Responsive image
 

Bulletin SAF 1915


Télécharger le bulletin 1915

Notes sur deux monuments de la fin de la Renaissance en Bretagne. - I Porche de l’Église de Saint-Houardon. - II Ossuaire de Saint-Thégonnec

Charles Chaussepied

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes

Société Archéologique du Finistère - SAF 1915 tome 42 - Pages 15 à 25

NÙTÈS SUR DEUX NTS

de la fin de la Renaissance en Bretagne

PORCHE DE L'ÉGLISE SAINrr-HOUARDON

à Landerneau

Nous n'ajouterons que quelques lignes à ce que oit
notre exeellent ami et confrère le chanoine Abgrall lors­
qu'il s'exprime ainsi devant ce monument:
« La ville de Landerneau a-t-elle été aütrefois le centre
artistique qui a fourni les magnifiq ues œuvres en pierre
du XVIe et du XVIIe siècles, oisséminées dans tout le pays
d'alentour et qui font encore aujourd 'hui notre admira­
tion ? Est-ce des ateliers lanoerniens que sont sortis nos
porches, nos portes historiées, nos riches ossuaires, nos
calvaires si originaux? Sans aueun doute, les calvaires
et nos croix si nomhreuses n'ont pas été taillés sur plaee
par oes ouvriers nomades ; la similitude, la parenté, .
l'identité de certains personnages et de certains orne­
ments indiquent sùrement que plusieurs sortent des

mains du même sculpteur. On est autorisé à prendre la

même conclusion pour ce qui regarde les ossuaires et

les porches; quelques-uns même, comme le porche oe
Lampaul-Guimiliau, 1533, portent des signes d'appareil-

leurs et des chiffres démontrant qu'ils ont été taillés au
loin et soigneusement numérotés pour être montés avec
exactitude. Ce sont des pièces trop délicates, des tracés

trop savants et trop fjns pour avoir été exécutés à pied-

d'œuvre dans un chantier oe construction~
11 me semble qu'il a dù exister à cette époque des ate­ liers très importants,' desservant toute la région, dans Je

genre des chantiers. actuels de ' Yan L'arc'haniec, à Lan­
derneau, fabricant de croix et calvaires;· de Jean-Louis

Le Naour, à Quimper, constructeur de clochers; des
Poil/eu et des Lapierre, de Brest, fOJJrnisseurs de cha­
pelles funéraires.
L'activité a été débordante pendant ces deux siècles.
Où était le foyer de cette prod uction étonnante? Etait-ce
à Landerneau, était-ce ·à Brest; comme pour le calvaire
de Pleyben, signé Ozanne, architecte à Brest, 1660 ?
Etait-ce .aux carrières de Logonna et de l'Hôpital-Cam- .
frout, à la place même où l'on extrayait la fine pierre de
Kersanton pour s~rvir de matière à ces chefs-d'œuvre?
On parle bien des Lamb :-(lais, cette corporation de·bâtis­
seurs qui parcouraient le -pays, mals n'étai~n!-ce pas de
simples maçons et tailleurs de .pIerre plutôt qu(j. de vrais
seul pteurs et d'habile8 statuaires, comme ' ceu~ qui ont
façonné nos guirlaildes feuillagées, nos ii: nag'es de saints. ,

nos bas-reliefs et BOS innombrables figuri.nes? . .

Quoi qu'il en so~t, la ville de Landerneau' Re ·possède

pas actuellemenfun grann nombre d;:œtivres. d'àrt, mais

elle peut se glorifier d'avoiI~ conservé. ef âccolé à son
église moderne dé Salnt-Houar~\Qn, le. plus !Jeau, le plus

parfait des porçh~s . de l'éeole de la Renaissance, .genre
de eonstrucJion et d,'o;rnementatio'nqui s;esi p~rpétué

chez nous, avec quelques variante~, ' jusqu'à. la seconde

moitié du xvn

siècle. ' Ce , porche .çla.té .ère ,16(:)'4, a un

aspect très sa:isissant de parenté av~c ce~rx-. " de Bodilis,

1 .570 Pleyben, 1588 Goul ven, 1593 ' . ' Saint':Thégon-
nec, 1599 Guimili

u,1606 -- Trérr:iàoti€zan~ : t610 -

. 1623 Goueznou, 1642 . Comanna, '1645 Ploudiry,

1665. Trémaouézan et Ploudiry semblent tout spécia-
lement inspirés par ce modèle, et le dernier, resté ina­
chevé comme couronnement, le reproduit, exactement,
sauf quelques modifications de détail. . .

