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Bulletin SAF 1913


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Etudes sur le Cap-Sizun. - V. NoLice historique sur la Seigneurie de Lezoualc’h en Goulien et ses Anciens Seigneurs

D. Bernard

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1913 tome 40 - Pages 193 à 248

ÉTUDES SUR LE CAP- ..... IZUN - V
Notice historique

sur la Seigneurie de Lezoualc'h, en Goulien,

et ses anciens seigneurs.

Le Manoir de Lezoualc'h.

Sur le bord de la route départementale de Pont-Croix ' à
Cléden-Cap-Sizun, à un kilomètre environ du bourg de Gou­
lien, s'élève le vieux manoir de Lezou. alc'h, à l'orée d'un vallon
descendant en pente douce vers le village de Kergonvan, en la
commune de Goulien. Une haute muraille, toute couverte de
lierres, en grande partie écroulée, cerne le domaine le long du
chemin. Un portail au cintre surbaissé donne accès à la cour
intérieure inégale, au pavage défait. A gauche, s'élève le bâti~
ment principal, édifice du XVIe siècle, composé d'un grand
corps de logis à deux étages, flanqué sur le derrière d'un

pavillon carré surmonté d'un toit aigu. L'intérieur n'offrerien

de remarquable sauf un grand escalier en pierre de taille et la

monumentale cheminée du rez-de-chaussée. Les autres bâti-
ments, entourant · Ia cour, sont tous de construction moderne.
Il y a quelques années, la vieille demeure était · encore
parée de ' sa ceinture de vieux arbres qui en faisaient
un site assez charmant i m~is, hélas !·un exploiteur avide a

passé par là et l'antique manoir apparaît maintenant triste,
nu et solitaire! Le vieux figuier tordu, plus que centenaire

qui décorait l'entrée, a été abattu; le taillis et le bois de haute
BULI,ETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. TOME XXXIX (Mémoires 13) .

- 194

futaie ont disparu; le parc et les jardins ont été convertis en
labour; il ne reste aucune trace du colombier ni de la chapelle

domestique. Le moulin existe toujours, tout 'proche, mais
transformé, modernisé .

Les seigneurs successifs de Lezoualc'h.

Le manoir de Lezoualc'h a été le berceau de la famille
Autret que nous trouvons mentionnée comme noble dès la
Réformation de la noblesse de 1426.
Dans le fonds de l'Evêché de Cornouaille (Arch. du Finis-

tère, G. 89-111); nous avons relevé: en 1391, Eon Autret
. demeurant à Quimper « en Maesminihy en Saint-Mahé » ; en
14;50, 1496, '1498, Juquel Autret, fils de Barthelemy, qualifié
seigneur de Lésoualc'h; en '1477, Guion' Autret ;' eti '14' 90,

Raoul Autret. Nous trouvons aussi; en 1418, Jacob Lesoualc'h
comme receveur de l'Évêché. Dans l'enquête " faitè en.1410 et

1411 sur les droits du vicomte de Léon 'en Cornouaille, un

des derniers témoins entendus s'appelle Henri Autret (Dom

.t1orice, P. II). On voit donc que la famille Autret est rune des

plus anciennes de la Basse-Cornouaille. ' ,

Nous allons suivre la filiation en donnant sur chaque géné-

ration les renseignements que nous avons pu recueillir et en

nous servant principalement de deux généalogies, dressées

par Guy Autret et conservées à la Bibliothèque Nationale (Fr.
29387) (1) .

Les Autret blasonnaient: (( D'argent à quatre fasces ondées
d'azur )) et leur devise était : (( Dre ar Mor.)) (Par la

mer) (2).

Barthelemi Autret, ' sieur de Lesoualc'h, en

la .paroisse de

m Et du fonds des Arch. du Fin.·, E. 366 et 366,i
(2) Ou (( à travers la mer. ))

Goulien, Evêché de Cornouaille,époustl Jeanne de Langue-
voez, d'après une généalogie de cette dernière famille dressée
par Guy Autret et mourut vers H>14 . .
Il fut père de :

Juquel Autret, s.ieur de Lesoualc'h:, mentionné dans un acte
passé par son fils le 10 janvier U>14, épousa Jean~e de Moe­
lien, veuve de Jean du Dresnay en 1485, fille de Jan de Moelien
et de Marie Le Chevaër. (Celle-ci était probablement fille de
Charles Le Chevaër, cité dans la Réformation de 1444, demeu-
rant au manoir Mispirit, en Goulien) (1). . .
III

De son mariage Juquel Autret eut:
Jehan Autret (qualifié noble escuyer) sieur de Lesoualc'h
q. ui figure dans des actes des 10 janvier ' 1512, 6 janvier 1524,
18 mars '1539, 4 avril Hi40.
Il épousa, suivant Guy Autret, Catherine Le Picart, fille de
Louis Le Picart et Janne d'Auray, sieur et dame de Kerga­
nou, en l'Evêché de Vannes. Elle reçut en partage, suivant le
même auteur la terre de Kervéguen, en Goulien. (Dans un in-

vent~ire fait à la Coudraye, le 22 mai 1690, il est fait mention
d'un « contract d'acquet du manoir de Kervéguen, ses fiefs,

juridiction et ferme, du 29 novembre Hi24.) Jehan Autret
mourut le 29 juin Hi47.
Il fut père de :

Jehan Autret (qualifié noble home), sieur de Lesoualc'h et
de Kervéguen, fit une fondation, le 25 mars 1574 dans la cha-

(1) Le manoir de Mispirit avait primitivement appartenu à une famille
du même nom. Nous trouvons, en 1.477, Maître Jehan Mispirit et André sa
compag-ne. Mispiril appartint' successivement ensuite aux Chever, Blan-
chart et Lefallcheux. .', .

196 -
pelle de N.-D. de Bonne~N ouvelle, au village'de Lannourec, en la
paroisse de Goulien» pour estre luy, sa compaigne espOUse et
ses enfants et héritiers participans ès prières, oraisons, mes­
ses et offices divins qui se célèbrent et se célèbreront, toutes
les sepmaines par chacun an en la ditte chapelle en l'avenir. »
Il épousa, suivant Guy Autret, Marie de Coatanezre, dame
de Lésergué et des Salles, fille de Jan de Coatanezre et de Ami-

ce de la Palue, sieur et dame de Lesergué et des . Salles~ Elle
devint dame de Lesergué à la mort, sans postérité, de son frère
aîné Charles de Coatanezre en Hi48 .

De ce mariage vinrent:
1° René Autret, qui suit;
2° Catherine Autret, femme de Jacques de Lanros, sieur du

. Minven, en Tréogat.

René Autret (qualifié Noble home) est dit fils aîné,' princi­
pal et noble et sieur de Lesergué dans un acte du 1D septem­
bre 1D77. Il se qualifie de sieur de Lesoualc'h dans un acte du
2 juillet 1D86. Il épousa, par contrat du 3 août 1D67, Jeanne Le
Vestle, qui étai t d'a près Guy Au tret, fille de Pierre le VestIe et de
Marguerite L'Honoré. Il combatit dans le parti · du Roi et fut

tué par les Ligueurs vers lD9~. Son manoir de Lesoualc'h fut

ensuite pillé et saccagé par la Fontenelle en personne qui y fit
mettre le feu ainsi qu'aux villages environs. Nous reprodui­
sons ci-après le procès-verbal d'enquête fait en 1634.
Pillage du Manoir de Lezoualc'h en la paroisse de

Goulien par La Fontenelle (1595) .

Enqueste civille faicte par la cour et siège présidial de
Quimper Corentin recqt Mr

Yves AuItret, sr de Lesoualch et
de Kergaradec, deffandeur, vers escuyer Guy Aultret, sr de
Misirien, demandeur, dellivrée cl oze et soubz sczeau a Me

"!""'"' 19 7 , : '

François Yvenou, procureur dud. defiandeur, ce XIe novembre
1634. Signé: Delagarde.
Encqueste ci ville faicte par la court et siège présidial de
I{emper Corentin par nous Jan de Querouartz, senechal de
cornouaille et premier magistrat audict siège, ayant avecq
nous, pour adjoinct, Jan Prouhet, pour le greffier dudict
siège, jurré en tel cas requis, requerant escuier Yves Aultret,

seigneur d' e Lesoualch et de Kergaradec, deffandeur, vers

Guy Aultret, escuier, s'eur de Missirien et de Leserguay, de-

mandeur, et ce pour parvenir à la vériffication des articles
nous mis entre mains ' par le dict deffandeur, dabtés en la
signification faicte ce jour audict demandeur par Buzaré,
Sergeant, à laquelle encqueste avons vacqué et procédé en
notre maison, en ceste dicte ville de Kemper Corentin, ce
jour sixiesri1e de novembre an 1634, comme. ensuilt.
Yvon Brechonnet, laboureur de terre, demeurant au village
de Trochalut, parroisse de Gouzlien, âgé de soixante et troys
ans ou environ, comme il dict, tesmoign jurré par serment
dire vériUé, purgé de conseill, affection, solicitation, enequis.

Dépose que trante et huict ou neuff ans sont, ' le deffunct ,
sieur de la Fontenelle s'empara du fort de Douarnenez et que,
environ ungn an devant le temps de sa venue audict Douar­
nenez, ses gentz ligeurs tuèrent deffunct escuier Renné
Aultret, sieur de Lesoualch, quy estoict du party du Roy el
son capitaine en troys parroisses du Cap; sy recorde que peu
de temps apprès la mort dudict feu sieur de Lesoualch, ledict

sieur de Fontenelle entra au man noir de Lesoualch, suivy

d'ugne compagnie de cavallerie, de laquelle il princt et em-
porta tout ce que bon luy sembla, mesme brusla tout ce qu'il
ne peult emporter et briza le surplus des meubles, et diet
apprès que ledict feu Fontenelle eu st sort y de ladicte maison,
en laquelle il entra, il vi ct nombre de papperasses et parche-
mins presque bruslés, qui sembloient à des contractz et autres
actes, et que ce rettirant il viet eneorre le moullin, les

198 -

maisons de la basse-court dudict Lesoualch et autres rnp,ttai_
ryes prochaines bruslées par I.e feu que y avoict faict meUre
le predict Fontenelle, et qu'il ne se trouva en la maison que
certains actes et pièczes que l'on dissoict estre inutilles, quy
estoict restés en un gallatas du grand corps de logeix, que la
dame de Lesoualch, leur grande mère, emporta, et est son

record lequel lui leu et donné à entendre en son vulgaire
langage brethon, a. dict icelle contenir véritté et a signé,
ainsin signé: Yvon Brechonnet.

Pierre Le Goff, teixier de son mestier, demeurant au village
de Kerguellien Houllien, parroisse de Gouzlien, âgé de
soixante et six ans ou environ, comme il dict, tesmoign jurré

par serment dirre veritté, purgé de conseill, affection, sollic-

zittation et encquis.
Dépose que trante et neuff ans sont ou 'environ le deffunct
sieur de Fontenelle s'empara du fort de Douarnen.ez, et ·que,

un an devant sa venue audict fort, escuier Renné Aultret,
sieur de Lesoualch, auroict été assaziné par ses gentz, et
quelcque temps apprès, en hayne que Messire Claude Aultret,
. son filz aysné, père · desdictes part yes, estant capitaine de

quelques parroisses, tenoict le party du Roy, ledict sieur de

la Fontenelle vinct en personne à Lesoualch et auroict fait
mettre le feu audict mannoir de Lesoualch par ses soldatz,
quy auroict bruslé les meubles y estant et aussy bruslé les
actes estantz en ladicte maison et le moullin et cincq villages

à l'enthour de lad. maison et laissé couller le vin et emporté
tout ce qu'ilz trouvèrent et jugèrent leur pouvoir servyr sy
recorde que quant ledict sieur de Fon~enelle et ses soldatz
s'estoinct rettirés, il vinct audict mannoir de Lesoualch
nombre de personnes, lesquelz trouvèrent encorres quelcque

restes de meubles et garandz my-bruslés, lesquelz ne pouvoinct
rien valloir, et est s. a deposition, laquelle luy leue et donnée à

entendre de mot à autre, a dict icelle contenir véritté. et ne

sca VOIr sIgner.

. 199 ".

Berthelemy Sicourmat, cherpentier de son mestier, demeu­ rant a!l village de Kergonven, paroesse de Gouzlien, âgé de
soixante et huict ans ou environ, comme il dict, tesmoign
jurré par serment dirre véritté. purgé de conseill, affection,
soliczitation, encquis.

Dépose que trante et· huict ou neuff ans sont, le sieur de la

Fontenelle s'empara du fort de Douarnenez et que un an
devant escuier Renné Aultret, sieur de Lesoualch, fut assa-

siné par ses .gentz et quelques temps apprès, Mt'e Claude Aul­
tret, sieur de Lesoualch,' son filz, aysné et pèredesd.
partyes, estant capitaine de quelcques . parroesses aux
environs, en hayne de ce que ledict sieur tesnoict le

party du Roy, ledict sieur de la Fontenelle, acompagné
de ses gentz en grand nombre, seroict venuz en per-

sonne audictmannoir de Lesoualch et auroict emporté ce

qu'ils auroinct trouvé leur pouvoir ~ervir et mis le feu en
ladicte maison, brusJé les meubles et les garantz y estantz et
le mou'llin et quatre villages proches dud. man noir ; sy

recorde que apprès qu'Hz s'estoinct rettirés de ladicte maison 1

nombre de personnes allèrent et trouvèrent les garantz de
ladicte maison sur la place demy-bruslés et les meubles
estant aussy dans lad. maison toutz bryssés et. rompus et
demy-bruslés, dict outre que lesd. paysantz y assemblés ser­
rèrent et emportèrent lesd. pappiers et garantz dans ungne
chambre au dessus, lesquels il dict ne pouvoir de rien servir
en l'estat qu'ilzestoict et est sa déposition et dit s'a voir sur
les articles nous mit entre les mains . de la part du dict sieur
de Lezoualch" laquel.Iuy leue et donnée à entendre de mot à
aultre, a dit icelle contenir véritté et a signé, ainsin signé:
Bthellemi Sicourmat. '

Pierre le Marrec, marinier, demeurant au village de Kerizict-

Gouzlien, paroisse de Gouzlien, âgé de soixante et dix a unze
ans ou environ, comme il dict, tesmoign jurré par serment
dire véritté, purgé de conseill, affection, soliczitation, encquis.

- 200-

Dépose que trante et neuff ans sont ou environ, le sieur de
la Fontenelle s'empara du fort de Douarnenez et dict qu'un
an devant escuye'r Renné Aultret, lors sieur de . Lezoualeh

fust assasiné par les gentz dudict de la Fontenelle et quelques
temps apprès en hayne de ce que Mre Claude Aultret, père
, desdictes partyes, tesnoict le party du Roi, comme capitaine
des parroesses aux environs, ledit sieur de la Fontenelle et
ses gentz seroinct venuz en personnes en la maison de Le­
zoualch ou iIz auroinct mis le feu, ensemble dans le moullin

mestayrie et quatre viII.ages aux ' environs dudict mannoir,
sy recorde que ungn nommé Missire Berthelemi le Maree,
pbre ('t curé de la paroisse de Gouzlien, son oncle, à son
rethour dudict mannoir, accompagné de la dame de la maison
lui auroict dit que la maison dudict Lesoualeh estoict ruynée,
d'aultant que toutz les actes et garanLz de lad. maison es­
toinct bruslés par ledict sieur. de la Fontenelle et ses soldatz,
et est sa déposition et tout ce qu'il diet savoir, laquelle luy
leue et donnée à entendre de mot à autre, en son vulgaire

langagebrethon, a dict icelle contenir vérit~é et a signé,

ainsin signé : Pierre le Marrec, Jean de Querouartz,

senechal, et a ledict sieur senneschal eseript an marge de son
sign : taxe pour quatre temoigns quarante solz reçeu.

