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Société Archéologique du Finistère - SAF 1915 tome 42 - Procès-Verbaux
ÉCHANGES OU SERVICES GRATUITS
E ~ ll.LGE
Aisne. - Société historique et archéologique de Château
Thierry.
A 19érie. Société archéologique d'Hippone (Bône).
Bouches-du-Rhône. Académie des sciences, agriculture,
arts et belles-lettres d'Aix.
Cahados. Société des antiquaires de Normandie (Caen).
Cantal. Société des lettres, sciences et arts de la Haûte-
Auvergne (Aurillac).
Charente. Société archéologique et historique de la
Charente (Angoulême).
Charente-Inf'éricw·e. Commission des archives et monu-
ments historiques de la Charente-Inférieure (Saintes).
Société des archives historiques de Saintonge et d'Aunis '
(Saintes). .
Côtes-du-No1'd. Association bretonne (Saint-Brieuc).
. Société d'émulation des Côtes-du-Nord (Saint-Brieuc).
Drôme. Société d'archéologie et de statistique de la
Drôme (Valence).
Finistè1'c. · Archives du département (Quimper).
Laboratoire de zoologie et de physiologie maritimes de
Conca rneau,
Semaine religieuse du diocèse de Quimper et de Léon.
Société académique de Brest.
L'Union agricole et maritime, à Quim perlé.
Gard. . . Académie de Nîmes.
Gironde. Archives historiques de la Gironde (Bordeaux).
Société archéologique de Bordeaux. . .
Haute-Garonne. Société archéologique du Midi de la
France (Toulouse, hôtel d'Assézat).
Ille-et- Vilaine. Annales de Bretagne (Université de
Rennes).
Société archéologique d'Ille-et-Vilaine (Rennes).
Société archéologique de Saint-Malo.
Isère. Académie Delphinale (Grenoble).
Loirc-Inférieure. Archives du département (Nantes).
Société archéologique de Nantes.
M aine-et- Loire. ' Société d'agriculture, sciences et arts
d'Angers.
Société d'études scien tifiques d'Angers.
Manche. ' Société académique de Cherbourg.
Morbikan. Revue de Bretagne (Vannes).
Morbihan. Société polymathique du Morbihan (Vannes).
Nord. Commission historique et archéologique du dépar-
tement du Nord (Lille). .
. Bulletin de l'Université de Lille.
Oise. Société française d'archéologie (Compiègne).
Sarthe. . Société historique et archéologique du Maine
(Le Mans). .
Seine, Paris. Bibliothèque de l'Institut de Fr. ance.
Bibliothèque Mazarine.
Bibliothèque Nationale. .
Le Directeur de la Bibliothèque d'Art et d'archéologie,
19, rue Spontini, Paris.
Le Directeur du Musée ethnographique du Trocadéro.
Le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et
belles-lettres.
Revue des Traditions populaires,80, boulevard Saint-Marcel.
. Seine-Inférieure. Société havraise _ d'études diverses.
Somme Société des Antiquaires de Picardie (Amiens).
Tarn-et-Garonne. ' ' Société Archéologique de Tarn-et
Garonne (Montauban).
Vienne. Société. des Antiquaires de l'Ouest (Poitiers).
ET ANGER
Angleterre. Royal . Institution of Cornwal (Truro,
Cornwal).
Société Jersiaise (Saint-Hélier, lie de Jersey).
A utriche. Société archéologique de Moravie (Kojetip,
Moravie).
ReLgique. « Analecta Bolla ndiana )) publiés par les
RR. PP. Bollandistes, Bruxelles (771), Boulevard Militaire).
Société d'archéologie de Bruxelles (H, rue Ravenstein).
" Revue Mabillon" publiée par les Bénédictins de l'Abbaye
de Ligugé, à Chevetogne, par Leignon, province de Namur.
Etats-Unis d'Amérique. Smithsonian Institution (Was-
hington) .
Italie. - Société archéologique de la pro~ince de Côme.
Russie. Société archéologique de Finlande (Helsingfors,
(Finlande). . .
Suède. - Académie d'histoire et des antiquités de Stockholm
Suisse. Société neuchâteloise de géographie (Neuchâtel ).
Tunisie.· Société archéologique de Sousse .
Séance du 29 Avril 1915
Présidence de M. le Chanoine ABGRALL, président
La lecture du procès-vorbal de la dernière séance, '
t enue le 30 juillet t 914, ne provoque aucune observa
t ion.
M. le PrésiJent fait connaître l'état présent de la
·Société ; il expose les raisons qui nou~ ont amenés à
''Supprimer pendant huit mois nos réunions et donne
-des nouvelles de ceux des membres qui ~e trouvent
-actuellement sur le front. Il rend un nouvel-hommage
. .à, la mémoire du vicomte Alfred de la Barre de N ar.-
- teuil-le-Flô, mort le 12 novembre, à Dunkerque, des
i blessures reçues deux jours auparavant, lors de l'hé
iroïque défense de Dixmude par la brigade navale. On
:sait que la belle conduite de notre confrère a été
.portée à l'ordre du jour de l'armée.
MM. Le Carguet, le commandant Devoir et Ogès
:se sont fait excuser de ne pouvoir pas assister à la
.séance. M. le commandant Devoir, malgré ses occu-
. pations militaires qui l'attachent au fort de Toulbroc'h,
·t rouve le moyen de poursuivre .ses recherches sur la
:préhistoire. Il est en train de mettre au point une
·€tude sur l'architecture mégalithique.:
Quatre nouveaux membres sont admis dans la
'Société: M. le commandant lWaret de Pagnac, ùe
Crec'h-Guen, en Ergué-Armel, présenté par MM. A J'han
-et Villard, 1\1. J eha nnin, notaire à Quimper,' présenté
par MM. 'Allier et Le Guyader, M. Lemoine, profes-
:seur de dessin au Lycée de Quimper, présenté par
MM. Abgrall et Waquet, M. Coulommier, entrepre
neur de travaux publics, naguère chargé des travaux.
de la nouvelle préfecture, présenté par MM. A bgra lt
et Allier .
. . M. le Président communique-diverses protestations:
formulées par des sociétés savantes françaiseE! contre:
le vandalisme allemand; puis la parole est donnée à_
M. Le Guyader pour la lecture de son· poème sur les. .
nouveaux barbares. Cet éloquent morceau, dont l'ins-
piration très noble se traduit en vers sonores, fermes,..
frémissants d'une indignation généreuse, émeut vive--
ment les assistants. Tous s' associen taux justes com- pliments adressés à l'auteur par M. le Président; tous'.
forment le vœu de pouvoir relire bientôt le poème-:
dans notre Bulletin.
- M. Chaussepied · présente en les commentant ses relevés d'architecture de la Renaissance bretonne ..
Quant à l'étude annoncée sur les mottes féodales,
l'heure qui avance oblige M. le Président' à en re-
mettre la lecture ' à une autre fois. C'est. là, fait-il.
remarquer, un sujet intéressant, dont on s'est jusqu'ici,
trop peu occupé. parmi nous.
Les membres présents se rendent alors tous chez. .
. 1\1. Bodereau qui vient cl 'ach~ver son travail, entrepris.
l'an dernier, de reconstitution en relief sur bois de·
l'antique qHartier Saint-François de Quimper. L'ingé-
niosité .de notre confrère, ingéniosité appuyée du reste
sur de consciencieuses recherches d'archives et des ..
informations très sûres, son adre~se, son infatigable
.patience ont produit une œuvre vraiment remarqua--
.'ble, très suggestive, qui restera comme l'une des plus-
III
originales et des meilleures contributionS à notre his~
toire locale.
La séance prend fin vers 5 heures moins un quart .
Le Secrétaire, Le Président,
H. vVAQUET.
Chanoine ABGRALL.
Publications reçues: .
Analecta Bollandiana, t.' XXXIII, fasc. II .
. .. A nnales de la Société historique et archéologique
de l'arrondissernent de Saint-Alalo, 1914.
Fornvânnen Mecldelanden, Stockholm, 1914.
Revue des Traditions populaires, t. XXIX, juin-
juillet 1911L :
La liste, publiée dans le dernier BuLLetin, des membres
mobilisés ou employés dans divers services publics pour la
durée de la guerre, ne pouvait, nous l'avions nous-nième
annoncé, ne pas être incomplète et, sur quelques points,
inexacte. Voici trois additions ou rectifications qu'on 'nous
signale. D'autres encore seront peut-être nécessaires .
M. le marquis de Gestas de T,esperoux sert en qualité de
capitaine aux bureaux de l'Etat-major à Lorient. .
M. Olli'nier, de Landerneau, se trouve au 74
territorial,
lequel opère en ce moment dans un secteur où la lutte est par
ticulièrement ardente .
. M. Hourde de la Ragerie,' notre ancien président, appartient,
non au 318
d'infanterie, mais au 86
territorial. Il pst capo
ral-fourrier à la He compagnie. , . :
Société Archéologique du ~1inistère
1 er 1915: 144
Exereiee t t ..
RECETTES
1. CotisaLions des Sociétaires ..... _ ....... _ ... .
2. Subvention du Conseil général. _ .... ....... .
3. Intérêts du litre de rente 301 0.; . .......... .
4. Intérêts du livret de la Caissè d'Epargne ... .
5. Vente du Bulletin .......................... .
6. Vente du Cartulaire de Landéven.nec ....... .
TOTAL ........... .