ù Sa;nt-HouardoH.
Portail Sud (XVI- sièek). - LL.

, L'entrée consiste en une grande arcade ayant comme
pieds-droits deux colonnes engagées, composées de qua­
tre tambours cannelés séparés par des bagues feuilla­
gées, modèle commun à presque ton~ nos porches de
eette époque et inventé par 'Philihert Delorme dans la,

construction du palais des Tuileries. Le cintre qui ' sur-

montes ces colonnes est formé d'un gros ture 'orné d'oves

et de feuillages; à la date de 1604.· . .
Les ébrasements fie l'intérieur et de l'extérieur se com-

posent de différentes moulures, boudins, gorges, talons,-
doueÏnes qui, tout en étant parfaitement de l?- Renais-

sance, se ressentent encore de l'influence de la dernière ·
période du style ogival. Au sommet de l'arcade, une belle '
volute avec grande feuille d'acanthe forme une clef de
voûte très décorative. De chaque côté de l'entrée deux
colonnes cannelées, couronnées de chapiteaux corin­
thiens, su pp'orient une frise ornée de cette inscription:
DO:vJVM-TV AM. DOMINE. DECET. SANCTITVDO. IN .
LONGITVDINEM. DIERVM. 1604. '

La corniche (le cette frise est supportée par des méc1ail-

Ions finement sculptés. Au-dessus rrgne une arcature· -
originale et ayant grand caractère, formée de trois
niches rondes à coquilles et de quatre arcades carrées, le ,
tout. surmonté d'un fronton ohtus. Plus haut se dresse un

second fronton plus aigu avec côtés à courbe rentrante ,
encarlrée par une galerie rampnnte découpée de compar­
timents flamboyants. Au milieu, une belle niche encadrée
de deux cariatides à gaines, comme l'ossuaire de La Mar­ tyre, abritait autrefois la statue du saint patron car au'
bas on li t : S. H oardone. . '.

Un très puissant clocheton couronne cet ensemble; au
premier étage, il est carré et . passe ensuite à la forme
cylindrique povr former le lanternon qui se compose de
deux petits flômes superposés. , .
BUI.LETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. · TOME XLI (Mémoires 2.)

'Les angles du porche sont appuyés par deux solides
contreforts ornés de niches, de corniches, de pilastres et
couronnés par de beaux clochetons. Sur la façade on
remarque dix masques ou figures saillantes dont quel­
ques-unes pourraient bien être des portraits. Un autre
point à noter, c'est la présence d es croissants qui couron­
nent deux petits pinacles au bas du fronton supérieur. On
peut y voir comme dans les nombreux croissa.ntsde ,
Goueznou une réminiscence de l'ornementation en vogüe
, dans l'architecture du règne d'Henri II. .
. A l'intérieur, les parois latérales sont couvertes par

douze niches séparées par des colonnes cannelées à-cha-
piteaux corinthiens. Dans le bas rles dais il y H, de même

qu'à Landivisiau, un ressouvenir des petites pyramidefi

gothiques, mais le reste est composé de colonnettes, de
pilastres, 'de dômes avec petites urnes et croissants de
couronnement, absolument rlans le genre de la Renais-

sance. La voûte rlécoupée par des arcs ogives et des lier-
nes a dans son milieu une belle clef pendante avec

rosace sculptée. Au fond,Ies deux portes qui donnent
accès dans l'église doivent être antérieures au reste d'un

demi-siècle environ; elles offrent le même caractère que
celles du porche de Landivisiau: moulures prismatiques
et gorges profondes tapissées de feuillages découpés; au
milieu un trumeau avec beau bénitier reposant sur une

colonnette ornée de losanges rappelant les macles des
Rohan; au dessus, un ange tenant deux goupillons, et ;
comme couronnement un très joli dais d'où l'on voit

saillir quelques jolies têtes caractéristiques du style du
XVIe siècle. Dans les rpoulures du grand encadrement du

fond, il y a encore toute une série de statuettes parmi

lesquelles on reconnait saint Côme et saint Damien, pa-
trons des médecins. » .

