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Bulletin SAF 1915


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Les mottes féodales du pays de Morlaix

Louis Le Guennec

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1915 tome 42 - Pages 86 à 105

M. le chanoine Abgrall veut bien me demander de lui four­
nir, en ce qui concerne la région morlaisienne, une' contribu­
tion à son étude sur les mottes féodales du Finistère. Quoique

je ne possède à ce sujet que des notes trop souvent hâtives et
incomplètes, et que l'époque ne soit guère propice aux paisibles
recherches archéologiques, je lui apporte très volontiers le
mince tribut de mes observations personnelles, qui enrichi­
ront peut-être de deux ou trois nouveaux articles l'Inventaire
dressé par le regretté M. du Châtellier. Un tel travail n'est
d'ailleurs pas dépourvu d'actualité, car, pendant que nos

vaillantes- troupes du front soutiennent, contre les Bar-
bares d'outre-Rhin, une inoubliable guerre de terrasse­
ments et de tranchées, il peut sembler intéressant d'étu·dier
comment nos lointains ancêtres s'entendaient, eux aussi, à

remuer la terre dans un but de défense, et comment ils 'éta-
blissaient ces primitifs ouvrages militaires, ceints de retran­
chements énormes et de profondes douves, dans lesquels ils
mettaient leurs familles etleurs biens à l'abri des coups de
main d'un ennemi à coup sûr moins féroce que les hordes ger-

maniques dont l'odieuse présence cessera bientôt de souiller
le sol de la Ptltrie.

Je décrirai ci-dessous une vingtaine de mottes réparties à

peu près par moitié dans le Trégorrois finistérien et la partie

morlaisienne du Léon. De ces vingt mottes, neuf sont isolées;
huit constituent la pièce principale, le réduit d'un camp plus
ou moins vaste, et trois ne sont, à proprement parler, que
des terrasses médiocrement surélevées au-dessus du sol envi­
ronnant. D'autre part, neuf d'entre elles jalonnent d'anciennes

voies gallo-romaines, et qua tre en surveillent même des
recoupements ~ six sont situées à proximité- (quelques cen­
taines de mètres au plus) de voies ou de vieux chemins
moyenâgeux. La position des cinq dernières n'a, sous ce
rapport, rien de caractéristique. Enfin, il y a lieu de noter
qu'au point de vue seigneurial, quatorze de ces mottes ont été
le chef-lieu . d'un domaine féodal parfois très important, et
que leur présence coïncide pr'esque toujours avec l'ancienne
existence d'une châtellenie, c'est-à-dire d'un fief de haute et
basse justice.

1. -- Coat-ar-Ferté
Le camp de Coat-a l'-Ferté est sans doute l'un des plus
considérables du Finistère. Il se trouve dans la commune de

Plouigneau

à .l kilomètre 800 ail Nord du bourg, SUl' la rive
Ouest de l'étang mi-desséché de Coat-Saobel, à l'orée d'un
taillis vaste et touffu que traverse seul une étroite voie char­
retière. Cette situation écartée et d'accès difficile lui a valu de
rester longtemps ignoré des cht~rcheurs. Il ne figure pas dans
l'Inventaire du Châtellier et a été signalé pour la première fois
parM. Dagnet, professeur au Collège de Morlaix, dans son

ouvrage Au ,ffontroulézis, paru en 1908 (' 1). C'est une large

plate-forme quadrangulaire aux angles arrondis, qui mesure
2;)0 mètres environ de pourtour. Etablie sur un terrain d'une '
déclivité assez prononcée, elle en est séparée, à l'Ouest, par
une énorme douve d'une diza.ine de mètres de profondeur,
Vers l'Est, la douve est remplacée par un retrauchement de
D mètres d'épaisseur sur 3 ou 4 mètres de hauteur, qui do­
mine l'étang. L'entrée principrde s'ouvre de ce côté, dans

l'axe d'une vieille et solide chaussée pavée qui coupe le vallon
et reliait le campà la voie romaine toute voisine de Carhaix
à Lanmeur. Cette entrée donne accès sur une esplanade à peu

(i) A.-J. D (AG~ET) DE LA HERBLINAIS : Au Montroulézis (Prol!lerwde~ ct
travers le pays cleMorlaix). A. Lajat, éd., Morlaix, t908, p. 65.

près carrée, où existent, à l'angle Nord-Ouest, des substruc­
tions de bâtiments dessinant quelques logettes ou chambres .
rectangulaires, A l'extrémité Ouest de l'esplanade se dresse
une motte magnifique, plantée d'arbres de haute futaie,
hêtres et pins, qui peut compter ' 150 mètres de tour à la base
sur une quinzaine de mètres d'élévation, et forme une vraie
colline a rtificielIe, d'un relief surprenant dans ce paysage
aux lignes calmes. La douve extérieure du camp isole cette
, motte à l'Ouest, et un fossé moins accentué la sépare aussi
du reste de l'ouvrage, dont elle formait le donjon. Au som­
met, quelques pierres éparses sont à demi-enfouies sous les
racines et les broussailles .
A l'enceinte de Coat-ar-Ferté s'applique trait pour trait la'
description d'un château du XIe siècle, esquissée à t.raits larges
, et sûrs par M. de la Borderie, dans sa magistrale Histoire de
Bretagne, t. III, p. 94. Son établissement date-t-il de cette
époque, ou remonte-t-il à des temps antérieurs, on ne saurait
lé dire, mais un texte ancien permet de revendiquer pour elle
l'insigne honneur d'avoir servi de résidence à l'un de nos
plus grands saints bretons, à Yves Haelori de Kermartin. Le
trente-sixième témoin entendu à l'enquête pour la canonisa-

