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Bulletin SAF 1917


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Note sur la stèle gravée du Téven de Kermorvan (commune de Ploumoguer, Finistère)

A. devoir

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1917 tome 44 - Pages 1 à 7

ote sur a stè e

gravée du Téven de ermorvan

Gommune de Ploumoguer Finistère

La stèle qui fait l'objet de cette note a été exhumée

en juin 1916, au cours de trav, aux de t, errassement, par
MM . I.e capitaine Jochaud du Plessis · et P. Montfort qm
l'ont déjà signalée à diverses sociétés: c'est à eux que
je dois la connaissance ·CL'e üette découverte dont l'lm-

portance, pour la pré-histoire ou proto-histoire, .--
du Fini stère · estincontestable. .
Dans · ce qui suit, j· e résume pour nos collègues mes

observations sur làdit.e stèle, ' avec Denseignemerits sur
les circonstances et le lieu d'inv·entiol1, et quelques hy-
pothèses. . . . .
(a) Lieu d'invention. (1), croquis de la pl.ançhe 1). L~
stèle se trouvait sur 'la pente N NW d'un petit tertre

elliptique, presque · au niveau du sol naturel environ-
nant : l'extrémité N E émergeait seule de la masse du
tertre qui rècouvrait l, e reste, plus profondément en-

terré ; c'est c-ette extrémité, ou se voyait une rainure
bien accusée qui attira l'attention des inventeurs.
Le tertre, surbaissé et dont l'élév,ation n'atteint pas
un mètre, n'a été exploré que vers son centre :. il a fon-

né une petiti e - cavité à peu près parallélipipédique, Ù

parois de moëllon~ grossièr, ement · façonnées, et com-
plètement obstruée par des matériaux très meublAS ;
BULLETIN DE LA SOCJÉTÉ ARCHÉO. TOME XLIV (Mémoire 1).

c'est vraisemblablement une sépulture très fru. ste, lü3

aucun mobilier n'y a . été recueillI.
Comme je l'ai déjà dit, la stèle formée d'un b~oG de
. 2 111. 10 de long, 0 m. 60 de IH.fg-e et 0 m. 25 d'épai'î.

seur moyenne était couchée sur la pent, eN N W de C2
tertre, la grmide dimension orientée ' EN . E VV S vV,
avec 'fégère pente vers l'v\' 'S W ; la face supérieure

parée et plane ou à peu près sauf sur les bor.ds, éclatés
lors du dégrossisseme.nt était de plus inclinée, assez

faiblement d' aiUeurs, vers le N \7\1. Aucune ' traüe de
calage n', apparaissaiL
· Le lieu d'invention se trouve exactement à 1470 m .

'au N 54

5 E du clocher duCoELquet, sur un pl1 ateau par-

. semé de mamelons de faible altitude et appelé « T~ven
de Kermorvan », qui domü~e l'anse des Blancs Sablons .
Le Téven appartient tout entier à la , commune de

Ploumoguer ;il est traversé par quelques sentiers, sou-
. vent mal délimités et par ·d'assez nombreuses clôtures·

de r· elief médiocre ; la 'stèle a été découverte dans ]a

parcelle figurant au · cadastre· (section d: e Kermorvan )
sous le nunl"éro 602 et dont l'altitude moyenne est de
très peu supérieur· e ·à 30 mètres. ,

Tandis.'que les affleurements rocheux sont .fréquent.s

dans la presqu'île de Kermorvan , et aux abords de 1'lsth-
.me, ils sont des plus rares. à la surface du Tév· en, m, ais

la constitution du sous-sol est la même dans les d: eux

régions ; il est formé de gneiss granulitiques () :2 j 1 li)
passant par' endroits à une granuEt, e' gneissique et pres-

que à la granulite normale h) ; c'est i\' cette dernière
roche qu'ont été empruntés pour la plupart. les éléments

des constructions mégalithiques de la presqu'île. · .
Sur le versant sud de celle-üi ',et suivHnt la bordure
nord du ria du Conquet, la texture nettem,ent rubannée
domine : la stèle ' présente ce même caractère , et appar- ·

tient, par suite .et selon tout, e vraisemblanüe i;tUx assj-
ses voisjnes du lieu d'invention, sans qu'il y ait lieu de
penser à un transport, au mo.ins · à q~elque distance :
l', air salin l'a d'ailleurs rendu.e fragüe , et presque friable

vers les bords ; elle. ne doit être déplacée qu'avec pré- .
cautions.

Si. à la surface du Téven en ne rencontre; à l'inverse

de la presqu'île, que peu ou po.int d'affleurements, .c'est
que les arètes rQcheuses so.nt recouvertes d'un manteau

de matériaux fins, dunes en bordure de l'ans-e des Blancs
Sablons, limon (3 1 h) vers l'.intérieur où il s'amonüelle
en petits -:1 os de terrain de form· es très variées qui peu­
vent dissimuler "ilUX regards des constructions de diver-
ses époques r, eculées ; cette formation , est en r, elation,
dans tout le Léon, avec les roches relativement tendres:

clle est caractérisée par la tenuité de ses éléments, sur-
tout dans les régions mic.aschisteuses et doit être rap­
portée à la périQ,de géo.logique actuelle . .

