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Bulletin SAF 1919


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Les troupes de guerre à Lesneven sous Louis XIV

G. Pondaven

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1919 tome 46 - Pages 3 à 31

à Lesneven

SOUS LOUIS XIV ,

Il sera question en ce travail du passage à Lesneven des

troupes dites de guer~e, et non point, (ou ce ne serait que
d'une manière exceptionnelle), des compagnies du ban et
arrière-ban, des milices bourgeoises, et des détacher.nents

fournis ,par les paroisses pour la garde côtes.

. Le logemen t des soldats se répartit d'ordinaire par billets

' individuels présentés à l'habitant ; mais il y aura, tôt après
Louis XIV, des maisons affectées c'omme càsernes. C'est ainsi
que les dragons de la compagnie de Brissac, du ' régiment

d'Harcourt, ' qui quittent la ville en août 173" 1, sont jusque~là
casernés au haut de la rue' Notre-Dame, dans l'ancienne

maison d'Ollivier Gellard, siéur deRuneven. ' "

' 22 novembre 1666. ' Certaines difficultés s'étant présfm tées

, pour l'établissement du logement de deux compagnies d'in-
fanterie du régÎment des Veseaux Provance, M. de Launay,
('i) Syn, dic,' fait promulguer le règlement suivant:

Les soldats seront logés deux à deux chez les habitants;
ils ne pourront prétendre que le lit et les l'!lenus « u~Ùlncilles »

consistant en sel, vinaigre et eau.

'Chaque hôte aùra 6 aides pour fournir à ses 2 soldats,

(1) Charles Marion, sieul' de Launay, natif de Brest, avocat. Epousa à

Lesneven, le i2 Février 1652, Renée Rleinhant, dont il eut 9 enf'ants., ,

(Cf. l'Echo Paroissial de Brest, 19 mai i90i). Aide-inq.jor da~s la MiUce '
ell i674-, et, à ce titre, touchait 1. livre par' jour. " '

consistant en 3 livres de pain rassis entre bis et blanc, 2 livres
de viand~, bœllf et mouton, :2 fagots d'un sol, pièce, et

1 chandelle de '12 à la livre. ' .

Il est défendu aux soldats, à peine de la vie, d'exiger autre
chose de leurs hôtes et aides, ni de convertir les fournitures
en argent. (1). ' . Î
La première mention qui soit faite dans les registres de la

Cpmmunauté (2) du passage des troupes de guerre, se trouve
à la date du vendredi 3 janvier 1681. On y ~ignale que

40 hommes de recrue au régiment d'infanterie du roi, passent

à Lesneven, se rendant à Verdun.

20 Décembre 1683. Arrivée de 3D hommes de recrue c' om-

mandés par le capitaine du Plessis BO, issel, allant à Marien­
bourg! au régiment du sieur de Plessis Bellière. Pour établir
les billets de logement, on demande au dit capitaine la

(~ nommée» de ses sQldats, ce qu'il a refusé, disant n'y
. être obligé.

6 Octobre 16~8. Le sieur de la Lande, lieutenant, prévient
les h~bitants du prochain passage de la compagnie du sieur,

Beauvais Villerabel, capitaine de chevaux légers, allant à
Poitiers. .

18 Mars 1689. - Les habitants députent une délégation à

~fest, pour représenter au maréchal d'Estrées l'impossibilité
de loger, comme on le leur demande, 16 compagnies avec les
ofl\ciers majors du régiment de Languedoc. disant que la ville
et paroisse de Lesneven est si petite qu'il ne s'y trouve pas
300 hommes de 18 à DO ans, y compris les vaJets et domesti­
ques. La Commuriauté supplie le maréchal d . 1ordonner qu'une

partie de ces compagnies soit logée dans les gros bourgs et
paroisses des environs, de même à Saint-Renan et localités
(i) Arch. Départ. Fond Barbier de Lescoet. Garde côtes.
(2) Les délibérations manquent dans ces registres pour la période
t660·{680. Mais par la suite, c'est à cette source que nous empruntons Ja
plupart de nos renseignements.

voisines. (1 ).

Avril. Un exprès revenu hier soit' de Brest, rap-
porte l'ordre de loger 4, compagnies de 100 hommes d'infante-
rie d'Alsace. · .

Or les habitants ne s'attendaîent qu'à des compagnies de
~O hommes; et déjà le syndic a eu bien de la peine à leur ·
trouver un logement, ayant chargé plusieurs des habitants de
4 soldats, et tous les autres de 2, dans des maisons et lieux
incommodes, couverts de gleds et de paille, chez des pauvres
gells sans pouvoir ni faculté de fournir la chandelle et le bois
pour cuire les vivres. J)e plus, de nombreux particuliers se
. prétendent exempts du logement des gens de guerre, comme

les gentilshommes à cause de leur qualité, bien que plusieurs
d'entre eux soient avocats ou procureurs postulants au bar­
reau de la Cour royale de Lesneven; et d'autres personnes
sous prèlexte d'être au service de sa Majesté, entre autres:
Pierre Chaillard, boucher, (qualifié ailleurs de chirurgien.
(Né en 1649).

Les deux commis pour les tabacs, Charles Jegart et Jean
Mauget, (ce dernier succèdera à Yves Le Normand, comme
Gouverneur.de la Confrérie des Cinq Plaies). .
Le distributeur . du papier timbré, Olivier Godefroy, sieur
de Keroignant. (Né en 16Q9. Nommé administrateur de l'hô­
pital, le 13 janvier 1692. Mort le 29 septembre suivant).
Le commis pour le greffe du contrôle, Tanguy du Londe!.
(Avait épousé Jeanne le Becq, le 8 janvier 1648).

Le greffier de la Cour, le sieur Miret.
. Le greffier de la Communauté, Jacques Meunier, sieur du
Cosquer, notaire Royal, demeurant rue Ségalen. (Né en 16Q4) .

Reçu greffier de la Communauté, le dimanche 14 janvier 1680,
au lieu et place de François du Châtel, sieur de Lannurien,
(1) Plus tard la communauté de Lesneven s'arrogera même le droit
d'exiger des fournitures de sa banlieue et des environs. (Dupuy, Adminis-
tration municipale en BretagI1~p. 2i2). ;:

a ' 6 cà

décédé. Le dit sieur du Cosquer est député aux Etals à Dinan,
novembre' 1711, et octobre 1713; en rem placemen t du maTre

de Lesneven, em pêché. Mort en 1719 et rem placé le 1

cembre, par le sieur Miorcec, au greffe de la Communauté).

Le chirurgien juré et commissaire pour les rapports. Yves
Le Normand, sieur dePenlan. (Né en '16;);); nommé gouver­
neur de la confrérie des Cinq Plaies, en place de Jacques
Collot, sieur du Tertre, déCédé). '

Depuis 23 ans, il n'y avait pas, faute de fonds" dé médecin
pour servir la ville, et en 1689 on ne trouve à Lesneven comme

chirurgiens jurés et apothicaires, que Antoine Boisangé;
maUre apothicaire et chirurgien de première classe de la

Marine, et Yves Le Normand. Mais, bien que le dit Normand
{( prétende se rendre maître universel de la chirurgie, sous
prétexte de quelque arrêt qu'il se vante d'avoir obtenu au
grand conseil, les habitants l'ont pour suspect, et ne veulent
se mettre è 'ntre ses mains », .
Pareille défiance d'ailleurs atteignait aussi Maître Boisangé.

Les plus riches faisaient bien venir, à 'grands frais, des apo- '
thicaires et chirurgiens des autres .villes. Mais les habitants
non fortunés et les pauvres de l'hôpital sont dits souffrir, non

seulement de la qualité des soins, mais de leur insuffisance.

Car les deux médecins de Lesneven desservaient aussi les

campagnes; et de plus, le dit Normand était commis aux

visites des blessés et cadavres dans tout le ressort du siège,

consistant e'n plus de vingt paroisses, avec un rayon de
huit lieues.

Lesquels sus .. nommé, s prétend~nt tous ' être . exempts, et

menacent d'entreprendre le synrJic comme , contrevenant à

leurs privilèges.