tian de l'Avocat des Pauvres, qui eut lieu à Tréguier en 1330,

fut une noble dame, Plézou de Pestivien, veuvé de Messire
Henri Charuel, chevalier, qui déposa avoir connu saint Yves
plusieurs années avan t sa mort et l'avoir vu mener une vie
mortifiée et exemplaire, tant à Pestivien que (( in manerio

dicti mititis mariti sui, vocato le Fertey diocesis TrecoTen-
sis )) (' 1). Les savants éditeurs des « Monuments originaux de
l'Histoire · de saint Yves)) n'ont pu identifier:ce lieu, mais il

est hors de doute qu'il s'agit du château de la Ferté, en Ploui-
gneau, paroisse trégorroise, jadis limitrophe de celle de
Guerlesquin, où la famille Charuel avait son berceau. Depuis
(1) Monuments originaux de l'Histoire de saint Yves, in-folio, Saint-Brieuc,
L. Prud'homme, 1887, p. 90-92.

qu'un recteur de Louannec à peine moins vandale que les
Allemands! a fait sauter à la mine les vénérables voûtes

romanes de son église, sous lesquelles son glorieux prédéces-

seur avait officié et prié, les monuments deviennent rares qui
furent les contemporains et les témoins de cette admirable et

trop courte existence. Aussi convient-il de noter précieuse-
ment celui-ci, où se sont conservées presque intactes l'en­
ceinte qu'Yves Haelori . a franchie et la motte qu'il a gravie
pour pénétrer dans la lourde bretesche de bois, dans la grosse
tour ronde ou carrée où Henri Charnel et Plezou de Pestivien
faisaient leur demeure. Là naquit leur fils, le fameux Charnel,
intrépide chevalier doublé d'un véritable hercule, qui prit
part, en ' 1351, au combat des Trente, et qui avait reçu de ses
parents, sans doute en memoire de leur saint ami, le prénom
d'Yves, Yvain ou Even.
Plus tard, la terre de la Ferté est entrée dans les posses­
sions de la famille Toupin de Kervenniou, vieille lignée che­
valeresque de Plouigneau/ puis elle a passé aux d'Acigné, du
Plessis de Richelieu et Viart de Mouillemuse. Les reg tes du

vieux château appartiennent aujourd'hui à .la famille de
Grainvillé, de Morlaix. Guy Le Borgne donne pour blason à

cette seigneurie: d'or à quatorze biLlets de sable, a ; u bâton rie
guetûes urot'hant sur le tout. Son fief, uni à ceux de Kerven­
niou, Gouarguen et Kerdenis, formait une juridiction de

haute justice qui s'exerçait à Morlaix .

2. - Ar C'hastellou
A '1 kilomètre au Nord de Coat-ar-Ferté, sur la même rive
gauche du ruisseau de Lanléia, au bord d'une vieille avenue
qui reliait les deux manoirs de Kermorvan et de Coatsao, on
trouve encore un autre ouvrage fortifié, I10mmé ar C'hastelLou
(les Châtp,aux). Malgré cette appellation, qui semblerait indi­
quer d'imposantes proportions, il n'y a là ou du moins je
n'ai remarqué, fa ute de temps pour explorer les épais taillis

d'alentour, qu'une motte ovale en partie arasée, et d'une
centaine de mètres de circuit; elle est enveloppée d'une douve
presqu'entièrement comblée, et semble se relier vers l'Ouest,

à des terrassements dont je n'ai pu préciser l'importance ni

le caractère. La tradition locale dit qu'il y eut souvent guerre
autrefois entre le seigneur de la Ferté et celui du CastelJou .

Peut-être avons-nous ici les ruines du chef-lieu primitif de la
seigneurie de Coat-Sao, qui fut une des châtellenies incorpo­
rées à la terre de Guen'and, lors de son érection en marqui- .

sat, par Louis XIII (1). Le manoir de Coat-Sao, rebâti au

siècle à DUO mètres plus au Nord, existait encore il y a

peu d'années, avec son double portail, sa sombl'e façade aux
fenêtres garnies de meneaux ou d'épais barreaux de fer, son

élégante lucarne à crossettes, sa chapelle gothique s'ouvrant
sur la cour, son puits monumental. Tout cela aujourd'hui
n'est plus qu'un attristant souvenir.
3. Castel-Dinan

Sans sortir de la même commune de Plouigneau, mais
tout à son extrémité Est, sur une colline âpre et nue domi­
nant à '147 mètres d'altitude le confluent du petit fleuve
côtier le Douron et du ruisseau de TrogofI, nous rencontrons
le camp retranché de Castel-Dinan, très vaste ouvrage placé
dans une exceptionnelle situation défensive, à la crête d'une
sorte de promontoire bordé à l'Est et au Sud par la vallée, au
Nord par ùne depression humide, et à l'Ouest par une barrière
rocheuse naturelle que renforce un large talus bordé d'un
fossé. L'aire du camp est de forme ovale et peut mesurer

DOO mètres de pourtour, mais les retranchements extérieurs,
très visibles dans la partie Nord-Ouest, se sont éboulés sur
le reste du périmètre, et ont même disparu en certains .
(1) M. DU CHATELT.lRR (Inventaire) si$llale un camp à Kermorvan en
Plouigneau. Ce pounait être le Castellou, qui n'est :pas très éloig-né du
manoir de Kermorvan,

end'roits du côté de la vallée. L'entrée s'ouvre à l'Ouest. Au
milieu de l'enceinte existe un réduit ou motte prétorienne
ovale environné de douves profondes et de retranchements
d'une hauteur de 4 à !) mètres. L'esplanade intérieure, de

70 mètres environ de tour, montre encore, sous les ajoncs et
les ronces, les ruines d'un édifice qui la remplissait pres­
qu'entière et dont les murs, épais d'un mètre, sont formés de
moellons à peine dégrossis, sans a ppareil caractérisé .

