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Société Archéologique du Finistère - SAF 1916 tome 43 - Pages 135 à 172
fleUre oc ris -an- ze vp
en Plounévez-Lochrist
(Finistè~e)
ÉTAT ACTUEL
Le village, ou comme on dit encore dans le pays, le bourg
de Lochrist-a n-Izelvet (1 ), s'élève dans un site charmant à
enviroll 2 kilom ètres au Nord-Ou es t de Plounévez-Lochrist,
grande commun e du haut-Léoll _
Les maisons, ell grosses pi erre de taille, se groupent à
proximité d'un sa nc, uaire et laissent voir de vieilles pierres
sculptées que l'on s'étonne de l'encontrer en ce li eu .
A ilanc de co teau, sur ulle plate-forme en partie-c9nstru ite
de main d'h omm e, s'élève la chapelle de Lochrist qui, à pre -mière vue, ne prése nte rien de particulier, mais dont l'antique
clocher, mi -gothiqu e, mi-roman , se dresse, vrai sp hinx, et
pose aux arch éologues l'é nigm e ind échiffrable de son âge.
En contre-bas de la chapelle , un vieux moulin fait retentir
le valloo de so n clair bruit d'ea u. On y descend par un esca-
li er en pierre d'une vingtaine de marches. Un étang placé en
(i ) Lochris t sig llilie : sanctuaire dédié au Christ. Le préfix e Loc (locus),
sign ili e parfois demeure, village; il es t alors synonyme de kel' :. mais
ici il a le - sens de sa nctuaire, signification qui se retrouve dans une foule
_ de noms de paroisses, Loctudy, Locquirec, elc.
l zeluet, Izel-Vez ou Ize l-Guez signifie : les arbres bas . Celte dénomination
s'explique par ce fait q 1l e Lochrist se lrouve ù- proximité de la m er, en
un end roit où le vent du large gêne la croissance des arbres et ne leur
perm el pas dQ s'élever bien haut.
136
Vu e générale·
137
bordure de la route, mire le vieux clocher qui là-haut paraît
pilis court et plus trapu.
Le paysage, à l' en tour, est ~olitaire. En amont, les arêtes
chauves des co llin es ferm ent le vallon; au nord, s'étendent
de gra sses prairies d'un vert foncé, èt, se rpentant et babillard,
un cla ir rui ssea u dévale vers la mer dont. le bl eu profond se
l'oit à tra ve rs un e éc han crure.
ArJ'êtolls·nous devan t la chape lle et examin ons ces vieilles
pierres témoins de l'all tiqu c splend eur du pri euré de Loch l'ist-
an -Izelvel.
L'antique cloc her, chanté pal' Brizeux, attire d'aborD l'at
tention p3r son ca ra ctère ll;ès ancien, ses proportions massi
v~s et écrasées, ses chapiteaux ou arcades avec des enroule
men ts et des frettes d'un goût barbare.
« Ce clocher es t le monum en t le plus ét.rang~ qui existe
dall s la région , et qu ' il faut rega rder avec les yeux de l'archéo
log ue, car c'est un e énigm e presque impossibl e à déchiffrer.
No us a ,'ons encore da ns le pays, de ux vieux clochers romans :
I\: ernitron et Loc-Maria de QlIimper ; mais il s so nt caracté-
ri sés pa r le urs larges bases percées de petites 'bai es romanes
et reco uvertes ae lourdes toitures pn ardoises. A Lochrist, la
base repose sur quatre arcad es en ogive; il est vrai qu e ces
arcades, m , algré leur form e, peuvent êtreabso iument roman es,
et nous en trouvons de semblables à la Coûture du Man s, à
la ca thédrale de Laval et même à l{ernitron. De plus, tous
les autres détail s son t romans : les tailloirs ou abaques des
piles avec les en roulements, chev rons et losa nges qui y so nt
gravés, les cordo ns qui divi sen t la bêl se en trois étages super-,
posés, les contreforts à peine sa illants qui acce ntuent les an gles, les baies gé min ées qui ajourent la chambre des cloches.
La fl èche ell e-mê me, courte et trapue, pourrait bien être attri bu ée au xne siècle, si elle ne présentait sur ses huit pans, des
lu ca rn es dans le gen re des clochers du xm
et du xn,e siècles,
139 -
Ce clocher vénérable est comme l'objet d'un culte de la part
des gens du pays el il s l'ont associé dans un e sorte de demi super8titi on, au clocher de Loc-Maria en Plabenn ec .
C'es t ce que B"rizeux déc ri t dans so n poème des Rreto. ns,
en parl ant d'un co up de foudre qui frappa la fl èche de Lochrist:
(t Oui , ma lheur à Loc-C hrist, di se nt les ge ns, malheur
A vous Loc- Maria ! Loc- maria sa sœur!
Ca r un lien Sècret unit vos deux chapell es,
Sa intes éga lemen t el toul es les deux bell es;
Bea ux clochers de Lochri st et de Loc-Maria ,
Touj ours en même temps, le ciel vous foudroya !. .. (1)
Le clocher fut de nouvea u frap pé par la foudre en Hl09 ;
le fl uide démolit le so mm et de la tour et, creusant des lézar des, descendi t dans la· chapelle où il so ul eva les da ll es sous
lesq u.ell tis do rm ént tant de /e ligieux et de gra nds seigneurs.
Les dégâ ts furent répa rés et le clocher muni d'un parat.on nerre qui , espé rons· le, prése rvera déso rm ais de la foudre, ce .
cu ri eux représe n - tant de l'a rt de nos an cê tres. Nous n'a vons
pas su qu 'à la même époq· ll e le clocher de Loc-Ma ri a,. comm e
le ve ut la lége nd e, ail subi le sort de so n frère de Lochrist.
Da lls J'arcade.ogiva le qui surm onte les portes acco uplées
so us le clocher, on remarque un curi eux tympan assez fin emen t .
sc ul pté dans la pierre. JI se compose de trois pann ea ux. Celui
du milieu représente le Christ sur la croix; il es t nu , Ips rein s
entourés d'u n linge en ceinture dont les extrémités pendent
de chaqu e cô té, il a une co uronn e d'ép in es sur la tête, et,
détail ca ractéri stiqu e, ses jamlles sont croisées l'une sur
1 autre.
Les deux pann eaux latéraux représe ntent des an ges age nouillés, sou tenant des écusso ns où so nt représentés en relief
les instrum ents de la pass ion. C elui de ga uche porte l'é
ponge, la lance traversant la co uronn e, le fouet à manch e
co urt et à 1 0ll gue lani ére enroulée et énti n le mart ea u. .
(1) Livre d·or des ég·lises de Bre tagne par M. le ch anoi ne Abgrall.
_. 140
L'écusson de droite porte une croix cantollnée: au premier
des tenailles et des clous; au deuxième un marteau entre
deux clous ; au troisième un clou termi né en fl èche et suspendu
à la branche de la croix; au quatri ème un clou de m ême
form e éga leme nt suspendu.
A l'iutéri eu r de la chapell e, des dall es armoriées usées par
les pieds rte milli ers de pélerin s attirent d'a bord les rega rds .
(( Près du chœur est une tombe plate extrêmement cu-
rieu se. On y voit la fi gure gravée en creux d'un chevalier du
Xllle siècle, armé de pied en cap. Il a sur la tête un casque,
le casq ue inform e et à so mm et plat de l'époqu e. Qll elqu es
.petits trous indiqu en t se ulem ent la visière. Pal' dessus son
armure, ce cheva lier pone un e cotte d'armes ouve rte pa'r de vant; et sur sa poitrine est placé un grand écu au centre
duquel est grossièrement rep résen té un li on . ' .
Le bout de so n épée passe sous le cô té ga uche de l'écu: sa
lance es t à côté de lui et il a des épe rons ell mollelles, tels
. qu'oh les portait au XlIl
. siècle.
Dalls Ge LLe fi gure du dessin le plus ba rbare, l'a rtiste n'a
tracé qu e les co n·tours et n'a fi gu ré aucun détail. Tout autour
de la ·tombe est un e in scripti on latine en let tres capitales go ·
thi ques . Elle esttellemenl mutilée qu'il est imposs ible de la
déc hiffrer en ell ti er. On y pe ul lire le principal c'est-à-d il'e
le nom du cheva li er et la date de sa mort: c'est Alain de I{er-
rnavan dit Pierre le Brave, mort le jou r de la Sainte Aga th e
le 5 février de l'an '1:212 » ('1) .
M. Pol de Courcy relève celle in scription co mm e suit: Hic
Jacet ALanns Ile ViUama.lJan, rit .... dic {csti lira ... anno Jni
MCC IJII. Uequir :sr:at in lJQ.ce (2) .
(1 ) Fréminville ; An tiquites du Finistère. CeLLe pi erre tomba le est men·
tionnée dans l'ouvrage : Voyage pilloresque dans l'ancienne Fran ce, pal'
Tay 1 01' ; e lle a é té décri te par Nodie r et Caille ux Bretagne 1846 tome II.
(2) Fréminv ill e e t Pol de Courcy ne s'accordent pas R ur la da te. L'usure
de cette inscriptioll Il e permet g'ué"e de prendre parti entre les d eu x
archéologues.
- 141 -
Une croix pattée, semblabl e à ce lle qu e les templiers pO I ;-
taien t sur leurs man teau x, figure dans l'in sc ri pti on. Frémin ville prétend que le pri euré de' Lochrist aurait appa rtenu aux
chevali ers du Templ e, et émet l'hypoth èse qu 'Alain de Kerm a
va n po u va i t fa i re pa l' ti e . de ce to rd re ('lI.