DEPENSES
1. Impression du Bulletin. . . . .. .. ............ .
2. Brochage du Bulletin ..................... .
3. Recouvrements et frais divers .............. .
4. Honoraires du Sous-BiblioLhécaire ....... '"
5. Honoraires du Trésorier ................... .
TOTAL ...... ; .... .
EXCÉDENT DES RECETTES ...... .
A la fin de l'exercice 1913, l'actif de la Société
était de ....... , ........................ '.' ..... .
A la fin de l'exercice 1914, il reste en caisse:
Le titre de rente dont la valeur nominale
es t de.. . . . .. ................... . ............. .
Le livret de la Caisse d'épargne de Quimper
3° Excédents de 1913 31,40; de 1914 380.35==
L'a~tif de la Société est donc: TOTAL ........ .
Quimper, le 10 mai 1915~
1.440 »
300 »
112 »
1. 917 »
1.311 65
100 »
1.536 65
380 35
2.031 40
500 )
1.500 »
411. 75
2.411 75
Le Trésorier,
ALbIER .
Vu et approuvé par les Membres de la Commission de
comptabiliLé .
CHARLES CHA USSEPIED.
FRANÇOIS PLATEAU.
Séance du 27 Mai 1915
Présidence de M. le Ohanoine ABGRALL, président
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et
adopté.
Mme Le Houx et M. Waquet se sont fait excuser.
M. le Pt'ésidenl annonQe que le Bureau de la Société
d'Archéologie, réclamera à M. le Conservateur une
place d'honneur au musée départemental, . pour l'am
vre de M. Bodereau, (reconstitution en relief sur bois,
du couvent de Saint-François dè Quimper). Ce tra-
vail, fait avec une érudition et une patience de béné-
dictin par notre ingénieux confrère, doit être connu
du public. Les Quimpérois, en particulier, .seront
heureux de pouvoir contempler cette révélation d'un
vieux quartier de leur ville.
Les membres de la Société ont été heureux de trou-
ver dans le Bulletin, le ' beau poème de M. Le Guya
der: Barbares d'autrefois, Barbares d'aujourd'hui .
M. le Président exprime l'impression générale en
disant que ce morceau de si belle envolée, fait le
plus grand honneur au talent de notre confrère, dont
plusieurs œuvres déjà ont · été couronnées par l'Acadé-
mIe.
M. le Président · donne lecture de son étude sur les
mott. es féodales de la Cornouaille et du pays de Léon .
Les croquis qu'il présente aux auditeurs les intéres-
sent vivement. Les mott.es féodales ont été peu étu-
diées jusqu'à ce jour ; l'étude très documentée de
M. 'le Chanoine Abgrall jette un jour nouveau sur
cette intéressante question .
M. Chaussepied, à l'appui de son étude sur la fon
taine monumentale de Gouesnou, présente des relevés
et une vue perspective de cette fontaine. La ·construc
tion de la voie de chemin de fer qui passe à proximité
a empêché l'écoulement de l'eau qui submerge une
partie du monument. Il serait à souhaiter qu'un simple
aqueduc creusé dans le remblai, permette l'évacuation
de l'eau. .'
M. Chaussepied, avec un talent remarqu~ble, a fait
les relevés des principaux monuments bretons des XVIe
et XVIIe siècles. Ces relevés mériteraient de figurer au
musée breton pour faire connaître aux touristes et aux
amis de l'art, les beautés de notre Bretagne .
M. le Président présente le croquis de deux stèles
en granit qui servent maintenant de bénitiers dans
l'église de Penhars et dans celle de Gouesnac'h. Ces
stèles ne · sont autre chose que deux autels romains ou
gallo-romains. La cavité qui sert actuellement de réci-
pienf à l'eau bénite, était le petit foyer, {oculus, rece-
vant les charbons incandescents, sur lesquels on brû-
lait les quartiers des victimes, les offrandes ou les par-
fums des sacrifices. Ce serait là l'indice de sanctuaires
païens dans ces deux localités.
Une lettre de M. Tréal nous a fait connaître le décès
de l'un des nôtres: M. Koscher, conservateur de la
bibliothèque municipale de Morlaix. On ,trouvera en
annexe au procès-verbal, une notice nécrologique
rédigée par M. A llier, hommage d'affection et de .
regrets à son ancien collègue .
Les ouvrages suivants ont :été reçus depuis la der-
nIere seance : - .
VII
Annales de Bretagne, avril 1915.
Revue de Saintonge ~t d'A unis, avril 1915.
Bulletin de la Société d'A rchéologie de la Drôme,
année 1914.
Report on the progress and condit~on of the united
states national 'museu' m for the year ending june,
30, 1914.
Smisthonian Institution.
Revue des Traditions populaires,août-décembre
1914. '
Le Secrétaire,
L. OGÈS.
,Le Président,
Chanoine ABGRALL .
ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
NÉCROLOGIE
Nous apprenons la mort d'un confrère, M. Adolphe Kos
cher, conservateur de la bibliothèque communale et profes-
seur honoraire du Collège de Morlaix, enlevé par une lon-
gue et douloureuse maladie. C'est avec une poignante
tristesse que nous rendons hommage à sa mémoire.
Il était né à Adelange, près de Metz le 9 décembre 1848.
Après de bonnes études, il se destina à l'enseignement. Mais
la guerre de 1870 ayant éclaté, il prit les armes pour défen
dre son pays qui malheureusement vaincu fut annexé à
l'Allemagne. Alors il opta pour la France, fut nommé à
, Morlaix professeur d'enseignement moderne, de langue alle-
mande et plus tard chargé des fonctions de sous-principal,
où il acquit par la hauteur de son enseignement l'estime de
ses chefs et l'affection de ses élèves.
Comme bibliothécaire, sa bienveillance envers le publio
VIII
était si illassable qu'elle lui gagnait toutes les sympathies;
de même, il a bien mérité des travailleurs, car il a rédigé
un catalogue qui est un chef-d'œuvre de clarté, de précision
et d'érudition bibliographique.
Nous avons travaillé côte à côte pendant de longues années
et nous avons pu apprécier tout ce qu'il y avait d'élévation
dans soI! caractère, de patriotisme dans ses sentiments, de
bonté dans son cœur. Aussi la mort de notre ami a été bien
triste, puisqu'il n'a eu aucun des siens, pour lui fermer les
yeux, ni la suprême consolation de voir sa terre natale déli-
vrée du joug étranger. Que les pauvres annexés Lorrains,
sa chère famille éplorée au loin, acceptent l'expression émue
des profondes condoléances de notre société. ALLIER.
Ministère.
DE L'INSTRUCTION
PUBLIQUE
. RÉPUBLIQUE FRANCAISE
DES BEAUX-ARTS
DIRECTION
PaTis, le 3 mai 1915.
l'Enseignement SupMieur
3' BUREAU
Comité des Travaux historiques
et Scientifiques
Circulaire relative
à la conservation de
la tradition orale
pendant
la présente guerre
MONSIEUR LE PRÉSIDENT,
MONSIEUR LE RECTEUR,
MONSIEUR,
Par une circulaire en date du 18 septembre dernier, j'ai
adressé à MM. les Recteurs d'Académie des instructions en
vue d'inviter 'les instituteurs de leurs ressorts .à prendre des
Monsieur le Président de la Société.
Monsieur le Président du Comité di'partemental d'histoire économique
de la Révolution.
Monsieur le Recteur de l'Académie de
Monsieur \ Membre non résidant du Comité des Trayaux
historiques et scien tifiques.
Monsieur ,Correspondant du Ministère de l'Instruction
publique.
notes sur les événements auxquels ils assistent présente ment.
o A titre d'indication je leur communiquais les instructions
données le 17 août 1914 à ses coIlHborateursdirects par
M. le Recteur de l 'Académie de Grenoble qui leur signalait,
en particulier,'ïes ordres de faits auxquels les instituteurs
pouvaient d'abord songer, savoir:
a) Mobilisation; comment elle s'est effectuée ; esprit pu
blic ; paroles caractéristiques qu'on a pu. recueillir.
b) Comment s'est reconstituée l'administration du village,
après le départ de certains membres de la municipalité.
Rôle de l'instituteur et de l'institutrice.
c) L'ordre public i comment on assure la sécurité; étude -
civique; recrudescence oU diminution des délits ordinaires;
faits avérés d'espionnage (se méfier des faux-bruits).
d) Vie ééonomique. Agr}culture ; la moisson, le battage,
la mouture, etc. Industrie; efforts contre le chômage. Com-
merce local; ravita-illement ; prix. Le crédit, les banques.
Comment est accepté le moratorium_
e) Assistance, Paupérisme. Allocations de l'Etat et des
Municipalités. Solidarité privée.
1) Enfants. Garderies. .
g) Hôpitaux et ambulances. Service médical et pharma
ceutique, etc .
. D'autres rubl'iques pourront évidemment être ajoutées .
Recommandez expressément:
De n'accueiUir que des renseignements rigoureuse
ment contrôlés. U ne s'agit pas de laisser s'établir des
légendes, rii des (J. mots historiques» invent.és .
