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Bulletin SAF 1921


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Un prélat amateur des jardins, François de Coetlogon, évêque de Cornouaille (1668-1706)

H. Waquet

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1921 tome 48 - Pages 49 à 82
UN PB "T AIIATEUR ES JOINS
DE COETLOGON, ÉVÊQUE DE CORNOUAILLE
(1558-1706)
toutes les nombreuses demeures de plaisance
hlies sur les rives aimables de l'Odet, le château
Lnnniron n'est pas, :'t coup stlf, la plus grande
ln. plus fastueuse ; il en est, cc qu i vaut mieux,
plus vraim ent belle. Si F6difice n'a pas l'attrait
Hl.ôdeux d'un long âge, puisque, dan s sa forme
elle, il ne remonte qu'au déb ut du XIX· siècle,
rait goûter, à le regarder de la rivi ère, pour
(')U~gantes proportions et la simpli cite distin­
~'e, très classiqu e ct fl'an çaise, de ses lignes.
'ô sa petitesse, il a gra nd [lir.
Il.·(lU'à la Revolution, le domain e de Lanniron
l'tint aux l)Vôques, comtes de CO I'n ouaille. lis
possédaient, selon toute app arence, depuis le
IIpS ùes immigrations bretollnes. Au Moyen-ûge,
c'~vêques se plaisaiellt u sôjoul'n er en leur mai­
d (~s champs, autour ùe laqu ell e s'était consU­
l IlI1e des sept paroisses de Saint-Corentin . lis

l"Ppréciaient le calme et l'air pur, L'évêqu e Guil- .
IW , qui siégea' de 1193 à 1218, Y passa les der­
llli"'H mois de sa vie ct, sans doute, y momut (1).
fi) Il fonda son anniversaire par un acte passé (c aplld Lunlydroll,
1iI11! lIolrlini MO CCo X VlIIo )) (Carlulaire de l'église de Quimper pu bl ié

'~ I 1" dlanoine Peyron, p. 59 ). - Cf. un aulre acle de lui en faveur de

Èlle n'était pas seulement une résidence d'été:
Alain Morel s'y trouvait encore le 25 novembre
1300, vaquant aux soins ordinaires de l'adminis­
tration diocésaine (1). Après les tumultes de la
Ligu e, Charles du Liscoët et Guillaume Le Prestre
de Lézon net, ne pouvant s'installer en ville dans
le palais épiscopal alors en ruines, furent bien aise
de trouver à leur portée un « palais rural ». Pen- .
da nt plus de quarante ans il resta leur principal
domicile (2) . C'était alors un manoir du xv· siècle,
rebâti par les soins de Bertrand de Rosmadec, cet
actif prélat dont on retrouve le nom attaché à l'his­ toire de presque tous les monuments de Quimper
et dont Albert Le Grand écrivait avec raison qu'il
« fit plus de bien lui tout seul à son église que la
plupart de ses prédécesseurs ensemble » (3). Le

bâtiment du xv

siècle, un peu modifié au XVIII·
sous l'épiscopat de Mgr de Farcy, s ubsista jusque
vers 1820. Aymar de Blois assure qu'il consistait
en « une petite maison couronnée de deux tours
en encorbellement sur la façade d'entrée » (4).
Vendu comme bien national le 28 Juin 1791, pour
la somme de 33.000 livres, après une longue en­
chère de 18 feux, le domaine maison, terre et
dépendances ne devait plus revoir d'évêque.

(i) Cartulaire ... , p. 2H.
(2) Notices sur les paroisses... par MM. Peyron et AbgralI, t. lU,
p. 252-255.
(3) Catalogue des évêques de Cornouaille, p. H3· dans Les Vies des
Saints, édit. de i90i. .

(4,) Ogée, D ictionnaire de Bretagne, éd it. Marteville et Varin, i853,

Un certain Monsieur Mallin prit possession des
murs que Bertrand de Rosmadec avait édi­
fiés (1).
Si nous possédons quelques renseignements sur
l'aspect du manoir aux xv· et XVIe siecles, en re­
vanche, il ne nous est pas possible de nous faire
une idée de celui du parc. La partie réservée au
maître des lieux paraît avoir été assez restreinte
jusqu'à l'épiscopat de René du Louet (1642-1668),
lequel y annexa de petits jardins voisins (2). Fran­
çois de Coetlogon (1668-1706) agl'andit un peu l'en­
clos ainsi formé; il fit plus: il l'aménagea. Le pre­
mier, il songeaà se procurer un jardin tracé suivant
les meilleures règles du temps, un vaste jardin où.
tout fût prévu pour la commodité de la méditation
solitaire et pour l'agrément de la conversation
mondaine, en tout cas pour le plaisir des yeux .
Recourut-il aujardinier du Roi, à l'illustre Le N âtre ~
La tradition le prétend, tradition fragile: nous ne
trouvons nulle trace de ce fait dans les textes. Les
textes se réduisent, à vrai dire, au contenu d'une
mince plaquette de vers qui, à une date inconnue)
vers 1680, fut offerte à l'évêque par un poête nommé
Nicolas. de Bonnecamp. Mais, si le jardinier du
Roi avait, si peu que ce fût, travaillé pour Lanniron,
quelle belle chose, et dont un poête enthousiaste
n'eût pas manqué de faire mention! Or, on le
verra, l'enthousiasme de notre brave poète est
sans bornes.

(i) Archives du Finistère, Q i04" nO 7.

Le prélat qu'il célèbre, et qui, sans doute, l'en­
couragea dans ses prosodiques prouesses, était
fils d'un conseiller au Pal'1ement de Bretagne et
appartenait cl .une vi eille famille du diocèse de
Saint-Brieuc ; de trop subtils généalogistes du

xvm

siècle ne craignaient pas de faire sorHr les
Coetlogon des anciens comtes de Porhoët (1). Com­
ment François, tout jeune prêtre, vint-il à la Cour~
Nous n'en savons rien. Il s'y trouvait quand, au
m ois de novembre 1665, âgé seulem ent de trente­ quatre ans (2), il se vit, à la demande des Etats (3),
nommé coadjuteur de Monsi eur de Quimper et
reçut le titre d'évêque de Madaure. L'affaire
n'avait pas marché toute seule. Au début de l'année

la place était encore remplie et le titre porté par

François de Visdelou qui) bien qu e désigné depuis
le mois de janvier 1662 pour l'évêché de Léon,
restait à .Quimper. Le 2 avril 1665, le jeune abbé '

lui avait proposé une combinaison : puisqu'il
tenait son brevet d'évêqué, qu'il se fit enfin pour-

voir' en cour de Rome et qu'il voulût bien aider

l'abbé à obtenir la coadjutol'erie de Cornouaille.
En dédommagement des frais occasionnés par
l'expédition des bulles, et en considération de ses
services comme coadjuteur, il recevrait une
somme de 10.000 livres et le prieuré de Pregny
qu e l'abbé résig nerait en sa faveur. La combinai-
(1. ) La seigneurie de Coetlogon en Bretagne par le marquis de Carné­
Trecesson. Hennes, 1919. p. li.
(2) Il était né le 3 Juin 1.631 (Tresvaux, l'Eglise de Bretagne, p. 131).