Signé Jan de Querouart.z, sénéchal,
Prouhet, adjoinct Il);
Du mariage de René Autret et de Jeanne Le Vestle naqui-
rent :

1° Claude Autret, qui suit.
2° François Autret; sieur de Kervéguen et de Kerstrat, men­
tionné avec ces qualités dans un acte du'2 juin 1632. Il habitait
alors le manoir de Kerstrat en Ergué-Gabéric. Son fils, Nicolas
Autret, servait dans les armées navales depuis cinq ans,

(t) Copie' extraite des Archives de M. Le Bris-Durest, de
par M. DE ROS\\IORDUC.

Pont-Croix,

-' 201
comme volontaire, lorsqu'il fut tué dans les Iles de Provence,
en 1637. Marie Autret, épouse de écuyer Alain Larvor, sieur

de Kerudalan et de Kerstrat, vivant le 16 juillet 1643, pour-
rait être sa fille.
3° Hélène Autret, femme de Jacques de Clisson, sieur du
Ménez. ' .

4° Marie Autret, mariée à René de Kersulgar, écuyer, fils

de Louis de Kersulgar et de Marie de Saludem, sieur et
dame de Kernaou, en Ergué-Gabéric. Elle fut partagée par
son neveu, Je sieur de Lesergué, le 13 novembre 1624.

Claude Autret (qualifié noble horns) sieur de Lesoualc'h,
fils aîné, principal et noble, combatit avec son père dans le
parti des Royaux et fut capitaine de.J~ou lien et des paroisses

environnantes. Il figure dans des actes des 18 mars 1608 et
22 mai 1618 et mourut au mois de janvier 1639.
Il s'était démis, de son vivant, de ses biens en faveur de
son fils aîné, ainsi qu'il se voit par l'aveu que ce dernier four­
nit au Roi le 22 mai 1618.
Il épousa en premières noces, par contrat du 12 novembre
1590, Françoise de Clisson, fille de Jacques de Clisson, sieur
du Menez, de Lanriou et du Tymeur et de Béatrice de Cor­
nouaille,et en secondes noces, parcontrat du 15( alias 25) juillet

1596, Gillette du Plessix, dame de Missirien, fille de Jacques
du Plessix, sieur de Kerminihy et de Missirien et de Barbe
de Toulalan. Par ce mariage, la terre de Missirien entra dans
la maison de Lesoualc'h.
Du premier mariage est issu:

Yves Autret, qui suit.
Du second lit vint:
2° Guy Autret, sieur de Missirien.
Bien que ce dernier soit déja honorablement connu (BIOGRA­
PHIE BRETONNE. Guy Autret, seigneur de Missirien, correspon-

- 20.2 '"
dant de Pierre d'Hozier en Rasse-Bretagne par M. LE ete DE
"RORMORDUC, etc ... ) nous ne pouvons nous. dispenser d'en dire
. quelques mots.

Guy Autret servit d'abord dans la carrière des armes; il se

retira ensuite en ,son manoir de ' Lesergué, en Ergué-Gabéric
« paisible retraite qui convenait à ce sage, chercheur patient

é'rudit, écrivain de mérite, Breton passionné pour la gloire de
son pays. Lui-même a exprimé le charme qu'il trouvait à sa

résidence silencieuse et à ses recherches historiques: « Sans
charge,etsans occupation civile, je possédois en repos la plu­
part de mon loisir et de ma solitude sans soLitude; là ma vie
se passoit dans un calme continuel, là entre toutes les estudes,
ravais heureuseme'nt faict eslection de celle de l'histoire,

comme de la plus convenable à mes inclinations; ayant tou-
jours creu que la recherche des antiquités estoit incompara­
blement plus utile que celle des tulipes et des peintures, qui

ne flattent que les yeux et les sens, au lieu que l'histoire est

ùn solide aliment de l'esprit, qui entretient et delecte si agréa-
blemént ceux qui l'ont une fois savourée, qu'ils s'y attachent

après par délices, avec des affections et des ravissements '
'incroyables (1). » Il donna une nouvelle Edition des vies des
'saihts d'Albert Le Grand, en y ajoutant des notes, des correc­
tions, d'importantes additions etde nouvelles notices. Il a laissé

aussi d'intéressantes notes et généalogies sur les familles

nobles de Bretagne, conservées à la Bibliothèque Nationale et
à celle de Rennes.
Guy Autret naquir vers 1599. Il eut pour parrain le célèbre
brigand Guy Eder de la Fontenelle. Il épousa en premières

noces Blanche de Lohéac, fille de Mathieu de Lohéac et de
Marguerite Le Baud et en secondes noces, Françoise Le Borgne,
veuve de Messire Ollivier de Lamprat, sénéchal de Carhaix. Il

, n'eut point d'enfants de ces deux mariages. « Suivant une note

(i) Pr~face à la 5' Edition des Vies des Saints par MM. THOMAS, PEYRON eL
'A.SGRALL. Salalln, Quimper i90!. ' " ' .

- 203 .. .

du fils de Pierre d'Hozier, Guy Autret serait décédé à Paris le
jour du Vendredi-Saint (26 mars t660) des suites de l'upéra~

tian de la pierre. ' D'après les registres mortuaires · de la

paroisse de Saint-Sulpicede Paris, il se"rait mort le 0 avril
1660 » (-1); .... . - . '.
Nous avons retrouvé aux Archives du Finistère, un mémoire

dressé par Sébastien de Kerc'hoent, seigneur de Coetanfao,
des dépenses de son' e 'nterrement (t0 avril· ~660). Voici ce
mémoire: « Nous soubzignant, seigneur de Coetanfao, cer­
tifiions l'employ cy-ctessous. de la somme de quattre cents soi-

xante et dix livres estre véritable, laquelle some a esté trou-

vée dans les · coffres ' de deffunt Mr de Missirien après son

decebz et nous a esté mins entre mains pour fournir au: x frais
de son enterrement qui a esté faict en la paroisse de Saint~Sul~

pice, à Paris où il est décédé le 3

d'avril et inhumé en la
ditte église le oe du même mois 1660. .

. Et premier,

« Nous av~:ms payé parles mains du garçon : de feu Mr de,
Missirien aux nottaires qui ont faict inventaire des harqes et

argent du dict deffunt seigneur de Missirien, pour leurs vaca-
tions et avoir retiré deux coppies signés et garantis dont nous
avons envoyé lune à Madame de Missiden, dix huit livres.

Plus pour les frais de l'enterrement suivant le mémoire et le
reçu aupied du crieur qui a soing des enterrementz à SaiI!t-

Sulpice, 300 1. .. ' . ;
Au pres~re qui a veillé le. corps pendant un - jour et . demi el '
une nuit, 8 1.

. Donné au garçon de feu Mr de Missirien pour ilchepter bas

à bottes et autres choses nécessaires pour son voiage de Bre-

tagne dont il a payé vingt et deux solz et port des lettres que

que noUs renvoyons à Madame de Missirien, 6 1. :.

Plus payé au Sr Voesin, facteur du messager de Paris à

(1.) Lettres de Guy Autret, Préface cf. supra.

- 204 ' r

Rennes pour le voiage du valet de Mr de Missirien suivant le
, reçu, 36 l.
Plus donné à ce mesme garçon pour sa despense à Rennes
et son voiage de Rennes à Quemper, 24, l.
, Plus pour le port des hardes du valet, d'ici à Ren-
nes, 31.
Reste encore, 20 l.
Fait à Paris, à l'hote! de Lyon, rue Saint-André des Arts

10 Avril 1660.
Sébastien de Querhoent de Coetanfao. (1)
Les dépenses d'enterrement à Ergué-Gabéric sont détaillées
dans un autre 'mémoire , que nous croyons intéressant de
reproduire:
« A Mathieu l'Hostis et Mary le Corre pour avoir fourny les
armoiries et timbres en l'esglise parroissialle d'ergué-gabéric
durant le grand service dudict feu seigneur de Messirien en
faire une lisière noire et y avoir mis des armoiries el timbres
en la dicte lisière tant au dedans que dehors, 57 l.
A Malherbe, marchand de 'drap à Quimper pour la tante
noire faicte en l'esglise d'Ergué-Gabéric et la mesme tante
noire au manoir de Lesergué, 14,5 1.
En poisson, viande, pouletz, cochons, pains et choses néces­
saires pour les assistans au service, 1621. 10 s.
A Jean Terrestre, drogUIste, pour l'illumination de l'esglise
d'Ergué, 20 1.
Un tonneau de seigle aux pauvres d'Ergué, 36 l.
D'autres frais sont mentionnés à la suite, tels que:

« A l'orfèvre pour avoir prisé la vaiselle d'argent, 31.
« A un libraire pour estimer et faire les lotties des livres de
la bibliotecque, pour un jour, 3 l. »
« A Jamot apothicaire à Paris 5001. »

(il Arch. Fin. E. ,227.

Plus le port des coffres de Guy Autret de Paris à Rennes,
221. Hi et de Rennes à Quimper,161. » (1)
Les domestiques de Lesergué (:l valets à bras, 1 palefrenier,
2 servantes, 1 pasteur de mouton et 1 pasteur de vaches) la
dame de compagnie et la gouvernante, reçurent une gratifica­
tion.
Les vassaux furent exonérés de la moitié de leur rente
annuelle.

Nous avons cherché vainement le procès-verbal d'inventaire

qui dût être fait à Lesergué quelque temps après la
mort de Guy Autret. Il eut · été excessivement intéressant

d'avoir le détail de sa bibliothèque et surtout de ses docu-
ments d'archives qui furent dispersés probablement après sa
mort, aux hasards d'une vente: un libraire appelé pour faire
l'estimation et les « loties» semble l'indiquer.
VII

Yves Autret (qualifié noble homs), sieur de Lesoualc'h,
Lesergué, Kervéguen, Kerjan, etc ... fournit aveu au Roi, le
22 mai 1618, pour les dites seigneuries. .
Il épousa, par contrat du 22 septembre 1618, Marie du
Menez, fille ainée d'Alain du Menez et de Marie de GourcufI,
sieur et dame de Lézurec. · .
Il acquit de Claude comte de Boiséon, vicomte de Dinan et
de la Bellière, Baron de Kerouzeré, seigneur de Coetnisan,
etc ... , par acte du 24 novembre 1628, la terre et seigneurie

de Kergaradec, en la paroisse de Plogoff, dont il prit pos-
session le 29 décembre suivant.

Voici cet acte dans lequel sont détaillées les prééminences
en l'église de Plogoff :
. 29 Décembre 1628

Prise de possession en 1~28 de la terre et seigneurie de Ker-
_ _ _ ______ ________ __ OP ' ", = ' T ' , . " . " " "". , . , ,, , ..... . . . ,,'m
(i) Arch. Fin. E. 227.

- . 206 ,

garadec, en la paroisse de Plogoff, par Messire Yves
Au tret

seigneur de Lesoualch. ' "

(Prééminences en L'église de Plogoff)

Nous , Jan , Urgoez .. · et Michel Blanchart, nottaires royaulx
héréditaires jurés et reçus en la court de Kemper Corentin

scavoir,faisons que ce jour jeudy' 28

de décembre 1628, ont

comparus en leurs personnes, en nostre tablier en la ville de

Pontecroix, messire Yves Aultret, chevallier, seigneur de

Lesoualch,paroesse de Goullien, d'une part et escuyer Fran-,
çois Filly, , sieur de Kerneiz, demeurant au manoir de Lanvers,
paroisse de Beuzec-cap-Sizun, 'procureur spetiall, 0 pouvoir
exprès, de messire Claude compLe de Boesevon, viconte de
Dinan et de laBeliaire, baron de Kerouzéré, seigneur de Coetni-

san, etc .... , au désir de' la procuration luy ,passée et inséré
dans un contrat par luy pl'ésantemant apparu, passé par la
court de Morlaix, le 24

jour de novembre dernier, signé: Clau­
de Boisenou, Rollant Godet et le 'Normant, notaires ' royaulx,
refferant I , e registre ' estrepar devers le dict Godet, icelluy
contract contenant "andiction faicte par led. seigneur conte
de Boesévon audict seigneur de Lesoualch, de la terre et sei­
gneurie de Kergaradèc, en domaine, fieff, 'prééminances d'é­
glise, droict d~ fondation et de coustume et générallement
toutz ce que " en despant en la parroesse de Plogoff et ailleurs,
sans réservation; ladicte terre rellevant du proche fieff du
Roy~ quitte de toutes charges; lecquel contract a esté parcestes
registré présàntement devant nous susdicts notairespar ledicts
Filly, oudict nom, d'une part, et ledictseigneur 'de Lesoualch,
d'autre', et Oht prorogé de jUridiction de: nostre dite court de
Kemper Corentin, avecq toute soubzmission à : 'icelle pour
l'anterinement et exécution dudict contract de vante sellon sa
forme et theneur consantants lesdjctes partyes d'estre trettés

efconvenus' par nostre dicte court ai'nsin qUe sy ledict contract

eust esté gréé, faict et consantypar nostre dicte court et séné-

~ . 201 - ,
chau ssée de-Kemper Corentin et paF devant nottaires d'icelle"l
Fait grée en nostredict tablier; en la ville de Ponteeroix,)es~ .

dicts jour et an que devant, soubz les signs , desd. partyes; le
registre de cestes est signé: Yves Aultret, Fran. Filly et .de

nous J. Urgoez, nottaire royal, et M; Blanchart, nottaire royal, .

lecquel dêmeure vers et enla garde dud. Blanchart.-
(Signé:) M. Blanchart notaire royal. '.
Et advenant le lendemain vandredy, 29° jour de décembre
l'an 1628, nous soubzsignons notaires, nous sommes expré87'
sément transportés de nos demeurances, à la recqueste dudict
escuyer: François Filly, sieur de Kerneiz, procureUl' comme
dict est · dudict seigneur comte de Boesevon, jusques , "au .
manoir et seigneurie de Kergaradec, scittué en la parroesse de
Plog'üff, où· y estants, en la présance de plusieurs personnes,
ledict Filly, oudict nom, usant de son 'dict pouvoir et en vertu
de la dicte procure Iuy consantye dans led. contrÇlct de vante
de la · terre de Kergaradec, dabté du 24

jour de ,novembre
dernier; a réellement et actuellement et deffaict présante­
mant, . à veue de no~s, mis et induict ledict seigneur de
Lesoualch acceptant en la posetion reelle et corporelle dud . .

lieu, manoir et seigneurie de Kergaradec, issues et apparte-
tenances et despandances, sans réservation, domaine, fieU et
tout ce quy en despand, par avoir led. seigneur de Lesoualch,

embullé et desambullépar les maisons et macziaires dud.
Kergaradec, terres chaudes, froides, prairies, forestaiges,
fieUs et touttes leurs despandances, et avoir faictfeu et fumée,
beu et mangé esdites maisons et désambullé par les fleffs et
despandances et faict toutz autres actes recqu~s etnecessaires

pour bonne et debve posetion, prandre etacquillir, à la cous-
turne sans aulchun trouble, opposition, 'ny empêchemant ~d~
personne, les maisonsducquel '. manoir sont en ·. plusieurs

endroits ruinés et sans couverture et dans celles qux sont cou-
vertes sont à présant demeurantz les desnomés cy apprès, .à
tiltre de simple ferme, ainsin qu'il nous ont djcJ, scayojr' en

l'une desdictes maisons dudict manoir demeure il présant
Mathias Guesengar, quy a dict poyer, pour sa coslepart de la
taillée, la somme de 4 livres thournois. Item en une aultre
maison dudict manoir demeure Jan Kerloch et Marie le Berre

sa femme, pour poyer l'an, à ce qu'ils disent, à pareill tiltre
de simple ferme, la somme de 4 livres, 10 soubz thournois .