Nous croyo ns savo ir qu e Lochrist n'a jamais ap partenu aux
templiers ; il es t problable qu e la croix remarqu ée' par Fré-
minville est un simp le signe séparant les deux parti es de l'ép i-
ta phe. .
Auprès de ce LLe pierre tomba le so nt d'a utres dall es ; quel
qu es· un es porten t les ar mes de la maison de Kergo urn adec'h
(( déchiqueté d'or et de gueules )),
D'a utres, portent des armoiries à écusso ns d'un e forme
bizarre, qui, d'a près M. Jourd an de là Passa l'di ère, devaient
faire parti e d'un ensemble quadrilobé ; deux so nt du res te
accolés, et d'autres semblent s'adap ter pour faire l'autre moi tié. C es dall es, assez nombreuses, ne seraient· ell es pas les tom-
bes des religieux et les éc usso ns ne représentent·ils' pas les
arm oiri es de l'abbaye pri milive? O 'est un e qu es ti on qu' il ne
m'apparti ent pas de réso·udre.
Les murs de la chapelle son t bl anchis à la chaux et laissent
débord er de nombreux écussons qu'un empâtement de morti er
rend presq ue illisibl es . Ce sont les écusso ns des seigneurs
préé min enciers qui , lors de la reco nstruclion de la chapelle
fur en t, ainsi qu e le sti pulent di vers ac tes de l'époqu e, placés
en évidence dans la nouvelle co nstru ction.
Peu de sculptures dans ce tte cha pelle ; l'autel en bois, est
surm on lé d'un retable à colonn es nu es, et d' un e verriÀ re
ronde. A ga uche, un Christ nu , aux cheveux longs retombant
sur les épa ul es, es t assis sur un bl oc de pierrp. ; il a les mains
ell es jam bes liées par de grosses co rd es. A droite, un e vierge
- habill ée co mme les an cienn es abbesses comtempl e le co rps de
142
'so n fils étendu sur ses genoux. Un saint J ea n en robe ; un e
vierge co uronn ée tenant un e fleur dans la main droite et por
tant sur son bras ga uch e l'enfant Jés us ca ressa nt un e co
. 1111
lombe ; un gra nd christ
en cro Ix avec, comme ex-
veto des béq uill es, c'est
if- En '1830, l'égli se ren t~ fermait un e de ces an ~ 1;- cienn es cuves de pierre
1 fol,'" qui dans les prem iers
· ' ,% ;:. ' . l' se rvait aux ba l )tèmes par
~ im mers ion. Cette cuve
;'\111 "
, - ~ il 1
~' provena it indubitable-
~ i men t de l' ég li se primitive
. ~ bâti e en ce lieu par Fra-
ga n. Elle était entière-
\ ment circulaire et ornée
en dehors, dans son con-
tour, d'arcades grossiè-
remen t sc ul ptées . Nous
\, ne sa vons ce qu'es t deve-
nu e cette cu ve.
A l'angle Nord-Est de
la cha pelle se trou ve un
sa rcop hage en granit. (, Il
i nd i q ue assez vaguem en t,
dan s so n con tou r, une
form e humain e envelop-
pée d'ull linceul. Le cer-
cuei l est creusé d'environ
26 centimètres et percé à 75 cen tim ètres des pieds d'un trou
circulaire desliné à l'écoplement des sérosités provenant des
.. -143
eiltraÎlles, les parties musculaires se consel 'vant ainsi avec les
ossemen ts en produisant une sorte de momification du
cadavre » ('I r. Les habitants prennenl ce sarcophage pour
la piscine, dans laquelle aulrefois on immergeail les malades ,
Nous avons cependant la certilude que là n'a ja ill ais élé la
destination de ce bloc de grall it. .
Fréminyille (2) nous apprf'nd qu' il visila Locbrist vers 1 830
et qu'il y arriva au moment où des ouvriers en creusallt une
fosse dans le cim etière, y découvraient deux cercu'e ils lrès
anciens, Da.ns la description qu'il fail de l'un d'eux, on recon-
naît le sarcophage mentionné plus haut.
« Le second écrit-il, éta it d'une forme moins anciellne. Il
éta it couvert d'une pier re plate qu i ne porlait auculle inscr ip
ti on. On y voya it seulement, gravé dans son milieu; l'écusson
blasonné de la maison de Kergournadec'h,
Cette pierre ayant été levée, on trollva déllls le cercueil
un cœur de plomb, Ce cœu r ayant été ouvert à son tou r,
laissa voir un cœur bumain embaumé et enveloppé dans du
co to n imbi bé d'une liq.ueur aromatique el spiritu euse, d'une
odeur fort agréab le ·."
Ce cœur qui me fut présenté, était encore aussi frais que s' il
venait d'être extra it du corps qu'il allima it. Mais, à peine
eût- il été exposé à l'air qu'il se flétrit et se dessécba ; M. de
Keranguéven, recteur de Plounévez-Locbrist. le conserve
encore cbez lui ».
Il sera it intéressant de savo ir à quelle époque appartiennent
ces deux cercueils.
Au moyen ·âge, les cercue il s de pierre étaient réservés aux
personnes d'un certa in rang. Les gens du peuple éta ien t inbu més plus simplement.
Dans une étude sur les cercue ils de pierre dan.s le Mor-
(1) Chanoine Abgrall, bul. Arch . '
(2) Antiquités du Finistère, tome II.
144 -
bihan (1) l'abbé Euzenot nous app rend qu'un emboîtemenL.
une entaill e, une pe tite ce ll ule évi dée dans la pierre, po ur
. loge r la tête du mort di stinguent nettement les cercueil s et
perm ett ent de cl asser ces del'lli ers pa rmi ce ux de l'époq ue
carl ovin gienn e. Ce t emboîtement ca ractéri stiqu e se remarqu e
sur le sarcop ha gp de Lochrist. Si le classe ment fait par l'abbé
Euzenol es t. exact, il apparti endrait donc à l'époqu e carlovin-
glenn e . .
Quant au seco nd sarcopha ge décrit par le Chevalier de Fre-
minv ill e, je n'ai pu savoir ce qu 'il es t devenu .. Sans dout, e
doit-il servir d'a uge dan s qu elque ferm e .
. Cependant d'ap rès la descripti on faile par Frémin vill e on
peut affirm er qu 'il datait de la fin du XIU
siècle ou du com
mencement du XiVe .
A cette époque les grand s seigneurs étai enl enco re déposés
dans des cercueils de pierre, ma-is le corps etait entoun! d'une
enveloppe (te plomb. Au temps de Charl es V se ul ement, le
bois ou le plomb rempl acè rent absolument la pierre, même
dans les sé pultures de lux e (2). _ .
Pour le cas qui nous occupe, il es t . à prés um er qu'un sei gne ur de Kergo urna dec'h aura trouvé la mort dans qu elque '
combatl ointaill d'où l'on n'a ura rapporté qu e so n cœur qui
fut enferm é dan s un e enveloppe de plomb suivanll'usage du
temps. Il ne serait pas trop téméf 'aire de supposer qu e c'est
là le cœ ur de Guyomar fil s d'Oliviel ' de Kergo ur nad ec' h, le
second seigneur de la maison des Kergo urnad ec'h donll'his toire fasse mention ap rès ce lui de la lége nd e, et qui se signala
dans les guerres de Montfort co ntre Charl es de Blois. ~
Aux al entours de la chapell e, Oll rencontre de nombl~e LlX:
(1 ) Les cercùeils en pierre d!l Morbihall pa l' "'l bllé Eu zeno t, Bu l. d e la
Société archeo logique du Fini s tère to me 8, page IOL - Une in téJ'essante
étude de 1\1. P Lacroix : Vie m ililaire el religieuse au Moyen -Age, fixe les
m êmes carac teres aux cercueil s d e l'époqu e carJov ingienne .
(2) Abbé Euzeno L , loc. cit. page 202 .
-- 145 -,- '.
débris et qu elques substru ctions, seuls souvenirs des gloires du '
passé. Du côté Sud, des pierres sculptées provenant de voûtes,
de fenêtres etc'. ; un e croix fru ste renversée, de trois mètres de
long, qui semble avoir été taill ée dans un menhir.
Sur un pilier du cimetière, se voit l'écusso n chargé de trois "
trèfl es et timbré de la crosse et de la mitre de Robert de Cu pif,
ancien prieur de Lochrist, ~vêque de Léon en 1637 .
Près de l'enclos, encastrés dans la margelle d'un pu its sont
des motifs arch itecturaux et un sa int Abbé déca pilé.
L'ancienn e mai son qui servait de presby tère es t un e cons-
tru cti on en pierres de taille, sa ns aucun intérêt; elle porte
la date de '17 83 et ful sans doute co nstruite sur l'emp la cement
de la mai son prieural e détruite par un in ce ndi e. Près de la
porte d'entrée se voit un lec'h taillé et renversé qui sert de
banc aux habitants du village.
La fon taine de dévotion se trouve au fond du vall on, au
pied de la co llin e sur laquelle es t bâtie la chapelle. Les pèle-
rin s ne la fréq uenten t plus guère et la végétation a tout re-
co uvert. On distin gue encore cependant en avant de la
fontain e, un bassin rec tan gulaire peu profond et asssez
grand pour permettre d'y baigner un hom me, C'est là sa ns
doute qu e l'on immergeait les malades lors des grands pèle-
rinag es annu els. En 1830 cette fontain e se lI'ouvait dans un e
antique chape lle dont les ruin es co uvertes de lierre étai en t de
l'aspect le plu s roman tiqu e. Une arcade go thiqu e protégea it
la fontain e à cô té de l'ogive de la porte principal e. Tout cela
a disparu aujourd'hu i.