Ce . petit édifice qui faisait partie d'une ancienne

église de Landerneau, aujourd'hui détruite, fut reII).on~é
tcl qu'il était, sur la façade latérale sud de la nouvelle

église, ainsi que le haut du clocher, vers 1860. ' " .'
En plan, il mesure intérümrement un carré parfait d 'e
D mètres de côté; la hauteur sous voûtes au milieu' est

de 6

70 A l'extérieur sa largeur' d'une extrémité d'un '
contrefort à l'autre est de 8

20 et il avance de 7 mètres

sur le mur de l'église. Ses hauteurs' prises du seuil d'en- '

trée sont: de !)m80 au-dessus de la grande corniche, de '

10 mètres au-dessus de celle qui couronne le fronton -

de 13

!)0 à la corniche de base du campanile là où '

s'amortit le gable ajouré et de 22 mètres jusqu'au pied

de la croix qui domine le dernier dôrhe du campanile.
Les murs cos tiers extérieurs sont seuls faits en granit du

pays; les parties sculptées, médaillons, chapiteaux, con- ,

soles, cariatides, colonnettes, etc., demandant uIitravail '
plus fin, plus serré, sont en pierre de Kersanton. Le
remplissage des voûte:s a été refait en moellon recouvert
d'un enduit et la toiture est en ardoise.
Pour loger les colonnes et colonnettes et réduire un

peu leur saillie tout en leur conservant toute leur valeur,

l'artiste a ménagé derrière, des cavités peu profondes où '

elles s'engagent d'un quart à peine de leur épais, seur.

Ces points d'appui, posés en délit, raidissent ' ainsi la ,

construction et donne plus d'élégance à tous ces sup- '

ports. Toutes ces colonnes sont finement cannelées et
surmontées de chapiteaux classiques d'une rare beauté'.

La conception de ce porche est intéressante, le parti

est nettement accusé, les motifs bien encadrés, les pro-:,
portions en sont des plus heureuses, et la moulu­
ration est d'une flnesse d'exécution remarquable. Que
dire de la sculpture si bien traitée et où l'imagier a porté

tout son talent: chaque tête est un portrait du temps,
avec son expression particulière; chaq ue rbsac.e, chaque "

enroulement d'un · oessin est d'une exécution· parfaite.
Certes, ce petit monument est comparable aux belles
œuvres de la Renaissance construites ROÜS les règnes

des trois Henri, et si ron trouve encore sur ce porche des
souvenir du Moyen âge, il n'en est pas moins un modèle

du genre dans l'art ou XVJ[e. siècle en Basse-Bretagne .
. Il est à regretter que le statuaire ne soit pas venu rem­
plir toutes les niches qui les attendent et compléter ainsi
l'œuvre de l'architecte . .
Les 12 niches intérieures rlevaient nécessairement rece-

voir, comme ailleurs du reste, les statues des douze apô-
tres ; mais quelles devaient être celles destinées aux trois

niches du dessus du grand arc d'entrée, et celles ries

contreforts? Il Y aurait là une éturle intéressante pour ]e
sculpteur qui serait chargé de les exécuter dans le carac­
tère du monument.
2° OSSUAIRE DE SAIN'l'.rrHÉGONNEC

Un aulre édifice de la même époque et qui ne le cède

en rien comme valeur au porche de Landerneau est l'ad-
mirable ossuaire de Saint-Thégonnec.
Bâti entre l'église et l'Arc de triomphe, le long de l'an­
cien cimetière dont il forme un peu la clôture, il ressem­
ble à une chasse de pierre digne de contenir de bien
précieuses reliques .