Le Comité des travaux historiques et scielltifiques vient
d'attÏl'er mon attention sur l'intérêt qu'il y aurait à généra-
liser cette enquête et à demander aux personnalités particu- .
lièrement qualifiées par la nature de leurs travaux et l'habi-
tude qu'elles ont de la méthode historique de vouloir bien
participer à une œuvre qui promet d'être si utile.
Le programme si intéressant qu'a tracé M. le Recteur de
l'Académie de Grenoble pourrait convenir aux desseins du
Comité. Il ne devait être, lui semb1e-t-i1, ni impératif, ni
limitatif. On pourrait certes y ajouter ou y retranûher ; mais
il offre d'utiles indications pour aider à choisir, dans la
masse des fait5 dont la tradition orale peut se trouver dépo
sitaire, ceux dont il importe vraiment de conserver le sou-
vemr.
Il est plus difficile d'indiquer les modes de cette conserva
tion, les procédés simples et pratiques pour faire utilement de
telles enquêtes historiques locales, pour cueillir à temps, si
on peut dire, ces fruits de la tradition orale qui se gâtent si
vite, qui tombent si vite. .
. J'ai pensé, avec le Comité, qu'il y avait lieu tout d'abord
et résolument d'écarter l'idée de tout ce qui ressemblerait à
une enquête administrative . et qu'il conviendrait bien plutôt
de proposer l'idée dont il s'agit aux réflexions et à la bonne
volonté de personnes et de sociétés qui s'occupent plus par-
ticulièrement d'études historiques et dont l'évident désinté-
ressement rassurerait toutes - les timidités. Les témoins
interrogés ' se sentiraient à l'aise pour répondre, en des
conversations familières, à des historiens qui n'auraient en
vue que l'utilité de l'histoire.
C'est pour cette raison que le Comité a estimé que cette
enquête historique pourrait être tout naturellement confiée
ou plutôt proposée aux diverses sociétés savantes, aux Comi-
tés départementaux de l'histoire économique de 'la Révolution,
française, à ses membres non résidants, aux correspondants
et aux correspondants honoraires du Ministère de l'Instruc-
tion publique, aux professeurs d'histoire des Universités.
A ces . personnes et à ces sociétés si autorisées serait
laissé le soin d'organiser leurs enquêtes çomme elles l'en-
tendrait, d'en fixer l~ programme, de les étendre à tout un
département ou de . les borner à quelques régions d'un
département, de choisir les témoins à questionner.
Evidemment, quelque intérêt que présente la tradition
orale dans les villes, c'est surtout dans la campagne, où
cette tradition est presque l'unique dépositaire du passé,
que de telles enquêtes seront riches en résultats utiles. En
particulier le témoignage de l'instituteur sera heureusement
invoqué dans l'enquête projetée. Mais d'autres personnes
connaissent, à d'autres points de vue, la vie spirituelle
d'une commune, d'autres connaissent sa vie économique et
le Comité ne doute pas qu'elles ne se refuseront pas à
répondre à des questions que leur poseront des historiens
dans l'unique intérêt de l'histoire. On pourra également
interroger, avec le même soin, les témoins qui sont de sim
ples particuliers et consulter aussi avec fruit, non seulement
les lettres émanées de nos soldats, mais toutes les corres
pondances privées qui offrent de l'intérêt pour l'histoire dp,
l'esprit public en France pendant la présente guerre .
Ce qui importerait, aux yeux du Comité, c'est que cette
œuvre de préservation et de conservation de la tradition
orale pût être entreprise sans ,aucun retard pendant que les
souvenirs sont encore dans leur fraîcheur et leur vérité.
L'expérience montre combien est rapide la déformation de
de ces souvenirs. Plus on se hâtera de les solliciter, de les
exprimer, de les fixer, plus on rendra service aux études
historiques. .
Telle est la pensée du Comité des Travaux historiques et
scientifiques; je m'y associe pleinement et je n'ai rien à y
ajouter .
Pourtant je (~rois devoir aussi appeler l'attention des tra-
vailleurs qui seraient disposer à coopérer à ces recherches,
saI' l'intérêt qu'il y aurait à ne pas attendre, pour nous le
communiquer, que leur travail fût achevé
xli '
J'estime qu'il ne serait pas, au contraire, sans utilité que
que l'on voulût bien nous adresser dans le plus bref délai
quelques notes, sans lien entre elles, prises au hasard et 'qui
seraient comme le type, dans les divers sens où elle serait
poussée, de l'enquête à laquelle ' chacun se proposerait de
procéder. L'examen de ces essais pourrait peut-être, comme
le signalait si justement dans sa circulaire M. le Recteur de
l'Académie de Grenoble, suggérer des conseils qui, s'il y
avait lieu, feraient l'objet d'une nouvelle circulaire. .
J'attacherais du prix à ce que l'envoi de toutes les com
munications relatives à cette enquête me fût fait sous le tim
bre de la Direction de l'Enseignement supérieur, Bureau du
COmité des Travaux historiques et scientifiques.
Ag['éez, Monsieur le Président,
Monsieur le Recteur,
, Monsieur, '
l'assurance de ma considération très distinguée.
Le Ministre de l'Instruction publique
et des Beau,1J Arts,
ALBERT SARHAUT
, Pour copie conforme :
Le Directeur de l'Enseignement supérieur,
Conseiller d'Etat,
L. POINCARE
Il est à souhaiter que les membres de)a Société archéolo-
gique, chacun selon ses moyens et facultés, fassent des
réponses à cette circu laire, et les adressent au Bureau du
Comité des Travaux historiques, ou au Président de la Société
archéologique du FinistèTe. . .
. LE PnÉsIDEl'iT .
Chanoine ABGRALL
XIII
Séance du 24 Juin 1915
Présidence de M~ le chanoine ABGRALL, président
Après la lecture du dernier procès-verbal, lecture
- qui n'entraîne aucune remarque, M. Vincent, direc
"teur du laboî'atoire départemental et de la Station agro
"llomique, est reçu comme membre de la Société, sur
ia présentation de MM. du Feigna de Keranforêt et
Waquet.
M. le Président communique ensuite les excuses de
'M. Rodolphe Koechlin, et annonce le décès, tout ré- '
"Cent de M. le chanoine Lucien Salaün, doyen du
-chapitre de la cathédrale de Quimper. M. Salaün
:appartenait à la Société archéologique depuis très
longtemps. Aussi tous les membres s'associeront-ils
-à l'hommage rendu par M. le Président à la mémoi
Te de notre vénéré confrère. M. le Président men
'tionne également la mort glorieuse d'un sculpteur
breton qui, bien que n'étant pas des nôtres, a mérité
'notre attention sympathique par ses intéressantes ten
tatives faites pour rendre à l'art breton un peu de son
·uriginalité et de sa vitalité de jadis. C'est M. Ely
Monbet, de Caurel (O.-du-N.), capitaine au 74
d'infan
~terie territoriale, tué à l'ennemi le 22 avril 1915.
M. Waquet, qui a été nommé, au I~lOis de juillet 1914,
'Conservateur des antiquités et objets d'art du dépar-
. tement, fait savoir que M. le Ministre de l'Instruction
,Publique et des Beaux-Arts a, depuis cette date, pro-
XIV
noncé le classement d'un grand nombre d'objets con~
servés clans des églises. Il se propose de publier après..
. la guerre une liste complète de tout8S les œuvres d'art.
classées, meubles ou immeubles, existant dans le-
Finistère.
M. le Président rend compte d'une pétition dont il:
a pris l'initiati ve pour protester contre la liberté déso- lante avec laquelle certaines personnes ne craignent.
pas de dénaturer l'aspect de Quimper. Ses observations
donnent lieu à un échange de vues entre les merD. bres .
présents. M. Chaussepied notamment intervient fort à.
propos. Il a adressé dernièrement au directeur du
« Constructeur rnodeTne », une lettre relative aux.
mesures à prendre pour conserver dans les constructions..
nouvelles entreprises dans c'haque région et même dans.
chaque ville le caractère spécial à l'art de cette ré-
gion ou de cette ville. La Suisse, remarque-t-il, nous.
a montré la voie dans ce. sens. Elle sait unir au souci
du progrès moderne l'attachement aux formes dont
un usage séculaire a fait l'expre- ssion vénérable de la.
pensée d'un peuple. Tout ne convie rit pas partout. Il
ne s'agit pas de décourager à l'avance de légitimes.
efforts tentés en vue d'une originalité de bon aloi. Il
s'agit de respecter dans ce qu'elles ont d'essentiel les..
traditions provinciales; il s'agi t aussi et surtout de ne·
pas pratiquer, ·sous un vain prétexte de centralisation.
systématique, le culte d'une banale uni.formité 'as-.
pect qui serait la né.gation même de l'art. .
Aussi bien les pouvoirs publics commencent-ils à s'in--
quiéter du péril que font courir à nos monuments oer--
taines conceptions trOp absolues du progrès scientif1que· ...
M. Chaussepied communique le texte d'une dépêche
adressée le 8 juin dernier à tous les préfets par M. le
Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts
dans l'intention d'enrayer le mouvement de désaffec
tation des cimetières qui entourent les églises. Lors
qu'aucune raison impérieuse d'hygiène ne l'exigera, ces
cimetières devront êtl'e conservés. On n'y fera peu t-être
pluR d'inhumation, mais ils garderont leurs pierres,
leurs croix, leurs arbres, bref leur l)hysionomie d'au
trefois, cadre très noble et d'ailleurs primitivement
prévu de l'édifice qu'ils englobent dans leur enceinte.