Fondation (3t prospérité du
prIeure
La vue de tous ces débris du passé nous prouve surabondam- '
ment que nous sommes ici en' un li eu qui jadis connut des
jours de splendeu r. '
Ce site pittoresqu e fut habité de toute antiquité, ainsi qu'en
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO . TOME XLIII (Mémoires 10).
146 -
témoignent les nombreux débris méga lithiqu es épars aux alen-
tours.
Izel-Vez fut, dit-on , l'un des rl erniers refuges du paganisme.
C'est là qu e, so us le couvert d'une forêt aujourd'hui dispa- '
ru e se célébrai ent des cérémonies a.ux rites oubli és. Des men
hirs et des do lmen s, un e allée couverte té .moignent d'un e
importante occupation néolithique. " ,
Il es t permis de croire qu e nos ancêtres attachés à ces
pierres, les en tourai ent d'un e grande vénération, et ces su
perstitions tenaces ont sans doute sa uvé ces monuments pla
. cés à proximité d'un monastère, d'une destructi on maintes
foi s ordonnée par l'église. Si nos ancêtres ont cédé à la reli-
gion nouvelle, ils n'ont cédé qu'à moitié: le christianisme
vainqueur dut transiger avec le druidisme expirant. Il dut sè
greffer en quelque so rte sur la religion qui le précédait. Ce
qui le prouve 'ici, ce sont les croix élevées sur les menhirs
ou taillées dans le flanc même des méga lith es.
C'est à Loch rist, nous dit Albert Le Grand (1) qu' en l'a n
401, le chef breton Frégant ou Fraga n, livra une sanglante
bataille à une armée de Normands qui s'y était retran cbée.
Les pirates ava ient débarqué à Gui ssény. Chargés de butin ,
ils s'é taient retranchés sur la colline d'Izel · V ez (a uj ourd 'hui
Locbrist) « Les Bretons les y assaillirent de telle furi e que, les
ayant forcés, ils taillèrent la plupart en pièces, excepté qu el qu es uns qui se sauvèrent à la nage vers leurs vaisseaux,
desquels plusieurs furent brûlés .. . ) ) _
Le butin pris sur l'ennemi fnt employé pO\lr bâtir un mona s
tère en l'honneur du Chri~, au lieu même où fut livrée la
bataille. Tell e est l'origine de l'abbaye de Lochri st-a n-lzelvez.
Le P. Albert Le Grand se trouve d'acco rd avec le poète
breton qui jadis a célébré l'origine de l'abbaye :
(i) Vie des saints de la Bretagne al'Illorique p. 5i (Vie de Saint
Guénolé) .
147
E fonda tion quenta
E memor d'eur victor
A yoa bet evit renta
D'al' groaz, gloar ag eno r.
Si 1'011 8n croit la tradition, la première chapelle bâtie à
Lochrist était en bois . Elle fut remplacée par un éd ifice en
pierre vers le VIe siècle, époque à laq ue ll e furent élevé:: de
nombreux éd ifices religieux . (t C'est en ellet à cette époque
que Saint-Pol Aurélien fonda la cathédrale de Léon, les mo
na stères de l'Ile de Balz, de Lampaul -Ploudalmézea u, de
Lampaul-Guimiliau . et de Plougar. C'e~t encore au VI e siècle
qu'il faut faire remonter la chape ll e du Creisker à Saint
Pol-de-Léon, la chape ll e de Callot, res abbayes de Daoulas,
du Relecq et de Saint-Matbieu-finterre » (t).
l_ a Gallia Chl'istiana ne mentionne pas Lochri st. Cepen
dant d'anciennes chartes portent Abbatia Loco-Christi , Abba
tia humiLioris arboris mots latins qui sont la traduction
des mots bre~ons _ : Abbaty Loc-Christ, Abbaly I zel-ü uer: ou
Izel- Vez (2) .
Les Bretons insulaires tenaient la vie monastique en grand
bonneu r. On connaît de nombreux couvents qui fur en t fondés
en Brelagn.e pa r les premiers émigrants.
Puis plusieurs invasions normandes ruin èren t notre pays et
mirent les moines en fuite. On conço it que plusieurs abbayes
disparUrent ainsi. Ce ll e de Lochrist dut être du nombre. Elle
n'eut sans doute qu'une ex istence éphémère car les chartes
du XlII" siècle portent: Priora tus I.üco-Ch-I'i'sti, Prioratus
humiL-io7'is al'boris (Prieuré de Lochri:it, Prieuré d'Izel-Vez) 1 3).
(-1) Les grandes époques de l'architecture religieuse en Basse-Bretagne
par M. le Chanoine Abgrall.
(2) Note de Kerdanet : édition de la Vie des saints de Bretagne Armori
que par Albel't Le Grand.
(3) La carte eclesiastique de la Bretagne Armoricaine au IX' siècle d'après
~1. Auridien de Courson (Cartulaire de Hedo n), donne le ruisseau de
Lochrist comme limite est à l'archidiacoll é de Kemenet-i1i. Ce ruisseau,
cl'Oyons-nous s'est appel':: autrefois « ster Kemenet-jli» Kemenet signifie
commanderie religieuse, IIi o u Hily nom de personne.
- 148
Les archives anciennes du prieuré ont été négligées; les
plus anciens titres sont perdus, aussi ne sa it-on rien de positif
.sur les premiers sièc les qui ont sll ivi sa fondat ion .
Les vieilles chron iqu es, les anciennes gwerz, nous appren nent cependant que le monastère de Lochrist eut autrefois
une grande importance, tant par sa richesiie, qu e par le nom bre de ses moines et le grand concours des pèlerins qui y
accouraient de tous les points de la Bretagne. -
Les constructions devaient être autrefois très considérables
mais on ne retrouve pas de débris permettant de fixer l'empla-
cement des divers bâtim en ts. .
Nous savons toutefois que l'égli se dénommée « basilique ))
était bâtie sur l'empla cpriie nt de la chapelle actuelle; elle
éta it ti-ès vaste, orn ée de sculptures d'une naïveté charmante
dont quelqu es restes se voient encore. « Cette église rappelait
celle de Sai nt-Martin de Tours ; le clocher rappplait celui de
Saint Denis )) (1) . .
. Au moyen -âge, le monastère de Lochrist an-Izelvetétait
un des plus ri ches de Breta gne . Il posséda it le droit d'asile.
L'a utorité et la rép utation du co uvent s'étendaien t très loi n.
. Lochrist, jadis dernier refu ge du paganisme, est considéré .
comme un des lieux les plus sa ints de Bretagne. Les eaux de
la fontain e qui co ul e au fond du vallon, sont cons idérées co m-
me miraculeuses. Elles ont la rép utati on de guérir les para
lytiqu es, les lépreux etc. « Les poètes bretons ont chanté les
miracles opérés autrefois en ce lieu. Les infirmes, les affiigés,
recevaient à ce tLe nouvelle fontaine de Silhoé, la guérison du
corps et celle de l'âme (2).
« Gant a cant den affii get
Gant cals c'hlenvejo,u bras,
o 'deuz recoure~ yec'het,
(i) Kerdanet loc-ci t.
(2) Note de Kerdanet.
- 1.49 -
Aman dre ar gt'oaz,
Ca n t a ca nt! . . . .. 1)
En septembre, le jour de l'Exaltation de la Sainte Croix avait
lieu le pèle rina ge annuel. De tous les pays limitrophes, ac
couraient des milliers de pèlerins. Ce n'était pas chose facile
que de loger et de nourrir tout ce mond e. Mais les pèlerins ne
sont pas gens difficil es : les un s s'acco mmodent d'une écurie
ou d'un coin de grange; d'autres se font un e confortable cou-
che au bout d'un tas de paille ou de foin. Les hôteli ers im
provisés font la cuisine en pleill vent; dans d'énormes mar mites cuit le met nationale du Léon: le « kik a farz Il . Quel-
ques paysans attirent les clients en 'soumant à pleins poumons
dans leur « corn-bout Il .
Mais chaque année, les pèlerins se font plus nombreux;
les vivres finissent par atleindr p. un prix exorbitant. Certaine
année les habitants vendent toutes les provisions si bien
. qu 'une véritabl e di se tte s'ensuit. Chacun se récrie et tous
attribuent à la fontaine mira cul euse le don de faire venir
dans le pays la lèp re et la pestp., si bien que, pour mettre fin
. à ces proLesta tiolJs Oll fai. t recouvrir l'innocente fontaine cause
de tant de maux. .
Oepuis lors, les pèlerins ont. délaissé la vieille église de
Lochrist. Avec les grands pèlerinages annuels . disparut un
des plus importants revenus du prieuré.
Un curieux doc um ent conservé aulx archives départemen-
tales du Finistère relate un miracle qui aurait été opéré sur
Yves Kerézean de Kergo ual. (1 ) Ce derni er, mort en l'an 1534
de la peste, ress uscita le mêmp jour à la suite du pèlerinage
de sa mère à l'ég li se prieural e. Ce document est une lettre
écrite en 1609 par le fil s d'Yv es de Kerézean el adressée
vrai sem blablemen t à René du Garreau prieur de Lochrist à
cette époq ue.
(i) Village situé il Plounévez·Lochrist.