son fut ag réée (1). C'est alors qu e les États de Breta­
gne eurent lieu d'intervenir; très probl ablement
ils ne le firent qu'à la so llicitation du candidat
lui-même.
Aussi bien ce candidat ne manquait pn.s de
mérites. L'érudit Guy Autret de ] 'l'1issil'ie n, son
contemporain, nous apprend qu'il a vait « prêché
avec applaudissement en présence de leurs Ma­ jestés et da ns les plus g rand'es audiences de
P aris » (2). Cette réputa tion de talent oratoire était
général e) car nous la trouvons affirm ée a ussi pa r
la Gazette de Robinet; à la date du 12 décembre
1665, elle annonce en effet qu e :

De Coetlogon, abbé d'élite
Par sa naissance et son mérite,
Habile au grand art de prêcher,
Qui sait ravir, qui sait toucher,
Et produire dedans la chaire
Tout ce qui peut au chrétien plaire,
Et dont même la jeune sœur
Chez la Reine est fille d'honneur
Très agréable et très chérie,
A la coadjutorerie .
D'un évêché passable assez
Fut nommé l'un des jours passés
(i) Guillotin de Carso n, Récits de Bretagne, 2· série, f892, p. 290.
L'auteur attribne la démarche au père de l'évêque. La lettre, est, en
réalité, du principal intéressé. Ulle copie notari ée en existe aux Arch ives
d'Ille-et-Vilaine, série E, fonds Piré, liasse 253 (renseignement commu-
niqué par M. Bourde de la Ragerie, archiviste).
(2 ) Catalo gue des évéques de Cornouaille, p. 151.' dans les Vi es des

, Par notre équitable monarque,
Ce qui sans doute est une marque
Qui découvre à tous aujourd'hui
Le beau cas que l'on fait de lui (r ).
Voilà des précisions ' sur le talent de l'abbé: sa
parole ' est touchante, elle ravit les cœurs; peut­
être cherche-t-elle trop à plaire; elle n'a rien de
cette « vraie éloquence» dont Pascal prétend qu'elle
« se moque de l'éloqu ence » .
Quan t à la fill e d'honneur de la Reine, la Gazette
se trompe sur sa p ersonnalité : il s'agit d'une nièce
non d'une sœur de Fl~ançois de Coetlogon. Toute­
fois ce passage nous laisse entendre que de petites
intrigues féminines, fort innocentes assurément,
ne furent pas étrangères au choix royal. En ce
beau temps des Plaisirs de t Ile enchantée, il n'était
pas mauvais, de quelqu e {( élite» qu'on fût, de faire
valoir ses titres par la jolie bou che d'une fille
d'honneur, « très ngréable et très chérie » .
L'évêché, n'était que « passable assez », mais le
titulaire, René du Louet, accablé d'ans et de maux,
ne pouvait plus të.rder à laissel' la place libre. Le

18 février 1668 il mourait, en opinion presque una-
nime de sainteté (2). Sans difficulté, son brillant
coadjuteur lui succéda.

François de Coetlogon fut un bon évêque. Sur
(i) Les premiers vers sont cités dans Kerviler, Bio-bibliographie bre­
tonne, art. Coetlogon.
, (2) Né en i58iJ, à Loperhet (Tres vaux, op. cit., p. i30) il avait donc
84 ans, mais passait pour beaucoup plus âgé. Un de ses prêtres lui don-

l'obélisque qui, jadis, recouvl'ait son tombeau, à
l'entrée du chœUl' de la cathédrale, une inscrip­
tion latine rappelle qu'il gouverna l'église de Cor­
nouaille pour son propre honn eur et celui de sa
noble famille, l'intérêt public du diocèse et de
toute la Bret8gne, la plus grande gloire de Dieu,
et, qu'ayant fond é des m aisons religi euses et un
séminaire, il soutint de ses présents et de son
exemple les travaux des missionnaires (1). LLl
fondation du séminaire en 1669 et l'appui donné
au P. Maunoir sont, en effet, du point de vue reli­
gieux, d'excellents titres à la reconnaissance des
fidèles. On aimerait qu e l'épitaphe ne parlât pas
de son propre honneur et de celui de sa famille :
cette vanité peu évangélique, sur une tombe d'évê­ qu e, ne lais~e pas d'être un peu choquante. Les
dernières lignes ont un autre ton: « il gouverna
avec la plus grande douceur. Souvenez vous, Sei­
gneur, de sa mansuétude ».
Au demeurant, nous n'attacherions pas à ces
éloges officiels plus d'importance qu'il ne faut si
Guy Autret ne s'y associait, notant qu' « il gouverne
son église avec grand zèle, piété et assiduité» (2).
Devenu évêque, François de Coetlogon maintint
sa renommée d'habil 8 or'ateur. C'est en c.ore Guy
Autret qui le dit : « Il a porté la parole au Roy
(i) On trouvera celle inscription dans Le M en, Monographie de la
cathédrale de Quimper, p. 14, et 1,5, et aussi clans le Catalogue des évê­
ques de Cornouaille de l'édit. de 1901 des Vie des Saints ct' Albert Le
Grand, p. 152-.

avec approbation de Sa Majesté et les louanges
de toute la cour a la tête des députés de la pro­
vin ce dont il a soutenu les intérêts avec beaucoup
d'in telligence et de fermeté ». Il faut regretter
que le tex.te d'aucun de ses discours ou sermons
ne nous soit parvenu. En 1698, il publia, a la prière
des Dames de la Visitation, un recu eil, formé par
lui et pour son utilité personn elle, de Réflex ions,
sentences et maximes sur divers sujets de piété et
principalement sur L'amour de Dieu, tirées des
œuvres de saint François de Sales. Sur ce volume,
devenu introuvable et qu e la Biblioth eqUe natio­
nale ne possède pas, nous sommes réduits a ces
lignes de l'abbé Tresvaux: a Dans l'avertissement
qui précède ces réflexions et qui est bien écrit, on

trouve un éloge abrégé du saint évêque de Genè-
ve » (1). Le goût de l'éloq uent éYêque pour saint
François de Sales est autre chose qu'tine forme de
sa vénération pour son saint patron. Il révèle une
communauté de tour d'esprit. L'auteur de l'Intro­
duction à la vie dévote, sans jamais sacrifi er a la
morale facile, avait co utume, comme chacun sait,
de pa!'e!' de fleu!'s la route escarpée qui m ène aux
« eaux salutaires de la dévotion » chrétienn e ; il
unissait a la pénétration d'un psychologue prati­
que et avisé le charme d'un e imagination sensible
à la beauté du monde.
Comme lui, Fmnçois de Coetlogon fllt doux, quoi­
que ferme; comme lui il aimait les fleu!'s. La pla­
. quette de vers qu e lui présenta Ni colas de Bonne-

camp s'ad resse à l'évêque et au digne fils d'une
famille illu s t!"e, mais aussi à l'am ateur des jardins.
C'est une brochure très rare, dont aucun exem­
plaire n'a été signalé jusqu'à présent (1). Elle com­
prend> après un e préface dont la dernière page
seule subsiste, un e épigramme à l'aute ul', signée
N. B. D., un poème de treize pages et demip., œ uvre
de Bonnecamp, un quatrain et une pièce de douze
vers d'un cel'tain abbé D. P. Sous la même couvel'­
ture se trouvent insérées .quatre pages de même
format in-4°> contenant une De8criptio Lanironis
en vers latins, signée P. S. J. et traduite en vers
français

par un autre poète anonyme que n e
trahissent pas les trois lettres : C. S. J. Nous revien­
drons à ces poètes. Voyons d'abord leurs œ uvres
mêmes. _ . .
La principale, et de beaucoup, est la pièce de
Nicolas de Bonnecamp intitulée Les j ardins de
Laniron décrits en vers françois. Elle ne compte
pas moins de 432 vers. N'y cherchons pas d'émo­
tion, p;tS d'esprit, pas d'imagination éclatante ou
réaliste. M. de Bonnecamp n'a pas l'œ il d'un poète .

