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Bulletin SAF 1916


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Quelques bornes routières du temps du duc d’Aiguillon

Chanoine Abgrall

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1916 tome 43 - Pages 290 à 304

Quelques bornes routières
du temps du Duc d'Aiguillon

Il Y aurait une étude curieuse à faire sur la vome
ancierine dans notre Basse-Bretagne. Qtïel était l'étai
dps routes à l'époque gaulo:se ou pré-romaine? C'est
un poi n t bien di fficile à détermi ner. Il est à croire cc­ penllantque des pistes, des sentiers, des chemins exis­
taient pour Inettre en communication les divers habi­
tats, les villages, les villes ou centres principaux, car
cette extrémité de la pén : nsule armoricaine était trl'S
peuplée. avant la venue des ROlllains, témoin les IJ.10nU­
ments mégalithiques qui existent encore, les anciens
oppidums, · camps, restes de villages, monnaies gauloi­ ..;es, ca.chettes de fondeurs et autres nombreux indices

([ue l'on arrive à découvrir, et -dont plusieurs ont dis-
paru à tout jamais .

Le:o vo' es romain es o-nt dü assez souven t empruni el'

ces anciens traces, se superpJser a ces sentters Oll meme
chemins carro-ssables, car les véhicul es, charrettes, cha­ riots, pÇluvaient parfaitement être en usage en ces épo­ ques reculées. Les voies romaines ont pu être très Si. I11-
pIes dans le début, puis elles se sont multipliées et per­
fe ctionnées, de manière à former un réseau ])lus im­
portant .. et plus compliqué qu'on ne le croit. Quelques
études o· nt été faites sur · cette vo .;rie · des premiers siè­ cles, mais il fau·drait dO :lner une suite à -ces recherches,
po-ur arriver à un travail d'enseÎ"nble et à un tracé défi­
nitif .
Les routes ga uloises ou pré-rolllaines avaient-elles

-- 291
ùes borne;; indicatrices de directioll et de distance? 11

est bi en d ifficile de se ' lJronOricer là-dessus . ; il semble
qu'il ne reste aucun indi ce, ft moins que l'on ne classe
comme un monume:rt , de ce genre le bea u menhir taillé,
orné de cupules et de sillons creux, qui se trouve à un
cl 'oisement de routes ancienn es entre Cast et Ploéven,

11n 'S de la chapelle de Sainte-Barbe, .. et qu e l'on appelle
pour cette raison : f{ AYP/ sante: Bm'ba , Quenouille de
sainte Barbe .
Les bornes militaires romaine devai, en t être nom-

,breuses ; il n'en l;este désormais dans le Finistère
qu'une eule bien authentiqll e, avec inscription, c'est
celle de Kerscao, en Kernilis, conservée dans notre mu ­ sée départemental. Sur les confins de notre départe­ me'nt, à Maël-Carhaix, dans les Côtes-du-Nor, d, existe
u~le 'autre qu i a pu également être déchiffrée. D'autres
peuvent exister à l'état frust e, ou détériorées et morce­ lées. Plusieurs ont pu également être converties en fùts

(le croix de carrefours et avoir été retaillées à cet effet,
de manière à faire disparaître les inscriptions qui eù, ;­ sent été précieuses pour éclairer l'étude de notre géo­
graphie ancienne .
, Les voies romaines ont , dû êt re utili sées dans tout le
cours du moyen-âge, et même bi en entretenues et amé­ liorées . Quelques-unes {l'entre elles, en certaines pro­
vinces , pürten t le nom de che m'in de Brunehall/t , parce

qu'elles auraient été réparées ou remises en ét.at par
cette prln0esse. Chez nous différent· es routes, s'en ,allant

vers Douarnenez, portent le nom de Heni-ls, cbemin de
la ville d'Is ., ou encore Hent-Ahès, cheni. in de Ahès, fille
de Grallon. Quelques-unes aussi sont attribuées - à la du­
chesse Anne . D'autres portent le nom de la ville prin­
cipale ou commerciale, à laquelle elles c01'], duisaient :
T-Tent Callac, chemin de Callac, ,en Lampaul-Guimiliau.

