Guénolé. Ce village appartenait à Charles. L~Honorê de .
la famille des seigneurs de La Forest en Loctudyet .. arrière-

neveu de l'historien, le chanoine Moreau i l).
2° Kerity. - La Ville de Kerity et ses faubourgs, c'est la
région hantée de glorieux souvenirs, où il n'est pas cependant
impossible, quoique prétendent certains auteurs, de ·démêler
l'histoire d'avec la légende. A chaque pas nous rencontrons
des ruines, des manoirs croulants, tout ce qui est demeuré
des dernières splendeurs de l'opulente cité.
Après avoir traversé le pont Ninon distant d'environ un
kilomètre du bourg paroissial, nous nous trouvons ·dans le
quartier de Kerity, Autrefois , dit-on, Kerity et Tréoultl'é '\
étaient reliés par une all~é bordée de grands arbres et )
de maisons. Plusieurs de ces édifices existent encoreetportentle
cachet des xv· et XVIe siècles: . Cette allée -partait_ de P.2!.s _ - ./
Lambert, pàssait par la rue Drqnsai-t. les villages de Kérellec
et de Poul gallec. La langue de terre ferme située entre les
dunes et marais du slld et les marais de Lescors était autrefois

(i) Revenus ou dimes afI~rmés pJr a.cte notariés riu lor Juillet i784
Revenus en froment .. . ....... t350.livres.
Revenus en orge . . .. ....... 6U livres 3 sols.
Revenus en blé noir. . . . . . . . . ., iO livres .

Revenus en seigle . . . . . . . .. . . . . 6 livres.
Revenus en paille d'orge. . . . . . . . ., 30 livres.
Total des revenus du bénéfice-cure de l'rt'oul-

tré-Penmarc'h. . . . . . . . . . . " ~007 li vrcs 3 sols.
Charges du dit bénéfice-cure:
Réparations. . . . . . . . . . . . . .
Cueillette des dîmes. . . . . . . . . . . .
Acquit de fondation . . . . .. .....
Portion congrue du vicairE' . . . . . . . ~
COIitributiou ou dons gratui ts accordés a.u roi.
.y ente et transport des grains. . ' . . ; . . .
Total des charges . . . . . . . . . . . .

18 livres.
16 livres.
252 [ivI:es.
230 livres.
165 'li vres.
234. livres .

915 livres.

(Archives municipales).

bien moiri:;~ large que de nos jours. -La' culture a;:gagné du

terrain verS Kerlégristy, et; là où ·il n"y avait naguère que des

eaux stagnantes 'avec' leurs roseaux, se voient aujourd'hui des

prairies et des champs fertiles'. L'envahissement 'des ' eaux,
surtout dans la saison d'hiv.er, rendait cette région d'un accès

difficile Cambry nous raconté qll'illui arriva de s'embourber

. av~c son cheval qans le, gué de Pont-Ninon.

A l'entré,e de Keritr .. nous t~ouvons le village çle Pen-a-Gller
(entree .â~ ta- ville--Y-quiaut fairê partie d'un manoir important,
d'après ses nombreuses s'ervitudes et comme l'indiquent son
puits et ses pigeonniers. Le manoir appartenait à Pierre Soubly
et , à Jeanne Laurens sa femme. Aux abqrds de ce village
existait un grand dolmen qui fut détruit ~n 1820, lors de
l'ouverture d~ la route'- de Penmarc'h au phare de Saint-Pie~re.
En face était Kersidan, d'abord à Hascoët le ~arzer, puis v, ers
1528 à Isabeau de Trémillec, dame de Gouénec'h.
A quelques mètres plus loin, -aux portes mêmes de la ville,
/ nous avons le manoir d. e Penn-al': llont (tête.,du pont) dont
'-Henri Floc'h était seigneur,. et l'import,ant chât~au de ~erouzi
. qui devint la citadelle ae Kerity - ·C-ette place forte qiifi rallait

réduire--ou' emp"o~ter (l'"~ssaut âvantd,e pouyoj~ pénétrer dans
la ville, est clo'se par un fort. mur crénelé dan's lequel s'ou­
vrent deux portes monumentales. De chaque coté de la maison
d'habita tion est une large meurtrière, et il sem~le queçefort
était protégé au nord par une · dopve qu'il· était facile de

combler par les eaux du marais' voisin. Cette 'Citadelle subit

deux sièges, l'un en 1595, par La .-Fontenelle, et l'autre en

1597, par Sourdéac, gouverneur de Brest. "
A Kerity même, outre l'église de sainte Thumette, coristruite
à l'instar d'un fort, on remarque plusieurs maisoris fortifiées,

principalement dans les quartiers de Guernevez ,ou . :viPe-
neuve et de Bourg-les-Bourgs , Aux alentours . de la ' ville, à

l'est, étaient la maison ou manoir de Poulglas qui dépendait
de la confrérie du Rosaire de Tréoultré, et le manoir de

Kerandraon dont était" séigneur messire Jean de Guengat,

époux de Péronelle de la Coudraie, de la paroisse de Tréméoc,
A l'ouest, non loin de Bourg-les-Bourgs, c'est le village de \.