Des remparts du Castel Dinan, la vue s'étend très ample

sur la région de Trémel, Plufur, Plouégat-Moysan. Au pied

des pentes tapissées de landes et de fougeraies, le Douron .

sillonne sa creuse et solitaire combe. Au Nord, par delà les
plantureux terroirs de Plouégat-Guerrand, un horizon bleu
de mer apparaît dans la baie de Plestin, tandis qu'à l'opposé,
les croupes onduleuses et fauves des monts d'Arrée se haus­
sent au· dessus des hauts plateaux de Botsorhel et de Guerles­
quin. Ce camp retranché a une origine gallo-romaine. A deux
reprises, dans le chemin qui le relie à la route de Plouigneau
à Plouégat-Guerrand, j'ai trouvé des morceaux de tuiles à
crochet mêlés à des pierres provenant des champs d'alentour.
En remuant la terre du courtil d'une petite chaumine tapie
dans la douve du camp, près du hameau de Glesquer, on m~t
fréquemmr,nt ,au jour des tessons de poterie et des débris de
terre cuite. Là devait être le fumier de la garnison. La route
qui passe à 200 mètres à l'Ouest est une vieille voie qui sem­
ble avoir relié Carhaix au poste de Locquirec, par Guerlesquin
et Plouégat-Guerrand, et que jalonnent encore d'autres ou­
vrages ou des lieux-dits significatifs (la Haye, la Boissière,
etc. ) .
. Dans son Histoire de Morlaix, p. 8, G. le Jean traduit le
nom de Castel-Dinan par: Châtea.u InvincibLe. L'adjectif
breton dina.m signifie en effet: sans tache, et pourrait donc

être 'appliqùé métaphoriquement à une citadelle inviolée.
mais ici, les anciens titres nous fournissent une étymologie

plus simple. La maison de Dinan, qui a possédé durant cinq
siècles au moins un domaine considérable dans la châtellenie
de Morlaix-Lanmeur, y avait pour chef-lieu de ses terres cet
antique ouvrage fortifié qu'elle transforma en manoir féodal
et auquel elle donna son nom. Un aveu rendu en lD27 à la
cour de Morlaix par Jean de Laval, sire de Châteaubriant,
Montafilant, etc., fils et héritier de Françoise de Dinan, der­
nière de sa lignée, mentionne « le vieux chasteau d'icceluy .
sb'es sittué en la paroisse de Plouigneau appelé Chastel

Dinan ». Celte unique preuve suffit. La carte du Ministère

de la Guerre indique aussi les « Ruines du Château Dinan )J

4. Le Porzmeur
A 3 petits kilomètres au Nord-Ouest de Castel-Dinan, sur
le bord de la même voie de Carhaix à Locquirec, dans la com­
mune de Plouégat-Guerrand, à la cote 97 d'altitude, se trollve
la motte diLe : RLtn-ar-Bleiz (le tertre du loup), butte factice

élevée, selon la tradition locale, par une dame du Porzmeur
et du Guerrand jalouse de pouvoir contempler d'un seul coup
d'œil son dO,uble domaine. Le fait est que de ce point, on dé­
couvre vers le Nord un paysage très étendu et très varié, au
milieu duquel se masse l'imposant ba8tion sylvestre des
futaies seigneuriales de Guerrand, l'immense parc tracé par
le trop fameux markiz-brnnn. La motte peut avoir de iD à
20 mètres de diamètre sur 3 mètres de hauteur, mais elle a
été beaucoup diminuée par ' la culture. C'était sans doute le
piédestal du donjon primitif de la sëigneurie de Porzmeur,
remplacé dans la suite par un manoir situé à 200" mètres plus

à l'Ouest, au bord d'un petit ruisselet. De ce 'manoir, trans-
mis par acquêt des Malestroit aux Boutouiller, puis par
alliance aux Boiséon de Guerrand et du Parc de Locmaria, il
ne subsiste plus rien. Le fief du Porzmeur fut incorporé en
1637 au marquisat de Guerrand. Au-dessous de la ferme
actuelle est l'emplacement de l'étang duquel Hervé Molloe,

« paroissien de GazDaLLon (1) )} retira vers 1323, au 'mois de
juillet, un enfant nommé Guillaume, fils d'Allain Guidomal' .
Quand il le déposa sur la berge, le corps du petit noyé était
froid et inerte, mais ses parents accourus le vouèrent à saint
Yves et l'emportèrent chez eux. Lorsque dans l'après-midi,

son sauveur y entra, il trouva l'enfanl sain et sauf. L'enquête

pour la canonisation de saint Yves contient, à propos de ce
miracle, les dépositions d'Hervé Molloe, d'Alain Guidomar et
de Guillaume 1 ui -même, âgé alors (en 1330) de douze ans.
D. Kerhallon