29:2 --
Il s'est créé une légende prétendant que, au moyen-~
âge et même au XVIe siècle et au XVIIe il n'y avait chez
nous nul chemin entretenu, nulle voie carrossable, et
que ce n'était partout que bourb ;ers et fondrière.3 . Et
cependant si l'on considère les magnifiques matériaux
qui sont entrés dans la construction de nos églises, clo­ chers, chapelles, châteaux e t manoirs, on se dit que

ces pierres si ·volumineu.3es n'ont pas été transportées
à bras, ni à dos de cheval, mais sur de bons chariots
qui exigeaient de solides chaussées pour ôrculer. De
plus, l'histoire de nos vieux saints r·etracent leurs voya-

ges et IBurs périgrinations, indiquant leurs itinéraires
qui correspondent au tracé üe vieilles voies qui ont ei.!

leur période de lustre et de prospérité. Les récits des
guerres Bt des luttes . aux différents siècles, les rapports
rie ville à ville laissent supposer des moyens de ico,m­
munication et de transport qui étai·ent loin d'être à
l'état embryonnaire . Toute oeite étude demanderait à
êtr· e faite en détail èt exigerait de grandes recherches.
Mon intention aujourd'hui est seulement d'examiner
quelques bornes routièrBs datant de l'époque où le duc
d'Aiguillon a exécuté d'importants travaux poür créer
dB nouveaux chemins en Bretagne ou remBttre en état
les routes déjà existantBs.
Le duc d'Aiguillon remplaça le duc de Chaulnes
comme commandant en chef d· e la Bretagne, le 20 avril '
1753, · et un de ses premiers soins fut de développer la
viabilité. C é service était régi pour les Etats qui avaient
nommé à cet effet une Commission des grands chemins
et une Commission intermédiaire . Le nouveau Comman­ dant publia, le-5 novembr· e 1754 un règlement pour ~êS
. gTands chemins de la province de Bretagne: En cela et
B n d'autres initiatives, les Etats virent probablement
une intrusion . abusive, de là des froissements et des

- 293

tevendicallons. C'est peut-être comme 'indication et
affirmation de ses droits et de son autorité que le duc
fit dresser·des bornes telles que celle que nous trouvons
ail bout de la chaussée de l'étang de Rosporden, sur le
hord du terrain faisant la limite de Kernével, bornt:
dont l'\nscriptioll diffère absolument de celles que nous

reproduirons ensuite. Elle est ainsi libellée:

P. L. ct. M.
dvcdAJG
VILLON
C. G. cl. L .
H. ET . b. b.
1762

La premiere ligne est incertaine c.omme interpréta­
tion. Ces deux lettres : P. E . signifient-elles : pour édit .;
Les autres lignes, semble-t-il, doivenl être lues ainsi:
Par l'ordre de Monseigneur le duc d'Aiguillon, com­
mandant général de la haute et basse Bretagnè.
Ou bien ·encore, comme cette chaussée ou pont de
Rosporden est un travail fort remarquable et d'impor-
. tance pour la ville, en créant ce bel étang qui garde
encore sa belle physionomie quoique sectionné en trois
tronçons par les remblais de deux lignes de voies fer­
rées, · ces deuxpremièr·es lettres P. E. ne signifieraienl-

elles pas :
PONT ÉLEVÉ par l'ordre de ... ?
Cette borne avait été déjà mentionn ée par M. re vi­
comte de Villiers du Terrage, notr· e vénérable Prési­
jent , d'honneur ; il en est question ainsi que de quel~
ques autres clans le volume de notre . Bulletin, année

1901, pages XLIX-LrLI-LIII.
En dehors ' de celle-ci, qui est unique en son genre,
toutes les autres bornes porten t un nom de localité,

BULLETIN DE LA. SOCl8Té ARCHÉO -- TOME xun (Mémoire 20)

294, _ .
paroisse ou bourg, av· ec une indication de mesure chif­
frée en toises. Nous allons en citer quelques-unes, en
tâchant de les interpréter pour le mieux.
Commençons d'abord par la Cornouaille, ensuite

n0US nous occuperons du Léon. .
Je don}le en premier ' lieu les deux bornes que j'ai
observées et copiées vers 1882 ou 1883, au bond de la
vieille route de Pont-Croix à Audierne, et dans le
voisinage cl' un embranchement allant vers Plogoff et la
Point· e-du-Ras.

