Responsive image
 

Bulletin SAF 1914


Télécharger le bulletin 1914

Notice sur la chapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou

Ch. Chaussepied

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes

Société Archéologique du Finistère - SAF 1914 tome 41 - Pages 128 à 139

en Plonévez-du-Faou

(FINISTÈRE)

En 18-17, M. Jonker, dans un rapport sur cet édifice, s'ex-

prIme aInSI:

« L'époque de la fondation de cette chapelle n'est pas bien
« connue, aucune tradition n'en parle, aucun document écrit
« ne la précise; des lettres patentes de la Duchesse Anne,
« du ' 15 février 1509, portent continuation d'une rente de dix
« louis sur ses domaines à la chapelle de Saint-Herbot, à

« charge de deux messes par semaine. Il est probable que
« cette rente avait été constituée par la Duchesse au moment
« où elle quitta la Bretagne pour épouser Charles VIII en
« 1491. »
« A.c. ette époque, la chapelle avait déjà un certain renom,

« mais comme ces sortes de voguës pieuses ne sont jamais
« acquises qu'après un grand nombre d'années, il peut paraî-

« tre vraisemblable que les premières constructions de

« l'église remontent au commencement du xv

ou à la fin du
« XIVe siècle; c'est ce qui résulte de l'examen des caractères
« architectoniques fait par M. Mérimée, inspe~teur général
« des Monuments historiques lors de sa tournée en Bretagne
« en 1835. Il a été même ten té de ra pporter a u XIIIe siècle la
« fondation de la chapelle d'après le style de quelques détails
« intérieurs et a constaté des retouches surven ues comme le
« prouvent les dates qu'on y lit: ' 15'16 1558 H)O~. »

- 129 . '

« Rennés. Le dernier' prieur résidant, le chanoine Guillo,
( mourut en 1774 d'une chute de cheval; l'abbéde Beauvais,
« dignitaire de l'église de Rennes, vicaire-général 'de Cor­
« nouaille, en devint alors titulaire. »
Pendant la' Révolution, cette chapelle comme tant d'autl'es
fut abandonnée; mais, grâce peut-être à son éloignement de
tout centre, perdue dans la montagne, elle échappa aux pas-

sions des hommes et nous est parvenue telle qu'elle était
autrefois. '
Certes, le temps, comme partout ailleurs, a gravé son
œuvre sur ses pierres en les émoussant, en les dégradant;
mais il leur a donné aussi cette belle parure de , lichen et de
mousse qui, avec le ton roux des vieux granits, lui donnent
une patine si fondue eL si chaude qui fait l'admiration de tous
les artistes.
' Aujourd'hui cette chàpelle dépend de la paroisse de Ploné­
vez-du-Faou 'dont elle est distante d'e'nviron 10 kilomètres:
Chaque année il 's'y fait un 'important pardon. '
Le saint' vénéré est particulièrement invoqué pour la pro:.

tection dés bêtes à cornes; on les promène processionnel-
lement autour de la chapelle, et l'on dépose des crins de
vaches ou de bœufs sur les autels, non sans' avoir fait son
offrande de lait ou de beurre à saint Herbot.
Elle a été bâtie 'sur l'emplacement de l'ermitage du pieux
solitaire dont elle renferme encol'e le tombeau. ' ,

C'est au fond d'un vaste entonnoir formé de hautes collines,
dàns une nature grandiose et presque sauvage qu'elle semble '
s'être èaché'e, tout près' de la petite rivière' d'Elez qui coule à
ses pieds, venant dèscendTe dans ce bas-fond paf' une suite de
méandrés et de casca~enes de près de :2 kilomètres de déve-
loppement. ', " " . " .
Sur le sommet qui la domine au nord, on peut admirer 'ce

qui reste du châteaù' des seigneurs 'du Rusquec " qui avaient
certa'Ïrles prérogatives ~sl!r la 'chqpelle. On 'y : admire une. belle
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. TOME XLI (Mémoires 9).