A une distance d'un kilomètre et demi du Porzmeur, sen­
siblement égale à celle qui le sépare du bourg de Plouégak
Guen'and, se cache dans la vallée du Douron le vieux manoir
de Kerhallon, l'un des plus anciens fiefs du pays', ainsi qu'en
témoigne l'existence de ]a moUe encore visible au Nord ùes
bâtiments. Cette motte peut avoir 4 ou D mètres d'élévation
sur 80 mètres de circonférence. A l'Est, elle couronne, d'uHe
hauteur d'au moins 30 mètres, un \'ersant très escarpé qui
dégringole vers la rivière. On ne remarque, à son sommet,
aucune substruction apparente. De ce belvédère créé comme
à plaisir, on embrasse le site ravissant de la vallée, le moulin
seigneurial profilant son haut pignon armorié dans la verdure,
les pentes tour à tour fertiles et dénudées, la rivière glissant
sinueuse au milieu des prairies et des oseraies. En 'face, un
beau bois de futaie étage ses frondaisons profondes au som­
met desquelles se dresse fièrement, planant en dominatrice
sur ce délicieux paysage, la tour aux allures féodales du châ­
teau de Lézormel, en Plestin.
La motte de Kerhallon est à 600 mètres à l'Est de la voie

de Locquirec. Le fief dont elle fut le chef-lieu avait haute et
basse justice, droit de foire à Saint-Laurent, et un privilège
(i) Contraction de Ploégat-Gallon, ancien nom de Plouégat-Guerrand. _

Cu deux, celui de faire lever les vannes de 27 moulins situés
sur le Douron, depuis celui d'Ancremel jusqu'à la mer, quand
il plaisait à son possesseur de pêcher le saumon. La seigneu­
rie de Kerhallon, qui avait donné son nom à la paroisse,
appartint, comme la Ferté, à la famille Charuel, puis aux
Penhoet et aux Gl'oesquer, qui la vendirent au xv me siècle

aux du Parc de Locmaria.
6. Coatcoazer

Toujours en Plouégat-Guerrand, à 2 kilomètres au Nord

du bourg, dans un joli vallon ~oisé, existe la ferme moderne

de Coatcoazer, bâtie sur l'emplacement et avec les ruines
d. 'un vieux manoir abattu. Au versant opposé s'étend un
grand bois taillis appelé le Bois de Saint-Yves; l'angle Ouest
de ce taillis est occupé par une enceinte carrée d'environ
25 mètres de côté, qu'entoure un parapet haut de 2 ou 3 mè­
tres bordé de douves suries faces Sud, Ouest et Est ; au
Nord, la déclivité du terrain çonstitueune défense suffisante.
Ce cam p est nommé al' Veret Coz (le vieux cimetière), ou encore
(j'/,Dered Sant Rozen (le cimetière de Saint-Yves), parce qu'il
s'y trouvait anciennement une chapelle sous ce vocable. Elle
a disparu, et son emplacement même est submergé sous les
broussailles, mais on continue d'y venir conduire les petits
enfants, le jour de la fêLe de saint Yves. Les mères de famille
leur font faire le tour de l'enceinte, puis les mènent à la
vieille fontaine qui coule au · bord de la prairie, pour leur
donner à boire et les y laver. En échange de cet hommage, le
bon saint confère aux enfants force et sagesse. Guillaume le
Jeall dit « qu'on a trouvé à Coatcoazer deux ~ombeaux celti­
ques très curieux n, mais sur lesquels il ne fournit aucun
détail.

La châtellenie de Coatcoazer, avec fief de haute et basse .
justice, passa au xm

siècle de la maison du même nom dans
celles du Ponthou~ puïs du Guermeur, de Rostrenem, de

pont-l'Abbé, du Quellenec et de Parthenay. Acquise en H)7~
par Franç. ois, seigneur de Goezbriand, elle formait, unie à
d'autres fiefs en Plouézoc'h, une juridiction qui s'exerçait à
Lanmeur. Sous Louis XIV, les marquis de Goezbriand se
qualifiaient « d'anciens bannerets de Coatcoazer )).
Le camp rte Coatcoazer est encore un jalon de la voie de
Locquirec, tout comme le château voisin de Guerrand, où
G. Je Jean signalait en '1846 une trouvaille « de briques et de

fragments de poteries remarquables ), et où l'on a découvert,

lors de travaux opérés en 1902, 'des tuiles à crochets et des
restes d'aqueduc en terre cuite.

7. Trémédern
En continuant à nous rapprocher de Ja mer, nous quitte­
rons PJouégat-GuelTand pour pénétrer dans la commune de
Guimaëc. Au centre de celle-ci, à 2 kilomètres 1/2 à l'Est
quart Nord du bourg paroissial, sur la rive gauche d'une
petite rivière qui tombe dans-la Manche à la plage de ~lilin­
an-Od, sont les débris du vieux manoir de Trémédern, dont
il ne reste plus, avec quelques constructions défigurées, que

les clôtures d'un immense jardin muré. Derrière ce jardin,
au penchant d'une riante coulée boisée qui débouche un peu
plus bas dans le vallon, on voit le « vieux château » de Trémé-

dern, enceinte retranchée en forme de trianglfl isocèle. Elle
mesure 105 mètres de longueur sur une largeur de 35 mè­
tres au centre de l'esplanade. Un épais parapet de terre
l'entoure de toutes parts, sauf du côté de la motte, quia
50 mètres environ de circonférence sur 4 mètres d'élévation .