Les plus notables des habitants se dérobant ainsi, il est
'décidé que le Syndic ira à Brest remontrer au maréchal

~'Estrées l'impossibilité de loger 400 hommes, et lui"demander

a y ' 1.

d'enenvoyel' une pal'He au Foigoat, Kernilis, Lannilis"
plouguernea!l. : ' ' ,', "
De plu~ les habitants demandent .à ceux qui se prétendent

exempts du logement ,des troupes, de faire conster de' leur ,
exemption par le maréchal d'Estrées ou les 'commissaires, de
sa Majesté. '
20 avril. Le syndic remontre qu'il a fourni du , bois et de
la chandelle au corps de garde de l'infanterie d'Alsace, avec
une maison servant pour le dit corps de garde. ,
5 juin. On annonce 12 compagnies du régiment d'Alsace

avec l'Etat Major" '
Puis il est dit que de tout temps on a logé des gens de guerre .
chez les avocats, même gentilshommes, et que c'~st pal' ordre
du maréchal d'Estrées qu'on ' a mis des soldats chez le
sieur Le Veyer ('i) et autres gentilshommes portant la robe.
i) août. , Un maréchal des logis du régiment d'Alsace
exige de Sébastien Crouézé, sieur de Kerguyo, mar, notaire
royal, syndic depuis le 4 janvier 1988, l'ordre , envoyé par le

maréchal d'Estrées de loger 4 compa, gnies du dit régiment. Le

syndic offre de 1 ui en faire donner copie. Mais ayant sans
défiance montré l'original au dit maréchal nommé, Vintrefem,
celui-ci lui arrache le papier, qu'il refuse au surplus de rendre.
Réclamations du syndic qui propose de nouveau une copie et
parle d'aller mettre le maréchal d'Estrées au courant. Vintrefem
alors de le prendre de haut. « Le syndic est un bel homme de
pader de la- sorte, :n'étant qu'un individu de néant; si on eût
été à l'égard (sic. Prononciation alsacienne, évidemment, du

mot : écart), lui, Vintrefem, aurait fait voir comment il
agissait; le syndic se prétendant homme d'honneur, on n'avait
qu'à se retirer à L'égard, et là, Vintrefem lui passerait l'épée à
travers le corps. Sur quoi, la demoiselle compagne du syndic
et qùelques bourgeois accourant, entre autres le procureur du

(f) Ecuyer François Le Veyer, sieur de Nevent, mari de Isabelle
Larvor, fille d'Olivier Larvor, sieur de la Haye, qui f\ü syndiç de
Lesneven; pendant 6 ans,

. 8 ai 5

·roi, pour empêcher les violences du sieur Vintrefem, celui"ci
finit par rendre au dit procureur la pièce dérobée.
8 aoùt. . L'aide-major du régiment du Bois de la Roche,
annonce qu'on ait à loger 10 com pagnies. .
Le pauvre syndic maltraité par le sieur Vintrefem,'va même
être en butte aux outrages de ses propres administrés. L'un

d'entre eux, Yves du Plessis, sieur de Kéradennec, notaire

royal et procureur postulant, .(1) prétendant être exempt, a
bien montré ses lettres d'exemption, mais elles ne sont vala­
. hIes que pourle temps où le dit sieur de Kéradennec sera au

service de la cavalerie. En .tou t cas, ces lettres excitent la
jalousie d'un autre gentilhomme, officier, qui vient trouver le
syndic, le maltraitant de paroles sales et outrageuses qui ne
se peuvent mettre par écrit, et prétendant être autant
gentilhomme que le sieur de Kéradennec, et qu'il devrait
même, plutôt que ce dernier, être exempt comme avocat, le
dit sieur de Kéradennec n'étant que procureur.
Sur ce les habitants sont d'avis, qu'attendu le peu . d'habi­
tants de la ville, et le grand nombre de personnes nobles,
comme avocats, notaires et procureurs postulants, hantant
journellement le barreau de cette juridiction, et aussi d'autres

particuliers se prétendant également exempts; que les pauvres
gens se trouvent par là beaucoup oppressés et les soldats très

mal logés, sont d'avis que le syndic aille à Brest trouver le
maréchal d'Estrées, pour lui remontrer ce que dessus, et lui
faire très humble supplication de les éclaircir sur' les dites
exemptions. '
10 septembre. ' ,M. le marquis du .Bois de la Roche
remet l'ordre du maréchal d'Estrées de log~r 7 compagnies du
régiment du dit colonel du Bois de la Roche. '

. (i) Une Louise de !{erscau de I{érénec, dame du Plessis Kéradennec,
est inhumée aux Récollets de Lesneven, le 16 août nos.
En 17i9, un sieur du Plessis Kéradennec est Sénéchal de lajuridictioll
de Coelmellech exeI cée le lundi,. dans l'auditoire de la Cour Royale de
Lesneven. 'En cette qualité, il est compris, avec ses domestiques. , dans le
rôle de la capitation, pour une SOPlPle de 43livrel'. · .

Certains veulent être exempts du logement des troupes,
sous prétexte de · tenir magasin . pour les paiements - des
troupes; quelques cabaretiers, à cause de fournir le logement
au commissaire de guerre; Jean Mauget, parce qu'il loge le
commissaire qui fournit le pain de la munition; Hervé Le

Grignou, sous prétexte qu'il a le boulanger qui · cuit le dit.
pain; plusieurs autres se sont retirés, disant avoir affaire à
la campagne, après avoir fermé les portes de leurs maison. s,
si bien que des soldats sOnt restés le soir passé sans logement.
Le maréchal d'Estrées veut qu'on tienne un corps de garde
jour et nuit, afin d'empêcher les désordres que les soldats

pourraient causer, particulièrement dans le temps de foires où

plusieurs marChands étaleront dans la halle et y logeront la
nuit, avec leurs marchandises, pendant 7 à 8 jours.
Qu'on loge les troupes le plus commodément que faire se
pourra, le fort aidant le' faible; et à l'égard de la maison de

François Abyven, un des hôteliers, où pend pour enseigne
l'Ecu de France, et où loge le commissaire pour la revue des

troupes, on est d'avis de donner au dit commissaire un autre

logement où il sera plus en repos pour travailler à l'exécution
de sa corn mission, et qu'on le mette dans la maison du sieur

du Cosquer Meunier, et qu'on loge 6 soldats chez le dit Abyven
comme ayant le plus grand logement et un des plus aisés de
la ville. Que Mauget continue de loger. Qu'on fournisse bois,
chandelle et paille au corps de garde .

Quant au dit Grignou, il sera exempt du logement des gens
de guerre, comme recevant le boulanger et fou'rnissant four
pour cuire les pains de munition, et aussi comme devant au
besoin loger les chevaux et harnais des préposés pour les
farines et pains.
6 janvier 1690. Ordre de loger 4, compagnies d'infanterie
du 1

bataillon du régiment de Mérode.
Mercredi 1 L octobre 1690. Deux officiers · du régiment
d'infanterie de La Forêt, se rendant à Lannion par· Saint-Pol et

Roscoff, puis Lanmenl', al'l'Îvent porteurs d'une lettre de .
M. de Boridal, commissaire du roi pour les fortifications '
et les troupes de la province, annonçant qu_ e les troupes qui
viennent d'Irlande débarquent ce jour à Brest, (t) et doivent
arriver à Lesneven, à savoir 13 compagnies de 50 hommes du

régiment de Zurlauben.
Comme il y a déjà en cette ville '104 hommes commandés
par le sieur de Boisfort et le chevalier de Gourdon, il est
impossible de loger 'Ies . nouveaux arrivants, n'y ayant dans
·toute l'étendue de la ville et fauxbourgs que 200 maisons et
logettes, la plupart couvertes de gleds et genêts, et ceux qui ont
des maisons corn modes prétendant être exempts, pOUl' raisons ..

