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Bulletin SAF 1917


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Glanes archéologiques: Plouédern, Plounéventer, Lanhouarneau, Plouescat, Landerneau

Chanoine Abgrall

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1917 tome 44 - Pages 65 à 96

GLA

ARCHEOLOGI

plouéde17n.- plounéventep. , llanhoua~~

neau. - plouescat,- llande17neau.

En archéologie la devise devrait toujours être , ôelle
que l'on voit gravée sur la cheminée monumentale du

Musée de Kernuz, -en Pont-l'Abbé:

Coiligite ftaymenta, ne pereant. , .
'. Hecu. eülez tous les débris, ne laissez rien perdre .
S'il en est ainsi pour ce qui regarde les fouilleset les

explorations, il doit en être de même des observations

. faitês àu cours des voyag· es, excursions ,et promenades.
Il arrive souvent qu'on ne met pas assez en lumière les
'constatations qu'on a faites enpa, reille occurenüe, sous

prétexte que tous ües menus matériaux n'ont pas assel

'de corps pour former un mémoire condensé et respec~

table.Cett, e façon d'agir a l'inconvélüent de laisser in-
fructueuses une f(; ml'è de 'petites découvertes, qui par.:.
ÎO~s ont plus 'de valeur. et d'intérêt qu'un objet ou mo-

. nument d'importance. ·Voilà pourquoi il m'a paru utile

de r· endre compte d'une excursion que j'e.i faite dan" s la
seconùe quinzaine de mars 1917, et de rel, ever toutes les

observations archéologiques que ' j'ai pu fair· e le long
du chemin parcouru. '
L'objet principal de mon voyage était d'assister, le
jeudi 22 mars, à Plouescat, à une réunion de propa­
gande de la Société des Amis de Kerjean, Voulant met-

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. --- TOME XLIV (Mémoire 5.) .

tre oe , déplacement à profit pour des recherühes et .etes
vérifications, je me mis , en route deux jours à l'avance
et part. ls de Quimper le 20 au matin, par le train de
8 h. 27, , qui me rendit à Landerneau à 10 h. 43; , mals

I.e petit train départemental ne partant qu'à 18 h: 10

pour arriv, er à Pl.ouescat à 19 h. 55, le mieux était a' a- .
voir recourS au vélo pour ce traj'et de : 28 ou 30 kilo-
'mètres. '
ç'eût été un voyag, e d'agrément en temps ordinaire,
mais:ce j-our le vent soufflait du Nord en véritable tem~
pêbe, inipossibl,e de pédal, er, si ce n'est dans de rares
' endroits abrités et dans l, es fortes descentes; force fut

de fournir au moins 20 oU,22 kilomètres à pied .

Première escale : PLOUÉDERN.

Halte de 12 ,ou 15 minutes pour revoir et vérifier ce
que j, e connaissais déjà : ,
Porche Nord de l'église, daté de 1609, orné sur ~a
, faça' Œe de colonnes doriques, et à son fronton, 'd'une

, niche abritant la statue de saint E-dern. Porte en bois

de ehêne, avec panneau en bas-relief représentant saint
Pi~re. '
Inscription sur la cuve des fünts baptismaux: ,
A : RIOV : RECTEUR: 1 : IŒRDELENT :'H : APERVE : FABR[-

QUE: LAN: 1641: R : LE :' DORE: FECIT .

Gette signature dtl sculpteur Landernéen Rolland Le
, DOTé se trouve aussi sur le socle de la statue de saint

Jean l'Evangéliste à l'entrée du porche de Saint~Thé-

gonnec, sur une croix au :cimetière de Commana , et sur
le fùt d'e croix qui se dresse près de la' façade de la
chapelle de Saint-, Conval, dans la forêt du C~anrtou, en
'Hanvec. -- Dans l, es archiv, es de Lesquiffiou existe un '
marché pour l'exécution de la statue tumtüa, ire de , :J ac~

ques "B.arbier., seigneur ae Kernao, au bas duquel. R. Le

Doré signe de son nom breton: an AlaoUTel. Cette statue

se trouve maintenant à maüié cachée 'sous le maître-au-

tel de~ la chapelle de l'hôpital de Lesneven. Jaüques

Barbier était fondateur de cet établissement" ainsi que
du , couvent des RécoUets de cette ville, situé sur le ter- .
rain occupé actuellement par le . collège .

Cette statue de Lesneven est absolument s-emblable à

deux autres· statues tumulaires que nous , posséùons aü

musée départementaL de Quimper, celles de François du
Chastel, s-eigneur de Châteaugal, en Landeleau, et de
Yves du Parc, seigneur de R'Ü, sampoul, , en Saint-Eu-

trope. Il est donc probable, que celles:-ci sont apes égale-
ment à R. Le Doré. :

La cuve baptismale de Plouédern est surmontée d'un
ba1daquin en bois dont le dôme est entouré des statues
des , dou:oe apôtr, es, et a pour cour' onnement la statue
de saint Eüern · chevauchant un cerf, ainsi Cju'il est re­
présenté dans ses deux autr'es églises d'Edern et de
Lannédern. '

PLOUNÉVENTER. Passé devant l'entrée du château
de MézarnOou, d.ont Oon aperçoit seulement les hautes toi­
tures . Ce vieux manoirexi.gerait une monogrl a,phie très

etend.ue.
L'église , est moderne. et dat, e de 1860 environ;' mais le
clOocher, qU. i doit dater du XVIIe siècle est d'· excellent
style · et remarquable par son élégance · et son . élance­
m~nt. Le patron, . saint Név'elüer, est représenté en :che-

valier, portant épée et bouclier, à la façade de l'église ,

et à la belle crojx historiée du · cim· etière.

LANHOUARNEAU. Ce qui attire en premier lieu l'at-

iention de l '. archéologue , c'est le clocher, qui offre tous

les ·.caractèr, es du XIIIe siècle, · chose rare dans notre

contrée, .car j,e ne connais chez nous, comme apparte-
nant àceHe époque, que les deux clochers de la · cathé-

draIe de Saint-Pûl d8 Léon, avec ceux de la Martyre et

de Rûsporden. . . . .
. L'entrée sur'la façade Ouest est forrué. e par une large

. baie terminée par un arc en tie.rs point, et dont les
ébrasements · sO'nt fO'rmés de trO'is cûlûnnettes à , chapi­
teaux feuillagés, analogues à ceux du chœur de la ca­
thédrale de Quimper, de Rospo:r.den et à , quelques-uns
de üeux de Saint-Pûl. Les bases, malheureusement, sûnt
engagées dans le sûl ou dans des détritus . . Cette baie de-

vaiL être autrefûis divisée en deux par un trum, eau cen-

tral qu' O'n a fait disparaître, et on a créé une porte

unique, 'plus étroite, en chargeant les deux côtés par
une maçonnerie et des pilastres dûriques du XVIIe ou
du XVIIIe siècle, surmontés d'une frise .ou d'un entable-

ment. Cette maçûnnerie IllonM jusqu'au haut de l'ar-
cade et l' obturecümplètement, i ayant fait dispg.raîtr· e

un rempla@e ajouré dûnt on vûit les amorces des deux
côtés. .
La même baie se trüuve sur l'autre face s'ouvrant au

bas , de la nef, mais toujours avec les bases engagées
dans le pavé. Sur ··chacune des deux parois l,~l,térales in­
térieures , Cie cet espace qui devait former pùrche, sont
appliqués trois faisoeaux de colonnettes, dont tes chapi-
t.eaux devaient porter des statues.
A une bonne hauteur se voient des formerets qui, avec

des arcs O'gifs, étaient destinés à porter une voûte. Mais
à l'époque où l'on i a modifié la porte d'entrée, ·on aâus~1
bandé, à une faible hauteur, 2 ' m. 50 environ; !::.11e
· lourde et massivevüûte en berceau surmûntée d'une

plate-forme, peut-être pûur faire une sorte de tribune,
et dont l'effet a été de faire pousser au vide l, es murs la-

ténlux .. Ce résultat se constate surtout à l',extérieur, on

voit que la maçonnerie a bûuclé des deux côtés du do··

cher et fait ventre d'une manirèe très sensible, de façon

, à donner l'apparence d'un écrasem, ent. Ona voulu pa-
rer à l'inconvénient par un moyen purement enfantin ':

