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Société Archéologique du Finistère - SAF 1914 tome 41 - Pages 3 à 6
A KERAMENGHAM,
EN LANRIEC
Dans la: presqu'île du Cabellou en Lanriec, à cinq cents
mètres··Sud d. u man. oir d~ Keramengham habité par M. Alexan
dre Billette de Villeroche, est un groupe curieux de rochers
différant unpeU' .de I , 'aspect ordinaire des masses rocheuses
qui couvrent en grand nombre le solde cette commune et de
. celle de Ti'égunc sa v.oisine. Ici sont deux blocs principaux,
plus hauts que larges, l'un mesurant 5 mètres de hauteur,
l'autre 4
50 env. iron,. séparés par un intervalle de 1 mètre,
mais acco$té. s du côté · de l'Es. t par 5' autres blocs plus courts
et plus étroits qui s'en sont détachés et se trouvent mainte
nant dans une position oblique· ,' à demi-renversés.
Ala base de tous c' es blocs, surtout des deux principaux,
on observe une' particularité qu'offrent tous les rochers de la
région: au point ()ù ils émergent du sol existe une dépres
sion, une sorte de sillon creusé en rond, résultat de l'érosion
accomplie par les agents atmosphériques: pluie, humidité,
gel et dégel, action des sables et des graviers chassés par le
vent. Nous'reviendrons plus loin sur' cette particularité qui
donne ici lieu à une observation toute spéciale. ' .
Quand j'ai écrit le titre: A bri et sépulture sous Tache, mon
expression n'a pas été exacle ;il faudrait 'dite: Abri contre
Tach e, Sépulture ent-re 1~oches. "
Le champ dans lequel . se · trouve ce : groupe rO. cheux est
cultivé depuis ,longt~mpset le groupe y formait un îlot en-
touré de ronces et de broussaiIles. Le propriétaire, M. Billette
de Villeroche, voulut faire ' disparaître ces broussailles; pour
étendre la culture jusqu'aux rochers.. . . . . '. '" '. ,
Quand on se 'mit à défaire la terre amoncelée contre ces
pierres, on ne tarda pas à constater la présence de débris de
poteries, de cailloux intacts et fragmentés, importés de la
grève voisine ou de plus loin, haches en pierre, instruments
à usage imprécis, toutes choses indiquant l'indUstrie 'humaine,
et formulant l'existence d'une sépulture ou d'une occupation
quelconque très ancienne.
On poussa à fond l'exploration en ' déplaçant toutes ces
terres, et l'on put constater sur un point, au Nord, comme
une aire de terre battue et cuite par le feu, trace évidente
d'un foyer, d'autant plus que là se trouvaient trois ou quatre
pierres calcinées, posées assez près l'une de l'autre et qui
avaient dû former trépied ou support sous une marmite ou un
récipient culinaire. Dans le voisinage on trouva aussi quel
ques petits amoncellements de cendre et un certain nombre
de coquillages, patelles, huîtres, débris de cuisine, restes de
repas .
Intéressé par ces constatations, M. Billette voulut que les
recherches fussent complètes; il fit déblayer tous les inters
tices assez étroits qui se trouvent entre les différents blocs.
Dans la partie centrale on dégagea une urne toute remplie de
cendres et d'ossements carbonisés . .
Passons maintenant en revue 'les différents objets
dans ces fouilles :
trouvés
Pierre
Un éclat de silex noir, ayant pu servir de grattoir . .
Une hache en diorite, mesurant 0 ID 185 de longueur.
Une hache en diorite, brisée à la queue,O ID 12.
Une hache en diorite, longue de 0 m 08, large de 0 ID 075.
Une hache en diorite de 0 m 075.
Une hache en diorite de 0 ID 10, ayant son tranchant
émoussé intentionnellement par usure .
Un percuteur en quartzite, b,'isé en deux. -
Un galet oblong en quartzite, de 0 m 09, portant des traces
de percussion.
D'autres percuteurs, assez nombreux, ont été rejetés lors
des travaux de déblaiement.
Deux fragments d'un grand casse-tête ou marteau à mine
rai, ayant au milieu un trou d'emmanchement creusé par
usure et rotati?n, avec évasement des deux côtés. Le tout
devait mesurer 0 m 21 de longueur, sur 0 m 12~ de largeur et
o m 09 d'épaisseur. Le poids total était de 5 kilogrammes.
Les archéologues appellent ce genre d'instruments: mar
teau à minerai. Quel minerai y avait-il dans celte région? Il
appartiendrait donc à l'époque du bronze ou du fer.
Une boule en pierre très dure et très lourde, absolument
ronde et presque polie, mesurant 0 III 05 de diamètre. Est-ce
un broyeur servant à concasser le grain.