_. 130 - ,

vasque de granit de 4 ID fO de ,diamètre d'un' seul morceau,
un colombier et quelques tours démantelées. "
Ce qui frappe tout d'abord le visiteur. lorsqu'il arrive à
Saint-Herbot c'est son imposant clocher que l'on découvre

perdu dans la verdure et le rocher à plus de 4 kilomètres sur
la route de Huelgoat. Il ressemble beaucoup , à celui ' de
Carhaix dont il est antérieur, mais dépourvu corrime lui de

sa flèche et sans clochetons. Cet édifice fut construit à flanc
de coteau sur un terrain très accidenté présentant une décli­
vité d'au moins '4 mètres du sud au nord et de2 mètres de
l'ouest à l'est; l'abside, comme le veut la tradition, tournée
au Levant. - ,
Il se compose d'une nef avec bas-côtés de 20 'mètres de
longueur sur 19 de largeur totale. Le clocher, lion terminé,
tout à fait en dehors, la termine au Couchant. Il mesure
extérieur'ement 8 mètres de côté et s'élève à près de 30 mè­
tres du parvis de l'église à laplate-:'forme supérieure. .' ,
A la façade nord, très sobre, v:int s'accoler au XVIIIe siècle

une sacristie à deux étages avec ' dépendances, et tin large
perron ' circulaire accédant à une petite porté latérale : qui

semble dater des premières années de la construction. Sur la
façade sud~ la plus remarquable par la diversité de ses édi­
cules s'ouvre un large et profond porche auquel est appuyé
un charmant petit ossuaire de l'époque de la Renaissa-nce.
Une grande chapelle basse s'avance sur la façade au-devant
du clocher. . '. .
Si nous passons à l'est, nous voyons le mur droit de l'ab­
side flanqué de hauts contreforts cari'és, surmontés de lanter­
nons à petits dÔmes couronnés du croissant;' et de belles
fenêtres à meneaux et rinceaux flamboyants ; celle du milieu
très grande, à 6 travées, se termine par une rose d'un travail

mteressant. ' ' ','
, Comme il a été dit plus haut, cet édifice' a 'subi plusieurs
tran" sformations ; ,il se composait primitivement d'une nef

avec bas-côté; du reste, on remarque encore des substruc­
tions assez anciennes dans les murs latéraux vers le chevet,
et la petite porte ogivale nord indique plutôt l'art de la fin du
xIIl

siècle. Les arcades et piliers de la nef nous paraissent
. dater du commencement du XIVe siècle. Aux xv

et XVIe siècles
furent successivement construits le porche sud, le clocher et

la chapelle du bas qui elle-même fut remaniée et agrandie
quelques années plus tard. Sous Henri II on édifia ]e petit
ossuaire et l'on . remania l'abside; enfin au XVIIIe siècle se
bâtirent les constructions nord énumérées ci-dessus.
Revoyons mainten~nt en détail cette belle chapelle:
La façade principale à la base du clocher est décorée d'une
grande ouverture ogivale à contre courbe et galbes feuillagés
et fleuronnés; les voussures sont formées de fines moulures
décorées de sculptures et de bases délicates mais sans chapi­
teaux. Elles encadrent deux pOl'tes géminées à anse de panier .
séparées par un pilastre en spirale et couronné d'un petit
personnage tenant dans ses bras deux animaux allongés. Les
galbes viennent s'amortir sur de jolis culs-de-lampe repré­
sentant des anges tenant des banderoles avec inscriptions. .
Dans le tympan, au-dessus d'une frise sculptée et dans une
niche la statue de saint Herbot revêtu d'une coule à capuchon,

tenant un livre fermé, et la figure ornée d'une grande barbe
frisée. A ses côtés, deux anges tenant également des inscrip­
tions. Celle de droite porte: L'an V C X VI (1516) fust cest
portail consacré et mise iche cesti pierre.
. Cette entrée monumentale est surmontée d'une élégante ga­
lerie portée sur une corniche richement sculptée munie de
petites gargouilles pour l'écoulement des eaux du passage
qu'elle protège. Derrière,une belle fenêtre élancée, terminée
par un galbe fleuronné supporté par des anges, mais sans

meneaux, et deux petites portes donnant accèsd'lln escalier
dans l'autre pour monter au sommet de la tour. Ces escaliers
sont pratiqués dans l'épaisseur des murs très larges de . c~

. ~ ' 132 -
c' ôté. Ce clocher est flanqué aux angles de hauts et puissants
contreforts étagés, ornés de pinacles et clochetons; sur leurs

parties inférieures deux belles niches avec dais. De longues
et belles fenêtres en garnissent la partie principale; elles sont
surmontées d'accolades feuillagées qui se répètent sur la par.
tie nue des murs et forment avec la frise à rinceaux aveugles et
la corniche supérieure un très beau couronnement. La dernière
balustrade, plutôt un peu grêle, est composée de quatre lobes
. réunies par des courbes allongées, mélange de XIV et xv

siècles

assez fréquents dans l'architecture bretonne, ét terminée en
pans coupés devant lesquels s'élèvent aux angles quatre pe-
tits pinacles isolés. . .
On remarque sur la terrasse, l'amorce des quatre clochetons

qui devaient s'élever autour de la flèche centrale. L'un d'eux
fut achevé sur une tout autre donnée au XVIIIe siècle pour

couvrir l'arrivée de l'escalier .