Item en un aultl'e logement dudict manoir demeure, à pareill
tiltre de simple ferme. Andre Guezengar, pour payer la som­
me de 75 soubz thournois par checun an. Et finallement en

unne autre maison dudict manoir demeure Jan Le Gall, dict
Jaouhen, pour poyer par checun an, de simple ferme, la som­
me de 11D soubz thournois. Toutz lesquels fermiers cy dessus
desnomés sont présants devant nous nottaires de la court de

Kemper-Corentin et se soubzmectent et prorogent de juridic-
tion en nostredicte court et s'obligent de poyer au temps adve­
nir et tant q.ue led. seigneur de Lesoualch leur dellaissera lad.
ferme, pareille somme que celle qu'ils ont déclairés par cy
devant et déclairent ne prétandre aulchun droicts aux édiffices
dudict manoir, à quoy faire ils ce sont obligés soubz obligation
et hippotecque de touts leurs biens et par leurs sermants, dé­
clairants ne scavoir signer ont prié et requis Mr'e Anthoine le
Berre, prèbre et curé de ladicte parroesse de Plogofl', de signer
cestes pour eulx, ainsin signé en ceste endroict au registre de
cestes: Le Berre.
Et à l'instant ledict Fily, oudict nom, nous a faict condé­
çandre jusques à un vieux moullin à vand sittué près dudict
manoir, qu'il nons a dict estre le moullin de la seigneurie de
Kergaraoec, en la posetion ducquel moullin et son distroict il
a pareillement induict ledict seigneur de.Lesoualch, par l'avoir
faict entrer dans ledict moullin et faict touts actes recquis et

nécessaires pour bonne et debve posetion prandre, sans oppo-
sition de personne, et appurons que ledict moullin est tout
ruiné, sans boesaige, ny aulchune couverture, mesmes les
murailles presque tombées et ce quy reste encore deboult

- 209 --

mesnage prompte ruine, et n'y a audict moullin n.y degré, ny

meubles, ny porte, ny fenestres, ny aulchun ferrementz.

Et dudict manoir nous acheminantz vers le bourg parroes-

sial dePlogofI, nous a ledict Fily montré un ne grande. croix
de pierre, posée sur des marches de pierre de taille, nomée la

croix de Keroullant, cittuée dans le domaine de la seigneurie
de Kergaradec, dans lacquelle croix sont en boeze les armoi­
ries de la seigneurie de Kergaradec, . du temps que ladicte
terre appartenoict aux seigneurs de Rosmadec, scavoir les

armes plaines du Grand Rosmadec, quy sont des pals, et .
les armes du petits Rosmadec ou Lespervez quy sont des
gemels. .
Et de ladicte croix nous nous sommes transportés jusques
au bourg parroessial de Plogoff et estants entrés dans l'église
dudict bourg, ledict Fily, usant de sondict pouvoir, a pareil­
lement induict le dict seigneur de Lesoualch, acceptant, aux
droicts de fondation, de coustumes et préminances d'église et
autres droicts honnorificques de ladicte église, despandants
de lad. seigneurie de Kergaradec, par avoir faict entrer ledict
seigneur de Lesoualch en ladicte église et faict les actes néces­
saires pour ladicte posetion prandre, sans empêchemant ny
opposition de personne, lesquels préminances led.Filly,
oudict nom, nous a présantement montrés, scavoirau porche
du semittiaire, du costé du midy, . par dehors, sont · troys
escussons en boczede reliefI, scavoir au hault dud. porche
les armes plaines de Bretaigne, et aux deux côtés dud. porche
les armes entiennes de lad. seigneurie de Kergaradec, lors
qu'elle appartenoict aux seigneurs de Rosmadec, scavoir, au
costé droict, comme l'on entre aud. porche, est un escusson
armoyé des armes du pettit Rosmadec, quy sont troys ge­
melles, et du costé gauche sont les armes plaines du grand
Rosmadec, quy sont troys palles.
Et estantz entrés dans ledict semittière nous a ledict Filly
montrés au hault du pQrche et principalle entrée de ladicte
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO ... TOME XXXIX (Mémoires 14).

- 210-

eglise, du costé du midy, un escusson bosse chargé · de la
représantation de troys pigeons, ledict eccusson estant extrè_
mement entien et vieux, lecquel ledict Fily nous a dict estre
les armes particulières de ladicte seigneurie de Kergaradec',
Plus nous a led. Filly montré et avons veu au hault du pignon
occidentall de lad. église, sur lequel est construict lé clocher

un grand escusson en bocze de relief! coupé en bannière, dans
lecquel escusson y a uu equartellé, au premier et dernier est
la repprésqntation d'un lion, au second et troysiesme se voict
des ermines et un saoultouer,que ledict Fily nous a dit estre
les armes de la seigneurie de Kerouzéré en ecquartellé avecq
les armes de la seigneurie de Meinfaoults, dans lacquelle
maison de Kerouzéré ladicte terre de Kergaradec a entré
par le mariaige de darne Jeanne de Rosmadec avecq Messire
Jean, baron de Kerouzéré, l'an 1476 . .
. Et estantz entrés dans ladicte église nous a ledict Fily faict
voir troys escussons en rellieff aux pierres du font babtismal
de ladicte église, lesquels parroessent estre extrèmemant
vieulx, dans l'un desquels, estant devers occident, sont les
armes plaines du grand Rosmadec party avec la repprésanta­
tion d'unethour, dans un autre escusson, estant du mesme
costé, sont les armes plaines dudict petit Rosmadec,ainsin

ils ont estés describés cy devant, et du costé de septentrion

dudict font baptismal est le troysie$me escusson, aucquel
sont les armes plaines du grand Rosmadec.
. Item nous a ledict Filly monstré dans l'une des vieilles col­
lonnes quy soutiennent le bastimant du ceur de ladicte église,
quy est la première du costé de l'évangille, lacquelle collonne
paroict avoir esté faicte lors que premièrement l'on bastit
ladicte église, un vieill escusson estant en bocze portant les
armes plaines'du grand Rosmadec.
Davantaige nous a ledict Filly monstré deulx thombes dans
le ceur de ladicte église, costé de l'évangille, joignant le mar­
chepied du grand autelI, sur l'un desquelles est unne grande

- 211 .. ' -

~foix de.rellieff .avecq quelques escussons tellemant usés que

['on ne peult remarquer quelles armes y sont gravées, et sur l'au-
tf' e thombe, tirant versle mittant du ceur, est la repprésantation
fun personnaige. Sur lesqüelles thombes estoict antiennement

l e bancq de ladicte seign· eurie de Kergaradec, joignant un
lault rebort de pierre de taille, quy cy voict encorre, cons­
xuict expréssemant pour empêcher le passaige ' des parroes­
liens par l'applassemant et lieu d'udict escabeau, lecquel
~scabeau ayant esté usé et consommé par las de temps, n'au­
'oict esté reffaict, pour cause que les seigneurs de Coetenisan
~stoinct grandemant esloignés de ladicte église ; comme aussy
lOUS a ledict Filly dict que pour la .mesme cause les seigneurs
le Coetenisan n'ont faict raffréchir les lisières qu'ils ont droict
l'avoir, tant au dehors, que au dedans de ladicte église,
: omme seigneurs fondateurs d'icelle, à cause de lad. seigneu~
ie de Kergaradec entiennemant nomée la seigneurie de Plo­
'off .

Et pour ce quy est des armes en vittre, ledict Filly nous a
aict voir au pignon ' oriantal · de ladicte église la grande et

oaistresse vitre composée de troys passées et de troys souf-
.ects, au premier et plus hault desquels est un escusson des
rmes plaines de Francze partye avecq celle de Bretaigne
t au second soumet, quy est du costé de l'évangille, est un

qusson en banière porté par un ange, lecquel eccusson est
quartellé, au premier et dernier SOL t les armes de la baronie
e Kerouzéré, quy sont de pourp " e à un lion d'argeant, au
~cond et troysiesme sont les armes de la seigneurie de Mein­
lUits quy sont d'errhines à un saoultouer de gueulles, et au
'oysiesme soufflet, ·estant du costé de l'espittre, est un autre

~qusson en banière porLé 'pareillement pa'r un ange, lecquel
3cusson est aussy ecq'uartellé, au premier sont les armes

e la baronie de Kerouzéré, quy sont de pourpre à un lion
'argeant, au second les armes de Pontecroix quy sont d'azur .
un' lion ' d'argeant; au troysiesme sont I~s armes de Me~n -:

-, 212. -

fouts, quy sont d'ermines à unsa'oultouer, degueulles, au
quattriesmes sont les armes de Ros,nadec quysont palis
d'argeant et d'asur de six pièczes.
Item en la chappelle de Sainct-Sébastien, du costé de l'évan_
gille de ladicte église, y a unne vittre au pignon oriantall . de
ladicte chappelle, en lacquelle y a un escusson quy paroist estré
grandement entien et s'ettre conservé par le moyen d'un eer~

cie de fer; dans lecquel il est enchassé, lecquel esqusson porte
les armes du petit Rosmadec, quy sont d'or à troys gemelles
de gueulle, dans lacquelle vittre n'y a aulchunes aultres armes
que celles de ladicte seigneurie de Kergaradec.
Item dans la neff de ladicte église, près l'autell de Sainete
Katherine, est un ne vittre dans la muraille costière de ladicte
église, du costé du midy, au hault soufflet de ladicte viUl'e
sont les armes du petit Rosmadec, quy sont d'or à trois
gemelles de gueulles. : .

Dans la chappelle quy est du costé de l'épistre en ladicte
église, y a quelques esqussons en vittre tellement vieulx que
nous n'avons peu blazonner, ny remarquer les coulleurs, ny
les figures, fors en la vittre quy est au pignon méridional de
ladicte chappelle. avons veu deulx escussons en l'applassement
desquels l'on a mis depuis peu d'années et freichement du
verre blancq, et nous a ledict Filly dict que cella estoict '
advenu sur ce que un certain habittant de ladicte parroesse
ce seroict avancé, il y a quelques anées, de poser dans ladicte
vittre ses armes ou marque aux lieuex ou debvoinct estre ceulx
de la seigneurie de Kergaradec, ce que estant venu à la coi­
gnoissance de deffunct maistre Yves le Sodec, lors recepveur
de ladicte seigneurie de Kergaradec, il les auroict faict hoster

et, en entendant y faire apposer les armes de ladicte seigneu-
rie de Kergaradec, il y fist mettre led. verre blancq, quy cy
voict à présen t. '
Et de plus nous a ledict Filly diet que à cause de ladiete
seigneurie de Kergaradec, les seigneurs ' de Çoetenisan ont

droict d'apposer leurs armes en toutz les endroicts les plus
~minans de ladicte église, ainsin qu'ils les avoinct aU" temps

~ntien, comme seigneurs fondatteurs de ladicte église.
De tout quoy avons rédigé nostre présarit procès'-verball, à
l a recqueste desdictes partyes, à leur valloir et servir comme
ls voiront l'avoir affaire, et leurs avons décerné acte de ce

lue ledict Eilly a induict ledict seigneur de Lesoualch en la
JOsetion des préminanczes et droictz honorifIicques cy devant
fescribés, sans empêchemant oy opposition de personne, en
a présance de Mre Antoine le Berre, prestre et curé de ladicte

larroesse de Plogoff, quy signe, et de plusieurs aultres habit-
ants dud. bourg et parroesse de Plogoff, quy ne signent.
Et ce faict, la nuict estant survenu, nous nous sommes reti·
és jusques au manoir de Lesoualch, ' en la parroesse de Goul-

ien, et le landemein, trantiesme jour de décembre, presant
[ lOys et an, nous nous sommes transportés jusques en nos
emeurances. Le registe de cestes est signé: Yves Aultret, Guy
lultret, Fran. Fily, A. Berre, et de nous Y. Urgoez, notaire
oyal,et M. Blanchart, notaire royal, lecquel demeure en la
arde et par devers ledict Blanchart.
(Signé :) M. BI, anchart, notaire royal.
NOTA: .. A la suite de la pièce ci-dessus se trouve un pro­
~s-verbal dressé par P. de la Porte, sergent du ressort du .
i ège prësidial de Quimper, résidant à Pont-Croix, constatant
u'il s'est transporté au bourg de Plogoff, les dimanches 22 et
) avril et 6 mai ' J629 et qu'il y a publié et banni l'acquisition
, la prise de possession de la seigneurie de Kergaradec faites .
if messire Yves Autret, seigneur de Lesoualch . .
- Signé: P. DE LA PORTE.
A la suite du procès-verbal ci-dessus se trouve l'acte d'ap­
ropriement pour le seigneur de Lezouach prononcé par le
'ésidial de Quimper le jeudi dernier jour de mai 1629 .

. Signé: M. DU STANGIER. (1)

(1.) Communiqué par M. Le Ctc DE ROS~JOl\.DUC,

-' 214 .

