Responsive image
 

Bulletin SAF 1919


Télécharger le bulletin 1919

Importance archéologique de la région de la presqu’île de la Torche

Commandant Charles Bénard, abbé Favret, Georges Boisselier

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes

Société Archéologique du Finistère - SAF 1919 tome 46 - Pages 172 à 192

a L, S

La légende attribue dans les temps druidiques un carac­
tère sacré aux îles et aux pointes de la Cornouaille bretonne .
Semblant respecter cette légende, la presqu'île de la Torche
qui s'avance au milieu de la baie d'Audierne entre la chaus-
. sée du Raz-de-Sein et le promontoire de Penmarch, apparaît

aujourd'hui comme le centre mystérieu'x et impressionnant
d'une région habitée depuis des millénaires.
Cette région qui comprend les communes de Plomeur,
Penmarch, Guilvinec, Saint-J ean-Trolimon, Plonéour-Lan-
. vern, Plovan, Peumerit n'est qu'une vaste nécropole de
presque tous les âges préhistoriques; malgré, les remar­
quables travaux de MM. du Chatellier, Halna du Fretay, abbé
Abgrall, commandant A. Le Pontois, commandant Morin,
comm?-ndant Devoir qui ont multiplié leur~ recherches et
(1) Cette dénominatiouIrançaise de Torche, est une traduction infidèle
du mot breton : Torchen, qui signifie coussin, et donne bien la physio­
nomie de ce promonloire dont le dos arrondi a l'aspect d'un coussin
00105sa1. (Chanoine Abgrall).

173 '

leurs investigations, nous estimons cependant que la fouille
de ce territoire d'élection n'est qu'à ses débuts: nous ajou-

tons qu'il'importe de poursuivre les recherches avec d'autant

plus d'activité et de célérité qu'il con:rient de prévenir les
effets déplorables de la destruction méthodique dont les
monuments mégalithiques sont l'objet de la part des fermiers

dont ils g~nent la culture et auxquels ils fournissent sur place ,

une pierre utilisable.

La presqu'île de la Torche présente elle-même dans sa ; (

,partie supérieure l'aspect d'un iumulus ayant eu probable-
ment une grande importance. M. du Chatellier, a exploré a

sa par, tie supérieure les deux bras d'une allée couverte; ' la
chambre qui les sépare, enclose dans la maçonnerie

cimentée de l'ancien poste de guet remplaça, dit-on,avanta-

geusement pour les marins les feux _ ,criminels des « N aufra-
geurs ».
Peut-être resterait-il encore , à fouiller certaines parties,
car, de tous côtes, les silex éclatés ou taillés, les débris de ,
poteries néolithiques sont surabondants sur le sol et dans
les éboulis. Dans le Sud-Est de l'allée couverte et a trente
métres d'elle, on voit nettement surgir sur le sol un aligne­
ment de blocs mégalithiques dirigé du Nord au Sud.
A huit mètres au-dessus des himtes mers, à l'Est même du
tnmulu:5, nous avons découvert ,sous une couche de sable

éolien (1), un gros amas de poteries au milieu duquel notre
aimable collaborateur M. l'ingénieur de Rechniewski a
recueilli un poignard en bronze, des débris de bronze et
quelques jolis silex. ,

(i) Sable éolien : sable 1 ransporté par le vent. Le sable du littoral,
soulevé et chilssé par Je .vent~ est emporté à 2 et 3 kilomètres dans les
terres et forme des dunes et des apports recouvrant au loin les terre~
cultjv. ées ou se mêlant au 'sol arable. (Chanoine Absrall).

- . 174

Enfin, plus 'bas, nous avons cru devoir reprendre l'explo~
ration des gisements de Kjokenmœddings, déjà fouillés par
M. du Chatellier. . '

l!! ,Torche ~~

A. estes d'Allée couverte. _ ..::-- _ J
B Po 'jnard en hronJe .Pol/!riei
C Xjolrenmœtlings _ Fond dt' caè(1ne.
lJ /(iokenmœdings. . .

la Torche

r fônd de Cabane. "-
.M. Murtmpierres sèches.
A . Argile jaunt-.