. pour empê'cher les joints des bts de s'ouvrir, on a scellé
les pierres d'assises deux à deux par des s-ort, es .de
crampons doubles en fI er, remède absolument inefficace,

et qui n'oppose aucune résistance à la poussée i;-l~é- ,
rieure; "le seul moyen pour arrêter le mal, ce serait de
dépos, er eet'te lourde ' voûte, cause de tout le désordrec
En étudiant l'extérieur 'de : ce clocher, on y trouve:
bien tous l, es , caractères du XIIIe siècle :' sur Dhitcune

des faees, une baie à ébrasement mouluré ,et à arc en
tiers point; petitI e frise à compartiments de trèfles ou
de quatrefr, euilles sous la corniche à saillie qui soutient
la balustrade; mouluration à gnos tore de oette -corniche,

tracé des qu.atrBfeuiUes ' ajourés de la balùstrade. Nous "
, trouvons .encore lés signes de cette époque dans la figu-

ration. {Jés baies , et des supports des c.lochetons et- des
lucarnes, dans les arêtes de la flèche dépourvues de to­
r· es saillants et de .. :cf, ochets, dans les ajours sobres et
peu nombreux des pans de ceUe flèche .
L'église, qui doit être en partie de la fin du XVIe siè­
de, en partie du XVIIIe, n'offre rien de remarquabl, e

dans sa construction; mais le porche Midi présente ,

une belle façade · et porte au soubass·ement du contre-

fort de droite la date de 1582.
A la frise surmontant l'arcade d', entrée on lit:

J : TOULLEC. V. BERTHOV. T. MESGVEN. PROCVREVR.
, A l'intérieur ' sont les statues des 12 apôtres, dans de
jolies niches à coquilles et à Coonques divisées en petits
caissons. Dans le soubassement sont des panneaux à

cartouches, têtes grimaçantes et grotesques, rappelant
un peu Guimiliau et Bodilis. · Près de la porte du por­
che, dans le bas-côté, , est un bénitier en kersanton avec

cette inscription: LORANCZ. BERTHOV. 1612.

A l'angle Sud-Ouest du · cimetjèr, e s'élève Ulle belle
chap. elle ossuaire, probabl'em'ent de la même époque .
que le porche, ay.ant une porte et .cinq f, enêtres sépa­
rées par de grandes colonnes ioniques, ave.c riches con-
treforts et lant, ernons aux quatr, e angl, es. .

Près de l'entrée Ouest du dmetière ' gît à t,erre, en .
état d'abandon complet, la statue tumulaire d'un cheva-

lier Launay, sieur de Coëtmerret, tète et mains brisées,

épée à gauche, dague à droite.
A 300 ou 400 mètres du bourg, au bord de la route

de Berven, , est la f; oritaine de saint Hervé, le patron; le
soubassement de l'édicule qui là surmonte est formé
de pierres ouvrées, pilastres, moulures, disposées sans

ordre; le ~1aut est tout récent, d'une composition banale
et très laide. C'est à eëtte fontaipe que se nmd la pro-

cession le jour du pardon ou fête patronale, et pendant
que l'on chant, e l'antienne similabo on y plonge le re­
liquair, e ou bras d'arg'ent renfermant un os du bras . .o.u
saint, pour :communiquer aux eaux les vertHs mysté­
ri'euses émanant de la vénérable relique.
A 1300. mètres au Nord du bourg, au second crochet

que forme la Doute ,allant à Plouescat par le Groazou,
croix pattée de 2 mètres de hauteuT, adossée à main
gauche au talus d'un chanw, à l'entrée d'un petit che­
min allant à Buors-vihan. Elle appartient à la famille
des nombreuses , croix ·pattées, méplates, que l'on trouve

clans tout ce pays et dont plusieurs doiv, ent roemonter au
tèmps de Charl, emagne, ou du moins ,au Xe et ·au XIe siè-
cle. .. . .
Au CroazO'u, en Plounévez-Lcohrist, autre croix pat-

tée, mesurant 2 m. 25. EUe ne d, evait. pas être seule

primitiv, ement, puisque le vocable croazou indique le

pluriel. C'est en -ee point qu'est le crois,ement, de la
route de Ploueseat av'ec celle du Maillé au bourg de

Plounévez. 1700 mètr, es. plus loin, à droite, d.ans les pa-

rag· es de l(ermean et de Kerargott, un petit ühemin ·
charretier peut vous conduire à la m, otte féodale de
Toumu.z, posée à 700 mètres de la grand'route, sur la
pente d'un profond vallon, ~n face de Goarillac' h. C'est
un . Ïlnluense monticule, moitié · naturel,. moitié artifi­
ciel, protégé par une douve du côté de la plaine et par
la déclivité abrupte du terrain, du côté de la vallée. Il
lllesUl~e 7 , ou' 8 mètres de haut à partir du fond' de la
douve et 20 ou 25 du , côté du : cours d', eau. Le sommet
dessine un plateau elléplique dont les deux axes cor-

respondent à 15 et 20 mètres, et ce. plateau est bordé
par un parapet de terre et de maçonnerie. (Bullet. 1915,
p. 78). .

Quatre ou cinq œnts mètres avant d'entrer à Ploues-

- cat, par la route de Plounévez, au bord Nord d~ hl!
route, est adù· ssée à un talus une autre üroix pattée d· e

1 m . . 20 ou 1 m. 30 de haut, ayant sa tige brisée en
deux tronçons, mais vers le milieu de la gr.and'rue, non

loin de la pompe, du côté opposé, c'· est-à-direNord, une
grande cr.o.ix semblable, haute de 2 m. 71, s'appuie au
pignon d'une maison, à l', entrée d'une rueUe. C'est une

des plus hautes croix pattées qu'il soit donné de v.oir,

je necol1.l'iais que celle de Lochrist-an-Izelvez', , en Plou- .

névez-Lochrist, qui l'emporte par ses dimensions.

P.LOUESCAT, journée du 22 mars.

J'ai voulu üonsacr, er la matinée à la; visite de la üôte',

des rochers qui la bordent ' et demoriuments qui m'y
étaient signalés. Malheureusement notre bon confrère,
M. Yves Le Febvre, juge de paix du canton, était ab-

sent; il m'aurait été un guide précieux; mais, comme il
m'en avait informé, il ne devait arriver · que dans l'a-

près-midi. .

Prenant par la queue de l'anse du Hernie et longeant
le rivage, j, e puis admirer nombre de massifs rûcheux,
entassements de blocs énormes, présentant des aspects
· saisissants et variés, qüi chang.ent i avec les po.ints diffé­
rents desquels 0'n les contempl, e, et aussi d'après les dé­
plaüements des effets de lumière . et d'omb:r:e provenant
de la marche du soleil dans sa ,cûurse quûtWi, enne. Et
quand descend la nuit, ce sont des silhouettes fantasti-

ques se découpant sur le , ciel, semblant former comme
un troupeau de' monstres , antédiluviens épars dans üette
vaste solitude. Je ne sais si les to.uristes; voyageurs,
. baigneurs et . villégiateurs apprécient suffisamment to.u­
. tes ces beautés de la nature, et j, e déplûre que des des-

sinateurs, peintres et graveurs ne se sû]nt pas attachés
à mettre en valeur tous ües motifs . robustes et étranges
j, etés à prûfusion ~ur nûs rivag, es, ,au lieu de s'attarder
à . nous . reproduire des paysag.es de convention ,' d'une
banalité désespérante. '
Une partie , de la plage du [(ernie sert d'hippodrome,

dans la saison, aux magnifiques spécim, ens de chevaux'
qüe produit l'élevage deséantüns voisins. Il n'y a pas

de fr, ais d'étabhssem, ent du champ deco.urse; la marée
descendante, s'en , charge en laissant à se, c une lûngue et
large hsièr: e de sable, suffisamment tassé , et assez cûn-

sistant pôur les pieds des cûursi, ers. Et lJour ce qui est
des spectateurs, les dunes gazonnées , et le' s rochers éta-

gés leur fournissent des tribunes fo.rt écûnomiques, sans
cûmpter qu' ûn en ,dresse de plus luxueus, es pûur les au­
torités, les personnages officiels, les fortupés, les ~m~.~.·-:
· et les prof, essionnels de sport. .

, . Arrivé près des grands rochers de Roc' hou-Bras, on

trouve une petite crique sablonneuse que la marée rem­
plit tous les jours. Là émerg, ent du sable trois longues lj­
gnes de pierres debout, hautes de 0 m. ' 50, ° m. 'bÛ et

même. 1 m. 20. Cet .ensemble;composé de 41. pierr, es,
sans cmnpter oelle8 qui ont disparu, donne une l.on­
gueur de 22 mètres. Il n'y a plus de tables f():l~ant dol-

men, SI jamais il y en a eu, mais il est évident que c'est

là un monument mégalithique, construit de main d'hOIll-
me, et quia été établi en 'dehors de la porté,e de la m'er.
Or ,aujourd'hui les montants rest. és debout sont baignè:~
par le flot à chaque marée, · et même entièrement 'con-

verts au mOJnent des fortes eaux. Notre confrère, M. le

commandant Devoir a étudié oette ' question dans notre
bulletin {i, e 1912,' p. 230-233, et conclut à un abaisse­
ment du sol, phénomène géologique qu'il a pu const~_t~r

aussi près de Lilia, à la côte Ouest. ·de Plouguerneau,
dans la rivière de Lesconil en Plobannalec, . à l'estuaire
de la rivière de Pont-l'Abbé, près de l'Ile-Chevalier, et

enfin dans la rivière d. ' Auray, Morbihan.