(le miserie, recettes du domaine royal, devoirs d'impôts et de
billot, bureau de consignation, de saisie, rôle el autres droits,
d~ sorte qu'il est difficile au syndic de fairr. les dits loge~nents,
à moins de mettre des '10 à 12 personnes à chaque maison.
'12 octobre 1690 ' Arrivée à 9 heures du soir, du sieur
duPuids, un des capitaines des 8 compagnies du régiment de
la Forêt. Ses' troupes ayant du retard, le syndic devra veiller
toute,la nuit! pour s'occuper de leur logement.
, . 2 marsl69L ' A la place des troupes de marine qui

étaient à Lesneven depuis, le 4 octobre dernier, commandées
par le défunt sieur de Boisfurt et le chevalier de Gourdon, il
en est venu d'aùtres sous les ordrès du dit. sieur de Gourdon

et du sieur du Clos.

On annonee encore '2 autres compagnies de marine com­
mandées pal' les sieurs de Longuerue et de Tournemi ne .

.. :) ma l's. M. de Pomereu écrit que le ~yndic n'est pas .

tenu de fournir bois et chandelle au corps de' garde .

29 août. Arrivée à Lesneven de M. de Boridal.
Jeudi 9 novembre. Une lettre de M. de Boridal invite
(i) .C'est aussi à Brest que s'embarqua le lundi 7 mars i689, le roi
d'Anglèterre, Jacques II. Il Y devait revenir le 19 juillet 1690, après la
malheureuse expédition d'Irlande .

(C.f, Levot, Histoire de Brest, T. 11., p. 29 et sui" .)

l'hôpital à recevoir les soldats malades venant d'Irlande. La

lettre est reçue par Demoiselle Marie-Anne Colas en l'absence

de son mari, René Le Garree, sieur de Lézongar, trésorier de
J'hôpital. (Né en 1655. Procureur. Commis du bureau des
saisies. Demeurait rue du Ségalen. Nommé administrateur de
l'hôpital, le ' 13 février 1690. Elu syndic par '12 voix, le
6 janvier '1692. Député aux Etats à Vannes, du 1

au 23 oc­
tobre 1.693. Se fait relevel' de ses fonctions de syndic en
avril ' 1696. Capitaine de la milice bourgeoise en 1702).
Les habitants remontrent que l'hôpital n'est que pour
environ 12 pauvres, et en abrite déjà 8 ; quant à la ville, elle
ne soutient qu'avec peine les gens de guerre qui y sont
actuelleJDen t.

Mercredi 21 novembre. Le syndic a été à Brest avec le
sieur de Lézongar, exposer la délibération précédente à M. de
Boridal qui n'a voulu rien entendre et a dit de pourvoir au
logement de 60 malades, et que pour sa part, il ferait rendre

de BI'est 13 lits garnis. .
Mais' même en utilisant jusqu'à la chapelle, l'hôpital ne
pourra loger que 45 personnes. .
Le sieur Argout, commissaire de la revue des troupes de
la marine, réclame pour corps de garde- un lieu moins
incommùde. 'Il demande qu'on cherche près de la halle une
maison où on puisse placer des lits pour les officiers de garde.
4, décembre. M. de Boridal annonce qu'il envoie
200 cavaliers des troupes Irlandaises (t).
7 décembte. . On recevra à l'hôpital les malades du déta­
chement de 400 dragons Irlandais logés en cette ville. De plus,
une . lettre du maréchal d'Estrées prescrit de pourvoir encore
au logement de 6 capitaines, .6 lieutenants, 6 cornettes,
6 maréchaux de logis, 300 cavaliers, 35 chevaux du régiment

(1) « Du 3 décembre 169:1. au 6 janvier i692, 19000 Jacobites environ
débarquèrent à Brest et à Morlaix.
(Rourde de la Rogerie, lnvelftail~e (ies i1rchtves départ. dfl Finist4re),
T. Uf, p. LXII), .

de Kilmalock, el de faire la répal'Lition sur les paroisses
voisines à raison de 15 livres de foin, 5 de paille, et les t.rois
quarts d'un boisseau d'avoine, mesure de Paris, par chaque
cheval. ,
Lundi 26 novembre. M. des Grassières, i ospecteur gé-
nérai de la Marine, ordonne de foumil' à la compagnie franche
de marine. des paillasses, et le corps de garde proche la halle

qui a déjà servi aux compagnies d'Alsace

de Mérode, et. du
Bois de.la Roche.
M. de Boridal prescrit de préparer à l'hôpital 60 lits pour
les soldats Irlandais malades. ,

10décembre. - On annonce de Lannilis l'arrivée de 3 autres

compagnies du régiment irlandais de Pourselle, lesquels
seront logés dans la chapelle de Saint-Yves.
, Mardi 11 décembre. MM. les officiers disposeront les
troupes en bataille sur la place; le syndic en fera la revue et
dénombrement, afin de renvoyer à Landerneau et Morlaix le
surplus de 00 hommes par compagnie, car plusieurs soldats
sont allés à Lesneven sans ordre, ainsi qu'en témoigne la lettre
suivallte adressée de Brest au syndic: '
, « Je sllis bien fâché de l'accablement où vous êtes. On ne
devait vous envoyer que 6 compagnies, soit 450 hommes;
mais les Irlandais se suivent comme des moutons. Ne

sachant point tout ce nombre de soldats qui ont suivi. je vous
ai envoyé 3 compagnies, faisant 100 hommes de Lannilis.
Vous ne devez avoir que 150 cf;tvaliers, presque tous à pied,
avec les officiers. Il ne doit y avoir que DO chevaux. Le surplus

est aux officiers qui en doivent payer les fourrages. Envoyez-

moi le nombre au · juste de tout ce qu'il y aura de monde,
compris femmes et enfants ».
20 décembre. - Ordre de tenir des relais de 20 chevaux,

(8 de chaise et ' J2 de selle), au cas où sa Majesté, le roi
d'Angleterre, allant de Versailles à Brest, pour voir les
troupes Irlandaises débarquées en ce port, voudrait visiter

cette ville de Lesneven. Qu'il ne lui soit rend u aucun honneur,
de façon qu'on ne s'aperçoive même p ' as de son passage.
21 décembre. Départ pour Landivisiau, dimanche mat.in,
du régiment de Kilmalock, où il y a seulement 16 chevaux de
cava.liers et 30 d'officiers. (Les soldats Irlandais sont dits
toucher 4 sols en paiement). A la place, Lesneven recevra

~ compagnies de gardes du corps.

2 janvier 1692. - -Les habitants des quartIers que traver-
sent les Irlandais, leur achetant leurs armes à vil prix, le ma­
réchal d'Estrées ordonne au syndic de faire rendre ces armes

aux dits soldats. (Précédemment, on avait aussi dû s'opposer
à l'enrôlement à tort et à travers, de ces Irlandais dans tel ou
tel régiment Français, dont les officiers cherchaient des

recrues).

6 janvier. Hervé Le Duff, sieur de Mesaonnan,
nommé conseiller du roi, receveur alternatif des deniers
communs et d'octroi, aux gages de 600 livres par an, se dit

exempt de tutelle, curatelle, et du logement des gens de

guerre. l'rrésorier dé la chapelle Saint-Yves, du '14 janvier
1680 à 1691)).
21 janvier. On annonce la compagnie de marine de
Villeray; 3 compagnies Irlandaises du régiment de Talbot,
plus d'autres soldats et officiers Irlandais, avec femmes, en­
fants et valets.

Les habitants voudraient que les exempts du logement des
troupes fournissent des lits. Il y a au moins 8 maisons ayant
20 soldats; dans les autres 10 et 12; pas moins de 3-et 4 chez
les petits journaliers qui sont pour la plMpart obliges ge quitter
leurs lits et maisons. .

