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Bulletin SAF 1913


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La Révolution en Bretagne. Les Derniers Montagnards 1795

Pr. Hémon

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1913 tome 40 - Pages 177 à 192

(Notes et documents)

LES DERNI'ERS ONTAGNARDS

1795 (1)

CHAPITRE 1
L'insurrection du 1 er prairial an III.

L'odyssée finale de ces hommes qu'on appelle générale­
ment « les derniers montagnards)) et parfois « les martyrs
de prairial » (2) est, on doit le reconnaître, des plus lamen­
table.
A IR suite de la terrible insurrection du ter prairial an III

(i) C'est bien à dessein que nous plaçons ici cette date de stylegrégo­
rien. Les événements, dont HOUS allons parler, se passèrent, au l'es le.
entre le i" prairial an III (20 mai -1795), jour de la violation de la Conven­
tion par l'émeute, et le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), jour de la
séparation de la Convention et de la proclamation de la loi d'amnistie
pour les crimes et délits se rapportant à des mesures révolutionnaires.
En ' 1867, un jeune écrivain, aujourd'hui membre de l'Académie française,
M. Jules Claretie a consacré à cet important épisode de la Hévolution un
volume intitulé: Les derniers j'I'Iontagnards: histoire de l'insurrection de
prairial an JII, 1793 (sic). Dans cet ouvrage, 'on peut relever une foule
d'erreurs de dates, qui prouvent que l'auteur n'était pas alors familiarisé
avec le Manuel de concordance des calendriers républicain et grégorien. Par
exemple, à.la pag'e 326 de son livre, il date le jugement de la Commission
militaire « Paris, 20'prairial, l'an II)) ce qui correspond au 8 Juin 1794,
alors qu'il aurait dû écl'Ïre « paris, 29 prairial, l'an III », ou 17 Juin 1795.
C'est ainsi, encore, qu'à la page 361., il donne (( brumaire an III » comme
date du décret d'amnistie, lequel est du q. brumaire, an IV. .
Nous aurons très fréquemment occasion de revenir sur le livre des
Derniers J Uontagnards, qui a été réédité et publié en édition populaire
illustrée. (Paris, Polo, in 4°, s. cl.).
(2) E. HA~mL : Précis de l'histoire de la Révolution française, I8ïO, in ·8° p.
526. id. Hist. de la Rép. lI'. sous le Directoire et sous le Consulat. 1872,
in-8°, p. ·5L CLAHETIE : Les derniers Montagnards: chap. VU : Le mar-
tyre, etc... '
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. TOME XXXIX (Mémoires 12).

178

(20 mai 1795), qui, au son du tocsin et de la générale, avait
mis en mouvement une partie de la population parisienne

braqué des canons sur la Convention, et amené l'envahis

ment de cette assemblée, quatorze députés de la Montagne
furent décrétés d'arrestation, dans la nuit où se prolongea

. la séance. Les uns étaient convaincus, les autres soupçonnés
seulement, d'avoir été, sinon les promoteurs, du .moins les
principaux acteurs de la sanglante émeute.
C'étaient: ROMME, (Puy-de-Dôme),
GOUJON, (Seine-et-Oise),

DCQUESNOY, (Pas-de-Calais),
SOUBRANY, (Puy-de-Dôme),
BOURBOTTE, (Yonne),
DUROY, . (Eure),

PEYSSARD, (Dordogne),
PRIEUR, (de la Marne),
LE CARPENTIER, (Manùhe),
ALBITTE, aîné, (Seine-Inférieure),.
RUHL, ' (Bas-Rhin),
PINET, aîné, (Dordogne),

BORIE, (Corrèze),
FAYAU, (Vendée) (1).
Dans cette même nuit du 1

au 2 prairial, ]a Convention,
sans désemparer, prit deux autres décrets, le . premier
portant fi que les représentants mis ce jour en arrestation,
seraient transférés au Comité de Sûreté générale »), le second
mettant en accusation ces mêmes représentants, excepté'