Cette motte est logée à J'angle Ouest de l'ouvrage, et contre
elle viennent buter les talus, élevés de 3 mètres et renforcés
d'une douve sur la face du triangle aspectée vers la pente du

coteau. Sur l'autre grande face, qui commande le vallon, un

fossé eut été inutile, et il n'en a pas été creusé. L'angle aigu
du camp, orienté au Nord-Est, paraît avoir été muni d'une .

petite redoute. Aucune substruction n'est apparente dans
l'aire de l'ouvrage, mais sur la motte, il y a un enclos carré
de 4 mètres de côté don t la maçonnerie ne paraît pas très

anCIenne .
Le fief de Trémédern est une antique châtellenie, et ses
seigneurs siégeaient de droit aux Etats de Bretagne, comme
barons et conseillers des ducs. La tradition du pays attribue
à l'un d'eux, de retour des croisades, la fondation de la cba­
pelle de Notre-Dame-de-la-Joie, vrai musée d'œuvres d'art du

XVIe siècle, qu'on aperçoit campée sur une colline, de l'autre
côté du vallon. Robert de Trémédern, chevalier banneret, pré-

sente à Paris, en 14H1, la montre des douze écuyers de sa
compagnie, à la tête desquels il guerroyait vaillamment
contre les Anglais, ainsi que son fils Jean, qui eut l'honneur
de combattre à Patay avec Jeanne d'Arc et le connétable de
Richemont. Cette lignée de preux s'est fondue dans la maison
de Malestroit.

. 8 . La Boissière
De Guimaëc, la distance est courte jusqu'à Lanmeur, la
ville légendaire de saint Mélar et de sainte Tryphine. Outre
la crypte enfouie sous le chœur de son église, elle conserve
encore, dans sa banlieue, un autre souvenir de ces deux tou­
chantes victimes. C'est la motte dite: an Toulrejou lies Dou­
ves), située à 1 kilomètre 1/2 à l'Ouest de Lanmeur, près du
hameau de Rumare, au Nord du chemin de Plouézoc'h et sur
une ancienne voie qui reliait la cité de Kerfeunteun au port
de Térénez. Cette motte a servi d'assiette au vieux château
disparu de la Boissière, nom révélateur de l'existence d'un

poste gallo-romain, et dans les champs d'alentour roulent en
effet de nombreux fragments de tuiles. Dans ce château, le
comte de Poher Conornor accueillit en 514 le prince Mélar,
fils du comte de Cornouaille Meliau, qui avait péri assassiné
. par son propre frère Rivod. On sait comment celui-ci voulut

compléter son crime en voulant aussi faire disparaître Mélar,
et comment le jeune prince, traqué par les émissaires de son

bourreau, trouvà à la Boissière un asile sûr qu'il n'eut pas
dû quitter. Après son barbare égorgement dans une hôtellerie
de Lanmeur, où l'on montre encore sur les murs les traces
de son sang, Conùmor fit ènsevelir le corps du martyr dans

l'église où quelques années plus tard saint Samson devait
édifier en son honneur une crypte funéraire. Par la suite, à
l'emplacement du château déti'uit de la Boissière, incorporé ·
au domaine voisin de Boiséon et qu'en 1667 Guy le Borgne

décrivait « si ruiné et demoly qu'à peine peut-on remarquer
les vestiges et en peut-on dire comme de la ville de Troye:
nunc series est ubi Troja luit )), on édifia une chapelle dédiée
à saiQt Mélar. Cette chapelle a aussi disparu, et son ultime
l'este est une grosse pierre encastrée à la base d'un talus,
qui présente l'empreinte profonde d'un pied d'adolescent.~:

C'est, n'en doutez pas, celui de saint Mélar lui-même .

Les di mensions de l'esplanade sont: 8Q mètres de long sur

40 mètres de large, et le parapet mesure 4 mètres de hauteur

sur 4 mètres de large. Autour règne une double enceinte de
talus; un intervalle de 4 mètres sépare du camp la première,

qui a une épaisseur de 8 mètres; une seconde douve de

4 mètres de largeur est enfin bordée d'un dernier parapet' de

3 mètres de haut sur 6 de large. Ces ouvrages défensifs n'exis-
tent que sur les trois faces Nord, Ouest et Sud. A l'Est, la
mise en culture du terrain et la construction des talus les a·

fait disparaître.

9. Coatélant .

A 2 kilomètres au Sud-Est. du bourg de Plourin-Morlaix,

en face de la station de Plougonven-Plourin, sur fa ligne
départementale de Morlaix à Carhaix, au versant Ouest d'un
notable affluent du Jarlot, existe la motte du vieux château
de Coatélant. grosse butte ovale de 120 mètres environ de
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. TOME XLI (Mémoires 7.)

pourtour, avec douves visibles à l'Est et au Nord. Ces douve~
ont une profondeur de 2 à 3 mètres. La terrasse porte une
ferme moderne, reconstruite avec les ruines et sur l'emplace­
ment d'un ancien manoir gothique écroulé il y a une quaran­
taine d'années. La seigneurie de Coatélant fut jadis impol'­
tante; elle appartenait. à une famille Le Seneschal, alliée à
de. puissantes maisons, Dinan, Boiséon, du Faou, et fondue
au XVIe siècle dans celle de Brézal. A l'Ouest du hameau
s'étend encore un ancien parc enclos d'un vingtaine d'hecta­
res, dont les murailles croulantes vont border le vieux che­
min de Morlaix à Scrignac, qui passe pour avoir été une voie

romame.
10. Disquéou

En la commune de Plougonven, à 3 kilomètres au Sud­
Ouest du bourg, le village de Disquéou occupe une hauteur à
l'Est et au bord d'un ruisseau qui sort de l'étang du Cosquer
et va confluer avec le Jarlot au moulin de Kerloaguen. De