On demande à ce qu'on institue une étape à Lesneven, car
bien que les habitants ne soient tenus à fournir que, les
ustensiles et le logement,. les troupes devant avoir leur
subsistance, il se trollve que si les soldats arrivent de nuit, ils

ne savent où prendre leur subsistance et les habitants sont

alors obligés d'y subvenir .
. 4 février.. Demain arriveront 5 exempts et 70 gardes du
corps du roi d'Angleterre, avec 2 aumôniers, allant de Saint­
Renan à Saint-Brieuc. (Un de leurs majors signe: James
Bl'onan). '

3 février. M. de Boridal prescrit d'exiger des personnes
exemptes, et des communautés religieuses, des paillasses et
des couvertures pour les 63 soldats malades de l'hôpital. (1)
,Les habitants remontrent qu'il y a 60 à 70 officiers surnu­
. méraires sans solde depuis 3 jours, lesquels commencent à

murmurer et à se faire nourrir de force par les habitants.
Le 'capitaine colonel BouthillièrE', commandant des truupes.
Irlandaises, en fait une revue avec le syndic. En tout.,

411 hommes.
28 jufllet. Arrivée de 4 compagnies de cavalerie dll régi-
ment de Narbonne. '

Mercredi 17 septembre. -- On annonce la compagnie de
marine de Villeray, venant de Brest.

Mardi 7 octobre. Les compagnies franches de la marine,

en quartier d'hiver ~ Lesneven, ,ne vivent point en bonne

discipline, faisan t venir leurs familles qui sont imposées aux

habitants par les soldats, lesquels exigent plus que la subsistance
règlementaire. Les habitants disent même n'avoir plus aucune
assurance de la vie. Le jour, officiers et soldats vont sous pré-

texte de chasse, courir la campagne à une lieue à la ronde,
emportant tout ce qu'ils peuvent,. trouver, et, l'épée à la main,
menaçant les paysans. Le soir, c'est en vain que se bat la re­
traite (2). Les dits exefnpts de la marinecii'culent par les rues
et maltraitent leurs hôtes et autres habitants, insultant des

filles en méchant dessein. Quantité d'habitants ont été atta-

(0 « En pareils cas, écrit A. Dupuy, (L'Administration muniCipale el!
\ Bretagne), p. '220, le clerg'é n'oppose jamais la moindre résistance, Les '
moines mettent ce dont ils peuvent disposel' au service des communautés ».
(2) Mêmes vexations et mêmes plaintes en i738. (Dupuy,oUY, cité p. 233).

qué5; les vitres et ~enêtres 'des maisons on t été cassées , et des
coups de pistolets tirés dans les rues. Le dimanche 5 de ce
mois, on a assassiné le sieur Louis Chauvel des Isles,
avocat (1). Aux plaintes faites à ce sujet par le Procureur du
roi, le Bailli et le Commis du greffe, le sieur de . Villeray
(commandant des troupes) aurait répondu avoir fait son de­
voir; ce qui n'est point, vu qu'il a laissé évader l'assassin, . le
sieur Bareil, enseigne, lequel est resté toute la nuit en viJle et
a paru hier à 8 heures du matin, escorté d'uO capitaine d'armes
et d'un sergent, pour intimider les habitants et empêcher
l'arrestemeht qu'on prétendait faire du dit assassinateur. Ce
qui fait que les soldats en deviennerit plus insolents, d'autant
qu'il n'y a pas plus de 40 ou 50 bourgeois capables de se dé-

fendre de l'effort et violence de 150 soldats actuellement en
quartier d'hiver.
En l'endroit, maître Antoine Boisangé, maître apothicaire,
. a déclaré que, lui ayant été porté une ordonnance du sieur de
la Pilioniaire, docteur en médecine, de Morlaix, qui soignait

le défunt" sieur des Isles Chauvel, et étant allé incessàmment
porter un lavement au dit sieur des Isles, étant près de la
maison du sieur de Toulc'hoat, rue de Notre-Dame, environ
les 8 à 9 heures du soir, au pignon de la maison du sieur
Gellart, le père, en face de laquelle le sieur Bareil a son dé­
partement et où sont installés ses nippes et bagages, le dit

. Boisangé vit une personne qui par deux fois 'le rata d'un fusil
ou d'un pistolet, dont il vit le feu et ouit la batterie.
Guy le Becq, sieur de Cheff du Bois, procureur, né en 1663,

déclare qu'un quart d'heure après l'assassinat du si. eur des
Isles, il fut surpris de voir 4 ou 5 officiers et soldats' se ruer
sur les personnes assemblées pour voir l'état de la victime, de

sorte que un chacun prenant la fuite, il fut obligé de se retirer
chez le sieur de Mesgouez Laoust, poursuivi des dits. officiers

(i) Fabrique de Sairtt"Michel, en 1682.

et soldats, les uns armés d'épées, les autres de bâtons.
Trois des dits soldats de la marine sont même entrés effron­
tément dans la maison de ville, en l'endroit de la présente
tenue, lesquels avertis par le héraut de se retirer, se seraient

transportés de colère et disant: « B .... de chasse gueux n, en

se retirant.
Mardi 14 octobre. 71 soldats de la compagnie de marine
de Benoist, arrivent de Rrest.

1693. _ Le 1e~ corps de garde établi ici pour servir aux
troupes d'Alsace, était établi dans une petite boutique, sur la
place, près des Halles. On a dû l'abandonner. comme ruineuse.
Le loyer en était de 30 livres en 1689. .
6 avril 1693. La plupart des soldats vont aux jours de
marchés sur les chemins et enlèvent ~ux paysans les denrées
que ceux-ci apportent, sans paiement aucun, ou à tel prix que
ces soldats veulent bien.
30 mars 1694. Monseigneur de Vauban, lieutenant

général des armées du roi en Bretagne, commissaire général

des -fortifications de France, gl'and croix de l'ordre de Saint­
Louis, gouverneur de la citadelle -de l'Isle, actuellement à
Morlaix, envoie 10 compagnies de cavalerie du régiment de
Tréguier, et conseillant de donner à la noblesse de ce régiment
des billets (le logement chez ceux des habitants qui ont des '
revenus et sont pourvus de ch'arge, sans vouloir en cela

attenter à leur privilège d'exemption de logement des troupes

de guerre, mais en leur, demandant par forme de priére, de
recevoir, en raison des conjonctures pressantes, quelques

cavaliers. '

8 juin. Hier le syndic a été à Brest · porter à M. de
Vauban les rôles des cavaliers du régiment de Tréguier.
M. de Vauban a avisé M. le comte de Langle, major de ce
régiment, qu'il sera envoyé à Lesneven G à 600 soldats se
rendant à l'Aber Vrach. . '
Il Y a déjà 230 cavaliers, sans compter les valets, en celle

ville. Le syndic a dû en mettre 10 à 12 chez chaque cabaretier,

avec 25 ou 30 chevaux. De sorte que les nouvelles troupes

annoncées ne pourront être mises à couvert que sur de la

paille, aux halles et dans les chapelles.

Lundi 25 octobre. M. de Vauban envoie 2 compagnies du

bataillon des troupes d'infanterie de Suisses du régiment de

Sallis, campés près le Long Sablon.

Le syndic se plaint que les officiers, et par exprès, le sieur
major, le comle de Langle, s'avisent d'entre échanger pour
les soldats les billets de logement, ce qui cause un grand dé­
sordre, bruit et tumulte.
Les habitants demandent que les soldats et officiers soient
désarmés de leurs épées, poignards et baïonnettes, ainsi qu'il .
a été usité par les précédentes troupes, et comme par un effet
de leur violence, les dits soldats. ont brisé le chevalet posé de­
vant le corps de garde pour contenir les dites troupes dans la
discipline (1), les habitants supplient Monseigneur de Vauban
de donner les ordres nécessaires pour maintenir la ville en
paix et tranquillité.

Lundi 6 décembre. Monseigneur le marquis de Lavardin,
lieutenant général pour le roi en cette province, est à Brest et

doit venir sous peu passer en revue les troupes Suisses du ré-
giment de Sallis.