Divers fragments ayant subi l'action du feu.
Poterie
Une urne cinéraire, faite au tour, mesuran tOm 20 de
diamètre à la panse, et 0 m 22 de hauteur.
Une vingtaine de fragments de vases divers, faits au tour,
et autant de fragments de vases semblant être faits à la main, '
mais tous insuffisants pour reconstituer le vase en entier .
Un gros morceau de panse d'amphore gallo-romaine, avec
amorce d'une anse.
Fragment de goulot d'amphore avec attache d'anse.
Que conclure de là? Y a-t-il eu deux établissements
successifs; l'un de la pierre polie, l'autre gallo-romain'? Ou
bien le même établissement a-t-il été occupé par la même
famille pendant des générations successives, qui auraient
connu les deux civilisations?
En quoi consistait cette occupation? Il est probable qu'une
famille aurait abrité sa hutte ou ses huttes contre ces rochers
'~ . ' 5 JJ
qui formaient un appui et une:protection contre les .vents:de
mer,· Ce qui l'indiquerait, ,c'est la présence d'une' ·aire · de
foyer que j'ai déjà signalée, comme les petits dépôts de ·c : en:"
dre, sans que .cependant on trouve peu de traCes de charpon.
On ne trouve pas non plus de fragments de terre cuite - por
tant des traces de clayonnages, : provenant des parois des
. huttes. Il est vrai que celles-ci ont pu disparaître par · ruine
et non pél'irpar le feu, et al'ors l'argile 'lapissànt les parois de
branchages n'a pas gardé l'· è'mpl'einte' . des clayonnages et
s'est dissoute en se confondant avec l'humus. ...,
Quoi qu'il en soit, je concl us à un habitât qui a pu durer
une longue période. Les rochers, comme je l'ai déjà dit,
offrent deux étages d'érosion, ou deux grands sillons · supet
posés, Le creux inférieur aurai t été rongé par les éléments,
au niveau du sol primitif. Les huttes sont venues s'adosser à
ces rochers et ont protégé ce premier sillon; pLiiseliesse
sont effondrées- , formant une couche dè ' déblais de Om 70 ou
o fi 80. Au dessus de cette cOl,lche s'est formé peu à peu le
second étage d'érosion.
A 40 ou DO mètres au Nord de ce groupe · toche-ux est un
tertre couvert d'ajoncs ou de hroussailles. · Dans 'lesabbrds
de ce tertre M. Billette de Villeroche a ' fait- -donner qu'elques
coups de bêche, et l'on a mis à découvert des cailloux assez
caractéristiques et des fragments de poteries ' non faites au
tour, mais ptésentant quelques otnementations assez gros-
sières. Il est à croire que ce terrain ménage quelques su'r:'
prises à celui qui l'explorera ~ Il n'est pas étonnant non plus
que ces parages aient été: habités par une population très
ancienne, se trouvant SI près de la mer, et offrant des faci-
lités d'alimentation par la pêche. . . - ..
Chanoine J.-M. · ABGRALL.
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DEUXIE E PARTIE
Tables des mémoires publiés en 1914
Abri et sépulture sous roche à Keramengham,
en Lanriec, par le chanoine J.-M. ABGRALL ....
Liste des juridictions exercées au XVII" et au
XVIII" siècles dans le ressort du présidial de
Quimper (suite: Sénéchaussées de Gourin et
de Lesneven), par H. HOURDE DE LA ROGERIE ..
IlL La période révolutionnaire à Gouesnac'h par
Pages
L.OGÈs .... ................ .................. 36
IV. La Révolulion en Bretagne. Les derniers monta-
gnards, 1795, (suite), par PRo HÉMON. ....... 62,156 .
V. Première contribution à l'inventaire des monu-
ments mégalithiques du Finistère (suiLe :
Cantons de Lannilis, de Plabennec et de Plou-
dalmézeau), par A. DEVOIR. . . . ..... . . . .. .. . . . 91
VI. A udierne à la fin de l'ancien régime par J. SAVINA 112
VII. NoUce sur la ohapelle de Saint-Herbot 'en Plo-
névez-du-Faou par CH. CHAUSSEPIED.. . . . . . . . . . 128
VJII. Elude arcbéologique du cadastre par H. LE CAR-
GUET ..... ....... ...... · .... ................. 140
IX. Excursion archéologique du 10 mai 1914. Compte
rendu par le chanoine J.-M. A BGRALL ........ .
Lettre circulaire des membres du bureau . .. .. .
La Cathédrale de Reims par,.le chanoine J.-M.
ABGRALL ......... .
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DU FIN ISTERE
Hôtel de Ville
B.P. 531
29107 QUIMPER