La question de l'écoulement des eaux n'a pas été négligée
dans cette construction partout où la nécessité s'en faisait sen­
tir, faisant établir des gargouilles aux angles du clocher, dans
·les cordons sculptés soulignant les grandes fenêtres, à la chute
des pignons et des lucarnes; toutes ces gargouilles sont d'une
composition variée et amusante.
N'oublions pas de mentionner à gauche de la façade ouest,
une jolie petite fenêtre ornée d'une fleur de lys habilement
composée. Sur le long mur de la chapelle, à droite, devait

autrefois s'ouvrir une large fenêtre géminée dont on retrouve
les débris 'entassés tout près de là, à moins que ces pierres

travaillées ne proviennent d'une lucarne latérale pareille à
celle qui existe au sud, lucarne qui aurait été démolie lors
de l'agrandissement de cette chapelle. Quoiqu'il en soi t,il
serait à souhaiter que ces pierres, encore en bon état sur les
herbes et la mousse qui les recouvrent, fussent employées à
décorer ce grand mur et à donner plus de lumière dans le bas
de cet édifice.

'", 133 ->

Lâ façade sud avec ses avancées, ses pignons et ses clo-
chetons, offre une silhouette des plus variées. Le beau porche,
ayant quelque parenté avec celui de Notre-Dame du Folgoët
et de la chapelle du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon, est orné
de nombreuses sculptures bien conservées. Ses arceaux sont
décorés de statuettes reposant sur de petits socles formant
dais à celle du dessous. De fins pilastres triangulaires sur­
montés de culs-de-lampe arrêtent l'archivolte fleuronnée qui
encadre l'ensemble. Dans le petit tympan, le Père éternel
assis, le chef couronné, porte la boule du monde et bénit; à
ses pieds deux anges volants semblent le soutenir. De chaque
côté deux autres anges portant banderolles gravées d'inscrip­
tions sur l'une desquelles on lit la date de 1609.
Enfin, au-dessus, décorant le pignon, des dalles portant
des armoiries mutilées, et un cadran solaire en ardoi-

sme.
, Les contreforts un peu massifs, placés sur les angles, se
terminent maigrement par de petits pinacles car'rés.

L'intérieur de ce porche est divisé en deux travées cou-
vertes de voûtes d'arêtes très élancées. Sur les parois des
murs, au-dessus du banc de pierre, règne une riche arcature
surmontée d'une frise largement sculptée d'où se détachent
des culs-de-lampe portant les statues des douze apôtres
avec leurs attributs et une banderole sur laquelle est écrit
l'un des articles du Credo. Ces statues de pierre, autrefois
pr,intes, sont encadrées dans de belles niches surmontées de
dais richement sculptés.
Les 'nervures de la voûte viennent se perdre sur les colon­
nettes sans chapiteaux. Au fond de ce porche, une double
entrée dans le même genre que celle du clocher mais moins
importante, avec la statue du saint patron, toujours vêtu de
la robe monacale, et tenant un bâton et un livre ouvert. -.
A côté on déchiffre péniblement cette inscription: .
Messire Jehan de Launay prebtre, gouverneur de céans fist

134 .- -
{aire cest portail, commencement le premier jour de Juillet

mil quatre cents quatre vingt dix huit.
Le petit ossuaire ou charnier renaissance accolé au côt~ .
ouest de ce porche est composé d'un haut soubassement sur
lequel vint s'élever une ordonnance classique séparant par des
pilastres corinthiens des baies étroites que termine tout un .
entablement. Le comble en appentis est masqué:par une che ..,
vronnière venant s'arrondir dans le bas pour s'arrêter au pied

d'un joli motif de couronnement.
Derrière ce petit édicule, émerge la tourelle de l'escalier