K. k)olrenmoedings.
S. Sable éolien.

De ces gisements il reste à 2 mètres 50 au-dessus du niveau
des hautes mers un petit plateau (0) de forme elliptique,

long de dix mètres, large de quatre mètres dans lequel nous
avons recueilli des co.quilles marines, des vertèbres de pois-

~ . 175 _ .

SOD, des silex, des charbons, des cendres, des pierres de

foyer brûlées, le tout en sUrabondallce, mais dans lequel
nO\ls n'avons pas rencontré le moindre ossement de mam-

mifére tenestre.
A qaatre mètres an-dessus du ni veau des hal!tes mers (c),
dans la partie abritée du large, il nous a été possible de
dégager complètement une poche de gisement en forme de
poëlon renversé, épaisse de 80 centimètres à un métre repo­
sant silr uu lit rapporté de plus de un mètre d'épaisseur
d'argile jaune. Cette argile encadrait étroitement · un fond
de cabane circulaire entourée dJun mur en pierres sèches
monté avec soin'. )
L'argile devait assurer la solidité et l'étanchéité de la
cabane quine contenait ni débris, ni ossements, ni coquilles,
.. ni silex, ni pierres à foyer. Le fond de la cabane était tapissé
d'argile jaune sous une faible épaisseur; au-dessus de cette
argile des cendres grises avec quelques petits foyers remplis
de charbon et de grains abondants d'argile cuite de couleur
rouge. Dans ces cendres, nous avons ramassé de fort jolis
silex taillés parmi lesquels deux lames et un poinçon net­
tement retouché8 ; dans un petit amas compact de charbon
nous avons recueilli deux objets en os en forme de poinçon
et un morceau de bois taillé finement en poinçon, et
admirablement conservé, de petites pierres rondes épaisses

de quelques millimètres brûlées par la cuisson.
Dans le gisement de débris noirâtres recouvrant l'argile
de protection, les coquilles dominent, mêlées aussi à des
cendres, à des cbarbons, à de nombreux silex .

D'abord d6ux espèces d'huîtres d'une taille énorme dépas- ."
sant souvent dix centimètres de diamètre. Certaines poches
ne sont composées que de ces huîtres qui n'existent plus sur
la côte.

. La coquiJle de Saint-Jacques est très rare dans le gise-

ment; elle est identique à celle que IJon l'an~asse de noS jours,

, 176 ·-

à marée basse et par gros temps sur la grèv~ de la baie
d'Audierne, au Nord de la Torche. Tous les petoncles et
toutes le~ palourdes qe la côte se retrouvent en masse mais
les échantillons des cardia sont notamment plus gros' que
ceux pêchés de nos jours. Ces coquillages devaient être
beaucoup plus abondants autrefois. .
Nous avons reconnu deux sortes de moules: une bleue
-identique à celle actuelle des rochers de Saint-Guénolé et de
· la Torche et une grande jaunâtre 'dont le type est inconnu
de nos pêcheurs. Nombreux sont les turbots, les pourpres,

les « bigorneaux ~, mais avec des tailles supérieures à celles
des exemplaires modernes. Par contre nous n'avons ramassé
que des débris de myas et de solens de petite taille. .
Plusieurs morceaux d'haliotis en bel état de conservation
de la nacre voisinaient avec des vertèbres de congre iden­
tiques à celles des congres séchés par nos pêcheurs d'aujour-
d'hui. A ces débris de provenance maritime étaient mêlés
· d'abondants ossements d'animaux, notamment de cervidés;
à noter un maxillaire de rongeur avec ses dents et un autre
· petit maxillaire en bon état. .

Beaucoup d'os, ainsi que le signale M. du Chatellier, sont
éclatés, probablement pour en extraire la moëlle.
Les coquilles terrestres sont représentées par des escar­
gots communs et un gros limaçon des dunes 0xistant encore
de nos jours.
Nous n'avons pas découvert la moindre trace d'ossements
'. humains ou de poteries.
A notre avis .le gise~ent déjà très rongé par ~a mer est

menacé d'une destruction prochaine ainsi d'ailleurs que toute
la partie orientale de la presqu'île de la Torche (1) .

(t) La plage de la Torche elle-même se ronge rapidement. En t840 la
plage allait au-JeI:) du grand îlot de rochers situé au milieu de la baie et
qui couvert de dunes et de terres servait de pacagè. Or ces rochers ne
se découvrent plus qu'aux grandes marées bas~es, .

