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Bulletin SAF 1917


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Excursion d’étude à Pont-l’Abbé le jeudi 2 août 1917

Chanoine Abgrall

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1917 tome 44 - Pages 152 à 173

SOCI TE ARCHEOLOGIQUE DU F1NIST RE

AVIS, LETTRE CIRCU

---COI---

Excursion d'Etude à Pont·J'Abbé
LE JEUDI 2 AOUT 1917

Conformément au désir exprimé par plusieurs membres
de la Société, la ' séance de fin de juillet sera remplacée par
une excursion archéologique ~ Pont-l'Abbé. .
Il est impossible en ce moment 'de penser à un voyage
en autobus ; ici le déplacement est facile en chemin de fer,

et Pont-l'Abbé est assez rL~he en monuments anciens pour
. offrir un . programme attrayant et suffisant pour une j-our-

nee. .

Sont invités à prendre part à- cette excursion, tous les
membres de la Société Archéologique, avec faculté d'y

arhener leurs parents et leurs amis.

Départ de la gare de Quimper à 8 h.20; Arrivée

à la gare de Pont-l'Abbé à 8 h. 58 (chacun devra se munir
de son bi l1et, aller et retour). (Ceu;; qui rie résident pas
dans le rayon de Quimper) et qui ont d'autres moyens de
locomotion} pélos} autos} 'voitures } pourront et devront

louablement en user). .

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO . ... TOME XLIV (Mémai- e 1'1)

154

. A l'arrivée du train; rassemblement dans la CQur de la
gare, autour de NI. le Président, qui donnera ses premie-
res instructions. Départ pour l' ég-lise de Lambour .
2° Visite a l'église de Lambour," XIIIe et XVIe sie . .
cle. A . chaque monument, M. le Président donnera de~
explications, apres quoi les excursionnistes pourront faire
leurs remarques personnelles ou poser des questions. "
3 ° Château de Po.n~-l' Abbé. .
4 ° Eglise de Notre-Dame des Carmes .
5° . . Promenade 'publique, ancien jardin des' Carmes .
6° Vieilles Halles, vieilles maisons. .

7° II h. 30, déjeuner ~l l'hôtel Le ' Berre, a volonté,.
é lU. avec des provisions apportées.
8° . 12 h. 30, dép'art a pied pour le château de Kernuz,
- distance, 3 kilometres. Ceux qui disposent · de vélos et .
voitures devront en faire usage pour cette course.
Monsieur et Madame du Chatellier nous autorisent tres

gracieusement a visiter la tres belle collection préhisto-
rique formée par· M. Paul du Chatellier, notre ancien Pré·
siden t. . '

Rassemblement' devant.1a façade du château a I3 h. 30
exactement. Cett:e visite demande une heure au ipoins ou

I h. 30, pour les antiquités de l'intérieur et de l'extérieur.
9° ' Retour a Pont-l'Abbé vers 15 heures, arrivée en
' v ille aIS h. 40. Visite si possible a la vieille chapelle .

de la Madeleine.

10° Retour à la gare; départ du train a 16 h. 10. -"
Arrivée a Quimper à I7 h. 8. .
Quimper, le . 19 juillet 1917.

Le Président, ';
Chanoine ABGRALL.

Ce programme a été réalisé dans les meilleures con- .
.rlitions , de beau temps et de .cordiale confraternité. A
l'heure dite, le train nous déposait à la gare de Pont-

l'Abbé, où nous ,attendait un groupe assez considérable

d'autres compagnons accourus du voisinage, ce quI
portait notre , effectif aU chiffre ' d'environ 50 excursion­
nistes. Après ·l~ ras8emblement annoncé , et les explica-

' - 155 -

: lions utiles pour le bon fonctionnement de la journBe,·

on se met en route pour l'église de Lambour. Lambour,

qui a fait autrefois partie de la paroisse de Combrit,
est rattaché maintenant à la .c.ommune de Pont-l'Abbé,
et forme un assez important faubourg situé sur la rive .

. . gauche de la rivière.

Au 'bout de 200 ou 300 mètres on arrive devant la .
façade Ouest de l'église. Elle est d'aspect noble et im-
posant cette façade qui, par le style de sa porte mou­
lurée et surmontée d'une accoli ade et d'un tympan aigu
garni decross, ettes, ainsi que par'l, e tracé de ses· contre­
forts, accuse la fin . du XVe siècle ou les premières an­
nées du XVIe ; i11ais elle devait autrefois êtr~ en plus
fort élégant.e, lorsqu'elle était intact, e et complète . . Telle

que nous .. la voyons maintenant, elle est privée de la
flèche qui -couronnait .son clocher, et aussi des poivriè­
res qui surmontaient les deux tcmr, elles laterales, égale­
ment de la balustrade ' qui reliait . ces deux tourelles,
et des multiples pinacles aigus qui . garnissaient les
quatre , contreforts. .,

Cet acte de mutilation et de vandalisme a été com- ·'. . .

lnandé par le duc de Chaulnes, gouverneur général de
Bretagne, pÇ!ur punir la pa:ysantaille de 'sa rébellion,
lors de la révolte du papier timbré, en 1675. Pareil
sort fut infligé aux clochers de Combrit et de Languivoa

en Plonéour-Lanvern ; et maintenant les gamins du
quarÜ-er . ont continué la besogne du noble duc en dé­
n'lolissant pierre par pierre les deux piles en granit qui
accotaient l'entrée principale de l'enclos et en s'achar-

. nantsur les assises , et corniches des contreforts.
On dit. que c'est à partir de ce moment, et pour pro-

tester cçmtre le découronnement de l, eurs -clochers, que .

les femmes de la , contrée surmontèrent l~ frontal de
leurs coiffes d'une petite point, e que l'on appela Bigou-

. - 156 --

den, dénomination que l'on appliqua bientôt à la coiffe
elle-mêmè et · ensu.ite à toutes .celles qui la portaient,

par 'conséquent toute la population féminine des deux

. cantons de Pont-l' Abbé ~t de ·Plogastel-Saint-Germain .