Cette route, apr.ès · avoir passé sur la queue des an-

ses du M oulin-Vert et de Lespoul, au lieu de suivre le
tracé de la nouvelle route rectifi ée, pour suivre la rive

droite du Goyen, gravissait les pentes de Kervénennec
. en touchant le bond d'un bealu camp romain, redescen­
dait daris le vallon de Suguen sou, contournait l'anse
et remontait par les bois du Petit-Ménez . C'est à mi­
côte de cette montée que se trouve la prem ière de ces
bornes, portant le numéro 23 ; quand je l'ai dessinée,
eUe était à moitié cachée dans les broussailles pous­ sant sur un petit talus au bord du vieux chemin, el un
peu ' penchée, par suite cl' affouillenlents qui s'étaient
produits sous sa base. . .

C'· est une sorte de stèle méplate, en granit, haute de
Lm. 18 et large de 0 11l . 25 environ, plantée dans tine

base grossièrement arrondie. Les quatre angles sont
abattus en · chanfreins jusqu'à mi-hauteur, mais la par-

. tie supérieure de la face g, arde toute sa largeur pour

. recevoir l'inscription, laquelle est ainsi conçue. , &elon

le petit dessin ci-joint : N 23 AVDIERNE 732 TOS (toises)

1763 . Au r evers on lit : PLOGOF, sans autre indœation.

Ces 732 toises, la toise valant 2 mètr, es, · correspon-
dent à 1464 mètres, près d'un kilomètre et demi, ce qui

. ~s t bien la distance de œ .point à la ville d'Audierne .

Mais ce .chiffre n'aurait-il pas une autre · signification,
. .comme l'indiquaient en 1901 M. Bourde de la Rogeri, e
et en 1899 1\1. Le Carguet, disant que ces sortes de
bornes marquaient la limit, e des corvées assignées à

chaque paroisse pour l'entretien des routes? En effet,

dans l, e mémoire de notre .confrère, M. Savina : (( Au- '
diem e cl la t in de l'ancien r égime », Bulletin de. la Soc.
Arch. du Finistère, 1914, nous lisons, p. 116", note 3 :
la tâche d'Audierne, sur l'a route de Pont-Croix, avait
732 toises. Il est donc à croire que c'est là réellemen t
la délimitatiori des corvées de deux PStroisses différen-

tes .
Que signifierait alors l'inscription qui est gravée au
revers de la borne et qui donne cette indication uni-

296 -
que : PLOGOF ? SeraÙ-ceque le tronçon allant jusqu;au
bas de la côte aurait été à la charge de la paroisse de
Ptogoff, parce que les gens de cette paroi sse , en bénéfi­
ciaient pour leurs voyages du fond du cap à Pont­
Croix ? On ne voit guère d'autre explication, et cel::t
semble corroboré par la seconde borne, un peu moins
haute que la première, qu i se trouve précisément i:)L! ~
au bas de la côte, près du pont passant sur le petit
ruisseau et portant cette inscription : N 22 PLOGOF 208
TOISES-1763, et au rev'ers: ESQVlBl EN . En effet la dis­
tance entre les deux bornes peut être d'environ 400

. ri1ètres, et la seconde serait là pour bien préciser la tâ-
che due par les gens de Plogoff, tandis que ceux d'Es­
quibien avaient pour obligation d'entretenir le reste de
la route, jusqu'aux confiins du terrain de leur paroisse,
c'est-à-dire jusqu'à Lespoul, ou même au-delà, dan s
la direction de Pont-Croix .