· ~k"_~: C' .l"

C~l'te le la pres'l.uile fie Popz·C"rn
dressée ./41' 1, Comln4hftt.Bélltirti.
, 1919
id bd i~
, XXX _.Ancùl2!2~ jOrlffcali()/l.
0 '_ Pc!lrtie eXjJlorée ./8,. le C()mma12dBnf·.lJiJZ8,.d.
Ji _ Tumulus du osmellf! au//". OlS Ikvé de 15 mètres d'a ,.;" lu

pro.Prt'ltail"l" ont encore relroU1Jé fie" chamlJNs .fll1Zbr;lr~·4S '" -19-17'
12 - 7ùmr:Ju~ dO"':énif~ da, llosmeulj e5'.'o~1 en 1~18.1p' tlu tA.ttk1lit,.. i ' .
.Jj et./) Purres tatllées a amr plal = C _ P"v-rel e CUjJUÙ3. -
AAAA limites de te,.,.ai.tu u'-cutles avec les blocs ml'41ü/zefur-l
tÙ la jJarfie ditpuite de k jOl'lÇfic-atuJl1. n~olilh~6

- 178 ..

Nous avons reconnu dans l'intérieur des terres, à trois
cents mètres de la plage de la Torche, non loin du village

de Kervédel, il. côté d'un tumulus en partie détruit, un gisement
analogue de coquillages et de débris de cuisine. 'Dans le

secteur déjà enlevé du tumulus les paysans ont bris.é des
vases contenant des, ossements.

A trois kilomètre!; au Sud-Ouest de la Torche et il l'extré-
mité de la baie du même nom gisent encore les restes des
fortifications mégalo-néolithiques de Porz~ Carn, signalées
dans leurs ouvrages par MM. de Caumont, du Chatellier et
Joseph Déchelette. La carte ci-jointe (voir pl. III) montre ce
qui subsiste de ce mur de défense composé de pierres de
grande 'dimension, consolidées par des galets et du sable.
Au moment de sa construction, ce mur devait être à une
certaine distance dans l'intérieur des terres. Depuis, la mer
a gagné. Le bastion fortifié au Nord-Est et certaines parties
de la muraille sont attaquées par les vagues de l'hiver. Il est
grand temps de les protéger si l'on veut les conserver.
D'ailleurs la mer n'est pas la ,seule coupable. Il y a un~
trentaine d'années, les propriétaires voisins ont enlevé les
pierres dela partie Nord-Ouest et ont construit quatre clôtures
qui, composées de ces gros blocs mégalithiques, ressemblent
un peu à des alignements. L'une d'elles est creusée d'un
trou naturel comme on en rencontre tant ·~ur la côte et que, à
tort, on avait d'abord pris pour un travail de la l'nain de
l'homme. .

Les traees de là fortification néolithique relevées à l'inté­
rieur de la presqu'île de Porz-Carn prouvent qu'elle entourait
le tumulus à dolmen Nord de Plosmeur exploré par M. du

fUl

179-
Chatellier, mais pas l'autre tumulus du même nom. Ce der­
nier, tumulus soumis à. des destructions successives jusqu'en
1917 inclus ont révélé chaque fois de nouvelles chambres
funéraires dans lesquelles on a recueilli récemment une tète
en terre cuite gallo-romaine, une hache et des poteries que
DUS avons pu nous procurer.
Sur quelques points la fortification néolithique repose sur
le granit naturel; mais du côté de la mer et aussi du côté
ntérieur du bastion face à la baie de la Torche, partie
a'ailleurs plus abritée, les pierres reposent sur des lits de
iTalets ronds mélangés à. une terre contenant des silex, des
wquilles marines et des vertèbres de congres dont le gise-
ent paraît très ancien, sans avoir toutefois le caractère de
:elui des kjokenmœdings. On n'y découvre en effet ni argile,
li cendres, ni charbons.
Par contre dans les parties déjà érodées de la muraille
. lle-même, nous avons recueilli des silex mieux travaillés.
Dans l'intérieur de cette fortification, il n'est pas rare de

ancontrer des silex et des débris de poteries néolithiques;
[. de Rechniewskf fils, ingénieur du génie maritime, y a
ouvé des lignes circulaires de pierres sèches et de silex qui
Bmbleraient indiquer la trace d~ cabanes ou de foyers .