La terre de Kergaradec,' qui avait primitivement fait partie
de la seigneurie du Tyvarlen (Landudec) fut baiJIée en partage,
le 26 août 147.i, par Riou üe Rosmadec, à sa sœur, Margue~
rite de Rosmadec, épouse de François de Boiséon (1).
Yves Autret dût affranchir une rente de 61 I. 3 s. 6 d.,
constituée sur cette terre au chapitre de Cornouaille par les

, seigneurs de Boiséon, pour la somme de 12231. ;) s.
Dans son aveu au Roi de 16;)3, Guy Autret, agissant en
qualité de tuteur des mineures dé son neveu, avâit employé
avoir juridiction haute, moyenne et basse sur les vassaux de
la seigneurie de Kergaradec ; par son arrêt du 30 juin 16;);)

la Chambre des Comptes ordonna qu'il ne pourrait prétendre
que le droit de basse-justice.
Cette justice fut réunie à celle de Lézoualc'h par lettres
patente's d, u Roi du mois de juillet . 166;), confirmée par arrêt
du Parlement de Bretagne du 21 août dela même, année (2).
A cause de leur seigneurie de 'Kergaradec, les seigneurs de

Lezoualc'h prétendaient avoir un droit de pêcherie et de sèche-

rie sur les côtes du' Cap-Sizun. Ce droit est ainsi énoncé dans
un aveu: « A cause de laquelle seigneurie, appartient
audit seigneur abvouarit un endroit de pescherie apelée le

senage pour lequel droit est deu le septième poisson des mul-
. lets, dorées et autres poissons quy se prennent avec filets dans
la grande mer, aux costes des par.roesses de Cléden, Plogoff et
Goulieq. et aux environs de l'isle Saint, duquel debvoir apar­
tient audit seigneur de Lezoualc'h, une tierce partie en les
deux autres aux seigneurs de Mollac et de Kerharo, fors ce
quy se prend à la" coste de Goulien, qui apartient au seigneur

advouant. Lequel droit peut valloir par communes années,
60 sols» « . le droit de escherie et secherie au port et rade
du Loch, pour lequel led. 3dvouant reçoit un merlus de chaque
compagn on de bateau quy déchargeaud. port du Loch et en

m Arch . d'L-et-V., E. 53.
(2) Arch. d'L-et-V., B. 359.

· 245 ' p'
]a parroesse de Plogoff, une fois l'an seullement, pouvant val-
loir cinquante solz monnoye \). '
, Par arrêts de son conseil des 21 avril, 26 octobre, et'ler'jan­
vier 1752, le Roi institua une commission chargée de la véri­
fication des titres des droits maritimes et statuer en dernier
ressort.

Voici le jugement concernant la seigneurie de , Kergaradec :
«( Vu la requête présentée par le procureur général de la com­
mission contenant que par arrêté du 21 avril 1739, Sa Majesté
avait ordonné que dans le délai de quatre mois, tous seigneurs,
communautés et particuliers qui perçoivent ou font percevoir
à leur profit sur les ports, quays, havres, rades, rives, rivages
de la mer, dans l'étendue du Royaume, et sur les rivières qui
y ont leur embouchure, ensemble les propriétaires des parcs

et pêcheries, représenteraient leurs titres; par arrêté du 26
décembre 1740, sa Majesté avoit prorogé le délai de deux
mois. Le sieur de Kergaradec produisit des titres demandant
à être maintenu en jouissance d'une rente de 15 1. 15 s. et de
50 merlus à prendre et recevoir sur la poissonnerie et pê­
cherie du Cap-Sizun, les conclusions de la commission

demandaient au seigneur de Kergaradec de justifier plus
amplement par titres et pièces authentiques en originaux ou
par copies de l'établissement de la dite rente. Ce jugement
fut signifié au seigneur de Kergaradec le 4 mars 1741 et

depuis ce temps, il a gardé le silence, en conséquence la com-
mission a ordonné que la dite rente serait et demeurerait
supprimée» (1).
Yves Autret et Marie du Menez semblent n'avoir pas mené
une vie bien exemplaire, si nous en croyons le factum ci-des­
sous:
(:1.) Arch. Finistère. B. 4270. Dans l'inventaire d'archives fait à Lezoualc'h.
en ~690, nous trouvons cependant mention de « Deux anciens garants sur
velin, justifiant estre dû à la seigneurie de I\ergaradec une rante sur lçs
pêcheries de Cornouaille, des 2 juillet 1494 el 31 janvi.er i499. (Arch. de la
Baronnie du Pont.)

- 216-

« Claude Autet, sr de Lezoualc'h fit démission à Yves, son fils
aîné, l'an 1618, pour jouir en l'an 1619 de: 12 pipes et Un
comble froment, deux pipes et demi seigle, HSO l. en argent

6 pipes avoine, 18 pipes de blé mouture, 61 chapons, 1000 à
12001. de rente. Yves Autret reçuten épousant Marie du Menez
d'abord 60001. et en 1638, 1000 l. en 1640,3000 L et en ' 1645

environ 1001. de rente de Lézurec.
« Sans avoir eu jamais procès d'importance, tutelles; que­
relles, crimes ou occasion quelconque de depance, sans avoir
paru à des Estats, chez les grands seigneurs, fréquenté des
personnes de condition, ny faict depance qui aye paru)) il

consomma une grande partie de ses biens. ))

Guy Autet prit sa fille à l'âge de sept ans, l'entretint jus-
qu'à son mariage, fit les frais de noce, lui fournit ses habits
et lui prêta 2000 l. pour ses deniers dotaux. Il paya également
l'instruction de ses deux fils à Rennes et à Paris.
« En 1639, Guy Autret fut sur le point de faire interdire le
sr de Lezoualch ; celui-ci passa démission à sa femme le 11 fé­
vrier 1639, promit de s'abstenir absolument de vin, rompit
ménage et alla demeurer avec son beau-fils.
« En 1647, le sr de Kergaradeccontractâ mariage avec la Delle
de Kerampuill, le sieur de Missifien fit les frais de la noce à
Carhaix et paya à un orfèvre de Rennes, 118 1. pour des
bagues et 800 l. pour des habits.
« En 1649, la dame de Missirien mourut. Guy Autret habilla
de neuf le sieur et la dame de Lezoualc'h, les prit à Lesergué
et après quelques mois de séjour, les mit en sa maison de la
Villeneuve en Plomeur et leur .laissa la jouissance des meubles

et quelques rentes. En 1650, ceux-ci eurent dissipé plus de
30 pipes de blé, jouit toute l'année de son moulin à vent, vandu
ses bois et ses landes et commencé le dégat comme en pais de
conqueste. .
« En 1651, ils font difficulté de retourner en la maison de

" 217-

Kerneien (Esquibien) où ils avoinct prins logement et veulent
résider à la Villeneuve par violance.
cc Il n'- y a point de personne raisonnable qui face reflection
sur touts les mauvais mes nages mentionnes cy-des8us et sur
plusieurs autres que le temps aprandra et qui ne sont encore
en évidenèe quoy que celles qui se voyent se montent à plus
de vingt et quatre mille livres, qui n'aye horreur d'une telle
prodigalité et ne demeure d'accord qu'il ne faille pas pleindre
la misère de ceux qui, de gaietté de cœur, se sont plongés en
une pauvreté volontaire et lesquels bien loign de mériter
assistance doivent avecq justice souffrir quelque disette et
compemsation des plaisirs qu'ils ont goutté dans les profusions

des bo n ri es ch ères. ..'
(c Les pères mères des gentilshommes ont une obligation
~iville et naturelle de lesser à leurs enfents les biens qu'ils
)nl trouvez en leur maison, anfin qu'ils se puissent maintenir
~n leur condition et quand ils les mètent au bissac, les enfents
l'ont à leur père que l'obligation que peuvent avoir les ani­
maux ou les plus infames hommes (!)
« Le sr de Kegaradec qui pouvoit avec raison faire une
;emblable pleinte, pastit sans ' murmure et néanmoins seg
)ère et mère l'appelle ingrat, avare, dénaturé et lui donnent
jes imprécations et malédictions sans subject comme s'ils
Ivoint regret de le voir faire quelques efforts de se rellever
ie l'abime de ruine auxquels ils l'ont précipité)) (1)
Yves Autret. mourut à la Coudraye, en Tréméoc, le 8 mai
l665 et sa femme y était déjà décédée le 23 janvier 1661.
Registres paroissiaux de Tréméoc.)

Les enfants de leur mariage furent:

Alain Autret, sieur de Kergaradec, mort sans postèrité
vers 1642.

Guy Autret, qui suit.

(1.) Arch. Fin., E. 227.

-~H 8 .- · n "

Marguerite Autret, reçut en partage de son frère le 6 mars
1652, la terre et seigneurie de Kergaradec. Elle avait épousé

par contrat du 5 septembre 1638, Silvestre de Charmoy, sieur

de Kerarrest, de la Palue, de Poulguinan, fils de Nicolas de
Charmoy, sieur de Belair et d~ defunte Janne du Quélennec.
Elle mourut au mois d'août 1675.
Silvestre de Charmoy fournit aveu au Roi, le 5 août 1667

de la seigneurie de Lesoual'ch, pour le rachat de . MIe Guy
Autret.

VIII

Messire Guy Autret, chevalier, seigneur de Lezoualc'h, Ker-
garadec, Kerjean etc ... , épousa, par contrat du 8 janvier 1647,
Marie-Josephe de Kerampuil, fille de messire Pierre, seigneur
de Kerampuil et dame Françoise le Borgne, de la maison de
LesquifIiou.
Guy Autret mourut en juin 1652. Sa veuve se remaria, par
contrat du 25 join 1653, avec Pierre du Disquay, sieur de
Kervent (Ploneis), fils de Claude du Disquay, sieur de Bodelio

et de feue Françoise de Lesaudevez.
Guy Autret de Missirien afferma, en 1655, le manoir de
Lezoualc'h et ses dépendances, pour sept ans, à -raison de
24001. tournois par an, à Ecuyer Mathurin Bougeault et Delle

Jeanne Kerouren, sieur et dame de Rest-an-roue. Les bâti-

ments du manoir étaient en très bon état et la chapelle existait
encore.
Du mariage de Guy Autret de Marie-Josephe de Kerampuil,

sont restées deux filles:

1° Françoise-Geneviève Autret, née le 3 janvier 1649 .

2° Marie-Antoinette Autret, née le 17 février 1652.

Françoise~Geneviève Autret, unique héritière après la mort
de sa sœur, était, le 13 juillet 1659, sous la tutelle de son

. 219-

grand-oncle Guy Autret de Missirien, -et' à la mort de celui-ci
sous la tutelle de sa veuve Françoise le Borgne, dame douai­
rière de Missirien, ainsi qu" on le voit par un acte du 8 août
1660. Elle mourut jeune en 1671 et sa succession fut recueil­
lie par sa tante, Marguerite Autret, épouse de Silvestre de
Charmoy.

On ' peut trouver des renseignements intéressants sur la
famille de Charmoy dans les lettres de Guy Autret publiées
par M. de ROSMORllUC et . dans l'étude de M. LE NEPVOU DE CAR~
FORT sur « [es Anciens seigneurs de La Coudraye, en Tréméoc 1)
publiée dans le Bulletin de la Société àrchéologique du Finis-

tère-, T. XXXIX, 1912. . .
Nous nous contenterons d'indiquer la filiation à partir de

la ,date où elle devint propriétaire de la seigneurie de Le-
zoualc'h.
Du mariage de Silvestre de Charmoy et de Marguerite
Autret, issurent onze enfants dont un seul survécut, Guy­
François, né à la Coudraye le 12 janvier 1645. Il épousa en

1671, demoiselle Bonne-Prudence de la Guibourgère.

De ce mariage naquirent quatre enfants, dont deux survé-
curent: Jacques de Charmoy, né le 9 mars 1680 et Bonne­
Yvorée, née le 7 décembre 1681.

A la mort de sa première femme, Guy de Charmoy se rema-
ria, par contrat du 8 janvier ' 1683, avec dame Yvorée de Ker-

guiris, veuve de messire Bertrand de Kermeno, seigneur de
Coiroun. Il n'en eut pas d'enfants et mourut en 1689 (1).

Jacques de Charmoy epousa Gillonne de Quélen, dont il
n'eut pas d'enfants. Sa sœur Bonne-Yvorée épousa Jean-Louis
du Bot, seigneur de Talhouet dont issut François du Bot,

(i) Après sa mort. le mobilier de Lezoualc'h fut vendu. Les archives
furent transportées à Lezurec, par Yves du Menez, tuteur des enfants de
Guy de Chamoy et mises dans une malle recouverte de cuir, dans la
chambre au-dessus de la salle.

.. 220 - '

chevalier, seigneur de Talhouet,en Pluherlin, diocèse de
Varines.

Celui-ci vendit la seigneurie de Lezbualc'h, par contrat du
5 août 1730, à « dame Marguerite Milon, veuve de feu ' noble
homme Robert Guerin, de son vivant écuyer, conseiller du
Roy au conseil souverain de Léogane »). Elle épousa peu de
te~ps après noble homme Pierre-Hyacinte de Treneuf et
revendit la terre de Lezoualc'h par contrat du 10 avril t 733, à
écuyer Paul Mascarenne, sieur de Rivière, époux de Jeanne
de la Pierre, demeurant à Pontivy.
III
Nous renvoyons a u travail de M. DE CARFORT pour les
détails sur cette famille de Mascarenne de Rivière. Indiquons
la fi lia tion: ' '
Du mariage de Paul Mascarenne et Jeanne La Pierre,
issurent :
1° Jean-Paul, né à Quimper .
2° Charles-Joseph, né le 4 novembre 1738.

Jean-Célestin, né le 27 avril 1740, decédé en bas-âge.

Jean-Félix, né le 20 mai 1742.

50 Marie-Jeanne, née le t 7 mai 1745.
Jean-Paul Mascarenne épousa, en 1758, Delle Angelique-

Henry de Bohal. Charles-Joseph fut officier de marine et ses
exploits se trouvent dans la Biographie bretonne (T. II, p. 720)
Marie-Joseph épousa le chevalierPierre-Joseph-Marie de Tro-

long du Rumain. Les enfants de Jean-Paul Mascarenne et
Angelique-Henry de Bohal, furent: .

1° Jean-Paul-François qui mourut en bas âge.
2° Paul-François, qui épousa Delle Adélaïde-Gabrielle-Mau­
ricette d'Andigné, née à Guérande, fille de Mr') Charles-René
d'Andigné, chevalier, seigneur de Kercassier, et de Delle Marie­
Adélaïde de Sesmaisons.

Antoine-Marie-Hyacinthe qui épousa, par contrat du 24

- 221.-

février 1783, Louise-Renée de Rospiec de Trévien. Ceux-ci
eurent la jouissance de la seigneurie de Lezoualc'h (1).

Le D juillet 1784, ils l'affermèrent à Jacques Mazéas et
Madeleine le Velly, de Kerguerriec en Goulien « à my croit et
perte suivant l'usage du pays, pour sept ans, à leur disposi­
tion la maison couverte de paille où ils feront leur cuisine et
dans la maison principa lé, la cuisine du métayer actuel avec
tous les greniers au second étage et l'appartement dit l'office,

derrière la cuisine pour y faire leurs buées, parce que les sei-
gneur et dame bailleurs y feront aussi les leurs et même dans
les cuves des dits preneurs, qu'ils feront entretenir de cercles

à leurs frais, auront les dits preneurs pour leur part des
fruits, ceux du grand verger et les « bolossiers » ' en dehors
de la cour .... , fourniront trente livres de beurre aux sei­
gneurs ... , logeront deux vaches et un cheval ou jument en
privé aux seigneurs et les nourriront sauf l'avoine et la lavure,
de même que les chevaux des personnes qui viendront rendre
visite aux seigneurs: .. la semence et la récolte par moitié,
sauf le lin .... le four sera en commun ... pour la somme
annuelle de 372 livres. »
Antoine-Hyacinte Mascarenne habita Lezoualc'h jusqu'en
1793, année où il fut porté comme émigré par le District de
Pont-Croix et ses bien vendus comme biens 'nationaux quel­
que temps ·après. Nous reviendrons plus loin sur cette ques-
tion.
III
Le fief et la Juridiction de Lezoualc'h.