.- 100
. Monsienr, je entandu par ma fille que vous al)!! voulonte de
scavoil' camant luet la maladie de feu mon père loursque son
ha1'Chet (cercueil ) luct poune à I .oc//?"ist. C'est que fen mon '
pè?'e une peu avant qtt'iL se ma1'ia qui avet son nom Y'lies K e ,'ezean fils de GuilLa Kel'czean et I:'lesou Percevaulx fille de
Jll esarnou seigneur et dame de K e1'goua l se trouvlL malade de
peste en l'an 1534 et {uct malade qu'il eust tous L es Sainetes
saC1'amantz de l'eglise et cl. la fin deceJa devant sa mère et
tous ceux de la maison et les vouysins, (Voisin s) et sa mère
.quand elle le viCl décédt
, elle dit : Noustre Seigneur Jésus
Christ a)ait plusiw?'s myracles et encoTl' je espère qu'il lera.
(Sy lui plait) en mon end?'oit et promiet baille1' unq gavas de
lourmant en otll1'ance (offrande ) et comance enchemin pOUT
.aler à LochTist et quand elle rlait arrive p1'ès la croes (croix )
qui est devant la rabine (ravin ) du lieu de pellen (Hellan) elle
.$emit à. genou et alla ayngy a genou jusques a la dicte Esglise
et fict les tow'S entour de la d. Esglise et ap rès fict celébrer
des messes en son inle~tion et cependant ceulx qui, eSlOynt en
la maison avent mis le cours (corp s) dans son archept et mis
SU l' deux scabeaulx (escabaux) au mitant de la chambre et
unq peu après envyron leure que le, messes achevant le courvs
'comance à parler et de dire (r delye moi Noustre Seigncu1' Jé sus-Christ a ouy l'ou1'eson de ma 1nèl'e i) . Et quand sa mère
aryve son fils pa1'lait pt lu et mis dans son Lit et le d. hal'chet
et les deux 'lyniau.Lx (lin ce ul s) qu.i avent este mis en tonr L e
~ourps el sur le d. aT,;he]J1 et les deux serviett es qui allClI testé
mis cn croes WT le courp lurent Tendus en compagne (com pagn ie) de· tous les 1 1 01tysins a la. d, Esylise et lurent mis au-
dessous les piés de L emaige (l'im age) de Noustl'e Seigneur Je-
sus-Ch1'ist : et le courtiL qui est a Lochrist uppeLLé le courlil
de Kergoual fuct baillé pour la d. g/'ace du déluncl.
Et vous supplie de me tenil'
Votre humble et ohoisant seruileur
A mln'oise [( erézean
De K Ilrnidouès
ce 19 de juillet 16()!J
Ce document est accompagné de !a note ci-dessous écrite
vers '178'1 par Miorcec de Kerd anet père de l'éditeur d'Albert
Le Grand, qui à ce tl e époq lle élait chargé des intérêts du pri
euré.
Cet écrit rend mison ,f u ceTCueil qni se voit en l'église Lo
christ en témoignage du miracle opéré sur Yves Kél'ezéan de
Kergoual mort en f 534 de la peste et ressuscite le même jour,
à la suite du pèlerinage de sa mère et de l'invocation de N. S .
J. ChTist dans la chapelle prieumle de son nom en la pa1'oisse
de Guin é1iez d'autant que Loc· Christ ainsi syncope, signifie
en latin: locus christi. Cel écrit est du fils d' Yves K erézean ce
qui le rend aut hentiq y,e ('l ). .
AVEU X ET DONATIONS
Les documents ne perm ettellt pas de se rendre un compte
exact de la rich esse du prieuré a'vant le xvm
siècle. Un cer-
tain nombre d'aveux rendus i:lU roi et à divers seigneurs nous
apprennent cependant qu e les domaines du .prieuré s'éten
daient dans toutes les paroisses environnantes et jusqu'à
Ploudalmézeau, Plouguin, Plounéventer etc.
a) L'aveu ren du au ' roi le 14 octobre 1536 à cause de son
fief à Lesneven , mentionne des biens à Ploun éo ur-Trez. Le
prieuré deva it eu outre une reute foncière de une garcée de
froment, mesure co mble de SeÏz-Ploué (2) sur le terrain de
Kermajean.
(1) Ce cercueil n'existe plus à Lochl'ist.
(2) Seïz-Ploue est le nom de la juridiction qui avait son siege au châ-
teau de.l\laillé e n Plounevez-Lochrist . Celte juridiction importante s'e- .
tendait .ur sept paroisses : Ploun èyez, Lanhouarneau, Saint-Vougay,
Plouzevede, Sibiril , Trezil idé et Cleder. Seïz·Ploué est un mot breton
qui veu t dire sept paroisses .
102 .
b) D'un accord passé en 133 ' 1 entre Guillaume, abbé de .
Sa int·Mathieu et Yvon de Palu ~ t prieur de (( Sj!int-Christ »
d'une part, et Hervé de Kermavan ("1) d'autre part, devant la
cour dE' Lesneven, il résulte que le prieur devait à ce seiglleur ;
'1 0 pour la mai son pri eu rale, deux jardins, un verger, un
oolombier, un e cour, deux maisons couver tes de (1 glets » :
cent sous monnaie de chef-rente ou à défaut un " dîner pour le
seigneu r et tout son éq uipa ge .
2°) Sur le moulin, ayanL23 pieds de long sur 14 de large,
av ec 2 petits jard ins : 12 deni ers monnaie de chef-rentc.
3°) Une l'ente fonci ère d'un e garcée from ent, mesure l'aise
de Maillé et '1 sol tournois, sur un e mai so n située au bourg
de Lochrist.
4°) Une rente foncièr e de 1 boi~sea u , mesure de Maillé
sur Kervillan.
1)0) Un quart de ga rcée de from ent sur le lieu d O c I{erdézan
comprenant un e maison et diverses terres .
De son côté, le Seign eur deMaillé .doit au pri euré! ulle
rente annu elle de' 2 livr es 10 SOl5 et 2 quarts ga rcées de
froment pour la tom be qu 'il possè de dans le chœur de l'é gli se (2). Un aveu foumi le 1'r janvier 1743 au comte de
Maillé marquis de Carmall co nfirm e cet accord . .
c) 16 avril 1772. Av eu et mi nu par le Sieur Lu ca n du
Tymeur prieur de Lochrist à M essire Guillaume Mathurin de
Kerguvelen seigneur de Penh oa t, Cam frout et autres lieux,
pour diverses terres au lieu et man oir noble de Traonboze,
(1) La famille d e Carillall ou l\ erlll a \'an esl origi nai l'e de K ernilis. Au
XIII ' siècle les Carman élaienl de pui ssanls ua"nere(s . En 16~, le châtea u
. d e Seïz-Plou é "ful ~rigé en Comté en l'avcur d e C hal'Ies de Maill e , mar
qui s de Carma u qu i donna ;;o n nom a u nOIl\'eau comte. La maison de
Carillal1 fut aulrefois la p lu s riche du Léo n . On conllait le pro verbe
qui classait ainsi les quatre premi e,'es mni;;o ns de cet évêch é .
le A nliquite de P enllOat· ; yaillancc: du Châlel, ri ch csse d e Carman ;
cllevalel'ie de Kcrgournadec'lI )l. Au XV II" siècle, celle famille élait
. ruinée; le 3 juin .]71,7 la tcrre du J\laillé Hait wndue à Louis Antoin e
d e Bohan-Chabol. .
de Kervern etc ... Pour ces biens, relevant du fief de Penhoat,
le prieuré devait une rente anlluelle de 1 garcée de froment
. mesure comble de Maillé.
ci) Autre aveu au fief de Coa~meur, paroisse de Tréflez :
une rente de 1 mesure racle de Maillé, 2 mesures combles de
Lesneven (1) et 30 sols el! argen t dûs sur lelieu de Penanros
et 4 autres champs.
el . Aveu au fief de Goa LIez, paroisse de Tréflez : rente en
graills, mesure rajsp de Seïz-Ploué sur t maison et ses dé
pendances à Lallurhouézell et 4 autres champs.
j) . Aveu au fief de Pont-Coatll1éal, paroisse de Plouguin:
le lieu de Poularméan, maison mallale, jardin, fou rs et 12
champs, le tout quitLede charges.
'0) Aveu au fief de Coatméa l, paroisse de Pl oug uin (difIé-
J'ellt du précédent) ;) champs, le tout quiLLe de rente~ et chef-
rentes.
, Il) Aveu?u Si_eur cie Kergournaclec'h rente de 5 livres sur
le li eu cie Trobily, maison manale, jardin et '1ï champs.
. Les archives du Finistère conservent encore un certain
nombre d'actes de donationsfailes au prieuré .
. - /4'21. Un fidèle ayant fait voeu de fournir le pain bénit tous
les dimanches, se libéra de cette ob li gation en léguant à l'é-
glise un courtil qui depuis s'appelle « Liors ar bara béniguet Il
(le courtil du pain béni ).
8 jev/'ier -/421. Don au prieuré de Lochrist d'une maison et
de diverses terres au village de Trobily en Plounevez.
/}u penultième septembre 1460.. ( Legs au prieure de
Locbl'ist par Yvon Corre el femme, d'un vieil hôtel, place à
, maison à son courtil el franchises, le tout dit, situé en la
ville de I,och/'ist, pour être les donateurs participant à bonnes
(I) 'La gUl'cée, le boisseau la, mesure l'aise, la mes ul'e racle, la mesure
comble etc ... étaient des mesures employées a,ianl l'adoption du systè
me métrique. Ces mesul'es variaietlt d'une paroisse à l'autre, rendant le
commerce très difficile : c'est ainsi que la mesure comble de Lesn e ven
et la mesure comble de Maillé n'étaient pas d'égale grandeur.