conduisant à la chambre haute placée au·dessus du porche;
cette tourelle est recouverte d'un toit pyramidal en pierre
surmonté d'un .beau fleuron. A signalei' la belle lucarne éclai­
rant le bas-côté. La partie au delà du porche vers l'est, paraît
plus ancienne ;la petite fenêtre dénote le XIVe et ses murs en
moëllons remontent certainement aux constructions premiè -:
res de cette édifice. La' façade orientale dont nous avons parlé
précédemment. porte la date de 16'18. .. .'
L'intérieur de cette chapelle, quoique plus. simple que l'ex­
térieur, ne manque pas de charme et de dignité. La .nef, large
de près de 7 mètres, est séparée des bas-. côtés par d'élégants
piliers formés de colonnes cantonnées recev.ant des arcs en

tiers poin~ sur de beaux chapiteaux sculptés, tous va'riés ainsi
que les bases triangulaires qui supportent ces piles. A l'entrée
du chœur, deux autels en pierre très simples, deux autres
plus œüvrés se trouvent dans la chapelle du bas; leurs tables
sont portées par des colonnes ornées ou c . ontournées. La nef
et les bas·côtés sont couverts d'une voûte en lambris laissant

paraître les fermes de . charpente peu travaillées. Le comble
qui recouvre ces voûtes est à deux pentes seulement, comme
cela se voit fréquemment en Bretagne. . Sur les · murs
de l'abside dans les angles formés par les murs goutereaux,
deux énormes culs· de-lampe sculptés de figures et d'or­
nements végétaux, et plus bas, à droite, une jolie piscine

- 130-

OU crédence pratiquée dans l'épaisseur du mur. Dans lè chœur

est le tombeau du saint patron: c'est une table de pierre me-

surant :2 ID '19 sur '1 mètre, soutenue par quatre piliers carrés
et sur laquelle repose la statue couchée de saint Herbot, vêtu
d'une robe à longs plis et d'une cuculle ou camail à capuchon.
JI a les mains jointes sur la poitrine, tient un bâton sur le
bras gauche et un livre - suspendu sous le bras droit; au-des- .
sus de sa tête est un frontori feuillagé dans le style du xv

cie, et à ses pieds un chien ou un lion .

Lachapelle basse près d. u clocher est voûtée de deux
travées en arc d'ogive à peu près égales; les fines nervu­
res viennent s'amortir dans les angles ou se perdre dans
les murs après s'être entrecroisées en tous sens. Les clefs de
voûte sont ornées d'anges portant écussons. On remarque très
bien les remaniements qui s'opérèrent dans cetté chapelle

sorte de transept placé au bas de l'église. Les anciens forme-

rets plus bas ont été buchés' au ras des murs,et sur leUr ·

naissance on est venu en élever d'autres plus élancés et plus
hauts. Quelque~ , culs-de-lampe décorent aussi les murs et

portent des statue's. Mais ce qui attire ' particulièrement
l'attention et l'admiration des visiteurs, c'est le magnifique:
cancel en bOlS de ,l'époque de la Renaissance qui enclôt le
chœur, ouvrage d'un style et d'urie richesse remarquables.
En fàce, c'est-à-dire du' côté de la nef, ce cancel est surmonté

de la scène du crucifiement presque grandéur naturelle: Le

Christ' en croix; sous ses deux mains clouées deux anges rece-

vant le précieux sang dans des coupes; à ses pieds la Madeleine

éplorée; des deux côtés la sainte Vierge et saint Jean debout,
puis. les deux larrons crucifiés. Pour mieux représenter le ·

Calvaire on a mis des têtes de morts disséminées sur le
rocher.
Cette belle clôture est formée de panneaux pleins dans le
bas et dans le haut et constitue dans la partie médiane-une
vraie claire-voie en balustres délicatement tournés. Les pan-

- 136 ..

neaux du bas sont couverts d'arabesques sculptées,' toutes
variées entre elles, ceux du haut sont séparés par des cariati­
des également variées et renfermant dans la façade les sta-

tuettes des douze apôtres,tandis que sur le côté nord se trou-
vent les douze petits prophètes et sur le côté sud les douze
sibylles avec leurs attributs. - Dans le couronnement com­
posé de pinacles tournés et de fl'ontons ornés à contre-

courbes, se détachent des têtes saillantes ou bustes des doc-
teurs de l'Eglise, analogues à 'celles des sculptures de Soles-