La seigneurie de Lezoualc'h s'étendait sur la plus grande
partie de la paroisse de Goulien. En dehors de son fief propre, .
elle était sous les fiefs du Roi, du marquisat de Pont-Croix et
de la baronnie du Juch.

(i) La famille Mascarenne habitait la plupart du temps un hôtel particu­
lier, place Terre-au-Duc, à Quimper. Cette maison fut affermée, le il décem­
bre i792, par Expilly, évêque constitutionnel du Finistère (L. 2i) .

- 222

Elle compl'enait : le manoir de Lezoualc'h et son domaine'

proche, les manoirs de Kerjean, Kervéguen et Mispirit et en
entier ou en partie, les villages de : bourg de Goulien, Ker­
beullec, Ménesguéguen, Kerspern, Pennarun, Kergonvan

Trevern et le Cosquer, Brec'honet, Trovreac'h, Kervalguen,
Kermaden, Kerlala, Mesmeur, Kerisit, Brézouloux. Ces terres

étaient tenues soit à domaine congéable soit à féage. La plu-
. part des redevances étaient .acquittées en nature: du froment,
du seigle, de l'avoine et des chapons et quelque peu en argent.

Les moulins à eau · et à vent, au nombre de cinq étaient à
ferme et s'acquittaient en argent. Les chefft'entes se payaient

également en nature et en argent." Nous n'avons pas recherché
quel pouvait être le produit global du revenu de la seigneurie;
mais nous savons qu'en 17v4, il fut payé au receveur des
domaines du roi, pour les deux tiers du rachat de M. de Ri~
vière, une somme de 1.800 livres.
Le seigneur de Lezoualc'h avait juridiction haute, moyen­
ne et basse sur les vassaux de sa seign. eurie, avec charges de
sénéchal, procureur d'office et greffier. Les greffes étaient
affermés, en 17v4, 40 livres. .
Dans l'inventaire des Archives fait à Lezoualc'h, en 1690 (1),
il est fait mention de divers docum'ents qui confirment ce
droit de jurid.iction. Comme ces documents ne ~ont point par-

'venus jusqu'à nous,. ou du moins , qu'ils n'ont pas été versés
aux Archives départementales, nous devons nous contenter
de les signaler:

« Acte sur cartel de vellin justifiant du sceau de Juquel
Autret, en date du 20 Août 1426.

« Ihventaires faits par la cour de Lezoualc'h des années

« 1v32. 1v69, . 1v91.

« Actes de levée et de
({ 1v99.
procuration de mineurs de 1v98,

(i) Arch. du Fin. Fonds de la baronnie du Pont.

- . 223

« Anciens 'aveux passés' par les notaires 'de la juridiction ,
« de 1;)39, 1;)40, 1;576. .,
En 1;)98-1;)99, Salludem, seigneur de Kerazan était séné-,
chal de Lezoualc'h, le Rousseau, seigneur de Lesguen était
procureur fiscal ~t Jean Mat était greffier. Le 3 novembre 1634.
Yves Autret oct.roya la charge de sénéchal à Allain Penot,
,ieur de Kervern.

Le seigneur de Lezoualc'h avait également droit depréémi-
nences en J'église paroissiale de Goulien et en la chapelle de·
Lannourec et droit de lever la coutume aux pardons: . « un
30ul de pain de chaque boullanger, un soul de fruit de cha­
{ue panier de fruitage, une langue de bœuf de chaque bou­
~her, un pot de vin de chaque cabaret et quelque mercerie de
~haque mercier etc ... ))
Nous reproduisons ci-dessous une enquête intéressante faite
~ Goulien et à Lannourec pour constater les prééminences de
.a seigneurie et ses droits de juridiction.

5 et 6 février 1623.

Enquête faite par le sénéchal de Cornouaille pour
constater les prééminences et les droits de haute jus­
tice de la seigneurie de Lezoualc'h.
Renné Moeam, escuier, sieur de Perennou, conseiller du
Roy, seneschal de Cornouaille et premier magistrat en la
,eneschaussée et siège présidial àe Kempercorentin, scavoir
~aisons que ce jour cinquiesme febrier 1623 mestre François
Bougent, se portant procureur de nobles . homs Yves Autret,

,ieur de Lesoualhc, Lesergué etc., nous serait venu trouver
:ln nostre logis, en la terre au Duc, faubourg .de Quimperco­
L entin, et remontré qu'après avoir par trois jours d'audience de

a dicte cour consécutifs et sans intervalle faict lire et publier
. 'adveu par luy fourni au Roy, en sa Chambre des Comptes de
~e pais, des terres et autres droitz qu'il relève prochement de
Sa Majesté, Monsieur le procureur du Roy, avant prandre ses

- ' 224 ·-
conclusions deffinitives, auroit requis qu'il eu t faict conster et
apparoir qu'il avoit les patibulères 'à trois piliers mentionés
au dict adveu pour marque de la haute justice de. sa dicte
terre de Lesoualhc, ensemble des autres droitz et préminences
ra portés par ledict adveu, come nous l'aurions ordonné par
nostre sentence du dousiesme janvier dernier, telement que
pOUl' y parvenir il est requis de condescendre sur les lieux

pour voir et appurer l'estat des dictz patibulères et informer

come ils sont de la forme de tout temps imémorial et aussi
pour faire estat et procès-verbal des dictes préminences estans
aux églises parochiales de Goulien, en la quelle la dicte terre
est située, et chapelle de Lannourec, située près la dicte mai-

son~ nous su pliant à la dicte fin d'y vouloir condescendre.
Sur quoy faisant droit, ouy et· le requérant le procureur du
Roy, veu le dict minu et nostre dicte sentence, nous ordonons
qu'à la requestre du dict Bougent il sera descendu sur les
lieux, aux fins que devant, et à cest effaict serions le mesme
jour montés à cheval, assistés du dict Bougent, procureur, et.

de Martin Kerguelen, commis au greffe d'office du dict siège,
par nous prins pour adjoint et juré, ainsi qu'est en tel cas re­
quis, et rendus au bourg de Lannourec, paroesse de Goulien,
distant de nostre demeurance de huit lieux, la nuit survenue,
~urions prins nostre logement en la maison de Marie le Bour­
don, et advenu le lendemain, sixième jour du mois de feb­
vrier prédicte anée 1623, sérions tous de compaignie rendus
en l'église parochiale de Goulien, distant du dict Lannourec
de demi-quart de lieu, ou, présant le .diet procureur du Roy,

requérant le diet sieur de Lesoualhc, Lesergué etc., et assisté

du dict Bougent, . son procureur, nous serions entré en l'église

et y avons trouvé et· appurons qu'il· y·a les préminences et

droitz honorifiques ès lieux et endroitz ey-après describés,
apartenans au dict sieur de Lesoualhc ~ ' à .raison de sa dicte
. maison et terre de Lésoualhc. - .

'. Scavoir au milieu · du - cœur ·et nefi de la dicte église · une

VUE 1. Monument du Cosquer, en Gou lven . Chambre principale;
à g'uucht' supports extérieurs;

au premier plan table effondrée. Vue prise du S.-E. .

2. Monument du Cosquer, en Gou lven. Les quatre grands SUppOl'tS extérieurs.
Au second plan la table de la chambre principale. Vue pl'Ïse du S.-O.

V ('E 7. Ruines du grand monument de Languerch.
Vue prise de l'Est. A g'auche blocs ayant. fait partie du monument
. et visibles à la parlie droite de la vue no 5. ,

,rUE 8. - Menhir de Kermarguel, en Kerlouan.
à droite du menhir est celle qui
La maison dont on apel'çoit la cheminée
apparaît à gauche de la vue 7.

VUE D. ]1enhil' de Kel'visoual'n, en Kerlouan. Vu du S.-O.
, A g'ullche poinlement gTanitiqlle :
la co loralion g-ris-clair du limon appal'alt à tl'avers les plantes .

J E D a. Monolilh e formant le pig'non S.-E. de la chapelle de

VUE W. -

Monument de Kerberuez, en Plouider. -

VUE H. - Monument de Kerberuez, en Plouider. -

Chambre N.-O., vue du S.-E.

Chambre N.-O., vue du N.-E.

VUE 12, Monument de Kerbervez,
Les deux chambres et le talus qui les réunit; ail dessous de la chambre N.-O.
restes de l)all~e ou du cromIec'h dp. soutènement. Vue prise de l'Est.

' V E 12 a. Pointement de granulite, entre la voie ferrée et la route de Goulven,
.néour-Trez la grande roche penchée peut-être prise à première vue pour' un Menhir.
Au dessous de la lettre 'l prolong'ement du pointement, vers Tréguelier.

VUE i6. - Menhir de Menoguer, en Plounéour-Trez.
Propriété de l'Etat (18811.

- Aspect triangulaire .

VUE 15. Menhir de Menoguer, en Plounéour-Trez.
Prise de l'E.-S,-O.\. et montrant l'épaisseur du mèg'alithe .

VUE '17. - Menhir de Menoguer, en Plollnéour-Trez .
Le triang'le plan est b ien ind iqué par l'ombre. Propriété de l'Etat (1881) .

VUE 18. - Dolmen du . Drevet, en Plouénoui·-Trez.

- Vue prise du S.-O.

tumbe enlevée, armoiée au dessus de cinq escussons relevés
de pierre en bosse, scavoir, trois au haut bout, dont deux por­
tent les armes plenes du dict manoir de Lesoualhc, qui

sont quatre fasces ondées, et l'autre portant les dictes armes

en alience avec quatre demi-chevrons, l'un des quels trois es-
cussons, qui porte les dictes armes plenes, est timbré d'un
heaume, porté par un aigle, et les deux qui sont au bas bout
de la dicte tumbe, il y a l'un plein et l'autre qui porte en alien­
ce les dictz quatre demi-chevrons, et à chaque costé de la dic­
te tumbe enlevée y a trois escussons, aussi relevés en bosse,
portans mesmes armes et aliences, et un escusson en chacun
bout de la dicte tumbe, portant mesmes armes su portées par
deux leopartz, de plus y a neuff tumbes basses et à fleur de
terre, qui cernent la dicte tumbe' enlevée, tant du costé de l'é­
vangile, que du costé de l'épistre, dans le cœur de la dicte
église, qui sont aussy armoiés d'écussons relevés de pierre en
bosse, portant pareilles armes, scavoir, quatre fasses ondées
et les unnes avec alience, l'une des queles neuf tumbes basses,
scavoir celle qui prant au haut bout de la dicte tumbe enlevée,
done jusques au grand autel et droit au milieu d'icelui et est
armoié de trois escussons portans les dictes faces ondées
plenes. En la mestresse vitre de ladicte église, qui est composée

de trois jours ou passans et cinq souffletz, yaurions trouvé et
veu les armes de la dicte maison de Lesoualhc, scavoir au plus
haut soufflet les dictes armes plenes·, qui sont d'argent à qua­
tre fasses ondées d'azur, au second, qui est du costé de l'évan­
gile, les mesmes armes en aliance avec d'argent à trois che­
vrons d'azur, le troesieme, qui est du costé de l'épitre, en
aliance aveq d'or à un demi-cheffde gueules et trois orides d'a­
zur au bas, et les trois autres escussons, qui sont chacun au
haut des dictz trois jours ou passans, portent les dictes armes
de Lesoualhc susdescribées en alience avec d'azur à un fer
et demi de lance d'argent et avec d'azur à une demie teste de
leopart de gueules, coron née d'or, et au troesième sont les mes­
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. " TOME XXXIX (Mémoires US).

) 226 - ' .

mes armes de ' Lesoualhc avec de gueules, à trois èspées d'ar-
gent; et appurons qu'en la dicte maitressè vitre il ni a autres
armes.
Et la chapelle faisant l'aisle du cœur, du costé de l'évangile,
aurions veu deux vitres composées chaceune de deux jours ou
passans, en l'un des quels y a, au haut soufflet, d'argent aux
dictes trois ondes d'azur, sans autre escusson, en l'autre vi­
tre y a trois escussons porta n t les dictes ondes a vec les dictes
aliances du sieur de Lesoualhc.

Et en la chapelle faisant l'aisle du cœur, du costé de l'espi-
tre, scavoir au pignon y a une vitre portant les armes du

dict Lesoualhc, et au paroy méridional · de' la dicte chapelle
y a autre vitre, au plus haut souflet de la quelle $ont les armes
du dict sieur de Lesoualhc susdescribées, en alianceaveq
d'or à trois ondes d'azur. ' .

Et la 'chapelle Saint-Etiene, hors le cœur de la dicte église,
du costé de l'espitre, y a deux vitres dans les queles sont les
armes du dict sieur de Lesoualhc susdescribées et non autres,

scavoir, en l'une, qui est au pignon, trois escussons et en
J!autre, qui est au paroy ou mur méridional, six escussons
portans d'argent aux dictes ondes d'azur avec les aliances du
dict sieur de Lesoualhc, et en la vitre qui est du mesme costé
de l'espitre, au bas de la dicte église, au devant le fond bap .

tism~l, au haut d'icelle vitre y a un escusson portant les armes
de la dicte maison de Lesoualhc, et au haut de la vitre, qui.
est au pignon occidental ou souzain de la dicte église, avons
veu ,autre escusson portant d'argent aux dictz trois ondes
d'azur. .
De plus apUrons qu'au cœur de la dicte .église y a deux

escabeaux, l'un du cos té de l'évangile et l'autre du costé de
l'es pitre dépendans de la dicte maisoI).. de Lesoualhc, à ce que
le dict Bougent a maintenu. En la nefI de la quelle église, tant
au cœur que au. dehors le dict cœur il y a une lisière parsemée
des armes du dict sieur de Lesoualhc et ses aliances .

Et hors la dicte église aurions trouvé" et veu les armes de ia
dicte maison de Lesoualhc relevés de pierre en bosse ès lieux

et endroitz cy~après, scavoir un escusson portant les dictes
ondes plaines au haut du pignon de la chapelle faisant la croa­
sée du cœur de la dicte église du coslé de l'évangile; du mesme
costé, au haut du pignon de la sacristie, un " escusson my
party, aussi relevé de pierre en bosse, portant d'un costé les
dictes ondes et de l'autre costé trois espées, " et au haut du
pignon de la chapelle faisant l'aisle de la dicte église, du costé
de l'espitre, aurions veu autre escusson de pierre en bosse
portant les dictes ondes plaines; au haut du mur ou paroy de
la chapelle Saint-Estiene, du dict costé de 'l'espitre, y a deux
autres escussons relevés de pierre en " bosse portant les dictes
armes; au haut d" u mur de la plbs basse chapelle de la dicte
église y a autre escusson relevé de pierre en bosse porta- nt les
dictes ondes et au haut du pignon souzain ou occidental,. qui
est la piècze la plus anthique de l'église, comme nous le pou­
vons juger en apparance, tant de la vieillesse du batiment,

que pour le dict pignon n'estre composé que de massonage,
aurions veu et trouvé autre escusson relevé de pierre en bosse

portant les mes mes les dictes quatre ondes: et au pignon
méridional du reliqllère pareil escusson de pierre en bosse
porlant les mesmes armes,et en la croix qui est hors du cime­
tière de la dicte église et près le portail méridional
du dict cimetière y a un pareil escusson relevé de pierre

en bosse portant les dictes ondes; la quelle église est entourée
au dehors d'une antiene ceinture ou lisière en diversendroitz
de la quelle se remarquent encore les armes de la dicte " mai­
son dé Lesoualhc blasonéès come devant, aveq les aliances, et

an dessus du portail méridional du cemitièrede la dicte église
y a " trois ~scussons relevés de pi" erre en bosse portant)es dictes
armes de Lesoualhc, qui sont les dictes ondes.