Il est intéressant à. signaler que les beaux alignements
~ Lestrigniou se dirigent e;x:actement~ géométriquement sur
sommet de la Torche et que le même sommet, le champ
éraire de Malordy, le menhir en forme de hache de Les­
rs et le menhir lenticulaire de Kerscaven sont exactement
ligne droite comme si la Torche avait été le centre de
onnement pour les constructeurs de ces monuments
anges.
a carte ci-jointe (voir pl. VIII), bien incomplète encore,

-SAI

'. 'StGuénclé

o 0 0

- 0' :'00 _0/ ..

. !J. de la Joie

A20

33A

j3g

CARTE MEGAllrHIÇ}Vé
DE LA R ÉG/ON DE LA TORCHe
d,.ess!e par le Com.mandant (lwfes1J'IUl~
_19-19

183 -,

Sur la rive Nord-Est de la Turche, a toucher la plage de la
'baie d'Audierne, se dresse une gros~e pierre de granit cubi­
que, dont la face supérieure est creusée a trois centimètres
de profondeur seulement dans un périmètre pentagonal irré­
gulier, Ce ne peut être ni une au'ge à cause du peu de
profondeur du creux, ni un instrument maniable a cause du
poids de la pierre. '

Mais cette piorre n'est pas la seule du 'même genre; à

Por~-Carn, au coin Ouest des restes de la fortification néo-
-lithique, nous en trouvonsune autredeformes, d'e dimensions,
d'épaisseur presque identiques à celles de la précéd.ente (voir

pl. III et pl. IV). . .

A cinquante mètres à l'Oue::;t de cette seconde pierre, une
troisième plus petite, mais avec un des côtés taillés en demi-

cercle, s'étale comme les précédentes au milieu des roch~rs,
Près d'elle trois blocs rnégalithiques : un grand en forme

de menhir lancéolé gravé de 58 cupules, le second et le

troisième qui paraissent être des bouts de menhir cassés
sont gravés l'un de six cupules placées su-r deux rangs,
l'autre de quatre cupules dont deux de plus grand diamètre
que celui des deux autres (voir pL V).
Il semble que toutes ces pierres ont dû être dressées autre­
fois sur la falaise, avant la disparition de la terre qui recou-
vrait les couches de · granit. '
Mais revenons aux pierres .creusées à plat ; un instant
nous avons supposé que le creusement de ces pierres pou­
vait être inachevé et qu'elles avaient été laissées telles quelles
sur place, ~. .
L'horizontalité parfaite du fopd des creusements annule

l'hypothèse de l'inachèvement. Et, par ailleurs, il en a été
transporté de pareilles dans l'intérieur puisque nous en
avons trouvé deux au milieu des débris du cromlech qUl

184 _ .

entoure le moulin de la Madeleine et une autre cassée en

deux au coin d'un champ, à cinquante mètres à l'Ouest du

Pierres de
Ports-C!J.r~
Poids. 230olf!!o,y.(A)
de La plus grande
Poids de lal'etile .. 8oo{~.

Pierre

de /a Torche

Poids' : 2.500 K,ï.

185 - .
tumulus du Poulguen. Que peuvent êtl'e ces pierre::; bizarres?
Tables de sacrifices ! Sortes de fonts baptismaux? " Le
saurons-nous jamais?
Pierres

Cupule$
mil creu.ses

cupulès :
tlécOtlvertea dan8 lèS roclze1'8 e~(julh --

a,' "afalaise de l'o?'5;CaJ"iL _ -'
(S! GUinOlI.Penmarck)

" 7 7 L7 t77_~

2'1'/0 __

Au début de septembre, nOIlS avons exécuté une fouille .
tour d'une pierre horizontale que nous avions découverte

186 --
à Roz-an-Tremen, a ]500 rnètl'es à l'E:5t de la Torche (1) (voir
pl. VI) ; les paysans clll lieu nous avaient certifiè que deux
Pierres et é u/tur.és cie
A. Cassure Ire8

Ll1lJ'o,.tanle sur
larue/le aile'
fait dujeu.
C _ Korceau
intacè
à Un morceau de

cuz.sse. .
P- Grosse J'ierre
inclinée.
.f'- Petite pierre
verlicale brûlée.
-1 "Crâne non
2 .3.4.5" Vases

confenanl des
ossemenls incinérés .