Les abOrds de Quimperlé nous offrent deux autres
born es à étudier. Elles m'ont été signalées par M. Lan-

dormy, receveur de l'Enregistrement à Quimperlé, et

voici, du resle la note bien .

détaillée qu'il a rédigée à

ce sujet :
« A une faible distan ce
de Quimperlé, sur deux .
routes tout à fait dis-

- 297

Bretagne, y créait des routes dignes de oe nom. Le
deuxième nombre, précédé sur l'une et suivi sur l'autre
des lettres 1'0: ES' :, doit signifier, le n0Î11bre de toises,
bien qu'il soit permis de se demander pourquoi on a
-recouru à une abréviation si' fantaisiste pour exprimer
le mot toises.
« Les autres abréviations paraissent signifier :
B : L : Borne iniquant l, es lieues.
D : Q : Distance de Quimperlé.
« Pour 1.a première {le ces bornes, située sur l'ao­
cienne route de Quimper qui traversait le quartier dit
du Poullou, le chiffre de 360 toises ou 720 mètres est
parfaitement .exact, car le quartier du Poullou est d'cr
rigine récen te. Les maisons qui le composent ont été
construites sur des ter~ains vendus vers 1840 par lVI. du
Couë-dic, qui était alors propriétaire du château du
Lézardeau et de toutes l'es terres avoisinantes . En 1760
les dernières ma-isons de Quimperlé ne dépassaient que
d'une centaine de mètres environ le carrefour sis en

haut ·de la rue Thiers actuelle, ce qui donne bien un
chiffre de 720 mètres pour la distance entre ce point

extrême et la borne.
« Pour l 'autre borne, qui se trouvait à Bec-an-henl
(bout-du-chemin), d'où elle a disparu depuis deux ou
trois ans, le chiffre de 860 toises ou 1720 mètr· es envi­
ron est plus diffi· cile à expliquer. Du point où eUe était
située, à celui où devait finir en t7 60 le faubourg QI.
Gorréquer, c'est-à-dire à la place Guthiern, il y a en­
v;ron 700 mètres ; de là à l'église Sainte-Croix, envi­
ron 400 mètres ; total : 1.100 mètres. Pour trouver les

600 mètres de différence, il faudrait faire partir le
mesurage du point -où aboutiss· ent les 360 toises de ia

première borne ; et il , est invr. a isemblable qu'il en soit
ainsi, puis: que le chemin sur lequel se trouve la borne

298 -

. de Bec-an-hent prend son origine sur l'ancienne route
du FaouU, à 50 mètres environ du point où se trouvait
cette borne. Il y a lieu de se demander si cette bome
était réellement placée en cet endroit en 1760, car le
chemin sur le bord duquel elle se trouvait ne devait

pas plus être une grande route à cette époque qu'il ne
1'-e5t aujourd'hul. On remarque sur plusieurs points de
. son parcours, entre Quimperlé et Querrien, de larges
. pierres symétriquement d isposées, qui tendraient i
faire croire qu'il représente une ancienne voie romaine;
mais la route de Quimperlé au Faouët, passant par
Bec-an-hent et le lieu dit Toul-Bado, était certainement
la seule voie carrossable dans cette direction en 1760;
et c'est sur cette route que devait se trouver cette
borne. On ne s'explique guère; à· la vér. ité, pourquoi,
si on l'avait enLevée du point où sa présence se com­ prendrait sur l'ancienne route du Faouët (à peu près
au dit lieu de Toul-Bado), on aurait pris la peine de la

transporter à 700 mètres de là, pour venir la planter

sur le bord d'un simple chemin rural; mais on ne s'ex-
plique pas davantage pourquoi elle y aurait éM mise
en 1760 )J .

Je me permets deux sùnples observations à propos
de l'exposé qui précède :

Les lettres B : L : pourraient bien signifier Borne

limite. C'est un e idée que je n'avais pas précédemment

et . qui m'est venue en transcrivant le texte de 1\1 . Lan-
. dormy ; et cette interprétation semble plus logique,
puisque ces bornes { levaient marquer les limites des
corvées à fournir pour l 'entretien des routes .