Toute demande de désaffectation devra être transmise
au ministère où sera examinée la question de savoir
s'il convient de provoquer un classement, soit comme
site pittoresque, soit comme monument historique. On
comprend assez l'importance de cette. décision pour
notre pays. M. Chaussepied prie donc ceux de nos
confrères qui auraient connaissance de cimetières me-
nacés, de vouloir hien- les lui signaler. Il fera tout le
nécessaire pour les sauver conformément aux pres
cri ptions de. la dépêche ministérielle.
M. le Commandant D.evoir a écrit à M. le Président
pour 1 ui faire part des hypothèses que ses recherches
récentes lui suggèrent sur les différences qui séparent
l'idée qui a fait ériger les dolmens et celle qui pré
side à la construction des chambres à parois maçon-
·nées. Ces chambres seraient, suivant lui, des antres
de sorciers préhistoriques.
Avant d'aborder la lecture d~s rnémoires, et à l'oc-
casion du centenaire de la naissance du grand . poète
La Villemarqué, M. le Président tient à lire quelques-
XVI
unes des plus belles pièces du Barzaz-Breiz et à sa
luer l'héroïsme des petits-fils de notre ancien président;
cinq d'entre eux sont déjà tombés au champ d'honneur.
La séance est 'levée vers 4 heures.
Publications reçues :
Bulletin archéologique de la Société archéologique
de Tarn-et-Ga1'onne, année 1913.
Bulletin du Co'mité des travaux historiques et
scientifiq ues ; section des sciences économiques et so
ciales. Congrès de 1911.
Recueil de la Commission des arts de la Charente-
Inférieure, tome XIX, 4
livraison.
Revue des Traditions populaires, tome XXIX,
août-décembr" e 1914.
Union agricole et maritime de Quimperlé, nOS 22,
23, 24, 25. .
Le Secrétaire,
H. WAQUET.
Le Président,
Chanoine ABG RALL.
Le fascicule du 2
trimestre de 1913 du RuLLetin arèhéolo
gique, historique et a1'tistique de la Société archeologique de
Tarn-et-Garonne (pp. 185-187) contient une note intéressante
sur les circonstances dans lesquelles fut assassiné en 1775 à
Carhaix Charles de Persin, marquisj:de Mongaillard, époux
de Anne Mauricette-Renée de Plœuc, marquiseildu Tymeur. "
XVII
, Séance du 29 Juillet 1915 ,'
Présidence de M. le chanoine ABGRALL, 'président
Après lecture du dernier procès-verbal; revenant sur
'la question des enceintes et des cimetières entourant
'nos églises. M. le Président , dit qu'au Faou, il y a
-environ 30 ans on a démoli l'ossuaire situé au côté
. .sud de l'église ; et que, pI'ès de cette même église, il
" 'y a trois ou quàtre années) une brêche a été pratiqué'e
·dans le mur Est ùe l'enceinte, pour offrir un p~ssage
'plus facile et plus ' direct aux voitures d'un- d'es habi-
~tants.
Se sont fait excuser: Mme Le Roux, MM. Peyron,
Le Caq}uet, Picquenard, W":aquet, Roussin, De170ir
et Jehannin .
Malgré la guerre, le nombre de nos adhérents ne
.,cesse d'augmenter. A cette séance, trois nouveaux
'membres sont admis à l'unanimité ':
Mme Pingaucl, directrice de l'Ecole Normale
- d'institutrices de Quimper, présentée par Mlle Manach
·et M. le chanoine A bgrall.
2° M. Trémintin, conseiller général, ' maire ·de
Plouescat, présenté par M r-.L le chanoine A bgra U' et ,
Yves Le FebDre, juge de paix à Ploue:;cat.
3° M. Rocuël, rédacteur en chef en retraite au Mi
,nistère de la guerre, ~)!f, quai de l'Odet, à Quimper,
~présenté par MM. le colonel Roudière et le chanoine
.Abg rall, .
Une lettre de M. Lefebvre annonce que l'Etat vient
-de mettre à la disposition des Ponts et Chaussées un
XVIII
secoul':-. de 800 francs pour l'exploration de rétablis
sement gallo-romain de Gorré-Ploué, en Plouescat.
Cette exploration sera commencée incessamment.
M. le Pl'ésirl ent a déterminé le tracé d'un impor-.
tant établissement gallo-romain à Plomarc'h, en Ploaré
près Douarnenez. On y voit des caves profot:ldes de
trois mètres. Toutes les parois ~ont endUites d'une·
forte couche de eimen t : les angles ont un renforce-- -
ment saillant en ronel. Ony a trouvé un I-lereule en,
marbre de om5'. ; une jolie tête en bronze ayant servi.
de poids; des traces d'hypocauste et de vasques en.
marbre; une buire en bronze; un squelette humain
carbonisé et une très grande amphore écrasée .
M. Uoussin, du ehâteau de Kel'aval, envoie une·
note complémentaire sur la Motte de Boissavarn, en
Plomelin. M. Roussin y a observ8 l'existence d'un.
bastion circulaire cie 10 mètres de diamètre environ,.
couronnant une petite éminence qui domine de sa.
pente abrupte la vallée, et forme saillie sur sa décl~- .
vité. · On y accède de la motte, par une petite chaussée·
formant passerelle sur la douve. Ce bastion devait
supporter une tour ronde rdiée à un édifice rectangu ...
laire occupant l'enceinte en arrière.
La Fédération régionaliste française a communiqué·
à la Société un vœu qu'elle a émis dans sa séance du
20 mai 1915. Ce vœu analogue aux vues di-jà exposées.
par M. Chau:-5sepied, demande que dans les' pays enva-
his, les reconstructions à intervenir maintiennent et.
exaltent partout le génie régiona.1. .
Les ouvrages suivants ont été reçus depuis la der--
nIere seance:
XIX
Bulletin l rime,,;lriel de la Société des Antiquaires
de Normandie, 3
et 4
trimestres 1914.
Mémmres de l'Académie rie i Vîrnes, année 191~.
Les Coutumes de Saint-Gilles (XII-XIV siècles), par
E. Bligny-Bondurand.
Rulletin de la Société des A ntiquail~es de l'Ouest,
ter trimestre 1915.
Bullptin rie la Société des A rchives historiques
de la Saintonge et de l'Auriis, ter juin 1910.
Société nationale d' Agricu lture, Sciences et Arts
d'Angers, tome XVII, année 1914.
Société ' des Archives histol'ique'S de la Gironde,
tome XLIX.
Après leeturé des mémoires inscrits à l'ordre du
jour, la séance est levée à 4 heures.
Le Secrétaire,
L. OGES .
Le Président,
Chanoine AI:3GRALL.
ANNEXE AU PROC~S-VERBAL
Kcraoal, le 29 ju,iLlet 191/5.
MONSIEUR LE CHANOINE ET CHER PRÉSIDENT,
Ayant le regret de ne pouvoir assistel' à la séance' de ce .
JOUI', je me permets de vous envoyer ces quelques lignes dont
je désirais donner connaissance à la l'éuniol1.
Il s'agit de la Motte de Boissavarn, en Plomelin. à laquelle
vous avez consacré quelques lignes dans votre intéressante
notice du dernier B, itlletin.
Vous ne m'en voudrez pas de dire que cette ruine a dû être
visitée au moment où le taillis qui couvre son emplacement
avait poussé de manière à constituer un épais fourré. J'ai pu
aller la relever, il y a quelques années, après une coupe de
taillis faite l'hiver précédent. ..
L'ouvrage priucipal est le carré long dont vous parlez, de
2ti mètres environ sur 16, la grand~ largeur Nord-Sud, en
touré d'une douve, et portant, à la face extérieure de l'en-
ceinte des restes de maçonnerie verticale. Mais le plusinté':':
ressant est ce qui se trouve en avant, sur le front su.rplombant
la va lIée, côté nord de l'ouvrage. . .
Une brèche au milieu de ce côté donne sur une petite
chaussée, formant passerelle, tra\'ersant la douve. Elle donne·
accès à un bastion circulaire ('10 mètres de diamètre environ)
couronnant une petite éminence, évidemment )'apportée, .qui,
domine de sa pente abrupte la vallée et forme saillie sur sa
déclivité. Ce bastion constitue une plate-forme plus élevée
que l'enceinte carrée et bordée d'une petite saillie, sauf la
coupure qui sert d'accès en venant parla passerelle .
Je n'ai pu, malheureusement, compléter mon investigation
par quelques fouilles; mais, si je m'en rapporte aux recons
ti tutions des mottes décrites dans votre no'lice, il me semble
que ce bastion devait supporter une tour ronde, reliée à un
édi fice rectangulaire occupant l'enceinte en arrière, la passe-
relie menant de l'une à l'autre, et des palissades devant fer-
mer les deux gorges à droite et à gauche de cette dernière .
Vous jugerez peut-être opportun, Monsieur le Président,
de donner communication de cette note à nos collègues.
Veuillez agréer, Monsieur le
mon respectueux dévouement.
Président, les assurances de
A.-V. ROUSSIN
XXI .