(1) Le Décret au Bulletin est signé des noms ' de BOISSY, ex-président,
BLAn (Finistère) et DEFERlIION (Ille-et-Vilaine), secrétaires. (Coll. Baudouin,

Notons ici que deux des représentants décrétés d'arrestation avaient,
à cette date, un peu modifié leurs noms. De Soubrany, dès son entrée à
la Convention, avait renoncé à sa particule,. et Du Roy sig'nait son nom
en un mot Duroy, depuis le 24 pluviôse an II 12 février 094. (Arch.
nat. A. F. 11. 162 AULARn: Recueil des actes du Comité de Salut public,
t. XI, p. i05)

179
lluhl. Ce dernier, et Prieur de la Marne (sur la demande
de collègues, dont les noms ne figurent pas au procès-verbal
de la séance), obtinrent même la faveur de rester chez eux
en état d'arrestation (1). .r1
La plupart de ces arrestations avaient été faites immédia­
tement en pleine Convention; mais, à cause de l'agitation
de la Section des Quinze-Vingts du Faubourg-Antoine, qui
assiégeait presque les portes' de l'Assemblée, la garde des
prisonniers dut paraître difficile. En outre l'émeute, qui
grondait encore dans certains quartiers, était d'autant plus
redoutable que les femmes y prenaient une plus grande
part (2), et que la cause, ou du moins l'une des causes des
troubles était, (comme pour l'insurrection du 12 germinal
qui n'en avait été que le prélude), le manque de pain, la
famine. Coûte que coûte, la Convention devait donc éloigner,
immédiatement les députés arrêtés du foyer de l'insurrection,
s'en débarrasser provisoirement. C'est ce qu'elle fit.
Pour des raisons, que nous n'avons trouvé indiquées nulle
part, Pinet, Borie et Fayau ne furent plus autrement inquié­
tés dans la suite. Il est à croire que les poursuites furent
abandonnées contr~ eux, par cette seule considération qu'ils
avaient été mis en arrestation, moins pour des faits relatifs
à l'insurrection, que pour les excès commis dans leurs

(1) Bulletin, 146 n° 832. Coll. Baudouin. - Moniteur du 7 prairial.-
Réimpression, t. XXIV, p. 522.

(2) Voir notamment Moniteur (Réimpression, t. XXIV, p. 497 et suivantes
532, etc.) Les femmes montrèrent tant d'acharnement au i

, prairial, que
la Convention dut prendre alors des décrets les èoncernant spéciale­
ment: ... « Toutes les femmes se retireront, jusqu'à ce qu'autrement soit
ordonné, dans leurs domiciles respectifs; celles qui, une heure après l'affiche du
présent décret, seront trouvées dans les rues, attroupées au-dessus du nombre

de cinq, seront dispersées par la force armée, et successivement mises en aJ'res-
tation, jusqu'à ce que la tranquillité soit rétablie dans Paris ».
Un autre décret portait que, tant que durerait l'agitation, (( aUCllne
femme ne serait admise dans les tribunes de la salle où se tiennent les séances
de l'Assemblée, et qu'à l'avenir elles n'y seraient encore admises que lors­
qu'elles seraient accompagnées d'un citoyen, tenu de présenter sa carte à la
garde placée au bas de l'escalier qui conduit à ces tribunes. ». .

180
missions; « Pinet, comme bourreau des habitants de la
Biscaye; Borie, comme dévastateur du Midi; Fayau, comme
ravageur de la Vendée» (1).
Albitte, dont le rôle au 1

prairial n'avait pas été très clair

s'empressa de protester « de la pureté et de la loyauté de
ses intentions » dans un mémoire qu'il publia . sous ce
titre: ALBITTE l'aîné, rreprésentant du peuple, à qui il appar­
tiendra )) : « Je jure, écrivait-il, sur tout ce que j'ai de plus
» sacré, que mon but était d'arrêter l'effervescence. » ... Mais

sans attendre l'effet produit par sa défense, il jug'ea qu'il
était. plus prudent de se soustraire par la fuite à l'exécution
du décret, resta cinq mois caché, et ne reparut qu'après
l'amnistie du 14 brumaire (2) .