Ce monument, en forme d'une chapelle allongée, sans

bras de ctoix, mesure intérieurement du bas de la nef
au fond du chevet 21

sur une ]argeur:de 4 mètres. ·
Le mur qui le ferme du côté du chemin est nu et sans
aucune ouverture. La façade latérale, la plus riche peut­
être, a plus de 6 mètres de hauteur au dessus de la cor-

niche oe couronnement sur une étendue de H1ll80 y
compris les contreforts d'extrémités tandis que la petite

façarle en retour, sous l'entrée principale ne mesUre que

20 de largeur" mais dont le pignon atteint près; rle
11 mètres au dépàrt du campanile qui le termine 4 mètres
plus haut.
L'abside à trois pans se développe sur une longueur
(le 7

50 et vient rejoindre l'un des puissants piliers oe

l'arc de triomphe. Chaque pan est sunnonté d'un élégant
campanile, la partie milieu est ornée d'une helle nkhe

surmontée d'un dais, et les deux parties latérales sont

évidées de longues fenêtres à m0neaux.
Comme le porche de Saint-Houardon, cet édifice est

construit tout en granit de Kersanton.ColIlme à Lander-
neau aussi, des cavités peu profondes ont été ménagées
. pour recevoir les eolonnes, mais ici, celles-ci ne sont
point cannelées.
Nous laissons encore la parole à l'éminent archéolo­
gue, le chanoine Abgl'all, qui mieux que tout autre sait
nous faire comprendre et admirer les beautés. de notre

reglOn : .
« L'ossuaire de 1676, est un des derniers ossuaires en
date, tuais c'est le plus beau et le plus monumental. La

fàçafle midi et l'abside à pans coupés sont particulière-

ment riches. L'abside est percée de fleux belles fenêtres
et ÇlPpuyée sur ses angles par oes contreforts surmontés

de . clochetons qui forment une ao mirable sil houette
avec les trois autres clochetons plus haut placés sous

les pignons aigus.
« Sur la façade latérale, un solide soubassement sou­
tient un rang oe six fenêtres séparées par des colonnes
corinthiennes, et au milieu est une large porte de même
style. .

« Le deuxième étage est formé par une série de huit

niches à coquilles, encore séparées par des colonnes
semblab10s mais plus courtes .

. .. Au-dessus de la porte une niche monumentale abrite

la statue de saint Paul-A.urélien ; cette niche est surmon-

tée d'un dais et accostée de deux cariatides à gaines coif-
fées de la voluté ionique: ..

Dans la frise qui sépare les rleux étages est . sculptée

une inscription magistrale en grandes capitales romaines
qui se continue sur tout le pourtour de l'édifice:

C'est une ·bonne et sainte pensée de prier
pour les fidèles trépassés
Requiescant in pace. Amen. Hodie Mitti
Croas tibi
o Pécheurs, repentez-vous étant vivants,
Car à nous, morts, il n'est plus temps.
Priez pour nous, trépassés,
Car un de ces jours aussi vous en serez,
Soiez en paix.

Dans les contreforts des extrémi.tés sont incrustés deux
bénitiers ,rappelant toute l'ornementation des cloche-

tons et .des niches .

. « A l'intérieur de la chapelle on voit un autel surmonté

d'un retable à colonnes torses, et sous l'autel est une
sorte (le chambre basse ou crypte éclairée par deux sou­
piraux, dans laquelle on a placé en 1702 un sépulcre de

Notre-Seigneur, œuvre des plus remarquables. où l'on
(loit admirer surtout la Madeleine, la Véronique et les
deux anges pleurant sur le tombe' au. »
A ceci nous ajouterons quelq ues notes intéressantes
prises dans une curieuse brochure de l'abbé QuiniQu

alors yicaire à Saint-Thégonnec, sur la construction des
édifices (le la paroisse où il était attaché, hrochure qu'il
eut l'amabilité rle nous offrir pendant r!,otre séjour là-
bas: '