Séance du 28 Octobre 1 915
Presidence de M. le chanoine ABGRALL, president
La lecture du dernier procès-verbal donne lieu à
une rectification en ce qui concerne la provenance de .
la somme de 800 francs qui doit être employée à l'ex
ploration de l'établissement romain de Gorré-Ploué,
en Plouescat. C'est à la disposition non des Ponts-et·
Chaussées mais des Monuments Historiques que cette
somme a été mise. .
M. le Président communique des n~uvelles de nos
confrères mobilisés au front. Au nom de la Société, il
formule ses meilleurs vœux pour les combattants et
salue les morts.
MM. Abgrall et Waquet présentent et font recevoir
un nouveau membre, M. N. Le Roux, ingénieur en
chef des Ponts-et-Chaussées du Finistère.
M. le Président, qui a visité de nouveau les ruines
romaines de Gorré-Ploué, expose à ce sujet ses hy
pothèses. Il s'agirait d'après lui d'un balneum. La '
. disposition des diverses saJles y est e'ncore assez recon-
naissable. Des fouilles dans les terres voisines ne res-
teraient peut-être pas infructueuses, car la présence
d'un balneum à cet endroit fait naturellement penser
que d'autres constructions se dressaient non loin .
L'ensemble rappelle les découvertes faites au Bossenno .
près de Carnac. .
M. le Président revient sur la nécessité de proté-
ger efficacement nos sites pittoresques contre l'indiffé-
" xxiI
rence, l'ignorance et le vandalisme. Il an nonce que
nous avons obtenu gain de cause dans une récente
affaire relative à l'un des , plus jolis ,coins de Quim-
pero Ainsi que plusieurs des membres présents il esti-
me aussi' qu'il y aurait encore des progrès à réaliser
pO~lr le bon entretien des monuments historiques.
M. De Lécluse attire l'attention de la Société sur un
curieux fragment d'une cuve mise au jour sur la côte
près de Telgruc. La cuve, qui est cimentée et fort bien
construite, parait avoir servi à sécher du poisson à
l'époque gallo-romaine.
M. le Président et M. Waquet donnent communica-
tion des mémoires inscrits à l'ordre du jour, puis la
séance se poursuit par une visite du musée archéolo-
gique. Elle est levée vers 4 heures trois quarts.
Le Secrétaire, Le Président,
H. WAQUET. " Chanoine ABGRALL.
Publications reçues :
Bibliographie gén~rale des travaux historiques et
archéologiques publiés par les Sociétés savantes
de la France, tome VI, 1 ra et 2
livraisons. '.
Rull.etin historique et philologique du Comité,
des travaux historiques et :5éientifiques, 1914. .
" Bulletin de la Société des A ntiquaires de l'Ouest,
trimestre de 1915.
Bulletin de la Société des Antiquaires , de Picardie,
et 4
trimestres de 1914 et 1
et '2
trimestres de
1915.
BullE tin de la Société d'Archéologie et de Statis-
tique de la Drôme, juillet 19 t 5.
0 " Revue de la Hau te-A uV81'gne, 1914, 3
fascicule .
XXIII
Revue de Saintonge et d'A unis, XXXV
volume,
livraison. .
Revue des Traditions populaires, t. XXX, janvier
septembre 19 ' 15.
La Science française (Exposition universelle de San-
FI'ancisco), 2 vol. in-8°.
Smithsonian report for 1914, publications
2346,2347, 2348, '2349,2351.
Union agricole
bre 19"15.
et m,aritime, septembre et octo-
Les der'll iers combats ont été funestes à la Société Arché
ologique du Finistère. Nous avons à déplorer la perte de
deux jeunes confrères très sympathiques, MM. Louir:; de
Chabre et André Oheix.
M. Louis de Chabre, adjudant au 116
d'Infanterie, n'avait
pas encore pu prendre une part active à nos travaux. Mais
il les suiva it avec un grand intérêt; lors des quelques jours
qu'il vint passer en permission à Quimper, au mois de juillet,
l'une de ses visites fut pour les Archives. A près plus d'une
année de dure campagne, il est tombé glorieusement le
25 septembre, en Champagne, sur la position même que son
batai1lon, dans un admirable élan, venait de conquérir .
C'était, dans toute l'acception du mot, un brave.
. La nouvelle de la mort de M. r\ ndré Oheix vient de nous
parveni,r brusquement, sans détails. La perte est grande
pour l'histoire bretonne. André Oheix en était passionné. Il
s'occupait surtout du Moyen âge, et, dans le Moyen
âge, de la période la plus obscure, qui offre pour . notre
région le plus dé problèmes à résoudre, ·les siècles du
XXIV
Vile au xu
Sa curiosité s'étendait à toute la Bretagne.
Nous avons rendu compte ici de son Essai sur les Séné
chaux. D'autre part, on se rappelle certainement l'article
qu'il nous donna en 1912 sur l' HistoiTe de Cornouaille
d'ap1'ès un livre récent; sur un sujet délicat, tl'ès contro-
versé, on y remarqua en effet la sÛl'eté de sa critique
et larectitllde de son bon sens. Pal' la publication du
Nécrologe de Landévennec dans le Bulletin diocésain, il
s'acquérait peu après de nouveaux titl'es à l'estime des éru-
dits du Finistère. Nous nous félicitions de le compter dans
nos rangs. Nous conserverons fidèlement sa mémoire.
H. WAQUET
. Les monuments suivants ont été classés depuis un an.
Plozévet. Chapelle de la Trinité .
Guipavas. Cha.pelle Notre-Dame du Rhun .
Meilars .. -- Eglise Notre-Dame de Confort, avec le cal
vaire adjacent, à l'exception des statues modérnes.
Rosp0l'den. Abside, clochel' et portail de l'église.
Morlaix. Pignon du chevet de l'ancienne église des
Jacobins.
Cléden-Cap-Sizun. Chapelle de Saint-They.
Plogastel-Saint-Germain. Chapelle, ossuaire et. cal-
vaire de Sèlint-Germain.
Plogonnec. . Chapelle, sacristie et calvaire de Saint-
Thélau .
Argol. - Eglise et ar'C de triomphe.
Bl'ennilis. -, Eglise et Cl'Oix du calvaire.
Gouézec. Eglise, arc de triomphe et calvaire.
Huelgoat. Chapelle Notre-Dame des Cieux.
Plouescat. Substructions gallo-romaines de Gorré-
Bloué,
xxv
. Quimperlé. - Eglise Notre-Dame de l'Assomption (Saint
Michel).
. Plouescat. - Halles.
Les recherches relatives aux mégalithes se font depuis
quelques années d'après une méthode rigoureusement scien
tifique, grâce à laquelle il semble qu'on puisse aboutir enfin
à des conclusions précises et presque certaines. On connaît
notamment les l'[orts accomplis avec succès par notre savant
confrère M. le commandant A. De\'oir. Dans l'Homme préhis-
torique (UH3, nO 12), M. le Dr Marcel Baudouin, étudian t
la technique de la détermination de l'orientation des dolmens,'
énumère les appareils indispensables et explique les procé
dés pratiques dont il se sert. Le même auteur, dans son mé
moire sur la loi de pQllition des menhirs périsépulcraux
(Bulletin de la Société Préhistorique Française, 1914), sou-
tient la thèse que ces piel'l'es se trouvent placées, autour des
dolmens et allées couvertes, dans des situations qui sont
toujours les mêmes et toujours en rapport avec une idée
directrice ou ~réconçue. Cette idée est, selon lui, d'ordre .
rituel et se rattache au culte du Soleil de ' l'époque néolithi
que. Cette thèse, appuyée sur de nombreuses observations
faites surtout en Vendée, serait-elle confirmée par l'examen
des menhirs du Finistère? '
Le récent volume du Congrès Marial du Folgoët renferme
deux articles de M. le chanoine J.-M . Abgrall. Le plus im
portant, tout à fait uriginal et qui sera précieux pour les
archéologues, concerne l'Iconographie . de la Sainte- Vierge
dans le diocèse de ()uimper (diocèse actuel). Toutes les re-
présentations_figurées ayant trait à la Sainte-Vierge y sont
décrites dans l'ordre chronologique des mystères de .Notre,.
XXVI
Dame. Le second article, sur les Confréries du Rosaire,
reproduit textuellement , des ft'agments d'une. étude encore
inédite de M. Bourde de la Hogerie. C'e~t à la. générosité
de ces confréries que la plupart de nos églises rurales sont
redevables de ces somptueux retables du XVIIe siècle qui
leur font une parure si originale. M. Abgrall, qui indique
sa source, doit êtt'e remercié pour nous avoit' révélé dès
maintenant les idées essentielles d'une étude dont .notre
ancien président donnera sans doute, dès que les cÎrcons·
tances le lui permettront, le texte complet.
. M.' de la Rogerie, lors de son départ de Quimper, laissait
inachevé le troisième volume de l'Inventaire sommaire
des Archives départementales. Ce volume, consacré aux
A mirautés de Quimper et de Morlaix et au Tribunal de
Commerce de Morlaix, a été mis en distribution et en
vente (1) àu mois de juillet 1914.
