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Bulletin SAF 1922


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Procès-Verbaux

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1922 tome 49 - Procès-Verbaux

Présidence de M. COR'rr'lIER,V'ice-'P-rësitJè~ril
M. CÔf'miér, téce- mment élu vice-président, evoque
le souvenir des anciens présidents el -rêlt'àce ie"déve..:
,loppement de la Société, dont il ful l'un d'e's premiei'S
adhérents, depuis sa fonda~ioh 1e 18 février 1873. Il tend
hommage à l'influence particulièrement heureusèd'e'
notre président actuel, M. le chanoine Abgt'ail, dont la
science, l'actiyité et l'esprit diinitiative ont donné à la:
Société un essor considérable depuis quelques années,

eL il exprime les vœux de tous pour sa guéi'ison pro:.:-

chaine.
Le procès...:verbal de la dernière séance est'lu et adopté
sans observation.
M. le Président adresse les félicitations de la Soèié'fé

à M. Frédéric Le Guyader qui vient d'obtenir le I)['ix
Alfred de Musset pour l'ensemble de son œu ,ire litWI'aÜ·e.
Sont reçus dans la Société : Mme Fay, de Quimper, pr'e~
sentée par M. du Peigna eL Mlle Bablet ; Mm' Le Sàyec,
professeur au lycée Brizeux, présentée par M't'VI. Savzna
et le Dr Lagritf e ; M. Guivarch, licencié en, droit, de
Carhaix, présenLépar MM. le chanoine A bgraU et l'abOé­ Guégan; M. Quiniou, instituteur public à Plouégat .. -
Moysan, présenté par MM. Ogès et Le Guennec.
M. le D' Laqriffe lit une note de M , . Le Cairguetsuf '
.'. le gui du chêne " qui jouissait jadis d'- l'l-ll'gratid'ptèstige"

et passait pour avoir de merveilleuses vertus curatives.
Saint François de Paule l'introduisit en 1482 à la cour
de Louis XI lorsqu'il fut appelé au chevet du roi moribond,
et les couvents qu'il fonda en France propagèrent l'usage
de chapelets bénits en bois de gui.
M. le commandant Bénard expose les très importants
résultats de ses fouilles dans la presqu'île de Penmarch
et illustre son commentaire de photographies et de cro-

qUlS.
La nécropole de St-Urnel, elle-même entourée de très ·
nombreux mégalithes, a livré plusieurs squelettes repo­
sant sur 3 plans superposés. Leur position soigneusement
r elevée, l'examen minutieux des coupes de terrains sont

susceptibles d'éclairer la question soulevée par M. Loth
sur la première apparition des Celtes en Armorique.
Dans la presqu'île de Porz-Carn, le grand tumulus de
Rosmeur, où M. du Châtellier a vai t déjà trou vé 2 allées

couvertes, en a r évélé une troisième, soutenue par un
mur de dimensions imposantes et d'un très bel ?-ppareil.

Enfin, M. le commandant Bénard signale de nou veaux
et nombreux exemples de lechs groupés 2 à 2, l'un lisse
et l'autre cannelé, semblant attester la longue survivance
en nos régions d'un culte spécial.
Lecture est donnée d'un article paru récemment dans
« Buhez-Breiz » . Notre conft:ère M. Gourvil y fait remar­
quer le g rand intérêt d'un manuscrit en vers bretons
découvert par M. Le Guennec dans les archives du châ­
teau de Lesquiffiou, près Morlaix. Œuvre de Jean Conan,
le copiste des "mystères" dont A. Le Bras nous a rendu
le nom familier, ce mémoire est le premier en langue
bretonne qui soit antérieur au xx· siècle. Là n'est pas
son seul mérite : le récit, d'un tour très personnel, où le
tragique vient souvent se mêler au pittoresque. nous
transporte en pleine épopée révolutionnaire et impériale,
III

émet le vœu que M. Gourvil l'-éserve au Bulletin de la
Société archéologique la publication de certaines parties
de ce précieux document.
La séance est levée à 4 heures .

Le Secrétaire,
M. BABLET.
Publications reçues :
Le Vice-Président,
V. CORMIER.
Analecta Bollandiana, 1. XXXIX, fasc. III et IV.
Annales de Bretagne, L XXXV, n° l, 1921.
Bulletin de l'Académie d'Hippone (1914-1921 ).
Bulletin de la Société des A ntiquaires de l'Ouest,
2' et 3

trimestres de 1921.
Bulletin et iyfémoires de la Société archéologique du
département d' llle-et- Vilaine, t. XLVIII, 1921.
Bulletin de la Société archéologique de Nantes et de
la Loire-lnfér?;eure, 1920, t. 60

Bulletin de la Société polymathique du Mm'bihan,
1920-192l.
J1.émoir·es de la Société d'agriculture, sciences et arts
d'Angers, t. XXIV, 1921.
RépertoiJ'e d'art et d'archéologie, 1920.
Société Jersiaise; Cartulaù'e de Jersey, Guernesey,

etc ... , 4' fasc., 1921.
Union agricole, janvier 1922 .

CHRONIQUE
Deux revues d'action régionaliste et bretonne, après une
éclipse plus ou moins longue, très regrettable, mais dont les
causes sont assez évidentes, reparaissent: Buhez-Breiz.
imprimé à Brest, et Le Réveil breton, imprimé à Quimperlé,
L'archéologie n'a qu'une place secondaire dans ces périodi­
ques ; cependant, en défendant la langue bretonne et en
travaillant à vulgariser les grands faits de l'histoire du
pays, ils accomplissent une œuvre que nous ne saurions
passer sous silence, car elle s'a .:Corde avec la nôtre. Buhez­
B reiz, qui est une revue .bilingue, est plus spécialement
consacré à la langue ct à la littérature bretonnes. Le Reveil
a publié depuis le mois d'octobre 1920, date du n° 1 de la 2

ct nouvelle série, trois conférences 'dignes d'être retenues:
Ce que nous savons SUI' les Celtes, par M. Georges Dottin (n° 2),
Emile Souvestre, par M. Léon Le Berre (n° ~) , Brizeux, par
Mme Mathilde Delaporte (n° 5). Dans Buhez-Breiz, nous rele­
vons l'article de M. F. Gourvil sur un memorialiste breton,
Jean Conan (nOS 11-12), la conférence de M. P. Mocaer sur
La defense de la langue bretonne (nOS 13 et 1 4).

M. le comte de Calan, président de la Société des Biblio­
philes brelons. a remis aux Archives du Finistère pour être
joint au fonds Prosper Hémon, conformément à la volonté
de notre érudit confrère. un important ensemble de pièces
se rapportant à l'histoire de Carhaix pendant la Révolution
et le Premier Empire. Beaucoup ont été publiées par
M. Hémon dans son livre sur le District de Carhaix. mais
presque toutes celles du Premier Empire sont inédites;
elles fournissent des renseignemen ts précis sur l'esprit public
dans la Haute-Cornouaille au début du XIX· siècle. M. de Calan

sur Un missionnaire de la Terreur, Marc-Antoine Jullien,flls.
Cette éLude devait être publiée dans la collection de la
Société; malheureusement la Société a dù l'an dernier dé­
cider sa propre dissolution.

On nous informe que le R. P . Raoul de Kerdanet, O. P.,
9, rue Jeanne d'Arc, Lille, a employé les quelques semaines
de vacances qu'il a passées au pays de Lesneven l'année
dernière, à faire le relevé des ouvrages et pièces diverses
composant la bibliothèque de son grand-père Daniel-Louis
Miorcec de Kerdanet « dans le dessein de faciliter ensuite
aux travailleurs l'accès de ces richesses documentaires
auxquelles l'histoire de notre pays breton doit déjà tant
pour le passé et sera encore si redevable à l'avenir ~ .

Notre confrère M. Ch. Chassé, professeur à l'Ecole navale,
a voulu éclaircir une question assez troublante: Napoléon
ne serait-il pas né en Bretagne? Une ancienne tradition
orale le laissait croire: Laelitia, mère du futur empereur,
serait venue accoucher de lui dans la paroisse de Ste-Sève,
près de Morlaix, au château de Penanvern, qui appartenait
au comte de Marbœuf, gouverneur de la Corse. On prétendait

même que ce dernier pouvait bien être le vrai père de Napo-
léon. Des pages arrachées au registre des baptêmes de 1761
à 1763 permettaien t toutes les hypoLhèses. Les imaginations
se donnaient libre carrière: un délégué de Napoléon III
serait venu spécialement pour faire disparaître toute mention
de la cérémonie. Par une vérification au greffe du I tribunal
civil de M.orlaix, M. Chassé s'est facilement rendu compte
que les pages arrachées à Ste·Sève n'étaient que des pages
blanches. La légende est à bas; mais peut-être, comme if

arrive souvent, s'cst-elle peu à peu bâtie sur des fails réels.

Il existe des traditions plus sérieuses sur la venue de Napo­
léon Bonaparte encore enfant dans les châteaux de la famille
et des amis de Marbœuf en Bretagne, notamment à Trévarez,
en Saint-Goazec. Marbœuf s'intéressait aux Bonaparte et
rien n'empêche de supposer qu'il recevait le jeune Napoléon
pendant les vacances de l'école de Brienne. Il faut lire l'ex­
posé de M. Chassé dans les nOS des 23 et 30 décembre 1921
de la Revue de la Semaine.
Il importe d'ajouter que la même question a été étudiée,
spécialement en ce qui concerne les séjours du jeune Bona­
. parte au château de Callac, prés de Plumelec (Morbihan),
par M. Etienne Martin (Fureteur breton, n° 62, août-oct. 1 921).
Ce dernier considère comme dénuées de tout fondement

solide les traditions bretonnes sur Napoléon. Consulté par
lui, M. Frédéric Masson, minutieux rapporteur des moindres
faits et gestes de l'empereur, écrit: c( Rien nulle part ne
m'a paru même un indice que Bonaparte ait pu venir en
Bretagne pendant le temps qu'il était à Brienne. Il en aurait
fait mention quelque part dans ses papiers de jeunesse où
il n'yen a pas la moindre trace. »

Séance du 23 Février 1922.

Présidence de M. le chanoine ABGRALL président
M. le Président prononce l'éloge funèlJre de M. Arthur
Porquier, hôte assidu des réunions et des promenades
de la Société, céramiste de valeur et fervent archéologue.
La d0couverte forluite d'un mur gallo-romain dans son
jardin de Locmaria avait orienté ses recherches vers les
.antiquilés romaines, Il avait recueilli sur place de nom­
breux débris de poteries qui, classés avec soin, consti­
-tuent une intéressante collection. C'est au milieu de nou­
veaux projets que la mort est venue le surprendre.
Sont recus dans la Société: M. Maurice Le Dault, biblio-

phile, à Tynévez-Kéri voal, Kerfeunteun, présenté par
MM. Le Goaziou et Le Guennec; MIl" Geneviève
Blanchet de la Sablière, de Quimper, présentée par
MM. le chanoine Abgrall et Waquet; M. Mer'let,
professeur de sciencesà Quimper. présenté par MM. Chaus­
sepied et l'abbé Guégan; Mlle Leczinka, surveillante
. générale au lycée Brizeux à Quimper, présentée par
Mil" Parisot et Em'ard; M. le Marquis de Plœuc,
présenté par MM. le Dr Chauvel et Rolland Hersa?'t
de la Villemarqué-Cornouaille.
M. Waquet aononce que, par arrêté en date du 28 jan­
vier 1922, ont été inscrits au nombre des objets mobiliers
classés parmi les monuments historiques: le tombeau

de Sainte-Nonne, pierre sculptée du XVI" siècle, à Dirinon

VIII

(chapelle Ste-Nonne) . ; la cloche en bronze servant de
timbre à l'horloge de la cathédrale de Quimper (1312) ;
la tombe de Jean de Kerouzéré à l'église de Sibiril, pierre
sculptée de la fin du xv

siècle.
Il lit ensuite une lettre de M. Sneller, de la Haye, qui
signale la présence au musée de l'Ecluse (ancien avant­
port de Bruges) d'une pierre tombale, de 1432, portant
le nom e t l'écusson à 3 hermines d'Yves Quertouch, un
Breton d'A udierne.
M. le Président met à l'étude un projet d'excursion
prépar é par M. le commandant Bénard. La date du
23 avril, qui paraît la plus favorable, et l'itinéraire pro­
pOl::ié pour la visite des fouilles de Penmarch, sont adoptés

en pnnClpe . .
M. Waquet annonce qu'il donnera prochainement en 4
causeries accompagnées de projections lumineuses, un
cours d'archéologie française et spécialement bretonne
réservé aux membres de la Société. On espère que ces
conférences pourront commencer le 9 mars.
Dans un autre ordre d'idées, il présente un très curieux
document extrait des arèhives départementales. Il s'agit

de « l'inaugura tion}) (alias la r entrée) de l'Ecole Centrale
du Finistère, qui fuL l'ancêtre du Lycée La Tour d'All-

vergne, en l'an VIII de la République. Ce document
sera publie dans le Bulletin.
M. le Dr Lagritf e dit quelques mots du beau livre de
M. le chanoine Cornou sUl' Elie Fréron, grand méconnu
dont la mémoire attendait depuis longtemps cette œuvre
de vérité et de justice. . .
M. Waquet exprime le désir de voir mettre à la portée
du public ceux des articles de« l'Année littéraire» qui sont
effectivement l'œuvre de Fréron. Pour ce travail de
patience, de critique minutieuE'e, et souvent d'intuition, nul
n'est mieux qualifié que M.le chanoine Cornoului-même.