-104 - ,
prières et messes qui ont et auront li eu à l'église prieurale ))
28 may 15,21. - li ' Contrat de concessions de tombes et
voûtes en l'égli se de Lochri st, à Goulven Maucazre', éc uyé à
la cha rge :
1°) de faire fenêtrer sur le chœur . .
2°) de payer un e ga rcée fr oment, mesure comble de Seïz·
Ploué ».
29 may 1521 . -- ( ( Acte de dona tion au prieu ré de Lochrist
représen té par frère Pri ge nt Camper, religieux de l'a bbaye
de Saint-Mahé fin -terre, consen ti par nobl e dam e Jeanne d'u
Rest, portant r'ellte annuelle un quart from ent, mes ure com
ble de Seïz-Ploué, su r les hér ita ges de la donatri ce en la pa roisse de Plounévez, en faveur de l'octroi de 2 tombes »,
21 may 1557 . « Contrat de don au prieuré de Lochrist, par
noble homme Jehan Kerdaniel sieur de Kerlec'h , d'une pièce'
de terre au terroir de Traonfeunteun en Ploun évez. à la char
ge de 5 messes, l' un e à notes, les autres à ba sses-vo ix , à être
célébrées eil l'égli se prieurale le jour et fête de l'invention
de la Sainte-Croix ».
17 novembre 1602, - Acte porta n t concession et confirma ti on
de lom bes en l'église prieurale de Loc hri st, par le sieur Lé
Moine prieur, à Marie Richart et autres, moyennant 1 pi èce
de terre dans le parc dit Quibidi c en Bréto uaré de la con te
nance de 8 sillons 1/2,
Une lia sse de procédure 1602 nous apprend en outre
que le prieuré percevait la dîm e sur un certain nombre de
villages. '
-Le prieuré avait aussi J es reve nus d'un e foire qui se tenait
chaq ue année à Lochrist le 14 sep tem bre, foire très impor-
tante à l'époq ue: Mais un e lettre du duc de Breta gne, en date
du 16 octobre 1463 donn e ces reven us au sire de Kermavan .
Une autre Jellre du 2ï juill et '1482 confirm e les droits de ce
dernier.
--- 1tiO
de M ant/ort de Reichemont Estampes et de Vertus de la part
de nostre bienamé et féal chambelan le sire de [(ermavan nous
a este (ait ?'emonstrances de noz lectre et mandement pa tant
oncques lesquelz ces presentes sont annexées entant que nostre
leèt1'e et mandement conscernant l'oetl'oy que la (oire qui
avait accostumé avoir cours atb bourg de Loccrise le jour saincte
crouez, en se/1 tembl'p. pal; chacun an se peust commanc'er et
avoir lieu au temps avenil' des laveille de ladicte leste et par
tout le jouI' d'icelle et que dl'mpu.yx le dict octroy et concession
dcsdictes lecU'es qui (Ilt le saizième jour d'octobre lan mil
quat' I'e cent soixanle Il'ois nostre dict chambelan navait lait
faire publicacion et noctificalion de 1/0S dù:tes leetl'e et man
dement touchant le dict article ces dieeulx fait enterinence au
mayen de quay il daubl oit que on '7 Just pour celle raison dire
. qu'il lW devrait jouir ne se aider denastre leetre et mande-
ment et du cantenu en icelle .. ... .
Mandons a noz présidant senesehaulx, allouez /iailliffs lieux-
tenantz , pl'ocurwl's, receveurs et a tous noz feaulx el subjets
et qui de ce pourra appù)'tenir (aire, souffhr et laisser nostre
det ChambeLLan jouir et user paisiblement selon son contenu
à cet a/ree.
PRÉÉIVIINENCES
UII certain nombre de seigneurs possédaient des préémi
nences el chapelles prohibitives dans l'église du prieuré.
Voici ces prééminences tel les qu'on les trouve dans le pro
cèsverbal notarié du 20 avril 1687.
1 °) Cha//cUe du. seiq?1.elll' mOl'quis t h l'armon. La chape-
ll e du S. marquis de Carman est à l'aile droite de l'église,
u ne a l'cade de la di k cha pelle joi n t la nef.
Dans la fenê tre du milieu au ·dessus de l'autel de la dite
égli se, il n'y a aucune vitre fors l'écusson au milieu appar-
tenan t au S. marquis de Carman , Un autre écusson se trouve
au milieu du pignon au bas·bout de l'église. '
-11>6 -
Le sieur de Carman a le titre de Seigneur supérieur et fon
dateur de l'église de Lochrist ; il possède un e tombe au mi. lieu du chœu r.
) Voûte el pniéminences dt/1; Penan1'1J,e du Dresnay. -
Dans la voûte et prééminences qu'on dit apparten ir au S.
de Penanrue à cause de la terre de Lanarnuel, il manque 3
toises de muraille. Le bois des dites voûtes et prééminences
entre dans la neL Les voûtes et prééminences contiennellt 21
pieds et demi de large à compter depuis la cha pe ll e du dit S .
. de Carman, ju squ'à la seco nde fenêtre au-dessus de la dite
voûte. Dans ce tte fenêtre et l'a utre au·dessus il n'y a au cune
vitre.
) Chapelle et prééminences dt~ Chaleau/u1'. Les chapel·
les et prééminences de Cbateaufur co ntienn en t de long 28
pieds. Il manque 3 tui ses de muraille.
) V oûte ct prééminences du S. de Kermen- e oulpiquet,
Kerlivi' ri elc. Ces voûte et prééminences son t au·dessus de
celles susd ites de Chateaufur en 'descenda nt pa r l'aile ga uche
de la di cte ég li se. Elles appartiennent au sieu r de Kerm en à
cause de sa terre de Kerliviri et co nti en nent 16 pieds 7 pou-
ces de long.
5") Chapelle ( ,t p1'eéminence
du. Sr de Coatanfao. Les
chape lle et préém in ences qui s uivent en desce nd an t,
appartiennent au S. de Coatanfao à ca use de sa terre de Mo-
rizut'. il man que 2 toises de muraill e et 2 palâtres .
6°) Voùle et J!1'(!éminences (tu manoir de Traonboz.
Les voûte et préém in ences dépendant du manoir de
Traonboz cont iennen~ '2 pieds et demi de long, el son t situées
entre la porte de la chape ll e de Morizur et la chapelle ci-après
dépendante de Kerouzéré.
7°) CheweUe el préeminences de J(erouz éré. - Cette cpa pe lle contient 25 pieds et demi de long. La voûte entre la cha·
pelle de Kerouzéré et les dites prééminences, menace prompte
ruin e. La voûte au·dessous, joignant la neff est mauvaise .
11)7 -
La voûte vers la tour et la muraillp de la 'chapelle, manquent
de réparÇl.tions.
ORNEMENTS ET EFFETS
Un inventaire en date de 1670 donne la liste des ornements
et effets de l'église prieurale de Lochrist (1) .
1°) Une cro ix d'argent avec l'image dp. N. S. en ci'o ix avec
les armes de feu. Sieur Cupiff précedent prieur.
Un pied de bois.
2°) Une image de N. S. d'argent blanc portant: Salvator
Mundi. Un visage d'argent, un autre d'airain .
30) Un calice de vermeil avec les armes de Kergournadec'h
au pied de la patène.
4°) Deux ca li ces d'argent doré. .
5°) Autre calice en plomb avec patène d'étêlin.
6°) Un reliquaire en bois en forme de bras, avec 4 reliques
différentes ,et de .$ inscl'iptions. .
. 7°) Un autre reliquaire en forme de pantoufle en bois, cou-
verte d'un e gr ill e de fer.
8") Une cro ix d'argent pour la procession avec sa châsse de
cuir et son pied de bois.
gO ) 4, petites sonneLles dont une plus grande pour avertir le
commencement de la messe.
10°) 1 graduel in-12; --: '1 antiphonaire in-folio; 3 missels;
1 propre de Léon pour la messe.
11°) 2 croix de cuivre pour les enterrements.
) 8 aubes, 6 amicts et 6 ceintures.
13°) 12 chasubles avec leurs voiles, étoles et manipules.
14") 4 dalmatiques, 2 à fond rouge el 2 autres violets.
15° 1 grande lampe de cuivre .
(1) Cet inventaire ne comprend malheureu sement pas l'énumération
des statues des saints qui se trouvaient dans j'église .
- 158 --" "
16°) 4 chandeiiers de cuivre.
n O) Une chaple vi olette, 2 douzain es de na ppes.
18°).4 parements d'autel avec un parement pour la chaire
du prédi cateur. .
' J9°) '1 pupitre po ur le chœur avec un banc .
) 11 clefs po ur la chapelle dont un e pO Ul' le tronc situ é
près du mouli n.
CHAPELLENIES
Un grand nombre de chape lleni es étai ent desse rvi es en l'é gli se pri eurale. Les titulaires .de ces cha pe lleni es étai ent des
prêtres qui exerca ient parfois dans d~s paroisses très éloi gnées de Lochn st.
. Les béll éfi ces consistai ent en revenu s divprs : blé, terres
maiso lls etc.
En 1790,7 chapelleni es so nt encore desse rvi es.
) Cilapelienie de Lochrist, présentateur: le Seigneur de
Maillé : Un e messe ba sse par se maine à Loc hrist. Titulaire,
M I' Chagnet du di ocèse de Paris.
) Chapell eni e de Carman, présentateur le Seigneur de
Maillé : ull e messe basse pa l' semain e à Lochrist. .