. l'autre côté du cours d'eau, il y a une ferme isolée qu'on
appelle Castel Disquéou, et qui est construite dans l'enceinte
d'un vieux château. Celui-ci, auquel on accédait par une
chaussée pavée, avait été établie sur un mamelon en partie
factice, dont' en tout cas les flancs sont escarpés de main
d'homme sur les vel'sants Nord et Est. Des autres côtés, plus
vulnérables en raison de la pente du terrain, se dressent
d'énormes levées de terre de 7 à 8 mètres de hauteur sur

autant de largeur. Ces retranchements encadrent une espla-

nade rectangulaire d'un demi-hectare environ, actuellement
sous culture. Les paysans m'ont dit y a voir trouvé des pierres

façonnées et des fragments de briques (?)
Le château de Disquéou était anciennement l'un des deux
chefs-lieux des possessions de la maison de Dinan dans le

pays de Morlaix. L'aveu rendu en 1;)27 par Jean de Laval

mentionne après le (( Chastel-Dinant », ( autre vieux chas-

teau d'ieelly sires situé en la paroisse de Plougonven appellé ·
Chastel a.n Disqneirm j). Sous Louis XIII, Yves Le Cozie, sei­
gneur de Kermellee, obtint en 1644 des lettres érigeant en
châtellenie sa terre de Disquéou, que ses prédécesseurs avaient
acquis de la famille de Gondy, mais le Parlementparaît s'être

oppose a cette erectlOn . .
11. - Castel-Douar.

Pour achever la revue des principales mottes du Tréguier

morlaisien, il resterait à parler du Castel-Charuel, perché à
la cime d'une sauvage colline de · 2;5;5 mètres d'alt.itude, dans
la commune de Guerlesquin, mais jusqu'ici, je n'ai pu trouver

l'occasion de le visiLer .. Franchissons donc la rivière du Quef-
fIeut et pénétrons dans l'ancien évêché de Léon par la route de
Lesneven, qui s'est superposée sur une bonne longueur de son
parcours à la voie de Morlaix à Tolente, cette ville mystérieuse
engloutie par la mel' sur le littoral de Plouguerneau. A
7 kilomètres de Morlaix, nous rencontrons les ruines du châ­
teau de Penhoat, deux .grosses tours éventrées du XIIIe siècle
et quelques pans de murailles parant de leur silhouette
romantique un exquis caJ'refour de vallées. Malgré son anti­
quité, ce vieux donjon drapé comme un fantôme féodal dans
son linceul de lierre n'est pas la primitive demeure des puis­
sants sires de Penhoat. Avant que l'un d'eux, Guillaume de
Penhoat, eut au retour de la croisade de ' 1248 fixé sa résidence

au confluent de la Penzé et du Coatoulsac'h, ses ancêtres
habitaient, à 1 kilomètre au sud, au rebord du plateau, une
autre forteresse plus barbare qu'on relrouve encore assez
bien conservée à la lisière du bois de Coatvoult, en la commune :
de Saint-Thégonnec. On la nomme Castel-Douar .(le château
de terre) ou encore Tossen-ar-Haroun (la motte du baron).
C'est une large terrasse rectangulaire aux angles arrondis
de ;50 mètres sur 4;5, orientée à peu près Nord-S'ud. L'entrée
s'ouvre au Nord, dans une coupure des retranchements. CeUX7 '

_. 160 -

ci ont une épaisseur de 3 mètres et une hauteu!' de 4, à !)
mètres au-dessus des douves qui les cernent. A l'extrémité
Sud de l'esplanade est une motte ovale, gigantesque amas de
terre aux flancs abrupts qui domine d'une dizaine de mètres
le fossé extérieur, et peut mesurer '100 mètres de pourtour à

la base. A son sommet, il y a une petite excavation, mais

aucune trace d'édifice. Dans l'enceinte, au pied du rempart
de l'Est, on reconnaît quelques vestiges de constructions des­
sinant deux ou trois pièces. Du haut de la motte, on embrasse
magnifiquement le tranquille paysage des deux vallées et l'on

voit émerger au loin, par delà l'arête à peine infléchie du
pays de Taulé, les fins clochers de Saint-Pol de Léon.

12. Kerfeulz.

A 2 kilomètres au Sud de Castel-Douar, au hameau de
Kerfeulz, près et à l'Ouest du chemin qui semble être un
ancien embranchement sur Penzé de la grande voie de Car­
haix à Lesneven il existe une motte isolée, appelée Tossen-an­
DouIez (la butte de la douve). Ses dimensions sont 90 mètl~es
de tour à la base et 6!) mètres sur la terrasse qui la termine.
Le fossé qui l'enveloppe a 4, mètres de profondeur et est

bordé extérieurement d'un large parapet. Aucune substruction

n'est visible sous la végétation. Cette motte est dans un ter-
rain humide, près d'un petit ruisseau dont l'eau alimentait
sans doute ses douves.

'13. Castel-ar-Vouden.
Sur la même voie de Morlaix à Tolente, à 2 kilomètres 'à

l'Ouest du bourg de Plouvorn, mais dan,s la commune de
Plouzévédé, entre les villages de Kerscao et de Lesvenan, se
trouve le camp retranché de. Castel-ar- Vouden (le château de .
la motte). C'est le même type d'ouvrage fortifié qu'au Ca.stel-

Douar: enceinte carrée aux angles arrondis, de 3!) mètres de
côté; douves très profondes (6 à 7 mètres) ; parapet de

- tOi

a mètres d'épaisseur: motte considérable. d'une dizaine de
mètres d'élévation, placée au fond et au Sud de l'esplanade.