rnes et du retable de Quimperlé. A l'intérieur, attenantes à ces
boiseries qui leur forment dossier, sont quinze stalles sur­
montées de dais saillants et continus, les accoudoirs et le des­
sous des miséricordes sont ornés de sujets variés.
Nous ne quitterons pas l'intérieur de cette chapelle sans
dire un dernier mot sur le clocher. Sous la haute arcade qui

en précède l'entrée devait s'ouvrir une belle salle voûtée sur
plan carré dont on voit les armorces sur les fines colonnettes
placées aux angles. Au -dessus de cette voûte s'étendait une
tribune avec balustrade en pierre dont on aperçoit du reste
les départs dans les gros piliers. Problème assez curieux que

cette voûte se profilant dans le vide sur un de ses côtés pour
supporter une balustrade ajourée. Le beffroi, ou charpente
recevant les cloches, est porté sur un empoutrement reposant
sur des corbeaux en pierre. Un peu avant d'arriver au faîte
de la tour, quatre petites trompes à arcs plein cintres super-
. posés portent les pans coupés devant recevoir la base de la
flèche polygonale. '
Enfin notre description serait incomplète si pous ne par­
'lions pas des quelques statues et des beaux vitràux qui déco­
rent J'intérieur de cet édifice: à droite du maître-autel, dans
une niche d'angle, une statue de la sainte Vierge en~ourée
d'un nimbe en amande, les pieds posés sur le croissant 'et
ayant aussi à ses pieds le buste de notre mère Eye qui tient
. en la main la pomme fatale; autour de la tête de· l~ Vierge,

'" " t37' - ,
cinq anges lui font une cour d'honneur. Sur les volets de la
niches ont peints les bU$tes des six prophètes. Dans la niche de
gauche se trouve la statue de saint Herbot, vêtu d'une robe·
et d'un manteau à capuchon, portant crosse ' et livre. Cette

niche' 'est gothique, tandis que celle de la Vierge est Renais.-·
sance, mais les volets n'ont reçu aucune décoration.

A l'autel nord on trouve un saint tenant un livre et une

palme cassée ou un bâton ;pùis saint Laurent. ' A l'autel'
sud saint Corentin et saint Yves avec surplis, camail et bar..:
rette. Le riche et le pauvre sont sculptés en bas-relief sur les
volets de la niche. "
Le viti'ail qui est au-dessus de l'autel sud contient aussi la
représentation de saint Yves entre le riche et le pauvre et porte
trois fois la date de 1006.
Dans la maîtresse vitre ce sont des scènes de la Passion:

l'Agonie au Jardindes Oliviers. Le baiser de Judas. Le'
Christ devant le Grand-Prêtre. Pilate se lavant les mains.

- Le Couronnement d'épines et le Portement de Croix.
A l'autel nord: saint Laurent sur le gril 1006 .
. A l'entrée du . chœur est une' belle statue Notre-Dame' de

Pitié, puis des petites statuettes de saint Sébastien, saint
Roch et autres sur les piliers: '
. Dans la chapelle du bas il y aune statue de moineen 'pierre'
blanche et une statuette d'évêque. Sur un vieuxparernent ,
d'autel ou antipendium, on voit en peinture la sainte Vierge'
tenant l'Enfant Jésus, saint Yves en robe d'official ou d'avo-

cal, et un saint évêque avec entourage de fleurs. '
Dans le cimetière, aujourd'hui petit placitre entouré de
mUl~etihs, une belle croix en pierre élevée sur un haut soubas­
sement portant la date de 1620. Son ehapiteau trèsévasê est
accompagné de sortes de culs-de-lampe qui portent les per­
sonnages et les croix. Il 'est orné en bas-relief de scènes de la
Passion et du voile de , sainte Véronique. Au-dessus du Christ, '
sur le sommet de la croix, deux petits anges adossés .portent

--. " 138
sur leurs ailes l'âme du Sauveur, et deux autres anges, pla­
cés au-dessous des bras sur des colonnettes, reçoivent dans
des coupes le pl~écieux sang des mains du crucifié. De chaque
côté les deux larrons: le bon supporté par des anges, le mau­
vais par des démons grima~ants. Au devant, la - sainte Vierge
et saint Jean dont il manque la tête. Derrière le Christ la sta­
tue de saint' Herbot toujours vêtu d'une robe à long plis et
, tenant un livre ouvert; à ses pieds, une descente de croix.
Tous ces, personnages groupés tiennent dans un espace rela­
tivement restreint de 0 m 70 de large sur 1 m 20 de hauteur,
du dessus du chapiteau au faîte du monument.
. Si dans ces vieu'x monuments la Bretagne . ne possède pas
un système de construction très défini, elle a éu une architec­
. ture bien a elle, parfaitement appropriée à la nàture ' de ses
matéi'Ïaux et aux mœurs et coutumes de ses habitants. Cel'­
tes, elle s'est inspirée dans ses œuvres de granit de ce qui se