3°) Chapelleri e de Coatèlés, présentateur le Seigneur de
C oa télès ell Pl abelln ec : un e messe basse par se maine. Titu
laire Mf Le Fl oc'h , recteur de Sizun.
4") Chapelleni e de Pillac, présentateur, l'ordi.1aire : un e
. messe basse pa r semaine. Titulaire, Nicolas Le Gallou prêtre
à Gui ssény.
5") Chapell eni e de Yves M oa n : un e messe basse pal' se maine
6") Cbape ll en ie de Kersa bi ec : prése nt ateur: M I' de Launay
de Létang, sieur de Kersabi ec : 2 messes ba sses par semaine.
7 ) Prieuré .de Lochrist: 1 messe basse les Dimanches et
fêtes et deux par an à chants, les jours de l'Exaltati on et de
l'Invention de la Sainte Croix .
- 159-
PRIEURS
Nous avons pu dresser la liste des prieurs qui se sont sUc-
cédé à Lochrist.
1:i3 '1. Yvon du Palust.
21 fév ri er
1536, _. Pri ge nt Camper ancien religieux de
l'abbaye de Saint Mathieu,
157'1. Tanguy le Gall chanoine de Lesneven,
1597, - Jacqu es Le Moine.
' J609. - René du Gan'eau (résigne en faveur
d'Isaac Fouquet).
' 1 610. - IsaacFouqu etchanoin e de Tours (rési gne en faveur de son neveu ).
1628. - Jean Fouquet, doyen du Folgoë t, neveu
du précédent.
1633. -- Robert Cupiff, devint évêque de Léon
en 1637, résigne en faveur d'Yves
Fouquet avec obtention de 500 li vres
de pension,
29 fév ri er 1 640. - Yves Fouquet.
1664. - Loui,s Chesnel docteur en Sorbonne.
1687. - Jean Louis de la Bourdonnaye, docteur
en théologie de la faculté de Paris,
évêque de Léon en 1701.
. 21 août 1714, - Ollivier Hyppolite Louis de la Bour
donnay e, prêtre du diocèse de Saint
M \lo, li ce ncié en théologie de la fa
culté de Paris; abbé commandataire
de l'abbaye de Saint-Maurice Carn oët.
15 novembre 173~. - Jacques Nicolas Gauthier, prêtre du
diocèse d' Avranch es, demeuran l au
collège d'Harcourt à Paris.
2 septembre 1740. - Louis Digne, bachelier en théologie du
lieu de Bargemon, diocèse de Fréj us .
160
29 novem bre 1768. Georges François Marie Lu ca n du ty-
. men . Sous-diacl'e du diocèse de Léon .
1780. - Jean Le Bouler, prêtre de la Congré ga tion des missions .
Ces prieurs étaien t nom més par le pape, mais parfois il s
résignaient le prieuré en fav eu r d' un parent ou d'un ami, et
généra lement le pape ratifi ait.
Co mm e on peut s'en conva incre par la liste ci-dess us, les
prieurs se trouva ien t so uvent très éloignés de Lochrist. Parfois
même ils IIC vena ient pas visiter leur prieuré .
Ils avaient des procureurs chargés de percevoir les béné
fii ces en leur nom et d'ad ministrer les biens du prieuré. Ces
proc ureurs étaient gélléra lem en t des a voca ts ou des prêtres
du diocèse. .
Les prieurs se montrent en géné ral âpres au ga in et cher
chen t à reli rer du prieuré un important bénéfi ce. Les orne·
menl.s et l'ég lise el le-même so nt laissés en mau vais étal. En
vain, le fermi er généra l dema nd e-t· il des répa rations : le
prieur fait la so urd e oreill e. Les quittances de ferma ges por tentparfois des observations attestan t le soin qu el es « pro
cureurs li met ta ien t dans l'administrati on du pri eu ré.
« Reçu de Jean Le Mest 53 1. Le "lest ne wltiue pas bien,
il n'a pas soin des fossfs ii .
« Reçu de Troadec 15 1. Cet article aurait dû être affermé
davantage ; ' il faudra y faire attention au p/'ochain renou-
vellement ii .
Les divers baux de' ferma ge du moulin situé en contre-bas
de l' ég lise, montren t un e progression cons tante .
Le prix de la loca ti on en 1.609 est de 120 l. plus '1 2 cha pons
et 12 poulets ; en 1644 138 1; en 1666-153 1 ; en 1729-165 l,
plus 12 poulets; en '1743-174. 1 ; en 1749-200 1 ....
Cependant les reven us du prieuré diminu ent sans cesse . .
Des terres sont vendues et le patrimoin e se rétrécit d'ann ée
en année.
En 163'7, Robert Cupif publie un monitoire (1) « pour recou- .
vrer les papiers et terres usurpées au prieuré, pour Cléder,
Lochrist, Plouescat et Ploénèvez )) .
De nombreux papiers sont éparpillés chez des seigneurs ou
chez les héritiers des anciens prieurs.
En 1781, le revenu n'est plus que de 1200 1. .
Rattachement du prieuré
au seminaire
de Léon
Nous voici loin de l'ancienne splendeur de Lochrist·an-Izel-
vet. Depuis le moyen-âge sa prospérité est allée sans cesse
décroissant. Jadis il avait droit d'asile et franchise ; puis
Lochrist devint simple prieuré et fut possédé par des prêtres
séculiers; il . ne tarda même pas à devenir prieuré de sous
ordre, car il fut rattaché à l'abbaye de Saint-Mathieu finterre.
En 1780, les -directeurs du Séminaire du Léon sollicitent
le rattachement du prieuré de Lochrist à leur Séminaire. Ils
se plaignent dè l'insuffisance des revenus de ce séminaire.
Depuis 1689, époque de sa fondation, ils n'ont que « 300 livres
de pension par tête )). Or, à cetle époque disent-ils, le blé
était seulement à 9 et à 10 livr~s la garcée, et en 1780, la
garcée vaut 30 livres. Le vin, les étoffes etc. ont renchéri
pendant ce temps de plus de moitié.
La demande est prise en considération. Une enquête de
commodo et incommodo est faite par Corentin de Troérin,
prêtre; li ce ncié ès-lois, grand chantre el premier dignitaire
de l'église cathédrale de Léon, vicaire général du dit diocèse.
Il entend de nombreux témoins:
(1) En terme de juridiction ecclé§;ia~tique, un moniloÏ!'e est llll e lettre
publiee pour obliger ceux qui ont connaissance d'an fait à révéler ce
qu'ils en savent.
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. - TOME XLIII (Mémoires 11).
"'- 162
Paul Inizan ('1 )48 ans ma~chand ménager demeurantà Lan-
zécin déclare cr qu e les revenus du prieuré so nt d'environ
1200 livres, que l'ég lise est en état pitoyabl e et qu'il n'y a
pas d'incommodité à réunir le p' ri euré au Sém in aire, pourvu
qu'on y dise la messe ».
Hervé Abervé, meunier au moulin de Lochrist; Hervé
Gloria (l fourni er Il à Loc hrist et Le Bras ména ger à Ker-
go ungas « déposent en leur vul ga ire langage breton, par
l'organ e de· l'interprète. » "
Par décret, en date du 25 sep tembre 1781, M gr de la Mar
che évêqu ll de I. éo n cr éteint et suppr ime à perpétuité le titre
de prieuré de Loc hrist. »
(( La dite extincti on n'aura so n plein effet qu'à partir de
la mort du sieur J ea n Le Bouler, titulaire actuel du bénéfice
et qui le res tera de so n vivant.
Nous unisso ns dès à présent à notre Sémina ire de Léon, le
clit prieuré avec tous ses fruits et dépelldances, à condi ti on,
qu e le Séminaire paye la première année au dit sieur Le
Bouler, la so mme de 600 livres et ensuite 300 livres sa vie
dura li t. .
Le Séminaire sera chargé de faire acquitter toutes charges
spi ritu ell es et temporelles du prieuré.
Le Sieur abbé de Saint-Mathieu fin -terre, aura le droit
de prése nter chaque année un sujet pa uvre du diocèse, pour
jouir d'une bourse au dit Séminaire, à concurrence de "100
livres par an. »
Le roi Louis XVI approuva ce décret par lettres données à
Versa ill es au mois de décembre 1781 ; le Parlement de Ren-
nes l'enregistra le '1
février 1782 .
(1) Paul Izinan . fut l'un des délégués choisis par la paroisse d e Plou
névez pour prend re part à l'électi on des députés du Tiers à Lesneven
en 1789. 11 joua un r ô le prépondérant dans les d élibération s de l'assem·
blée.
- 163-
Le Séminaire confie la désse l'te de la chapelle à Ursin, Le
Gall (l) prêtre à Pl oullévez-Lorhri st.
I.e Gall a la charge:
1°) De dire à l'inten tion du prieuré de Lochrist, toutes les
messes dont le dit prieuré est chargé. Savoir: une messe
basse tous les dimanches et aulres jours de l'ann ée .où il y a
lieu de l'entendre: une messe à chant le jou r de l'Invention
de la Sainte-Croix, et six aulL'esmesses basses les jours de
la semaine pendant l'année.
(2) De chanter la messe du ln' de l'an et du dimanche de la
passion, et aussi un nocturne des morts le t er dimanche qui
suivra chaque Saint-Michel.
De chanter vêpres le dimanche de la passion et le jour de
l'exaltation de la Sainte-Croix.
3°) D'exposer la Relique les fêtes principales et la donner
àba:iser au peuple.
4°)' De procure r un sermon le jour de l'Exa llation sur le
mystère.