Et de la dicte église parrochiale de Goulien transportés en
la: chàpelle 'de Nostre Dame de. Lannourec scituée en la mesme

, . 228. -

paroesse et en distant d'un quart de lieu ou environ, entrés en
l'église ' aurions veu et trouvé qu'au milieu du cœur
de la dicte église y a une thumbe enlevée armoiée au dessus
de cinq escussons relevés de pierre en bosse portant les armes,
tant plaines qu'en aliance, de la dicte maison de Lesoualhc,
qui sont les dictes ondes, l'un des quels escussons, scavoit'
celui qui est quasi au milieu de la tumbe, est chargé d'un
mesa il timbré d'un signart ou aigle, et a costé el aux deux
boutz est aussi la dicte thumbe armoiée de quatre escusssons
relevés de pierre en bosse, portant les dictes armes de
Lesoualhc, les escussons estant à chaque bout de la dicte
tumbe suportées par deux leopartz.
Et la maistresse vitre du cœur de la dicte église est com posée
de quatre jours ou passans et six souffietz dans lesquels sont
les arm,es du dict sieur de Lesoualhe et ses aliances, les queles

armes sont d'argent à quatre faces ondées d'azur avec diverses
aliances et au bas desditz jours ou passans, scavoir de celui
qui est du costé de l'évangile et de celui qui est du costé de
l'espitre, sont les figures ou représentations des prédécesseurs
dudict sieur de Lesoualhc, portant les dictes armes, scavoir
d'argent à des ondes d'azur aveq leurs alliances; et aux
deux autres vitres qui sont au cœur de la dicte chapelle, sca­
voir l'une au pignon de la chapelle qui fait l'aisle du cœur du
costé de l'évangile, et l'autre qui est au paroy méridional, dont .
les armes plaines du dict sieur de Lesoualhc avec les aliances,
sens qu'il y ait autres armes.
Au cœur de la quelle chapelle, du costé de l'évangile et en
la chapelle qui fait l'aisle du dict cœur, avons veu un petit

accoudouer et quasi joignant icelui un grand bang, que le dict
Bougent et le dict sieur de Lesoualhc a maintenu luy aparte­
nil' ; au boissage du cœur de la quelle chapelle, en divers

endroitz, avons veu en bosse deux escussons du costé de l'évan-
gile portant les armes de la dicte maison de Lesoualhc.
Et hors le cœur de la dicte église, en la chapelle de Saint-

- 229-

Lorens, qui 'faict la cfoesée de la dicte église du costé de

l'évangile, ya deux vitres, l'une qui est au pignon composée
de deux jours ou passans et un soufflet, et l'autre, qui est au
paroy, compose de trois passans et jours et six soumets, autre
vitre qui est au paroy méridional du costé de l'espitre, compo­
sée de deux jours ou passans et un soumet, dans toutes les
quelles vitres sont les dictes armes de la maison de Lesoualhc,
fors au haut du plus bas jour ou passant de la dicte vitre, qui
est hors du cœur, du costé de l'espistre, y a un escusson por-

tant les armes de la maison de Mesperit, la quelle maison 'Ie
dict Bougent a dict relever du fief! de Lesoualhc, et en la rose
qui est au pignon suzein et occidental de la dicte église,
aurions veu cinq escussons portans les armes plaines et alian-

ces du dict sieur de Lesoualhc et aux boisages, hors le dict
cœur, avons en divers endroitz veu les mesmes armes du di ct

sieur · de Lesoualhc.

Hors de la quelle chapelle, nous estans promenés, entour
ycelle, aurions veu des lieux et endroitz cy après les escus­
sons de pierre en bosse qui ensuivent, scavoir, au haut du
pignon oriental au dessus de la maistresse vitre, un escusson de
pierre relevé en bosse portant les dictes ondes; au haut du
pignon de la chapelle de Saint Lorans faisant la croesée de la
dicte église du costé septentrional, il y a autre escusson
relevé de pierre en bosse portant les mesmes armes; en l'un
des arqsboutantzou piliers qui supporte le paroy meridional
du cœur de la dicte église et au haut du dict arqbolltant y a
autre eSCllsson de pierre en relief portant les dictes ondes; au

dessus du portail méridional de la dicte chapelle autre escus-
son en relief portant pareilles armes et au haut au

pignon souzain et occidental de la mesme église y a
et avons veu autre escusson de pierre en bosse portant les dic:- .
tes ondes. Et en deux eaves estans l'une au midi de la cha­
pelle et à l'autre à l'orient et en deux maisons qui sont du
cemitière, l'une du costé du septentrion et l'autre du costé du .

, 230 ' '"

midy, les quel es maisons et caves le dict sieur de Lesoualhc
maintient avoir esté donées par ses prédécesseurs à la dicte
église, et aurions veu en chacune des dictes maisons et caves
un escusson de pierre en relief porlant les dictes ondes et en la
croix estant à l'orient d'icelle chapelle et hors le cimitière d'i­
celle et au devant de l'entrée du dict cimitière, avons veu Un
escusson relevé de pierre en bosse portant les dictes ondes.
Et, ce faict, sortis de la dicte eglise, serions, requérant le
dict sieur de Lesoualhc assisté du dict Bougent,presant le

dict procureur du Roy, condescendus en une montaigne
nomée Menez Kersolouarn, en laquelle montaigne y a trois
centz pas du chemin qui conduit de la dicte chapelle de Lan­
nourec au bourg paroessial de Goulien et a mein droit du dict
chemin aurions veu et appurons qu'il y a des justices et pati­
bulères à trois pautz, composés de pierre de taille, vieux et
entiens, à ce que l'on peut juger à l'aspect et veue d'iceux, les
dictz piliers traversés par le haut et chapiteau de barres . de
bois, les quels patibulères le dit Bougent a maintenu estre la
haute justice de la dite maison de Lesoualhc -( '1).

Et pour informer que les dictes patibulaires sont de la dicte
maison de Lezoualhc et qu'ils sont de tout temps i mémorial de la
forme qu'ils sost describés, a suplié estre rec. eu à produire et
faire jurer les themoigns cy-après, scavoir : escuyer Tanguy

Kerviher, sieur du dict lieu, noble et vénérable persone mis-
sire Yves de Rospiec. prestre et recteur de la paroesse d'Es­
quibien mestre Jan Mat, noble home Charles Provost, sieur de
Castellian missire Yves Tangui, preste et curé de la paroesse
de Beuzec-Cap-Sizun, missire Henry Alein, prestre, messire
Guillaume Fily, prestre, messire Jan Le Louaén, prestre, curè

de la paroisse de Goulien, missire Guillaume Calvez, prestre, no-
ble home Guillaume du Clellziou,siellr de Sanspe, Nouelle Bis,

(i) Les armoiries des Autret figurent aux anciennes -verriÛes ' de
l'église d'Ergué-Gabéric et à celles de Kerdévot (Bull. association bretonne,
. 1884 André: la verrerie en Bretagne, Bull. Société arch. d'I.-et- V., 187X

. Pol de Courcy: Bretagne Contemporaine).

- . ' 23.1 ....

marchand, mis'sire Goulien Le Brun, prestre et escuyer Her­
vé Le Goff, sieur de Pénenmenez.
Desquels le serment prins du consant du di ct procureur du
Roy, de dire vérité et ouys séparément, requerant le dict Bou­
gent au di ct nom, come ensuit :
Escuier Tangui Kerviher, sieur du dict lieu, baillif et second
juge ordinère de la cour et juridiction de PonteCroix, âgé de
62 ans, come il dict, demeurant au bourg de Pontecroix thes~
moign juré par serment dire verité, purgé de conseil, affection
et solicitation et requ.is.
Dépose cbgnoestre le dict sieur de Lezoualhc et son père, qui
est encore vivant, et aussi avoir cognu son ayeul et bisayeul;
laquelle maison de Lezoualhc a esté de tout temps tenu et re­
putée pour une des bonnes et entienes maisons du quanton,
disant que les patibulères de pierre à trois paultz,qui sont à
présant en la montaigne de Kersolouarn, près ce bourg de Lan-

nourec, sont de la maison de Lezoualhc, les quels patibulères
il a veu au mesmelieu et endroict où ils sont à présant cin­
quante ans sont ou enviwns, au quel temps il extend sa co­
noissance, disant avoir après et sceu que ceux de la dicte mai­
son de Lezoualhc ont eu avant les guerres, court et juridiction
exercée, et est sa déposition et ce qu'il dict pouvoir déposer sur
les faictz couchés en la requisition du dict Bougent, la quelle
déposition luy leue dictcontenir vérité et a signé en cest en~
droit en la minute.

Noble et vénérable persone missire Yves de Rospiec, pres-
bre et recteur de la paroesse d'Isquibien, âgé de 67 ans ou envi­
ron
Dépose cognoestre le sieur de Lezoualhc et que sa maison est

l'une des bones, entienes et éminantes du quanton, disantqlle
les patibulères à trois palllt, qui sont en la montaigne de Ker-

solouarn, entre la · chapelle de Lannourec et la paroesse
de Goulien, sont censés et réputés notoerement estre les pati­
bulères de la dicte maison et seigneurie de Lesoualbc et les

232 -
a veu en l'estat qu'elles sont à présant cinquante et tant d'an­
nées sont, et avoir veu exercer la juridiction de Lesoualhc par
feu escuyer Michel Saludem,sieur de Kerasan, de feu escuyer
Jan ]e Rousseau, vivant sieur de Lesguen, et · de mestre Jan
Mat et qu'ils avoint esté scavoir le dict Kérasan Senéchal, le
di ct Lesguen procureur fiscal et le dict Mat greffier; par la
quelle juridiction il se fesoit des decretz de mariages, inven­
tères, dobtions et pourveances de mineurs et mesme diet
avoir veu de decretz de prinse de corps émanés d'icelle Cour,
si dict encore qu'à 'chaque pardon de Lannourec ils prenent
un pot de vin dt' chaque taverne et lèvent, de tout temps de sa
eognoessanse, le~ eoustumes sur les denrées qui se vandent
aux assamb]ées, tant au diet bourg de Goulien, qu'en ]a dicte
chapelle de Lannouree.
Mestre Jan Mat, notaire royal par la sénéchaussée de Quim­
per-Corent.in demeurant au bourg d'Audierne, paroesse d'Is­
quibien, âgé de soixante huict ans ou environ, .
Dépose cognoestre le sieur de Lezoualhe et que les patibulè­
res â trois pautz composés de pierre 'de taille et placés en la
montaigne de Kersoulouarn, entre la chapelle de Lanllouree
et l'èglise parochiale de Goulien, sont et appartienent au diet
sieur de Lesoualhc, et depose avoir veu exercer icelle juridic­
tion de Lesoualhc avant les guerres de la Ligue et avoir esté
. l'espace de dix ans greffier d'icelle juridiction, durant le quel
temps il a raporté plusieurs procedures, tant en matière d'of­
fice, que en causes contentieuses civiles et crimineles, et avoir
eu le dict office de greffier après deffunct mestre François Mat,
son père, qui avoit exercé les dicst greffes long temps et dict
que de son temps le sieur de Kerasan estoit sénéchal et le

sieur de Lesguen procureur fiscal d'icelle juricdiction.
Noble home Charles Provos t, sieur de Castellian, demeurant
au manoir de Castellian, paroesse de Meilar, agé de soexante

dix ans ou environ.

Depose cognoestre le sieur de Lesoualhc, au quel et à ses pré-

"- '233 -- -

décesseurs il a ouy dire notoèrement apartenir les justices et
patibulères à trois paultz composés de pierre de taille qui sont
placés en la montaigne nomée Kersolouarn, entre la chapelle de
. Lannourec et l'église parochiale de Goulien, les quels patibu­
lères il a veude la forme, cinquante ans sont, et avoir ouy
que avant les guerres la juridiction de la seigneurie de Le­
zoualhc estoit exersée au bourg de Pontecroix et par fois au
dict Lannourec et avoir veu des procédures faictes en icelle

juridiction.

Missire Yves Tanguy prêtre et curé de la paroesse de Beu-
zec-Capsizun, âgé de soexante deux ans ans, come il dict, de::­
meurant au vilage de Kerzuan, ' prédicte paroesse de Beuzec.
Depose cognoestre lesieur deLezoualhcet queles patibulères
placées en la montaigne apellée Kersolouarn, bastie de pierre

de taille à trois paultz, dépanden t de la maison et seigneurie
de Lesoualhc, les quels patibulères il a veu, cinquante ans sont,
come il dict, de la forme qu'ils sont à présant, par avoir esté à
l'escale à missire Pierre [Je Hlohc, du village de KerbeuLLec

(sic), et avoir toujours ouy dire notoèrement qu'il y avoit avant
les guerres fief et juridiction dépandante de la dicte mai­
son de Lesoualhc, qui s'exerçoit n'a pu nomer par qui.
Missire Henry Alein, prêtre, demeurant au vilage de Ker­
gol, parroesse de Beuzec-capsizun, agé de quatre vins quinse

ans ou enVIron.
Dépose cognoestre le dict sieur de Lesoualhc et que les pati­
bulères à trois paultz, bastis de pierre de taille, estans en la
montaigne de Kersolouarn, entre la chapelle de Lannourec et
l'église parochiale de Goulien, sont et appartienent au dict
sieur de Lesoualhc, les quels patibulères il a toujours veu de­
puis quatrevins ans en mesme forme qu'ils sont à présant et
avoir veu nombre de foix, avant les guerres, exerser la dicte
juridiction de Lespualhc, tarit au bourg de Pontecroix, que
au porche de l'église de Lannourec.

Missire Guilleume Fily, prêtre demeurant au vilage de, Lan-

vers, paroesse de Beuzec-capsizun âgé de quatre vins un à
deux ans.

