Responsive image
 

Bulletin SAF 1918


Télécharger le bulletin 1918

Notes sur quelques bornes routières du temps du duc d’Aiguillon

J. Savina

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes

Société Archéologique du Finistère - SAF 1918 tome 45 - Pages 209 à 214

OTEJ-S
SUR

du temps. du duc d'Aiguillon .

Quelques loisirs octroyés par un congé de convalescence
me permettent de relire les mémoires publiés par notre chère
Société dans ces années de guerre. Le mémoire de notre
Président sur « Quelques bornes routières du temps' du duc
d'Aiguillon (1) » a particulièrement retenu mon attention.
Quelques mois avant la mobilisation j'avais entrepris une
étude sur (c nos vieux grands chemins, dans les diocèses
de Cornouaille et de Léon, à la fin de l'ancien régime. »

Les notes recueillies en vue de ce travail me permettent de
répondre à quelques-unes des hypothèses formulées par
M. le chanoine . Ahgrall.
Les -bornes signalées marquaient la limite des tâches
assignées à chaque paroisse pour l'entretien des routes.
Les (c Etats de situation» (2) dressés par les ingénieurs David,
pour le département de Quimper, et. Pichot de la Mabilais
pour le département de Landerneau font connaître la tâche
de chaque paroisse, au 31 décembre 1787. Il est donc possible,
moyennant un calcul assez minutieux et en tenant compte
soigneusement des portions de route aujourd'hui abandonnées
de déterminer avec précision l'emplacement des bornes

signalées et l'emplacement des autres bornes qu'on pourrait
retrouver si elles n'ont pas été détruites ou déplacées .

(i) Bulletin de la Société Archéologique année i9i6 (tome. XL III p.290).
(2) At'chives dl~parlemelltales d'Ille-et-Vilaine C. 4883. liasse .

Borne 'de Rosporden. . Cette borne, au bout de la
chaussée de l'étang était limitative de la corvée de Rospordèn
à l'est. L'inscription diff~re des inscriptions des bornes simi­
laires parce que sans doute elle est commémorati\'e de la
construction de la chaussée. .

La tâche de Rosporden était de '430 toises (838

) à l'ouest
de cette borne. Elle était comprise entre la tâche de Mèlgven

à l'est, 1320 toises (2574

) et celle de Tourc'h à l'ouest,
930 toises (1814

). Il serait intéressant de rechercher la

deuxième borne de Rosporden au sud de la station de chemin
de fer, la borne de Melgven vers lè village de Lanm.eur, (sud
de la cote ' .1:1) et celle de Tourc'h près du village de Dioulan,
(cote 124). -
. Bornes d'Audierne-PLogoff-Esquibien. · Ces deux bornes.
signalées par M. Abgrall au bord de la vieille route de
Pont-Croix à Audierne sont bien aussi des bornes-limites des

corvées de ces paroisses. La tâche d'Audierne était de 732 toises
(1428

), (d'Audierne à la côte du Petit-Ménez), celle de Plogoff
de 208 toises (406

) jusqu'à la queue de l'étang de Suguensou .
La t.âche d: 'Esquibien comprenant 788 toises ('1537

), une
autre borne devait se trouver près du pont du ruisseau de
Lespoul ou ' vers l'embranchement de l'ancienne et de la
nouvelle route d'Audierne. (1)
Les nOS 23 et 22 au haut des inscriptions de'vaient être des

numéros d'ordre . . Cependant il ne correspondent' pas au

nombre des tâches qui était de 26 entre Quimper et Audierne .
. , Bornes de Quimperlé. La borne signalée par M. Landormy
sur la vieille route de Quimperlé à Quimper indiquait la limite

de la corvée de 'la ville de Quimperlé. L'abrévation B. L.

(i) Tandis que la route de Quimperlé à Quimper avait 54 pieds de
large, fossés compris, la route Quimper à Audierne n'en avait que 32 de
Quimper à Pont-Croix et 24 de Pont-Croix à Audierne. A l'exception de
la route de Lesneven· à Pontusyal (24 pieds) aucun grand chemin régu­
liërement entretenu, dans les diocëses de Cornouaille et de Léon, n'avait
une larp-eur aussi faible. .

sfgnifie «ban-Iieu'e ))', La Banlieüe de Quimperlé sur cette
toute était de 360 toises (702

). CeUe borne ; a vait donc ' sâ,
place vers ' le village de Kerneuzec' ce qui pa'raîtbien être,
}'emplaèement où elle a été signalée. ' " ,