. 6 -J- 8 - Os incLneTés reums en .J'odus .
S. S'llle/elle couclz.é au, H looB.
B ..Bracelet de el'"
F Fibule de er.

oz-an-Trémen

fàrlie .
de la
_. (11 Call1le~)
V.Cm'placemmt des débl"?-S dlL vase colore' eè d'une des
(i) Ce champ appartient à M. Jean-Louis Le Beun, à son frère et
son beau-frère qui ont eu l'amabilité de nous donner les a
nécessaires et même de nous aÏfler à fouiller. Le fermier, . Le Pemp.
ne nous a pas quittés pendant les fouilles, travaillant sans cesse et
beaucoup d'habileté. Nous ne saurions trop remercier MM. Le Reun
Le Pemp .

autres pierres sem blables, placées en triangle a vecla première,
avaient été détruites à 'ra dynamite (1). D'abord, nous avons

dû constater que la partie supérieure de la pierre restante
est abimée à coups de cuins et de masses'. Le croquis ci-

joint montre les caract~ristiques de cette pierre retaillée

sur ses bords et sculptée en-dessous de onze canelul'es
longitudinales parallèles à sa longueur et admirablement
exécutées. Ces r8yures sont semblables à celles de la statue
menhir de Saint-Sernin, signalée par Déchelette (pp. 588
à 592). Cette analogie est d'autant plus tl'Oublante que sur
le dessus abîmé il reste une forme de cuisse bien caracté-

risée et bien placée.

A un niveau de 25 centimètres environ, on trouve presque

uniformément une couche de pierres de prtites dimensions,
formant un matelas compact et pré:3entant cette particularité '

d'avoir été choisies plates comme si l'on avait eu. l'intention
de faire un dallage grossier. .

L'ensemble du terrain sous-jacent,. sur une profondeur

variant de 50 à 70 centimètres, a servi de lieu de sépultures

par incinération. Mais les couches supérieures que nous
avons explorée3 ont été bouleversées tout an moins par une
inhumation :::::ubséquente, ce qui donne beaucoup d'irrégula­
rité au dépôt et explique ' la dissémination des ossements
et des poteries. .
Cependant à partir de la moitié de la longueur de la

pierre, côté Nord, nous avons pu recueillir en (2), (3) et (4),
trois vases dont les parties supérieures avaient été disper-

sées, mais qui renfermaient encore des restes d'incinération.
Au milieu des débris de l'un d'eux,. nous avons tamisé un

fragment de bronze qui paraît provenir d'une fibule. Le
fond d'un quatrième v:;tse était en place en (5).

(1) La présence de ces trois pierres en cet endroit semblerait autoriser
à croire que le nom primitif était: Roz-an-tri-men, tertre des trois pierres,
au lieu de an-tremen, tertre du passage. (Chanoine Abgrall) .

Puis, en remontant vers le Nord, se présentaient en (6),
(7) et en (8), des amas d'os incinérés. En (6), ces ossements
étaient quelque peu protégés par des pierres plates plus
grosses que celles du matelas supérieur. Les débris de (6)
tamis'és ont fourni deux crochets. de fer, un . autre objet en

fer informe encore munid~un morceau de manche en os.
Un bout de bronze- qui pourrait provenir d'un arc de fibule
plate complétait ce mobilier. Les dépôts 7 et 8 ne donnèrent
rien que des os de très petite dimension; la courbure des

os craniens y est très fermée.
En (1), sous le pied Sud de la pierre tombale, nous avons
recueilli, dans le sable même, sans aucune trace de cendres

des ossoments très fragiles et très minces qui probablement
appartiennent a un crâne d'enfant non incinéré. Dans les

terre~ remuèes, nous avons recueilli un morceau de bronze
qui pourrait être le reste d'un bracelet.
Sauf la fibule de type très primitif et fortement arquée
qui appartient ' à la Tène 1, rien dans les débris de fer ou
de bronze ne permet de dater ces inhumations; mais la
forme générale, la finesse technique, la matière première
des poteries caractérisent leur origine gauloise; elles sont
identiques aux beaux spécimens connus; aucun morceau

cependant ne paraît appartenir à la forme carénée. Quelques

fragments plus anciens peuvent être classés dans le ty
néolith~que.
Les croquis ci-joints présentent les dessins relevés sur
quatre vases mentionnés plus haut, ainsi que sur les débris
de cinq ou six autres dont un peint à l'ocre rouge (voir pl. VII)
Ces ornements très élégants, en grecques circulai
comme on en a rencontré à Kerviltré, se distinguent
ment de l'ornementation marnienne. Quatre dessins
moins appartiennent au même vase; deux autres vases

a~ssi décorés d'au moins deux rangées de grecques.
En plus des quatre cercle!:;, le premier vase présente sou~