Depose cognoestre le sieUl' de Lesoualhc au quel apartient
les justices et patibulères à trois paultz, composés de pierre
de taille et placés en la montaigne de Kersolouarn, entre la
chapelle de Lannourec et l'église parochialé de Goulien, et
avoir veu la dicte justice, soixante cinq ans sorit ou environ,
placée de la forme qu'elle est à présant et scait que les prédé­
cesseurs du dict sieur de Lesoualhc ont faict notoerement ex er-

ser la juridiction qui dépand de la dicte maison de Lesoualhc,
ne sçait qui en estoint les officiers.
Messire Guillaume Calvez, prestre demeurant au bourg de
Sainct-Ugean, paroesse de Primelen. agé de soexante cinq ans

ou enVIron.
Dépose cognoestre le dict sieur de Lesoualhc et que les pa­
tibulères à trois paultz ; composés de pierre de taille. estans
en la montaigne de Kersolouarn,entre la chapelle de Lannou­
rec et l'église parochiale de Goulien, sont et apartiennent no­
toerement au dict sieur' de Lesoualhc ; les quels patibulères il
à veu, cinquante ans sont, placés en la dicte montaigne de la
forme qu'ils sont à présant, et a ouy dire que avant les
guerres, la dicte juridiction de Lesoualhc s'exersoit, mais n'a
jamais veu le dict exersice.
Noble homme Guillaume du Cleuziou, sieur de Sanspetz, de­
meurant en son manoir de Sanspetz paroesse de Beuzec-cap-

sizun, agé de soexante unse ans.
Dépose cognoestre le dict sieur de de Lesoualhc et scavoir que
la maison de Lesoualhc est la plus antiene et éminante du ter­
rouer de Capsizun et des meilleures de tout le:quanton et que
les patibulères à trois paultz ou piliers placés en la montaigne
de Kersolouarn. entre la chapelle de Lannourec et l'église pa­
rochiale de Goulien, composée de pierre de taille, sont et ap­
partiennent au dict sieur de Lesoualhc, les quelles justices il
a veu, cinquante ans sont, placés en la dicte montaigne de la

. .. 235 _ .

forme qu'il sont à présant et est notoere qu'il y a eu court et
juridiction exersée dépandante de la dicte terre et seigneurie

de Lesoualhc et mesme, dict le déposant, avoir environ l'an
mil cinq cent quatrevins eu procès par icelle . juridiction
touchant quelque heritage qu'il tenoit au fief , de la dicte si-

gneune . .
Nouel le Bis, marchant, demeurant au vilaige de Kergou­
noy, paroesse de Beuzec-capsizun, agé de soexante quatre ans

ou enVIron. .
Dépose cognûestre le dict sieur de Lesoualhc et estre son
vassal de fief par tenir des héritages au dict vilage de
Kergounoy au fieff de la seigneurie de Lesoualch et pourtant
ne vouloir dire que la verité et ce qui est en sa savance et dict
que les patibulères à trois paultz, composés de pierre de taille
et placés en une montaigne apellée KersolOl1arn, estante en­
tre J'église parochiale de Goulien et la chapelle de Lannolirec,

sont et apartiellent au dict sieur de Lesoualhc et les avoir veu,
cinquante ans sont, placés de la mesme forme qu'ils sont à
présant, dict avoir veu exerser tant a Pontecroix, que au
bourg de Lannourec, icelle juridiction et avoir en sa posses­
sion des inventeres et procédures faictes par icelle juridiction.
Missire Goulven le Brun, prestre, demeurant au vilage de
Kerest, paroesse de Goulien, agé de cinquante huict ans.
Dépose cognoestre le dict sieur de Lesoualhc auquel appar-

tiennent les patibulères a trois paultz, composés de pierre de
taille, placés en une montaigne appelée Menez Kersolouarn,

entre l'église parochiale de Goulien et la chapelle de Lannou-
rec et avoir tout jours veu les dictes patibuleres de la mesme
forme qu'ils sont à présant ; les prédesseseurs duquel sieur
de Lesoualhc fesoint, avant les guerres, exercer la juridiction
d'icelle signeurie, à ce qu'il a ouy dire mais ne se souvient
d'avoir veu le dict exetsice ; dict aussi qu'il a- de tout temps

de sa cognoessance veu les sieurs de Lesoualhc lever les
coustumes aux jours de pardons, tant audict bourg parochtaJe

- 236 , -

de Goulien, que chapelle de Nostre Damé de " Lannourec, sans
auceune contestation.
Eseuier Hervé Le Goff, sieur de Penna menez, demeurant au
manoir de Kerguenaou, paroesse de Plozévet, agé de soexante
sept à soexante huit ans.
Dépose cognoestre le dict sieur de Lesoualhc et scavoir que

la dicte maison de Lesoualhc est la plus antique et entiene mai-
son du terrouer de Capzisun et l'a tout jours ouy réputer telle
par les plus entiens de son temps, disant que quarante-cinq
sont, il est mémorarif de voir les patibuleres ~ trois piliers
composés de pierre de taille,en une montaigne apellée Kerso­
louarn, depandante de la dicte maison de Lesoualhc, come aus-
si il auroit veu et leu plusieul's.actes faictz par la juridiction
de Lesoualhc et plusieurs procès et procédures, et est notoere
en tout le païs que la dicte juridiction de Lesoualhc a esté
exercée jusques au commencement des guerres de la Ligue. .

De tout quoy avons sur les lieux faict et dressé cestuy nos-

tre procès verbal, iceluy signé et faict signer au dict sieur pro-
cureur du Roy, au dit sieur de Lesoualhc, Bougent et Kergue­
len, nostre adjoint, à servir come de raison; faict le dict jour
an que devant, ainsi signé en la minute: R. Moeam, sénéchal
Jan Beaujouan, procureur du Roy, Yves Autret, F. Bougent
et Kerguelen, adjoint, ainsi signé collationé : Kerguelen gref-
fier. "
Collationé à l'original par moy secrétaire du Royen sa

cour de parlement et chancellerie de Bretagne.
( Signé) Bourgonnière (1).
Cependant ce droit de juridiction fut contesté au seigneur

de Lezoualc'h, à diverses reprises et il dût faire appel au Par-
lement pour y être maintenu. Par arrêt du 26 août 1642, il fut
confirmé dans le droit de juridictioll sur le vassal afféagé

comme sur les autres vassaux. Voici un arrêt du Parlement

(i) Communiqué par M. de ROS~IORDUC.

oÔ , 237 =

sur un procès criminel qui nous semble particulièrement
intéressant.
« Veu par la cour le procès extraordinairement faict en la
juridiction de Lezoualch et de Kergaradec à requeste de Jane
sieer (ou sies) et Hervé Sincquin son fils demandeurs et accu­
sateurs allencontrede Corantin Lapéré prisonnier en la concier­
gerie deffendeur et accusé, sentence deffinit.ive donnée audict
procès le 1iS

juin 1669 par laquelle ledict Corant.in Lapéré au-

roitestédéclaréattaint et convaincu d'avoir le lund'y de Pasques

. avril dernier tué traictreusement et assasiné d'un guet
apan deffunct Jan Sincquin d'un coup de fusil en l'endroit
Corn an hentbihan proche et aux issues du village de Kerlé-

dec et'ce environ. muict fermante duquel coup de fusil chargè

, de deux postes ou carreaux de plomb ledict deffunct Sincquin

seroit debcédé deux heures ou environ après et pour répa-

ration ptiblique condemné estre pris par l'exécuteur criminel
aux prisons où il estoit teste et pieds nuds la corde au col

tenant une torche de cire ardante du poix de six livres en main

au devant le portail de Nostre Dame de Roscudon à Pontecroix
et à genoux demander pardon à Dieu, au Roy et à la justice,
puis mené au devant la chapelle de Nostre Dame de Bonne
Nouvelle à Lannourec parroisse de Goulien d'où après yavoir
faict les rnesmes submissions estre au lieu patibulaire de ladic­
te seigneurie pour à la potence y estre pandu et estranglè jus-

ques à extermination de vie, ses biens meubles déclaréz acquis
et confisqués à la dite seigneurie sur iceux les fraictz de justice
préalablement pris charges informations et autres procédures
sur lesquelles ladite sentence a esté rendue de laquelle ledit
accusé auroit declaré estre appelant à la prononciation d'icelle
requeste de dame Marguerite Autret veufve feu messire Sil­
vestre de Charmoy sieur de Keraret propriétaire de la terre
et seigneurie de Lezouarh ' mise au sac par ordonnance de
ladite cour de ce jour tendantes pour les causes y contenues à
ce qu'il e1,1st pieu a ladite cour permette à la suppliante de faire

- 238 -~
a:'ccqnduire sùr les lieux ledit Lapéré pour faire exécuter l'ar­
rest quy interviendra ouy en la cour ledit accusé eQ son appel-.
lation de sur les points dudit procés, tout considéré,
La Cour a mis l'appellation et ce dont a esté appellè an
néant corrijeant et reformantle jugement en ce que ledit Co­
rentin Lapéré auront esté condamné faire amande honnorable

le surplus de ladite sentence sortant son plain et entier effect
condemne l'appelant aux despans de la cause d'appel et a ren-

voyé l'exécution, du présan t a1'rest devantles juges des lieux pOur
estre faict à unhe potence quy sera enlevè par main souveraine.
Fait en Parlement à Rennes le neufiesme juillet mil six cens
soixante neuf (Le présant arrest a esté exécuté aux patibulai­
re de la juridiction de Lezouâlch le16

dud. ,mois de juillet
1669 (1). '
. Les charges des officiers des petites juridictions seigneuriales
n'étaient guère fructueuses; ce fut sans doute une des causes
de la déchéance de plusieurs d'entr'elles. Voici une sentence
rendue par Je Parlement COncernant les officiers de la juridic­
tion de Lezoualc'h, du 12 Juin 1692 :
" Veu par la cour la requestre de messire Yves du Menez,
sieur de L~zurec, tuteur des enfants mineurs de deffunct Me

Guy de Cfiarmoy, sieur de Keraret et ses héritiers benefficiaires
demandeur en exécution d?arrest de la cour par laquelle il
exposait qu'en qualité de tuteur il auroit obtenu jusques à
deux commendements contre Maistre Jan Fily sénéchal de
la juridiction de Lezoualch affin de donner sentence contre
Maistre Allain Lebreton" accusé de crime capitale quoyque
lesdits comm' endements luy ayant esté signiJiez avecq somma­
tion de donner sentence cependant il ne l'a pas encore . faict

soubz prétexte qu'il n'a d'accesseurs lesquels demeurent en
la ville de Quimpercoreritin qui sont advocats en la cour,
lesquels ne veulent pas se tranporter aux prisons de Poul­
Davy où est le criminel, et comme il est impossible de faire
" (i) Extrait des arrêts du Parlement de Bretag:ne, 9 juillet i669.

- 239 __ B

rendre sentence diffinitive dans èe crime lèquel on 'auroit
esté obligé d'instruire aux frais des mineurs, à ces causes le

supplyant recqueroit qu'il pleust à la ditte cour voir à
la ditte requestre attachè lesdits deux commendements, et
en conséquence faire commendement à maistre Yves Ansquer
général et d'armes de se transporter aux prisons dudit Poul­
Davy et de sesaisir dudit Lebreton et de le conduire en bonne
et seure garde' aux prisons dudit Quimper corentin pour en .
présence dudit sieur Fily sénéchal de ladite juridiction de
Lezoualch donner sentence diffinitive à l'accusé avecq
ses assistans qui sont. les sieurs Mavic et Botuarec advo­
cats en la cour demeurans audit Quimpercorentin auxquels il
seroit enjoint d'assister à l'interrogatoire et jugement diffini­
tif dudit Lebreton à peine de tous despans dommages et inter­
rests, ladite requeste signée: Hervé procureur. Tout consi- '

La cour faisant droit sur la requeste dudit pu Menez a
ordonné que ledit Lebreton sera tranféré en bonne et seure
garde des prisons de Pouldavy où il est retenu en celles de

Quimpercorentin aux frais dudit du Menez, a per'mis audit Fily
sénéchal de la jurisdiction de Lezoualch de prendre des advo·

cats ou anciens praticiens postulans en ladite jurisdiction de

Quimpercorentin pour accesseurs pour l'instruction et j uge-
ment du procès dudit Lebreton. ·

Faict en parlement à Rennes le 12

juin 1692 (1) .

Signé: LE CLAVIER,
Cependant la juridiction de Lezoualc'h continua d'être exer­
cée ju~qu'à la fin de l'ancien régime. Ses officiers étaient en
même temps officiers d'autres seigneuries voisines, s'exerçant
la plupart du temps au même siège, à Pont-Croix, à Audierne
où à Pouldavid. En 1731, maître Alain Le Corre, procureur fis­
cal de Lezoualc'h était aussi lieutenant du marquisat de Pont-

(1) Extrait des arrêts du Parlement de Bretagne.

p- 246 - "

Croix. La commission leur était octroyée par le seigneur, véri~
fiée au siège présidial de Quimper qui faisait une enquête sur

la capacité, la bonne vie et mœurs et la religion du commis-

SIOnne. .
La juridiction semble n'avoir pas eu de prison particulière .

Les officiers ne furent pastoujours d'une scrupuleuse hono-
rabilité. On peut voir aux Arcbives du Finistère (B. 865) une
plainte déposée contre un procureur fiscal qui faisait enfermer
aux prisons d'Audierne des particuliers, souvent sans motifs
et les faisait élargir. ensuite moyennant le paiement d'une cer­
taine rançon. C'était évidemment là un procédé très fructueux,
mais exceptionnel.

Vente de la terre de Lezoualc'h sous la Révolution
Nous avons dit que la terre de Lezoualc'h fut vendue comme
bien national. Il nous paraît intéressant d'entrer dans quelques
détails sur cette opération.
L'estimation en fut faite, le 8 Vendémiaire an II (29 sep­
tembre 1793) par Mathieu Thalamot, notaire à Custren, en
Esquibien, etJoseph Guezno, d'Audierne. Le total de la valeur
fut évalué à 15.5771. 9 s 4. d. et le revenu à 9441. 1 s. 9 d (1) .
Le séquestre avait déjà été établi le dimanche 22 avril 1793
par les mêmes, accompagnés de Daniel Goraguer, maire de
Goulien. A cette occasion, la dame de Lezoualc'h avait protes­
té auprès du Directoire du District, contre certaines mesures
de brutalité dont elle aurait eu à souffrir de la part des Com­
missaires (2). L'estimation du mobilier eut lieu le 22 mai 1793

et la vente en fut faite le 3 juin suivant (3). -Le procès-verbal

(i) Q. 432.
(2) L. L District de Pont-Croix.
(3) L. 246. Les archives, contenues dans une armoire, furent transportées
à Pont-Croix le 7 frimaire an III par Yves Riou, de Goulien. Elles semblent
n'avoir pas eu le sort de beaucoup d'autres chartriers de manoirs bretons

- 241

constate que pendant la vente « un tierçon de vin avait dIsparu,

sans qu'jl fut possible d'y remédier ». Il n'est pas fait mention
de la vaisselle d'argent, quoique le procès-verbal d'inventaire
en fasse état...mais sans prix d'estimation. Le produit de la
vente du mobilier monta à la somme de 2687 livres. La pre­
mière criée d'adjudi, cation des immeubles, du 20 nivôse an II
(9 janvier 1794) n'eut pas d'effet. A la criée du 27 nivôse, le

manoir et ses dépendances furent adjugés pour 16.278 1. à Yves
Dreun de Goulien (4). Le reste du domaine fut vendu le

15 ventôse an VIII. Le tableau suivant fera voir le détail
de la ven te (5).. .

qui furent brûlés sur les places publiques (comme celles de Nevet à
Locronan), car M. de Rosmorduc en a retrouvé une partie chez M. Le
Hris-Durest, à Tréfestprès Pont-Croix, descendant de Tréhot-Clermont,
président du District de Pont-Croix à l'époque.
(4) Q. i03.
(5) Q. 23

BULI.ETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. TOME XXXIX (Mémoir'es 16).