En poursuivant, après avoir contourné li a pointe et en

avoir . admiré les immenses rochers, rentrant un prll

dans les t, erres, on voit, au milieu de champs cultivés,

l, e. menhir de Larme6en, haut de 5 mètres. Ensuite, re- .
· venant au bord de l'eau, j'aurais pu voir dans la fa-

taise, en face de Enez-Eog, si M. LeFebvre avait été

là pour me guider, ui} kjœlœnmœdding, grand amas de
coquillages, formé de débris de cuisine, restes de repas
en commun' de tou~e une tribu ou d'un village préhis­
torique; puis, plus lo.in, près de [(ergouara, se dresse
un menhir très élancé, haut de sept mètres.

Dans l'après-midi je me r· ends à .l'établissement ro-

main -de Gorré-Plüué. Mentionnons , en passant,' l'e men- . .
hir qui est plus près de la route de Cléder, dans une ga-

r· enne remplie d'-ajoncs, et qui mesure 3 m. 80 de hau-

· teur, puis le gri and dolmen qui n'est guère distant que

de 50 ou (10 p1ètres, mais qu'il n'est pas facile de trou-

ver parfois, caché qu'il est par le talus voisin et par les

hautes touffes d'ajonc. .
GOURÉ-PLOUÉ. Un coup :d'œil aux deux petits ma-
. no.irs ·de ·Gorré-Plou, é. .

GOTré-Ploué-huelta, au ho:r.d de la route qui s'en
vi a. à 1{erzéan et à Kerliviri, · et qui doit être une vieille
voie féodale, si elle n'est pas romaine. Gette maison,
devenue maintenant simpl, e ' ferme, a une façade impo­
sànte, percée de portes à arcades et de larges fenêtres

à meneaux et croisillons) ' avec ehanfreins ou gorges,
indiquant bien le XVIe siècle. A côté, tout au ' bord ùu

chemin· est le vieux puits do.nt l'· entourag.e assez étroit
est surmonté d'une larg, e margelle ronde, moulurée en
dessous d'une gorge semblable à eelles des · corniches .

égyptiennes, et évidée , en son milieu d'une o.uverture
circulaire n 'ayant pas plus de 0 m. 60.ete diamètre. Ce
. puits · est accompagné d'une grande auge cn granrr, quj

sert d'abr, euvoir an troupeau revenant du pâturage .

Gorré-Ploué-izella: , est un logis de dim· ensions plus

modestes, mais offrant les mêmescaractè:res dans . " ."
ouvertures, et avoisiné d'un plus grand' nombre debâti -.
ments de. service, dont quelques-uns en état complet c~e

rUIne.

Etablissement romain. A 300 mètres environ, au
Sud des deux Gorré-Ploué, à 40 mètr; es à l'Ouest de la
-route, dans l'angle du champ de Parc-"coz-feunteunic,
se trouv'e' le balneum qui a été exploré en septembre,
octobre et nov, embre 1914. Du haut d'une sorte de belvé- '
dère qu' o.n :a dressé en amonc.elant les dé~lais et maM­
riaux' éboulés, on perçoit fort bien la distribution du

bâtiment, s, e composant de I), euf pièces: vestibule, cDm-
pluvium. ou courette centrale, chaufferie, calda-
riu.m, - tepidarium, . frigidarium, piscine, ves-
tiaire, unctariwn ou salle des parfums.

On peut encore s, e rendr,ecompte de ce qu'était le
. f Û'yer, av, ec les deux , chambres de l' hyopcauste ou sous­
sol, qui chauffait la salle chaude et la salle tiède; mais
queUe dévastation ! Cett, e dispo6ition si intéressante el
si instructive de pilettes de briques soutenant le pavé

des salles, était presque en état parfait de , conserva-

tion lors de la découverte du monument. Les enfants
et les visiteurs ont eu bientôt fait de tout briser et ren-

verser. Il reste encore quelques petits débris, pouvant

servir de témoins et de documents; mais Gombien pau-
vres, en comparaison de , ce j'ai vu ' en plaüe, dans le

princjpe. On peut également observer le caniveau exté-
. rieur ' qui entoure toute la construction pour l'isoler de
l'humidité et rejeter les eaux pluviales et l'eau de la
piscine vers l'angl: e Nord-Ouest. . ..

A 10 .mètr, es Sud-Est de üe balneum, les fouilles ont

:fait . découvrir d'autres substruGtions, et, après les avoir
complètemeüt dégagées on a reconnu un rectangle 'de
24 4m. 50 sur 14, m. 50. Dans le mur Est, un long seuil '
en granit indi'que une port, e larg;e de 2 m. 50, qui s'ou­
vrait sur un vestibule de chaque côté duquel sont deux

corps de logis qui ont dû être habités par des g, ens de

service ou des , esclaves; le r; este semble avoir été une
cour, avec peut-être des. appentis adossés I a.U mur
Ouest; on peut donc conclure que c'était un bâtim,ent
d'exploit.ation, une partie de la villa: agraria-, mais pas
üertainemerrt la maison principale, le logis du maître

et de sa f, amille.

Pendant que je faisais ces constatations, M. Le Feb-
vre, r, etour d'un voyage, est venu me rejoindre. Nous

. allons , ensemble sur le terrain au-delà de la route, dans
une garenne, · couvert.e de gazon, de pointements de gra-

nit et de quelques ajoncs maigres. Depuis la veille deux
ouv6ers traVl aillent à y dégager les traces d'un mur qui

est maçonné avec.so.in. Ce sont toujours les mêmes indi-
.ces : pierres cubiques de petit appareil, briques, tuiles,

fragments de poterie, o.S d'animaux, coquillages, débris
de cUlsine~ quelques petits fragments de' bronze. Ce que
l'on a déjà exploré indique un corps de logis large, de
4 mètres, sur une longueur enco.re inc~nnue, mais qui

n'· est pas inférieure à 8 mètres~ Il n'est pas rattaché

à d'a-utr, es chambres ; üet isolement semble. indiquer

qu'il ne f,ait pas partie de la villa principale, et eepen- ' .

rIant la co.nfiguration du tertre qui le caühait semble. in~ ..
diquer qu'il . y a là encore d'autres décou~lertes à faire.

Quand ees recherches auront étB poussées plus loin et .
que l'on aura trouvé un ensemble , complet de hâtim, t;11ts,
on pourra faire un; e description détaillée ' de tout l'éta­
blissement ; ce sera l'.objet d'une étude importante,
d'un mémoire fort instructif. .

- Ayant dev, ant nous trois ou quatre heures de liberté,
M. Le F,ebvre me propose d'aller voir Le Vrenn, cette
station antique dans laquelle il a , cru reconnaître une
motteféodal~ dévastée, et · qu'il a décrite dans no.tre
bulletin dé 1916, p.108-109. Cette course ne dépasse
pas tro.is kilomètres et 'demi et n'est pas pour effrayer

deux , archéologues ardents comme nous le sommes .
Nous voilà do.nc ,en route. ComIne sur notre trajet nous ·
r, encüntrol1s un certain nombre de 'monuments, il est de

toute nécessité de les signaler. .
Nous passons n'on loin de la croix de Kergrroal~ qui a

pour soubassement un aut,el en granit posé sur quelques

marches et surmonté d'un retabl, e ou édicule fo.rt sin-

gulier, fo.rmant abri évidé, ,~t qui exigerait un dessin

pour être bien compris. Le socle qui soutient le fût de la
croix, porte le nom des deux . donateurs: (IACQVES

MAllC'HIC.ET. ANNE. LE. HOVX. ONT. FAIT. FAIRE. CETTÉ.

CROIX. - 1667.

. Sur le pied rectangu1aire du fût sont gravés les chif­
fres de Notr: e-Sgigneur et de la Séiinte-Vierge, avec les

invocations suivantes: s :' IAN : S : IACQ"ES : P. P. N. -
STE: ANNE: P. P. N. - s: BARBE: P. P. N. (Priez Pour
Nous).
Les noms des mêmes donateurs, Jacques Marc'hic .et

Anne Le Roux se retrouvent sur deux pierres incrustées
dan.s le pignon du manojr de Xergoal-Vihan, tout voisin,

ave la date de 1666; puis avec la date de 1667 sur un
calic.e 'en argent ciselé, que l'église paroissi.ale possède

encore. .