Kervily dont les ruines atLestent l'anciénne import~nce. La -_

mer. à cet endroit, laisse encorè voir des traces de cales et
d'escaliers formés d'immenses pierres de taille. Gabriel Puig de

Ritalongi prétend 'que cette anse constitllaitTancien 'po'rt de
Kefity. Cette assertion aurait eu quelque vraisemblance, si ces
cales s'étaien t trouvées de l'a II tre côtédel' an sede Kervily.Il n'est
guère admissible que les habitants de Kerity aient songé ~
constr'uire leur ville si loin de leur port. Il suffi t d'ailleurs de
considérer la côte semée d'écueils dans ces parages pour se
convaincre que tout débarquement y était impossible, du
moins pour' tout autre bateau que de simples canots de pêche. '\
, Ces cales et ces escaliers s 'er~aient à remonter de la grève sur )
des civières le goëmon récolté sur les rochers ou jeté à la côte '

par la tempête , Il existait autrefois à Kervily une chapelle

dédiée à saint Laurent. Quelques vieillards se rappellent en
avoir vu 'les ruines.

Au nord-ouest, dans les terres, c'est Kerbézec avec son
manoii- fortifié, qui appartenait au xv

siècle à Jacques de
Guengat et à sa femme, de la famille des Languéouez de Plo- \
néour , Les riches seigneurs de Kerbézec, dit-on, tapissaient,
de soie, à l'occasion de la Fête-Dieu, la route qui conduisait
de leur manoir à la fontaine de saint Nonna. situéé à Kergadic
et dist.arite de trois à quatre cent mètres . Les seigneurs de
Penn-ar-Pont en faisaient autant; de sorte que, d'un manoir à
l'autre, le parcoUrs de la procession était recouvert de tapis

de soie. Cette tradition n'a rien d'invraisemblable. Les tran-

sactions commerciales de Kerity avec l'Espagne et le Portugal

permettaient aux riches armateurs d'acquérir, en échange de
leurs marchandises, les produits de ces contrées. Le manoir

de Kerbézec avait gardé presque intactes jusqu'à ces derniers
, temps ses belles fortifications, etil estregreÙablequ'on ait abattu

ses tnllrS crén~~és pour en faire entrer les pierres dans la
constru,ction -d'une maison d'école. Le beffroi qui dominait ce
village sonnait autrefois l'alarme à l'approche de l'ennemi et
serva,it également de poste d'bbservation. Aujourd'hui encore
la maison d'habitation garde son aspect de riche gentil­
hommière,
Quand à la fontaine de saint Nonna, elle subsiste toujours,

mais elle n'a plus son cachet d'antan. Les bancs de pierre qui
l'entouraient ont disparu pour faire place à un lavoir public.
Elle rappelait un épisode de la vie du saint patron de la pa­
roisse. La tradition locale rapporte que Nonna, débarquant de
son île à Saint-Pierre, avait pris en mains un immense
galet qu'il devait déposer à l'endroit où Dieu voulait qu'il cons­
truisît une église pour ses nouveaux paroissiens , La pierre

était pesante, et le saint fatigué s'était assis au bord du che-.
min où il fit jaillir une source pour étancher sa soif. C'est .à
cet endroit que la piété des habitants fit construire une fon­
taine. S'attaquer à ces vestiges et souvenirs du passé, c'est
faire disparaître un peu de l'histoire et de l'âme d'un pays. Que

de souvenirs des temps anciens auraient pu être conservés dans
ces régions si l'ignorance, l'appât ,du lucre ou l'instinct de
destruction ne s'étaient trop souvent donné libre carrière.
Fréminville nous raconte que, dans un premier voyage qu'il fit
au commencement du siècle dernier, à Kerity et à Saint-Pierre,
il rencontra de nombreux vestiges de la grandeur passée de
Penmarc'h ; mais, quelques années plus tard, il ne retrou va
plus les pans de mur, qui cependant ne semblaient pas mena-

cer ruine, ni les clôtures de maisons et de. jardins, témoins
survivants de la richesse des habitants de ce pays. Le tout
c'était écroulé sous l'action du temps, aidée sans doute par la
main des hommes ..
Le dernier manoir dont nous avons à faire mention se trou-

vait non loin de la fontaine de saint Nonna ; c'était le manoir

de Kerfézec ou Kerfec, qui dépendait jusqu'au milieu du XVIe

siècle, de Jean de Pratouarc'h et de Marie Le Floc'h, sa femme.
Leur fils Jean, seigneur de Kerillio, est signalé à Plomeur à la
réformation de 1536. Kerfézec devint ensuite la propriété de
Pierre Kernussan, sergent de Tréoultré.