Ce qùi le met à part dans la collection des Inventai~es,
c'est la copieu~e et magnifique introduction qui en occupe
le premier tiers et dans laquelle M. de la Rogerie a mis en
œuvre Ulie masse considérable de notes accumulées par lui
sur le commerce, l'agriculture, l'industl'ie et la vie maritime
de toute la Basse-Bretagne depuis le xv
siècle. Cette intro~
duction est une véritable encyclopédie. Elle fait plus qu'ex- .
poser et g'rouper les ' conclusions de travaux antérieurs;
elle apporte sur , beauc~up de points des faits nouveaux;
elle ouvre aux chercheurs sur une foule de ,questions des
voies à peine explol'ées. Souhaitons que l'aùteur recueille
assez de souscriptions pOllr pouvoir, ainsi qu'il se le propose,
reprendre, en le refondant sur un plan nouveau et en le
. (i) On peut le trou ver àux Archives, rue du Palais, pour la somme de
iO francs. , .
XXVÏI
. complétant, ce beau travail dont l'ordonnance se J'essent
nécessairement du cal'actère tl'ès spécial qui lui était d'abord
Impose.
H. WAQUET
LES REMPARTS DE QUIMPER
Quimper a eu la bonne forturle de conserver une partie de .
ses vieux remparts du Moyen âge; dellx tronçons assez
importants se développent, l'un derrière le Lycée, faisant
face au Champ de Foire, l'autl'e le long du bouleval'd de
l'Odet, maintenant bouleval'd de Kerguélen, Au Champ de
Foire les douve's ont été comblées, et les murailles, ainsi
diminuées de haute ut', n'ont plus leur aspect imposan t d'au
trefois, mais ne manquent pas cependant de donner à ce
qu~rtier un caractère tout spécial. .
Les-remparts longeant le bouleval'd étaient autrefois bai
gnés à, leur pied par le cours de l'Odet et l'étang du moulin
de l'Evêché.' Lors de rétablissement du chemin de fer
et de la cl'éation de la gare, on détourna le lit de la rivière,
pour tl'acer cette grande voie d'accès, laquelle se trouve
isolée du vieux mur d'enceinte par Uil étroit lé de terrain
qui vient mOUl'il' en angle très aigu au coin de l'Evêché.
La partie Est de ce ruban de terrain est couverte par des
constructions basses, par suite d'une concession ou d'une
tolérance de la Ville. La pal'tie correspondant au jardin de
l'Evêché a été transfol'mée en jardin public. Or toute cette
longère de remparts a été classée comme monument histo
rique, c'est-à-dire comme offrant un intérêt historique et
pittoresque.
Tout monument historique est destiné à être vu, remar
qué, étudié au besoin. Comment se fait-il que ce tronçon
XXVIii
classé, se trouve masqué p'resque complètement et soit
beaucoup moins en vue que la partie non classée du Champ
de Foire? .
Les bâtisses d. e l'extrémité Est, d'après qn règlement de
voirie, ont leur hauteur limitée au niveau des mâchicoulis,
mais il arrive que, en perspective, elles cachent absolument
ce couronnement des murailles. Le jardin public, ou plutôt
.la cour de récréation de qu: lques enfants et de quelques vieux
joueurs de cartes, est planté de deux rangs d'arbres, bien
alignés le long de la grille de clôture et au pied du rempart.
Cette dernière ligne est juste posée pour cacher, par ses
branches et son feuillage, les mâchicoulis qui donnent. à
cette défense son cachet pittoresque et sa note caractéris
tique. Il arrive souvent d'entendre des remarques bien jus
tifiées, à propos de cette inconséquence: classer des rem
parts fort intéressants, puis les masquer . par une ligne
d'arbres fort prosaïques! Je dis prosaïques; les arbres
alignés font bien le long d'un boulevard ou d'une avenue,
mais dans un jardin public on cherche plutôt des massifs de
verdure et des arbustes d'ornement.
Ici je pardonnerais encore un rang avoisinant la grille; il
ne fait pas tort au rempart et il est suffisant pour donner de
l'ombre ' aux enfants et aux vieillards ; mais la ligne qui
longe la muraille n'ombrage guère que celle-ci; encore lui
est-elle nuisible par l'humidité qu'elle entretient à sa sur
face' et par les dégâts que peuvent occasiounerses racines
pénétrant dans les maçonneries engagées sous terre.
Le promoteur ou le créateur de ce jardin a été le regretté
M. Louis Hémon. Il est certain que son dessein n'était pas
de cacher nos vieux remparts dont il était fier, mais plutôt
de les mettre en valeur. En les rendant encore visibles et
en embellissant ce jardin, . notre municipalité ne ferait que
se conformer à ses vœux et à ses désirs.
. Chanoine J .-M. ABGRALL
XXIX - . .
- Séance du 25 Novembre t 91'5 , . ~ _
présidence de M. le Chanoine ABGRALL, président
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et ·
adopté sans observations.
Trois nouveaux membres i;ont admis dans la Société:
M. J. Rertot, directeur du journal Le F. inislère, pré-
senté par MM. Fr. Le Guyader et Ogès. M. Justrabo,
ingénieur-chimiste, présenté par MM. Abgrall et N. Le
Roux. M. L. Lécureux, archiviste-paléographe,
agrégé de l'Univ~ersité, présenté par MM. le chanoine '
Peyron et Waquet. .
M. le Président annonce qu'il a reçu de M. Lefebvre
de Plouescat une lettre par laquelle notre confrère lui
apprend qu'ayant été démobilisé, il va pouvoir pour
suivre ses fouilles à Gorré-Ploué en étendant ses inves-
tigations sur les terrains voisins. M. le Président
compare les ruines de Gorré-Ploué à celles du Péren
nou. en Plomelin; puis, reprenant son étude des '
. bornes routières, il attire l'attention de la Société sur
les cartes des voies romaines qu'est' en train de prépa-
rer M. L. Le Guennec. .
M. Waquet, chargé en qualité de secréta:ire de la
conservation de notre bibliothèque, rappelle qu'il
importe à tout le monde que 'chacun d'entre nous,
.lorsqu'il a emprunté quelque publication, veuille bien
ne pas la garder trop longtemps et se préoccupe de la .
restituer dès qu'il a cessé de s'en ser- vir. Autrement
l'oubli vient vite, et, au grand dommage des autres
xxx
membres, la publication s' égare~ Certaines négligences
de ce genre ont amené des pertes irréparables.
M. le Président fait connaître son intention de don
ner dans notre Bulletin une nouvelle édition remaniée
et complétée de son catalogue des inscriptions du
Finistère qu'il pùblia naguère dans le volume du
Congrès tenu en 1896 à Morlaix par la Société fran
çaise d'Archéologie. Il donne lecture de quelques-unes
. de ces inscriptions dont il y a malheureusement très
peu qui soient rédigées en langue bretonne.
La séance s'étant tenue cette fois à la bibliothèque
municipale, M. Fr. Le Guyader présente à la société
les incunables et les manuscrits les plus curieux
de ses collections. La présentation du cartulaire de
Landévennec fournit à M. '-'laquet l'occasion de rap
peler sommairement l'histoire des premiers siècles de
la célèbre abbaye bretonne. De cet exposé ainsi que
de l'échange de vues qui 8'ensuit une conclusion
incontestable se dégage : c'est qu'il y a encore beau
coup à dire sur ces questions aussi obscures que
passionnantes.
. La séance s'achève au musée archéologique vers
4 heures et demie .
Le Secrétaire,
H. WAQUET.
Le Président,
Chanoine ABGRALL.
Publications reçues : .
A nnales de Bretagne, novembre 1915.
Bulletin de la Société Archéologique de Tarn-et-
Garonne, 1914.
Revue de Saintonge et d'A unis, octobre 1915 .
XXXI
Société J el'siaise, 40
bulletin annuel.
Société Jersiaise, Journal de Jean Chevalier,
fascicule.
Société Jersiaise, ;1ctes des Etats de l'Ile de
J el'sey, 1790-1795.
Union agricole, novembre 1915.
M. le chanoine J.-M. Pilven vient de réunir en volume les
pages consacrées par lui dans le Bulletin diocésain à Monsei
gneur Dombidall, de Crouseilhes et la Restauration du culte
dans le Diocèse de Quimper et de Léon. On y trouvera le
récit clair et bien écrit de l'œuvre de réorganisation accomplie
durant dix-huit ans RU milieu de circonstances difficiles par
le second évêque concordataire de Quimper. M. Pilven a
utilisé presque uniquement les manuscrits laissés par Monsei
gneur Dombidau, mais ils suffisent pour donner un grand
intérêt à son livre, car ils sont nombreux et pleins de détails;
ils contiennent notamment des renseignements curieux sur
l'état économique et moral des campagnes finistériennes ail
lendemain de la Révolution. M. Pilven oont on avait fort
apprécié les recherches sur Expilly était mieux désigné que
que tout autre pour étudier le rôle du prélat réparateur dont
l'influence s'est étendue par delà les limites de la Basse-Bre-
tagne. Il l'a fait de façon à nous inspirer le désir de ne pas le
voir s'arrêter en si bon chemin .
Au mois de juillet 1914 on t {laru à la librairie Le Goaziou
de Morlaix deux petites brochures qu'il est utile de ne pas
XXXII
laisser passer inaperçues. L'u'ne, de notre distingué confrère
'M. Louis Le Guennec. a,pour sujet le prieuré de N.- D. de /(erni
tronàLanmeur, « la capitale mystique du Trégor Morlaisien».
, Cette petite étude, fondée sur les traditions locales, et, à
partir du seizième siècle, sur des documents d'archives, est
aussi complète que possible, du moins pour ce qui regarde
l'histoire des prieurs et du pélerinage. Le prieuré dépendait,
on le sait, de l'abbaye de Saint-Jacut et du diocèse de Dol.