Quant à la deuxième 'borne qui se trouvait à Bec-an-lIent, :
il- 'est difficile d'expliquer sa situation en ce point.1i-'inscription

doit se lire « Banlieue de Quimperlé 1760 .' 860 toisés 1),
En '1760, quatre routes régulièrement entretenues :par' ia

corvée des par~isses aboutissaient à Quimperlé : route

d'Hennebont, de Lorient, de Quimper et de Concarneau, Les

routes d'Hennebont et de Lorient se confondaient depuis ~
l'embranchement du Poteau-Rouge, Là banlieue de Quimperlé

vers Hennebont était de 360 toises (702

) ; ' même' longueur
que la banfieué vers Quimper" La borne devait se trouver ,

à 360 toises du Bourg-Neuf, à 800

en deça de l'entrée du ~
château de Keransquer. " '

La banlieue de" Quimperlé vers Concarneau comptait

~24 toises (821

) . La route du Faouët n'existait pas ou dù '
, moi'ns n'était pas ent'retenue (1), La borne de Bec'-an-Hent ne'

pouvait convenir à une 'banlieue de Quimperlé, Le chiffre de

860 toises est manifestement trop élevé, eu égard à la faible '

population de la ville et à la largeur de la route (54 pieds).

Aucune banlieue de ville, dans les diocèses de Cornouaille et

de-Léon,' à l'exception dè celle de Brest vers Landerneau

(1800 toises\, n'atteignait cette longueur. Le chiffre de 860 a '

pu être' gravé par erreur ce qui aurait amené l'abandon de la

borne et la confection d'une autre. ' A remarquer d'ailleurs: '
que les deu'x nombres 1760 et 860 se suivant pouvaient amener '
une confusion et que, pour obvier à cet inconvénient, su'r '

la borne de la route du Poullau, le mot « toises» a ' été ,

intercalé entre les deux nombres.

(i) Le ter , Avril 4789, les négociants, marchands et notables , de

Quimperlé réunis pour la rédaction de leur cahier de doléances en vue
des Etats généraux demandent « la éonfection d'une route vers le - Faouët», '

. 'Rol'nede Trégunc. . Cette borne située sur la route de
Quimperlé à Concarneau à 1 kil. du pont du Moros séparait

la tâche de Trégunc de celle de Lahriec. La tâche de Lanriec
était de 679 toises (1324

), à partir de Concarneau. En 1787,

la tâche de Trégunc était de 3230 toises (6.298

) au lieu de
3249 portées sur la borne de 1761. Rémarquons que la
contribution de chaque paroisse à l'entretien des routes

n'était pas immuable. En 'principe elle était proportionnée

à l'impôt de la capitation. En réalité, il était tenu compte de
bien d'autres considérations, notamment de la distance du
centre de la tâche au clocher de la paroisse et de la nature de
la portien de route à entretenir.
Borne de Saint-Martin-Pleyber-Christ. . Sur la vieille
route de Morlaix à Brest, large de 54 pieds, fossés compris,

la banlieue de Morlaix s'étendait sur 600 toises (t.170

La paroisse de Saint-Martin continuait la route sur une
longueur de 895 toises (1. 745

). La borne séparaht la tâche de

Saint-Martin de celle de Pleyber-Christ devait être à 2.9HSm
de Morlaix, c'est à dire à l'emplacement où elle a été signalée
La tâche ôe Pleyber-Christ fixée à 2220 toises, sur la borne,
était' de 2250 toises en 1787. On ne s'explique pas le chiffre

de 2220 toises attribuées à'Saint-Martin, Cette longueur
est/manifestement exagérée étant donnée la capitation de la
paroisse: (Saint-Martin 1420 L, Pleyber-Christ 4.299 l.).
Il est à remarquer que ce chiffre est exactement l~ même que
celui de Pleyber-Christ ce qui donne lieu de croire qu'il y a
~u erreur dans l'inscription ou dans sa lecture.

Borne dr Landivisiau-Saint-Servais. ., Cette· borne avait

bien son emplacement là où elle il été signalée. La traversée
de Landivisiau était de 153 toises (298

). Elle était pavée et
entretenue aux frais des Etats de Bretagne. La tâche de
Landivisiau comprenait 1800 toises (3.510

), vers Lander-

neau, jusqu'à 200

avant l'embranchement d'une route vers
Bodilis. La portion de route à la ' charge de ' Saint-Servais

'" 213-

était de 622 toises (1213

) et se terminait â J'embranchement
de la route charretière de la ferme de Lanven, (cote 100 de
la carte des Ponts et Chaussées, à 4.723

de Landivisiau . .
/Jorne de Trénivez. La banlieue de Brest était de 1800
toises (3.51O

); la tâche de Trénivez,9!5 toises (18!5

1787, y faisait suite, puis celle de Lambézellec, '1425 toises
(2.779m). La borne d~ Lambézellec devait donc se trouver
à 6.473

des portes de Brest.
Borne de Bodilis. Celte borne devait avoir son emplace-
ment non sur la route de Plougourvest qui n'était pas
entretenue, mais sur la route de Landîvisiau à Saint-Pol
par Lambader. Sur cette route, la chaussée pavée de
Landivisiau avait 46 toises (90