Eh descendant vers le ruisseau qui sépare la com-
mune de Plouescat de l'extrême pointe de Cléder, on
trouve la chapelle de Notre:-Dame de Kerzéan, d'une
structure assez simple, mais indiquant le XVIe siècle.
Les statues qu'on y vénèr.e sont :
1. Notre-Dame de Kerzéan, en pierre, assise, dra-
p, eries gothiques, cheveux abondants, grande couronne
fleuronnée; Enfant-Jésu s. debout sur son genou gauche,
vêtu d'une longue robe, tenant un livre ouvert, r, ejetant
la tête en arrière pour mi, eux regarder sa Mère. '
2. Saint évêque, en chasuble antique, . ·portant
'cross, e. On en a fait un saint Elo.ien lui adjoignant

Hncheval et un marteau de maréchal.

3. - Saillte Marguerit-e, sortant du corps du dragon

qui l'a dévorée; un pan de sa robe , est encor, e en dehors
, d, e la gueule du monstre. ,

4. Sorte de retable contenant le groupe de sainte
A nne, la Sainte-Vierge et l'Enfant-Jésus, en r'onde-bos­
, se, puis saint Joseph et saint Joachim, en bas-relief. .

Dans la prairie voisine est la fQntaine de N .-D ., avec
reste de maçonnerie et niche.

-Dans le vallon, la route passe sur la .chaussée de l'é-
tang qui aliu1entait le joli moulin féodal de Kerzéan,
daté de 1598, ·et fort remarquable par ses pignons, ses
lucarnes de style· et ses .. contref.orts à amortissements en

consoles. .
Au haut du versant opposé, mais ~u:r 1 , e t· errain de

Cléder, ün trouve la curieuse croix de Kerzéan dont Ip

socle · est dessiné dans une note absolument clàssique,
qu'on est surpris de trouv, er au fond d'une campagnl'
si -élojgnée de toute ville, mais qui indique la cultln'~
et l'habileté professionnelle. des sculpteurs de . üeUe
épüque : un souba~sem·ent de 0 m. 81 de hauteur et de

2 m. 36 de : côtB ; un socle haut de 1 m. 68, orné sur

chacune de ses quatre faces de deux pilastres doriques,
d'une frise à entr· elacs et d'une .comiche très .correcte­
ment moulurée. De la· plate-forme de ·ce sode montent
d ix consoles qui vont se rejoindre pour appuyer le bas

du fût noueux, et qui forment comme un curieux dôme

évidé. Le ·c:noisillon qui surmonte ce fût, et qui porte la
croix du Sauveur, , est privé. actuellement des deux grou­
pes de ' statuettes adossées qui étaient placées à ses ex·· ,
trémités; l'un se trouve sur la banquette du soubasse­
ment, l'autre a été transporté près de la'barrière d'en­
trée du cimetière ou enclos de la chapelle de N.-D.
Nous avançons et nous laissons à notre droit,e Kerli-

viTi, 'que nous verrons au retour; mais nous nous arrê--
tons fréquemment pour contempler toutes les beautés
que ù:ous dominons: ;au loin, au NOI~d-Ouest - et au Nord,
le gros bourg de Plouescat, le Kernic avec son anse et
ses rüchers, pujs un vaste horizon de mer; à nos pieds,
une vallée profonde, l'étang et le moulin de Kerliviti,

puis les pent,es boisées ou , cultivées du côté ' de Plouné-

v· ez.

Bientôt se dresse devant nous la colline escarpée du

. Vrenn, et ce nom évoque en nos , esprits l'e souv, enir de
Brennus , et des vieux Brenn, chefs. des anciens dans .

C'est bien un promontoire s"avançant en point, e dans
une sorte de boucle de la vallée, avec pentes abruptes
de trois côtés, escalade difficile du .côté même le plus

accessible, position ex.cellente comme refuge en .cas
d'invasion O'u de menace d'attaque. Aussi M. Le Feb-

vr, e avait-jl été bien avisé en y voyant un poste straté-

gique.

Mais ce n'était point une motte féodale, c'est quelque
chose de bi/ en plusanci-en, un oppidum gaulois, une oc­
cupation antérieure à l'arrivée des Rmnains et aux pre­
miers ' siècles de notre ère, répondant fort bien aux au-

ires oppidums connus .[lans notre département et aux

, descriptions qu'en donne César dans ses .commentaires:
pv, sition élevée, défendue par des , cO'urs d'eau, des val­
lées ou des marécages, des forêts impénétrables, puis
par des tfia vaux artificiels, retranchements, douv, es, pa- .
lis3ades, haies vives. . Ici .ces derniers genres de dé-
. fense avaient pu être 'parfaitement organisés du côté .
. Nord, .le seul accessible, encore que, sur un point, un

groupe de rocher~ massifs -rendait l''abord plus flifficul-
tueux et fournissait comme un rempart natufiel. ·

Si üe plat, eau en calotte méplate n'i avait pas été au-

trefois défriché et cultivé pour essayer d'y faire venir

quelques maigr, es touff, es d'ajO'nc, nous y aurions re-' .
marqué des traces d'· emplaqements de maisons OU nut-
tes gauloises sous forme de petites maçonneries 'au ra~
du sol, ou de bourfielets de terre en carré ou en rond.
Mais les substructions ont dû être enlevées pour aplanir
et épierrer le terrain. Il reste cependant d'autres té- .

moins ,de l'occupation. M. Le Febvre parle de fragm,ents
de terre rougeâtre et à moitié cuite,apparaissant assez .

· abondants dans. les taupInières. Leur vue me donna im-

médiatement l'idée de l'arg. iJe appliquée sur l,es clayon-

nages ou branchages formant les parois des huttes .prj-
mitives, semblables à celles ' de nos , charbonniers et de
nos sabôtiers: P.our r, endreces cloisons plus étanches et

· préserver l'intérieur des infiltrations du vent et de la
pluie, on les enduisait d'une eovche d'argile, qui se
desséchait à l'air et au soleil, , et lorsqu'il arrivait que

ces gourbis périssaient par l'incendie, cet enduit se

cuis.ai t , et gardait polir des siècles l'empr, einte des bran-

ches sur lesquelles il avait été plaqué., Or, m~me sur .ces
menus fragments, je crûs observ, er quelques traces in­
certaines de tiges et brindilles.

. Pour en avoir ·le cœur net, deux jeunes comp.agnons,
qui nous ava, ient suivis, allèrent emprunter à la ferme,
. voisine une bêche et une pioche . et en quelques légers
sondages mirent au jour des morceaux plus volumineux
qui, pour la plupart, présentaient - ces einpr, eintes .blen
déterminées. La preuv-e était faite, mais pour la pousser

plus loin, I on pratiqua encore deux ou trois petites tran-
chées 'sur le v- ersant Sud, au pied du tertre du sommet,

qui semble inviolé. Ces tranchées fournirent les mêmes

résultats, . nous donnant la conviction qu'une explora-

tion plus approfondie sur toute , cette surface nous ré-
vél, erait l', emplacement de huttes multiples, mais SUf-

tout , que,le 1ertr,e .central, qui semblait . n'avoir jamais
. été touché, . devait être üomposé' des matériaux d'une

· maison écroulée, proLàblement la plus importante du
groupe, . üelle du chef de la tribu, .et nous fournirait le

tracé des muraüles de son soubassement, avec aussi
quelques pièces du mobilier, vases, poteries, meules,
foyer, restes (le repas,. firmes et instrum,ents en pierre,
silex ou bronze. Ce sera un 'travail entrepr, endre plus

tard. ' .