189 -,

la première ligne d'ornementation quelques coups de pouce
d'environ quatre centimètres de . diamètre avec renflement
médian.

Un autre fragment avec coups de pouce entouré de coups

Fl'ôgments divel'8 de Potel'ies l'ecueil/,s PI.VII
d4ns les Sépultures de Roz-an-Tpémen

'ongle, peut provenir d'un couv8l'cle-assictte du type si

l'équent en Cham pagne.

Un bord de vase, qui paraît de factu re. plus primitive,
résente une ornementation offrant l'aspect d'une cordelette,
En continuant les fouilles jusqu'à un mètre environ de

extrémité Nord de la pierre, nous avons mis à jour, à une

-190 -

, prof?ndetir de 90 centimètres, une sépulture par inhumation

creusée au milieu des débris d'incinération. Le squelette
dirigé perpendiculairement à l'axe de la pierre tombale

s'appuyait à la tête sur un'e pierre trapézoïdale inclinée
et aux pieds contre une pierre plus petite et d'ailleurs
brûlée. Le côté droit était creusé dans la couche de sable
blanc non remaniée, le côté gauche dans une nappe d'inci_

nératidn antérieure. . '
Le squelette était orienté les pjeds au soleil Levant.
Le haut du squelette était légèrement inCliné a gauche

le crâne tourné plus à gauche e.ncore ; individu de petite taille

(1 ID 51), les dents admirables mais- usèes. Grosseur assez
forte de la tête eh proportion de la taille.

Le mobilier très pauvre, en fer, consiste en une bague
restée. SUI' l'annulaire c1roit,en un second annèau placé
entre le corps et le coude dro.it et enfin en une fibule placée
à la hauteur du bassin et qui permet de dnter nette mont
cette inhumation à l'époque de la Tène 1.

Nous avons ,tenu à faire à la Société archéologique du

Finistère l'hommage ' de nos modestes travaux de 1919.

NOliS réserverons toujours aux Musée. ::; de Saint ... Germain
et de Quimper la plus grande partie des pièces intéressantes
que nous pourrons découvrir .

Septembre 1919.

Commandant CHARLES- BÉNARD.

Abbé FA VRET.

GEORGEs-A .-L. BOISSELIER .

CARl

5-6 D

iD n
H Tl
i2 MI
13 De

19 C

21 Tu
22 Tu
23 TU!

-191

TE 0 S E PAR LE C A 0 NT CHARLES R NA 0

(Voir pl. VIII).

)uatre alignements de Lestrigniou dirigés .sur la Torche.
(i99 monhirs en i907 HH menhirs en i9i9).
:romlech du moulin à eau de la Madeleine (2 blocs creusés à plat) . .
denhir de Om 50 de hauteur à 500 mètres au N.-O. de la chapelle
de la (N . .:.E,). _. .
~enhir en forme de hache à côté du calvaire et de la rivi~re de Les-
cors (N.-E.). - .

)eux grands menhirs de Kerscaven (un seul a été fouillé). .
lIée couve- rte de Lestrigniou (explorée par M. du Chatelier en :1.876).
lolmp.n de Melandu. (Mobilier vendu à des Anglais par les pro­
priétaires).
umulus à :1.50 mètres S.-E . . de Melandu. En partie détruit (non
exploré).
umulus aplani. (Mobilier au Musée de Kernuz). _
ois menhirs à l'Est de Kerflant. (Explorés par M. du Chatelier).
enhir renversé à :!OO mètres au Sud des trois précédents (N .-E.).
eux lechs : un dans la cour de l'école, l'autre devant une maison.