Nous venons de voir que, du côté de la terre, la ville de Kerity
étai t entou rée de différents forts, tels que ceux de l'église parois­
siale. du Pénity et de Pors-ar-Gosquer. Elle était protégée
elle-même par la citadelle de Kérouzi, et.le manoir fortifié de
Kcrbézec. A l'ouest, la tour de Saint-Pierre servait de poste de
guetteur, et la mer, semée de récifs à cet endroit, constitu- "
ait une défense naturelle défiant toutes les attaques. Quelques
navires de guerre, qu'elle possédait pour protéger .sa marine
marchande, metlait en même temps son port à l'abri d'un
coup de main.
Plusieurs des chemins, parmi les pans de murs, Jes fonda­
tions en pierres de taille et les décombres de Kerity, portent
des noms de rues. Bien que ne constituant plus aujourd'hui
que des sentiers, ces rues sont encore r~connaissables. Elles
ont gaI:dé d'un côté leur bordure de pierres taillées et n'ont été
rétrécies de l'autre qu'au profit des champs voisins ou de nou­
velles constructions.
Le terme de rues dans tou te la presqu'île de Pont-l'Abbé,

dit M. Trévédy, s'appliquait communément aux petits sen-
tiers ruraux: qui reliaient les villages. Celle assertion est
vraie pour les rues de TréouLtré, qui prenaient les noms des
villages qu'elles desservaient ou des manoirs qui en étaient le
principal ornement; mais elle est moins justifiée pour les
rues de Kerity, bordées des deux côtés de magasins et de mai­
sons de marins, de négociants et d'armateurs. Ces rues,
assez larges cependant pour le passage d'une charrette, étaient
si l'on veut, plutôt des ruelles, excepté la grand'rue qui
traversait la ville dans son milieu, mais elles n'avaient rien
du caractère de sentiers ruraux reliant des villages. Nous

. E. Souvestre, que Kerity n'à jamais été une grande ville
comme Nantes; mais on doit reconnaître que c'était au xv·
siècle un centre urbain et commercial d'une réelle
importance. .
La carte ci-jointe rétablit d'une façon à peu près exacte
la physionomie ancienne de Kerily-Penmarc'h.
En partant de Penn-a-Ger pour se diriger vers le centre de
. la ville, bn passai t, entre le manoir de Penn-ar-Pont et le
châteâu de Kerouzi, par des rues dont il nous a été impossi­
ble d'établir l'identité. Toutes les rues situées à droite de la
grande artère convergeaient vers la place de Marc'had-an-Ed
ou marché au blé. C'est d'abord la rue Capiten, avec ses puits
dont la margelle dépasse à peine le niveau du sol; puis c'est
la rue des Marchands ou des Orfèvres , qui allait directement
jusqu'à la place du marché. En face de l'église nous llvons la
rue sainte Thumette, qui se terminait à la rue Jaffry dont la
rue Lenn était le prolongement jusqu'à la mer. Les quartiers
de Bourg-les-Bourgs et de Guernévez étaient reliés 'rar une

venelle; mais ce dernier faubourg atteignait Marc'had-an-Ed

par la rue Sâl.

. Du côté de l'église, nous trouvons trois rues dont les
abords ont sans doute changé ' de physionomie depuis le xv·
siècle; mais elles n'en subsistent pas moins avec les propor­
tions qu'elles avaient à cette époque. Deux d'entr'elles, l'tille
au nord, la rue Bescond, l'autre au sud, la rue Nevez ou
Neuve étaient pavées. La troisième, la rue Longés, aboutissait
aux Talarou ou limites de la ville. Elle était. ainsi appelée du
nom de Jehan Longès, capitaine de la nar le Nicolas, lors de
la guerre de 1487, entre François Il duc de Bretagne et le roi
de France Chùles VIII.
Abbé F.· QUINIOU.

-124 -
DEUXIÈME PARTIE .

Table des ,Mémoires publiés en 1925

I. Manoirs et rues de Penmarc'h, par
F. QUINIOU [ nne planche]. . . . . . .
l'abbé

II. Liste des juridictions exercées au XVIIe et au
xvm

siècles dans le ressort du présidial de
Quimper (suite) , Sénéchaussée de Morlaix et

PAGES

de Lanmeur, par IL BOURDE DE LA ROGERIE.. 13
Ill. 1 Documents sur le Cap-Sizun. Il Les habitants
du Cap-Sizun demandent un médecin (1609).
III Requête du Roi... pour êtr~ déchargés de
certains impôts (1566). IV Etat du monastère
des Ursulines de Pont-Croix en 1720, par
DANIEL BERNARD . . . . . . . . . . . .. 35
IV. Deux lettres de Guillaume Laënnec sur la guerre
navale en 1779, . . . . . . . . . . . ., 44
V. Quelques réflexions sur l'ordonnance autographe
de Laënnec, par le Dr L LAGRIFFE [une
planche]. . . . . . . . . . . . . . . 49
VI. Nos vieux grands chemins et la corvée en Cor­
nouaille et en Léon à la fin de l'ancien régime,
par J. SAVINA [une planche] ....... , 52
VIL Saint Corentin et ses vies latines à propos d'une
publication récente, par LARGILLIÈRE. . . .. 86
VIII. Première contribution à l'étude des noms d'hom-
mes et de lieux du Cap-Sizun, par J. LOTH et
D. BERNARD. Introduction par J. LOTH ...