faisait autour d'elle dans les vieilles écoles , françaises, et ses
construcleursallèrent sans doute étudier les monuments des
régions voisines; màis elle a su donner à ses édifices un

caractère spécial répondant parfaitement aux besoins et aux

idées de ses populations. Ses clochers à jours ne sont-ils pas

là pour nous montrer les particularités dans l'art de bâtir en

Basse-Bretagne; ces sortes de quillages de pierre' étonnent
encore aujourd'hui par la hardiesse de leur conception. Ses
petits porches voûtés remplis souvent de statues, ses ossua'ires
presque loujours richement conçus tenant à la fois de la cons­
truction civile et religieuse, ses ' calvaires, véritables scènès
de pierre racontees par le sculpteur, toules ces c.hoses ne sont-

elles pas l'image réelle de ce que fut cet ancienne province

si attachée à ses mœurs et à ses traditions?
Nulle part on ne rencontre plus de diversité, plus de naÏ-

veté aussi dans la conception et la décoration des édifices,
mais aussi plus d'unité dans l'ensemble qui fait comme une
grande famille de tous ses monuments. .

139

Les églises en Bretagne étaient le plus généralement recou-
vertes de beaux lambris de bois ornés de curieuses sculptures,
et laissant voir leur charpente apparente; les ' voûtes n'étant
guère employées que pour les porches donnant sur le dehors
et dans les constructions de quelque importance. Quand les

constructeurs employèrent la voûte, ils suivirent ce qui se

faisait alors en Normandie ou dans les provinces voisines en
y apportant cependant leurs idées personnelles basées sur la

nature de leur granit. .
Il faut bien l'avouer cependant, ce n'est pas en Bretagne

que l'on peut rencontrer les beaux problèmes de constructions

des Ecoles Françaises du Centre et du Nord de notre Patrie; .
mais nos monuments continuent de nous charmer, de nous
intéresser même, car ils sorH "eux aussi une belle ' page du
passé. Nous devons donc contribuer à les conserver, à les .
mainlenii' tels que nous les ont laissés nos 'pères ; et les trans­
meUre intacts aux générations futures qui comme nous, nous '
l'espérons, sauront les respecter. ' " : : .

CHARLES CHAPSSEPIED, .

Architecte du Gouvernement

- 247

DEUXIE E PARTIE

Tables des mémoires publiés en 1914

Abri et sépulture sous roche à Keramengham,
en Lanriec, par le chanoine J.-M. ABGRALL ....
Liste des juridictions exercées au XVII" et au
XVIII" siècles dans le ressort du présidial de
Quimper (suite: Sénéchaussées de Gourin et
de Lesneven), par H. HOURDE DE LA ROGERIE ..
IlL La période révolutionnaire à Gouesnac'h par

Pages

L.OGÈs .... ................ .................. 36
IV. La Révolulion en Bretagne. Les derniers monta-
gnards, 1795, (suite), par PRo HÉMON. ....... 62,156 .

V. Première contribution à l'inventaire des monu-
ments mégalithiques du Finistère (suiLe :
Cantons de Lannilis, de Plabennec et de Plou-
dalmézeau), par A. DEVOIR. . . . ..... . . . .. .. . . . 91
VI. A udierne à la fin de l'ancien régime par J. SAVINA 112
VII. NoUce sur la ohapelle de Saint-Herbot 'en Plo-
névez-du-Faou par CH. CHAUSSEPIED.. . . . . . . . . . 128
VJII. Elude arcbéologique du cadastre par H. LE CAR-
GUET ..... ....... ...... · .... ................. 140
IX. Excursion archéologique du 10 mai 1914. Compte

rendu par le chanoine J.-M. A BGRALL ........ .
Lettre circulaire des membres du bureau . .. .. .
La Cathédrale de Reims par,.le chanoine J.-M.

ABGRALL ......... .

dt " " 7 77 "

211
238
242

DU FIN ISTERE
Hôtel de Ville
B.P. 531
29107 QUIMPER