. de Kerdano (non exploré). .
e couchée de Porz-Tibor (non explorée).
de Men-Griz (non exploré). . '
can('lée couchée et ~ autres pierres couchées détruites au milieu
. d'un cimetière gaulois (exploration commencée par le Com­
mandant Bénard, abbé Favretet Boisselier) ..
de Roz-an-Tremen. Ce tumulus non complètement détruit
est à. explorer.
p de Roz-an-Tremen contenant un ossuaire.
ulus et allée double couverte de Run-Aour-, (Explorés par M. du
Chatelier on :l.8i9). .
lus détruit'" sous l:v maison de Malordy.
en partie détruit et souterrain de Kerboulen.
de Croas-ar-Gloanner exploré en t867 par M. du Cha­
telier, père, à côté deux petits tumuli non explorés. .
avec dolmen à galerie, Détruil pendant la guerre

-192 -

25 Menhir Larnicol sur une nappe d'eau, explorée par le commandant
Bénard, abbé Favret et Boisselier).
26 Tumulus en partie détruit contenant des vases et des ossements
à côté un champ rempli de débris de cuisines (non exploré).
Dans le ,'oisinage deux restes de lechs. ' .
27 Menhir couché à formes antropornorphiques (non exploré).
28 Fortification néolithique de Pors-Carn (explorée par le commandant
Bénard), 2 pierres creusées à plat et trois pierres avec cupules .
29 Deux tumuli de Rosmeur avec dolmen et chambres. (Fouillés et
explorés à diverses époques).
30 Dolmen et cromlech de la ferme de N.-D. de la Joie (non exploré) .
31 Dolmen et allée couverte de la Torche (incomplètement explorés par
M. du Chatelier en 1880).
3:! Gisements de Kjoken-Mœddings explorés én 1.880 par du Chatelier
. et en i9i9 par le commandant Bénard, abbé Favret et Boisselier.
33-34, Tumuli (non explorés). (Le Pleoch) .
. 35 Menhir enfoncé dans une source (exploré sans résultat).

36 Dolmen de Kerveret. Détruit. Exploré en 1880 par du Chatelier.
37 Allée couverte de Kerugon: Explorée en 1.876 par du Chatelier.
38 Lech couché.
39 Lech debout. .
40 Menhir de Prat-Palud. Détruit. Exploré en i870 par du Chatelier.
4i Grand Menhir (non exploré). Dans le voisinage deux tumuli.
42 Menhir à cupules de Saint-Urnel (Saint-Saturnin). (Musée de Kernuz) .
4,3 Carrière à squelettes de Saint-Urnel-Bras (oon complètement explo-

44 Oppidum de Tronoën-Kerviltré et cimf etièl'e mixt0 (M. du Chatelier) .
40 Resle d'allée couverte (non explorée).
46 Cachette de fondeur.
47 Tumulus détruit (non exploré).

DEUX1ÈME PARTIE

publiés en 1919

1 Les trou pes de guerre àLesneven sous Louis XIV
par l'abbé G. PONDAVEN. . . . . . . . . .
/ Il Etablissement gallo-romain de GOfré-Ploué en

Plouescat par le chanoine ABGRALL (2planches)
III La révolution en Bretagne. Les derniers Monta­
gnards 1795 (suite) par PRo HÉMON. . . .
IV Laënnec bretonnant par GASTON ESNAULT. . .

V Excursion à Quimperlé par le chanoine ABGRALL
VI Etablissement gallo-romain de Pors-Guen en

. Gouesnac'h par 1. OGÈs. . . . . . . . . .
VII La chapelle Notre-Dame de Kerinec et les hôpi-

taux des chapelles bretonnes par H. WAQUET
(1 planche).. . . . . . . . . . . . . .
VIII Un jeune matelot bigouden otage de corsaires

jersyais (1744-17 t8) par LE BOURDELLÈS. . .

IX Importance archéologique de la région de la

presqu'île de la Torche par le commandant
CHARLES BÉNARD, l'abbé FAVHET et GEORGES
BOISSE LIER.. . . . . . . . . . . . . .
X Note sur le squelette exhumé à Roz-en-Tremen
dans la région de la Torche par le docteur
LAGRIFFE ... . . . . . .. . . . . . . .. .
XI L'enseignement de la langue bretonne par L.
OG~:S. .. .. . .. .. .. .. .. . .. . .. .. .. ..

XlI Discours de M. le PRÉSIDENT. .

PAGES

133
150
153
168
172
193
197
205