'portes aux côtés Est et Ouest. De cette' motte, on aperçoit la
mer et les montagnes d'Arrée. '
Castel-ar- Vouden peut avoir une origine gallo-romaine, cal'
non seulement il était situé sur la voie de Tolente, mais
encore il surveillait de fort (près 150 mètres à peine) le carre­
four de cette grande artère et d'une autre voie secondaire,
allant de Landivisiau à Roscoff. En '1910, j'ai ramassé dans sa
douve un fragment de lel're cuite, D'aucuns disent que ce sont
les restes du château des Templiers qui possédaient le prieuré'
voisin de Notre-Dame de Lambader. Aucun document ancien

ne fixe à Lambader le siège d'une commanderie, mais il est;
certain que Castel-ar-Vouden et les terres environnantes fai-

saient partie, au XVIIe siècle, des héritages dépendant
de ce bénéfic'e, car ses gouverneurs déclaraient, dans leurs
aveux rendus au seigneur de Maillé, tenir sous ce fief « une

grande motte de terre eslevée en manière de deffense, dicte ,
Castel-an-Mouden Lesvenan )).

14. - Kerarméal.
A 2 kilomètres 1/2 au S.-E. du bourg de Plouénan, sur le
chemin de Lopréden et de Pontéon, il y a, . pl~ès du ham~au
de Kerarméal, une motte isolée de 60 mètres environ de pour­
tour sur 4 mètres d'élévation. Elle jalonne à une faible dis­
tance, ainsi qu'une autre motte de dimensions analogues,
située tÇlut près et à l'Est du bourg de Plouénan, aux dépen­
dances de Keraffel, l'ancien Bali-Castel, la voie de Saint-Pol
de Léon au Faou.

t5. Castel-Coatargarz.
Dans la même commune de Plouzévédé, à 3 kilomètres à

l'Est du bourg, sur' un monticule commandant vers l'Ouest le
cours de la rivière du Guïlliec, que la route de Plouvorn fran-

102 -

chit sur le Pont-al'-Bal'7'ez, est la moUe du vieux château de
Coatargarz, terrasse rectangulaire de 2;) mètres sur 20,
entourée de douves d'une profondeur de t) à 6 mètres, que
borde un retranchement extérieur. A chaque angle est la
base d'une tour ronde. Les murs d'en~einte d'un appa­
reil irrégulier. avait une épaisseur de plus de 4 mètres. L'es-

planade, toute encombrée de broussailles laisse à peine devi-
ner ça et là quelques substructions informes. La situation de
ce château, campé au-dessus de la vallée était très judicieuse­
ment choisie. On dit qu'il fut démoli lors ·des gtierl'es de la
Ligue. Il appartenait alors à une branche cadette de l'illustre
maison du Chastel et passa ensuite aux Le Rouge de Penfeun­
teniou, puis aux Allain de la Marre. La terrA rlr. Coatangarz

avait un fief dont la juridiction s'exerçait à Berven.

16. Castel-Huel .

En descendant le vallon du Guilliec en aval de Coalargarz

on rencontre, à 2 kilomètres au Nord, dans la commune de
Trézélidé, le hameau de la Marche, siège d'une antique
baronnie qui fut l'un des membres de la grande seigneurie de
Seisploué (les sept paroisses) ou Maillé, en Plounévez­
Lochrist. Une ferme moderne a rem placé le manoir gothique
démoli, mais près d'elle, sur le versant Est de la vallée, se

dresse un superbe retranchement triangulqire qui servit
d'assiette à l'ancien château de la Marche" Pr~tégé par une
douve et un fort par'apet du côté des hauteurs, il est sur­
monté d'une belle motte de plus de douze mètres d'éléyalion.
Quelques vestiges d'une tOUI' ronde semblent paraître encore
sur la plate" forme eirculaire qui la termine . .
Ne serait-il pas permis, en l'absence de tout document per­
mettant une localisation indiscutable, d'identifier le château

de la Marche (ou du Marché, comme le désignellt dAs actes du

XVIIe siècle) avec ce fameux l( Cast.el Mériadec ) dont I"empla "
cement exact est encore à déterminer" '? « C'esLoit, dit Pierre

. 1 03 " i i

le Baud en traduisant l'auteur anonyne du (( livre des Faits

d'Arthur », un noble chastel qu'il (Conan Mériadec) avoit cons-

~. hfi:_'

truiet en la fin du peuple que la langue britannique appelle
Ploecolm, jouxte le fleuve de Guillidou, lequel il interrompt
jusques à la moitié, et est. ce Chastel encore de son nom app~lé

Castel Mériadoch ) Nous n'avons pas à discuter ici l'existence

plus ou moins problématique du célèbre Conan; cependant,

il Y a lieu de noter que le camp de la Marche est bien situé
aux confins de la paroisse de Plougoulm, contre la rivière

du Guilliec ou Guillidou, et qu'il se trouve d'une façon pres-
que mathématique à égale distance de sa source et de son

embouchure. Ces remarques n'imposent d'ailleurs a, ucune con-
clusion. En tout cas, ce devait être un chef puissant, celui qui

i04 --.. '
enferma sa demeure dans un aussi
de terre ...
gigantesque remuement

' 17. Torguen-Kervadec.
A 1 kilomètre au Nord du bourg de Sainl-Vougay. près
du carrefour où se coupaient les deux anciennes voie5 de
Saint-Pol à Lpsneven et de Landivisiau à la . mer, existe
une motte bordée de douves, à côté du hameau de Kermadec,
sur le bord du chemin de Ploupscat. On l'appelle Toryllen-

KeTradec (la motte de Kermadec). Elle mesure 60 mètres en-
viron de circonférence à la base sur 4 mètres de hauteur, et

se termine par une plate-forme de 1 D mètres de diamètre.
Les paysans ne se souviennent pas y avoir jamais rien trouvé.
18. La Tour .