Ce terrain fait partie des propriétés de Monseigneur
dé Guébriant., Missionnaire apostolique, Archevêque de
Canton. Son frère, M. I.e comte de Guébriant, notre

Président de la Société des Amis de [(erjean" qui nous
y accompagna le lendemain, noùs déclara ' que, au nom
du Prélat propriétaire) il ouvrirait volontiers un , crédit
pour faire, ces recherches. ' ,

ne ces hauteurs, ' jetons maintenant ,les yeux sur le

, fond de ' la vallée. Sur la rivière,lin pont accède au

cheminmQntant qui va vers ' Plounévez. Tout près du

. pont, sur la riv, e gauche, une f, ontaine dédiée à sainte
Brigide, (santez Berc~het), , et surmonté'è d'une niche
abritant une statue de , ceUe sainte qui y joùit d,'une
vénération toute populaire; parfois même des cierges y
brOIent en so.n honneur, quand on a une grâce pré­
cieuse à lui demander. On l'invoque tout particulière­
ment pour les 'femm€s en , couche, parce que durant sa '

v ie elle a i Rcco:r.dé sa protection en cette oÜccur, ence à

bon nombre de personnes du peuple et de -condition
modeSte, de préférence à celles qui étaient fortunées.
Pourquoi ce vocable et cette dévotion locale, ? La lé-
. gende dit que là-haut était le château de sonpè:r.e et .
qu'un jüur, la vertueuse j-eune fiUe, poursuivie par des

malfaiteurs -ou des gens malintentionnés, s'élança du
haut des remparts et ana ·tomber au-delà du ruisseau,

là où se tro~ve maintenant la fontaine, et qu'on 'y voit
toujours la ', trace , de ses pieds imprimée sur la dalle
voisine . Légende postérieure, évideniment, imaginée .et
. accomodée par le peuple. Mais quelle peut bien être la
vra-i, e origine de ce culte envers la grande sainte Idan-

daise, abbesse du monastère de Kildare, à 20 milles de
distance de Dublin, amie et disciple du grand saint
BULL~TIN DE LA Socr~TÉ ARCHÉo, -, TOME XUV (Mémoi'e ~.)

Pa.trice? Elle possède nombr, e d'églises, de chapelles et

de statues dans notre pays. Les acta sanctorum des Bol-

landistes donnent de l'illustre abbesse · cinq vies diffé-

rentes, toutes remplies de merveilles, d'actes de bièn·;

faisance et de -conseils d'une düctrjne.sûre et profonde .

Plus bas se trouvent l'étang et le moulin du Châtel
(milin ar c' hastel). Ge nom leur vient-il de l'ancien

poste fortifié du Vrenn, ou plutôt n'est-ce pas làJ le mou-
lin féo·dal du château du Maillé, distant tout au plus

d'un kilomètre et demi; de même que le moulin de Ker-
liviri, que nous . voyons à un kiloniètre , en aval, dépen-

dait aussi du m, anoir ·de ce nom.

Retournons vers Plouescat et justement, prenant un
peu sur notre gauche, allons donner un coup d'œil àce
_ Kerliviri qui a pu 'autrefois avoir ses jours de splen-

deur, mais devait être en grancl état de délabrement; il
a été Qomplètement renouvelé, dignement et conforta-

bl, ement, il faut le dire, pour ' servir de bâtiments de
ferme. On n'y trouve plus rien d'ancien', ' si ce n'est les '

fondations du üo~ombier, tout envahies par lès ronces
et les orties. La fontaine monumental, e à eaux jail­
lissants, a v, e-c ses· deux ' grandes vasques moul uré, es et
f, eujllagées ainsi que leurs hauts supports, avait été dé-·
mantelée et gisait sans gloire au coin d'un courtil. Par
l, es soins de M. le comte de Guébriant elle .. occupe main,

t, enant une plaoe d'honneur dan.a le square de l'église
du Creisker, à Saint-Pol-de-Léon . .
JEUDI MATIN, 22 MARS. J.etons un coup d'œil sur

les vieilles halles de Plouescat ; , elles ont 'été, il y a
deux ou trois ans, classées au' rang des rhonuments his­
toriques. C'est une vaste b;>iture -couvrant n'n espace
. de 27 mètres d elongueur sur 11 m. 30 de largeur, toi­
ture portée sur une quantité de jambes grêles et , cour·

tes, quar:ante en tout, pour être exact. Ces appuis sont

des poteaux de bois équarris, de 1 m, 80, 'reposant sur'
des dés , en granit de 0 ·m. 45 de hauteur; tandis que le
f.aîtage du toit monte à 9 ou 10 mètres du sol. ..
Ces supports sont reliés entre eux et stabilisés par
des liens droits ou courbes, . par des sablières et des ti­
rants; et la charpente, très compliquée, est constituée
par vingt maîü;esses-fermescomposées d'arbalétriers, '
jambes de force, triples entr, aits retroussés, poinçon
moisé, pannes portant chevrons et faîtière, aisseli, ers,
. croix de saint. André. Cela fait un fort. cube de bois,
avec assemblages savants et ingénieux, montrant l'ha-
bileté d, e nos charpenÜersd'autrefois. .

Cette halle est un des rares survivants de nos vieu):.

marchés couverts, qui étaient l'orgueil de nos villes
commerçant.es, , et dont j'ai pu voir des exemplaires à

Lesneven, Brasparts, Le Faou et Morlaix. Il n'en reste

. plus de remarquable qu'au Faouët où elle a été restau-
rée, comme monument historique ; puis cene plus mo-
deste et moins en' vue de Pont-l'Abbé, . .
. Celle de Plouescat a été égalem, ent classée et il est
question dé la restaurer; souhaitons ' que , ce travail ne

soit pas trop tadical et. qu'on se contente simplement
de consoJid-er l, es supports, d'enter ou d' embout, er. ceux
. dont les pieds sont rongés ou vermoulus. Sj on se permet
de toucher àla charpente, on. risque fort de tout com­
prome.ttre et d'être obligé de ref.aire au lieu de réparer.

Séano8 de l'après-midi. A 1 h. {. eut lieu la séance

de proRagande de laS.ociété des Amis . de. l(erjean. M.
Trémintin ,avocat, maire et conseiller général dePloues­
ea, t, avait mis gracieusement à notre disposition la belle
et grande salle de la mairie; l'assistanee fut aussi norù­
breuse et même plus nombreuse· qu'on ne pouvait l', es­
pérer, vu la pluie abondante qui avait contrarié la ma­
tinée. M. le Mair, e fit les honneurs de chez lui, présenta

le Président , et les membres du Bureau, puis en un lan-
gage très distingué exposa le but qu'on se proposait en
formant eette nouvelle Société. M. le comte de Gué-

briant, Président, expliqua alors en détail le fonctionne-
men t de la Soc. iété, l' obj et principal, conserver le châ-

teau de Kerjean, , en faire le centre artistique, histori-
.que et scientifique du Léon, sr réunir tous les objets qUI

ont trait au passé de notre pays,sl auver ainsi tout c~
qu.i a ,eu une part à la vie· de nos ancêtres, pour que .ce

soient des docum· ents et des témoins devant servir à
nous autres bretons et aussi allx touristes qui viendront
visiter ee , château, aux chercheurs qui viendront y étu­
dier . .. - Sa causerie fut intéressante, instructive et affi-

cace, puisqu'elle nous procura de nombreuses et sympa-

thiques adhésions, qui p, ermirent de créer i01médlate- .

ment un Comité cantonal, disposé à travailler et à don··
ner . à l'œuvre une 'extension toujours croissante.

23 · mars. - Retour à Landerneau.

. J'ai eu ' bien souvent l'occasion d'étudier le porche

admir,able et fe clocher de Saint-Houardon,-1'église de

Saint-Thomas, le vieux pont . avec son moulin féodal
maintenant disparu, les yieilles rues de cette ville où
subsistent encore tant de vestiges et de témoins 'de la
vie artistique qui y fleurissait autrefois. Mais dans le
voisinage, un point m'intéressait que j, e n'avais pas , en,

core pu vérifier. '.
J'avais bien lucertl aines méntions de "la chapelle de
N.-D. de la Fontaine-Blanche, particulièrement ce qu'en
dit Frère Cyrille de Pennee, dans ses Eglises et Chapel-

les de N.-D. en l'Evesché de Léon, mais · j'étais à me
demander s'il en , exjstait encore · quelques traces. .

Prenant, au Nord de la gare, la route de Lesneven, il
faut, , au bout de quelques pas prendre à droite un che-

. . min plus modeste qui nous . conduira par une pente assez

rapide à ce qui fut autrefois un pèlerinage très fré-
. quenté. A gauche on trouve les bâtiments d'une ferme;

à· droite, un petit manoir clos de murs, habité il y a
. quelque~ . années par une branche de la famine Glaizot
et appartenant actuellement à M. ' Boucher, riche négo­
ciànt de · Landerneau et conseiller général du canton de

Ploudiry. " .
Sous la conduite d'une gardienne pleine de bonne

volonté et de déférence, il me fut donné de voir, devant

la façade de la maison, disposees d'une façon un ' p~eu'

éparse, bon nombre de pierres 'ouvrées .·et sculptées,
parmi lesqueUe;; il faut citer spécia:lement : un Ecce­
Homo3écapité, deUx beaux .chapiteaux à volutes
ioniques, quelques nervures de voûtes, fragments de
remplages de fenêtres, petit dôme de couronnement dé
pile ôu de clocheton.