. En .contournant l'édifice par le côté .Sud, on peut re-
marquer dans le mur du bas-côté des restes de maçon-

nefi.e ' rümane ou XIIIe siècle, avec une . petite meur-
trière de 0 m. 06 de largeur sur 0 m. G5 de hautBur,
puis r, eèommenee la maç-onnerie en belles pierres de
taiHe du XVIe, siècle, , avec les débris'd'un joli petit por-

che écrou1é, lequel était autrefois eouv, ert d'une voûte

élégante dont la clef était formée d'un écu portant la-,
rose des Trémie, famille qui avait son , château sur le
territoire de cette trève. L~s murs du transept et de
l'abside sont pereés de larges f.enêtres à meneaux fiam- ,
boyants; m, ais nous · remarquons . que plusieurs des pi­
gnons ou gâbles surmontant ces ' fenêtres sont écroulés,
que l'édifice n'a plus de toit ni de .charpente et qu'il
. offre l'aspect d'm1e vaste ruine. Tout à l'heure,' en

pénétrant à l'intBri, eur, nous constaterons bien d'au'

tr, es dévastations. ' ,
Après avoir , examiné le côté Nor,p" revenons à la fa­
çade Ouest et - entrons par la grande porte que nous

avons déjà mentionnée.

Nous sommes dans une nef aux piles élégaI).tes et aux

ar.cades ogivales d'un tracé intéressant; mals point de
toiture. Au fond de , cette nef, une grande arcade' trans-

versale ou arc triomphal donne' accès dans le .chœur ou

partie' absidale dans laquelle nous trouvons en.core une
ligne de colonnes, du côté Sud ; mais eelles qui for­
maient le côté Nord et la branche de transept sont tou-

157 -

tes renversées,. · et .leurs débris jonchant le sol donnent
àc.ette extrémité un vrai aspect de désolation, .

L'aut, eur responsable de cet état de choses est le ·

maire qui . administrait la commune de Pont-l'Abbé e11

1899, M. de Najac, homme de l, ettres, dit-on, esprit
cultivé, faisant partie du dan intellectuel de l'époque.

Jaloux probableIllent des lauriers du duc de Chaulnes,
sous prétexte que la toiture était déla~ré.e et que quel­
ques pièces de la charpente étaiAnt en mauvais ét,at; au' .

lieu de procéder à des travaux de réparation, de sa
propre autorité, sans avoir au préalable consulté son
conseil municipal, contre' le gré de la popul,a:tion et
. contre tout droit légal et admimstratif, puisque cet édi­
fice était classé comme monument historique, il fit dé­
molir et toiture et charpente, ce qui 'occasionna la mort

ac6dentelle d'un des ouvriers; puis il rentra dans son

repos, h, eur, eux et fier d'avoir créé une ruine pittores-
que · et livré un temple chrétien . à toutes les profana­
tions · et à toutes les immondices du quartier,

Je dis : prof,anations . Voyez-vous près du mur

absidal, de chaque côté de la place de l'ancien maître-

~utel,deux tombes hautes qui toutes deux ont été ou-
vertes , et fouillées par des rôdeurs et des rôdeuses de
nuit? Dans celle du côté Midi on a trouvé des ossements

· et deux têtes bien 'conservées, avec lesquelles on s'est

amusé à jouer aux boules. Voulez-vous savoir à qui .

appartenaient ces restes mortels, que des païeœ ' au-

rai, ent respectés, et que nos civilisés ont fait servir à ce

div, ertissement macabre? lisez l'épitap'he qui court au- .
tour de la table funéraire: CE : TOMBA. ET. ARMOERIAS.

SON. A. NOBLES. IANS. IAN. PERIS. DE. MEABE', IANNA.
LE. MESCOES. 1666. ,
. Ce Péris de Méabé, époux de J, eanne Le Mescoez, ha-

· bitait le mano.ir de Porz-Moro, tout voisin de l'église ;

-158 -

Mais avant . de sortir étudions plus attentivement 1::-1
nef, etui est la partie' la trîieux: conservée , et. IH: plus inté­
ressante. Elle, e5t partagée 'en quatre 'travées par trois

colonnes de , chaque côt~. Ces , colonnes sont formées par

d~~ faisceaux de ' huit ou douze colonnettes reposant .
sur ~Œes bancs et des bai ses à moulures aplaties. ' Les
,chapiteaux sont variés ; l'un est formé de godrons,
d'autr; es sont moulu~és ou feuillagés, le derni, er repré-

, , , 159-

" sente une chasse: un homnle armé d'un arc, tirant sur

un cerf, des chiens menant un sanglier qu'un autre

chasseur arrête d'un coup d~ pique .

Toutes -ces piles. semblent êtr, e de la fin de la période
romane et offrent la plus gr, ande analogie avec , oolles
de la nef et du ' Qhœur de Po:nt.-Croix,ceHes du chœur
de la chapelle de Kérinec, en Poullan, du 'chœur de

l'église paroissiale de Pluguffan et . de la chapeHe en .
ruine de Languidou, ., en Plovan ; mais au lieu d'être;

-comme ceHes-ci, . coürünnées par des arcTüvi oltes à plein-

cintre, elles soutiennent' desarcadês en ogive ou tiers-

point, et doivent dater du -commencement du XIIIo

siècle. .