Le mesurage pour la route du FaouU devait par­
tir du pont près des moulins de l'abbaye, puisque c'est
là qu' est son point de jonction avec la route de Quim­
per à Vannes. De ce po:nt , en mesmant bien sur le plan

- 299-
ca.:lastral, on ne trouve que 1300 . mètres pour , aller
jusqu'à la séparation des deux communes de Quim-

perlé et de Trémév-eu. Où donc pouvait être l'emplace-
Illeut primitif et authentique de la borne 860 toises?

.La première des bornes de Quimperlé, dont nous ve- .
110ns de nous OGcuper, est placée au ' bord d'une roule
de première importance : celle de Quimper à Vannes,

ou plutôt d'audierne à Nantes . La seconde est sur une
route d' importance moindre, de Quimperlé au Faouët.
11 en est de même de celle que nous allons signaler ;
elle est située au bord Sud de la route allant de Con­
carneau à Tréguncet Pont-Av, en, à 1 kilomètre du
pont du Moros, sur le terrain de L_anriec, à 3 kilo-

mètres et demi avant d', arriver à Trégunc. Cette borne

. mesure 1 tn. 40 de hauteur, 0 rn. 53 de largeur, et
o m. 20 d'épais§eur . La partie supérieure est taillée en

une sorte de fronton demi-circulaire, crans lequel est
gravée une fleur de lis de France. L'inscription est ainsi
conçue :

TREGVC
. 3249
TOISES
1761

Ces 3249 toises ne marquent donc pas la distance de
ce point à Trégunc:, mais fa limite à laquelle aboutis­
sa it la contributioil de cette paroisse pour l'entretien

de la route, l' autr,eextrémilé se trouvant à une dis-

tance de 3249' toises ou 6498 · mètres, c'est-à-dü\: à .
3 kilomètres au-delà du bourg ; non pas à la ligne de
séparation de Trégunc et Nizon, mais:à 1 kilomètre en

deçà, au point de croisement de la route de Névez ;'1

300 -

l'extrémité Est de la paroisse, tandis qne dans la di­
rection Ouest elle vient- sur le terrain de Lanriec, vrai­
semblablement parce que les gens de Trégunc usaient
de . cette route en plus forte proportion que ceux de
Lanriec. . .
Notons encore la marchc ou progression dans l'exé­
cution des travaux. Les -deux bornes de Quimperlé

nous donnent la datc de 1760 ; üelle de Trégunc, 1761;
celle de Rosporden, 1762 et les deux d'Audierne et Es­
quibien, 1763.
Ce sont les seules que nous connaissions en Cor­ nouaille; il est possible, il est même probable qu'il en
existe d'autres; mai s elles ne m'ont pas été signalées.
- Passons donc à oelles du Léon.

PAYS DE LÉON
Prenons d'abord la vieille route de Paris à Br, est
passant par Rennes, Saint-Brieuc, Guing.arilp, Morlaix .
Absoiument r· ectiligne depuis Plouigneau. et au-dclà,
cette route dévale à lVIotlaix par une pente vertigineuse,
pour tomber sur le quai de Tréguier, contourne le port
et longe le quai de Léon sur un parcours de 500 mè­ tres, remonte par le quartier de la Villeneuve et re­
prend sa direction toute droite sur Saint-Thégonnec et
Landivisiau, sauf quelques légers fléchissements dont le
premier est près de Coatilézec, avant de descendre
dans le profond vallon de Coat-toul-sac'h, autrefois de
terrible renommée. A trois üll quatre kilomètres de
Morlaix, près de Sainte-Sève, elle traverse le parc de
. Bagatelle où il a été trouvé de nombreuses antiquités
romaines. A l'angle Ouest de ce parc, -où passe mainte­
nant la voie ferrée de Saint-Pol et Roscoff, est la limite
de la paroisse de Saint-Martin-des-Champs, et à ce
point est ou était plantée une borne baute de 1 m. 50

301 --
et large de 0 m. 50, portant une inscription sur .chacune
de ses faces : .
PSE
DE: ST
l'lATIn
2220
TOJSSE
Paroisse
·de Saint
Martin