1695. Se dit exempt du logement des troupes, comme
ayant acheté, à raison de 500 livres, le droit de tenture de

l'église, Yves Laoust, sieur du Mesgouez, avocat., (Elu syndic
le 30 janvier 1684. Député aux Etats de Dinan, en 1685 ; de
Saint-Brieuc, mais sans indemnité de voyage, en 1687. Etant

trésorier de Saint-Michel, il écrit le 13 avril 1693, à Mon-
seigneur de Nointel, intendant général, que la fabrique de
Saint-Michel n'a pas en caisse un sol d'argent clair. Le
16 avril ' 1696, pour éviter d'être élu syndic, il met en avant
(i) Le chevalet, dit Dupuy, ouvr. cité, p. 227, servait aussi à punir les
filles de mauvaise vie attirées par le séjour des troupes.
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO . TOME XLVI (Mémoires) 2

qu'il est la plupart du temps alité, malade des gouttes, et que
d'ailleurs, ayant acquis la charge de vérificateur des rôles de

la taille des paroisses de la campagne, il est à ce titre exempt

des fonctions publiques. Néanmoins il est nommé par 11 voix,
mais réussit finalement à se dérober. Officier de la milice

en 1689. Est élu capitaine dans la I
Ttl
compagnie, le 8 juin 1696 ;
mais on parle de le remplacer, parce que le dit Mesgouez est
associé dans la régie de la ferme de la principauté de Léon à
Landerneau, qu'il est à cause de cela absent, et ne gardera
peut-être même pas son domicile de la rue du Four, à Lesneven) .
Les notaires royaux remontrent que en tant que notaires

apostoliques institués en 1691, ils doivent être exempts; en
conséquence, ils protestent con tre les charges · qu'on leur a

Imposees . .
. Le sieur de Kérambartz se dit lui aussi exempt: 1° comme
trésorier de l'hôpital; 2° comme juré crieur; 3

comme no­
taire apostolique, et cependant il loge un capitaine et deux va­
lets. Aussi estime-t-il que les autres devraient l'imiter vu le
grand nombre de soldats cantonnés en ville.
28 avril 169;5. Le sieur Bataille, aide-major des soldats
Suisses du régiment de Sallis, déclare que les troupes ont
ordre d'aller à Saint-Renan, et il requiert pour cela 6 char­
rettes pour les bagages et équipages des officiers et soldats, et ·
3 autres . pour les cantiniers.
Lesquelles charrettes bien chargées n'attendent pour partir
que le paiement qu'il faut préalablement . en faire, suivant
l'ordre du Marquis de Nointel, en date du 2;5 février ~ 692, et
publié au prône de la grand messe le 20 mars suivant. Mais le
sieur Rochette, un des officiers, envoie à ce.'nlOment 12 soldats
avec mission d'obliger les charretiers à partir, ou de les rouer
et assommer de c' oups de sabres et de bâtons, sans leur donner
ni sou ni maille; ce qu'ils n'exécutent que trop bien, faisant
subir Je même traitement aux domestiques du syndic. A ce
dernier qui invoque avec toute la douceur possible, le règlement

du ROI et de Monseigneur l'Intendant, les soldats répondent
qu'ils se moquent d. e tous les ordres, pendant qu'ils lui arra­
chent et déchirent le · sus dit ordre, le' frappent d'un coup de
bâton, et le rep'oussent d'une fudeuse force. Une des charrettes
est brisée el hors d'état de faire la route.
Le sieur Rochette en personne~ auquel le syndic veut se
plaindre de tous les maILraitements faits aux charretiers, à ses
domestiques et àsa personne, prend faiL et cause pour ses
propres subalternes, déclare également qu'il se moque des dits
ordres invoqués par le syndic, que ce dernier est un J. F., et
un misérable qui ne sait pas son métier, mais qu'on va le lui
apprendre. Sur ce, le dit Rochette met la main sur la garde
de son épée, en dessein de maltraiter le syndic, ce que le com-

mandantde Sallis empêchedeson mieux. ToutefoisRochettequi
n'entend pas lâcher son homme, continue ses poursuites jusqu'à
la demeure du sieur de Villeran Chauvel, procureur, (né
en 1663), où il veut pénétrer par violence; ce qui oblige le
syndic de crier à la force, au secours; auxquels cris de force
surviennent plusieurs particuliers qui lui donnent moyen de se
retirer dans sa demeure.
Ainsi attaqué dans l'exécution des ordres du roi, il se voit
dans la prochaine séance de la communauté, chargé d'aller à
Brest porter plainte devant Monseigneur de Vauban, estimant
insuffisantes les satisfactions offertes par M. de Sallis qui se

propose . de faire payer les charretiers à leur relour, par le
sieur Mathurin Bordier, marchand.
Ce Bordier, marchand drapier et de soieries, était le plus

gros commerçant de Lesneven, et connut à plusieurs reprises .

les inconyénients de la grandeur. On le trouve fabrique de

Saint-Michel, en Ùi)93-~1703. En mars · 1693, il est à ce titre de
fabrique, appelé à Morlaix, puis immédiatement, bel et bien

emprisonné, par ordre de M. de Kergoet Oriot, Bailli de la
dite ville et subdélégué de M. de Nointel, et ce, pour n'avoir
pas compris sur la liste des jeunes bourgeois de 20 à 40 ans,

les avocats, procureurs, syndics et autres personnes possédant
charges, mais assujettis eux aussi à tirer au sort Pour
({ l'élite et levée d'un soldat d'augmentation J) (en plus de 2
déjà régulièrement levés et fournis), que l'on exige de la ville
et paroisse de Lesneven, pour le service de sa Majesté, au ré­
giment de Carman, à Vannes.
Surprise du sieur Bordier. Il déclare que tous les ordres ont
été exécutés, que Goulven Le Grignou, autre fabrique, s'est
rendu à Landivisiau pour délivrer le rôle au Bailli de Morlaix

et y a en même temps conduit ceux qui devaient tirer au sort;

qu'on a ensuite remis 48 sous pour le voyage jusqu'à Vannes,
de Hervé Uguen, tailleur d'habits, sur qui est tombé le sort,
lequèl est encore à Vannes, ainsi qu'il en a avisé, Marie Guen,
sa mère, et qu'ainsi le dit Bordier ne. voit pas ce qu'on lui

réclame et pourquoi on l'emprisonne.
Finalement, tout s'explique. Le Bailli en demandant un
soldat en supplément à la ville et paroisse de Lesneven, a cru

que cela faisait, (ce qui n'est pas), deux centres, et qu'il y
avait donc 2 soldats à fournir ...

(Une méprise du même genre se produit encore quelques
années plus tard, en 1726. Par ordre du maréchal d'Estrées,
l'intendant Hennequin oblige la paroisse d'Elestrec à fournir
de5 hommes pour la milice de tel'fe, par voie de tirage au sort.
D'où, protestation de M. de LescoeL, capitaine, qui explique
- que la dite paroisse étant sujette au guet et à la garde, ayant
paru à toutes les revues et fourni aux détachements des com­
pagnies franches, doit être tenue quitte de tout le reste.
D'ailleurs c'est au Folgoat même qu'à été passée la dernière
revue, et les rôles sont entre les mains du maréchal d'Estrées.
Mais l'erreur commise à ce sujet il Brest, par des étrangers
au pays, se comprend sans peine. Pouvaient-ils deviner
. qu'Elestrec, Guicquelleau et le Folgoat, n'étaient qu'une
~ême localité? ) .

On peut voir aussi l'embarras qu'à causé à Dom Anger,
(1), ce n?m ancien d'Elestl'ec, qu'il avait cependant 'irrépro­
dIablement lu dans une piéce, mais qu'il ne pouvait identifier

avec auçune paroisse présentement connue.

En décembre 1699, le sieur Bordier est nommé pour la vi-
site des draps prescrite par un récent décret royal. Celte
visite se fera en une chambre, située dans le haut étage, aux
halles.
Le 27 juin 1701, on procède à exécution en ses biens,
comme fabrique de Sai.nt-Michel, faute d'un paiement, ré­
clamé pour le droit de tenture à l'église.
, Elu lieutenant de la milice bourgeoise. le' 30 mars 1707"
Capitaine de la compagnie colonnelle, deux mois après, au
décès du sieur de Kerliver Castel, et sera lui-même, lorsqu'il
quittera Lesneven à la Saint-Michel 1710, pour aller habiter
Landerneau, remplacé , comme capitaine 'par le sieur de
Kernéach Laoust.