. Faisons observer que, sur. les murs qui surmontent·

. ces arcades, .on peut remarquer des traces d'anciennes
p, eintures décorÇttiv, es, et signalons 'le petit foyer qui
existe au bas du collatéral Midi, qui doit dater du

XVIe siècI.e, comme ceux que l'on trouve dans nombre '

d'autres églises, dans le voisinage d~s fonts baptis-

m,aux. nil~ est guère fa, cüe de préciser leur destination . .

. Etait-ce pour chauffer l'eau baptismale en hiver,ou
réchauff, er 'l'enfant. après le baptêm, e ; était-ce pour aJ­
lmnerle feu: nouveau aux cèrémonies du sam, edi saint; .

ou bien était-ce pour l'usage de veilleurs qui, en eer-

. tai~escirconstari-ces , passaient la nuit dans les égli-

ses ? .

Avant de quitter Lambour, rappelons que parfois,

aux heur· es chaudes des jours d'été, on peut y avoir la
. vision de tableaux 'pittoresques et très gracieux : des

gr· )upes chaflTIants de brodeuses et de brodeurs travail- '
lant' et devisant sous le· s · ombr.ages des grands arbreS ' .

de l'enclos sacré. Un jour même il m'est arrivé de voir '

. deux jo1i~s l::)igoudennes, aux .chamarrures . voyan-

- 160 ---.. ." ,

LeS, juchées pour travailler dans la galerie courant sur .

le portail de l'Ouest.
Donnons seulement un coup d'œil au l)àtiment mo­
derne ae Porsmor:o qui °a remp1,aeé l'ancien manoir
dans lequel ont habité successivement depuis le XVIe '
siècle, l, es fàmilles suivantes : Aultret de Kerouant, Pé-
ris de Meabé, du Mené du Perenn0u, Troplong du Ru~
main; Tréveret.

Le ' Pont, - le Château

Pass-ons maintenant sur le pont, ou plutôt sur la

, chaussée' qui donne accès en :ville. Le premier pont a
'dû être , construit par un supéri, eur ou ,abbé du monas-

tère de Loctudy, e, t le pont de l'Abbé, ou Pont-l'Abbé,
auna! dO-!lné son nom à la petite 'bourgade qui a pris '
naissance dans son 'voisinage. C'est maintenant une

chaussée qui sert de barrage à l', eau de l'étang, tandis ,

qu'autr,efois la mer montait librement dans cet , estuaire

à chaque m,arée. , '

En faoe de nous se dresse -ce qui rest, e de l'ancien

château. Primitivement ce devait , être une sorte

dè .. motte féodal: e ou de ;donjon , assez siniple, , cons-
, truit par un chef qui prit le titre de seigneur du ' Pont
et transmit ce titre à ses descendants. Le premier de la

famille dont il soit fait 'mention dans l'histoire s'appe-

lait JUHEL, et fut fait prisonnier par les Anglais au
siège de Dol, en 1173. Plus tar-d nous trouvons le nom

d'HERVÉ, probablement son fils, assistant aux Etats
de 1203 ; puis Eudon, combattant ~à la bataille de Bou-
' vines, 1214. '

C'est v, ers 1360 que le .château actuel a dû êtrec-ons-

truit par Hervé, IIIe de nom ; ,il y f-onda en 1372 une
cha.pelle en l'honneur de Monsieur saint Tudy, avec ,

-- 161 -

six GllCipeUUns pour la desservir. Ce château compre-

nait alors le grand corps de logis que nous voyons de-
vant nous , avec deux grandes tours d'angle, dont 'l'un e
, est maintenant découro~née de son toit,,' de ses cré-

neaux et madücoulis, et l'autre démantelée et rasée
jù.squ'à 4 ou 5 mètres du sol. Derrière le logis princi-:
pal, c'est-à-dire ,sur l, a façade Midi, était une ' cour

reetangulaire, , entourée de,murs et de fossés,' avec tours
d'angle; puis plus loin, au Sud et à l'Est s'étendait Une

vaste enceinte de forme presque elliptique, close de mu-

raines, tours et f.ossés et gral)'d:e porte d'entrée, et Dom-

, prenant la , chapelle de S'aint-Tudy et le logem, ent des
chapelains, logement de la garnison,ma@a:slns, écu:­
ries .et bâtiments de serviee. , De cette grande enceinte
rien n'exisbe désormais' : la rue et les maisons qui , la

bor, dent, ave.c leurs dépendances, en ont pris tout l'em-
, placement ; mais la cour actueUe, f.ermée· par une'

gr.ille du , oôté de la rue, ,nous donne assez --.exacte-
ment le tracé de l'ancienne cour d'honneur.