L'autre brochure est une monographie historique et descrip
tive de Carantec, écrite par M. l'abbé C, Lazennec; elle
groupe des renseignements jusqu'alors dispel'sés dans divers
livres et contient un catalogue assez soigné des manoirs et
des principales familles possession nées d~ll1s la paroisse .
On n'a pas fini de discuter autour des saints bretons. Par leur
dévouement, leur sagesse, leur zèle religieux, ces pieux
personnages rendirent à nos lointains ancêtres de tels services
que la reconnaissance populaire, sans aucune intervention
de l'église officielle, les a spon tanément canonisés. Malheu
reusement il n'en est pas un seul dont la carrière nous soit
connue par un document contemporain. La plupart des v~es
sont postérieures ,de d' eux cents ans au moins, parfois de plus
de trois ou quatre cents aux événements qu'elles rapportent.
Il est tout naturel que les historiens se trouvent fort embar-
rassés en présence de pareils textes, où d'ailleurs les répéti
tions. les emprunts mutuels, les bizarreries abondent.
Dom Lobineau ne les avait utilisés qu'avec circonspection.
Moins prudents. Dom Plaine et Arthur de la Borderie ne crai
gnirent pas de s'y appuyer comme sur des autorités de valeur
à peu près incontestable. Leurs récits des v
et VIe siècles de
' .}'histoire bpelonne, surtou t chez La Borderie, développés avec
;beaucou, p d'art, très agréables à lire, feraient honneur à plus
cl'un romancie' r. Mai~ ce qui clevaH arriver arriva: ]a r€ac
tion fut violente. Plus'ieurs critiques. , emportés par l'ivresse
cl'u n travail de démolition dont :les premières démarches
, éta'ient faciles, prétenden t aujourd'hui ne plus laisser d, ebou t
p o i· erre sur pierre de . ce monument majestueux et vénérable .
. Parce qu'avant eux quelques h'istoriens trop pressés et d'u, ne
imagination complaisante acceptaient tout, ils veulent rejeter
to~t. Etrange effet de la manie de contred· · ! Le regretté
André Oheix, mettant judicieusement au poînt Ja question en
ce . qui regarde la Cornouaill· e, avait montré par son exem
, pIe qu'il restait encore place Ji>our l'esprit de mesure entre
J'excès dans la confiance et l'excès dans la défiance. La ·crj-
tique n'est pas nécessairement la négation; elle doit seuJe-
ment y être prête et, si elle n'y peut échapp. er, ne f)o,int la
craindre. Les grands , érudits d'; au.trefois qu'on oublie l'l'Op le
savaient bien. Aussi éprouve- t-on un réel plaisÎT à se sentir
replacé dans le courant de leurs méthodes si fermes €t : si
süres. .
C'est ce plaisir que nous procure aujourd'hui M. Joseph
Loth par un article de la Revite Celtique, reJati.f · â l'édition
donnée par M. Fawtie:' de la vie la plus andenne de Bain,t
Samson de Dol (1). Tout en rendant justiee à M. Fawtier qui
a déployé beaucoup de saga'cité et de finesse, M. Loth conteste
·l'exactitude de sa thèse, laquelle est extrêmement hardie
puisqu'el'le va jusqu'à '\'efuser toute valeur historique à la
vie de saint Samson. Nous ne nous ar.rêterons pas sur -les
objections très précises qu'il présente en se , plaçant au
point cie vue cie la philologie. Mais son examen cI"un seul livre
lui est une occasio.n d'exprimer sur l"hagiograp'hie , bretonne
cles idées générales qu.i ne sauraient nous laisserinciifIérents.
Il faut citer ici quelques lignes:
(i) Revue Celtique, vol. XXXV, '1914, n' 3. Nous avons signalé l~ publi
cation de l'ouvrage de M. Fawtier en son temps, ·dans la .chronique lu
mois de février i9f3 du présent Bulletin.
XXXIV
, « On a"en apparence, beau jeu, dit-il, en faisant table rase
des vies rédigées aux XIX
, xe, Xle siècles, sous prétexte qu'elles
. ne s'appuient pas sur des documents écrits antérieurs, que
leurs témoignages ne reposent que sur ce qu'on appelle avec
,une nuance d'ironie la tradition. Assurément la tradition
est un fleuve trouble aux eaux contaminées. C'est à la criti
qué d'en clarifier le cours. En ce qui concerne la tradition
bretonne-armoricaine aux IXe-Xle siècles, il ne faut pas oublier
qu'elle mérite d'autant plus considération qu'elle est sans
cesse renouvelée par les relations ininterrompues entre la
'péninsule armoricaine et la Bretagne insulaire ... Le caractère
légendaire d'un récit n'est nullement une raison pour ne
pas croire à la sincérité du narrateur, parce qu'on ne saurait
reprocher à quelqu'un d'avoir eu la mentalité de son temps. ))
C'est ainsi que pense un maître dont l'érudition vaste et
sereine se garde avec un égal soin des suggestions importunes
qu'entretient un amour propre national mal placé etde l'en-
thousiasme systématiquement admiratif pour toute opinion
nouvelle. Ne rejetons pas, mais aussi ne recevons pas en bloc
et aveuglément les dires de nos hagiographes. Le jour viendra
sans doute où, grâce aux progrès des études celtiques, il sera
permis d'effectuer parmi ce fatras le départ de l'histoire et de
la fable. En attendant peut-être 'serait-il sage de ne pas lier
le sort de tous les saints bretons à celui de certains person-
nages dont le pl us consciencieux historien de notre province
écrivait un jour en songeant à l'un d'eux: « En vérité il y a
si peu de fonds à faire sur les légendes qui sont les seuls mé
moires dont on pourrait tirer ce que l'on auraH à en dire
qu'il vaut mieux s'en taire tout à fait ») ('1).
H. WAQUET
(1) Ces lignes sont de dom Lobineau et se rapporlent au roi Grallon
(Histoire de Bretagne, t. l, p. 9). ' .
XXxv
Les considérations qu'on vient de lire peuvent occasion
nellement attirer l'attention sur différents travaux hagiogra-
phiques insérés dans notre BuLLetin. Le Bénédictin Dom
Plaine, qui s'est consacré à ce genre d'études, a publié, aux
années 1886-1889-1900, des vies inédites de saint Corentin,
de saint Ronan et de saint Goulven .
La vie de saint Corentin serait du IXe siècle, dans sa rédac-
tion primitive, et aurait pour auteur un anonyme, probable-
ment membre du clergé de Quimper. Il semble donc qu'il
faille se confier à ses dires, d'autant plus que son écrit n'est
pas une œuvre oratoire, mais un récit, affectant vraiment le
genre historique; il s'adresse non à des auditeurs mais à des
lecteurs.
Or ce narrateur parle du roi Grallon, personnage dont il .
n'est fait aucune mention dans la partie biographique du C3r-
tulaire de Landévenneê. Il ne le met en scène qu'une seule
fois, il est vrai, lors de son épisode de chasse, de sa visite au
saint ermite et de la multiplication merveilleuse du poisson
pour nourrir toute sa suite. Le récit ne mentionne pas Gral
Ion, comme le fait Albert le Grand, pour ce qui est de
l'envoi · de saint Corentin à Tours pour être sacré évêque,
ni pour ce qui regarde la donation de son château devant
servir de palais et d'église au nouvea u pasteur.
Dans la vie de saint Ronan, (année 1889), que Dom Plaine
attribue à la seconde moitié du xe siècle, ou aux premières
années du XIe, il est par deux fois question du toi Grallon :
lorsque, attiré par la renommée du saint, il lui fait visite
dans son ermitage du bois de Névet ; 2° Quand trompé par
les calomnies de Kéban, il fait comparaître Ronan à sa cour,
pour être jugé comme malfaiteur et meurtrier.
Ces épisodes et bien d'autres sont exposés avec force
détails, dans un. style calme et revêtant toutes les apparences
de la sincérité.
XXXVI
De' même que le- cartulaire de Landévennec a été passé aU
crible d'un' examen très strict et très éclairé, de même aussi
il conviendrait de bien étudier le texte de ces deux vies, pour
en reconnaître l'autorité et la valeur, et écarter ce qui offri
rait moins de garantie. C'est par ces recherches approfondies
et désintéressées qu'on peut fournir des bases solides à cer
tains points intéressants et Importants de notre histoire.
Notre' regretté confrère, M. André Oheix, était bien celui
qui était le mieux indiqué pour cela; il avait déjà fourni un
ce-rlain nombre d'études sur nos Saints Bretons, leur vie,
leur culte, leurs reliques, l'analyse critique des, vies anciennes
ou des écrits mO'dernes· ayant trait à leur hi'stofre. 11 était
admirablement documenté pour ce genre d'information et on
, était certain de trouver en lui un guide SÛt' autant que 1110-
. d . este. Il est mort pour son pays, poisse· t-il avoir parmi nous
un successeur ayant sa valeur, sa science et son amour de la
lumière.
Chanoine ABGRALL.
XXXVII
Séance du 30 Décembre 1 915
Présidence de M. le chanoine Peyron,
Vice-Président, doyen d'âge
Après lecture du procès-verbal, M. l'abbé Ponda-
:ven, ancien professeur au Collège de ' Saint-Pol de
,Léon, est reçu dans la Société.