M. le Président communique deux: notes, relatives à
Roscoff, de M. Le Guennec. Il présente un cours de géogra­
phie locale de notre confrère M. Ogès et en lit la préface
écrite par M. Camille Vallaux. Rien de tel n'était jusqu'ici
entre les mains de nos écoliers; ils y trouveront le moyen
de bien connaitre, et mille raisons d'aimer davantage
leur petite patrie.
Après quelques instants de causerie sur les vitraux
anciens du département, la séance est levée à 3 h. 3/4.
Le Secrétaire,
M. BABLET.
Le Président,
Chanoine ABGRALL.
BIBLIOGRAPHIE

Roger GRAND, Mélanges d'archéologie bretonne, première
série, Nantes, Durance; Paris, Aug. Picard, '9 2 l, in ·8·
de III, ,86 pages. Prix: 15 francs.
Les personnes gui n'ont pas pu se procurer le volume,
paru en 1919, des guide el mémoires du Congrès archéologique
de 1914 seront bien aises d'en trouver une imposante et excel­
lente part dans le livre de M. Roger Grand. Il reproduit pres­
que sans changement les articles relatifs aux châteaux
de Largoet en Elven, de Josselin, de Sucinio, à J'église
de Saint-Gildas de Rhuis et aux monuments de Vannes.
Cela seul ce serait déjà très beau, mais M. Grand a placé en
tête une étude, insérée comme mémoire dans le volume du
Congrès et dans laquelle il répond à une interrogation, fréquente
sur beaucoup de lèvres: « Y a-t-il un art breton ~ » Si l'on
voulait lui chercher chicane, on lui demand~rait pourquoi,
ayant, sur la couverture, présenté l'interrogation sous une

form e, il la présente, dans le texte, sous cette autre forme:
« Y a-t-il un style breton ~ » Art et style, ce n'est pas la même
chose et, en réalité, c'est bien le mot art qui convient ici.
C'est la couverture qui a raison. La réponse de M. Grand
est donn ée avec la plu s grande clarté : il croit à la réalité

d'un art breton et il montre que, pour le comprendre, il faut
avoir égard au pays où il s'es t élevé, à la race qui l'a créé,
aux circonsta nces qui en ont permis )'épanouissement à tel
moment plutôt qu'à tel autre. La fam euse méthode de Taine
se trouve, en l'occurrence, appliquée avec une science aussi
ingénieuse q ue rich e.
Il n e faudrait pas s'imaginer qu e ce volume concerne
seulement le Morbihan. A la vérité, les édifices que M. Grand
décrit, qu'il caractérise, dont il retrace l'histoire, sont tous
situés aux alentours de Vannes, mais l'église romane de
Saint-Gildas de Rhuis a servi de modèle aux constructeurs de
l'église de Loctudy. En outre, le premier chapitre intéresse
la rgement le Finistère. Si nous ne possédons pas autant de
châteaux forts que le pays de Vannes, n ous possédons beau­
coup plus de jolies églises ; or, n'est-ce pas presque uniquement
dans les constl'llction s religieuses que se manifeste l'art breton.
Voilà pourquoi, sur 18 illustrations hors- texte données par

M. Grand , 1 4 présen ten t des monuments léonards ou cornouail-
lai s. Bel h ommage, certes involontaire, rendu aux vieux
artisans des xv· et XVIe siècles qui, du Faouët à la pointe du
H.az et du Conquet à Lannion, parsemèrent d'audacieux
Glochers à j our les vallons et les bourgs.

Humbles artisans certes, pour la plupart, mais qu'il faut
aimer pour. ce qu'ils ont mis de beauté sur notre terre. En
aidant à les aimer toujours plus, M. Roger Grand, breton
, d'adoption, a bien mérité de la Bretagne.
H. WAQUET .

, Séance du 30 Mars 1922

Présidence de M. CORMIER, Vice - Président

Le procès-verbal de la séance précédente est ' lu et

.adopté sans observation. .
M. le , chanoine Abgrall, président, s'est fait excuser
pour raisons de santé. En son nom, M. Cormier retrace
la carrière d'un de nos confrères, récemment décédé,
M. Charles Loril, qui fut un bon Quimpérois et un ami

sincère de l'archéologie.
Sont l'ecus dans la Société: M. le commandant Gaumé,

· chef de bataillon au 118

d'infanterie, présenté par MM. le

chanoine Abgrall et le Dr Lagritfe ; M. Cuillandre,

professeur au- lycée La Tom d'Auvergne, présenté par
MM. le chanoine Abgrall et L. Le Guennec ; M. Guy
de Kersauson, de Kerjean-Mol, en Trébabu, présonté
par MM. Waquet et Le Guennec; M. Edouard Caradec,
directeur du Crédit Nantais, à Quimper, présenté par
MM. le Dr Lagritfe et Waquet.
M. Jarno présente à la Société deux spécimens de
haches, de l'âge du bronze, dont un assez grand nombre
.a été découvert aux environs de Châteauneuf-du-Faou.
M. Waquet fait connaître que l'allée couverte de Les­ cOp.il j dite Ty-ar-C'horriquet, en Poullan, et à l'en tour

une bande de terrain de deux mètres de largeur, ont été
classé, es parmi les monuments~istoriques (Arrêté du

18 Mars lU22).
M. Le Dault présente un acte de la chancellerie d'Anne

XII
bas-bretonne, mais est intéressant parce qu'il porte la
signature autographe de la duchesse et est encore muni
de son sceau.
Dans la seconde partie de la séance, en u ne dernière con­
férence illustrée de nombreuses projections, M. Waquet
étudie la Renaissance bretonne. Dans celte floraison

d'œuvres complexes, où la tradition et l'esprit nouveau
se côtoient si curieusement, sa claire érudition saisit les
rapports, établit les .:filiations, meL en pleine lumière la
valeur d'un ensemble ou l'intérêt d'un délail. C'est une
joie de pénétrer avec lui jusqu'au fond de la Cornouaille
et du Léon, de découvrir au cœur d'humbles villages les
lignes harmonieuses d'un clocher ou d'un porcbe, la vie
puissante d' un calvaire, le pur contour d'une fontaine ou
la noble silhouette d'un arc de triomphe, et c'est un

grand regret pour tous les auditeurs de voir s'achever
celte série de leçons d'une si rare qualité. .
L e Secrétaire,
M. BABLET.
Publications reçues :
Le Vice-Président,
V. CORMIER.

Aikakauskirfa. Tidskrift XXXII (Société archéo)o-

gique de Finlande).
Bollettino della Società piemonlese di archeologia et
belle-arti, juillet-décembre 1921.
Bulletin de la Société archéologique de Bordeaux,
t. XXXIV à XXXVII, 1912 à 1917.
Bulletin d'archéologie et de statistique de la Dr6me,

XIII
Bulletin de la Société a1"chéologique de Tarn-et­
Garonne, 1921.
Bulletin de la Société neuchâteloise de géographier
tomes XXIX e l XXX, 1920 et 1921.
Bulletins et mémoires cle la Société archéologique et
historique de la Charente, 1920.
Compte renclu cles fêtes littéraÏ1"es du troisième cen­
tenaire cle Jean de La Fontaine, publié par les soins.
de la Société historique et archéologique de Château­
Thierry.
Laennec après 1806 par Alfred Rouxeau (don de­
l'auteur).
Mémoù"es de la Société nationale cl'agriculture

sciences et arts cl'Angers, 5

série, tome XXIV, 1921.

Recueil des publica tions cle la Société havraise-
cl'études diverses, 2° Lrim. de 1921. .

Revue historique et a1"chéologique du Maine, 2,. série,.
tome I, 1920 ef 1921 (4 livraisons).
Hevue Mabillon, janvier 1922.
Revue de Saintonge et cl' A unis, XL" vol., 1

livraison_

Smithsonian institution, publications 2609-2614.
Union agricole, février-avril 1922 .

XIV

Annexe au l>l"ocès-Verbal

DEPOT DE HACHETTES DE BRONZE

Quand on se rend de la commun e de Roudouallec (Mor~

. bihan) dans celle de Spézet (Finistère), on traverse la partie
de la chaine de la Montagne-Noire connue sous le nom de
Menez-Ruffel.
, Au-delà du village de Guernangoué, à l'endroit où le che­ min passe la partie la plus élevée de la croupe montagrleuse,
en laissant à droite le bois de Koat-Quilvern, exactement à
trois cents pas sur la gauche, c'est-à-dire à l'ouest, un carrier,
l'été dernier, mit à découvert une cachette de fondeur . .
Elle contenait une quarantaine de hachettes dites à anneau,
soigneusement entassées sur quatre ran gs et d'une parfaite
conservation. J'ai ' pu m'en procurer deUx échantillons .

Elles so nL ioutes du même modèle et ne diffèrent guère que
par le pOids qui est de 290 à 3iO ou 3i5 grs. Aucune orne­
mentation, sauf le filet .qui se trouve au-dessus de l'anneau.
Le lieu exact de la trouvaille se trouve sur le territoire de

la commune de Saint-Goazec, section E. i, n° i du plan '

cadastral, parcelle dite Menez-Rutfe!.
Dans ces mêmes parages, il a été trouvé de nombreux

obj eL s de l'époque du bronze, noLamment à Kerleouel, près
de la chapelle de Saint-Jean, en Spézel.
A signaler aussi la proximité des menhirs de Guernangoué
et bois du 'Duc, les dolmens de Guernevez-ar-é'hoat et de
Castel-Ruffel, (Ge dernier a été l'obj et d'un classement récent) .

et enfin les ouvrages prébistoriques de Castel-Rutfel eL de
Coat-plein-Coat.
A. JARNO.

Seance du 27 Avril 1922
Présidence de M. le Chanoine ABGRALL, Président

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et
adopté sans observation .

M. le P"ésident complimente M. Waquet sur le succès
obLenu par ses quatre savantes et claires leçons sur
l'histoire de l'architecture et de la sculpture en France
et en Bretagne au Moyen-Age et à l'époque de la Renais­
sance. Il exprime le souhait que, dans l'intérêt de nos
confrères éloignés de Quimper, M. Waquet en publie tout
au moins un résumé.

M. Charles de Coataudon, présenté par MM. le cha­
noine Abgrall et Le Guennec, est admis comme membre
de la Société.
Une lettre de M. Tréal annonce le décès de M. l'abbé
de Roquefeuil, aumônier de la prison de Morlaix. M. de
Roquefeuil était un excellent confrère, très lettré, aussi
érudit que modeste.
Au sujet de la mort récente de Mgr Duchesne, membre
de l'Académie française et de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres, M. Waquet rappelle que l'illustre pré­
lat éLait d'origine bas-bretonne par sa famille maternelle
et se rattachait à Jacques et Pierre Tanguy, abbés de
Landévennec au XVIIe siècle. A côté de ses ouvrages
d'histoire générale il laisse plusieurs études historiques

XVI
M. l'abbé Favret communique des photographies dlJ
retable de l'église de Mesnil-les-Hurlus. CeLLe œuvre
d'art ful sauvée de la destruction et mise en lieu sûr
par M. le colonel Dizot. Ce dernier rappelle la façon
dont, le 1

novembre 1914, il pénétra dans l'église vio-

lemment bombardée, et sauva cet intéressant retable
d;origine flamande, ainsi que diverses œuvres d'a~t. .
M. le Cl Bénard rend compte des nouvelles fouilles
qu'avec le concours de M. l'abbé Favret, il vient d'exé­ outerdans la nécropole de Saint,Urnel, en Plomeur.
M. le Président annonce le classement de la chapelle
de Saint-Cadou eh Gouesnac'h, de l'allée couverte de Les­ conil en Poullan, et des dolmens de Kerdadol 'et de
Kervignon en Plobannalec.
M Waquet signale la récente publication de l'ouvrage
de M. Esnault, sur les œuvres du poète breton Le Laé
et la publication dans le Bulletin de la Société archéolo-

gique d'IIle-et-Vilaine, de 18 lettres de Claude Le Coz,
évêque constitutionnel, né à Plonévez-Porzay et mort

dans le Jura, près de Lons-le-Saulnier.M.Savina, qui a
fait des recherches sur les origines de ce prélat, né d'une
famille pauvre, pense que Mgr Farcy de CuiUé se serait
chargé de l'éduca tion de Claude Le Coz.
M.le PrésidentcommuniqueunenotedeM.leClDevoir,
qui demande au 'Ministre des Travaux publics de confier

aux agents-voyers et aux cantonniers la surveillance des
monuments mégalithiques et sollicite leur concours pour
faire l'inventaire de ces monuments. .
Les membres présents, sur la proposition de M. Waquet,
émeltent le vœu que les rempatts de Quimper, situés près
de l'ancien évêché, soient conservés et mis en valeur. La
Société archéologique considérerait comme un acte de
vandàlisme la destruction 'de ces remparts qui sont un
des charmes de la ville. Il conviendrait au contraire de

XVII

les mettre en valeur en abattant les arbres qui les mas-
quent et en leur donnant une parure de lierre et de mimo-
sas intelligemment espacés. -
Après lecture d'une note de M. Ogès sur les sépultures
gallo-romaines découvertes à Saint-Gilles en Bénodet, la
séance est levée vers 5 heures.

Le Secrétaire,
L, OGÈS.

. Le Président,
Chanoine ABGRALL.

CIIRONIQUEJ

Ont été récemment classés parmi les Monuments histo­ riques :

L'oppidum gaulois de la pointe de Castel-Coz en Beuzec-
Cap-Sizun (arrêté du 22 octobre 1921).
Le dolmen sis à Lesconil, en Plobannalec, au lieu dit
« Ménez Goarem-ar-Feunteun» (arrêté du 10 novembre 1921 ).
Le tumulus sur galerie dolménique du P oulguen, près de
Penmarch (arrêté du 21 novembre 192i).
L'allée couverte de Lescbuil, dite « Ty-ar-C'horrique t. »

en Poullan et une bande de terrain de deux mètres de lar-
geur à l'entour de ce monument (arrêté du 18 mars 1922).
Les deux dolmens de Kerdadol, en Plobannalec, el une

bande de terrain de 5 mètres de largeur à l'entour de ces
monuments (arrêté du 8 avril i922).
Le dolmen de Penquélennec , en P eu'merit (arrêté du
8 avril i922).
L'allée de Kerugou, en Plomeur (arrêté du 8 avril 1.922).
Le dolmen de Ménez-Liaden, en Pluguffan (arrêté du
8 a vril1922).