A Landerneau, on trouve Mathurin Bordier préposé à l'ins­
pection des toiles. (Introduction par M. Bourde de la Rogerie
au T. III. de l'Inventaire des Archives Départementales,
page CLXXXV).

(Dans le même ouvrage, page XIV: Maurice Oriot, sieur de

Kergoat, avocat, est dit avoir été le premier lieutenant général
de la juridiction royale de l'Admirauté de Morlaix).
20ctobre. - A l'annonce que des troupes Suisse's doivent venir
ici prendre leurs quartiers d'hiver, plusieurs des habitants se
sont retirés dans les paroisses voisines comme Languengar et
le Folgoat, qui ne sont qu'à un quart de lieue, afin de n'avoir
pas à loger des gens de guerre, quoiqu'ils prétendent quand

même continuer leur négoce et affaires en cette ville.

;) avril 1696. Paiement au sieur François Landay de
23 livres 10 sous, pour bois et chandelle fournis au corps de

(1), (( Le Cartulaire de Saint-Slllpice » ,

garde, pendant le mois de février dernier, à une compagnie
franche de marins. Mais les habitants estiment: 1

que c'est

trop cher pour un mois, les de niers d'octroi n'étant que de
1~OO livres par an ;' 2

que le corps de garde n'est d'aucune

utilité, et 3

qu'il est même nuisible, ne servant que d'occasion
aux soldats d'aller et de venir la nuit, en enlevant du bois aux
particuliers .
Le sieur Gellart de Menhoignon-(1), remontre qu'il y a tant
de gens à se prétendre exempts, qu'il ne reste dans les
habitants aisés que 10 à 12, logeant les troupes. Quant à lui; ,
bien que réservant son droit à l'exemption, en tant que
greffier du siège, il a, pour soulager les pauvreR gens, pris sa
part du logement des troupes de guerre.
4 mai. Le sieur du Plantin, munitionnaire des dragons,
annonce l'arrivée prochaine de 3 compagnies .

7 mai. Jean-Baptiste Carn, sie ur de Kerven, (2) trésorier
de la Chapelle Saint-Yves, refuse les clés de la Chapelle où on
voudrait loger les foins et avoines des troupes . D'accord avec
le recteur, Jean Laoust, il s'oppose à cette profanation et à ce
mépris d'un lieu saint; on pourrait lou~r pour les fourrag~s
la maison qui est à l'opposite de celle où pend pour enseigne
le pavillon. . .
9 mai. M. Manchon, commissaire général des troupes de
Bretagne, annonce 2 compagnies de dragons, soit 3~ hommes
et autant de chevaux .
~ juin. Passage à Lesneven du maréchal d'Estrées, au-
jourd'hui ou demain .

O.) Né en 1646. Notaire royal, procureur et conseiller du greffe de l'é­
critoire. Maire en 1690 et 1697. Député aux Etats en i693, 1697 et 1703.
Voir Bulletin diocésain d'Archéologie, 1917, page "283.
(2) Né en 1653. Avocat. Norrimé trésorier de la Chapelle Saint-Yves, le
t7 février 1695, en remplacement du sieur. Hel'vé Mf'saonnan Le Du1f, dé­
cédé. Le 12 juillet f 725, il écrit à M. le comte de Lescoet qu'étant entré
dans son !5

lustre, il désire sc démettre de la lieutenance de Guic juelleau
dont il avait été pourvu, le 4 juin f695, et aw;sj d~ If\. compa~nie franche
~arde côte '4' Apervrac'h ,

'L" 23 > 0

13 juillet. Ordrede préparer logeme- nt aux gentilshommes
de l'Ile de France, actuellement à Saint-Renan, et qui n'ayant
aucune nouvelle de l'ennemi, vont regagner leur quartier de -
Morlaix, prêts à revenir à la pre,mière alerte . De même pour
les gentilshommes de l'Evêché de Tréguier.
22 j ui Il et. . On a eu de 1 a pei ne à loger les dits gen tilshommes,
parce que certains particuliers se sont retirés de la ville après
avoir démonté leurs meubles.
5 octobre. Un détachement (en tout 26 homm'es), de la _
compagnie franche de marine de Courcy, débarquant des
vaisseaux commandés par 'le sieur d'Andennes, viendrà à
Lesneven, pour fournir la garde nécessaire à l'île Cézon,
de concert avec la compagnie de marine des Espinay, '
logée à Lannilis. .
9 . octobre. Arrivée ce soir ou demain, du reste de la
compagnie de Courcy; 206 personnes. -

27 mai 1697. ' Départ des 2 compagnies franches de ma-
rine, qui étaient à Lesneven en quartier d'hiver depuis 8 mois.
On les avait logées à grand peine. Comment va-t-on faire
pour les 7 compagnies avec l'état-major, soit 400 personnes
du régiment d'Oléron, qui viennent d'être annoncées'? Il fau­
dra que les habitants exempts se résignent à fournir logement
comme les autres.
12 juillet. Le marquis de Nointel écrit au sénéchal de
Lesneven que ce n'est pas à lui sénéchal, qu'il revient de
s'occuper du logement des troupes de guerre.
28 août. Le maréchal d'Estrées arrive ce jour au
Folgoat et y logera dans la maison du Séminaire.
12 septembre. . On annonce 7 compagnies franches de
marine débarquées de l'escadre de M. de Pointis; plus 7 au-

tres du régiment d'Alsace, soit 400 hommes; plus des com-
pagnies de dragons. ée sera une désolation entière. Le défaut
d'étape au surplus ruine les habitants. .
20 septembre. Monseigneur l'intendant a donné l'ordre

d?établir un sous étapier en cette ville pour fournir l'étape aux
troupes qui passent.
26 septembre. Le syndic reçoit avis de l'arrivée des dé-
tachements de Marillac, du Coudray, de la Marguerye ; les
troupes vivront de leur prêt.
. Gellart de Meuhoignon faisant fonction de maire, remontre .

l'impossibité de loger d'autres troupes en plus des 8 compa-
gnies déjà entretenues de l'escadre de Pointis, à savoit': les

compagnies de Saint-Quentin, Marche Follière, Bessac, de
Laigle, de Simonet, du Coudret, Raousset et Darmonnier,
soit 200-soldats, plus les officiers. Les habitants décident d'en
écrire à M. le marquis de Chateaurenault, lieutenant général
des armées navale!ll, pour lui représenter leur impuissance de
loger davantage de troupes, à moins que les exempts ne soient
mis à contribution. _ .
6' novembre 1698. A la suite d'une démarche du sieur de
Courcy, lieutenant de vaisseau et commandant des compagnies
de marine étant en quartier d'hiver en cette ville, le maire de
Lesneven, conseiller du roi, et juge de polic, e, taxe ainsi les
denrées jusqu'à Pâques, après avoir pris l'avis des divers

. commerçants:
La livre du bon pain blanc ................... .
id. bis ................... .
id. gris ................... .
17 den.

id. deseigle ........ · ........ : ... 14 »)
La livre de cher de bœuf ................... .
id. . de vache, la meilleure. ' ...... .
La livre de meilleur veau ............ : ...... .