. Des anciennes constructions il ne subsiste en somme

que la grande tour ' du Pont, ayant conservé partielle-

ment sa, vieille physionomie, car le bâtiment principal

n'a plus', ses fenêtres gothiques à meneàùx et croisil-
lons, ses lucarnes à frontons aigus; il a été fu, œndié
'en 1675 par les paysans révoltés, et Messire François­
Joseph 'd'Ernothon, qui acheta la baronnie en 1685,

l'a remanié et restauré dans le style de l'époque, en
perçant dans la courtine Nord et la faç, ade Sud de lar­
ges fenêtres rectangulaires et , en 'amenageant les pièces '
intérieures dans le genre du XVIIe siècle. _
Le château sert maintenant d'Hôtel'de Ville. A .notre

arrivée, le Mair, e, M. Mauduit, nous fait une aimaple et

gracie'use récept~on. M. le Président, au nom de tous, '
le remercie ,de son accueil et, en quelques mots, qu'il

162 " . -

est obligé. d'abréger, 'il fait l'historique de ceUe belle
résidence des barons du Pont. Il l'iappelle tout spéeiale-

ment qu'au temps de la Ligue (1590), l, e .château du
. Pont tenait pour l, e roi, et que Lézonnet, gouverneur de
Concarneau, vint y mettre le siège. ' Après quelqu,· es
jours' de résistance, le jeùl1e av, enturier de Tvog off , qui
y commandait, fut tué d'un coup d'arquebuse et la

garnison se rendit à composjtion. Tout fut pillé, et Lé~

zonnet, inaugurant déjà les procédés boches, emporta
à Concarneau l'horloge du châte,au, qui passait pour

merveilleuse, ce qui donn,a lieu à ce mot : « E' on ouit

ete Concarneau sonner l' horloge' du Pont ».

Pendant la révolution, le , château servit de prison,
et nous devons à une communication de notre confrère,
M. le vicomte de Pompery, de savoir, que .Son aïeule,
Madame ' de p.ompery, Anne-Marie Audouyn, née à
. Quimper , en 1762, Y 'fut enfermée. Madame de Pompery

est connue par sa correspondance , avec Bernardin de ·

Saint-Pierre et ave, c son cousin, M. de Kergus, qui habi-
tait HennebJnt. Ses lettres ont été publiées et édjtées

chez Lemerr· e, et elles ont inspiré au litt.érateur t:i~n

connu, Charles Géniaux, un charmant rü:man , : « Les

deux châtelaines ». Get écrivain quia -voué un vrai
culte à ra Bretagne, qualifie Madame de Pompery de

Sévigné bretonne, Elle n'eut pas trop à souffrir de son
'emprisonnement; ne pou~ant s'adonner à son goût. pour
la l)1usiqu'e; elle se distr.ayait , ën- faisant des vers; en
voiei qu'elle adresse à Mademoiselle de Lestriaga, s, a

, compagne de captivité :

« J] est .done vraj, charmante Hortense,
. ' « Dans ] 'enceinte d'une pTjson,

_. « De 'ta brj] 1 ante adol escenr.e

, « Tu vois s'écouler la saison.
«. Nul ici n'aperçoit tes charmes
« Sans être ému de pitié; .

163

« Et tu fais répandre des larmes
· « A l'Amour, comme ft l'Amitié. »

. Mademoiselle ' de Lestriaga devint plus t,ard ~adame
de Chabrol, f, emme du ministre de la · Restauration.

Combien de temps Madame de PompeTy demeura-t-

elle enfei'méecomme suspecte ? Nous savons qu'elle

était rendue à la liberté en 1795, car à cette'date elle
raconte dans de · charmantes lettres à son cousin M. de

Kergus, d'Hem1-ebont, qu'eUe toucbe l'orgue à l'église

. de Notre-nan1e des Carmes auxoffiües de la ' p'entecGLe

, et autres grandes fêtes.

Nüus pénétrons à l'intérieur du ,château pour visiter

quelques-upes des salles municipales; mais ce qui frap-

pe surtout notre attention, c'est la disposition inté-
rieure du donjon, l'épaisseur des InuraiUes, les embra­
sures des fenêtres et des meurtrières, puis la structure
des vastes ,caves qui régnent sous tout le bâtiment et
qui 'sont couv, ertes de larges voûtes en berceau bandées
sur' de puissants l urcs-doubléaux, et nous' donnent trè's

, · fklèl, enlent l'impression de l'a solidité des places f.ortes
du Moyen.:.âge. . . '.

Au sortir de la COUT d'honneur, M. Le Carguet, vice- ' . ,

président de la Société, enfant de . Pont-l'Abbé, . nous
indique certains points de la rue voisine où, à l'occasion
de f.ouilles pour fondations de maisons datant de ' 40

ct 50 ans, ont été faites des'trouvailles de' briques. , tui-
les, poberies et monnaies rornaines, qui ont démontré
l'occupation très ancienn~ de -üe c:oin de t, erre, et re-cù~

lent jusqu'aux premiers siècles de notré ère l'histoire
de ce terrain· sur lequel s'est bâti Pont-l'Abbé. ,
Passons maint, enant sur le ' quai, prenons à droite la

rue LO"!:.JIS-PASTEUR, et entrons dans la cour ' :~e l' hô,,'el

164 -

des Voya: geurs. Au -fond nous trouvons, formant ' les .
montants d'une cloison latérale d'une écurie, une série
de trois piles en pierres composées de 'faisceaux de
. colonnettes, reposant sur des ' bases moulurees et feuil-

lagées et mesurant, comme fûts, 2 mètres 20 de hau·

leur. Ce sont les colonnes de l'ancienne chapelle du
château, de la chapelle de Monsieur Saint Tudy, fondée
par Hervé III du Pont en 1373. Ont-elles été rappor­
tées en cet endroit, ou plutôt ne sont-eUes pas à leur

place primitive? C', est ce qui paraît le plus probable, .
vu leur , espacem, ent à peu près régulier : 3 m. 60 et
3 m. 80 d'axe · en axe, ce qui nous fixeDa:Ït sur l'em­
placement ex, act de cet édifice, qui correspond en effet

avec le tracé de l'ancien plan cavalier donné par M. du

Crest de Vi.lleneuv, e, dans « Paysages et Monumentscle

Breta.gne » de Robuchon. .
Retournons sur le quai pour nous diriger vers l'é-

glise, maint.enant paroissiale, de Notr, e-Dame des Car- ·

mes. NoUs passerons près de l': endroit oC Ciùpé autrefois'
par « l'aumônerie» de Saint-Jean, qui fut établie «avec
hospital sur voûtes et piliers au-dessus de la mer », et
qui doit sa fondàtion au même Hervé III. EUe devait
être située sur un point de la rive droite faisant presq\18
face à l'église de Lambour. .