XVIII

Annexe au Procès-Verbal
QUELQUES DOCUMENTS SUR CLAUDE LE COZ
Le tome XLVIII (1921) des Mémoires de la Société archéo­ logique du département d'Ille-et-Vilaine contient l'analyse ou
le textè intégral de dix-huit lettres de Claude Le Coz,
de 1791 à 1806. La premiére es t daLée de Quimper alors que
Le Coz venait d'êt~e élu, le 28 février 179i, évêque métropo­ litain du Nord-Ouest avec résidence à Rennes. Les dernières
sont écrites à Besançon en i806. Mlle de Saint-Sauveur, qui
a trouvé ces lettr es aux Archives d'Ille-et-Vilaine, fait, avec
raison, remar quer que, si elles n'apportent aucun trait nou­
veau au portrait moral du célèbre prélat constitutionnel,
elles confirment tout à fait l'opinion qu'on a pu déjà se faire

de lui : Le Coz s'y montre « sous ses aspects les plus carac-
t éristiques, avec sa naïve confiance en la valeur de ses
efforts, son désinléressement, son ' obstination, son zèle

slllcere. »
De ces documents il vaut la peine de rapprocher une lettre
de M. V.-A. WaiIle, r édacteur en chef de L'Océan de Brest,
adressée le 30 juillet 1864 à M. Ch. Fierville, régent de philo­
sophie au collège de Quimper et auteur d'une histoire de
cet établissement. M. Waille reproche à M. Fierville de ne
s'être pas assez étendu sur le compte de Le Coz, lequel, on
le sait, avait été principal du collège avant la Révolution .

Elevé dans le Jura. qui fit partie d)l diocèse de Besançon
jusqu'en 1.817, le rédacteur de L 'Océan avait vu et entendu
dans sa première jeunesse l'an cien évêque de Rennes,

XIX
même reçu de sa main la confirmation en 18H. Né dans les
dernières annnées de la Révolution, il appartenait à une
généi'ation que le vieux gallicanisme étroit, inspirateur de
la Constitution civile, ne séduisait guère. Voici son juge­
ment; " M. le Coz mourut pendant les Cent Jours dans un
village près de Lons-le-SaunJer. Il était en tournée pastorale
et prêchait une sorte de croisade (1) en faveur de l'Empereur.
Je me souviens encore d'une lettre pastorale qu'il lança à
cette occasion et qui fut lue au prône de la grand'messe· où
j'assistais, à la cathédrale de Saint-Jean, par son secrétaire,
M. l'abbé Issard, qui devait également être de ce pays-ci.
Il y eut pendant cette lecture un tel murmure et un tel

bruit par les gens qui toussaient et se mouchaient conti-
nuellement, quarom pars fui, qu'il n'y eut pas moyen d'en
entendre un seul mot. M. Le Coz, d'ailleurs, si entêté qu'il fût
dans ses doctrines, n'en était pas moins un homme de grand
mérite, et il était r empli d'un véritable zèle. »
Citons enfin l'opinion de M. Boissière, secrétaire du der­
nier évêque dè Quimper avant 1790 ; « Claude Le Coz est
peut-être un des plus honnêtes gens d'entre les Constitu­
tionnels. Il a toujours eu une conduite irréprochable et un
cœur compatissant et vraiment généreux. Mais on lui a
reproché avec raison; 1° d'avoir eu toujours l'espriL léger et
volage; 2° d'avoir toujours donné dans les nouveau Lés, à
tête baissée, par exemple dans la manie des ballons et du
Mesmérisme; 3° d'avoir toujours été vaniteux, s'imaginant
tout savoir ; la poésie, l'histoire, la physique, la médecine,
la théologie, et ne sachant rien au fond, parce qu'il a plus lu
qu'étudié; 4° d'avoir toujours eu le ton d'un pédant et les
manières d'un précieux; on peut le comparer à la femme
docteur . et aux Précieuses ridicules de Molière. » (2)
(1) Les paSsages en italiques sont soulignés dans la lettre de M WaiIJe.
(2 ) Manuscrit de M. Boissière dans Je Bulletin diocésain d'histoire
et d'archéologie, juillet-août 19:1.9, nO 4, p. 167. Les ballons el le Mes­
mérisme mis sur le même pied. c'est un trait il noter ;-car M. Boissière
fait tout d'effet d'un homme in telligenl. On sait ce que certains membres

Faut-il rappeler qu'il existe sur Le Coz une excellente

étude, composée sans art, mais pleine de faiLs et strictement

impartiale : c'est le livre du P ère A. Roussel; de l'Oratoire (1).
Le P. Roussel la conclut par cette réflexion : ( Si Le Coz
ne parla jamais de revenir à ia vraie foi, c'est qu'il se croyait
sûr, ainsi qu'il le répétait souvent, de ne s'en être jamais

écarté ; l'on n'a pas à rentrer dans une maison dont on n'est

point sorti; et ici nous devons noter que nul fidèle ne quitte
l'Eglise sans le vouloir, ni, à plus forte raison, malgré lui,
quels que soient d'ailleurs les écarts de S011 intelligence. ~

UNE RÉHABILITATION:

CLAUDE-MARIE LE LAE

Après avoir été très populaires dans le Bas-Léon, les poèmes
de Claude-Marie Le Laë sont maintenant presque tout à
fait oubliés. M. G. Esnault a estimé . qu'on pouvait bien
essayer de les remettre en lumiére et de leur faire rendre

justice ; c'est le principal objet de son récent volume, com-
posé avec le plus grand soin et intitulé La Vie et les Œuvres
comiques de Claude-Marz:e Le Laë (2).
Fils de paysan. Le Laë naquit à Gorreker-ar-C'houm, en
Lannilis, le 8 avril 17q,5. Il ne commenç.a de véritables éludes
classiques qu'à l'âge de dix-huit ans, ce qui ne l'empêcha pas
trois ans après de fabriquer en une seule journée, un jeudi,
(1) Paru chez Lethielleux. à Paris en i899 et complété par un volume
de 'Airrespondance, chez Picard, en i900. Le P. Roussel n'a pas connu
les documents utilisés ici.

(2) Edition critiqua d'après les manuscrits autographes inédits. Com-
mentaire et traduction (Paris, Champion, 1921, in-Sa de 292 p.). .

XXI
618 verR latins sur un petit sujet de devoir traité dix-huit

fois de suite sur vingt-deux mètres différents ! Exploit
extraordinaire qui valut à' toute la classe, heureusement
solidaire du jeune virtuose, une levée générale des pensums.
Ses principaux poèmes sont de la période où il vécut dans
son pays, à Lannilis et à Ploudalmézeau ; en français, les
Trois bretons et l'Ouessantide; en breton, la Burlesque
Oraison funèbre de Michel Morin et Ar C'hi (le chien) (1).
Avocat à Rennes depuis i773, il se fit nommer en 1790 juge
au tribunal du district de Landerneau, mais l'air natal ne
suffit pas à restaurer sa santé, déjà très compromise; il
mourut le H juin i79i.
Il avait accueilli avec enthousiasme la plupart des idées
révolutionnaires ; toutefois, malgré son zèle pour la
Constitution civile, il ne donna jamais dans la violence,
et c'est à tort que La Villemarqué, dans la Biographie
bretonne, l'a représenté comme une sorte d'apostat, ami
des hommes du sang. Comme poète, il fut sans sublimité
et, quoique bretoll, sans rien d'élégiaque et de mystique.
Ses poèmes se distinguent par un réalisme bonhomme,
assez spirituel, où se ressent l'influence du Lutrin. Le .Laë
paraît avoir aussi beaucoup pratiqué Voltaire. C'est dire
qu'il ne tient de son milieu, outre sa langue, que les
sujets qu'il traite. Ses épigrammes et ses allusions locales
devaient intéresser beaucoup de gens dans les presbytères
et les maisons bourgeoises' des petites villes de la région
brestoise. « Ses vers font rire tous ceux qui les entendent »,
disait Cambry. Aujourd'hui, s'il reLient l'attention, c'est

surtout comme étant, suivant l'expression de M. Esnault,
« l'auteur le plus séduisant que les Bretons aient eu en
langue celtique avant le XIX' siècle. )
Le seul chant subsistant de l'Ouessantide développe une
anecdote que M. Esnault croit légendaire : l'Anglais
cherche à s'emparer ù'Ouessant; le recteur défend son
île ; les femmes, par son ordre, braquent leurs barattes

(i) M. ESlJault a réservé Ar C'hi pour une publication spéciale.

XXII

en posture de canons et, chevauchant leurs ' vaches,
tapenL sur des chaudrons en guise de tambours. L'ennemi,
qui les prend pour des dragons, vire de bord. En réalité
l'anecdote n'est pas légendaire, mais c'est à Groix que
le fait s'est passé. En 1703, le recleur Yves Uzel écarta
de son . île, par ce statagème, quatre vaisseaux anglais
montés par des troupes de débarquement. En récompense

de sa présence d'esprit et de son heureuse invention,

il reçut du roi une pension de 500 livres sur les revenus
de l'évêché d'Agen (1).

(i) H. Bourde de La Rogerie, Illtroduction au t. III de [ 'Inventaire
sommaire des Archives du Finistère, p. XXXVI.

Seance du 31 Mai 1922

'Présidence de M. le Chanoine ABGRALL

Président

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et
adopté sans observation.
M. le Président est heureux de constater le plein
succès de l'excursion du 28 ; il en rend hommage à M. le '
Commandant Bénard dont les importantes découvertes
{mt donné un si vif intérêl à cetle grande journée archéo-
logique. _
M. le Commandant Bénard présente une déclaration de
la Société civile du Musée de Penmarc'h. Le Comité,
réuni en séance plénière, a décidé de rester en liaison
Œnslante avec la Société archéologique du Finistère,
de soumettre à son approbation le programme de tous
les travaux à entreprendre et de lui réserver dans l'avenir
la propriété du Musée. Cette donation n'entraînerait d'au­
tre charge que celle de veiller sur les collections et d'en
empêcher l'exode hors du département.
M. le Dr Lagriffe remercie M. le Commandant Bénard .
et les membres du Comité de leur généreuse initiative ;
l'affaire sera étudiée, en vue d'une réalisation pratique,
par le bureau de la Société archéologique .
. M. le Commandant Bénard annonce son intention de
suspendre ses recherches à la nécropole de Saint-Urnel
et d'explorer celle de Roz-an-Tremen. Il insiste sur la
nécessité d'une étude géologique approfondie des terrains

XXIV

de fouilles et demande la collaboration de M. le Docteur
Lagritfe pour l'examen des squelettes mis à jour.
M. le Docteur Picquenard, reprenant les observations
qu'il a publiées en 1902 dans la Revue de Bretagne sur
l'extension ancienne de la forêt de Névet, considère le
déboisement de toute la région comme très ant~rieui' à
l'arrivée des Bretons, et probablement d'origine glaciaire.
Six nouveaux membres sont recus dans la Société:

Mlle Flore de la Boixière, de Brest, présentée par Mgr
Raul! el Madame Civel; Mlle Julien , professeur au
lycée Brizeux, présentée par Mlles Parisot et EIJrard ,"
- Mlle Le Maigre. de Quimper, présentée par Mlles

Salaün et Le Bastard,. MM. Elie et Georges Gri-
maud, de Quimper, présentés par MM. le Dr Lagdtf e
èt Le Guennec,. M. Schemitt, manoir de Lescongar, en
Plouhinec, présenté par MM. Le Guennec et Le Dault.
M. le Président salue la mémoire de Madame Victor
Le Bras, membre de la Société, qui laisse à Quimper
d'unanimes regrets.
M. Waquet lit dans le Journal des Débats du le. mars
L922 le récit d'un curieux litige, ~urvenu en 1730, entre
un apothicaire de Landerneau et le capitaine de vaisseau
du Rozel de Beaumanoir, à propos d'un clystère.
, Il présente une brochure de M. l'abbé Calvez, curé-.
doyen ,de Lesneven, sur les grands Saints qui ont
évangélisé le pays de Léon. .

Après lecture d'un mémoire de M. Le Guennec: « La
Chanson de M. de Boisalain », la séance est levée à 4 h. 1/4.
Le Secrétaire,

M. BABLET .

Le Président,
Chanoine ABGRALL.

xxv
CHRONIQUE
Les fouilles si méthodiquement exécutées et si heureuses

de notre avisé confrère M. le Commandant Bénard coïncident
avec un regain généra.! de curiosité ou les époques primi tives de
l'homme. Nous avons déja signalé le très suggestif article de
M. Joseph Loth sur l'apparition des Celtes dans l'Europe
occidentale. M. le Dr Capitan, membre de l'Académie de
Médecine, a fait le 20 janvier dernier à l'Académie des inscri p­
tions et belles-lettres une communication du plus grand
intérêt sur les dessins que présentent parfois les mégalithes.
Par le moyen de nombreuses projections, il a montré que sur
les surfaces rocheuses des environs du col de Tende (Italie),
surfaces ,polies par des glaciers, on retrouve une série de
figures gravées par des hommes de la fin de l'âge du bronze
et représentant des laboureurs, des bœufs attelés à des char­ rues, des habitations humaines et des étables.