5°) De faire recueillir avec soin et vigilance toutes les offran-
des en blé, ' lin, toiles, argent et autres objets quelconques,
tant à la chapelle du dit Lochri st, qu'au Irone du chemin,
faisant pour ces objets tou s les frais nécessaires sans aucune
reprise, sauf un homme qui se ra fourni par le Séminaire
pour les fêtes de l'Exaltation.
6°) De répo ndre de tous les objets portés à l'inventaire .
7°) De faire balayer tou tes les semaines la chapelle 'et la
sacristie
faire arranger l'autel et sonner la cloche aux temps
requis et d'usage.
80) De fournir le blancbissage du linge de l'ég li se
le lumi-
(1) Ce Le Gall eut une existence très mouvementée. Sous la Révolution,
il . prêta serment, fut n omme curé constituti onn el d'aùord à. Plougu er
neau, puis à Plounevez:LQchri st. Il n'y trou va ni logemenl, ni pension,
dû se retirer il Tl'éflez ; puis il quitta les ordres, se maria, acquit une
hau te situation il Lesneven et devint procureur syndic il Landerneau,
164
naire, le pain et le vin des messes, le servant et autres per
son nes nécessa ires.
9") De faire ouvrir l'église le matin et fermer le soir.
Depuis de longues années, la vieille église de Lochrist me
naçait ruines. Longue de 120 pieds et large de 40, elle était'
trop étendue en égard au nombre des· fidèles qui la fréquen
taient. En outre, elle éLait dans un tel état de vétusté qu'il
fallait, non la réparer, maisla refaire.
En '1783, Mgr de la Marche décida de construire sur le
même emplacement une autre église de moindres dimensions
ayant 40 pieds de longueur sur 2'1 pieds (ie largeur, avec 3
fenêtres de chaque côté. La dépense était évaluée à 10289
livres. Le clocher seul devait être conservé, et il fut décidé
que les écussons, feux et autres marques de prééminences
pourraient être par le~ ayant-droit, remplacés à leurs frais
dans la nouvelle église en observant les proportiollsque corn·
portait l'étendue de la nouvelle construction.
Les écussons des seigneurs prééminenciers furent placés
dans les.murs de la nouvelle chapelle; leurs armoiri es furent
peintes sur les vitres des fenêtres. Les écussons se voient
encore aujourd'hui, mais les vitraux ont été brisés proba
lement sous la Révolution et remplacés par de simples verres.
Quant à la maison prieurale et à ses dépendances' qu'un
illcendie avait consumées en 1778, elles ne furent pas relevées .
Leurs pierres O llt servi à la construction des fermes avoisi-
nantes.
Mais bientôt survient la Révolution de 1789,
Le directeur du Collège de Saint-Pol doit rendre compte
de sa gestion au Directoire du district de Lesneven .
En 179' 1, l'ancien prieuré de Lochrist et la chape ll e du
Guermeur ( 1), n'ont plus qu'un seul et même titulaire .
(l) La ('hupelle ctll GlIe"velll' ou Gurrmelll' est baÜe près du château
de Muille en Plollnévt'z·LochrisL Elle fut bâtie en 1555 dans le grand
bois de .Seiz-Ploué ; si l'on en croit Albert le Grand, cette chapelle fut
f60
« MJchel Rollant Chagnet, clerc. tonsuré à Paris. J)
. A cette époque, le revenu annuel de ces bénéfices, certifié
par le Directeur du district, est de 769 l. 10 sols. Les dépenses
comprennent:
) Le HSe du revenu annuel pour les réparations.
2°) 200 l. pour la desserte des messes et fondations .
3") 82 l. 2 sols pour l'imposition aux décimes.
Bientôt tous les biensdu prieuré, y compris le presbytère
sont vendus comme biens nationaux; la chapelle est fermée,
et le silence et la désolation remplissent ces lieux jadis si
anl mes.
Il nous reste bien peu de ehose~ à dire sur l'antique prieuré
de Lochrist aujourd'hui bien abandonné des dévots.
La tradilion rapporte que les derniers moines en(ouiI:ept le
trésor de l'abbaye sous la croix de pierre qui domine l'étang.
Nul chrétien, dn la légende, n'oserait ,toucher à ces richesses
placées sous la garde de la croix. Or, il y une trentaine d'an-
nées, des bohémiens
mis au courant de la légende voulurent
praliquer des fouilles en cet endroit. Ils empruntèrent des
outils chez . un fermier du nom d'Abaléa, avec qui ils promi
rent de partager. Mais, par, crainte d'être d'érangés ils ne
travaillèrent que la nuit. Pendant qu'ils creusaient, Abaléa
priait pour obtenir du ciel la réus~ite de l'entreprise. Mais
hélas 1 il comptait sans les chiens de Lochrist qui, entendant
un brUi t inaccou tu mé a boyèren t si fort q u'i Is évei lIèren t tou t
le village. .
au XVI' et au XVII' siècles un lieu de .pèlerinage tres frequente. Les sei
gneurs de Carman y fondèrent une chapellenie. Mais la chapelle fllt in cendiee ; les habitaiüs s'empressaient de sauver les richesses du château
menacé aussi par l'incendie; mais le S' de Curman se précipita dans la
chapelle et sauva deS flammes les objets pieux en s'écriant; « D-ieu
avant ! ». Depuis lors. ces mots figurent comme devise dans les armes
de la maison des Carmau. En 1805 le pelit clocher fut placé sur la r,emis('
du châleau ; c'est la chapelle qui existe encore aujourd'hui. '
- 166
Quelques habitants intrigués, se levèrent et mirent en fuite
les chercheurs de trésors. ' .
La chapelle, fermée pendant la période révolutionnaire 'a
été de nouveau ouverte. Les reliques ont été transférées 'à
l'église paroissiale de Plounévez. Trois fois par jour, la voix
argentine de l'unique cloche vibre encore à l'heure de l'angélus
et réveille les échos endormis du vallon ;' mais la chapelle ne
retentil'plus guère du chant des pèlerins; on n'y dit plus la
messe qU'à l'occasion du pardon, et les « pardonneurs » 'vont
; san'S ' cesse diminuant, et les vieillards seuls parlent encore à
qui veut les écouter, des antiques splendeurs de Lochrist-an- '
Izel vet. '
Cependant I~ guerre de 1914 a ramené à Lochrist de nom
breux fidèles qui y venaient prier pour les absents et deman -,
der au Dieu des armées, le retour d'un !ils, d'un mari ou d'Un
fiancé.
DERNIER MIRACLE DU 'CHRIST: LE
Je ne puis terminer celle notice sur Lochrist sans rapporter
une èurieuse légende que l'on se raconte encore dans les veil-
lées , (( Le dernier miracle du Christ» (1). '
1 Autrefois vivait à Lochrist-an-Izelvet une jeune fenime du
nom de Francesa,' célèbrepar sa piété Jamais un pauvre ne
frappait à sa porte sans recevoir au moins un morceau de
pa ln ,
, Un jour cependant, un malheureux se présente, grelottant
et suppliant: (1 Je n'ai rien mangé depuis 3 jours, je meurs
de faiIT) , un morce, au de pain s'il vous plaît... II .
' (il Cette l égende est ecrite en vers bretons, mais un vieillard me l'a
'racontée 'àvec des variantes qui en augmentent 'l'intérêt et c'est celte
version que l'on va lire.
~ 167-
.Mais la ménagère estpress~e, les hO!TIme~ vont rentrer ~es
champs et le repas n'est pas encore prêt.
· Je n'ai pas le temps, s'écrie-l·elle, repassez une autre
fois.
Mais le pauvre a bien faim, il supplie, il parle au nom dy
Chl;ist! .'" '.
Rrancesa, si calme d'ordina)re, s'emporte: . Allez-vous-
en ouj.e mets le chien à vos trousses J . . :
Mais le vieillard ne bouge pas: les forces lui manque~t .
sans doute Le chien estdétaché, mais loin de saut. er sur le
malheureux. il le flaire et lèche ses membres engourdis.
Le me. ndiant s'éloigne; il se traîne péniblement et tombe
expirant devant la porte de la cour. Le chien. se couche à s. es
pieds. . , '"
Bientôt, les gens reviennent des champs. Quelle Il'est pas,
leur surpris, e de voir ,ce cadavre qu'a,ssistait seul le chiend.e
a maison ....
Lorsqu'à sontour, Fmncesa voit le vieillard ételld. u et d~jà
froid, elle pleiJre..et se lam, ente. '
, . Hélas, s'écrie-. t-elle, · je suis cause de celte mort, j'ai
refusé à ce malheureux lemon,eau de pain qu'il me demf,ln-
dait au nom du Christ. Je suis maudite, car Dieu ne voudra
. jamais me pardonner une telle taute !
Le lendemain on enterra le pauvre mendiant; Francesa le
suivit au cimetière et prit à sa charge les frais de l'enterre-
ment. .
De retour chez elle, qu'elle n'est pas sa stup~faclion de re- .
trouver SUI' la table son argent et les linceuls qU, i entouraient
le mort. A cette vue, toute pâle et toute tremblante, elle s'en-: .
fuit et court à l'église où se trouv~ encore le prêtre. Elle lui
confesse sa faute .
- Je ne puis vous donner l'absolution lui dit le prêtre; le
doigt de Dieu se montre .trop clairement dans tout ceci. Il
vous faut aller à Rome; le pape seul peut vous absoudre.
_. 16S - -
Pauvre Francesa 1 le cœur saignant elle s'eh re.tourne chez
elle. .