Etmaintenant poussons jusqu'à l'église desCarm, es .
. On peut dire que les religieux de l'ordr, e du M ent­ Càt mwl peuvent fair, e remonter leur origine jusqu'aux

prophètes Elie et Elisée. Les disc: iples de oes deux illus-
tres personnages de l'Ancien Testament continuènmt à

vivre sur la montagne sanctifiée par leurs maîtr,es. Lors

de la prédication de l'Evangile, ils embrassèrent la' foi
- prêchée par les âpôtr,es et, leur nombre se multipliant,

ils se fixèr, ent, -au cours des siècles, en différents points
de tal Palestine. Après les croisades, Ifnr famine reli-

165 -

gjeuse se répandit , en Occident, sous l'appellation de
« Frères cle N. -D '. ~l'Ll: ~!f ont-C armeZ ». Leur première
fondation 'en Bretagne eut lieu à Nantes en 1326; en

1383 ils viennent s' établir à Pont-l'Abbé, , et le baron

Hervé III ,du Polit fonde le monastère des Carmes et
donne pour son emplac.ement son 'manoir de Keraguen,

sorte d, e maisün de plaisa.nüe située non lüin du châ-
t, eau, , avec ses jardins, vergers , et toutes ses dépendan-

ces. L'église est terminée en1411,mais le .couvent ne
fut achevé que sous l'épiscopat de Bertrand de Ros-
inadec, 1417 -H~44. .

. Püur économiser le temps, abordons cette église par
son abside 'qui est constituée par un mur droit, et admi-

rons l'immense fenêtre percée dans üe mur, fenêtre

mesurant "1 rn. 70 de largeur, ayant sa partie inférieure
'formée de huit baies" et sün deuxième étage occupé p. ar '

une rose qui , est une. prodigieuse' dentelle de pierre,
découpée de 85 ajüurs différents, et qui est tout sem- .

, blable à la rose ~ du transpt Midi de la cathédrale de

Saint-Pül-de-Léon. J'ai des raisons de .croire que , celle-
ci était la premièr, e. en 'date , et que les Carmes qui
étaient établis à Saint-Pol avant la fondation de Pont­
l'Abbé mit 'dû l'indiquer à léurs frères comme une belle­ œuvre à reprodulr, e dans la nouvelle église qu'ils ah

laient y construire. ,

Contournons l'édifice par le côté N o:r;d, nous verrons

une fenêtr, e à remplage fl.eur.delisé, semblable à la f, enêtf.e
· du pignon Ouest ' de P.enmarc'h, puis nous nous
trouvons devant la façade occidentale, donnant
sur là place des Carmes. ' Cette façade présente un
grand' portail . eùoadré de six 'Ûol'Onnettes de chaque

côté, ' "cüntinuées par des' cürdons arrondis formant
voussures. Au milieu sont percées deux porJ;es ogivales
séparées par un trumeau auquel s'adossent des colon- '

_.- 166 -

nettes servant de base à une niche qui a son dais à la

naissance des aroades.

La flore des chapiteaux a une physionomie à part. et
nous reporte à la sculpture du porche de Pont-Croix. ,

, Ge portail est surmonté d'une fenêtre à six baies, avec
rose rayonnante, coniposant un réseau très délié d~

trèfles et de quatrefeuITles.

A l'intérieur, l'église se dessine sous la forme -d'une

immense nef de 10 mètres de largeur, sur 45 mètres de
longueur, partagée en huit travées par un rang dé
hauts pîliers à faisceaux de colonnettes, soutenant des

arcades très élevées. Il n'y a qu'un seul collatéral, du .
côté · Nord. Le mur Sud de 'la ilef est plein à sa base,

évidé par quelques enfeux, , et percé dans sa partie hau-
{e ,d'une série de fenêtres : Cette disposition a été Çtdop­
té0, parce que à ce mur méridional s'adossait autofefois

le cloîtr, e du monastère.

Admirons l'effet décoratif et imposant de la grande
verrière, vénérons la statue XV

siècle: de Notre-Dame

des Carmes, d'un style noble et d'une dignité royale;
et au fond de la chapelle Sainte-Anne, s'ouvrant sur
le bas-côté Nord, donnon's un · coup d'œil au retable en
pierre blanche et marbre noir confenant les trois belles

slfltues de sainte Anne, sainte Barbe et sainte ApoHi!lB.
Cet autel fut édifié dans cette chapelle, autrefois dé-

diée à sainte Barpe, à la suite de la ces3 atTon de la pes-
, te daps la ville de Pont-l'Abbé, ' en 1633, et du grand

pèlerinage votif des Pèr, es Cat'mes et des, habitants de
la viUe au sanctuair· e de Sainte-Anne d'Auray.
En sortant sur la place des Cannes on voit des édifi- .
ces seolair, es tout flambants neufs, édifiés sur 1"eIn-

placement du vieux couvent. Lé cloître, œuvre magnifi-

que du XV? ~iède, n'ayant pas été acquis par la vine,
fut démonté pièce à pièce et, après différentes vicissi-

tucles; fut racheté par l'évêque de Quimper, Monsei­
gneur Dubillard, po.ur être reconstitué dans la co.ur in-

térieure du séminaire dio.césain, lequel, peu d'années

'. après, futco.nfisqué, , çlésaff,ecté et s, ert présentement de

caserne.