On ne dira pas de so n poème ce que Madamp. de

Sévigné disait des fables de La Fontaine: « Cela

est peint ». Non, cela n'est pas peint. Cela est én u-
méré sans choix. Cela est décrit comme par un
notaire qui, dressant un inventaire, mettrait des
rimes à tau tes les douze syllabes de sa pl'ose et, de ci

li ) L'exemplaire ici éludié appartient à M. Arthur Porquier, de Locma-
. ria-Quim per, qui, fidèle aux traditions de sa famille, aime les livres, et
reçoit toujours avec la plus grande affabilité ceux qui les aiment .

de là, s'interromprait pour étourdir un client illus­
tre du tapage de ses compliments emphatiques.
M. de Bonnecamp n'aime pas la simplicité, cette
belle simplicité qUA prônait Boileau et que prati­
quait Racine. Il ne sait pas se borner et, partant,
ne sait pas écr'ire. M. de Bonnecamp n'a pas de
goût. Mais M. de Bonneca mp n'est pas un sot. Il
sait faire les vers : les épithètes sont plates et
incolores) les chevilles; les bizarres périphrases
abondent, mais l'allure est aisée, parfois harmo­
nieuse, et, avec un peu de bonn e volonté, on
peut même, dans cette accablante succession
de lignes rimées, découvrir plusieurs traits méri­
toires. Surtout M. de Bonnecamp a droit à notre

reconnaissance, car il nous fait connaître les jar-
dins qui, en ce temps, furent les plus beaux de la
Cornouaille. Il les connaissait bien et il les aimait.
Suivons y M. de Bonnecamp.

Pour commenéer, écoutons le qui apostrophe,
avec quelle flatteuse granàiloquence ! le prélat,
puis le soleil, puis encore le prélat :
Que LannirOll me plaît! et que ses avenues,
Pour leur rare beauté, méritent d'être vues:
C'est l'ouvrage achevé d'un illustre Prélat,
De qui ce lieu charmant emprunte son éclat:
Tout y brille par lui, puisque par sa présence,
Qui sert à ses jardins d'une douce influence,

On voit naître les fleurs, on voit mûrir les fruits:
Sa pourpre peint la ro~e et sa candeur les lys.

Astre plein de brillants, auteur des belles choses,
Second père des lys, des œillets et des roses,
Qui leur donnez l'éclat dont nos yeux sont charmés,
Qui leur donnez l'odeur dont ils sont parfumés,
Eèlairez d'un rayon de vos belles lumières
Ce beau lieu, le séjour des grâces printanières,
Afin qu'a la faveur de vos vives clartés,
J'en puisse remarquer les naïves beautés.
Oui, sage et grand Prélat, qui les avez conçues,
Incomparable esprit dont elles sont issues,
Inspirez en mon âme un peu de cette ardeur,
Qui fait avec éclat briller Votre Grandeur,
Afin qu'un feu si beau réchauffant mon idée,
Je chante les beautés dont elle est possédée,
Et que d'un style aisé je puisse dignement
Décrire Lanniron, ce · Paradis charmant.

Ce préambule contient quelques vers passables.
Allons plus loin; nous approchons du château.
Que j'entre avec plaisir dans cette grande allée,
Dont la terre au niveau partout est égalée:
J'ai crainte de marcher dessus son vert tapis,
Que ne tondit jamais la dent de la brebis.
Les innocentes fleurs, qu'enfante la Nature,
Emaillent en tout temps son épaisse verdure;
Et plusieurs rangs d'ormeaux nouvellement plantés.
D'une égale distance en bordent les côtés.
La description de M. de Bonnecamp pèche,hélas!
par une banalité lamentable, mais elle se rachète
par son exactitude. Aujourd'hui, la grande allée
n'a pas dispal'u ; les arbres en sont toujours ma­

Qu'au bout de cette large et profonde avenue,
S'offre agréablement ce palais à la vue!
Mais avant que d'entrer dans ce charmant 'château,
Où rien n'est de plus propre, où rien n'est de plus beau,
Une grand'avant cour présente son balustre,

Dont les hautes couleurs rehaussent fort le lustre;
Sur ses ailes on voit deux propres bâtiments,
Qui sont pour son usage et pour ses ornements.
A celle-ci succède une moins spacieuse,
Mais qui paraît autant belle et délicieuse:
C'est de là que l'on entre en cet aimable lieu,
Où toutes les beautés ne parlent que de Dieu.
Les dedans en sont saints, et ce que l'œil contemple,
Le fait bien moins paraître une maison qu'un temple.
Il ne se pourrait pas aussi faire autrement,
Puisqu'un dévôt Prélat en fait tout l'ornement.
Et que la piété de son âme sacrée
Par des objets divins est partout consacrée.
Que c'est mauvais! Il serait trop cruel d'insister;
il vaut mieux considèrer le poéme du point de vue
documentaire. L'aspect des lieux a été bouleversé
depuis le temps de François de Coetlogon et tout
ce qui en permet la reconstitution par la pensée
doit être tenu pour intéressant.
Avançons à loisir et passons lentement
A travers le salon du bas appartement,
Venons à celle porte, où l'escalier présente
Aux côtés d'un perron une double descente.
Arrêtons un moment au haut de ce degré,
Pour promener partout notre vue à son gré ( 1) .

(i) L es passages où l'auteur abuse de notre patience sans nous rien
apprendre ont été laissés de côté.

Le reil ux, en passant près de ces murs qu'il lave,
Chargé pompeusement des dépouilles du Grave,
Se vante que l'automne et ses riches présents,
Effacent les appâts du stérile printemps,
Et que de rendre à bord une pesante barque,
Qui gémit sous Bacchus, en est la belle marque.

Ces phl'ases entol'tillées sont pOUl' dil'e que l'évê­ que aime le Bordeaux et qu'il en reçoit dans ses
caves de Lanniron. Il importe de noter le dédain
de M. de Bonnecamp pour « le stérile printemps »,
sa préférence pour les « riches présents» de J'au­
tomne. Ces riches présents, sans laisser insensible
non plus le 0: dévot Prélat» ; ne lui faisaient pas
dédaigner les appâts du printemps, car, si nous
en croyons le poète, son jardin,

. .. émaillé des plus vives couleurs
Dont l'astre des beaux jours puisse peindre les fleurs .

Nous dit, par ses attraits dont nous sommes surpris
Que sur l'air etsur l'onde il remporte le prix.