L'ancienne chapelle a complètement disparu et à
sa plaüe s'élève une remise de construction assez ré­
cente, dans laquelle on a r; econstltué une sort, e de ' ehe- .
minée ancienne composée d'éléments disparates pris de

divers côtés : colonnes à bagues alternant avec des tam-

bourscannelés, écusson timbré .(L'un cimeir, donnant les
armes des seigmmrs du Lec'h : d'or à t'f.'Oris trèfles d, e

gUl ewles, avec une alliance; puis une grande inscription
gothique en quatre lignes qu'il eût fallu un peu de
temps pour déchiffrer; mais la troisième ligne, ' très lisi­
bl,e au premier aspect : l' hospital de ceste v, ille, nous
fait , conclur: e que c', est la deuxième p.artie de rancienne
inscription du portique de la chapelle de N.-D. des Car-

mes · dans l'église de l'hôpital de Saint-Julien de Lander-
neau) dont nous trouvons mention dans une note de

M. de Kerdanet, édition de 1830 de la vie

des

de Bretagne par Albert Vi Grand, p. 506. , ,

Saints
. En lan mil cinq ce'nt vingt 'ung A l'ho'l ne ur (1e Dieu Fils et Père

Etle luudy tiers iour de iung Et Saint Esprit et de sa Mère
Fust au/portail de ceste Esglise
La première pierre mise.
C'est l'hospital de ceste ville
A Sainet Julien domicile.

Au bas du jardin, à la lisière d'une prairie, sont deux '
fontaines, l'une toute entourée de rocailles, blocs , de

quarts et autres pierr. es, agenoés de façon rustique,
l' autre encadrée de diverses "pièoes sculptées en Ker-

, nanton, montants ' moulurés, deux petits angelots for-
mant culots, écusson fruste av· ec cimier, ' etc.
Tout oela semble confirmer .ce qui m': a: vait été énoncé

précédemment, que la famille Glaisot, pendant son sé-
jour dans cette maison de campagne, avait collectionné

, différ-ents fragments de sculpture provenant dè monu-
ments divers. ' '

. Est-ce l'une de ces deux fontaines qui aurait donné
le noni. de FONTAINE BLANCHE à cettechapeUe de pèle-

rinag. e ? En tout cas . autrefois, en dehors de l'enclos
actuel du manoir, dans le groupe des bâtiments formant
ferme, existait une fontaine plus monumentale, à eaux
jaillissantes, avec grande vasque · en granit, dans le gen­
re de celles que, l'on voit à Saint-J.ean-du-Doigt, à Guin­
g: amp et à Loguivy-Lannion. Il y a environ 60 ans, M .

D-esmoulins, le vénérable et sympathique, imprimeur de

Landerneàu, a vu cette fontaine dans toute sa splendeur
et. toute l'abondance de ses eaux vives.

Quittons la Fontaine-Blanche et remontons environ

200 mètres plus ha-ut; à main droite, l'autr,e côté du
vallon' nous voyons un établissement moderne de buan­
derie, dépendant du Lo8c'h. Entr· e le pignon Nord de
la maison d'habitation et le bâtiment dé la buanderie,
, est un amoncellement de pierr, es de démolition, l, es unes

inforrnes, les autres travaillées. Parmi elles se trouvent
deux sta1ues mutilées en Kersanton : 1 ° une sainte dé­
capitée, tenant un livre, draperies XVIe siècle, chev, eux
tombant en ·bandeaux sur les épaules; hauteur, 1 ID. 50.
2° ' Vierg· e-Mère, même hauteur; tête brisée, ainsi que
l'Enfant-Jésus. Ses draperies ont la finesse, la grâee et
la correction des plus belles statues du Folgoët, et c'est

certainement une des plus belles vierges qui aient été

sculptées dans notre pays à la fin de la période gothi-

qoo. . .

3° Un fû't cylindrique entouré de 12 toresüu petites co-

lonnettes. Il , est évidé et percé de bout en bout d'un trou
. rond de 0 m. 151 de diamètre. Ce cylindre a 0 m. 56

de diamètre, et 1 . mètre de hauteur. C'est, sans aucun

doute, le pied qui portait la vasque du j, et d'eau de la

Fontaine-Blanche, l'évidement intérieur servant au p'as- .
sage ou montée de l'eau qui allait s'y déverser, ,et qui
prov,enait très probablement de. la source · très abon­
dante qui alimente en üe moment les lavoirs dé la
buanderie. .

Quittons ce point, et remontons encore à 200 ou 390
mètres plus haut, jusqu'au vieux manoir du Lec'h' ;
, c'est désormais une simple ferme, mais les bâtiments
qui existent encore ont des , caractèi"es d'ancienneté
marqués particulièr: ement par , les , encadreuients des .

baies, portes et fenêtres, agrémentés de gorgès et de '

moulures. La maison d'habitation , est surmontée d'un

petit campanile .du XVIIe siècle, et la fermière déclare
que est bien là l'ancienne chapelle. , . '
Ce qui indHlue quelle , était aùtrefois l'importance de
eette terre, ce sont les larges et longues allé,es qui y don­
nent accès ou qui en rayonnent dans diverses directions,
ainsi que les fntaj,es qui la bordent au Nord ét à l'Est .

Redescendons à Landerneau.
Dans l'e jardin de M. Cauj;an ~ sculpteur en ) )ois, au
bas de J'avenue de la Ga.re, on peut étudier un curieux

lot de vfeilles sculptures en pierre. D'où. Proviennent
les différentes pièces , (!fui composent ce dépôt, viennent-

elles en partie de la Fontaine-Blanche; en partie de
l'hôpital Saint-Julien ? Jusqu~ici il n'a pas été possi-

ble d"être documenté là-dessus. .

1 0 . Quatre statues de tournure maigre et allon-
, gée, aux draperies tombantes , et aux plis serrés, mesu-

rant de 1 m. 50 à 1 . m. 70 .

a) . SAINT-MI CHEL. Grande · chevelure frisée Il
boucles nombreuses, venant tomber . sur ses épaules,

vêtu d'une robe à plis multiplI es, .avec ceinture v,~rs lt

haut de l'estomac; étole , croisée au 'haut de la poi-

trine. De la main gauche il tient une grosse chaîne dont
l', extrémité est passée au cou du dragon qu'il foule aux
pieds, dragon à tête humaine et cornue. De la droite il

serre une croix à longue hampe ' et en enfonce l'extré-
mité inférieur.e dans la tête du dragon. Celui-ci, de sa
main droite s'y agrippe avec rage. Les pieds de l'ar-
chang, e sont -chaussés. ' .
)\'Ion aIni Louis Le Guennec, qui m'accompagne, me
fait .observer que cette statue, par sa factur.e générale et
.par certains détails caractéristiques, rappelle d'une fa-

çon sensible üelle de Saint-J.ean l'Evangéliste à l', entrée
du porche de Saint-Thégonnec, laquelle est signée par

Rolland Le Doré, avec la date de 1525~ de sorte qu'on
serait autorisé à attribuer au même sculpteur lander-

né en , ce saint Michel et les trois autr, es statues qui l'ac-

compagnent. . . " .
b). SAINTE HÉLÈNE. . Vêtue d'une robe et d'un
mant,eau dont la bordure est traitée à la manière des

orfrois de chapes, décor de perles et broderies. De la

main droite eUe ti, ent une croix. Les plis de larnbe,

tombant jusqu'en bas, cachent les pieds, mais · permèt~

tent de voir qu'ils sont déchaussés, en laissant visib1es
les ·bouts des orteUs. Trois longues et fines tresses de

sa chevelure desc-endent jusqu'au niveau du bas de l'es-.

tomac. . .
c). SAINTE CATHEnINE D'ALEXANDRiE. La cou-
l'CYllne qui couvrait sa têtè a disparu ; c' était un~ pièce

à part, rapportée. Chevelure abondante , et fine retom-
. bant sur le dos et tes épaules. Robe et mant~au r~uùené ,
par cteva~1t en plis harmonieux~ ne la main droite la
,sainte tient la poigné· e d'une épée dont la laiüe' a dis­
paru; d· e la gauche eUe tient une petite roue, qui n'a _
pas la brisure habituelle.