- Va 1 Va ! lui dit son' mari, nous sommes assez riches,
nous vendrons tous nos biens, s'il le faut. Du reste je t'accom-
pagneral.
Les préparatifs sont vite faits. La m~re embrasse ses deux
enfants; elle donné à boire une dernière fois au plus jeune qui
tête encore, et toute en larmes, elle les laisse aux soins d'Une
vOlslOe.
Voici sur la grande route Francesa et son mari. Ce dernier, .
armé d'un pen-bas, porte quelques provisions dans un bissac.
Tout-à-coup Francèsa se rappelle qu'elle a oublié dans son
armoire l'argent du voyage.
- Retourne vi te le prendre, je t'altendrai ici, dit-elle à son
man.
En toute hâte, celui-ci·retourne à Lochrist. Revenu à l'en-
droit où il avait quitté sa femme, il ne la retrouve plus. Poussée
par une force surnaturelle, celle-ci avait continué sa route.
Le pauvre homme se lamente, déplorant son triste sort. Il
interroge les passants: personne n'a vu Francesa. Après de
laborieuses; mais vaines recherches, il s'en retourne chez
lui ....
De longu es années se passent, sa femme ne revient pas. Il
l'attend 15 ans ; puis au bout de tant d'années, la croyan·t
morte, il se remarie.... -
Cependant Francesa vivait toujours. Après bien des péri-
péties et non s'en s'être plusieurs fois trompée de route, men
diânt et couchant dans les granges, elle arrive enfin a. u terme
de son voyage, 24, ans se sont passés depuis qu'elle a quitté
Lochrist. ...
Elle se jette ' aux pieds du pape et lui demaride pardon de
son péché.
Le Saint-père l'écoute ave bonté. Mais avant de l'absou-
169
€lIe devra rester trois jours, filant du lin, avec,
nourriture, du pain sec et de l'eau .
pour toute
Mais pendant huit jours on oublie la pauvre Jemme dans
sa prison. Lorsqu'enfin on se souvient d'elle, 0)1 la croit morte,
mais on la retrouve filant toujours, en bonne santé, et fort
heureuse. .
Le pape alors lui donne à baiser l'anneau pontifical et la
'congédie avec son absolution.... . .
En sortant de Rome, Francesa rencontre Ull inconnu qui
, lui demande où elle va ?
- Je suis de Bretagne, répond-elle, je vais à Lochrist:an
lzelvet. Mon mari et mes enfants m'y attendent depuis 24 ans .
-..:- Que Dieu soit loué, lui répond l'inconnu,je suis le sculp
teur qui tit le grand crucifix de l'église de Lochrist. Vous re
trouverez votre pays: prenez cette bague blanche, elle vous
y conduira tout droit. Quand vous reverrez le « christ)) rappe-
iez-moi à son bon souvenir, et dites-lui que je l'aime .
Adieu ...
Toute rassuré.e, .l'âme inondée d'une joie céleste, Francesa
continue sa route .
Que de fois depuis son départ, n'a-t-elle pas pensé à son
mari, aux deux chérubins qu'elle a laissés après elle. Que sont
ils devenus? Comme ils doivent être grands et changés 1 Les
recon naltra -t-elle ?
La pauvre femme ne sent plus ni le froid, ni la faim. Ses
-pieds endoloris ne lui font plus mal: la bague mystérieuse
1a guide,.. . .
En moins d'un an elle refait la longue rou te qu'à l'aller elle
:a mis 24 ans à parcourir,
La voici à Lochrist-an-Izelvet,
Toute tremblante elle frappe à la porte de la maison qu'elle
:a. quittée depuis tant d'années.
- 170 -
Comme le cœur lui bat! son mari va sans doute se jeter
dans ses bras 1. .. '
Hélas! C'est une femme inconnue qui lui ouvre et d'une-
voix arrogante lui dit:
- Passez votre chemin. on ne loge pas ici!
La pauvre Francesa s'éloignait déjà lorsqu'une jeune fille
in tervi n t.
- Entrez, lui dit-elle, si ma marâtre ne veut pas vous don
ner une place pour la nuit, moi je vous donn erai mon lit!
Et elle la força à s'asseoir au coin du feu. Près de la table
un jeune prêtre lisait son bréviaire. Il s'approcha près de la
pauvre femme couverte de poussière, les pieds nus et ensan-
glan tés. .-
- Lave-lui les pieds ma sœur, puis tu lui donneras des.,
bas et des sabots.
Et, comme illa regardait, son cœur baltit plus vite. Devant.
cette femme, il se sentaitl'âm& inondée d'un bonheur in.ex- .
pliqué ...
- La jeune fille se mit en devoir de laver les pieds de Francesa~
el comme elle se baissait, elle étouffa un cri de surprise:
un signe pareil à celui qu'elle portait plus bas que la cheville-
apparaissait sur la jambe de la ml1lheureuse.
--:- Serait ce ma mère? se dit-elle. Mais non. ma mère est
morte pa uvre mère! ....
Des bols de souj)e fumaient sur la table.
TeQez, dit le jeune abbé, tendant sa propre écuelle à la,
mendiante, mangez, je n'ai pas faim.
Mais Francesa ne mange que du bout des lèvres. Son cœur
b~t à se rompre. Elle voudrait causer à ces deux jeunes gens
pour lesquels elle ressent une infinie tendresse, mais le dUl~
regard de la mégère qui tout à l'heure l'a si mal reçue. '
arrête dans sa gorge les mots prêts à sortir .
171-
- Pauvre femme, s'écrie le prêtre qui ne peut la quitter du
regard, vous devez avoir grand besoin de repos. Venez, mon
lit est là-haut, vous y dormirez; moi je passerai la nuit en
prIeres.
A peine la bonne Francesa est-elle couchée que le mari
rentre. Il revenait d'urie foire.
Vous avez là, lui dit sa femme, un fils prêtre qui finira
mal. Une pauvresse est venue. Malgré moi, votre fils l'a fait
rentrer, lui a donné à manger et l'a fait coucher dans son
. propre li t. .
Vraiment mon fils, je ne trouvé ceci ni digne de vous,
ni digne de ceux de votre ra ng. ,
Mon 'père, répond le jeune abbé, ne soyez pas si fort en
colère; tout bon chrétien doit agir comme je l'ai fait. Du
reste, je ne puis le regretter, car ce que j'ai fait, je l'ai fait
, au nom de Dieu!. ..
Le lendemain, levée la première, Francesa n'ayant pu
fermer l'œil de la nuit, se dirige vers l'église de Lochrist.
Elles'appruche du Christ et lui répète les paroles du sculp-
teur qui, là-bàs, lui donna la petite bague mystérieuse. Le
Crucifié semb1ait l'écouler avec ravissement et, pour mieux
entendre, il penchait la tête sur sa poitrine ....
Le jeune abbé et sa sœur entra ient en ce moment, Alors,
détachant sa main droite de la croix, et leur montrant Fran-
cesa, le Christ dit d'une voix douce:
Soyez heureux, voici votre mère
pleurée! .
- Mes enfants s'écrie Francesa !
- . ma mere .....
que vous avez tant
Et tous trois tombent dans les bras l'un de l'autre.
Mais, dans ce cri de joie leur âme s'est envolée. Il ne reste
172.·-
plus, étendus sur les dalles froid es que trois corps sans vie ....
Et, paternel, dans un geste de hénédiction, le Christ étend au-
dessus d'eux sa main ensanglantée 1. ...
Janvier 1916.
L. OGES .
363
DEUXIEME PARTIE
Table des mémoiTes pub liés en 1916
1 Argud Absrwrac' h, Le Combat de l'Aberwracî1,
, çomposé par M. l'aBbé Goulven Morvan, tra
duit par :\1. le chanoine Abgrall . ... ,....... 3,
2 Inscl"ptions gravées et sCLllptées sur les églis·es .
~ et (tlonuments, recueillies par M. !e chanoine
Abg rall ........ . .... .. .. .. ... . . .. ............. .
3 :\1ottes :éodales, par :\1. l'abbé Méve' et M, Yves
Le F'eb\'re .......... . ... . ... .. ... . .. . . . . .. ... .
4 · Le vra i texte de l'histoire rniracu'euse de N.D.
du Folgoët, par M. Lécureux .. . . . .. .. ... , . ... ,
5 Le P·rieuré de Lochrist-an-Izelvet, . par M. Ogés ..
6 L'hymne alphabétique et l·es vies de saint Gué
nolé et de saint Idunet,' dans le cartu:ai·re . de
. Landévenn ec, par le P. de Bruyne .. , .. .. .. . .
7 Petite- chrenique· de l\1onsi,eur sainct Tugen, par
M. Le Carguet. . . .. . . ... ,. . ... . . . . . . 184, 213,
8 Notes sur l'établissement du Télégraphe Chappe,
par Daniel Bernard ............... , . , . ... . . , .
,9 Lettres d'un Tambour de la 1
Répub'ique r. e cueillie et publiées pal' M, Marzin... .. . 249,
10 Autour du Moulin-Blanc, 'avec planch'es, par
M. Le Gtiennec .. . ..... ......... .. . . .. . .... .. .
11 Que'qu,es bornes routières, du temps du duc
d'Aiguillon, paT M. le chan oine Abgrall . .. .. ,.
12 Ex· cufsiQn archéologique aux r uines romaines du
Pérenno u, par : -"'1. le chanoine Abgra' J .
13 Guilers, notic. e paroissiale, par M. le comte Co-
nen de Saint-Luc .......... . .. : . . .. . . ... . .... . .
14 Discours de fin d'année, par M. le Président. . ....
Pages
111
201
261