Nous aurions pu jeter un coup , d'œil sur l'ancien

jardin du nionastère, transformé maintenant en pro-
menade publique, mais le temps nous. presse; hâtons­
. nous de nous diriger vers. li e centre de la ville ,e ~ allons

voir les vieilles balles, ' sorte de Passage Pcmmercl.;ye

bas-breto.n, longue galerie transversale r, eliant la grand'
.. rue et la' rue Kéréo.n, garnie :des. deux , côtés de petites
boutiques, magasins, ateliers. , et ré. o.uits variés. Il y a

30 ans o.n a construit de nouvelles haUes spacieuses,

mais les ménagères. de Po.nt-l'Abbé restent fidèles à leur
vieux marché couvert, qui , est loin de manquer de pit-
toresque. .

Dans la grand'rue donnons un regard à un logis du

. XVIIe siècle, qui fut l'hôtel de Kerazan, et dans la rue · .
Réreon, à l'hôtel de Rerna, tien; puis à · deux ou trois
ma.iso.ns à pans de bo.is et à encorbellements étagés, et
. pressons-nous d'aller déjeuner, · car le temps passe et

l'archéologie creuse ' les estomacs. . .
. Le déj, euner '! Ce devrait être un repos, une quiétude,
'une halte. calme et paisible po.ur causer agréablement

entr, e co.mm, ensaux d'un jour. Ce fut bien un peu eela;
mais le s, erVice,qui est excellent, copieux et presque
trop luxueux po.ur un teInps de guerre, le service lan­
guit, , et no.s heures sont comptées.
. Le Prési,çlent (qui, t-out .le monde le ~ait, , est la dou-
. ceur même); s'inquiète, s'imp: àtiente, devient · nerveux,
donne des. ordres pour que tout s~accélère. Soins inuti­
les: les servantes bigoudennes~ coiffées de leurs hautes

mitres bro.dées, continuent à se mouvoir avec la même

168

grave lenteur et la même dignité, par déférenoe sans

doute pour de si doct, esconvives. C'eut été cependant le
JllŒl1ent de porter un toast bien senti aux aimables da-
o mes, aux gracieuses jeunes fiUes, aux gentils élèv, es et .

étudiants qui font parti, e de la .caravane, sans exclure
les graves messieurs, hommes de lettres, publicistes,
. profess3urs et vulgaires archéologues fraternisant dans
ces . agapes scientifiques. Mais le moyen de se livrer à

son éloquence et de laisser libre cours à ses sentiments
quand on voit l'inexorable p, endule marcher toujours
implacablement, et qu'il reste à fournir la longue étape

de Kernuz.

Donc en route pout Kernuz, les uns à pied, les autr,es
, en voiture : deux longs kilomètres sur la, route de P,en-

marc'h, avec hi perspective de champs cultivés, de lan-
d, es incultes, de petits bois de pin et des hauteurs bltm­
tées de Plonéour; puis un autre kilomètr, e par un die-

min privé et un' riant trajet sous bois; et voilà que~
. 'comme dans une vaste clairièn~ apparaissant à l'im- .
proviste, nous ' avons devant nous la façade du châ­
teau.
Monsieur et .Madame du Chatellier nous ' attendent,
Monsieur le Président offre ses hommages et ceux des
visiteurs; il rappelle les lointains souvenirs qui ' le rat- .

tachent à cette maison hospitalière, où ses premières
visites dat, ent de 1881. .A cette époque ont commencé ,
ses relations avec M. Paurdu Chatellier, père.du châte­
lain actuel, le capitaine Armand du Chatellier, et aussi

avec le grancl'père, . l'historien de la « Révolution en

Breiagne », dont' les travaux et les recherches ont été

comme l'initiation de la vocation arohéologique de son
fils, qui a' été le g-rand explorateur de nos antiquités
préhistoriques, le gran.çl savant "faisant autorité auprès

- i69-
des membres de l'InstitUtt et des plus marquants pro-

fessionnels des nationsét"i'Angères.
Trente-cinq années d'~.ul1~S , et de fouilles ont fourni
à M. Paul du Chatellier Ulle abondante moisson d'anti­
. quités. Kernuz est devenu comme le vaste reliquaire où
, il a réuni tous les restes-qu'il a pu re.cueillïr des habi-

tants primitifs de notre péninsule armo.r:caine. Les '

monuments qu'il a' explorés étaient - comme les Mémoi~

res d' ouil'e-tombe écrits par ces peuplades antiques, en-
fermant -des renseignements inédits et ignorés, pouvant
fournir une documentation précieuse pour reconstituer,

autant qu'il , est possible, leur histoire, les secrets de
leur existence, dé' leursmceurs, usages, doctrines, fÎ-
tes, industries, traditions, relations, etc. .