M. le Dr Capitan rapproche ces images d'autres représenta­
tions gravées à l'âge du bronze et trouvées sur les roches de
Bohouland, sur la côte sud-ouest de Scandinavie; on recon­
naît sur ces dernières des guerriers, des laboureurs et des
bateaux. Comparant ces diverses figures avec des cartes topo­
graphiques des régions où elles se rencontrent, M. Capitan
croit pouvoir les considérer comm'e des signes topographiques.
Appliquant alors cette méthode à des figurations trouvées
en Bretagne sur des mégalithes, il formule l'hypothèse que
ces figurations seraient, elles aussi, d'ordre topographique;
il propose de reconnaître dans les graphiques demi-ovales
des représentations de collines et de montagnes.

La Société archéologique est bien aise de voir reparaître le

XXVI
de M. le chanoine Peyron, l'existence de ceLte précieuse publi-

cation paraissait compromise, mais, grâce à l'activité du
nouvel archiviste de l'Evêché, notre confrère M. l'abbé Pon­
daven, voici non seulement la suite des travaux'déjà entrepris,
mais encore des travaux nouveaux et variés. Depuis le mois
de janvier dernier ont paru trois fascicules contenant: la
notice paroissiale de Lesneven; un article bio-bibliographique
fort substantiel de M. Pondaven sur M. Peyron; la suite du

man u scrit Boissière; des études sur divers suj ets : le sculpteur

morlaisien Jacques Lespagnol, Elie Fréron, les statuts syno­
daux du XVIe siècle, Mgr de la Marche, etc. L'étude consacrée
par M. l'abbé Kerbiriou à Mgr de la Marche considéré dans
son activité économique et sociale, fait concevoir à l'avance
une excellente opinion de ce que sera le livre que l'auteur
prépare depuis plusieurs années déjà sur le dernier évêque de
Léon. Souhaitons donc de ne plus l'attendre trop longtemps.

Séance du 29 Juin 1922

Présidence de M. le chanoine ABGRALL, président
La leclure du procès:..verbal de la séance précédente
-donne lieu à une remarque de M. Waquet; il rappelle
que la lettre de M. Waille, relative à Claude Le Coz,
lettre analysée dans le dernier Bulletin en annexe au
procès-verbal, se trouve encartée dans un exemplaire
· conservé aux Archives départementales de l'Histoù"e du
Collège de Quimper par Fierville .

M. le Président annonce le décès de M. le chanoine

Pottier, prési Jent de la Société archéologique de Tarn-
et-Garonne, Chevalier de la Légion d'Honneur, Officier
de l'Instruction publique, membre d'honneur de la
Société archéologique du Finistère. M. le chanoine Pot­
tier fraternisait depuis longtemps a vec nous et nous adres­
:sait tous les ans ses souhaits de bonne année en élégants
vers latins.
M. le Dr Paul Petit, maire de Quincampois (Seine-Infé­ rieure), présenté par MM. Waquet et Le Goaziou, est
admis comme membre de la Société .

M. le Dr Lagriffe présente un beau médaillon d'Elie
Fréron, sculpté sur bois par M. C. Boucher de Scaër. Ce
médaillon servira de modèle à la plaquette qui sera appo­
-sée au n° 3 de la rue Elie Fréron, emplacement de la
maison natale de l'illustre Quimpérois,
M. Chassé entretient la Société de la manifestation qui
.doit avoir lieu à l'hôtel de l'Epée à Quimper, en l'honneur

XXVIII
du peintre J.-J. Lemordant. Cetle mar.ifestation, fixéE}
au ]5 .luillet, réunira la plupart des écrivains et artistes
bretons et sera l'amorce d'une union des di verses socié­
tés artistiques bretonnes à l'effet de maintenir et de déve­
lopper la beauté de la Brelagne.
M. le Président dit tout son eslime pour le grand artiste­ qui, à 22 ans, peignit les magnifiques fresques de l'hôtel
de l'Epée, el pour le glorieux mutilé qui personnifie l'en­
durance et la ténacité bretonnes. Il assure que notre'
Sociélé tiendra à honnem de participer à la manifestation
projetée.
La Société archéologique demande le classement aussi
ra pide que possible du chàteau de Penmarc'h en Saint­
Frégant, menacé de destruction.
M. le C' Devoir rend compte de la disparition et de la.
démolition de divers monuments préhistoriques. Il fait
don à la Société d'un carton contenant plusieurs photo­
grahies du grand merihir de Brignogan. Ce menhir, haut
de 10 m., est un exemple unique en Bretagne de méga­
lithe pris dans la roche mère et élevé sur place. Cette
roche mère a été exploitée comme carrière. et, en dehors
des photographies de M. Devoir, il ne reste plus aucune
trace permettant d'affirmer que ce menhir a élé dressé
sur place par une simple rotation de 90 degrés
Il s'engage un échange de vues au sujet de ces mutila­
tions et le souhait est formulé que les maires soient mis
dans l'obligation de signaler aux autorités compétentes
les projets de démolition de monuments intéressants. La
Commission des Sites et Monuments pittoresques du Finis-

tère qui vient d'obtenir un diplôme d'honneur et a été clas-
sée première au congrès de Saint-Cloud, se devra de
veiller sur nos monuments.
M. le CI Bénard présente des photographies de la
nécropole de Saint·Urnel et des vues de monuments d'or-
XXIX
-dre phallique, découverts dans le Morbihan et dans l'île
de Malte, qui présenten t une grande analogie avec les
monuments de même espèce trouvés dans la région de
Penmarc'h.
M. Cha1"bonnier lit une communication relative à une
monnaie d'or du foi de France Jean le Bon, trouvée sur

la rive gauche de l'Odet, lors des travaux de construction
du cinéma L e Bourhis. .
On fixe au 23 Juillet l'excursion projetée da ns le pays
de Fouesnant. La séance est levée à 4 heures.
Le Secrétaire,
L. OGÈS.
Publications recues :

L e Président,
Chanoine AGRALL .

Bulletin de la Société j ersiaise, 47· bulletin annuel,
1922.
Mémoires de la Société archéologique de Montpellier,

série, t. VIII, 2" fascicule, 1922.
Revue Mabillon, avril-juillet 1922 .

Revue de Saintonge et d'Aunis, XL" volume, 2" livr.
1922.
L es Pères de la Patrie au « Bro-Léon », par Hervé
Calvei ; Brest, imp. de la Presse libérale, 1922, peti~
in-18, 62 p.
Prodrome de la flore fossile du bassin houiller de
Nombrede Sociétaires
au i er Janvier j 922 :
Société Archéologique du Finistol'O
312
Exercice financier 1921

RECETTES
Cotisations des membres de la Société ........ .
Ven les de collections et carlulaires ........... .
Subven lion du Ministèrede ]'1 nstrucl ion publique
Subvention du Conseil GénéraL ............... .
Produit des conférences de M. le Dr Lagriffe .. .
Produit des Excursions ....................... .
Intérêts des bons de la Défense Nationale .... .
Intérêts du titre de l'emprunl 6

Intérêts du tilre de l'en le ............. , ... , ... .
Intérêts du livret de Caisse d'Epargne ........ .
TOTA L .....

DEPENSES
Factures Cha vet-Bargain pour Bulletin ........ ,
- impressions circulaires, lettres, enve-
loppes, elc ........ .. ... : .......... .
dessin Lanniron .................... .
pour clichés simili et carles .... ... . . .
Frais derecou vrements, ports et correspondance.
Copie à la machine d'une leltre au ministre ... .
Brochage des B~lleti.ns ......... .. ............ .
Honormres du lresofler ....................... .
du sous-bibliothécaire .............. .
Pourboires au gardien du Musée el au facteur ..
Ficelle et papier emballage pour paquets ...... .
TOTAL ........
Report du tot.al des dépenses ...... .
Recelles d'autre part. .... .
ExcMen t cles dépenses ...... .
Actif au 31 décemhre 1921 :
Caisse d'Epargne ............................ , ..
Titre de renLe 3 010" . .. . . . .. . .. . .. ... . ...... ..
Bons de la Défense N allonale ... .............. .
Titre de l'emprunt 6 %" .......... , ........... .
Espèces ....................................... .
TOTA L ....
L'aclif au 31 décembre 1920 était de ........... .
L'acUf au 31 décembre 1921 est de ............. .
Balance d'excédent de dépenses ....... , ....... .
Quimper, le 15 Janvier 1922.
4 .488 j~t
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2.000 ..
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411 il
467 (~I

» 011
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500
500 ;
1.000 Jo
34 8:1

2.051 83
2.164 03
2.051 sa
112 20
Le Trésorier: L. LE GUENNEC.
Vu et approuvé par les Membres de la Commission dQ
comptabili té.
Dr LAGRIFFE, F. CHAUSSEPIED, F. PLATEAU
Seance du , 27 Juillet 1922
Il'ésidence de Mo le chanoine ABGRAH, p'résident
l ,e procès-verbal de la précédente séance donne lieu à
tlIIIIX rectifications de M. le Commandant Dez:oir. Au lieu
lin: « photographies de M. Devoir », il faut lire « photo­
~Taphies et cartes postales présentées par M. Devoir» ;
/111 lieu de «( simple rotation de 90 % », il faut lire « rota­
/11111 suivant deux axes, la plus importante ayant fait
I l,;(;t'[re au menhir, dans un plan vertical, un angle de 60
h 'JO degrés. »
1,0 Docteur Cocheril, de Fouesnant, présenté par MM.
1 " (:ommandant Devoir et le Docteur Lagritfe, est admis
dalls la Société.
IVI, le Commandant Devoir annonce la nomination de
IIlIlrc confrère le Commandant M01"el comme membre
IllIl'respondant de la Commission des Monuments hisLori­
'1"I ~S (section de la préhistoire) pour le département des
1 :Mns-du-Nord. Excellent observateur et dessinateur de
Kl'and talenl, le Commandant Morel pourra, de ce nou~
l'/!au poste, compléter lrès heureusement nos lra vaux
lIa ilS le Nord du Finistère.
M. le Président lit un bref compte rendu de l'excursion
1111 23 Juillet au pays de Fouesnant, excursion parfai-
1liiIIont réussie et qui a permis d'étudier successivement
III fontaine du Drennec et le château de Bodinio en
XXXII
romane de Fouesnant, l'église et le calvaire de La FOi '. h
les manoirs de Logamand et du SLang en La Forfi t, \,
manoir du Moustoir en Saint-Evarzec, l'église do '~CllIH
même commune et les ruines romaines du Cavardy.
M. Vli'aquet rapporte qu'on a retrouvé à Carhaix dl
traces nouvelles de l'aqueduc romain étudié jadi:-\ pM
M. Rolland, dont les hypothèses concernanlle trac(Î NI/ III
ainsi confirmées.
M. le Commandant Devoir fait part de ses récnlll
obsenalions sur le Ponl Crac'h, entre Lannilis et l'loll ..
guerneau. C'est à l'heure ac tuelle une sorte de chau:-\BII
de G2 mètres sur L l , formant barrage avec 4 sorLies d'(lltU 1
les cotes extrêmes sont approxima Li \'ernent lm 70 1\11
dessus du niveau moyen et JIU 10 au-dessous, soi t li'" , 1
e t 3

30 au-dessus des plus basses mers de l'estllal!'l"
Aucune apparonce préhistoriqu e ou romaine, rioll 'l\l!
trahi.sse une date ou uno époque. Les matériaux provh 1\ .

nent d'un éboulis voisin où se reconnaissenL les mülllO.
variétés de roches. En contre-bas se trouve Ulle ehllh~
d'eau, en amont un sillon de sable. Le dépôL semblo ililll ~
quel' que le barrag-e n'est pas lrès ancien. 1;
. M. le Président estime cependanl qu'il esL au lllnll,",
millénaire, les énormes travaux qu'il a exigés n'aYIIIl~
été possibles que dans un é Lat sociallrès éloigné du IIl\lI'llt
Le nouveau pont actuellement à l'étude devra
construit un peu en amont de l'ancien pour empêchN'
l'immersion de celui-ci. .