Le deuxième dimanche de février '1676, plusieurs archi-
tectes vinrent à Saint-Thégonnec pour assister à la mise

en adjudication rles travaux à exécuter pour la chapelle
ossuaire. (( Le second dimanche de fëvrier, ayant convenus

de M. architecteurs pour voir l'aplacernenl du reliquaire
qu'on vOlllait bastil', fait des frais pour la sorne de ql.latre
livres dix sols. )) Jean le Bescont « architecteur de Khaez »
ou Carhaix fut chargé de l'entreprise. Il était en même
temps « architecteur, entrepreneur et maîtrepicoteur »,
et outre son atelier de Carhaix, il en possédait un
autre à Landerneau. On peut être étonné qu'un monu­
ment d'un travail si fin et du style Renaissance le
plus pur soit l'œuvre d'un ouvrier de province. Me Bes­
cond, comme heaucoup de « compagnons » de cette épo­
que a bien pu faire son tour de France et qui sait, peut­
être d'Italie pour se perfectionner dans son art. Toujours
est-il que le talent ne lui fit pas défaut. Son œuvre est là
qui l'atteste. En ce temps, n'était pas reçu maître maçon
qui vonlait. Il fallait avoir passé plusieurs années comme
apprenti pour devenir ensuite compagnon ou valet et
l'on n'était reçu maître que si l'on avait déjà exécuté une
œuvre remarquable. Ge long apprentissage supposait

chez le nouveau maître des connaissances étendues de
son art. L'étude des monuments et l'émulation,nécessai­
rement existant entre les diverses corporations dévelop­
paient chez l'ouvrier le goût inné de son art et faisaient
surgir sur notre sol breton ces œuvres qui, si elles déno­
tent ~~mrtout l'intensité de la foi, montrent parfois aussi
chez l'ouvrier un instinct de génie. La chaire à prêcher
de Saint-Thégonnec, œuvre des plus remarquables, à

laquelle peut être seul comparé le baptistère de Guimi-
liau est sortie des ateliers de Landivisiau.
Me Jean Le Bescond fut payé d'après le nombre de jour­
nées employées par .ses ouvriers à la construction de
l'ossuaire. Les tailleurs de pierre payés à treize sols par "
jour étaient: Yvon Huon, Yvon Tanguy, Georges Pouli­ quen, René Pouliquen, Jean Bescont, Guillaume Tane,

Jacques Hamon, Le Duff et Vineent Tréguier.

. Les six premiers travaillèrent-jusqu'à la fin de l'entre­
prise. Les trois del'niersne furent pas employés d'une façon
régulière et au bout de quelque temps furent même rem­
placés par Mathieu Runot, Jean Btez et Yvon le Bescont.
L'architecte mettait lui-même de temps en temps la

main à l'ouvrage, probablement pour remplacer quel-
qu'nn de ses ouvriers, ou pour exécuter un travail plus
délicut, et recevait pour son salaire vingt-cinq sols par

Jour. .
Les charpentiers percevaient le même salaire que les
« picoteurs )J. C'étaient Alain Picart, Charles Prigent,
Charles Picart et François Chapalain.
Les couvreurs, Hervé Pichon et Yvon Pichon étaient

payés douze à treize sols par jour, tandis que les « dar-

bar~urs)) ou manœu vres ne touehaient que dix sols. Les
darbareurs s'appelaient Yan GraU, Charles Prigent et

Pierre Berthélé.
. Pour l'ensemble des travaux qui durèrent de 1.676 à
. 1.681., les tailleurs de pierre reçurent 6.304 livres. Les fraÏs
de charrois de pierre de la montagne d'Arrée montèr.ent
à la somme de 2.682 livres. Si l'on joint à ces cleux chif­
fres le salaire cles clarbareurs, les dépenses en chaux,
charbon, pierres rie maçonnerie et quelques autres menus
frais, nous trouvons que cette chapelle ossuaire revient
. à la fabrique à la somme de 9.000 livres, la charpente

non comprIse. )) .
. Cet écrit nous donne des renseignements précis sur ce
qu'étaient les artistes et artisans de cette épofIue, de ces

hommes (le valeur qui édifièrent le porche de Lander-
neau, l'ossuaire de Saint-Thégonnec ql)i nous occupent
en ce moment, et tant d'a LItres encore, et cela sans bruit~ .

simplement, suivant leur inspiration jusqu'à l'accomplis-.
sement de leur tâche. . .
La mouluration comme la sculpture est aussi belle ici

qu'au Porche de Landerneau; si nous trouvons plus d'am-
pleur, plus d'harmonie dans celui-ci, l'ossuaire nous offre
plus de richesse et plus de variétés.