Bref il est hors de pair; pourtant ce n'est
encore:
rIen
Et l'air rempli d'oiseaux d'espèces différentes,
Dont nous voyons former des troupes· voltigeantes,
Confondant les hérons avec les rossignols, .
Leurs plumages divers, leurs chants, leurs cris, leu rs vols,
Par cet amas confus et ce plaisant mélange,
Semble nous demander toute notre louange .
Enfin tant de beautés viennent frapper nos sens,

Et nos yeux attirés pil,r tant de choses rares,
Prodiguant leurs regards, en sont encore avares.

Vraiment M. de Bonnecamp exagère. Il continue
sur le même ton.
Tant d'objets différents ne nous font qu'éblouir,
Et leur con fu sion empêche d'en jouir.
Alors, il reprend la suite de sa description:
Descendons ces degrés. Que cette belle allée,
De l'un à l'autre bout justement nivelée,
Finit heureusement à ce long canal d'eaux,

Où l'on voit promener le plus blanc des oiseaux:
Le cygne, mesurant cet élément,liquide,
Tantôt d'un cours plus lent, et tantôt plus rapide,

Suivi de cent canards qui nagent sur ses pas,
Qui plaisent mieux ici qu'ils ne font aux repas,
Semble imiter son maître en la cérémonie
D'une troupe qui suit et lui fait compagnie.
Il conserve en coulant certaine majesté,
Qui lui fait regarder sa suite avec fierté,
Puis tout d'un coup plongeant sa tête dessous l'onde
On croit qu'il est allé chercher un autre monde.
Aussitôt revenant, il s'élance à mi-corps,
Comme si pour voler il faisait ses efforts;
Joyeux de voir le jour et ses suivants fidéles,
Il déploie au soleil la blancheur de ses ailes,
Dont il se bat les flancs par des coups redoublés (1),
(i) Un exercice suggestif, un peu féroce, consisterait à rapprocher de ce
morceau la description du cygne par Sully-Prudhomme dans les Solitudes:
Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne cbasse l'onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d'avril qui croulent au soleil.., Etc.

Qui font rejaillir l'eau, dont les flots sont troublés.
Sa plaisante saillie aussitôt est suivie
De cet oiseau flottant qui tient de l'amphibie:
Le canard, toujours prêt à faire mille sauts,
S'abîme et puis revient du plus profond des eaux,
Et chacun, voulant faire un tour de passe-passe,
Nage, marche, voltige, et s'enfuit de sa place.
Enfin ce sont des jeux, dont les acteurs volants
Reçoivent en donnant des plaisirs innocents.
On a compris que la .troupe de « cet oiseau flot­
tant qui tient de l'amphibie », c'est le cortège des
chanoines. lb font bien piteuse mine auprès du
« plus blanc des oiseaux ». François de Coetlogon

avait une majestueuse prestance et ce qu'on appelle
un e belle tête (1). Le recteur de Trégourez, le rece­
vant au ·cours d'une tournée de confirmation en
1673, lui adressa un compliment latin ou il vantait
la « nobilissimam animam » qu'un « si grand pon­
tife» portait« praestanti in corpore ». Il paraît que
« le bon prélat ouït ce petit discours avec beau­
coup de douceur et de bienveillance» (2). Encore
la douceur! Sur cette qualité, décidément, les
témoignages les plus divers concordent.
Le modeste recteur ne parle pas des chanoines .

Les poètes, eux, ont toutes les libertés; en se
voyant comparés à des canards, ces vén$rables et
discrets messi eurs du chapitre, qui avaient des
(1) Le portrail peinl vers 1700 par Lhermitais (1700-1756) pour
l'évêché de Quimper s'inspire évidemment de gravures ou peintures
contemporaines de !'éveque.

lettres, durent se souvenir opportunément des vers
d'Horace :
... pictoribus atque poetis
Quidlibet audendi semper fuit œqua potestas.
Cependant M. de Bonnecamp passe des oiseaux

aux pOIssons:
Le brochet et la carpe, en ce cristal liquide
Suivent le naturel et l'instinct qui les guide:
L'un d'eux donne la chasse aux timides poissons,
L'autre poursuit la mouche et fuit les hameçons.
Fait le saut périlleux, et provoque les soles,
Qui ne sont pas loin d'elle à faire caprioles.

Ensuite, c'est le tour des arbres :
Le long de ce canal, des arbres toujours verts
Semblent dans son cristal plantés tous à l'envers.
Leur ombre, le soleil et les poissons ensemble,
Nagent confusément dans l'eau qui les assemble,
Et celui qui les voit se croit être en danger,
Par son portrait flottant, qu'il voit aussi nager.
L'original pâtit pour sa trompeuse image,
Et son ombre se noie au bord de son rivage.
L'infortun é promeneur! Heureusement qu'il dé­
couvre aussitôt d'irrésistibles consolations.

La Pêche et l'Abricot, la Poire et le Brignon,
Le Damas, le Muscat, le ferme Perdrigon,
A l'envi font sentir à la main qui les touche,
Qu'ils peuvent plaire au gOllt de la plus fine bouche.

. Notre œil, après avoir joui de leur beauté,
Laisse au goût délicat juger de leur bonté.
C'est M. de Bonnecamp lui-même qui m et des
majuscules à la Pêche., à la Poire, à l'Abricot. Ne
devinions nous pas tout à l'heure qu'il a le c c goùt
délicat » ~
Enfin il arrive aux fleurs:
Faisons mille beaux pas dans cette longue allée
Après que la chaleur du jour s'en est allée;
Nous verrons vingt carrés en parterres réduits
Par le plan différent des myrthes et des buis.

Les armes du Seigneur y sont si bien tracées
Qu'elles ne peuvent pas jamais être effacées.
L'hermine, crosse et mitre y perdent leur couleur,
pour s'y parer toujours d'une belle verdeur.

C'est là que la tulipe en feuilles panachées
Des plus vives couleurs, dont elles sont tranchées,
Fait paraître à nos yeux un merveilleux éclat, '
Où se mêle le blanc, le jaune et l'incarnat:

Dans l'une l'on distingue une couleur pourprée
D'un violet obscur, dont elle est séparée
Par des lignes de lait, et par des traits de feu.
Afin que rien n'y manque, elle a tout le fond bleu;
Dans l'autre un gris de lin et la couleur céleste,
Bordés d'un filet d'or, font une fleur modeste.

Le soleil qui les peint de diverses façons
Fait paraître une Veuve au milieu des Plutons,
Produit un Perroquet à côté d'une Agate,
Fait que l'une pâlit et fait que l'autre éclate,
Et cinq ou six couleurs, qu'il mêle plus ou moins,
De leur variété rendent nos yeux témoins.

Les œillets ne présentent pas moins de variété,
paraît-il. Sur les parterres on admire aùssi le jas­
min, le muguet, l'iris, la renoncule, les-violettes
de Mars, les jonquilles, les lys et, de tous côtés,
s'exhalent des parfums si doux que les sens

Semblent goûter du Ciel les douceurs non pareilles.
C'est fort dangereux. M. de Bonnecamp, homme

prudent, craint que nous ne nous pàmions parmi
tant de charmes; homme méthodique, il tient à ne
pas interrompre son inventaire. Donc

Visitons à loiûr la seconde terrasse.