) et la tâche de Bodilis
qui ~uivait était de ' 1860 toises (3.627

). L'emplacement de
la borne devait être vers Kerdurand, (embranchement à
3.717

de Landivisiau et '1!500

à l'est de Saint-Mathieu ..
Borne de Saint- Vougay- Plouné' lJez-TJochrist. . La corvée
de Saint-Vougay commençait à 17 kilomètres 160 de Morlaix.
Elle était de 64!5 toises (1.2!58

) en 'li87 et s'étendait de .
l'embranchement de 'Ia route de Saint-Vougay à Plouescat
jusqu'à environ 400

à l'ouest du pont de Latour, lieu où -la
borne a,été signalée. La tâche de Plounévez (!5.423

) continuait ,
vers Lanhouarneau.
Borne de SibiTil. - Cette borne devait être située sur
la route de Saint-Pol à Lesneven et non sur celle de Saint-Pol
à Sibiril qui n'était pas entretenue. La banlieue de Saint-Pol
étant de 260 toises (507

) et la tâche de Plougoulm de
1344 toises, la borne se trouvait à ' 3.128

de Saint-Pol, au
coude formé par la route à Feunteun-Ven. La tâche de Sibiril
(1.!501

) s'étendait jusqu'à 600

au sud du moulin du Stang,
à 300

du pont de Kerauveyer.
- Quelques remarques s'imposent au sujet de l'emplacement
des bornes signalées. Six d'entre elles se trouvaient sur des
sections de routes aujourd'hui abandonnées. Qn sait que nos

244 -,

vieux grands chemins, à l'instar des voies romaines affectaient
une allure rectiligne, escaladant les crêtes aux prix des plus
fortes pentes. Pour obtenir des pentes plus douces, le tracé
de ces chemins a dû être corrigé en maints endroits,. parfois
sur des parcours considéràbles. C'est dans ces sections
désertées qu'on aurait le plus de chances de retrouver les
anciennes bornes. L'abandon de la route aura sauvé ces

bornes de la destruction. Ailleurs, il est à craindre qu'elles
aient été retaillées pour servir de bornes kilométriques.
Une dernière remarque: ces bornes sont souvent éloignées
des paroisses dont elles portent le nom. C'est que la situation
de la tâche était indépendante des limites de la paroisse.
Les ingénieurs se préoceupaient évidemment de la distance
du centre de la tâche au clocher de la paroisse Cette distance
était aussi réduite que possible '; mais chaque paroisst' devant
avoIr sa tâche ii était difficile de concilier les intérêts de tous .
En principe, les - paroisses ne pouvaient être commandées
pour la corvées à plus de deux lieues de distance de leur
clocher (Art. XVIII de l'ordonnance 'de 171)7). L'ordonnance

du 31 août 1759 décida quielles poutraient l'être à deux
lieues et demie; mais dans ce cas la tâche était diminuée
d'un cinquième. En réalité le règlement n'était pas strictement
appliqué pl1isque, en 1789, la paroisse rle Tréguennec se
plaignait d'être astreinte à la corvée sur la route de Quimper
a Douarnenez, route distante de quatre lieues · et que lés
habitants ne pratiquaient jamais. (1)
J. SA VINA .

(i) La tâche de Tr&guennec était située à l'ouest. de Sainte-Anne,
entre les embrallchements de roules charretières des fennes de Leuré

. . et de Çochard. Cette tiiclle ètjlit d'jlilleurs lninime : 200 tolsep, (390

235
DEUXI E PARTIE

Table des Mémoires et Documents publiés en 1918

Élie Fréron, par F. CORNOU ................... .
[Églises et chapelles du Finistère J. Archiprêtré de
Saint~Pol-de-Léon. Doyenné de Saint-Pol (suite).
Doyenné de Landivisiau par le chanoine
Pages

1 P. PEyRON ................ . ....... '. . . . . . . . . . . 33

III Le Recrutement écclésiastique et les écoles sec on-.

daires dans le Léon après la RévO'lution, par
l'abbé G. PONDAVEN . . .... : ...... " ..... , . . . . . . 46
Notes sur les fabriques ' de toiles de Locronan au
xvm

siècle par Daniel BERNARD............ 116
Excursion archéologique dans la commune de
Guimaëc par L. Le GUENNEd (carle). . . . . . . . . . 131
VI Notice sur le fonds Prosper Hémon des archives
du Finistère par H. W AQUET. . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
VII Notes ' sur quelques bornes routières du temps
du duc d'Aiguillon par J. SAVINA.. ..... .. ..... 209
VIII Discours de fin d'année prononcé par M.
LE PRÉSIDENT.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215