Encore en Saint-Vougay, à 1 kilomètre à j'Ouest de Ker-
madec, au-dessous du hameau de la Tour, campé SUI' une
éminence dominant à l'Est le ruisseau sorti de l'étang de
Kerjean, on voit dans une prairie très marécageuse la terrasse
d'un vieux château. De forme vaguemPllt circulaire, elle peut
avoir 2t) ou 30 mètres de diamètre et forme comme une sorte
d'îlot dans ce pré détrempé que les pluies d'hiver transfor­
ment en étang. Un fossé plein d'eau, qu'on franchit sur des

pierres émergeant, l'isole de la terre ferme. Dans la partie
Nord, un monceau de décombres assez apparent provient
sans doute des ruines du donjon qui s'élevait jadis sur la
motte, et qui a donné son nom à l'endroi t. Cet ouvrage ja­
lonne la voie de Saint-Pol à Lesneven, qui passe à 200 à
300 mètres à peine du Nord. La terre de la Tour, transmis
par alliance des Le Cleec aux Kerguenriec et a~lX Le Borgne de
LesquifIiou, appartient toujours à une branëhe dé cette fa-
mille, ·Ies Le Borgne de la Tour. .
19. . Loc-Eguiner.

Entre l'église cie Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec et le hameall
tout voisin de. Langoat, au-dessus et à l'Est du vallon de la

. . 100-

Penzé, se dresse l'une des plus belles mott~s du Finistère. Sa

circonférence à la base est de 120 mètres, sa hauteur de
13 mètres. Quelques excavations se remarquent à son som­
met, et, d'après M. Flagelle, elle passe dans le pays pour ren­
fermer le trésor de huit paroisses. Placée au bord de la gran­
de voie de Carhaix à Lesneven et à Tolente, le Rent-Vallee ou
Rent-Ca.lIac des Léonards, la motte de Loc-Eguiner surveil­
lait le gué où cette voie coupait la voie de Morlaix au Faou.
Sur l'autre versant de la vallée, on trouve au Penhoat-Huon
des tuiles romaines et l'on y a découvert, il y il quelques an­
nées, une médaille d'or.
20. Coatilézec.
Plus près de Morlaix, en la commuue de Sainte-Sèvre, nous
terminerons notre rapide et incomplète randonnée par une
motte située à 2 kilomètres au Sud-Est du bourg, près et au Sud
de l'ancienne voie de Morlaix à Brest, dans le vallon du Do­
nant. Sa position lui permettait la su rveillance d'un double

c3rrefour: à un kilomètre au Nord-Ouest, la voie de Brest
croise eelle de Quimper à Saint-Pol, le Rent Castel qui con­
duisait les pèlel'ins. du l'ro-Breiz vers la basilique léonaise ;
à une distance égale vers le Sud-Ouest, celte dernière voie
coupe celle dit MOrlaix au Faou. L'ouvrage consiste en une ter­
rasse carrée, de 20 mètres de côté, environnée d'un parapet
bien démoli; son relief, insignifiant à l'Est, où elle est domi-

née par une prairie en pente, apparaît plus marqué au Nord et
au Sud, et surtouL à l'Ouest, vers le ruisseau, dont la sépare
une douve marécageuse . Il y eu là au Moyen âge, un château,

résidence de la famille de Coetiraezeuc, nom introuvable dans
les nobiliaires bretons, mais cité par d'anciens titres. Hervé
de f)uoel'irap,zeue, chevalier, époux d'Aga.yce, maria en '1334
sa fille héritière dans la maison de Keraliou. Après la des­
truction du vieux castel, un manoir fut bâti sur l'autre pen­
dant du vallon, et porte encore le nom adouci de Coatilézec.
LOUIS LE GUENNEC .

231 _.

DEUXIEME PARTIE

TabLe tles memoires pnb/.iés en 1915
Barbares d'autrefois, Barbares d'aujourd'hui,
par Frédéric LE GUYADER .................. .
Notes sur deux monuments de la fin de la Re­
naissance en Rret.l'lf.me.'l 0 Porche de l'Eg'l ise

de Sainl.-Houal'don. 2°0ssuaiI'e de Sa inL-

Pagea

Tbégonnec, pal' Charles CHAUSSEPIED ........ 15,20
III. La RévoluLion en BreLagne. Les Derniers Mon-

VIL
lag:naeds, 1795, (suiLe), pal' Pl'. HÉMON ..... 26, ' 157
. NoLes SUt: la fonLaine de Gouesnou, par Charles '
CHAOSSEPIEn (planche).. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 L
MoLLes féodales, par le chanoine ABGRALL

(7 plane hes). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .....
Les MoLLes féodales du pays de Morlaix, par
Louis LE GUENNEC (planche).. . . . . . . . . . . .. . ..
NoUces paroissiales. Mahalon, par le com te

Conen de Saint-Luc (5 planches)............. 106
VIII. L'Église de Pencran et ses annexes, par L. LÉ-

CU [{EUX . . . . . . . . .. . ..... -. . . . . . . . . . . . . 139
IX. luscl'ipLions gravées eL sculplées sur les p.glises
et monumenLs ' du IriIlisLèl'e, recueillies par
le ehanoine ABGHALL.. . . .. ................ 189

X. Discours dè M. le Président. ... . " ........... , 217

ARCHEOlOG
DU FI N1STERE

B.P.531