Ces tonnelles vraiment ont ici bonne grâce!
Une à chacun des bouts y présente à propos
Un lieu frais et commode à pren'dre le repos.
Le moyen de rester dans ces aimables cages,
Que l'odeur des jasmins et de ces lys sauvages
A parfumé si fort qu'elle ne peut souffrir
Les plus délicieux sans mourir de plaisir? (1)
Mais que mourir ainsi parmi tant de délices,
Sont d'agréables morts et d'innocents supplices.

Aux deux extrémités de ce second jardin,
Qui n'est pas inutile aux apprêts d'un festin,
Par les présents qu'il donne à faire ses potages,
Nous voyons deux ericlos en deux plus 'bas étages.

Dans l'un le jardinier cultive la tubéreuse et sur-

(i) La pbrase n'est pas lrès clai re: on ne voit pas à quoi se rapporte
elle ne peut souffrir.

o - 67-

tout les « douceurs de Langeais »,le melon qui ne

« fait jamais mal» et
dont le goût nous touche
Avec ravissement et le nez et la bouche.
Dans l'autre une vigIle étale ses ceps qui, venus

de La Ciotat, c0l1servent, bien qu'éloignés de leur
terre natale, leur bonté « qui n'eut jamais d'égale ».
Et maintenant,

Voy : ms avec plaisir la troisiéme terrasse.
Aux légumes ici les fleurs cèdent la place.

De là, naturellement, le plaisir de potre guide.

L'Asperge et l'Artichaut, le piquant Céleri,

o La Rave, le Chou-fleur, l'épicé Salsifis,

La royale Laitue et la trop tendre Alphange,
Par un hardi mépris, aux fleurs donnent le change;

Leur grosseur, leur tendresse et le goût qu'elles ont,

Font connaître aux friands la bonté de leur fond
Ainsi dans ces jardins l'utile à l'agréable
Se joint, pour plaire aux yeux et servir à la table .

A l'utile et à l'agréable se joint aussi la grandeur,
car lainer est toute voisine, l'Odet au cours élargi
et qui subit les effets des marées . ..
Approchons de ce mur qui défend à la mer
. Aux douceurs de ces lieux de mêler son amer;
Quel plaisir de la voir dans ses hautes marées
Rouler à gros bouillons ses ondes azurées,

Courir après soi-même et, ses flots étant las,

On dirait qu'elle veut au_ x grandes reverdies
Escalader ces murs par ses vagues hardies,
Que pour ce grand dessein elle s'enfle d'orgueil ;
Mais dans son propre lit se trouve son cercueil;
On la voit morte enfin . La lune qui s'en joue,
A près ses flots chassés nous montre un peu de boue.
Ce torrent qui semblait aller tout abîmer
Reste un petit ruisseau qui se perd en la mer.

Malgré ce voisinage fatal aux arbres, d'artificieux
jardiniers ont réussi à faire croître, au long de ces
mUl'ailles, des cyprès et des ormes, que le chévre­
feuille, grimpant jusqu'a. leur sommet, étreint
comme d' un e odorante cuirasse. Ces beaux aI'bres
a lignés form ent un m ail spatieux, sablé, plein
d'une ombre paisible. Fl'an çois de Coetlogon y
recherche l'inspil'ation . .
C'est là que ce Prélat solitaire médiLe
A corriger le vice et payer le mérite.
C'est là que ses discours, par leur sainte douceur,
D'un amour tout divin nous embrasent le cœur.
C'est là qu;il foule aux pieds les vanités du monde,
Qu'il compare à la mer dont il nous montre l'onde
Blanchissante d'écume arriver à grands flots,
S'en retourner de même, et jamais de repos.
C'est ainsi, nous dit-il, que la gloire et sa pompe
Grossit et disparaît, se dissipe et nous trompe.
Les six derniers vers sonnent comme les échos
d'un sermon épisco pa l. Du reste, ils ne nous
apprennent pas grand chose. La vanité de la
gloire est un de ces grands lieux communs de

morale dont l'exposé ne supposepas toujours de
la part de l'écrivain ou de l'orateur un,e conviction
très ardente et surtout très personnelle. Mais, ce
qu'il faut retenir:" c'est, dans les vers précédents,
la « sainte douceur» des discours, l' « amour tout
divin » dont ils embrasent les cœurs. Comment
ne pas penser à l'épitaphe latine: « Mitissime re­
xit >l, (, il gouverna avec la plus grande douceur 0 '?
Com ment ne pas · penser aux R éflexions . .. Slll'
l'amour de Dieu, tirées par François de Coetlogon
des œ uvres de saint François de Sales ~ Le doux
évêque intervint en 1675 pour tempérer la répres­
sion féroce du soulèvement dit du Papier timbré (1).
Dix ans ap rès, il montra toute la modération pos­
sible dans l'application de l'édit qui révoquait
celui de Nant~s (2). Lisant les vers de M. de Bon­
necamp, ces faits nous reviennent a l'esprit et
volontiers,alors, nous répétons les derniers mots
de l'épitaphe: « Souvenez vous Seigneur de sa
mansuétude >l .
Iv!. de Bonnecamp, pour sa part, ne s'attarde pas

à ces grandes pensées. La tl'oisième et dernière
terrasse fait sur la rivièl'e une saillie semi-circu­
lail'e
En forme de redoute ou de fer à cheval.
Voyons ce petit fort; ô Ciel! quelle merveille!
Sa rare invention a-t-elle sa pareille ~
Une source d'eau douce au milieu de la mer

(i ) B. Pocquet, Histoire de Bretagne, t. v, p. 521.
(2) Ibidem, p. 572.

Par un trait de cristal percer l'air et darder
A vingt pieds de hauteur son onde courroucée
D'avoir été contrainte et trop longtemps pressée,
Couronner un bassin parmi les flots salés
D'une eau qui rafraichit les poumons altérés,
Qui nourrit le brochet à côté de la sole,
Et, quand la mer descend, qui monte et qui s'envole,
.Qni forme à gros bouillons la perle et le cristal
Qui se brise en tombant dedans son lieu natal,
Et qui contraint enfin un dauphin qui la pousse,
Dans la source du sel de la regorger douce,

Est une chose à voir et dont l'imagination
Donne, à cause du lieu, de l'admiratüm.
Le dauphin a été brisé à l'époque révolutionnaire
et le bassin comblé; il n'y a plus de jet d'eau. La
beauté des jardins y a certainement perdu. M. de
Bonnecamp ne s'en consolerait pas; François de
Coetlogon encore moins,car il tenait beaucoup à .
ce décor: en effet, les eaux amenées des hauteurs
de Saint-Laurent et du Quinquis, en Ergué-Armel,
tant pour l'aménagement des jardins que pOl1I'les
commodités du manoir, donn èrent lieu à plusieurs

procès, notammen t en 1704 et à la fin du XVIIIe siè-
cle (1). Les évêques ne voulaient rien abandonner
de leurs droits.
Le petit poème latin signé P. S. J. et sa traduc­
tion en vers français permettent de compléter un
peu les renseignements foumis par M. de Bonne­
camp. Ces deux morceaux sont, selon toute appa­
rence, l'œ uvre de pères jésuites du collège de

Quimper. Le premier, en vers latins, est le moins
mauvais, grâce aux .fragments pillés chez les an­
ciens poètes. La traduction est tI'ès libre, mais

assez riche en détails. Elle attribue à Francois de

Coetlogon tout ce qui se voit de beau il Lanniron.
Agréable séjour plein d'ornements divers,

Tu n'étais autrefois que des champs superflus,
Que rochers entassés, que des amas confus.
A peine paraît-il que tu changes de face,
Que l'on voit par degrés terrasse sur terra sse.