(t) Moniteur (6 prairial). Réimpression, t. XXIV, p. 513.
On verra plus loin que le représentant Le Carpentier, dénoncé à la
même séance comme « bourreau de la Manche», décrété d'arrestation
puis d'accusation, fut aussi épargné. '
Pinet, atteint par la loi du 12 janvier 1816, fut forcé de s'exiler en Suisse,
et ne revint en France qu'aprés 1.830. Après les événements de prairial
an III, Borie disparut de la scène politique. Quant à Fayau, il était procu .
reur impérial, lors du fâcheux retour des Bourbons qui le bannirent. On
sait que Fayau, grand admirateur de Marat, avait proposé en novem.
bre 1,793, un incendie général de la Vendée, de manière à la-rendre inha-
bitable pendant une année. .

. (2) Albitte, malgré ce beau serment, avait eu une conduite ultra-révolu­
tionnaire. Quand Amar, à la séance de la Convention du 3 octobre 1793,

lut son rapport concluant à l'arrestation de 75 députés, qui avaient pro-
testé contre les événements des 31 mai et 2 juin, quelques-uns des inculpés
demandèrent à s'expliquer et même à relever des faits matériellement
faux, avancés dans le rapport. Il leur fut répondu « Vous les relèverez
au tribunal! » et Albitte s'écria « Les Conspirateurs parleront au tribu­
nal, qui les entendra ». Plus loin, le procès-verbal mentionne encore son
intervention ;
« ALBlTTE : Je viens de parcourir les départements méridionaux et j'ai
» vu combien la corruption était profonde. Ce sont les écrits incendiaires
» d'un homme, que je suis surpris de ne pas trouver dans le nombre des
» accusés, de Rabaut, dit Saint-Etienne, qui ont le plus contribué à pes­
» tiférer l'opinion publique.
« AMAR: Le Comité de Sûreté g'énérale n'a pas proposé de décret d'accu­
» sation contre Rabaut, Buzot et autres, parce qu'ils ont été mis déjà hors
» de la loi. .
« ALBITTE : Je demande le décret d'accusation contre Aubry; c1est lui,
. » qui, membre du Comité militaire, vous proposait des décrets dont le
» but était de désorganiser nos armées .. Aubry est un traître. Les preuves

181

CHAPITRE II
Oe qu'avait été la mission de Prieur (de la Marne)
dans l'Ouest
Le titre de cette étude (( La Révolution en Bretagne)) en ,
limite nécessairement le cadre et ne nous permet pas de
nOUS étendre sur les arrestations en séance de la plupart des

représentants mis ensuite en accusation, non plus que sur
les faits relatifs ou étrangers à la journée de prairial, qui
motivèrent ces arrestations. Deux d'entre eux seulement,
Prieur (de la Marne) et Le Carpentier, à cause des missions
remplies par eux précédemment dans les départements
de la ci-devant province de Bretagne, nous retiendront
pendant quelque temps.
Prieur était en mission dans le Loiret avec Bourbotte et
Julien (de Toulouse), quand un décret de la Convention du
30 avril 1793 lui enjoignit de se rendre à l'armée des Côtes
de Cherbourg. Sa nouvelle mission dans l'Ouest devait
durer dix-sept mois:
« Son œuvre en Bretagne, a dit un historien de cette
longue mission, se peut résumer d'un mot: il bouleversa
les administrations qui lui déplaisaient, emprisonna et
guillotina les citoyens qu'il sou"pçonnait (1).
» de sa trahison sont au Comité. Je demande qu'il soit décrété d'accusa­
» tion.
« AUBRY (Gard) : Je demande à répondre.
« Plusieurs voix : Vous répondrez au tribunal.. .. »
Albitte, l'aîné, fut nommé plus tard par le Directoire, maire de Dieppe.
Après le 18 brumaire, il devint sous-inspecteur aux revues, charge qu'il
occupait en i81.2, lors de la retraite de Russie où il périt. (V. Diet. des
Parl. et Pièces justif. n° 1).
(1.) BLIARD (Pierre) : Le Conventionnel Prieur de la Marne en mission dans
l'Ouest d'après des documents inédits. Paris, Emile Paul, t vol. in· 8°, 1.906,
page432. Cette sérieuse étude a été l'objet d'une critique très dure dans la
Révolution française (i4. mars 1907). Vauteur du compte rendu de cette
revue, M. Lévy Schneider, reproche notamment à M. Bliard « d'employer
souvent la conjecture et l'hypothèse pour caractériser l'état d'âme des
terroristes. 1\1. Bliard n'a-t-il pas qsé écrire en parlant de Prieur: « Vexé-