Profitons donc de la, bonne fortune qui nous est of-
ferte aujourd'hui de nous mettre en contact avec les
témoins de ces civilisations vieilles de trois ou quatre

. mille ans, et suivons M. lecapit~ine du Chatellier qui

sera notre guide , et le meilleur interprète des découver­
tes de s!Ûn père.
Et d'abord un mot sur le vieux château, qui date de
la fin du XVc siècle et a été ocC'upé successivement par
les familles de Kerouant, de Plceuc, Riou, Lohéa, c et
d'Esclabissac, qui l'hahitait encore au rporr:ent de la
. Révolution. La façade ancienne, ave.c sa porte et ses
fenêtres aux accolades feuillagées, form, e la. partie cell~

traIe de la façade actuelle. Les deux extrémités cou-
vertes en terrasse sont des ajoutés modernes; la tour

que nous voyons à notre droite était une des quatre
tours d'angle dél~mltant la cour carrée .assez étru- Ite
qUi formait l'enüeinte immédiat'e du logis, cour qp 'un
a fait disparaître pour prendre de l'espace et de l'air.
Une autre enceinte très vaste formait un enclos de 6
hectar·es environ. Deux des murs .subsistent toujours,

li ULLETI:\' DE LA SOCIÉTÉ ARCI-IÉO. -- TOME XUV (MémOIre 12)

170 -'-
, au Nord et à l'Est, avec pavillon de corps de garde et
, porte de défense à l'angle Sud-Est.

, Et maintenant rendons-nous auprès de cette étrange
pierre longue, haute de 3 mètres, qui se dresse sous un
abri couvert de chaume, et sur laquelle nous croyons
distinguer des ébauches de sculpture. En effet c'est un

menhir sculpté, l'exemplair, e unique de ce genre qui

soit connu dans tout l'univers, et les sculptures, que
vous reconnaissez bien quand vous les voyez de près,
, vous indiquent que c'est un monument érigé par les .

Gaulois , et reproduisant leurs divinités qui ont beau-
coup d'analogie avec celles des .Romains : Hercule
brandissant une " massue, Mars avec lahee ,et bouclier,

Mercure coiffé du pétase, tenant le caducée et condui-
sant par la main un enfant, symbole 'de l'âme humaine,

ce qui donne une indication de leur croyance à la vie
future ou à la métempsychose. Le quatrième tableau

représente un homme nu , et une femme drapée; ne se·
rait-ce pas ,Apollon et Minerve ?Ce menhir était ,enfoui
dans· un champ près du village de Kervadel, en Ploban-

nalec. '

Faisons quelques pas et rious nous trouvons à: l'en-

1rée d'un hangar en bois abritant quantité d'obJets qui
ne peuvent pas trouv,er asile dans l"intBrieur du musée.
La première chose qui nous frappe c'est une pierre,
haute de 0 m. 83, en form,e de pyramide tronquée, et
d.ont toute la partie supérieure est couverte de gravur,es
très curieuses, 'offrant un aspect presque classique ;

elle provl; enf du village de Kermaria, au ~ord-Est de la
gare de Pünt-l'Abbé. C'est ce qU'aIl appelle un 'Bétyle,

pierre sacrée et symbolique que l'on trouve dans l'Inde,
, et les lignes singulièr,es qui sont gravées sur les quatre
faces ont trait à différentes points de la mythologie

Hindoue.

_. 1.71.- '

Sous le même hangar c'e$t un amoncellement de
. 111eules gauloises et romaines, instruments de pierre de
toutes ,(:,/)rtes : percuteurs, haches, casse-tête, pierres

de fronde, polissoirs, débris divers de poteries gros-
sières, tuiles · et briques, pierr, es gravées et percées . .

Mais il faut voir le véritable musée . .

Dans le sal'On, dans la, salle qui lui succède et dans

la g" alerie terminale, c'est une collection prodigieuse
qui éblouJ d'abord et déconcerte, par la quantité et la
variété des objets enfermés dans les vitrines. Ch:~~tle

fouille est représent8e par le groupement-dümobilier

qui y a été recueilli, de sorte que nous nous rendons
compte de ce qu'a fourni ' chacun des monuments, tu­
mulus: dolmens, allées couvertes, menhirs, camps, op­
pidums, cachettes de fondeur, galeries souterraines, ~
cela dans toutes les régions du Finistère, et même de

quelques points des Côfes-du-Nord , et du Morbihan, où
les. explorations des commandants Martin et Le Pon­
tois sont venues enrichir le musée de Kern- uz. Il fau­
drait des heures et des. jours pour examiner en détail .
. chacune de ces vitrines. Les étiquettes sont déjà utiles

pour en avoir un aperçu général; les volumes écrits par
M; du ChatelUer, 'renseignent plus complètement, mais
: il y a mieux, les notiües particulières et brochur·es qu'il
Cl publiées sur chaque fouille, nous mettent au courant
de toutes ces questions, autant du moins qu'il ,est pos-

sible d'y voir clair, car, il reste toujours de J'inconnu

et du mystérieux quand il s'agit de productions d'épo-
ques Si reculées.