Comme à Saint-Houardon, les chapiteaux sont d'un

classique parfait, la scul pture est admirablement traitée,
et tous les pinacles sont d'une belle élégance.

, Les gables ou pignons sont ornés de redents ou de mo-
tifs rappelant vaguement les anciens crochets des siècles
passés, mais agrémentent bien ces rampants aigus tou­
jours un peu froids sans une ornementation.
Ici comme au porche de Landerneau manquent les sta­
tues. Souhaitons qu'un jour une âme charitable et artiste

vienne les offrir au monument.

Le remplage des fenêtres (llLchœur a été refait au siècle
dernier mais avec quelques erreurs dans les contre cour­
.hes, q~te nous n'avons pas voulu reprod" uire sur nos des­
sins pour ne pas en amoindrir le caractère.
Les vitraux qui garnissent ces fenêtres ainsi que celle

de la façade basse sont müilernes; peut-être ont-ils rem-

placé d'aneiennes verdères aujourrl'hui disparues.

'La Inenuiseriedes portes qui date d, e la construction
de l'édifice' mé'rité aussi toute notre attention. ' "

A l'iIitériellr, la dlapelle est voutée d'un lambris en

berceau a vèc nei'vure, retombant sur une ' importante
(~orniche 'en hois. Les ' extrétni tés tes ferm'es sont sClllp-

tées et représentent des anges aux ailes repliées qui cou-

pentheureusemerit la ' corniche. ' ", ., '

Nous ne dirons rien de l'arc triomphal qui touche notre

ossuaire qui est des pl us curieux; mais nous laissons un

de nos confrères qui en a fait une étude il y a quelques

années le soin de nous le présenter et de nous le décrire.
Quimper, le 26 février' 1915. '

CHARLES CHAUSSEPIED,

A rchitecte des Jfolwmentsbistoriques.

231 _.

DEUXIEME PARTIE

TabLe tles memoires pnb/.iés en 1915
Barbares d'autrefois, Barbares d'aujourd'hui,
par Frédéric LE GUYADER .................. .
Notes sur deux monuments de la fin de la Re­
naissance en Rret.l'lf.me.'l 0 Porche de l'Eg'l ise

de Sainl.-Houal'don. 2°0ssuaiI'e de Sa inL-

Pagea

Tbégonnec, pal' Charles CHAUSSEPIED ........ 15,20
III. La RévoluLion en BreLagne. Les Derniers Mon-

VIL
lag:naeds, 1795, (suiLe), pal' Pl'. HÉMON ..... 26, ' 157
. NoLes SUt: la fonLaine de Gouesnou, par Charles '
CHAOSSEPIEn (planche).. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 L
MoLLes féodales, par le chanoine ABGRALL

(7 plane hes). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .....
Les MoLLes féodales du pays de Morlaix, par
Louis LE GUENNEC (planche).. . . . . . . . . . . .. . ..
NoUces paroissiales. Mahalon, par le com te

Conen de Saint-Luc (5 planches)............. 106
VIII. L'Église de Pencran et ses annexes, par L. LÉ-

CU [{EUX . . . . . . . . .. . ..... -. . . . . . . . . . . . . 139
IX. luscl'ipLions gravées eL sculplées sur les p.glises
et monumenLs ' du IriIlisLèl'e, recueillies par
le ehanoine ABGHALL.. . . .. ................ 189

X. Discours dè M. le Président. ... . " ........... , 217

ARCHEOlOG
DU FI N1STERE

B.P.531