3 sous.
2 s. 6 d.
3 sous .
et la ' livre du moindre ................. ,.. 2»
La livre de beurre frais .. ::................ 4»

La ' livre de vieux beurre ................. ' .. " 4 s. 6 d.
iD janvier 1699. M. de Champeau, enseigne de la com~

pagnie de l\1~ le Cpevpljer de Saint-Quentin, annonce l'prrivée

de Ja dite compagnie venant de Quimper. Soit 4'1 hommes, si
eUe est corn pIète.
Jeudi '16 avril. - On a fourni aux 2 compagnies de marine

qui sont ici depuis 2 ans, en feu et chandelles pour le corps de
garde, plus de 800 livres.
2'1 juin. On annonce DO hommes de la compagnie de
marine des Espinay.
Mercredi 16 décembre. - M. de Mesnilval, commissaire de

la marine, est. venu recevoir, s'il y a lieu, les plaintes des
habitants concetna.nt les troupes. ,

Pas de ~riflfs à formuler, répond Gellart de Menhoignon.
Mais le sénéchal pense tout autrement. Il dit recevoir jour-

nellement des plaintes, et en avoir dressé tout un procès-

verbal à l'adresse de M de pontchartrain, au sujet de la
mauvaise conduite des soldats. Quant au sieur Gellart, on
soutient formellement qu'il a eu rai~on de ne pas se plaindre,
vu qu'il n'a jamais eu chez lui d'officiers ni de soldats, pas
plus que Jflan Godefroy, ancien syndic, ni que la plupart de
ceux qui sont actuellement délibérants dans l'assemblée, les­
quels sont favoris et parents du sieur maire, amis au surplus
des officiers, et qui, bien que les plus opulents de la ville, ne .
logent point de soldats (1).
'16 févrjer 1700. M. d'Espinay, lieutenant de vaisseau
des al'mées navales au département de Brest, et commandant
les 2 compagnies franches de marinr. actuellement à Lesneven,
est venu dis~nt que pour maintenir la discipline, il est néces-

saire de faire rétablir le cheval de bois placé l'an passé
vis-à-vis et proche le corps de garde. Luc L'Hostis, charpen­
tier, estime à 2 livres iD sous les réparations à y faire.
Lundi 8 mars. Depuis 13 ans, la ville est chargée de

(1) Les dt'>libérations de la Communauté à cette époque, nous livrent
les échos du perpétuel conflit qui mettait aux prises en toute occasion, Je
sénéchal Sébastien de Tronjoly-l\:loelien, et les autres autorités de la ville.
La divergence de sentiment que nou!) relevqns ici n.'est qu'un érisQd~ le
ç~tte jutte inces~ante,

iL . 26 --
troupes, ce qui fatigue extrêmement l~s habitants, lesquels
ont par aîlleurs à s'en plaindre. Dp, plus la communauté est

considérablement grevée par le cbauffage du corps de garde.
(Dans une délibération suivante. au début de' la Régence, il

est dit qu'il ne devrait y avoir que 6 à 7 hommes de garde, y
compris le sergent. La location du corps de garde est de
12 livres par an à paver aux domaines du roi. Durant les

mois d'hiver, les fournitures au corps de garde reviennent à
30· et· même à 33 livres par mois, plus 3 ou 4 livres par mois
pour la chandelle. En comptant 50 livres en. moyenne pour les '
réparatiolls, le corps de garde coûte 300 livres par an à la ville) .
26 mai. 25 hommes de la compagnie de marine de du

Coudraye, partiront de la batterie de Léon pt viendront jusqu'à
nouvel ordre à Lesneven. .
2 juillet. - On arrnonce 53 hommes de la compagnie de
marine de Marillac, venant de Brest.
2 août. On annonce 50 hommes de la compagnie de

Saint-Quentin. '

. 13 février '1701. On annonce les compagnies de marine .

de Laudun et de Paule.

8 mars 1702. Le maire soutient que le sieur Bernard
Guillou, procureur de police à Lesneven, n'a rien à voir dans
le logement des gens de guerre. .
Mars 170::!. On annoncp ~8 soldats de la compagnie de
marine de Desmarques; 40 de la compagnie de Tourne­
mine ('1); 60 de la compagnie de Quéramel ('lj .
10 juin. 'On annonce la compagnie de Lescbnnel du ré·
giment d'infanterie de Carma, n, venant de Vitré. '

13 juin. M. de Calan, lieutenant de dragons du régiment
de Tournemine, annonce l'arrivée de 30 soldats de la compa-

gnie de Pratallan .
. ' 17 juin. Les compagnies du régiment de Carman,
('120 hommes commandés par 2 capitaines) partiront de
Saint-Pol et passeront par Lesneven allant à Brest.

6 juillet. Annonce de 4, compagnies de dragons à pied,
du régiment de Tournemine, venant de Douarnenez; plus
30 autres de la compagnie de Pratalan ; plus d'autres venant
de Saint-Renan.
15 juillet. On annonce 30 autres de la compagnie de

Renol (?), venant de Lamballe; item, 30 de la compagnie de la
Haute-Ruche, venant de Ploët'mel et allant à Saint-Renan.
Les gentilshommes de l'Evêché de Tréguier, en garnison à

Guingamp, viendront à Lesneven. .
8 août. On annonce 26 hom mes d'infanterie, de la
compagnie de Sardan, du régiment de Carman, venant de
Malestroit et allant à Brest.
13 août. Passage de 30 hommes de la compagnie de
Lesconnel, du régiment de Carman, venant de Rennes et al-
lant à Brest. .

15 août. Au logis de M. le maire, vers les 8 à 9 heures .
du soir: .

« Le procureur du roi remontre qu'il a appris qu~ les dragons
du régiment de Tournemine, arrivés hier, se sont rendus au
Folgoat où il y avait grande assemblée de peuple, par rapport
à la fêle, et dévotion et 'processions des paroisses voisines;
lesquels dragons armés d'épées et baïonnettes, auraient, sous

prétexte qu'ils engageaient toutes les paysannes leur plaisant
et qu'ils étaient les maîtres là où ils passaient, maltraité et

même blessé plusieurs femmes et filles, et frappé de leurs
épées et baïonnettes ceux qu'ils rencontraient; ce qui aurait
forcé quelques-uns pour éviter ces enlèvements 'injustes et
d'être tués, de se mettre en défense; de plus, des dragons
armés de fusils, épées et baïonnettes, ont enfoncé des porles,
enlevé 10 ou 11 paysans du Folgoat, et les ont menés garrottés
à Lesneven et mis en basse fosse et prison. Il importe d'autant
plus d'arrêter de tels désordres que la foire du Folgoat est
proche.)) Les habitants décident que7 à 8 d'entre eux iront
porter plainte ~u maréch~1 d'Estrées,

Voici maintenant sur les incidents de cette journée, un 'son
de cloche un peu différent. Il nous est donné par une lettre
de M. de Boridal :

Brest, 23 août 1702; Monseigneur. J'ai eu l'honneur de

vous informer que M. le maréchal d'Estrées' avait. retiré de la

côte le régiment d'infanterie de Carman et celui des dragons
de Bretagne. Le premier est à Landerneau, et l'autre avait
marché à Lesneven. Quelques dragons étant allés à uné
dévotion qu'on appelle Notre-Dame de Folgoat, se prirent de
querelle avec des ,paysans qui apparemment échauffés de vin,
ne visitant guère les églises sans en faire autant des : cabarets,

s'attroupèrent et chargèrent, à coups de pierrRs, les dragons
qui étaient sans armes, les poussèrent. jusqu'à Lesneven ét en

blessèrent 4, ou n, dont 1, de la lieutenance colonelle est mort.

Les autres dragons avertis prirent leurs fusils et repoussèrent
à leur tour les paysans jusqu'au FOIgOat. '

Quelques officiers mis au courant, y coururent aussitôt,
lesquels empêchèrent la suite de ce désordre et arrêtèrent des
paysans qu'ils envoyèrent dans les pl'jsons de Lesneven. L'on
saura plus particulièrement le détail de cette affaire par l'in­
formation du lieutenant du Grand Proust (Prévost , ?), qui y
est allé par' ordre de M. le maréchal d'Estrées, lequel a envoyé

les dra'gons de Saint-Pol pour éviter d'autres accidents qui

pou~raient arriver pendant la grande foire du Foigoat, qui
commence dans peu de jours et dure jusqu'au 10 du mois
prochain (1).
A. Dupuy (Administration municipaLe en Bretagne, p. 231 J,
a agréablement essayé de dramatiser encore un peu plus
l'évènement. Il fait dire au registre de la Communauté de
Lesneven, que « les di'agons coururen.t au Folgoat bride '
abattue, cernèrent la processïon et y causèrent un sauve-qui­
peut général en ,déclarant qu'ils enrôlaient tous les jeunes

(i) Le Fureteur breton. FéYrier-mar~ -l9~O , çomm"\lniqué par M. 'Vaquet,
archiviste départeJUelltal, '

gens propres au service ». On a vu quels (( jeunes gens )} les
dragons voulaient enrôler.
16 août. .- On annonce l'arrivée des dragons de Tournemine
actuellement à Saint-Renan.
15 octobre. On 'annonce 21 hommes de la compagnie de

marine de Courcy, et 62 hommes de celle d'Espinay, venant de
Lannilis, et qui continueront à fournir la garde nécessaire à
l'île de Cézon. . .