Un dessin de M. Le Guennec réyèle d'inLéressant",
arrière-façades de la rue Kéréon de Quimper. Celln ch,
n° Ç) surtout ne le cède guère en pittoresq ue au piglllll
principal et mériterait d'être aussi connue.
M. Waquet exprime le souhait de voir se constil ll (\ 1' IIIl
album de gravures et photographies du vieux QuilltjJ'lI't
XXXlll
III,isle pour que soient recueillis tous les documents pro-
111 1' :-; à conserver la phY5ionomie ancienne de notre cité.
M, Charbonnier annonce la découverte, dans une vieille
III,tison située à l'angle de la rue Vis et du Quai, d'une
Iwll e plaque de cheminée Louis XIV avec scène mytho­
I,,!~ique (Didon et Enée ?). Il présente des silex trouvés
,II I' le terrai n de l'ancien vélodrome.
, \près lecture d'un mémoire de M. L e G1.tennec sur
III château de Penmarch en Saint-Frégant et ses hôles
,[ ';tlttrefois , la séance est levée à 4 heures.
La Secrétaire,
M. BABLET.
Publications recues :

Le Président,
Chanoine ABGRALL.
Il nalecla bollandiana, 1. XL, fasc. l et II.
fiulletin archéologique du Comité des travaux his­
lU I "iques , 1 020. 2° livraison.
nulletins et mémoires de la Société d'Emulation des
(', j/'es-âu-N01'd, tome LIll (1921) .
I?ecueil des publications de la Société hdvmise
,f'';;'ucles diverses, Hl2 1, 3' et 4

Lrimeslres.
f?éIJeil breton, juillet, aoùt, septembre 19'22.
;-..,"mithsonian institution,' Roport on the progress and
o:IIlldilion of the United States National Museum fOl' the
'yI ~;tr encling j une 30. 1921.
flnion agricole, juillet W2:2.
XXXIV

Annexe au Procès-Verbal
A PROPOS DU MENHIR DE BRIGNOGAN
Lettre de M. le Commandant Devoir

Brest, rue de Traverse, 29,1.8 Juillet 1
MON CHER PRÉSIDENT,
La publication par le journal La Dépêche de Brest ct titi
l'Ouest d'une lettre de M. François Cavarec, conseiller mu­ nicipal à Lesneven, promoteur et bénéficiaire de la démoli
tion d'une roche immédialement voisine du menhir
de Brignogan, l'un des « menhirs de Ponlusval» des lIsl.( Il
officielles, me force, à mon grand regret, à revenir sur un
inciclent récent; vous reconnaîtrez que je n'ai pas chercllé h
lui donner de développement, lant que Lout se passaU 1)
l'intérieur de la Société arcl1éologique du FinisLére; il n" Il
est plus de même aujourd'hui.
Le communiqué fai t à la presse, après notre dernièrl)
réunion, m'a prêté des propos que je n'ai pas tenus et ql~(I
désavouent à la fois ma correspondance officielle et ÛII
document par moi déposé, à ceLte même séance, aux archives
de la 'SociéLé; une notice manuscrite y précise le contrairo
de ce qui apparaît dans ledit communiqué : la rectificatio. 1I
que je vous ai demandée d'urgence et que la Dépêche d
Brest et de l'Ouest inséra quelques jours plus taTe! ·s'.es~
montrée, comme les faiLs le prouvent, insuffisante dans sa
forme, faute de précision.
xxxv
I lIlIis ne saurais accepter celle des interprétations qui en
' 1111. données, et il me déplait d'être contraint à ce que
'\\l'iains pourraient présenter comme un correctif, alors que
1 \ 11/\ m'expose jamais, au moins dans le domaine des faits,
Il i'"venir snr ce que j'ai écrit.
Hien volontiers, je reconnais que M. François Cavaree
! Illii. pleinement dans son droit en utilisant un texte qu'il
/Ii/I'Ilrtit croire emané de moi; il ne s'est servi, en réalité,
'III" d'une aHlrmation, sans base aucune, du rédacteur de la
Jill 1 / \ commu n iquée à la presse.
Il me paraît toutefois nécessaire de préciser, tant à l'in­
fr'ld.ion de qui espéra me mettre en cause qu'à celle des
lll ll'S lmnes que la quesLion intéresse, l'opinion que j'ai
,1\pl'imée à plusieurs reprises sur le fait brutal de la réduc­
Il,111 on moellons du massif rocheux immédiatement voisin,
jlfll' sa chùte nord, du menbi.r appartenant à l'Etat: une
,I IIIIITelte passait j usto entre les deux.
I,',\nsemble de la roche nalurelle et du menhir qui en
1I1'lIvient, suivant une probabilité qui tend vers la certitude,
,"· .. ·scnlait un caractère incontestablement pittoresque: je
Il'1'11 veux d'autre preuve que leur figuralion sur des cartes
,I\I~lales portant la marque de plusicurs éditeurs; les opé­ l 'III/'lI rs photographes ont, pour la plupart, un sentiment
Il'1\'' profond de ce qui ost susceptible d'attirer l'allcnt.ion du
1IIIIs grand nombre pOSSible de personnes; il en résulle une
Ir,"s utile vulgarisation qui ne saurait être trop encouragée.
, \1 ais cet ensemble était autre chose encore, et bien plus
II\i 'lllie atlraction, d'ailleurs avantageuse aux intérêts maté­
,l lnls de la commune de Plounéour-Trez; il constiLuait un
'/II(·ll.menl de haute importance pour l'archéologie préhisto­
l 'I'l'l n, tant en elle-même que dans ses ralionnelles relations
Il.\','!: les sciences qui, par leur concours non moins que par
1'\ 111' contrôlc, doivent la pousser dans la voie du progrès;
ln IlIôcanique appliquée et la géologie, dans diverses de ses
11I':lllcbes, y seraient très utilement intervenues.
(:'dait un témoin complet, et unique en son genre sur le

XXXVI
pemenl inlellecluel de ses habitan ls préhistoriques, ou d\l
moins de certains d'entre eux : j'estime donc lrès regrcl­
table que les texles, ainsi que les dispositions légales cl
réglemenlaires en vigueur, n'aient pas permis d'empêchCl'
le premier coup de pic donné par les carriers à la solde do
M. François Cavarec dans la roche naturelle non classéo,
mais qui eût dù l'êLre, ou acquise par l'Blat en même tempfl
que le menhir.
Dès les premiers jours de mai, sinon plus Lôt, l'irrépu.*
l'able élaU accompli comme le montre mon premier rappor't
officiel sur la quesllon, en dale du 7 mai, ct je ne pouvai~
plus que demander Ulle prolecLion efficace du menhir lui­ même contre Loule cause évenluelle de déLériomtion : il mQ
restait de plus il sauver cc qui pouvaiL l'êlre de l'ancien élat
de choses, cc souvenir précis que donnent les documents
photographiques; tel ful el resle le bul du tableau remis par
moi a ux archives de la Société archéologique, ct de sa
notice en contradicLion très nette avec le communiqu6
adressé à la presse: j'avoue que le nom de M. Franço i!\
Cavarec y peul gagner, pour le présenl ct pour l'avenir,
quelque noloriété.
Je ne doute pas C lue vous eslimiel': avec moi, mon chel'
Président, que la publication do la présenle lellre peut êtro
de quelque ulililé pour la science il laLlue llo nous avons,
vous cl moi, consacré de longues et pa llenles recherches:
je veux donc espérer qu'au nom de la Sociélé an;héologiquo
vous en demanderez l'inser'lion dans la Deflêche dc Brcst et
de l'Ouest, qui a déjà fait connaître au puhlic lrois cô tés du
dossier. a insi que dans loul autre journal (lu i fC'produiraH
le communiqué relalif à notre dernière réunion : la plu!!
prochaine me fouI'llira l'occasion de revenir sur ulle question
rouverte par la leUre de M. Ii'ranç,ois Cavarec.
Commandant DEVOIR,
de la Réserve de la M a1'ine nal" ionale,
Memb,'e correspondant de la Sous-Commission
XXXVII
Cette communication, qui précise nettement les idées
i n l'auteur, laisse, en ce qui concerne l'origine de l'inci­
dnnt, s ubsister une équivoque. En réalité « le commu­
Iliqué adressé à la presse }) ne prêtait pas à M. le
(:ommandant Devoir de propos qu'il n'eût pas tenus. Il
daiL d'une parfaite exactitude et, si, dans un journal,
Iifle faute de typographie en a grossièrement dénatnré le
sons, la faute n'en est pas an rédacteur. Nous croyons
donc nécessaire de re.produirr. ici la rectification adressée
par M. le Président an journal La Dépêche :
Une inexaclitude dans un entrefilet de la Depêchc, numéro
dll 6 juille L, a donné lieu à une double protestation : la
première, de la part du co rnma ndant Devoir, parce que ce
!.(:xte reproduit infidèlement sa déclaration; la deuxième, de
la part de M. Frallçois Cavarec, de Lesnevell, propriétaire
dll terrain voisin de celui où es t situé le menhir cie Bri­
;~Ilogall, parce que celte Ilole lui attribue la deslruction du
IIlenllir, cc q ai n'est nullement vrai.
Il est de mon devoir, comme présidellt de la Société
:Il'cbéologique du Finistère, de remeLLre les choses au pOint
d de rétablir les falls tels qu'lIs sont en vérité.
Le membre de la Société archéologique, rédacteur officieux
de la note destillée à la presse, avait écrit ceci:
« Le commanda ll t Devoir rend compte de la très regret­
Labie disparition, fl1'ès du fameux menhir dit Men-Marz, à
I\ l'ignogall, du massif rocheux dont il provenait, etc. »
Le tex te imprimé dans la Depêche est celui-ei :
« Le commandant Devoir rend compte de la très regret­
lable di~parition du fameux menhir elit Men-Man, il Bri­
gnogall, et du massif rocheux. dont il provenait. »
On a donc supprimé le mot « près» devant: du fameux
IIHmhir, et on a ajouté « et » devant: du massif rocheux,
l'l. cette phrase ainsi altérée fait dire à M. Devoir ce
'ill'il n'a pas dit, ct rend M. Cavarec responsable de la
XXXVIII
dans l'intention de M. Devoir, ni dans le texte du récladnlll'
de la note.
n me semble que cette explication, cette recLification,
de nature à éclairer les lecteurs et à donner satisfaction:

AM. le commandant Devoir, don t elle rétablit la pa l'llh\
exacte et authentique;

A M. Cavarec, qu'elle décharge absolument d'une d
truction dont il est innocent et qui n'a pas cu lieu.
A qui revient l'inexactitude de cc filet, la suppressioll (\t
près et l'adjonction de et l' llaut-il l'allribuel' au COlT()l.
pondant attitré du journal, (lui aurait Lranscrit InfidèleDlo lI1
le texte qu'on lui avait confié, nu bien au composil.olll'
typographe, qui aurait commis cetLe regreLtable coquillo 1
En tout cas, la SociéLû al'chéologique y est absolunwill
étrangère.
Le P l'és iclent,
Séance du 26 Octobre 1922
Présidence de M. le chanoine ABGRALL, président
La locture du procès-verbal do la précédente séance
dlJn no liou ù la rectificalion suivante: M. 10 comman­
d:(n t MOi"el a él6 nommé corf"Csponclanl do la Commis­
:;ion L10s Monuments historiquos, non soulemont pOUl'
Il ):3 Ctltes-du-Nord, mais pout' tOlll le Finistère, en col­
laboratioll avec YI. 10 cOin mandant Devoir.
~1. vVaQuet annonce que la ville do Bresl a acheté, ln
~I ~eptembl'e LloJ'niot', 10 chCüeilu Lle Penmarch, en SainL­ l''régant, pour y installer une colonie üe vacances ù
l'ilsag'e c1es enfants cle3 écoles publiques . Les parties
:tllciel111 0S do ce monument pOllrront, do ce t'nit, être pro­
dminement classées.

Son t reçus dans la Société: M. 10 docteur Vourc'1~,
~ IIl tldecin li Plomodiern, présent S par MM. le comman­

dant Le Moan eL le chanoine Le Roy; - M. Jean Le
i 1 hJCP'é , clerc do noLaire à Plomodiern, présenté par MM.
f, 11\ commandant Le Moan eL l'abbé Blouet; M. Le
: /Ion (Hubert), receveur particulieJ' des Contributions
, di l'ectes , à Quimper, présenté pal' MM. le chanoine
/I/Jgra ll et Frédéric Le Guyader; M. Taburet, de
; Saint-Renan, présenté par MM. le chanoine Abgrall el
l,/: Guennec ,'. M. Miroux, pharmacien à Guerlesquin,

; . l' I'()senté par MM. Livinec et Le Guennec.

maire de Porspoder, qui a en le rare mériLe de sauve­
garder les vingt-neuf mégalithes situés sur le terri­
toire de sa commune. M. le commandant Devoi1" a tenu à

rendre un jusL e hommage à son dévouement, en repré-
sentant la Société archéologique à ses obsèques.
M. le Président, qui a revu récemment la pointe de
Primel, en Plougasnou, a été heureux de constater que
ses beau tés na tui'elles et les traces d'oppidum gaulois
encloses dans un cirque de rochers ont été respectées
jusqu'ici. Il souhaiterait les voir officiellement protégées
par le classement du site. Il exprime le même désir au
sujeL de la place de Locronan, dont l'ensemble pittores-

que et admirablement situé mériterait ceLte faveur .

Le Conseil municipal de ~ocronan communique, d'au-
tre part, sa décision de solliciter le classement parmi les
monuments historiques de toutes les vieilles maisons de
la place. La Société archéologique émet le vœu que l'une
ou l'autre de ces solutions soit rapidement adoptée en
haut lieu .
M. François CaVa1"eC, propriétaire du terrain avoisi·
nant le menhir de Brignogan, demande à quelle dis­
lance du menhir il est autorbé à bâtir. Aucun Lexte ne
permet de fixer des limites précises, mais il est éminem­
menL désirable que la oonstruction en projet soit placée
aussi loin que possible du monument.
M. Waquet annonce le classement: de la maison du
«( Petit Paris », rue Kéréon, à Quimper; d'un e des trois
fontailles deN. D. des Fonlaines, en Gouézec ; de la fon­
taine et de l'oratoire de St-Cadou, en Gouesnach.
M. le commandant Devoir rend compte de ses récentes
observations sur di vers monuments mégalithiques: .
La vasLe allée couverte de Kerriou, en Gouézec, avec
sa magnifiq ue lable et ses sept galeries, va être dégagée
et consolidée par les soins de Madame la Comtesse de
XLI

Legge. Le menhir do Plabennec, dont on pou vait crain­
dre la disparition, s'élève encore à 3 mètres au-dessus
du sol avec une inclinaison de 30°. Le tumulus de Ty-Ru
(rouLe de Plabennec à Brest) est détruit. Celui de P en­
quer existe encore. M. le Président rappelle qu'il en a vu
autrefois la fosse soigneusement parementée et la dalle
au niveau du sol, .avec un tumulus de 4

50. Le grand
. dolmen de Brennilis, l'un des plus beaux du pays avec

son enceinte soutenue par des blocs plantés dans le sol
et sa table de 40 tonnes, a certainement été construit à
l'air libre. Malgré cette évidence, on ne l'a pas encore
dégagé du pseudo-tumulus moderne qui le recouvre
depuis 1853. Propriété de la Société archéologique depuis
1881 , il devrait être rétabli dans son aspect primitif.
M. le Président rapporte que les fouilles d'Assouan
(Haute-Egypte) ont mis à jour un obélisque de 46 mètres.
M. Waq1œt signale deux ouvrages très documentés
d'histoire locale: une Notice sur la lJaroisse de Plou­
gonven de M. Le Guennec, couronnée au dernier Con­
grès de l'Union régionaliste bretonne, et L'histoire du
Collège de Lesneven par M. Corgne.
M. Le Carg~~et donne lectu re de son mémoire sur
L'occttpation néolithique dans le Cap Sizun qui paraîtra
dans le bulletin.
Le commandant Bénard rés ume les importants résul­
tats de ses nouvelles fouilles à St-Urnel et à Roz-an­
Tremen. Cette dernière nécropole lui a livré notamment

43 vases fun éraires, de grandes dim ensions et de. Lrès
belle forme, dont il présente les photographies. Les des­ sins de quatre d'entre eux, par M. le Chanoine Abgrall,
sont exposés dans la salle des séances.
Le commandant Bénard remércie M. Le Carguet du
don si généreux qu'il vient de faire au Musée de Pen­
XLII
trente années d'études et de recherches. Selon la demande
du donateur, elle sera présentée avec toutes les références
et indications recueillies par lui, dans une section spéciale ·
aux cantons de Pont-Croix, Plogastel et Pont-l'Abbé.
M. le Président exprime à M. Le Carguet la vive
reconnaissance de la Société archéologique.
M. Waquet présente pour être insérées prochaine­
ment dans le bulletin différentes pièces transcrites aux
archi ves d'Ille-et-Vilaine par M. Daniel Bernw"d. Elles
proviennent du fonds de l'Intendance et donnenL de
curieux renseignements sur la vie quimpéroise au der­
nier siècle de la monarchie.
La séance est levée à 4 heures.
Le Secrétaire,
M. BABLET.