(b) Ornementation de la Stèle· . L' ornem, entation est ·

limitée à -l'une des grandes f,aces ou plus exactement à
une bande gro~8ièrement parée d· e cette face" dont le
(IUa3i dressage contraste avec l'aspect f.ruste des bords:
l'artiste semble s'êtr,e préoccupé de 'se ménager une .

surface où la ~ravure apparaîtrait nettement il s'est

ensuite débarrassé du surplus de .la daUe par éclate-

rnents successifs jusqu'au moment où il a pu craindre

de pr.ovoquer les fentes ou d'augmentér l'o}).verture de
. - fissures pré-,existaùtes.

Les croquis joints à cette note valent, à mon sens,
mieux que n'importe quelle description : le' 1

(plan­
che D) reproduit un dessin fait, lo.rs de l'invention, par

M. P. Mo.ntfort qui a de plus exécuté un ,cteuxième des-
sin sur papier fort, par contact avec la stèle elle-même-:
j'en . ai .donné un fac-simile qui- a l'avantage de montrer .

la vraie grandeur de la partie la plus remarquable de
l'ornementation.

La planche III est un décalque d'un croquis pris par
moi-même après quadriUage à la craie de la surfEwe

ornée : - ces trois figurations ne diffèrent qüe par de me-
nus détails et montrent une r- emarquable ressemblance
. avec. les images obtenues par la photographie. .

En atte:q·dant les études d'après moulages, nos col-
lègues disposent donc, dès maintenant, de sérieùx élé-

m- ents -cl' appréciation .
(c) Hypothèses. D-es hypothèses div€rses peuv.m1t
être formulées sur la signification d€ cette gravure et
.' sur la. nature des obj- ets figurés : la plus vrais, emblable
à mon avis est celle d'un ~oignard à manche droit, en-

foncé dans un fourreau bi-ansé et peut-êtr; e même qua-
dri-.ansé.

Le trait intérieur permet ,(Fe penser que le graveur a

voulu représenter un fourr- eau, soit évidé v'ers les plats
de l, a lame, soit renforcé vers ses tranchants: la forme

arrondie de l'extrémité opposé-e au manche doit c6rres-
pondr- e à une pointe mouss- e. .

Toute cette partie de l'ornementation est indiscuta~
ble dans ses grandes lignes, comm€ procedant d'une
intention bien nette : je conE?idère comme seulement
probable l'indication d'un très petit dessin relevé par
M. P .. Montfort à l'un des angles supérieurs du four-

reau. .

Très nets également sont deux traits qui, incurvés à

hauteur de la parüe moy.enne db manche, comme pour

l'embrasser, se rapprochent à partir 'de son extrémité
libre pour devenir ensuite presque parallèles, sur une
longueur de près d'un mètr- e : faut-il y voir une indi-

cation (~ préhension, ou même d'une main? La chose

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s Sillon avec. 'tLomor·eu.x "'C)~· .... on.s
de sile~,Jqqes-uns G~p,.e5sT~rny

est très possible; mais une affirmation serait hasar­
deuse.
Une sorte de chevron opposé par son sommet à la

pointe du poignard apparaît sur les divers croquis, ain-
si que sur l'un des clichés, mais son authenticité, en
tant que gravure, est hypothêtique, nous n'en peroevons
d'ailleurs aucune possibilité d'explication.
D'autres rainures peu profondes se voient de plus
en div, erses parties . de la surface parée sans ._ qu'on
puisse leur reconnaître un caractère intentionnel : eUes
paraissent plutôt prolonger des fissures. produites lors

de l'abattement à: es bords.

Telle , est cette préci, euse gravure dont on peut, sans

hésitation, dire qu'elle ne ressemble à aucune des gra·

\lures dolméniques connues, sauf au point de vue du
prQ· cédé d'exécution : sous oe rapport eUe ne se diffé­
rencioe en rien des o.rnen1:entations morbihannaises ni de
celles des .cleux monuments ornés du nord du Finistère,

le dolmen de l'Isthme de Kermorvan et la grande gale-
rie mégalithique du Mougau bian, en ·Commana.
Il est à remarquer que les parois de ces deux derniers

portent àes 'représentations d'arm, es métalliques : poin-
de lanoes ou de sag.ai, es à longue s0'ie, absolument indis­
cutablès au . MouaU bian, bipenne et peut être . po: ignal'{l
à Kermorvan. . . .
La stèle du Tèven inontr· e une figuration plus · compli- .

quée, , correspondant à trois : images : poignard, four-
reau, main ; en raison mêlne de cette compUcation .nous
sommes autorisés, ,dans une · certaine m· esure, à la con-

sidérer comme plus réoente en'core que les autres, et,' la

dane ne paraissant pas appartenir à une construction

mégalithique, comn}e postérieure aux dernières œuvres
de l'èr, e monumentale préhjstorique .