2220
toises

PSE
DE: PR
CHnISSE
2220
TOJSSE
P. aroisse
de Pleiber
Christ
2220
toises

Les lllesures regardant Saint-Martin devaient aller

jusqu'au fond du port de Morlaix, c'est-à-dire un peu
au-delà ' du pied des piles du grand viaduc, car , autre­
fois le port avançait bien plus près de l'hôtel de ville ;
la place a été agrandie en couvrant d'une voûte environ

260 rnètr, es de la queue du bassin .
L'aulrecôté de la borne attribue à Pleiber-Christ une
longueur , exaclement semblable, 2220 toises, o8t c'est
ju-tement la mesure qui va jusqü ' au ruisseau de Coat­
toul-sac' h. formant la limite de la paroisse de Saint-

Thégonnec. Tout ce parcours, il est vrai, est sur le
terrain de Sainte-Sève ; mais Sainte-Sève n'était-elle
pas autrefois une trève de Pleiber-Christ ?
Sur la même route de Paris à Brest, elltre Landi ..
visiau et Land.erneau, à 3 kilomètres et demi de Lan­
divisiau, vers le milieu de la côte del,-,erroux o8t Kerri­ .chen, avant de rencontrer le croisement d'un chemin

qui s'en va vers Bodilis, on peut remarquer, o8n prêtant
beaucoup d'attention, une borne d'environ 1 mètre de
bauteur, encastrée ou engagée , dans le talus Nord et
prés, entant une in scription sur cha.cune ·de ses faces :

LANDI
VIZlEAV '
1800
TOISES

302 -

PAROISSE
DE SAINT
SETIVAIS
600
TOISES
1763
Les. 1800 toises, 3 kilomètres 600 mètres, font juste

la distance jusqu'à Landivisiau, mais la plus grande .

partie de cette route est sur le tei'r. ain de Bodilis. On

compr· end cependant que Landivisiau dùt contribuer ù
son entretien, parce que ses habitants y avaient un
grand . transit, pour les relations avec Landerneau et
Brest. Les 600 toises ou 1200 mètres dévolus à Saint­
Servais n'allaient p. as tout à fait jusqu'à la limite de
cette paroisse, mais setüement jusqu'à la maison isolée
et abandonnée, d'apparence un peu administrative,
qui servait autrefois de relais à la maUe-pos be et aux

diligen· ces. Ce tronçon regardait les communications ·

avec Landivisiau; il est probable que, en ce point ou
plus loin, il y avait une autre indication de corvée pour
la direction de Landerneau. .

Encore une autre borne sur la même route, mais tout
aux abor,Js de Brest. Elle a été signalée par M. J our­
dan de la Passardière, et copiée en octobre 1916 par
M. Le Guennec.
TRE
NIVES
})7 TO

Elle est siLuéeentre Guipavas et Brest,

, entre les hameaux du Pont-Neuf et de
Coatandon . Trénivez ou Trénévez, la
Trêve-Neuve étail l'ancienne dénomina­
tion de Saint-Marc de Brest. Sa contri­ bution était bien faible : 194 mètres.

303 -
Nous étions tout à l'heure dans le rayon de Landiv!·
siau. Retoul'l1ons en ces ' parages, mais SUI' une autre

route. A 3 kilomètres de cette vine, sur le cbemin de

Plougourvest, M. Paul du Chatellier a signalé une bor-
ne portant cette inscription :
THEVE
OE BODILl S Cette borne doit être dans les environs

1800 de Coat-Sablee et de J' ancie!l empla.cement
TOlSES de la foire de Saint-Mathieu; le tronçon

dé route n'est pas sur le terrain de Bodilis, mais les
tréviens pouvaient · et devaient en profiter pour se ren-

elre aux foires et marchés de Landivisiau .

. Roule de .Saint-Pol à Lesneven, en passant par Ber­
ven et Lanhouarneau . A 3030 mètres de Berven, à 4870

mèt res de Làhhouarneau, est une borne à double ins-
. cription :
pss

st vov
GAY
600 TOISE .