, dl- ' SAINT FlACHE, , coiffé d'un grand chapeau, un

peu à là mapière de saint Jacques et de saint· Roch;

grande chevelur,e, barbe, robe et mant.eau, orteils visi-
bleS'. De la main gauche il tient une bêche ; il ,est le pa·,
tron des jardiniers. ,
2°. DALLE TUMULAIHE de 2 m. 05 surO m. 80, por-
tant une effigl, e de c-hevalier en relief. La figure a été
martelée, de sorte qu'on ne voit plus ni bouche, ni ri· ez,
ni yBUX. Les ' cheveux sont taillés . en rond' et ne descen-

dent que jusqu'au haut des oreilles'; la tête r'epose sur

un, coussin tenu par deux anges abondamment drapés,

mais décapités. Mains jointes sur la poitrine, çUÎ:-
rasse serrée à.la oeintur, e; aux épaules, sur le ' ventre et
sur les ,pieds sont des pièoes articulées, se recouvrant
en eari apa-ces de homards. Aux coudes et aux genoux, '

tass· O'ts avec plaques latérales rondes, cuissots" j am-

bières. ' , . . . '

A sa gauche, reposant sur la dalle,dague ou épée~
de Omo 85 de longueur, poignée üomprise .
Sous le bas de la cuirasse on voit la partie infér, ieure

de la cotte de mailles. . Les pieds reposent'sur un lion:

couché : qui, des griff.es de ses pattes de devant serre

un os.

Cette statue tumulaire pourrait bien être celle, de
,Troïlus d~ Montdragon, ca.rcelleque l'on voit sur le
, riche tombeau de Beuzit-Gonogan, , · est 'celle d'Olivier
de la Palue, antérieure au moins d'un demi-siècle à
Troïlus, lequel mourut dans le comb.at livré aux Espa­
gnols à la pointe de Roscanvel, 'le 17 novembre 1594.
L'effigie- dont nous nous oecupons a dû avoir sa place

da.ns l'ancienne église de Saint-Houardon, et üe doit
être celle dont parle Pol de-Courcy dans son Itinéraire
de Rennes à Brest, p. 302, et qui se trouvait vers 1860

déposée dans le jardin des Dames de la Providence .

a) Groupe de trois dais en gothique f!, am- ,

.büyant~ celui du milieu en avancée sur l~s de'ux lat€-
raux, appliqués tous les trois à un massif rectangulaire,

s.emblant être le haut. d'un trumeau dé porte. Les. faces
de ces dais, d'une sculpture aussi fine que üelle du Fol­
goat, sont ornées de cont.recourbes sub'trilobéeset hé-

rissées de crochets et fleurons, pinades feuillagés aux
angles ' et fenest.rages sur les plats '; à l'intérieur, voù- '
tes re- coupées 'd'arcs ogifs. , avec clefs fl, euronnées. . ,

~) Dè, ux autres dais isolés, clans le même g: enre, mais

différ, ents de dimension. '

Tous sernblent avoir surmonté des bénitiers, üar ils
n'ont pas de queue engagée dans la maçonnerie, et

leurs angles de devant, dépourvus deculs-de:-ï.ampe,
ont dû être port.és sur des montants ou 'coloI):nettes pris-
matiques. ' , '

- Débris d'un CALVAIRE , ou croix à personnages .
a) Corps ou chapiteau du milieu, avec les deux üroi-

sillons. Sur l'une des faces, voile de la. Véronique 'ou

Sainte-Face. Sur l'autre les cinq plaies 2 mains 2

pieds, 1 cœur transpercé, dévotion . très en honneur
. dans le pays, et qui a ·eu ses confréries. .
b) Stattues doubles adossées, surmontant ces croisil­
Ions: Sainte-Vierge et saint Jean, saint Yves , et saint
franciscain portant un calice ouciboire,comme ceux .

. que l'on voit àla R 'oche, à Bodilis et à Brennilis, et qui .
r, eprésent.ent saint Pascal Baylon ou saint Antoine .ne
Padoue. Saint Yves Cooiffé d'un bonnet carre sans cor~

nes saillantes, camail à' grand capuchon boursouflé,

robe à manches étroites, cotteüu surcot à' manches lar-

ges; de· la main droite il tient un rouleau de parchemin;

à son bras gauche est suspendu un sachet enf, ermant
son bréviaire. . .

c) Trois autres statues isolées ; , Chrjst ressuscité,
hauteur ° m. 80, portant croix de résurr, ection, man-

teau,ceinhwe drapée, buste nu, banderolle avec l'ins- .
cription : VENITE : AD: ME : OMNES : QVI : LABORATIS.
- Saint Jean-Baptiste, ° m. 90, robe en peau de cha­
meau, manteau en étoff, e; il .montre {le la main droite
un agneau surmontant le livr~ qu'il tient de la gauche.
- ' Saint .Etienne, en aube et dalmatique, ayant dans la
main droite lé livre des évangiles, avec · çailloux dans sa
main gauche, sur sa dalmatique et sur s·es épaules .
5' 5 ' 77
cl) Belle Notre-· Dame-de-Pitié; assise et tenant sur ses

g. enoux le corps .inanimé de son Fils. La tête est eou~
vert·e d'un grand voile, le cou protégé par uné guimpe;
le manteau est .nrapé par derrièr, e en forme de capote
de berline, comm, e ceux de la madeleine aux pieds des
croix .je Lopérec, de Saint-Sébastien de Saint-Ségal , et
de Sainte-Marie du Ménez-Hom, ce qui indique que tou­
tes proviennent ,du même , atélier. Le corps ' du' Christ
mort est admirablelnent traité. Sur le soubassement .
est cette inscription : La M : V ee XXIX (1529) j : Du-
menez : .. . Buzit : ... .

. e) Mauvais larron, sans bras ni jambes~ - chapiteau
ionique, pied de bénitier ave.c godrons. Quelques
autr~s fragments sculptés. ,

Puisque nous glanons, mettons à profit une autre
excursion dans les mêmes parages, te ' 21 avril. ,

Encore PLOUÉDERN. .- Sur la place, près de l'angle
- Nord-Ouest du cimetière : Croix surmont,ée d'un dais .
. gothique à quatre faces, très 'heureusement dessiné et

ag,eneé; , extrémités des croisillons terminées par un fleu-
ron feuillagé, peu développé, . mais fort bien composé;

qua tre écussons frustes. .' . .
Le long ,de la. route allant à Plounéventer, quatre
vieilles · croix pattées, mesurant : 3 m. 20, - 2 m. 10~
.. 2 m. 80, -. 0 m. 90.
Plounéventer. Château de MÉzARNou. Jè dispose

d'une petite ' demi-heuri e · cette fois, pour le visiter som-
mairement. ' Au milieu de la cour, grande vasque en
granit remplie d'une eau fraîche~ continuellement re-
nouvelée. . .

La façade magistrale a ·vraiment grand aspeet; -·ceUe

maison devait être bien opulente dans le temps de sa

spleli.deur, ce que r on peut . voir dans l'inventaire des
o-bj, ets pillés par Yves de Liscoët et ses gens d'i armes.

le 1 Q,r aoùt 1594, le tout se montant à une valuer de

. 70.000 écus; r, eprésentant maintenant 850,000 francs .

(Hist. de Bretagne p'a, r Bart-Pacquet. T. V., p: 290).
. Li e mobilier était perdu, mais restaient les biens

fonds; on s'explique que Guy Eder de la Fontenelle,
quelque temps après, soit venu enlev, er la ,jeune héri­
tière Marie de Coadél.an, âgée seulement de 12 ans,

pour l'épouser ensuite, lorsqu'elle eùt atteint sa quin-

Zleme annee .
. Les fenêtres de la façade principale sont larges et

hautes, · et protégées par de puissants 'grillages en

. fer forgé; dans les combles s'élève une lucarne unique,
mais de grande dimension . et d'une ornementation
sculptée très riche. A l~arrière-façade,au lieu de gril­
lages en fer, les baies et fenêtres ont un autre m, oyen .
de protection et de défense ; , elles sont garnies de me­
neaux ou montants en pierre, très serrés, laissant entre
eux un vide de 10 ou 12 üentimètri es tout au plus, , espace

absolument insuffisant pour le passage d'un voleur ou
d'un assaillant. .

SAINT-:-DERRIEN. Petit bourg, . sur le chemin de
Plounéventer à Saint-Vougay ; église modeste à l'exté­
rl·eur ,et datant de la pr; emière moitié du XIxe siècle;

mais le petit clôcherest plus ancien, il est dans les
données de la dernière période du style gothique, avec

toute la façade Ouest, sa porte et ses .contreforts. A
l'angle Sud-Ouest ' du , cimetière est une croix datée ~de
1557. Aux extrémités du croisillon sont les statues de la
Sainle-Vierge et saint Jean . ; au milieu, saint Derrien

à cheval, vêtu , en chevalier; manteau et casqu,e, et fou

lant aux pieds de sa ITlOnture son dragon légendaire,
aux larges ailes, . a.ccolé au massif du croisillon pour . .
form·erüonsole; A l'auire face est adossée Notre-Dame

de Pitié. ' Les deux gargouilles ' du pignon ouest de
. l'église rappellent aussi par Leurs formes le dragon or
saint Derrien.