Suivant l'usage, la question du renouvellement du
" bureau se pose. A l'unanimité, les membres présents
-décident de ne procéder cette année à aucune élec
'tion. L'ancien bureau demeure donc encore en fonc~
'tions tel qu'il était composé avant la guerre.
M. le chanoine Abgrall, maintenu président, remer
cie en quelques mots ses confrères et prononce un
·discours éloquent et spirituel pour retracer l'histoire
de notre Société. Il insiste notamment sur la carrière
et l'œuvre du plus glorieux de nos anciens présidents,
Hersart de la Villemarqué, membre de l'Institut, et
-venge sa mémoire de quelques-unes des attaques
,aussi injustes que violentes dont il fut l'objet à la fin
,de sa vie. Il rappelle aussi l'importance et la valeur
,des recherches de Paul du Chatellier. Ce discours
~'Sera d'ailleurs publié. '
. M. Chaussepied signale l'intérêt qu'il y aurait à
·étudier les manoirs ruraux de notre région dont il
reste d'assez nombreux exemplaires, bâtis presque
'tous au XVIe siècle. Il formule à ce propos le vœu
·qu'une plus large part soit désormais faite à l'illustra
-tion dans notre Bulletin.
M. N. Le Roux avertit la Société, en lui deman-
XXXVIII
dant de vouloir bien intervenir, de l'état tout à fait
déplorable où se trouvent les collections égyptiennes
du musée archéologique.
M. le Président présente un plan du camp romain
du Muriou en Quimerc'h, puis donne communication
du mémoire de M. L. Lécureux sur les sources de la.
légende du Folgoat. M, Pondaven fait à ce sujet quel-
ques observations complémentaires.
, La séance est le-vée à 4 heures .
Le Secré t.a i re ,
H. WAQUET
Le Président,
Chanoine ABGRALL.
Publications reçues : . .
Bulletins de la Société des Antiquail'es de l'Ouest"
trimestre de 1915.
Bulletin de la Société d'Archéologie et de Statis
tique de la Dtôme, oetobre 19' 15,
Bulletins et mémoires de la Société A rchéologique-
et historique de la Charente, 1914 .
Bulletin du Comité des travaux historiques et
scientifiques. Section des sciences économiques et
sociales, année 1911.
Bulletin de la Société Archéologique de Sousse,.
1911-1913.
NECROLOGIE
Notre confrère M. E. de Bergevin est mort au' manoir de Ker-
. ven, en Guimaëc, le 6 septembre 19H)'-· Né à Brest, en 1842,
. Saint':Cyrien à ' 18 ans, il avait, comme lieutenant au 3
chas
seurs d'Afrique, pris une vaillante part aux immortelles.
_ charges menées par Gallifet contre les masses allemandes~
XXXIX
Peu après la guerre, il démissionna pour fixer dans un coin
charmant du Tt'éguier, entre Lanmeur et la mer, le foyer
qu'il s'était nouvellement ceM en épousant Mlle Francéza
Huon de Kermadec .
Un ancien manoir de la Renaissance, qu'il restaura habile
ment, devint sa demeure, et la paisible existence qui fut dès
lors la sienne lui permit de donner Iibrementcarrière à ses goûts
de chercheur et d'érudit. Il s'intéressa surtout aux questions
généalogiques et héraldiques vers lesquelles l'aiguillait l'in
fluence de son onclê, M. Pol de Courcy, l'auteur de ce monu
mental Nobiliaiu et Armorial de Bretàgne dont la dernière
édition doit beaucoup à la collaboration intelligente et active
de M. de Bergevin. Un labeur patient. et soutenu valut à ce
dernier d'amasser de vrais trésors de notes documentaires
sur les vieilles familles du Tréguiet' et du Léon, en même
temps qu'il se constituait uue riche bibliothèque d'ouvrages
,relatifs à la Bretagne. Mais une modèsUe extrême l'empê-
cha de metlre en œuvre .1a plus grande partie des ma-
tériaux ainsi réunis, et son inlassable obligeance se plaisait
plutôt à en faire profiter les trava.illeurs qui, jamais en yain,
recouraient à lui. Personnelle!nent, je lui consèrve une gra
titude émue de la façon dont il voulut bien s'intéresser à mes
premiers et informes essais, guider dans cette voie mes pas
encore novices, mettre à ma disposition, avec une complai
sance inépuisable, les documents les plus rares de ses archi
ves, les ouvrages les plus précieux de sa bibliothèque.
M. de Bergevin a fait paraîtl'e, en 1891, dans la Revue His
torique de l'Uuest, une monographie de la paroisse de Gui
maëc. Il publia en 1895 u Il Dictionnaire Héraldique de
Bretagne, complément indispensable du Nobiliaire de M. de
Courcy et, en 1902 une réimpression en fac-simile de l'Armo
rial Breton de Guy le Borgne, bailli de Lanmeur, imprimé en
1667. Au Bulletin de notre Société, dont il faisait partie
depuis 1902, il n'a donné qu'une monographie de Lanmeur,
mais il m'a puissammeIlt aidé dans mes notices sur quelques
autres paroisses trégorroises. Il a collaboré activement au
Fureteur Breton, où son nom faisait autorité en matière
héraldique.
Une cruelle épreuve assombrit ses dernières années. Sa
dévouée compagne, dont l'affection lui faisait oublier l'absence
d'enfanls à leur foyer, et qui continuait dans le pays les
traditions de charité et de piété laissées par une autre dame
de Kerven, la vénérable Françoise Calloët, fondalrice des
Calvairiennes de Morlaix, fut la victime d'un douloureux
accideQt après lequel sa vie, jusque-là si active, si bienfai-
sante, ne fut plus qu'inertie et souffrances. Elle succomba au
mois d'avril 19H5, suivi bientôt dans la tombe par son mari,
dont la santé très ébranlée ne laissait depuis longtemps plus
d'espoir.
M. de Bergevin laisse, parmi une quantiLé de notes et de
relevés de registres paroissiaux, une relation manuscrile de
sa campagne de 1870 et de sa captivité eIl Allemagne et une
cinquantaine de généalogies inédites de familles bretonnes.
L. LE GUEN NEC.
DU TOME XLII
PREMIERE PARTIE
Table des Procès-verbaux des délibérations et de la Chronique
de la Société Archéologique du Finistère en 1915
. LLSTE GÉNÉRALE DES MEMBRES ................
ECHANGES OU SERVICES GRATUITS .... · ........ .
SÉANCE DU 29 AVRIL ......... ..................
Présentation par M. BODEREAU de sa reconstitution
de l'ancien quartier Saint-François de Quimper.
Chronique·: Addition à la liste des membres mobilisés
Annexe: Rapport de la Commission de comptabilité
SÉANCE DU 27 · MAI. ............................
Causerie de M. le Président sur les autels romains
transformés en bénitiers à Penhars et à Gouesnach
Nécrologie: M. Adolphe KOSCHER .................. .
Annexe: Circulaire de M. le MinisLre de l'Instruc
tion publique sur la rédaction et la conservation
de notes historiques sur la guerre ..............
Pages
III
VII
VIlI
::5ÉANCE DU 24 JUIN..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIII
Hommage rendu par M. le Président à la mémoire
de M. le chanoine Lucien SALAÜN. Communica
tions de M. CHAUSSEPIEO sur la nécessité de con
server dans les constructions nouvelles les tradi
. ions de l'art local et sur la préservation des
anciens cimetières. Hypothèse de M.le comman-
dant DEVOIR sur les chambres à parois maçonnées.
Chronique: Assassinat du marquis de Mongaillard à
Car haix en 1675 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XVI
- 230-
SÉANCE DU 29 JUILLET ......................... .
Fouilles faites dans un important établissement
gallo-romain à Plomarch en Ploaré.
Annexe: Leltre de M. A.-V. ROUSSIN sur la motte de
Boissavarn en Plomelin ......................... .
SÉANCE DU 28 OCTOBRE ........................ .
Nouvelles relatives aux fouilles de Gorré-Ploué en
Plouescat. Présentation par M. DE LÉCLUSE d'un
fragment de cuve à sécher le poisson découverte
sur la côt~ près de Telgruc. ' Visite du musée
archéologique.
Nécrologie: MM. Louis de CHABRE el André OHEIX ..
Chronique: Classements de Monuments historiques.
- Récents travaux historiques et archéologiques
de MM. le Dr , BAUDOUIN, le chanoine ABGRALL,
H. BOURDE DE LA ROGERIE. Les remparts de
XVII
XIX
XXI
XXIII
Quimper ....................... 10.................. XXIV
SÉANCE DU 25 NOVEMBRE ..................... ' . XXIX
Visite de la Bibliothèque municipale.
Chronique: Récentes publications de MM. le cha
noine PILVEN, Louis LE GUENNEC, l'abbé C. LAZEN-
NEC,J.LoTH ............................ XXXI
SÉANCE DU 30 DÉCEMBRE ........................ XXXVII
Maintien de l'ancien bureau. ' Observations de M.
CHAUSSEPIED sur les vieux manoirs du Finistère,
de M. N. LE Roux sur les collections égyptiennes
du Musée.
Nécrologie. : NI. .E. d, e BERGEVIN ..................... XXXVIII
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