A combien .(t, e sjècles remontent le déclin , et la fin de

. c-ette ère: nous 1'ignorons, mais des arguments qu'il Sé-

rait trop long de développer ici tendent à prouver que
les nombreux millénaires -dont parlaient · au siècle der-

riier üertains archéologues se réduisent en réalité ù
beaucoup moins, trois, trois et demi ou quatre au plus,
et que parmi les plus · remarquabl~s des construction~
mégalithiques qui se sont c.onservéesiusQu'à nous, il en
est dont les architectes vécurent en pleine civilisatioll

du bronze, alors que les colporteurs de oe métal ou de
l'un de ses composants, l'étain, apportaient avec. lui
s~Lr les rives de l'Atlantique. les p· eIideloques et perles de
callais dont les grands dolmens morbihannais ont donné
de nombreux spécimens. .
Que les supports de ees grands dolmens nous mon-
trent des représentations de haches polies, et s,eule-
ment de ces haches, le fait est incontestable, mais ne

constitue pas un argument définitif ,en faveur d'une très
haute antiquité 'des dits monuments .

C' élaien t des' figurations 'd' obj, ets ri tuels ,considéf.é~

conime purs du jour où le métal devjnt d'usage cou-
rant, et par suite impur : l'antiquité classique suffit ù
nous donner des ex, emples d', attribution à telle ou telle
substance de l'un ou de l'autre de ces · caractères, varia­
'bles avec le temps : le fait que les monuments finisté­
riens nous ont livré des images d'armes m'étalliqu: es leur

assigrie une date de construction , encorë moins reculée,
à laquel1~ le bronze serait devenu p~lr après apparition
du fer. .

Ain' si que je l'ai déjà fait remarquer, la , stèle de Ker-
lllorvan paraît n'avoir pas appartenu à ùne construc­
tion mégalithique, elle serait donc plus voisü1e de nous
que !~ dolmen de l'Isthme et sa bipenne gravée, elle se­
rait clonc d'époqne gauloise, ou d'époque encore 'moins

reculée.

Mais ce nB sont là qu'hypothèses: CB qui paraî1 in ­ discutable c'est la postériorité de cette ornBmenta! j r) n
à l'apparition · ·du métal· Bn Armor.ique.

Toulbroc' h, 27/12 1916.

DU flNISTERE
Hôtel de Vitte
B.P.531
29107 QU1MPER

É PARTIE

'Table des mémoires pu.bliés en 1917 .

1. Note sur' la, stèl, e gravèe du Téven de K, e:i'IDorva;n

(commune' de' PIQùmogu,er-Finistère), ' par [A ~f.
DEVOIR} (planches) '." ......... ' .......... ... .... '~ .. '

II. Notice pa.roissial, e. : Landudec, par CONEN DE ' SAINT-
Luc (ca1'te) .. " ............. : .................... . . " .......................... ..

III. Note VI su.r une récente communkaüon de M. le

docteur Baudouin" relative à « l'existence d'une
glacia.tion néolithique dàns le c,entre d(~ la Bre-

tagne ", par [AH. DEVOIR] ......... ............. .

IV. Les ArchIves de LesauHfiou et, ~'archiv;ste JéEm-

François L.e · Cl,ech, par L. LE GUENNEC ......... .
V. Glanes archéolog,iques : Plouédern. Plo.unéven- ·
ter. -- Lanhouarneau. Ploue/ scat. Land,er-'

nea,u, paT le chanoine ABGRALL ................. ;
VI. RappOlrt' sur la. se.ssion normale des Comités régio­
naux des ar; ts appliqués à Par'is les 6, 7, 10, 11,
12 avril 1917> par Charles CHAUSSEPIED . . : .... ;
VII. Quimpe.r au XVIIIe 'siède. Notes et Docum,ents,
I. La COlnédi'eet les JeuX: à Quimper en 17~5,
par Daniel BERNARD ...................... : ... .. .
VIII . Comment étaient tra.ités les Pris.onnlerl s d, e guerre
en Bl~etagneà ,~'époque d·e la Guerr: e dl el Trente
ans, par Henri \VAQUET ..................... : ..
IX. Respe, ct et Conservation d.es œuvres du pa,ssé. Le/ t­
. tre o'live;y't,e à M. le cha'noine Abgra.ll, par Char-
l, es. CHA USSEPIED ............................... .

X. EXClus~on d'étud, e à Pont-l'Abbé le je'udi 2 août

1:l1
147
1917, p,ar le chan6ine ABGRALL .................. 15:l
XI. Une orise à l'abbaye du Relec, 1458-1462" par Henri
XII.
XIII.

"'\i\' AQUET " ................................................... ................ .o ..... .o ..
[Les Eglis.es et Chapelle1 s du diocès, e de, Quimper
(suite)] : Archiprêtré , de .lVlorlaix (suit1 e), d'oyen­ nés de Saint-Thégonec, de Sizun, de T.au~é.
Archinrêtré de SRint-Pol-de-Léon, doyenné de

Saint-Pol-d, e-Léon, paT le chanoine PEYRON.: ..
Discours de M. le PRÉSIDENT ................... .

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