Publications reçues:

Le Président,
Chanoine ABGRALL .
A nnales de Bretagne, 1922, n° 2.
Bullelin du Comité des travaux historiques et scienti­
fiques. Congrès des Sociétés savantes à Strasbourg. 1920.
Bulletin philologique et historique du Comité des ·
Tmvaux histcriques. 1920.
Bulletin de la Société des A ntiquaires de [' Ouest, 4'
trimestre de 1921 et 1

de 1922,
Bulletin de la Société d'ar'chéologie et de la statistique
de la D1'6me, juillet 1922.
Réveil breton, octobre-novembre-décembre 1922.
Revue de Saintonge et d'Aunis, 3' livraison de 1922.
Union agricole, juillet-aoûL-septembre-octobre 1922.

XLIII
CIIRONI Q U E
Le syndicat d'initiative de Quimperlé et de sa région édite
un Guide du Touriste qui, par la place assez large donnée aux
renseignements historiques, a droit à l'estime des archéolo­ gues. On y voit même une image, malheureusement un peu
trouble, qui reproduit une photographie de l'ancienne église
Sainte-Croix avant la regrettable catastrophe de 1862. Il faut
relever comme fausse l'attribution à Quimperlé d'un prési­
dial : c'est là trop promouvoir en dignité la simple séné­
chaussée, laquelle répondait grosso modo à l'actuel tribunal
de Fe instance et ressortissait au présidial de Vannes. Les
vrais touristes, c'est-à-dire ceux qui se servent de leurs jam­
bes, apprécieront beaucoup le plan très clair de la forèt de
Carnoët et les -notes relatives aux jolies excursions à faiTe
dans" l'Arcadie de la B asse-Bretagne".

Le Folgoat est, après Sainte-Anne d'Auray, le plus impor­
tant centre de pélerinage dans la Bretagne. Jusqu'à présent
cependant il n'avait jamais donné lieu à une monographie
de caractère général. M. l'abbé Guillermit s'est appliqué à
combler cette lacune, dans un livre de 125 pages imprimé à
Morlaix par la maison Lajat. Le plan de l'ouvrage est logi­
quement conçu : une première partie, la plus longue et
qu'on s'ètonne de voir dépourvue de titre se rapporte à
l'histoire du pélerinage ; une seconde contient la description
de l'église. Il y avait là de quoi faire un excellent livre; M.
Guillermit. qui est cerLainement à même de le faire, ne l'a
pas fait Ce qu'il nous donne ne manque pas d'intérêt, mais
XLIV
sées les recherches si consciencieuses et si approfondies de
Lucien Lécureux, non seulement sur les origines de la tra­ dition miraculeuse, mais encore sur les caractéres architec­
toniques de l'édifice. M. Abgrall n'ayant pu traiter du Folgoat
que trés sommairement clans son Livre d'Or, M. Guillermit

s'est donc l'abattu sur l'étude à peu près sans valeur du
marquis de CoëtlogOIl. Aussi toute la partie archéologique
est-elle à reprendre de fond en comble. Les chapitres plus
étroitement historiques sont beauGoup meilleurs, du moins
pour tout ce qui concerne les XVIIe, XVIIIe et XIX

siècles; ils
donnent une idée de ce que sera' la seconde édition : nous
l'attendons, largement revue et corrigée.

Dans la collection des publications du comité cl'histoire
économiq ue de la Révolution dans l'Ille-et-Vilaine, M. Henri
Sée analyse le mémoire écrit en 1733 par l'in tendant Des Gal­ lois de La Tour sur l'état de la Bretagne à cette époque. Ce
niémoire contient un grand nombre de renseignements qui
se rapportent à la région du Finistère. Successivement sont
étudiés, d'abord les" manufactures ", c'est-à-dire l'indus­
trie, puis le commerce maritime. La principale industrie
était celle des toiles, pratiquée surtout dans les pays de
Morlaix, de Landerneau, de Lesneven, et de Locronan.
Auprès de Morlaix, on note aussi une cinquantaine de petites
papeteries, occupant 300 personnes, à Pleyber-Christ eL dans
les paroisses voisines. Les tanneries occupent en tout envi­
ron 400 personnes dans les subdélégations de Saint-Pol (à
Guimiliau), de Brest, de Landivisiau (à Lampaul), de Quim­
per, de Quimperlé; celles de Quimperlé sont les plus consi­
clérables : on y trouve 250 ouvriers et ouvrières gagnan t 10
sous par jour, mais la concurrence de La Rochelle commence
à leur nuire sérieusement. La manufacture de tabac de Mor­
laix, occupant plus de 1.000 personnes, et le " moulin à pou­
dre " du Pont-de-Buis sont des établissements d'Etat.
En somme la fabrication de la toile était, dans le Léon et

XLV
la Cornouaille comme dans le reste de la Bretagne, la princi­
pale industrie, mais elle fiorissait presque exclusivement
à la campagne. Les produits étaient concentrés entre les

mains des gros tisserands ou fabricants des bourgs, puis
c'étaient les marchands des villes qui en tiraient le plus gros
bénéfice. Nulle maîtrise nijurande: les règlements étaient mal
observés et cette négligence semblait à l'intendant, avec la
concurrence étrangère, la plus importante cause d'une déca­
dence qu'il constataiL partout. Cependant, vers i 735, cette déca­
dence s'arrêta un peu et, vingt ans après, Pinezon du Sel
des Monts pouvait encoré écrire La « BreLagne est une
espèce de manufacture continuelle de Loiles ». D'autre part,
MM. Bourdais et Durand ont montré (1) dans quelle mesure

les conditions du travail et du commerce des L oiles avaient
pu contribuer à l'évolution politique et sociale de la Breta­
gne; tandis que les tisserands, atteints par les crises de
chômage, grossissaient les bandes chouannes Oll suivaienL
les fauteurs d'émeutes, les trafiquants, enrichis par le négoce
et jaloux .des .puissances établies, se montrèrent presque
tous ardents révolutionnaires et achetèrent avec entrain les
biens nationaux.
Pour ce qui e!"t du commerce maritime, le mémoire de
l'intendant de La Tour montre qu'à part Nantes, les ports
bretons ont beaucoup perdu. Morlaix le troisiéme de la pro-

·vince, ne commerce plus guère qu'avec l'Espagne, le Portu-
gal et les Antilles françaises, pays qui lui demandent des
toiles. Quant au port de Roscoff, il est complètement ruiné.
De Quimper, Quimperlé, Châteaulin, Audierne, on n'exporte
que des froments et des seigles, principalement à Bordeaux:
au retour les bateaux apportent des vins.
Bien que les auteurs de la plupart des monographies
locales ne semblent pas s'en douter, il exi~Le déjà plusieurs
bonnes études sur l'histoire économique de la Bretagne. Ce

(i) L'industrie et le commerce de la toile, dans le tome VII des Etu­
des et documents divers publiés par le Comité des travaux historiques
XLVI

mémoire de 1\1. de La Tour constitue, comme l'écrit avec
raison 1\1. Sée, un appoint intéressant dont les données
devront être comparées avec celle que fournissent les archi­
ves.

La brochure de M. l'abbé Rolland sur La Chapelle de
Notre-Dame de Confort en Meilars (1) a été surtout composée
en vue de l'édification des fidèles. Elle n'en constitue pas
moins une sérieuse contribution à l'histoire du pays de
Pont-Croix à cause des renseignements qu'elle fournit sur
le monument lui-même et sur la dévotion dont il est le cen­ tre. La cbapelle paraît avoir été commencée plus tôt que
ne le dit M. Rolland, au moins vers 1510, par la façade ouest.
Le cheveL à trois pans et pignons, daté de 1528, est un des
plus anciens cheveLs de ce type, lequel fuL ensuite en très
grande vogue jusque vers 1680. Le plus ancien pourrait bien
être celui de Notre-Dame de Roscudol1 à Pont-Croix, mais il
ne serait certainement pas de beaucoup anLérieur à celui de
Confort. L'une et l'autre constructions sont évidemment
dùes à la piété généreuse des seigneurs de Rosmadec.

Séance du 30 Novembre 1922

Présidence de M. le chanoine ABGRALL 1 président

Le procès-verbal de la dernière séance esL lu et adopté
sans observation.
M. le commandant Devoit- s'est fait excuser .
. Sont admis dans la Société: M.le marquis de Brémond

d'Ars Migré, présenté par Mme la marquise de B?"émond
d'A rs et M. le chanoine A bgrall ; M. le général Mau­
rier, présenté par M~e Pavillon et M. le colonel Dizot ; -
Mme Paul Béziers, de Douarnenez, présentée par Mme
Pavillon eL M. Delécluze; M. Attilius Lucas, avoué:..
licencié à Quimper, présenté par MM. du Feigna de
Kerantorét et Waquet ; M. de La Ménardière, avo­
cat à Brest, présenté par MM. Masseron et Le Goaziou;

- MIle Herland, artiste-peintre, présentée par Mlle Bablet

et M. Plateau; M. Mocaër, architecte à Brest, présenté
par MM. les commandants Devoi?" et Morel; M. Bloch
père, de Quimper, pl~ésenté par M. le chanoine Abgrall

et Milo Le Bastard.
M. le Pr'ésident, souhaitant la bienvenue aux nouveaux
inscrits, évoque le souvenir de M. le marquis de Brémond
d'Ars, dont le petit-fils continuera dans la Société les
traditions qui honorent la famille. M. de Brémond d'Ars,
mort le 9 mars 1911, avait collaboré ?ou Bulletin. M embre
du Conseil général, il ne manquait jamais d'intervenir
quand l'occasion s'en présentait, en faveur des études et
XLVIII
recherches archéologiques. Tous ceux qui l'ont connu se
réjouiront de retrouver son nom dans la liste des membres
de la Société.
M.le P1"ésident présente une clef en bronze d'apparence
romaine, trouvée à CoaLsabiec en Bodilis, et un écusson
en Kersanton, portant en relief les armes de BreLagne.
Cet écusson, provenant des substrucLions de la Motte­ Tanguy à Brest, a 'éLé offert à la Société par Mme Barillet.
Les journaux avaient annoncé que la chapelle dite
de Marie-Stuart à Roscoff, avait été en partie démolie
par un raz de marée. Il n'en est rien, fort heureusement;
ceLle vieille chapelle n'a nullement souffert des dernières
tempêL és qui ont seulement causé l'éboulemenL du mur

V01SIll.
M Waquet communique une lettre de M. Nouvel de
La Flèche. signalant l'intérêL de la petite construction dite
Ermitage Saint - Hervé, dans l'espoir d'en obtenir le
classement. Cet édifice, propriété de M. le sénateur For'tin.
se trouve à la limiLe des communes de Tréouergat, Lanri­
voaré et Plourin. Notrf~ confrère M. Rolland, recteur du

Bourg-Blanc, sera sollicité de nous fournir une notice sur
- cel ermitage peu connu.
M. Waquet présente une brochure illustrée, œuvre de
M. le chanoine Abgrall. Cette brochUi"e est la réédition
d'une étude sur l'église, le porche, le calvaire et le bapLis­
tère de Guimiliau. Il lit ensuite quelques passages de
l'ouvrage de M. Corgne li Histoire du collège de Lesne­
ven )l, notamment du chapitre consacré à Francisque
Sarcey, i. régent)l à Lesneven en 1 852.
Lecture est donn ée d'un curieux document communiqué
parM. Daniel Bernard, relatif au fameux centenaire Jean
Causeur, décédé à Saint-Mathieu (Le Conquet), le 10
juillet 1775, à l'àge de 130 ans environ.
M. le Président résume une lettre du commandant

XLIX
Devoir au Président du Touring-Club à propos du menhir

de Brignogan. Evoquant les origines de la roche-mère,

témoin de tant d'àges disparus, le co mmandant Devoir
montre que sa destruction esL une perle irréparable pour
la scie r::ce et pour l'art.
M. Waquet expose en ses grandes lignes le programme

de la semaine touristique du Finistère. Cette manifesta-
tion, prévue pour la fin de mai, a pour O bjEt de faire
admirer les curiosités d'art en même temps que les
beautés naturelles de notre département et, à ce titre,
elle intéresse directement la Société archéologique.
M. le P?'ésident entretient l'assemblée du vol d'une
statue ancienne commis sur la façade dl) l'ancienne église
de Quimerc'h par un touriste aidé de deux habita nts du
pays. Ce fait n'est malheureusement pas isolé et il serait
désirable qu'une surveillance plus active fût exercée par
les autorités locales sur le mobilier souvent précieux de
nos églises . -
M. Waquet rappelle que l'église en question est celle
du bourg qui fut abandonnée sur l'initiative du maire
lors du transfert de l'agglomération communale à 2 kilo­ mètres de là auprès de la sta tion du chemin de fer.
M. Ja1 'no présente une hache néolithique en diorite
d'une belle paline pesant l kg. 500 et découverte par M, le
marquis de La Ferronays à la ferme de Kernévez, près
Trévarez. La co mmune de Sainl-Goazec toute entière est
très riche en monuments mégalithiques eL cette arme
provient sans doute d'un tumulus oublié.
La séance est levée à 4 heures.
Le Secrétaire, Le Président,

L. OGES, Chanoine ABGRALL,

Publications reçues :

Bulletin de la Société des AnUquaires de l'Ouest, 2"
trimestre de 1922.
Bulletin de la Société d'Études scientifiques d'A nge'i's,
1921.