Au bas de Saint-Laurent sur un sacré vallon
Une source coulait sans estime et sans nom,

Ses ruisseaux, serpentant en diverses prairies,

Les rendaient en passant plus fraïches, plus fleuries.
A présent .on la voit former un grand canal.

Et son onde grossie aussi large que belle
SouITrir en gazouillant la barque et la nacelle,
De là se répandant par des tuyaux divers
Arroser ses jardins, s'élever dans les airs,
Se jouer par les bonds de son eau jaillissa n te
Et braver de la mer ronde toujours rampante.
Plus loin nous appl'enons que les fl eurs rares
ont leur jardin à part, à l'abr-i des vents,
Sous le feuillage épais d'une forêt charmante
D'orangers dont l'odeur en entrant vous enchante CI).
(i) Le traducteur ne nomme pas l'évêque, mais l'auteur des vers latins
l'interpelle en ces term es :
Hoc opus, hoc, F ra LI cisce, tuum est, bis scilicet oris
Nondum visas eras, rudis indigestaque rupes

M. de Bonnecamp, dont la muse commençait à
s'époumoner, nous dit seulement qu e «d'extrê­ mes travaux» ont dû être exécutés pour donner à
ces lieux une « beauté nouvelle ». Ces travaux

avaient coûté cher. Le 14 avril 1698, François de '
Coetlogon évaluait à plus de 30.000 livres (1) le
total de la dépense et, en co nsidération · du « peu
de revenu ) de so n évêché, lui faisait don des ter­
res qu'il possédait à Lanniron à titre personnel (2).
Certes il avait surtout puisé da ns sa propre bourse,
mais il y a apparence qu e les revenu s de l'évêché

se trouvai ent un peu entamés eux aussi (3).
Gui ll aum, 8 Charrier, abbé commendataire de
Sainte-Croix de Quimperle, écrivant au prieur dom
Hardouin eau le 25 liovembre 1706, dix-neuf jours
aprè::s la mort de François de Coetlogon, commen­ tait l'évènement en ces te!'mes : « Vous m'apprenez
par votre derniè!'e la mort de notre prélat. Voilà
une fin bien triste, qui dev!'ait donner ci penser à
tous ceux qui courent et brigu ent la prélature ; cet
illustre défun t a grar~d besoin des miséricordes du

Seigneur, pa!'ticulièrement si sa succession n'est
pas em ployée au so ulagement de tout son diocèse
et à tire!' son cl ergé de l'opp!'ession ou il est par
la pe!'te du procès contre les héritie!'s Peno a nech
et M. de Revol, à laquelle il n'a pas peu contribué

(i) C'est-à-dire, en tenant compte de la diminution du pouvoir de l'ar­
gent, environ 90.000 francs de i9i4,.
(2) Archives du Finistère, i G Mi.
(3) Malheureusement les comptes du temporel conservés aux Archives

avant l'érection de sa chambre des décimes » (1).

Commentaire singulièrement troublant si l'on
songe que Guillal][rie Charrier, créé eri 1700 syn­
dic du clergé de Cornouaille, connaissait de près
l'état du diocèse (2), qu'il passait pour bienveillant, ,
que Madame de Sévigné loue son cc esprit droit et
juste», son cc bon sens » et son « bon cœur (. .
Dans l'affaÏt'e Pennanech, il s'agissait de savoir
si la charge de receveur des décimes que possé­
dait le sieur de Pennanech devait l'épondre d'une
somme de 26.000 livres dont le clergé de Cor­
nouaille restait débiteur envers M. de Revol, rece­
veur provincial (3). La perte d'un tel procès en-

traînait un grave préjudice ; mais l'évêque en
portait-il la responsabilité comme l'abbé Charrier .
l'insinu e ~ Le même abbé rapporte dans ses Me-

moires que cc la recette des décimes» avait été
cc depuis longtemps dans un grand dérangement
par la faute des syndics du clergé» (4) Que s'était-il
passé entre les syndics et l'évêque? Qu'était-il
advenu des 26.000 livres que n'avait pas reçues
M. de Revol ~ Peut-être une part en avait-elle été
1:1.) Correspondance de l'abbé Charrier publiée par H. Bourde de la .
Rogerie dans le Bulletin de la Société archéol. du Finistère, t. XXVIII,
:190:1., p. 57. . .
(2) Ibidem, p. 34 et. 35. On doonaille nom de syndic aux ecclésiasti­ ques élus par les députes du clergé de chaque diocèse pour la délense des
droits du clergé dans les chambres diocésaines. . '
(3) Lettre du sieur Loys à G. Charrier, le 7 novembre! 700 (Archives
du Finistère, série H, lands de Sainte-Croix: de Quimperlé, corrt'spori-
dance des abbés). . .
(4,) Histoire de l'abbaye de Sainte-Croix ... par dom Placide Le Due,

détournée sous forme d'emprunt pour payer les
embellissements de Lanniron. Quoi qu'il en soit,
l'abbé de Quimperlé excite notl'e curiosité sans la
. satisfaire. Tout ce que nous pouvons constater par
ailleurs, c'est qu'il jouissait sans réserve de la:

confiance de l'évêque. Celui-ci lui est « bien. obligé
de continuer ses soins pour la défense des affaires
délabrées du diocèse» (1); le clergé « n'a d'espé­ rance» qu'en lui. Son « habileté seule peut tout» (2).
Çe qui reste de la correspondance entre les deux
personnages est fort curieux (3). On y voit dans
l'évêque un homme réellement embarrassé de ses
difficultés financières, tout joyeux d'avoir mis la

main sur un collabor'ateur digne de confiance,
mais en même temps un grand seign8ur assez
dédaigneux des menu s détails pratiques. Malgl'é
ses embarras, il garde un certain air d'insOu- .
ciance (4). De la question d'argent il se hâte de
passer à d'autres sujets, ::ians omettre les petits
commérages de la Cornouaille, dont il s'amuse (5).
(i) Bibliothèque du port de Brest, ms 14,5, leUro du 7 mars 1701.
(2) Lettre du 9 Juin 1702, aux Archives du Finistère, série et londs
déjà indiqués.
(3) Archives du Finistère, série et londs dPjà indiqués.