NOMS DES TENUES
1 IMoulin à vent de Coste-Goa­ larn.
2 Moulin de Lezoualc'h.
3 'l/3 du village de Bremeur.
4 li tenue à Pennarun-Uhela.
ti IRamage de terre à Penna-
run-Isela .

6 ! 1 tenue à Pennarun-Isela .
7 li tenue faisant le 1/3 de
Kerlap.
8 li tenue à Kergonvan.
9 li tenue à Kerbeullec et Me-

nesgueguen.
10 1 '1 tenue à Kergonvan.

CONTENANCE

36 a.
1 h. 8 a.
7 h. 10 a.

3 h. 72 a.
ti h. ti3 a.
47 a.
'1 h. 26 a .
2 h. 14 a.

PRIX
DE VENTE
NOMS DES ACHETEURS
605 f. ITréhot-Clermont de Pont-Croix pou
la Dame de Lezoualc'h .
'1500 f. Pierre le Priol, de Goulien. .

ti17 f. Laurent Moullec, de Goulien et Tré
hot-Clermont.
80ti f. I Jean-Marie Danzé et Aimery-Lauren
Allain, de Goulien.
65 f. ITréhot-Clermont pour la Dame de Le
zoualc'h .
8ti3 f. 1 Tréhût-Clermont pour la Dame de
zoualc'h.
72ti f. IJean Le Velly, Laurent Le Priol,
François Le Besque, de Goulien.
'149 f. IYves Le Quéré le jeune et Josep
Quemener, de Goulien.
90'1 f. Alain Bocou etJean Bourbé de Goulien
1 '17 f. Jean Pennamen et Yves Quéré, d
Goulien. .

NOMS DES TENUES

11 1/2 tenue à Kerspern.
12 1 tenue à Kerspern .
13 1 tenue à Kergonvan .
14 1 tenue à Lezoulien.
' 1;5 Il tenue à Leslanou.
16 11/2 tenue à Kervéguen.
17 Il tenue à Lannourec.

18 1 tenue à Menesguéguen.
19 J tenue à Kervéguen.
20 Il tenue à Kervéguen.

21 1 portion de terre à Trevern
9.9. 1

:l3 1
24 1 tenue à Brezouloux.
CONTENANCE
3 h. 72 a.
;5 h. 7 a.
1 h. 94 a.
Q h. 1 a.
10 h. 42 a.
7 h. 27 a.
2!) h. 28 a.
4 h. 73 a.
2 h. 71 a.
6 h. 98 a.
;5 j x 1'1 c.
5 j x 3/4 + 38 c.
4;5 j x 1/2 + 41 c. 3/4
11 h. 47 a.

PRIX
DE VENTE
64;5 f;
149 f.
80;5 f.

32;5 f.
84;5 f.
'12;5 f.
461 f.
701 f.
8;53 f.
446 f.
461 f.
370 f.
40;5 f.
NOMS DES ACHETEURS
Jean Canté, de Goulien.
Tréhot-Clermont pour la Dame de Le
. zoualc'h .
Yves Le Quéré, de Goulien.
AJain Brénéol, Anne Danzé, Jacque
Bonis, Jean Bras, Yves Lebeill.
Marguerite Legal, Veuve I{erloc'h
Pierre Baraou, de Goulien.
Jacques Gargadennec et Alain Bré
néol, de Goulien .
Clet Le Moigne, Jean Donnard, Jea
Kerisit, de Goulien.
Pierre Le Priol, Yves Urcun,de Goulie
Yves Urcun, Jacques Gargadennec
Clet Gloaguen, de Goulien .
Yves Urcun, de Goulien, Allain Las
tennet, de Plomelin.
Jean Chapalain, de Goulien.
Jean Quéré, de Goulien .
Hervé Moullec, de Goulien.
Michel Perherin, J .-M. Bernard e
consorts, de Cléden .

- 244

En l'an III, beaucoup d'acquéreurs avaient déjà acquitté

leurs achats. En outre du prix du fonds, ils durent encore
verser le principal des cheffrentes qu'ils devaient au sei-

gneur, à la caisse du Receveur du District de Pont-Croix.

Les paiements furent faits en assignats. Il ne semble pas que

' la totalité 'du domaine de la seigneurie ait été vendue,

pourtant nous n'avons pas trouvé d'adjudication autre que
celle que nous venons de détailler. Dans le paiement de
l'-affranchissement des cheffrentes, le quart était déduit pour
les impositions. -

Les acquéreurs, sont, en général, les tenanciers des fonds
qu'ils achètent. Dans le Cap-Sizun, le morcellement de la
grande propriété foncière date de la Révolution; le travaillem
de la terre est devenu possesseur de celle-ci, en achetant les
biens nationaux: la bourgeoisie ne l'a lui a point disputée
comme il est arrivé dans - beaucoup d'autres endroits. Ici
donc, l'opération a réalisé l'idée des législateurs révolution­
naires : rendre la terre à ceux qui la cultivaient (1).
Jean-Paul Mascarenne, père, n'émigra point: son aîné
PÇlul ,François se retira à l'île de Jersey et s'établit à SLHé­
lier (2), où il vécut jusqu'à la tin de la Révolution. Le cadet, le
possesseur de Lézoualc'h, ne semble pas avoir émigré. Lors
de l'établissement du séquestré à Lézoualc'h, 22 avri\' - 1793, sa

femme déclara aux commissaires que son mari avait étéap-
pelé à Paris, auprès de son père malade et qu'il était parti
dans le courant de décembre. Nous ignorons ce qu'il devint
pendant la Révolution. Sa femme fut emprisonnée à Quimper
par le Comité de Surveillance, mais fut remise en liberté le

(i) Les lots achetés en commun devaient être distribués suivant les
indications des déclarations fournies au seigneur par les tenanciers.
L'acte de vente ne précisant pas le partage, ce procédé donna lieu, par
la suite, entre les acheteurs qui avaient égaré leurs titres, à de long's et
onéreux procès qui ont duré jusqu'à nos jours. ,
(2) Cf. : DE L'ESTOUH UEILLON : Les ramilles rrançaises à Jersey pendant la
Ré VOlutiOll.

2415 -"

22 janvier 1794, quelque temps après son arrestation (1).
Cependant le seigneur cie Lezoualc'h résiciaH encore dans

son manoir de Goulien en '179'1. Voici ce qu'écrivaient au
district de Pont-Croix, quelques citoyens de Goulien, lA
29 août 1791 : « M. Lezoualc'h fut hier à la sacristie de
Lannourec, demanda à la fabrique qui c'étoit les gens qui
ont eu l'audace de tiré son grand tombeau hors de l'église.
Le fabrique lui l'épondit que c'étoit la municipalité et dit

que la municipalité n'avoit pas ordre de défaire les grands
tombeaux, même l'Assemblée Nationale n'a jamais décrété
cet ordre, ce n'est que MM. du District qui font des décrets
eux-mêmes; il dit aussy qu'il auroit eu affaire à la muni­
cipalité et qu'il auroit eu la guerre avec eux et avec tous les
paroissiens; il dit aussy qu'on étoit à présent à commencer la
guerre civile et on ira vie pour vie et le plus fort gag~era.
Nous voulons que ce M. soit enlevé de la paroisse, car il com­
mence à ·détourner le peuple et cependant nous étions bien. Si­
gné: Daniel Goraguer, Jean Le Qnéré Jean Guezennec, Yves
Drcun et Germain Kersaudy, maire.
. A la- suite de cette plainte, le directoire du District de Pont~
Croix, dans sa séance du 29 août 179'1, « fit mander le Sr
Lezoualc'h devant lui et lui répéta les accusations portées
contre lui. Il se contenta de nier et de prendre une attitude
indifférente ; en conséquence, le Directoire le déclara
responsable des événement.s qui pourraient arriver à Gou-
lien ». .
La destruction du tombeau de Lezoualc'h, dans la chapelle
de Lannourec, avait été faite par suite d'une ' fausse interpré­ tation du décret du 115 mars '1790, sur « les distinctions honori ..
fiques, supériorité et· puissance résultan t du régime féodal »

Le décret du '19 juin '1790, sur l'abolition de la noblesse héré-
ditaire précisa celui du '115 mars en spécifiant « que sous pré-

(i) Cf. : Trévédy : His/oire du Comité ~'évolutionnaire de Quimper.
Appendice, p. 30.

- 246-

texte du présent décret, aucun citoyen puisse se permettre
d'attenter aux monuments placés dans les temples, aux
chartes, titres et autres renseignements intéressants les famil­
les ou les propriétés, ni aux décora tions d'aucun bien public)).
Mais ces sages prescriptions n'eurent qu'une durée éphémère,

car le 14 août '1792 l'Assemblée Nationale décrétait: ( Tou-
tes les statues bas-reliefs, inscriptions, et autres monuments
en bronze ou en toute autre matière, élevés dans les places
publiques, temples, jardins, parcs et dépendances, maisons

nationales, même dans celles qui étaient réservées à la jouis-
sance du roi, seront enlevés à la diligence des représentants

des communes, qui veilleront à leur conservation provisoire ...
les monuments, restes de la féodalité. de quelque nature qu'ils
soient, existant encore dans les temples et autres lieux publics
et même à l'extérieur des maisons particulières, seront, sans
aucun délai, détruits à la diligence des communes » (art. III) ...
La commission des monuments est chargée expressément de
veiller à la conservation des objets qui peuvent intéresser
essentiellement les arts » (art IV).
Les représentants des communes rurales se perdaient évi-

demment dans ces décrets successifs qui semblaient contra-
dictoires et en conséquence se mirent en devoir de détruire tout
ce qui leur rappelait l'ancien état de choses, qui les avait fait

beaucoup soufIrir.
Le manoir de Lezoualc'h fut signalé, le 29 avril 1793, com­
me étant le quartier général des contre-révolutionnaires au
Cap-Sizun, sous la direction de Rospiec, ancien président du
Directoire du District de Pont-Croix, père de la dame de

Lezoualc'h. .
En germinal an III Jean Paul Mascarenne père et sa fem -

me adressaient une pétition au District de Pout-Croix, dans
laquelle ils disaient que (( Nonobstant les preuves inconstes­
tables par eux fournis à l'Administration du District, malgré
une main-levée qu'ils ont obtenue en conséquence, relativement

- 247 ."

à la réserve qu'ils s'étaient faite en mariant An toine-Marie-
Hyacinthe Mascarenne, leur fils, réputé émigré, la dite admi­
nistration s'est toujours refusée à apporter à leur triste et fâ­
cheuse position, accablés d'infi l'mités et réduits à ces seules
réserves dans leur vieillesse, le moindre allègement que l'hu­
manité inspire en pareille situation ». En cette année, un se­ cours de 4000 l. en assignats et 10000 l'année suivante, leur
fu t accordé. .
Ils s'étaient retirés à Kermourant, en Penestin (Morbihan)
d'où est daté leur certificat de résidence, du 8 septembre 1793,
. qui donne le signalement suivant de Jean-Paul Mascarenne :­ « N'exerce dans cette commune aucune profession, ni étant
venu que pour la suite de ses affaires, âgé de 63 ans, taille
cinq pieds, six pouces, visage ovale, yeux gris, bouche moyenne,
nez · aquilin, menton rond, cheveux et sourcils bla ncs ».
Le conseil général de Penestin ajoutait que « Mascarenne ne
.. jouissait là-bas d'aucun revenu et les biens de son épouse sur
lequel il résidait, était également séquestré ».
Paul-François Mascarenne fut rayé de la liste - des émigrés

par arrêté du Ministre de la police générale du 8frimaire an X.
Il prêta serment de fidélité à la Constitution devant le Sous­
Préfet de Savenay le 19 pluviôse an X. Il avait déjà obtenu des
Consuls de la République par arrêté du 29 vendémiaire an IX,
main-levée de tout séquestre existant sur ses biens invendus,
à l'exception des bois et forêts.
Antoine-François-Hyacinte Mascarenne dut mourir pendant
la Révolution. En germinal an IX, sa veuve obtenait la reprise
de sa communauté dans le mobilier de Lezoualc'h, à la somme
de 1430 livres, 13 s. 4: d. tournois. La loi du 27 avril 1825
(milliard) accorda à la famille de .Mascarenne une indemnité
de 9.765 fr. 80 c.
Lezoualc'h n'est plus qu'une ferme maintenant, seulement
différente de celles des environs par la masse délabrée de son
manoir. Les vieux capistes vous diront bien que ses souter-

- 248-

rains recèlent encore des trésors, gardés nuit et jour par u'n
coq et une vipère, mais son passé peu à peu s'évanouit; c'est
pourquoi.j'ai essayé de rappeler au souvenir de mes compa­
triotes les faits marquants de son histoire .
DANIEL BERNARD.
Rennes, Juin-Juillet 1913 .

DE'UXIÈ E ·PART'IE

Table des Mémoires publiés en 1913

Pages
Les Mégalithes de la commune dé Spézet par A.

JARNO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

II. Les tumulus· du Ruguello en Trézény (Côtes-du-

Nord) par ~. MARTIN et l'abbé PRIGENT ...... . 6
III. Eglises ' et Chapelles du Finistère par le Chanoin~
PEYRON (CanLon de Lanmeur) (suite) .. , ..... . 20
IV. Première contribution à l'Inventaire des monu-

ments mégalithiques du Finistère' par AIL

DEVOIR .. ' ........................ . .... 42-77-142·264

v. Norges Oldtid par G.' GUSTAFSON~ traduction du
Commandant LE PONTC)IS. Chapitre VIII. Con-

servation des monuments; dispositions de

la loi ............. , ......................... ~ 47 .

VII.
VIII.

Danvez Gériadur. Màtériaux pour compléter les

Dictionnaires Bretons-Français par G. ESNAuLT 55-110
Note SUI' la Chapelle et le Calvaire de Perguet en
Bénodet par Ch. CHAUSSEPIED ... " " ..... " .
Note SUI' l'Arc de Triomphe de Sizun par Ch.

CHAUSSEPIED .. , ..... ' . " ... ....... .. . . . .. .. .. 74

IX. Le Cahier du Seigneur de Roslan par L. LE
GUENNEC lOlO ~ ". 85
X. Notice sur les Seigneuries. de la Roche-Helgo-
marc'h, Laz et Botiguigneau par R. DELAPORTE . 155

XI. La Révolution en Bretagne. Les Derniers Mon-
tagnards 1795 par PR. HÉMON.. . ........... ; 177 ·271

XII. Etudes sur le. Cap-Sizun. V. NoLiee historique

sur la Seigneurie de Lezoualc'h e:r;t Goulien et
ses Anciens Seigneurs par D. BERNARD. . . . . . 193
XIII. Pêcheurs cornouaillais et XV· siècle par H.
W AQUET.. lOlO......................... lOlO..... 249
XIV. Le Marquis de PontIez, légende par le Chanoine
PEYRON .... ..... .

261