Bulletin de la Société d'A rchéologie et de statistique
de la Dr6me. octobre 1922.
Bulletins et Mémoires de la Société archéologique de
la Charente, 1921.
Revue Mabillon, octobre 1922 . .
Suomen Muinais Mu.istoyhdistyksen Aikakauskirja,
XXIX et XXXIII. . .
Uni&n agricole, novembre 1922.

BIBLIOGRAPHIE

EMgène CORGNE, Histoire da collège de Lesneven (1833-1914).
Brest, imprimerie du (( Courrier du Finistère )l, 1922, in-8°
de XIII, 156 pages.

Le collège de Lesneven était à coup sûr un des plus origi-
naux de France. Ratlachés à l'Université, payés par elle, soumis
à ses inspecteurs, les professeurs, pour près de la moitié, y
portaient la soutane sans effarer personne et y donnaient,
sous le principalat d'un . prêtre, un enseignement dont l'esprit
s'accordait généralement à celui des familles léonardes.
Succédant à un pensionnat installé le 1" mars 1833 dans
l'ancien cou vent des Récollets par un ancien principal du
collège de · Quimper, l'abbé ROlldaut, ce collège avait été

inauguré le 6 mai 1835. Pour des raisons qu'il n'importe pas
d'exposer ici, il disparut après la distrillution des prix du
13 juillet 1914. Il occupait alors, pour le chiffre des élèves,
le douzième rang sur la liste des 230 collèges de France et
d'Algérie.
Cette carrière de 79 ans méritait bien d'être retracée. Elle
l'est, et de la meilleure façon, dans le volume de M. Eugène
. Corgne. Celui-ci, aujourd'hui professeur au lycée de Pon-

tivy. a fait ses études secondaires à Lesneven et il y enseignait
.en 191{'. Aussi son livre n'est-il pas écrit seulement avec
une curiosité zélée, attentive, laborieuse; une pensée d'affec­
tion et de reconnaissance anime sa plume et pénètre toute sa
rédaction. Cette histoire, qui est comme une défense, n'en
est pas moins sereine et calme. M. Corgne aime son vieux
collège, et c'est très à l'honneur du collège comme de lui,
mais, sans dissimuler son sentiment, il n'attaque personne et
c'est pourquoi nous pouvons dire qu'il est impartial.
Il est aussi, n'ignorant pas un autre essentiel devoir de
l'historien, très bien informé; en d'autres termes, il a été à
beaucoup de sources et aux plus riches: archives du collège
lui-même, du département, de la ville, de l'évêché et même,
de quoi il est digne de louange, archives nationales.
Grâce à une si ample documentation, il a pu écrire,
sur un sujet que certains trouveraient mince, 155 pages
d'impression serrée où il y a beaucoup de faits et qui se lisent
presque toutes agréablement. Comme on voudrait les résu-

mer! Mais un tel récit vaut surtout par les détails, d'où
seulement s'éveille la sensation de la vie. Un collège peuplé
comme celui-là, dans une toute petite yille, c'est une institu­
tion considérable et en raconter l'histoire, c'est raconter un
peu celle de la ville. Ce petit livre ne doit pas être résumé;
il doit être lu. 11 intéressera beaucoup de monde.
Et non pas seulement à Lesneven, dans le Léon, dans le
LII

de 1853,bien malgré lui,un jeune {( régent» d'allure inattendne
et qui devait un jour conquérir la demie gloire comme cri­
tique dramatique. Il s'appelait Francisque Sarcey; en une
période de terreur un ministre incommode l'expédiait dans
ce (( trou 1) de Basse-Bretagne pour y méditer sur les incon­
vénients qu'il y avait à ne pas partager l'aversion des
pontifes universitaires pour les barbes opulentes . Sarcey était
alors passablement voltairien, mais, dans son saint Voltaire,

il révérait plus l'esprit incomparablement agile qu'il n'écoutait
le fanatisme aveugle des mauvais jours. Tant de noir autour
de lui ne lui fit pas voir rouge; laissé parfaitement libre, il
entretint avec ses collègues les plu s cordiales relations. Uoe
fois venu le terme fixé pour le séjour qui lui avait été imposé
en manière de pénitence, il écrivit au ministre, demandant à
rester encore un an à Lesneven, une lettre aussi polie que
sincère et que l'étonnement, non moins sincère, des bureaux
regarda comme une impertinence. On l'expédia à Rodez où
il regretta (( les, énormes saladiers de fraises 1) de Roscoff, les
longues lectures d'Homère dans le jardin de curé du prin­
cipal' l'indulgence tranquille de la douzaine de bons prêtres
qui n'avaient jamais fait violence à sa pensée. ( Je n'ai trouvé
que chez vous, disait-il, la liberté et la tolérance».
Seulement, en 1914, tous les voltairiens ne pensaient
comme Sarcey et, depuis quinze ans, Sarcey était mort.

pas
Louis LE GUENNEC, Notice sur la commune de Plnugonven
(Finistère) . Morlaix, édi tions de Mouez ar Vro, petit in-8

288 pages.

M. Le Guennec, après oous avoir jadis, avec une érudition
précise et un très juste sens des choses · du paEsé, promenés
LIII
Plouézoch, de Garlan, a voulu tracer un tableau complet
dans la mesure, toujours restreinte, où l'entreprise est
possible de la vie d'autrefois dans une grosse paroisse du
petit pays qui lui est très cher et qu'il connaît mieux
qu'homme au monde. Il a choisi Plougonven: c'est la plus

vaste commune non seulement du Trégor finistérien, mais
encore de tout l'arrondissement de Morlaix; c'est aussi l'une
des pl us riches en souvenirs.
Il n'a laissé de côté aucun de ces souvenirs et il les a
évoqués en suivant toujours de très près les textes. Comme
il n'ignore pas l'histoire générale de la France et de la
Bretagne, il n'est jamais victime de ces étonnements naïfs
qui inclinent certains auteurs de monographies à des exagé­
rations, parfois à des erreurs. Le cas échéant. il explique ce

qu'étaient les institutions et les coutumes de l'ancienne
société; et, certes, il ne faudrait pas abuser de cette méthode,
car on s'exposer.ait à répéter invariablement la même chose
dans toutes les études de communes et paroisses, mais M. Le
Guennec n'avait pas à craindre le rabâchage. Le général de
la paroisse, le droit de chasse, la corvée, bien des gens croien t
pouvoir en parler pour qui. en réalité, malgré les beaux
travaux d'Ant. Dupuy et de M. Sée, ce sont là encore mots
très vagues, à peu près vides de sens. M. Le Guennec sait
fort bien les expliquer; à cet égard son livre sera comme un
petit manuel de ce qu'il importe de savoir en fait d'institutions
administratives et féodales quand on veut traiter de l'histoire
d'une commune.
Il va de soi que le principal attrait de ce livre réside tout
de même dans ce qui concerne Plougonven en particulier.
D'abord, en vingt chapitres, les faits sont exposés dans l'ordre
chronologique; le vingt-et-unième est consacré à l'église, au
calvaire' et aux diverses œuvres d'art; les huit derniers sont
réservés aux familles ainsi qu'aux chapelles fondées et aux
manoirs habités par elles. Ce plan n'est pas sans inconvénient:

LIV
il entraîne des répétitions ou, ce qui est aussi regrettable. la
dispE>rsion de faits qui devraient se présenter ensemble; mais
une table analytique des matières permet heureusement de
s'y reconnaître. On oublie sans peine la défectuosité du plan
pour apprécier la clarté de la rédaction: ceci compense cela.
A la page 41 se lit le texte, très curieux, du devis dressé en
151 l, par l'architecte Philippe Beaumanoir, pour la réfection
de la plus grande partie de l'église, laquelle _ est peut-être
celle de toute la Basse- Bretagne dont tou tes les étapes de
construction sont le plus exactement datées. M. Le Guennec,
qui a découvert ce devis au presbytère de Plougonven, a
sagement fait de le publier, car il n'en subsiste que très peu
de ce genre.
Ceci n'est qu'un exemple, cueilli presque au hasard, de ce

que la Notice, au titre vraimen t trop modeste, apporte d'inté-
ressant à tous les archéologues en même temps qu'aux gens
du pays. C'est un livre bien fait; s'il n'y manquait des
gravures, ce serait un livre excellent.

Séance du 28 D écem bre 1922

Présidence de M. le chanoine ABGRALL, président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté
sans observations.
M. le Dr Lagritfe s'est fait excuser.
Sont reçus dans la Société: M. Edouard Champion,
libraire à Paris, présenté par MM . Le Goaziou' et
Waquet; M. Nayel, censeur au Lycée La Tour d'Au­
vergne, à Quimper, présenlé par Wle Bablet et M. Waquel;
M. le . Dr _ Darney, de Douarnenez, présenté par
MM. Béléguic et le Dr Lagritfe; Mme Parc-Chancerelle,
de BresL, présenlée par MM. Delourmel et Le Guennec ;
- M. Jean Pilorgé, de Quimperlé, présenté par MM. le
colonel Rouclière et Le Bourhis.
M. le Président lit une lettre de M. le }Jr'é{et deman­
dant aux membres de la Société archéologique de lui
signaler, le plus rapidement pos~ible, les Obj6ls d'art qui
viendraient à disparaitre de nos églises ou chapelles .
Lecture est également donnée de la bell e et opporLune
circulai re adressée récemment par M. le Préfet a MM .
les Maires du département pour leur indiquer les mesures
à prendre en vue d'éviter les déprédations regrettables de
nos monuments historiques et la disparition de nos
richesses artistiques. Cette excellente circulaire a déjà
produit un heureux résultat: la statue de pierre dérobée
dans l'ancienne église de Quimerc'h a été restituée. D'au-

LVI
lre part la municipalité de Scrignac a décidé de r errwttre
au musée départemental d'archéologie les statues de
l'église abandonnée de Coatquéau .
M. le commandant Bénard insistant sur la difficulté
d'exercer une surveillance efficace des objets d'art placés
dans les chapelles de campagne, M. Cm'mier préconise un
moyen qui obvierait au manque de survemance : ce serait
de sce ller sur leur socle les slatues faciles à déplacer.
Celle opération ne nuirait nullement à l'esthétique, et
l'enlèvement des statues serait ainsi rendu plus difficile.
M. Char bonniet· annonce que le cloître des Augustins
de Carhaix, appartenant à un particulier, doit être pro­
chainement vendu et démoli pour être transporté a u
domicile de l'acheteur.
M"e Bablet informe la Société que les deux vieilles
maisons à façade Renaissance , situées rue Saint-François
à Quimper, sont menacées de démolition. De l'échange
de vues qui s'engage à ce propos il résulte malheureu­
sement que celte démolition ne pourrait être empêchée
que par le moyen d'une expropriation, à laquelle on ne
saurait songer.
M",e la comtesse de Brémond d'A r s fait don à la
bibliothèque de la Société d'un e plaquette, œuvre de feu
M. le marquis de Brémond d'Ars, et traitant de l'ensei­
gnement de la langue celtique.
M. le Chanoine Abgl"all iit la première partie de son
mémoire sur la distribution géographique des établisse­ men ts gallo-romains dans le Finistère.
A yant l'ouverture du scrutin annuel pour le renouvel­
lement du bu reau, M. le Chanoine Abgrall lit une lettre
par laquelle M. le Dr Picquenar d exprime son désir
de n'être pas candidat à la vice-présidence. Puis il fait
savoir que, en ce qui le concerne, l'état de sa santé et les
LVII
mer la charge de la Présidence. Réélu néanmoins par un
vote unanime, il déclare ne pouvoir revenir sur sa déci­
sion et demande à la Société de procéder à l'élection d'un
autre présiden t.
La majorite des suffrages (16 voix contre 8 à M. Cor­
mier et 2 à M. Abgrall) désigne M. Waquet, qui accepte .