Les statues de l'intérieur de l'églis-e sont:

. ' Saint Derrien, en chape, erosse et mitr, e, ~vec

dragon. .. ..

- Evêque ou' abbé mitré. .

Groupe triple : sainté Anne , et Sainte-Vierge
assises, Enfant Jésus debout. ' . . . .
4, o. - Saint Michel. .

5. Vierge-M.ère, gothique.

. Tableau du Rosair' e.
La façade -de la tribune présente 12· panneaux en bas- .

relief, les 12 apotres. . .
A 200 ou 300 mètres du bourg, sur la g.auche de la .

'. route de Saint-Vougay, , est un vallon profond formant

prairie dan~ laquelle , est la fontaine de Saint-Derrien,
dont l'eau va couler dans . un ravin étroit, enserré entre

deux rochers larges et hauts, d'aspect sauv,age et 'ter-
rible. C', est là que la légende locale ' a pla,cé le -combat

de Saint-Derrien contre le Dragon, tandis qu'il a eu
lieu réellement sur les bords de l'Elorn, à la Rüche-

Ma uri ce ou à Traon-Elorn. .

. Les Châtaigniefs de Kerséoc

L'archéologue doit-il s'occuper exclusivement . des

monum,ents d'architecture, ou peut-il s'jntéresser aussi

.aux antiquités de la nature et aux monuments dé l'ordre
végétal? Il semble que ceux-ci auraient également droit

à notre . admiration et à nos études. Je me permets donc
d'en signaler quelques-uns .

A moitié route , entre Pont-l'Abbé et Comprit, c'est-à-

' .. dire à 3 kilomètres ~ de Pont-l'Abbé, vous (l'evrez 'pren-

dre un petit chemin à main gauche. Au bout de ~OO ou
300 mètres vous êtes au hameau de Kerséoc'h et, à
l'entrée du village, sur votr;e droite, dans un terrain en

rrîche, vous verrez un groupe de vieux troncs a moitie

desséchés ,et dépouillés d'une partie de leurs branches:

ils ont un .caractère de gr, andeur et de vétust, é qui frappe
étrangement et fait concevoir comme UTI' senti:glent d'ad~ .
iniration et de vénération pour ces vi, eux patriarches
qui comptent plusieurs siècles d'existence et ont vu
passer tant de générations. .
. On ne peut pas hésiter à leur attribuer au moins 500

ou 600 ansd'âg, e; ils peuvent être contemporains de
l'église de Notre-Dame dès Carmes de Pont-·'lAbbé; ils

étaient. déjà grands quand on constr. uisait le cloître du .

couvent, le , château, dont une partie existe toujours, et

un peu plus tard la façade de l'église de Lambour, avec

son clocher. Ils étaient dans toute leur force , en 1675,

lorsque se produisit la révolte du papier timbré et que .
le duc de Chaulnes fit décapiter les clochers de Lam-

bour, de Combrit et de Languivoa, pendant que, sur
d'autres points, il faisait pendre les paysans BDetons

coupables. de rébellion. '
Ces vieux troncs sont encore au -nombre de douze,

sans compter quelques rest, es de souches arasées au

niveau du sol. Le plus considérable d'entre eux mesure
4~ m. 50 de diamètre; il faudrait au moins neuf person-
nes pour l'embrass, er à. bras tendus. '.
Par leurs formes tourmentées, leur éeorce desséchée,

les vigour,euses branches qui s'en échappent et qui ver- .

diss'ent encore un peu à chaque printemps, Hs fournis-

sent des motifs très curieux pour des études de dessins,

. aquarelles et peintures; mais peu de dessinateurs et

d'artistes peintres l, es connaissent. Ont-ils jamais été
dessinés ? Sont-ils , classés au nombre des monuments

naturels et des sites pittoresques? Ont-ils été signalés
au Comité départem· ental ? .

. ' . Aux portes de Quimper, à 1 kllomètr, e sur la route de
Brest, près du manoir . de Tréguéf, ellec, est un .chêne

géant, encore dans toute sa force et sa prospérité. Le
tronc, à la base:, mesune 2 m. 40 de di.amètre, et dan~
sa partie moy.enne, 1 m. 80; ,ses branches s'étendent de'
tous côtés sur un espace dè '15 à . 18 mètres. I1doit
.compter environ 300 ans d'exist, ence , et, dans l'état de

santé où il · se trouve; on peut lui présager encore 300

autr, es années de vie.

. A 200 mètres plus haut, sur un talus bordant un sen-
tier, on voit un hêtre d'aussi magnifique aspect: tnonc

vigoureux d'où s'échappe un inextricable fouillis de
branches r.obustes, tellement serr€es qu'elles se soudenf
entI'e · elles et ,se compénètrent. Ce sont là des spécimens
. de force et d. e vigueur 'végétale, qu'on se surprend à les
contempl, er et à les admirer. .
D'autres phénomènes, qui sont à peine .connus, par-

ce que peu a.ccessibles, .ce sont les 60 ou 80 arbres qui

bordent la rive de l'Odet au bas du parc du château de
Lanhuron, , en Gouesnac'h, en face de l'entrée de l'anse
de Combrit. Les souches et l· es troncs écourtés sont ,J:-

sormais suspendus dans le vide et ne tiennent debout ·
que par les profondes et ' fortes racines qui plongent aü
loin dans le sol. Mais du côté de la mer, des branche ; .

. innombrables et très basses s'étendent horizontalemen ':

à 20 ou 25 mètres au-dessus du rivage, et à chaque ma-
rée baignent littéràlement d~msl' eau .
. Ge sonJ des effets très .curieux et pittoresques qui ten­
t, eraientcerteslecrayon d'un dessinateur ami de la

natl!re; mais per.sonne ne les connaît, personne ne vient.

lès admirer; . il n'y a à le~ apprécier que les poissons
de' l'Odet qùi, avec le flot montant, viennent' s'ébattre
sous leur ümbrag.e. ' . .

Chanoine ABGRALL

DU flNISTERE
Hôtel de Vitte
B.P.531
29107 QU1MPER

É PARTIE

'Table des mémoires pu.bliés en 1917 .

1. Note sur' la, stèl, e gravèe du Téven de K, e:i'IDorva;n

(commune' de' PIQùmogu,er-Finistère), ' par [A ~f.
DEVOIR} (planches) '." ......... ' .......... ... .... '~ .. '

II. Notice pa.roissial, e. : Landudec, par CONEN DE ' SAINT-
Luc (ca1'te) .. " ............. : .................... . . " .......................... ..

III. Note VI su.r une récente communkaüon de M. le

docteur Baudouin" relative à « l'existence d'une
glacia.tion néolithique dàns le c,entre d(~ la Bre-

tagne ", par [AH. DEVOIR] ......... ............. .

IV. Les ArchIves de LesauHfiou et, ~'archiv;ste JéEm-

François L.e · Cl,ech, par L. LE GUENNEC ......... .
V. Glanes archéolog,iques : Plouédern. Plo.unéven- ·
ter. -- Lanhouarneau. Ploue/ scat. Land,er-'

nea,u, paT le chanoine ABGRALL ................. ;
VI. RappOlrt' sur la. se.ssion normale des Comités régio­
naux des ar; ts appliqués à Par'is les 6, 7, 10, 11,
12 avril 1917> par Charles CHAUSSEPIED . . : .... ;
VII. Quimpe.r au XVIIIe 'siède. Notes et Docum,ents,
I. La COlnédi'eet les JeuX: à Quimper en 17~5,
par Daniel BERNARD ...................... : ... .. .
VIII . Comment étaient tra.ités les Pris.onnlerl s d, e guerre
en Bl~etagneà ,~'époque d·e la Guerr: e dl el Trente
ans, par Henri \VAQUET ..................... : ..
IX. Respe, ct et Conservation d.es œuvres du pa,ssé. Le/ t­
. tre o'live;y't,e à M. le cha'noine Abgra.ll, par Char-
l, es. CHA USSEPIED ............................... .

X. EXClus~on d'étud, e à Pont-l'Abbé le je'udi 2 août

1:l1
147
1917, p,ar le chan6ine ABGRALL .................. 15:l
XI. Une orise à l'abbaye du Relec, 1458-1462" par Henri
XII.
XIII.

"'\i\' AQUET " ................................................... ................ .o ..... .o ..
[Les Eglis.es et Chapelle1 s du diocès, e de, Quimper
(suite)] : Archiprêtré , de .lVlorlaix (suit1 e), d'oyen­ nés de Saint-Thégonec, de Sizun, de T.au~é.
Archinrêtré de SRint-Pol-de-Léon, doyenné de

Saint-Pol-d, e-Léon, paT le chanoine PEYRON.: ..
Discours de M. le PRÉSIDENT ................... .

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