(4,) « Je vous assure, mon cher abbé, que je vous souhaite une guéri­
son parlaite de votre rhume el ensuite un ad mullos annos pour vos
étrennes. En allendanl, je vivrai d'espérance d'avoir l'honneur de vous
voir au 18 ou t9 du courant, et que vous rRglerez le passé et l'avenir
dans notre· bureau, que nous ferons le plus ample qu'ilse.ra possible. Je
laisse à M. Goesnach le soin de vous informer de l't'tat présent de nos
affaires et je me conteuterai de vous renouveler les assurances de mon
respect, etc. (Lettre du 2 Janvier 170:1).
(5) « M. de Kervégan est venu retirer sa nièce, Mlle de Villeblanche,
d'un èouvent où elle s'était retirée pour plaire à son amant, M .. de Fri-

Guillaume Charri er, à · rebours, était un lyonnais
actif, très entendu en affaires, d'esprit net, d'un
sérieux un peu dur. La sévérité de son jugement
ne provient, on peut le croire} que du cOntraste de
. deux tempéraments.
En ces matières délicates, le meilleur parti con­
siste à se ga rd er des suppositions trop fâcheuses ;
la plupart du temps elles sont injustes. Contentons
nous de pense r, puisqu e rien ne s'y oppose, que
Fra nçois de Coetl ogon, comme tant d'autres, fut
imprudent par amour de la magnificence .

Ainsi p -ourrons nous pl'êter une oreille co'mplai-

sante à la dernière partie du poème de M. de

Bonnecamp. C'est un pompeux éloge de la famille

du prélat. Eloge grandement mérit. é : ily eut pa r-
mi les Coetlogon de cette génémtion des hommes
éminents par l'esprit et le caractère} de remar­
qu ables serviteurs de la Fra nce (1).
Voici René, vicomte de Méjusseaume, marqui s
de Coetlogon, frère a in é de Fra nçois, un vigou­
reux soldat et un sage administrateur. A la tête
d'une · petite · troupe de quinze-cents hommes, il

repoussa de. Belle-Ile les Hollandais qui, le 20 juin

cambaull, ce qui s'est fait trilOquillement ». (Lettre du 10 Janvier 1701).
Il est bon de se rappeler que le mot « amant D signifie encore à cette
époquè « soupirant», presque « fiancé Il.
(1) Voir de précises indications gr.néalogiques el quelques textes inté­
ressants dans le livre de M. le marquis de Carné-Trecesson sur la Sei­

1674, avaient réussi à Y prel1dre pied a u nombre
de dix mille.,

o Ciel! le peut-on croire! un Coetlogon, cent braves,
Assiégés dàns nn fo~t par di~ milles Bataves,
Armés de leur valeur plus que de ses canons,

A quitter ses foss es forcent leurs bataillons,
Et,]' épée à la main, dix: guerriers contre mille, .
Les font dans leurs vaissea ux: rechèrcher un asile.
Où ce marquis paraît, tou t cède, tou t fléchit; . .
On s'enfuit s'il combat; s'il parle, on ·obeit.

L'année suivante éClatait la révolte du Papier
timbré. René de Coetlogon, qui était lieutenant de
Roi en Haute-Bretagn e et gouverneur de Rennes,
travailla, non sans succès, à rétablir l'ordre. et .cal-

mer les esprits . Comme son frère l'rvèque, il ~épu- .

gnait à la politique de violence. , .

La. révolte s'apaise et calme son orage
QuaJ;ld sa prudence ilgit avecque son courage.
Sa province lui doit sa paix et son bonheur,
Et son cœur de son bien se fait un point d'honneur.
Il ~dore .son prince. il aimy !?a patrie"

Ri~n indigne de llii n'a sa gloire flétrie.

Il mourut en 1683. Déjà son fil s René-Hyaçinthe,
designé pour lui suC'cp,der dans ses cha rges, s'était
fait remarquer par de brillants services su r le Rhin
et en Flandre en 1671 et pur sa collaboration avec

son pète en 1675. M. ' de Bonnecamp lui donne de

justes louangps, puis célèbre un marin:
Uri autre _ de ce ~ô~, eimemi de la terre,

Quand son vaisseall superbeaJl milieu ·de ·la mer
Rencontre heureusement un iU/lstr. e danger: .
Tu saurais bien qu'en dire, Amiral de Hollande,
Trop généreux Rutber, do!).t la 'perte est si grande,
Lorsque, parmi les feux de nos derniers combats,

Pour ne mourir jamais, tu reçus le trépas; ' ..
Tu vis à tes dépens éclater sa vaillance,
Et soumettre l'orgueil de la triple alliance. "
Il s'agit d'Alain-Emmanuel de Coetlogon, le plus
jeune ft'ère de l'évêque. C'était tin marin merveil­
leux d'activité et d'audace. Il d, evait, après un e

longu e et magnifique carrièt'e, mourir à l'âge de
quatre-vingt quatre ans, dans des sentiments
d'une émouvante humilité. Les « derniers com­
bats» mentionnés par le poète sont les batailles
de la, c.arn[lagne de Sicile ~~ hemeusement menée
par Duquesne en 1676. D'autre ~art M. de Bonne-

camp, tout à l'heure, parlait de René, le mar:quis)

comme d'un vivant. Or ce dernier mourut en 1683.
Nous sommes donc bien près de la vérité en da-
tant le poème de vers 1680. .
M. de Bonnecamp conclut assez adroitement

son panégyrique des Coetlogon :
Cette illustre famille abondante en ,héros,

Quoique tous gens de bien, en a .de plus dévôts (1).
Le Ciel a son partage aussi bien que la terre;

Elle sert à l'autel, elle sert à la guerre.

(1) Le cinquième frère de François, Jean, fut .pendant quelques année!
son vicaire général, avec le titre de recteur de Crozon, paroisse où il
mourut eil 1675. Ses deux sœurs, Marie et Louise, se firerit ,religiruses,
Un de ses neveux, Louis-Marcel, fils de René, devint en i6l:l0 èvêque dt

Un divers ministère en 'signale la foi ;.
D'un seul Roi, d'un seul Dieu, elle écoule la loi.
A sa fidélité son courage s'égale,
:Et jamais de maison n'eut l'âme plus royale.
Que dire après cela ~
Ma muse'finissons ; je vois bien que mes vers
En veulent àTéclat d'un nom où je me perds.
Le poids de sa grandeur accable ma faiblesse;
Mon style languissant et l'offense et le blesse . .
Pour chant!)r. dignement ce nOm de Coetlogon,
Au lieu d'un médecin, il faut un Apollon.

Le poète vient de se faire connàître. Il était mé­
decin, et même bon médecin. à en juger par l'épi­
gramme à lui adressée par un certain N. B. D.,
et qu'il a fait insérer en tp,te de son poème sur
Lanniron: . .
Apollon vous apprit le métier que vous faîtes,
. L'art de faire des vers et celui de guérir;
Il faut dans l'un et l'autre à lui seul recourir.
Le Dieu des médecins est celui des poètes.
Cent maJades guéris dans les lieux où vous êtes
Disent que par vos soins, étant près de mourir,

Ils se sont dérobés à leur dernier soupir:

C'est être médecin beaucoup plus que poète.
Mais peindre par vos vers d'une beauté parfaite
Le charmant Lanniron qu'on y voit à plaisir,

Sauver en même temps celui qui va périr,
, C'est être également médecin et poète, .