20 novembre. Passage de 48 hommes de la compagnie
franche de marine de Fouquerolles, venant de Saint-Paulet

allant à Saint-Renan. .
16 octobre 1703. Passage de la compagnie de marine de
Pontlevoy, allant de l'île de Batz à Landerneau.
7 février 1705. .. Arrivée d'un détachement des compagnies
franches de marine, venant de Toulon, commandé par M. Betz
de la Harteloire, lieutenant de vaisseau.
10 juin. Le marquis de Chateaurenault, lieutenant général
pour le roi en Bretagne, ordonne de loger 1 capitaine et
2.9 lieutenants d'infanterie .

3 avril 1708. Le substitut du procureur du roi remontre

l'accablement où l'on est par le logement des gens de guerre,
actuellement et continuellement depuis 20 ans, sans relâche,

et notamment, depuis septembre dernier, de plus de 250 sol-
dats de marine, avec les officiers, faisant 4 compagnies, non
compris -leurs femmes et l, eurs enfants, qu'ils 'installent les
trois quarts d'entre eux chez leurs hôtes, malgré ces derniers,
quoiqu'il n'y ait pas à Lesneven 80 maisons à pouvoir loger.;
desquelles, 50 sont de petites maisonnettes couvertes de
chaume, et occupées par de pauvres laboureurs et artisans,
accablés par ailleurs de misères, de taxes, capitations, taxes

de maisons et tailles de fouages; nonobstant tout cet accable-
ment, on a encore envoyé hier 40 soldats avec officiers.
Les habitants demandent décharge d'une partie de ces

troupes; que défense soit faite aux femmes et enfants de

venir chez les hôtes, vu que ces del'Oiers ne sont pas tenus de
les recevoir, et ne le peuvent, n'ayant qu'une petite chaumière,
où il n'est pas possible de loger 2 soldats, 2 femmes avec

5 à 6 enfants, alors surtout que le billet n'est que poul' 1 soldat,

outre les crimes que ces soldats font souvent en amenant des
filles qu'ils disent être leurs femmes .
En conséq uence, le maire avertit les officiers d'a voir à
obliger les soldats à renvoyer leurs femmes et enfants .
25 juillet. Prochaine arrivée d'une compagnie de dragons
du régiment d'Avignon .
24 décembre. Gardera, hôte des Trois Rois, (1) a obtenu
une allocation de 51 livres pour le logement de 20 chevaux de
la compagnie du sieur de Saint-Médan (?), capitaine de dragons
au régiment de Bretagne. .,
28 mai 1710. Nouvelle plainte des habitants, dont les
moins aisés ont à lo~er 3 compagnies franches de marine, soit
plus de 250 hommes. Le procureur du roi l~equiert que le maire
donne des billets de logement même pour ceux qui prétendent
être exempts.

19 octobre 1714. Même plainte. Les pauvres gens logent
actuellement les 4 compagnies franches de marine, de Saint-

Quentin (2), de Saint-Pry, de Debesne, et de Daché (3), cette
dernière remplaçant celle de l'Isle de Kerléau partie le. matin .
même. Cette obligation continuelle de logement vient, selon
les apparences, de ce que les sieurs de Saint-Quentin, du

Buisson, de Keraméal, lieutenants de vaisseaux, et Suilly,

(i) Hôtellerie, située près de l'église, au bout Ouest.

(2) et (3) Ailleurs: Saint-Quentin de Poillier et Daché de Serquigny.
Ce dernier est sans doute Guillaume d'Aché, comte de Serquigny, qui de­
virit chef d'eseadre des armées navales. Avait épousé Marguerite de
Kerroudault.

(Bulletin de la Société académique de Brest, T. XVIIl, i892·i893, page 3i) .
Un sieur de Serquigny, ~'endre du sieur de Saint-Laurens, père syndic
deS! Récollets de Lesneven. est eliterré dans l'église de ces religieux, en
la tombe des Saint-Laurens, le 22 avril 17t9. (Archives municipales de Les-
neven, registre des Récollets). .

enseigne, sont mariés à . Lesneven. Le procureur du rOI ne
peut se dispenser d'en faire la remontrance, d'autant que
saint-Paul et Landerneau, qui sont 2 à 3 fois plus.grands que

Lesneven, il ya longues années qu'on n'y a envoyé de troupe's,
et que dans les grandes villes comme Quimper, Morlaix et
autres, il n'y a pas tant de compagnies. C'est pourquoi il ser.ait
à propos d'en écrire à N. N. S. S. les ministres et comman-

dants; et si l'on prétend ' que c'est à cause du fort de rîle
Cézon, on pourra remarquer qu'elle est à '" grandes lieues
d'ici; plus rapprochée de Brest, d'où il serait plus facile que
d'ici d'envoyer les 12 à 15 soldats de marine nécessaires pou, r
y faire la garde. - '.
15 janvier 1715. ' La paix avec l'empereur Charles ayant
été conclue, les habitants demandent d'être déchargés des
4 compagnies franches de marine, qu'on a envoyées dans celte
petite ville de Lesneven qui np, consiste qu'en 30u 4 rues ...

Terminons avec le règne de Louis XIV, l'énumération de
ces charges diverses imposées par le continuel passage et
,cantonnement des troupes de guerre. Ce qu'on en a relevé,

suffit amplement à dépeindre les maux et la misère qui furent
pout notre petite ville la répercussion, quoiqu e bien indirecte
et assez lointaine, des hostilités. Après avoir entendu l'inces-

sante plainte de~ habitants véritablement écrasés, on ne rece-
vra qu'avec un certain scepticisme l'affirmation que « les habi­
tants de Lesneven aient demandé des soldats et que ce fut
une fête la première fois qu'une compagnie des dragons
d'Harcourt leur arriva pour prendre chez eux ses quartiers
ct hiver l>. (1) En dehors de quelques commerçants, ce fut sans
doute pour l'ensemble des habitants une satisfaction toute
relative ..... .

Abbé G. PONDAVEN .
7 5 5

(1) M. René Le Roy. Scènes de la vie municipale à Lesneven, page i6.

DEUX1ÈME PARTIE

publiés en 1919

1 Les trou pes de guerre àLesneven sous Louis XIV
par l'abbé G. PONDAVEN. . . . . . . . . .
/ Il Etablissement gallo-romain de GOfré-Ploué en

Plouescat par le chanoine ABGRALL (2planches)
III La révolution en Bretagne. Les derniers Monta­
gnards 1795 (suite) par PRo HÉMON. . . .
IV Laënnec bretonnant par GASTON ESNAULT. . .

V Excursion à Quimperlé par le chanoine ABGRALL
VI Etablissement gallo-romain de Pors-Guen en

. Gouesnac'h par 1. OGÈs. . . . . . . . . .
VII La chapelle Notre-Dame de Kerinec et les hôpi-

taux des chapelles bretonnes par H. WAQUET
(1 planche).. . . . . . . . . . . . . .
VIII Un jeune matelot bigouden otage de corsaires

jersyais (1744-17 t8) par LE BOURDELLÈS. . .

IX Importance archéologique de la région de la

presqu'île de la Torche par le commandant
CHARLES BÉNARD, l'abbé FAVHET et GEORGES
BOISSE LIER.. . . . . . . . . . . . . .
X Note sur le squelette exhumé à Roz-en-Tremen
dans la région de la Torche par le docteur
LAGRIFFE ... . . . . . .. . . . . . . .. .
XI L'enseignement de la langue bretonne par L.
OG~:S. .. .. . .. .. .. .. .. . .. . .. .. .. ..

XlI Discours de M. le PRÉSIDENT. .

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