En prenant possession de ses fonctions, il remercie ses
confrères de leur confiance et expose la conception qu'il

se fait de sa tâche. Pour l'accomplir, il compte s'inspirer
du souvenir des anciens présidents, cerlain d'ailleurs de
trouver toujours en M. le Chanoine A bgrall, un guide
bienveillant, un conseiller tout dévoué aux intérêts et à
la prospérité de la Société archéologique. Sur sa propo­
sition, M. A bgraU est él u par acclamation président
d'honneur à la place laissée vacante il y a quatre ans par
la mort de M. de Villiers du Terrage.
Au scrutin pour l'élection des vices-présidents sont
élus MM. Cormie?", Le Carguet, le Dr Lagritfe e l, le
commandant Devoir.
M. le commandant Devoir se désistant est remplacé
par M. le commandant Bénard.
Mlle Bablet, MM. Ogès et Le Dault sont nommés secré­
taires ; M. Le Guennec accepte de rester trésorier.
La séance est levée à 4 heures 1/ 4.
Le Secrétaire,
L. OGÈS.
Le Président,

LVIII
A nnexe au Procès-verbal
DÉCOUVERTE D'UNE HACHE EN PIERRE POLIE

EN SAINT-GOAZEC
Dans le courant d'octobre dernier, en visitantsa ferme de
Kernévez, vaste exploiLalion moderne située sur un plateau
au-dessous du château de Trévarez en Saint-Goazec, M. de
La Ferronnays remarqua sur des décombres provenant de

la cour une belle pierre polie en forme de coin.
n la recueillit et, constatant que c'était une arme de

l'époque prébistorique, il a bien voulu me la confier pour
vous la présen ler et la soumettre à votre examen.
Elle est en diorite, d'une jolie patine, mesure 25 à 26 cen­
Lim èlres de long et pèse plus de 1 kilog. 560 gr. Le tran-

chanl porle la Lrace d'un éclal anCie11 et la pointe a subi un
écorncment récent qui permet de constater sur la periphé­
rie les effeLs du temps et des agen Ls atmosphériques.
Mais commen t expliquer en cel endroit la présence de
ce Lle arme? Les fermiers acLuels, nouvellement venus et
éLrangers à la commune, n'ont pu me donner aucune indi­
calion utile, mais un ancien, ayant vu faire la cour et
m'ayanL dit que, le sol en étant inégal, on l'avait aplani et
empierré avec des malériaux pris dans les champs voisins,
il ya lieu de croire que celLe hache en provient et devait
se trouver clans quelque tumulus dont on n'a pas gardé le

sou venll'.
A remarquer que cette commune de Saint-Goazec est très
riche en monuments mégalithiques qui, je l'espère, ne tar­
del'on t pas à être classés; je citerai seulement les aligne­
menLs de Tl'imen et de Croas-an-Teurec, mais d'autres
encore SOll t dignes d'atten tion.
A. JAR.NO.

LIX
LA PRÉSERVATION DES ŒUVRES D'ART

CONSERVÉES DANS LES CHAPELLES RURALES
(Circulair e pl'é{ectorale du 30 n9vembr e 1922)
LE PRÉFET DU FINISTÈRE
à Messieurs les Maires du Departement
J'ai été informé qu'une statue en pierre du XVI" siècle,
décorant le portail d'une ancienne chapelle, avait èté récem­
ment volée, dans une commune du département. Ce vol, qui
a suscité la plus vive émotion dans la région, aurait été
commis par des automobilistes. Une plainte a été déposée
aussitôt au Parquet, par le Maire de la commune intéressée,
mais il est malheureusement à craindre qu'en raison des
circonstances du vol et de l'incertitude des témoignages,
l'information ou verte ne soit longue et difficile.
Des renseignements qui me parviennent, il résulLe que,
depuis quelque L emps, des vols de même naLure auraient été
signalés sur divers points du Finistère et des départements
limitrophes : des sculptures sur bois de toute beau L é,
not.amment, auraient éte détachées de magnifiques retables
et emportées. On pourrait donc en conclure que tous ces
faits ne résulteraient pas d'initiatives criminelles isolées.
Il n'est pOint besoin de souligner combien de telles dépré­
dations sont regrettables et combien il est essentiel d'en
prévenir le retour, en préservant de toute atteinle ces
. œuvres d'un art si original et si sincère, qui charment par

leur naïveté même, et constituent une des parures incompa-
rables de notre cbère terre de Bretagne. Elles sont, pourrait­
on dire, de véritables souvenirs de famille, parce que nos
ancêtres, artistes el artisans, y ont fait passer quelque chose
de leur esprit et de leur cœur. Pour nous tous, leur ensemble
représente un héritage précieux sur lequel il convient de
veiller jalousement, un patrimoine de beauté qu'il importe

C'est pourquoi, Monsieur le Maire, je crois devoir porter à
votre connaissance le vol qui vient de se produire, dans des
conditions particulièrement audacieuses, en vue de vous
mettre spécialement en garde, d'appeler votre plus vigilante
atL ention sur la nécessité impérieuse de prévenir et d'em­ pêcher, à l'avenir. le r enouvellement de semblables méfaits
et, aussi,' afin de vous demander de prendre, le cas échéant
toutes mesures utiles, en vue d'en rechercher et d'en
signaler les auteurs.
A cel effet, vous aurez évidemment à tenir compte, tout
d'abord, des circonstances locales particulières, dont vous
êtes le meilleur ,juge, et qui peuvent varier de commune à
commune. Il vous appartiendrait, notamment, d'envisager,
s'il y a lieu, la désignation d'un gardien, détenteur respon­
sable des clefs de l'édifice où se trouvent conservées les
œuvres d'art dont la sauvegarde nous préoccupe. Vous
pourriez. d'autre part, si la surveillance vous en paraissait
absolument impossible sur place, éludier l'éventualité de les
faire LransporLer, d'accord avec vo Lre Conseil municipal, et
au cas où aucnne considération spéciale n'y fe rait obstacle,
dans un local sûr, où elles seraient abritées et admirées du
public. Entrant, par avance dan s ces vues, une assemblée
municipale vient, précisément, de décider le transfert au
Musée dépar temental de Quimper, de statues anciennes,
qu'il paraissait extrêmement difficile de maintenir, sans
danger, dans leur cadre primitif.
Ce ne sont là que des exemples. VoLre amour de notre
commune peLiLe Patrie, vo Lre atLachement à son patrimoine
artistique, seront, à n'en pas douler, vos guides les plus
sûrs dans la voie où je vous demande de vous engager. Ce
qui importe, c'est que vos administrés, prévenus par vos

soins, puissent vous aider à atteindre le but r echerché, et que,
mis en éveil, dès maintenant, ils soient prêts à vous indiquer,
sans délai, tout fait anormal qui viendrait à leur connais­ sance, nolant au besoin les numéros des automobiles et les

signalements des déprédateurs, afin de vous permettre d'en
LXI
Je sais que cette fois encore, Monsieur le Maire, je ne fais
pas vainement appel à votre dévouement et à votre patrio­
tisme. Je demeure persuadé que, pénétré de la nécessité
urgente des mesures à prendre, vous saurez trouver les
moyens les meilleurs et les plus sûrs de préserver de toute
atteinte et de toute mutilation ces richesses artistiques qui
constituent une des beautés de la France et qui, dans le
cadre incomparable de notre cher pays, sont pour nous un
si légitime sujet d'admiration et de fierté.
Le Préfet,
J. DESMARS.
LA HALLE ET L'AUDITOIRE DE LANMEUR
Le premier janvier 1616, la halle de Lanmeur au-dessus de
laquelle était situé l'auditoire de la juridiction royale, s'abat­
tit « par les efforts et l'impétuosité du vent et de l'orage » .
« La dite ruine consistant en quantité de pierres, de bois
pourris et quelque peu d'ardoises, fut vendue pour 36 livres,
cinq sous au sieur Henry Bihan ) ).
Les officiers de la juridiction durent, par la suite, tenir
leurs audiences dans la chapelle de Saint-David (1), en
Lanmeur (2).
En 1696, dans une supplique à l'intendanL de Bretagne, les
habitants de Lanmeur disaien t : « Ce bourg n'est qu'une
petile chastelenye royale, la moindre de la province et dùnt
les habitans ne sont composés que d'un sénéchal qui seul
y réside de tous les officiers royaux de la dUe cbastelenye,
(1) Cette chapelle n'est citée ni par M. de Bergevin dans sa Monogra­
phie de Lanmeur (Bulletin de la Société archéologique 1903), ni par M.
Peyron dans ses Notices sur les chapelles et églises du Finistère (Ibidem
1912).
LXII
de cinq procureurs et d'un seul avocat de la cour, de deux
sergents royaux,de deux no Laires royaux etde trois hostesses .
. Le surplus des dits habitans n'estans que journaliers comme
couvreurs, maçons eL laboureurs de terre. Le dict bourg

quoyque quallifié de ville royalle, n'ayanL aucun denier
d'octroy, ny halle, ni marchés, esloigné de la mer et de fieu-

ves portant basteaux, sans aucun commerce, ny marchands
habitués, couvent de r eligieux ou religieuses et n'ayant dans
tout son circuit qu'une esglise quy est léglise du bourg et de
la parroisse dudicL Lanmeur qui consiste en quinze freryes
compris la tresfve de Locquirec, desquelles freryes celle
dudict bourg est l'une des moindres. De la petite juridiction
roya~le r elèvent en arrière-fief! quatres paroisses seulement.
Dans le dict bourg existent encore un four banal et une
prison» (1).
La Sénécbaussée de Lanmeur fut raLtachée au ressort de
Morlaix par un édit du mois d'avril 1755 (2).
DANIEL BERNARD .

(i) Arch. d'lll~-et-Vilaine, C. i82i.
(2) Il. Bourde de la Ragerie, Liste des juridictions exercées aux XVIIe
ARL
nu TOME XLIX

PREMIERE PARTIE
Table des procès-verbaux des délibérations
et de la chronique de la Société archéologique en 1922
LISTE GÉNÉRA.LE DES MEMBRES.. . . . . .
f:CHANGES OU· SERVICES GRATUITS. . . . .

SÉANCE D U 26 JANVIER . . . . . . . . .
Communication de M. Le Carguet sur le Gui du
Chêne. Les fouilles de M. le commandant
Bénard dans la presqu'île de Penmarc'h. Le
manuscrit en vers bretons de Jean Conan décou-

vert par M. L. Le Guennec.
CTIRONIQUE : Réapparition des revues Buhez-Breiz et
Le Réveil Breton. Remise aux Archives du
Finistère d'un lot de pièces concernant l'Histoire

de Carhaix . La Bibliothèque Miorcec de Ker-
danet. Napoléon en Bretagne. . . . . . . .
SÉANCE DU 23 FÉVRIER. . . . . . . . .
Nécrologie. Classement de divers objets mobiliers
parmi les monuments historiques.
BlBLIOGRAPHIE : Roger Grand, Mélanges
[agie bretonne, première série, compte
H. Waquet .. , ........ .
d'Archéo-
rendu par

PAGES

VII
134 -
PAGE
SÉANCE DU 30 MAHS . . . . . . . . . . XI
Nécrologie. Classements de monuments. Con-

férence de M. Waquet sur la Renaissance bretonne,
avec projections lumineuses .
ANNEXE: Dépôt de hachettes de bronze par A. Jarno.
SÉANCE DU 27 A VHIL. . . .
Nécrologie. Le retable de l'église de Mesnil-les-
Hurlus. Fouilles de la nécropole de Saint-Urne!.
CHRONIQUE : Liste de monuments classés .. ..
ANNEXE: Quelques documents sur Claude Le Coz.
par H. W. Une réhabilitation : Claude-Marie
Le Laé. par H. W. . . . . . . . . .. . . . .
SÉANCE DU 31 MAl. . . . . . . . . . .
Projet de remise du Musée de Penmarc'h à la Société.
- La forêt de Névet et le déboisement de la région.
- Nécrologie. Un procès à Landerneau en 1730.
CHHONIQUE : Les figuration s trouvées sur les méga-
lithes. Réapparition du Bulletin diocésain d'his-
XIV

XVII
XVIII
XXIII
toire el d'archéologie. . . . . . . . . . . " XXV
SÉANCE DU 29 J VIN . ......... XXVII
Nécrologie. Projet de manifestation en l'honneur
du peintre Lemordant. - Demande de classement
de monuments. Exhibition de photographies :
le menhir de Brignogan, la nécropole de Saint­
Urne!. Une monnaie d'or du roi de France
Jean Le Bon, trouvée à Quimper.
ANNEXE : Rapport de la Commission de comptabilité. XXX
SÉANCE DU 27 J U IT_LET . . . . . . . " XXXI
Informations diverses. L'excursion du 23 Juillet
au pays de Fouesnant. -- L'aqueduc romain de
Carhaix. La chaussée du Pont Crac'h .
ANNEXE: A propos du menhir de Brignogan, lettre
du commandant Devoir. .......... XXXIV
135 _.
SÉA;'lCE DU 26 OCTOBHE. .

Acquisition par la ville de Brest du château de
Penmarc'h en Saint-Frégant. Nécrologie.
Classement de maisons et monumen ts. Com­
munication de MM. les commandants Devoir et
Bénard sur la restauration des mégalithes et les
fouilles de Saint-Urnel. Don par M. Le Carguel
de ses collections au Musee de Pen marc'h.
CHRONIQUE: Publications diverses relatives à la Bre­
tagne au XVIIIe siècle, au Folgoat, à Quimperlé et
PAGES
XXXIX
à Confort. . . . . . . . . . . . . . . . .. XLIII
SÉANCE DU 30 NOVEMBRE. . . . . . . . XLVII
Présentation, par M. le Président, d'une clef en
bronze et d'un ecusson en kersanton. L'ermitage
de Saint-Hervé. La semaine touristique du
Finistère. Le vol d'une statue dans l'ancienne
église de Quimerc'h.

BIBLIOGEtAPIIIE: Eugène Corgne, His/oire du Collège
de Lesneven (1833-1914), compte rendu par H. W.
- Louis Le Guennec, Nolice sur la commune de
Plougonven, compte rendu par H. "VV. . . .
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE . . . . . . . .
Circulaire de M. le Préfet pour la prés. ervation des
objets d'art dans la campagne. . Elec lions pour
le renouvellement du bureau .
ANNEXE: Decouverte d'une hache en pierre polie en

Saint-Goazec, par A . Jarno. Texte de la circu-
laire relative aux œuvres d'art. La halle et
l'auditoire de Lanmeur, par Daniel Bernard . ..