Immédiatement a la suite du poème principal
se lit 'Ge quatrain anonyme, dû probablement au
même N. B. D. :
En dépit des jaloux et malgré leur envie,

Je veux, de Bonnecamp, t'élever U"Q autel:

Jamais on ne fit , mieux l'art qui sauve la vie,
Puisque par tes écrits tu te rends immortel.
Nous ne saurions partager l'admiration qui
se manifeste en ces vers d'une élégance précieuse
et maniérée. En vérité M. de Ronnecamp ne s'est
pas rendu immortel; toutau plus apparaît-il comme
un type original de poète de petits salons provin­
ciaux. Toutefois son inspiration s'est un jour élevée
plus haut qu'a louer un évêque et ses jardins. En
1687 il publia a Vannes, chez Guillaume Le Sieur)
« imprimeur et marchand libraire proche les

révérends pères jésuites », un recueil de soixante-
cinq sonnets sur les principaux . mystères de la
naissance, de la vie) de la mort et de la résur­
rection du Fils de Dieu. Arthur de la Borderie,
les sortant de l'oubli, en a cité quelquès vers (1) ;
les uns c'èst un grand nombre ,sont odieux a

faire crier; les autres, notamment dans le soixan-
te-et-unième sonnet, « SUI' le jour du jugement
dernier ll, ont une fermeté de ton, une netteté ne
contour qui dénotent un consciencieux élève de

Malherbe:

(1) Bonnecamp, poète et médecin breton du XVIIe siècle, dans la
Revue de Bretagne et de Vendée, :l.885,1

sem., p. 310-316,. La Biblio­

o jour plein de délices! - 0 jour rempli d'horreur !

Jour de grâce et d'amour! Jour d'ire et de fureur!
Qui paye et qui punit le juste et le coupable.
Nicolas de Bonnecamp, issu d'une famj}ie de
Vitré qui prq,duisit au XVIe siècle des (l tailleurs

d'images JI fort bien doués (1), exerçait la méde-
cine à Vannes lorsque parurent ses sonnets, qu'il
dédia a l'une de ses clientes, Madame de Pont-

chartrain, première présidente du Parlement de
Bl'etagne. Le Parlement, qui, depuis douze ans,
depuis la révolte du Papier timbré, siégeait à

Vannes, avait comme doyen des conseillers un
Coetlogon, Guy (2), propre fi 'ère de l'évêque de
Quimper. On devine aisément comment M. de
Bonnecainp fit connaissance avec ce dernier. Il
vint cl Quimper et à Lanniron. Il y vint souvent.
Dans les dernières lignes les 1:eules qui restent
- de la préface à sa plaquette, il déclare que « ce

lieu» lui « plait, mais que celui dont il est l'ou-
vrage » l'atta.che « a sa Grandeur si agréable­ ment l) qu'il ne peut s'en « séparer sans vio­
lence ». Il termine ainsi: (( Ce qui me peut con­
soler, Monseigneur, est l'espérance, dont je me
flatte, de vous y voir souvent et de vous marquer
par mes fréquentes visites que je suis, avec un
profond respect, Monseigneur, de VDtre Gran-

(i) A. de la Borderie, La cheminée monumentale du musée de Vitré,
Vitré, 1895, U p., avec planches, En i5~2 on . trouve un Jean Bonne­
camp, puis uu André Bonnecamp, que La BOl'derie regarde comme l'au­
teur des sculptures de la cheminée et qui mourut en IGiG, .

deur, le très humble et très obéissant serviteur »
Nous po uvons évoquer à Lanniron, avec l'ima-
ge de François de Coetlogon, celle de son hôte.
Celui-ci a pris soin lui-même de nous dire de quel
côté il se dirigeait de préférence. Il nous le dit
tout à fait a la fin de son poème ; car, après
l'éloge des Coetlogon, le poème, en dépit de l'in=­
vocation à la muse, n'est pas fi ni. La muse de
M. de Bonnecamp est insatia ble. Elle lui permet
de faire halte, mais pour reprendre haleine; il
repal't a ussitôt d'un élan hardi . Cette fois il de­
vient lyrique.
Hors l'enclos de ses murs se présente un coteau
Dont le penchant est doux jusques au bord de l'eJu.
C'est là que se nourrit et se form e un bocage.
Sa solitude - tient quelque peu du sauvage ;
Les myrthes. les cyprés, les buis, les alisiers,
Les chênes, les ormeaux, les houx et les lauriers
y fon t, à la faveur de leur ombre confuse,
Un en tre chien et loup où le jour se refu se.
Celui qui s'y repose en est saisi d'horreur,
Propre pour allumer la divine fureur.

Dans ce pelit désert, loin du monde et du bruit,
A r abri des rayons du soleil q ui nous luit,
Couch é sur des gazan t;, au bord d'une fontaine,
Sur des suj ets divers il consulte sa veine.
M. de Bonnecamp avait lu La Fontaine et lui
emprunte un demi-vers, lequel, du reste, n'a ri en
de génial. Mais un vrai poète est semblable a un

enchante. Le « bonhomme » s'exprimait amsI :
Solitude où je trouve une dou ceur secrète,
Lieux que j'aimai touj ours, ne pou rrai-j e jamais
Loin du monde et du bruit goùter l'ombre et le frais ~
L'hôte de l'évêque de Quimper lui aussi goûtait
la « douceur secrète » de la solitude. Il ne lui
manqu ait qu e de savoir le dire.
C'est dans ce « petit désert )) qu'il vient chercher

les termes « choisis, pompeux et magnifiques )) qui
convienn ent à qui veut parler de tant de beautés.
Ces beautés) g râce à lui, deviendront publiques.
Du moin s il en est convaincu. Laisso ns donc enfin
M. de Bonnecamp à sa divine fureur.
Ce chef d'œuvre achevé par l'univers épars,
Sans sortir de sa place, ira de toutes parts.
L'avantageux récit de toutes ses merveilles
Rendra les yeux jaloux du plaisir des oreilles.
On s'écrira Miracle ! en voyant Lanniron .
Pourquoi ~ C'est l'opéra d'un sage Coetlogon.

Et c'est ainsi qu'en Cornouaille, sur le déclin du
grand siècle, un ingénieux m édecin poète occu­
pait ses loisirs, entre un clystère et une saignée,
à exalter, dans la langue des dieux, les talents,
les tulipes et les m elons d'un doux prélat, de belle
race, amateur des jardins.
H. \VAQUET.

-174 -

DEUXIÈME PARTIE
Table des Mémoires publiés en 1921

PAGES
l Claude de Rohan, évêque de Cornouaille (1479-15'10)
par If. DU HALGOUET. . . . . . . . . . . . . 3
JI Laennec après 1806, d'après un livre récent, par le
Dr LAGRIFFE . . . . . . . . . . . . . . .. 9
III Deuxième campagne de fouilles dans la région de la
Torche et les îles Glénans, par le commandant
BÉNARD, l'abbé FAVRET, GEORGES A. BOISSELIER, '
Th. M ONOD [22 planches]. . . . . . . . . '. 22
IV Un prélat amateur des jardins, François de Coetlo-
gon, évêque de Cornouaille (1 668-1706) par H . .

W AQUET l2 planches] . . . . . . . . . . '. 49
V Les forêts royales en Cornouaille à la fin de l'ancien
régime, par JEAN SA VINA. . . . . . . . . " 8 :~
VI L'Elégie de Monsieur de Névet et le baron Huet,
par 1. LE GUENNEC . . . . . . . . . . . . . 112
VII Introduction à l'étude des vitraux de Bretagne, par
PAU L ConoZE et FERNAND GUEY [2 planches] . . . 122

VIII Les anciens manoirs des environs de Quïmper par
L. LE GUENNEC ............... 144