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Société Archéologique du Finistère - SAF 1919 tome 46 - Pages 150 à 152
Au cours de mes promenades au bord de rOdet, j'avais
maintes fois rencontré dans le bois de Pors-Guen en
Gouesnac'h, au lieu dit Beg-pin-mar (section C. 617), de
gros galets blancs analogues à ceux qui ornent les allées
des parcs. Comme de tels galets ne se rencontrent pas
sur les rives de l'Odet, je pensai qu'ils avaient pu servir
d'ornement aux jardins de quelque villa gallo-romaine,
et je fus amené à rechercher si des vestiges de construc-:
tions ~e se Lrouvaient pas à proximité. Je ne tardai pas à
découvrir, à 20 mètres de la côte, un amas de pierres
éboulées· paraissant faire partie d'une construction dont
le tracé se dessinait encore assez bien. J'enlevai quelques
moëllons et je mis à jour des luiles à rebord, des écailles
d'huîtres et des débris de poferie. Plus de doute: j'étais
. en présence des vestiges d'un établissement gallo-romain.
La construction affecte Ulle forme rectangulaire et
mesure environ 15 mètres de long sur 10 mètr. es de large.
La pierre-est le petit appareil, seul usité dans les établis- .
semenLs romains de la région. Il semble que les murs se
soient écroulés dans la cave de la villa, car l'inlérieur .
est à. un niveau très sensiblement plus bas que lè sol
environnant. C'est peut-être un hypocauste; nous serions
alors en présence d'un établissement de bains analogue
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à ceux .du f>érennou eL du Poulker. Des fouilles pourront
seules nous fixer sur ce point. .
On a remarqué que la plupart des villas gallo-romaines
étaient bâties dans des sites gracieux d'où l'on pouvait
. jouir d'une vue étendue. Les Gallo-romains étaient des
raffinés. Pour ce qui est du goût, de la propreté et dn
confortable, ils en auraient remontré à beaucoup de nos
contemporains. Du réste, le goût du beap. est demeuré le
. même à tra vers les âges, et il est curieux de noter que la
plupart des châteaux avoisinant l'Odet ont été construits
sur les emplacements ou à proximité des villas gallo
romaines dont les vestiges ont été mis à jour en creusant
les fondations.
A Pors-Guen le cadre est vraiment merveilleux. Les (
habitants de la villa pouvaient jouir d'une vue de toute
beauté, qui, si elle différait de ce qu'elle est aujourd'hui,
n'en devait pas moins être très belle. Tout près, c'est la
rivière, 'très large en cet endroil, encadrée d'un feston de
roches noires dont, à mer basse, reluit au soleil la crinière
de varech. A droite les bois du Cosquer, à gauche ceux
de Kergoz, déroulent leur épaisse frondaison et découpent
le ciel de leur . crête dentelée. Au fond, à gauche, c'est
Bénodet dont les maisons se pressent au pied çl'un vert
coteau sur lequel les villas mettent de larges taches roses
ou blanches. Sur la rive droite, c'est Sainle-Marine et
Malakoff, à demi cachés par un rideau de verdure. Entre
. les deux rives, les barques au mouillage et le bac à
vapeur glissant sur ses chaînes, se détachent sur les
reflets argentés de l'eau. Et là-bas, tout au fond, c'e3't la
grande mer bleue qui, à l'horizon, semble monter pour se
confondre avec le ciel, bleu comme elle.
Etant instituteUl~, je voulus faire connaître aux enfants
de l'école les ruines que j'avaient décou~ertes, certain
de les intéresser en leur faisant visiter un établissement
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vieux de 15 ou 16 siècles et construit par les Gallo-Romains
dont ils connaissaient l'histoire.
. Le 15 Juillet 1919, le but choisi pour notre promenade
scolaire fut la villa gallo-romaine de Pors-Guen. Le lieu
était tout indiqué pOUl' évoquer la conquête de la Gaule
. par les Romains, la brillante civilisa.tion qui succéda à la
barbarie gauloise. Après la leçon, très intéressés, les
enfants fouillèrent les décombres, déplaçant les pierres
éboulées et les rangeanLproprement à proximité. Bien
tôt ce sont des cris de joie: voici des tuiles à rebord qui
furent la toiture de la villa; des tuiles faîti~res, un débris
de vase à rebord, -un morceau de poterie semblant pro- .
venir d'un vase de cuisine allant au feu, car if est tout
noirci à l'extérieur; voici des morceaux de poteries plus
fines, des écailles d'huîtres (les Gallo-Romains étaient très
friands de ce mollusque qu'on trouvait en abondance SUl'
les rives de l'Odet). Quelques pierres sont calcinées;
quelques-unes portent même des traces de vitrifications: .
nous en déduisons que la villa a . dù être incendiée, très
vraisemblablement par les Normands, qui, au IXe et· Xe
siècles, ravagèrent Quimper .. Bientôt, nouveau cri de joie:
un élève montre à tous une pièce de monnaie qu'il vient de
trouver; c'est un petit b'ronze, malheureusement dété-
rioré ct d'une frappe défectueuse qui ne permet pas de
déchiffer l'inscripJioIi. Très excités à l'idée qu'ils vont
découvrir nn trésor, nos jeunes travailleurs se remettent
à la besogne: ils vont tout démolir; il faut mettre Je holà,
car nous n'avons pas l'àulorisation du propriétaire,
il faut se conLenter provisoirement de ces Lravaux dis
crets, car nous n'avons effieuré qu'un Lout petit coin de
. l'établissement.
On se prom~t de revenir, et, bien à regret, on s'éloigne
de ces lieux (lui, à l'imagination des enfants, cachent des
choses merveilleuses. L. OGÈS
DEUX1ÈME PARTIE
publiés en 1919
1 Les trou pes de guerre àLesneven sous Louis XIV
par l'abbé G. PONDAVEN. . . . . . . . . .
/ Il Etablissement gallo-romain de GOfré-Ploué en
Plouescat par le chanoine ABGRALL (2planches)
III La révolution en Bretagne. Les derniers Monta
gnards 1795 (suite) par PRo HÉMON. . . .
IV Laënnec bretonnant par GASTON ESNAULT. . .
V Excursion à Quimperlé par le chanoine ABGRALL
VI Etablissement gallo-romain de Pors-Guen en
. Gouesnac'h par 1. OGÈs. . . . . . . . . .
VII La chapelle Notre-Dame de Kerinec et les hôpi-
taux des chapelles bretonnes par H. WAQUET
(1 planche).. . . . . . . . . . . . . .
VIII Un jeune matelot bigouden otage de corsaires
jersyais (1744-17 t8) par LE BOURDELLÈS. . .
IX Importance archéologique de la région de la
presqu'île de la Torche par le commandant
CHARLES BÉNARD, l'abbé FAVHET et GEORGES
BOISSE LIER.. . . . . . . . . . . . . .
X Note sur le squelette exhumé à Roz-en-Tremen
dans la région de la Torche par le docteur
LAGRIFFE ... . . . . . .. . . . . . . .. .
XI L'enseignement de la langue bretonne par L.
OG~:S. .. .. . .. .. .. .. .. . .. . .. .. .. ..
XlI Discours de M. le PRÉSIDENT. .
PAGES
133
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