Impossjble de tout citer; donnons une nDmenclaturt>
générale des différents objets composant cett3 admi­
rable collection ; silex éclatés, percuteurs, marteaux
en pierre, polissoirs, haches de toutes roches, de (ou· .

tes dimensions, de toutes formes, de tous degrés de fi-'

172 _.

nesse et d'élégance; des centaines de · pointes de flè~

che en silex, les unes grossières, les autres d'une déli-
catesse et d'une finesse extrême; une seule en cristal
de roche, et qui a tout l'éclat d'un diamant ; disques

et fusaïoles en pierre fine, grains de collier, bâton de

commandem, ent ; poteries dolméniques, poberies de tu~

mulus, de l'âge de la pierr-e, de l'âge du hronze et du
fer, ornées, lisses, élégantes, informes; urnes romaines,
amphores, vases sigillés, statuettes de Vén _ us anadyo·
mène et de Lucine, petits üa,valiers , en terre Llanche ;
- trésors de monnaies gauloises et romaines, vni',-,eU8
d'argent, pièces d'armures, haches, pointes de !anc€,
épées de bronze, de fer et d'acier, in:struments de chi-
rurgie et de toilettè ; squelettes prov,enant des ..iùhrH .. I1S
et tumulus, .crânes trépanés; os d'animaux " et débris de
.cuisine; meubles güthiques et ~le la Renaiss'-I.nce,
bas-r-eliefs, peintures, orfèvrerie, etc.
Cette visite ménage parfois des surprises : le visi·
teur volt des objets provenant de son pays, et qu ' jl
ignorait absolument. L'un de nos· jeunes compagnons,.
Noël Pouliquen, de Landivisiau, a la joie de trouver '
dans une des vitrines les beaux poignards en bronze

provenant d'un tumulus fouillé par son grand'père il
· Y a 25 ans. Un , autre tumulus resté tans le champ voi­
sin, et celui-là il se réserve de le' fouiller lui-même plus .
· tard, quand il se trouvera assez expérimenté pour le
faire avec méthode. Nul doute que sa promenade d'au-

jourd'hui ne contribue à orienter son güût vers ces re-
cher, ches. . , .
On voudrait s'aUa, rder auprès de chaque vitrine, re-

garder, scruter, interroger, mais le temps de tout pas-
ser en revue !
Une visite rapide dans le parc pour voir la chape e
dont la façade est constitl;lée par l'ancien porche odp

173 -
~aint-Guénolé de Penmarc'h, puis le menhir à cupules
d-eSaint-Urnel, le monument circulair.e de Kerbascat,

apparenté à d'ancienpes construdionscarthag. inoises; .

tout est étrange, tout est mystérieux ! .
Avant "de prendre congé, Madame du Chatellier et·sa
charmante fille nous mettent en contact' avec quelque '
chose de plus moderne et de plus positif en nous ser-

vant un lunch en plein air, comportant abondance de
rafrakhissements et de friandises ; qu'elles en soient
remercœes et que nos , aimables hôtes,qui nous ont fait

si boiule et si cordiale réception, soient assuré~ de notre'
gratitude et de nos bons souvenirs. .
On rentrl e à Pont-l'Abbé pàr petits groupes, devisant
. de préhistorique et de romain, toutes choses plus dou~
ces à l'intellig:ence et à l'imagination que les tristesses
· . actuelles qui nous hantent journellement.

Chanoine ABGRALL. ·

DU flNISTERE
Hôtel de Vitte
B.P.531
29107 QU1MPER

É PARTIE

'Table des mémoires pu.bliés en 1917 .

1. Note sur' la, stèl, e gravèe du Téven de K, e:i'IDorva;n

(commune' de' PIQùmogu,er-Finistère), ' par [A ~f.
DEVOIR} (planches) '." ......... ' .......... ... .... '~ .. '

II. Notice pa.roissial, e. : Landudec, par CONEN DE ' SAINT-
Luc (ca1'te) .. " ............. : .................... . . " .......................... ..

III. Note VI su.r une récente communkaüon de M. le

docteur Baudouin" relative à « l'existence d'une
glacia.tion néolithique dàns le c,entre d(~ la Bre-

tagne ", par [AH. DEVOIR] ......... ............. .

IV. Les ArchIves de LesauHfiou et, ~'archiv;ste JéEm-

François L.e · Cl,ech, par L. LE GUENNEC ......... .
V. Glanes archéolog,iques : Plouédern. Plo.unéven- ·
ter. -- Lanhouarneau. Ploue/ scat. Land,er-'

nea,u, paT le chanoine ABGRALL ................. ;
VI. RappOlrt' sur la. se.ssion normale des Comités régio­
naux des ar; ts appliqués à Par'is les 6, 7, 10, 11,
12 avril 1917> par Charles CHAUSSEPIED . . : .... ;
VII. Quimpe.r au XVIIIe 'siède. Notes et Docum,ents,
I. La COlnédi'eet les JeuX: à Quimper en 17~5,
par Daniel BERNARD ...................... : ... .. .
VIII . Comment étaient tra.ités les Pris.onnlerl s d, e guerre
en Bl~etagneà ,~'époque d·e la Guerr: e dl el Trente
ans, par Henri \VAQUET ..................... : ..
IX. Respe, ct et Conservation d.es œuvres du pa,ssé. Le/ t­
. tre o'live;y't,e à M. le cha'noine Abgra.ll, par Char-
l, es. CHA USSEPIED ............................... .

X. EXClus~on d'étud, e à Pont-l'Abbé le je'udi 2 août

1:l1
147
1917, p,ar le chan6ine ABGRALL .................. 15:l
XI. Une orise à l'abbaye du Relec, 1458-1462" par Henri
XII.
XIII.

"'\i\' AQUET " ................................................... ................ .o ..... .o ..
[Les Eglis.es et Chapelle1 s du diocès, e de, Quimper
(suite)] : Archiprêtré , de .lVlorlaix (suit1 e), d'oyen­ nés de Saint-Thégonec, de Sizun, de T.au~é.
Archinrêtré de SRint-Pol-de-Léon, doyenné de

Saint-Pol-d, e-Léon, paT le chanoine PEYRON.: ..
Discours de M. le PRÉSIDENT ................... .

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