PSSDE

PLOVNE
VEZ
. 2687
TOISE

En effet, la paroisse de Saint-Vougay et toule la p8.r- .
ti8 Sud-Est de Plounévez-Lochrist usaient de cette roule

pour leurs relalions avec Lesneven.
La dernière borne à . mentionner a été dépla cée et

transportée loin de son gîte primitif . Je l'ai v - ue ·au tre-
fo is, et il est possible qu'elle soit toujours près de

Pennpoul de Saint-Pol-de-Léon, sur le talus voisin de
l'angle Nord-Est.du parc du Kernévez.
Cette pierre porte ces deux inscriptions :
DIST DE
SIBIHIL
716
TOISES
304 -

DIST DE

PLOV
COVLl\I

TOISES
EUe provient évidBlllment du point où, sur le chemin
de Saillt-Pol-de-Léon il Sibiril, Cl Mel' et Plouescat ,
s'embranche le chemin allant au bourg de Plougoulm .

La distance de ce carrefour à SibirJ est bien dB 716
toises, ou 1432 mètres ; le chiffre pour Plougoulmele-
vait être d'environ 350 toises.

. En dehors de ces bornes, M. BourdB de la Rogerie
Bn mentionne, sur la route du Conquet à Saint-Renan,

à l'embranchement du chemin aIl.ant au bourg de Tré-
babu, donc à 2 kilomètres et demi, environ, du Con­
quet.

La multiplicité des routes sur lesquelles nous avons

trouvé ces vieiUes bornes indique l'activité qui a été
déployée chez nous et l'importaDCte du réseau des voies .
créées ou mises en état sous le gouvernement du duc
d'Aiguillon ; encore faut-il admettre que beaucoup de
ces indices 0'nt . disparu et que d'autres sont encore

19nores.

Chanoine J .-M. ABGRALL.

363

DEUXIEME PARTIE

Table des mémoiTes pub liés en 1916
1 Argud Absrwrac' h, Le Combat de l'Aberwracî1,
, çomposé par M. l'aBbé Goulven Morvan, tra­
duit par :\1. le chanoine Abgrall . ... ,....... 3,

2 Inscl"ptions gravées et sCLllptées sur les églis·es .

~ et (tlonuments, recueillies par M. !e chanoine
Abg rall ........ . .... .. .. .. ... . . .. ............. .
3 :\1ottes :éodales, par :\1. l'abbé Méve' et M, Yves
Le F'eb\'re .......... . ... . ... .. ... . .. . . . . .. ... .

4 · Le vra i texte de l'histoire rniracu'euse de N.D.
du Folgoët, par M. Lécureux .. . . . .. .. ... , . ... ,
5 Le P·rieuré de Lochrist-an-Izelvet, . par M. Ogés ..
6 L'hymne alphabétique et l·es vies de saint Gué­
nolé et de saint Idunet,' dans le cartu:ai·re . de
. Landévenn ec, par le P. de Bruyne .. , .. .. .. . .
7 Petite- chrenique· de l\1onsi,eur sainct Tugen, par
M. Le Carguet. . . .. . . ... ,. . ... . . . . . . 184, 213,
8 Notes sur l'établissement du Télégraphe Chappe,
par Daniel Bernard ............... , . , . ... . . , .
,9 Lettres d'un Tambour de la 1

Répub'ique r. e­ cueillie et publiées pal' M, Marzin... .. . 249,

10 Autour du Moulin-Blanc, 'avec planch'es, par
M. Le Gtiennec .. . ..... ......... .. . . .. . .... .. .
11 Que'qu,es bornes routières, du temps du duc
d'Aiguillon, paT M. le chan oine Abgrall . .. .. ,.
12 Ex· cufsiQn archéologique aux r uines romaines du
Pérenno u, par : -"'1. le chanoine Abgra' J .

13 Guilers, notic. e paroissiale, par M. le comte Co-
nen de Saint-Luc .......... . .. : . . .. . . ... . .... . .

14 Discours de fin d'année, par M. le Président. . ....

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