182
Nous ne parlerons que pour mémoire des battues organi_
sées par Prieur pour cercler les « scélérats de députés en
fuite» et surtout pour s'emparer des prêtres insermentés.
De Pontivy (23 brumaire an II 13 novembre 1793), il
mande au Comité de Salut public:
« ... J'ai fait la chasse à ces scélérats de prêtres,comme

» on la fait aux loups. Un seul a été pris et il sera bientôt
» puni de son audace » (1) .
Le 21 pluviôse an Il (9 février 1794), il écrit de Pontivy au
Comité de Salut public:
« Le général Rossignol est venu me rejoindre et nous
» avons pris les mesures nécessaires pour l'arrestation des
» députés fugitifs, dont on nous annonçait la présence vers
» Carhaix. Guermeur (Royou), que j'avais appelé à Pontivy
» est parti avec 25 chasseurs, qui doivent se réunir à 250
J hommes d'infanterie et j'attends tous les jours des nouvelles
» de cette expédition. J'ai profité de mon arrivée à Pontivy
» pour y épurer les administrations et y mettre en vigueur le
» gouvernement révolutionnaire Il ... (2).

cution des administrateurs du Finistère dut parler agréablement au cœur
du Jacobin. » ?
On va voir tout de suite ce qu'il faut penser de cette critique, dont il
sel'a encore question plus loin. (V. Pièces justif. n° 2) .
. (t) (Id.). AULARD: Recueil, t. VIII, p. 401.
Sur la mission de Prieur et de Jullienfils, voir BLIARD : Le Convention­
nel Prieur, et LOCKROY : Une mission en Vendée (passim). Du CHATELLIER,
Hist. de la Rév. en Bretagne, etc ...
Prieur n'avait pas besoin d'être stimulé, puisque sept mois après son
arrivée à Vannes, le 23 floréal an II (12 mai 1794), il annonçait au Comité
de Salut public que, dans le département, 1500 à 2000 individus étaient
détenus comme suspects.
Prieur a été très accusé, et méritait de l'être. Nous devons pourtant
dire ici que nous n'avons pu trouver nulle part la preuve de ce méfait
que rapporte le Dictionnaire des Parlementaires: « A Dinan, on fêta l'arri-

vée de Prieur, le 4 novembre 1,793, en fusillant en sa présence neuf hom-
mes, deux femmes et trois enfants. » M. Hliard (p. -121) nous apprend, au
contraire, qu'à cette même date, Prieur se trouvait à Vannes, d'où il cor­
respondait avec la Société populaire de la Roche-Sauveur. Vraisemblable­
ment Prieur arriva à Dinan le 25 brumaire an II (:1.5 novembre :1.793) v. B,
RUBIDou : Histoire et panorama d'Lill beau pays, augmentée de l'histoire de la
Révolution en Bretagne. Bazouges, Dinan, 1. v. in 4° de 432 p .
(2) Suivent de longs détails sur l'épuration à Pbntivy.
Arch. nat. A. F. 11, 175. AULARD : Recueil. t. Xl, p. 1.7.

183 ..
Pendant une grande partie de sa mission dans l'Ouest,
prieur fu~ accompagné du jeune Marc-Antoine J ullien,
commissaire du Comité de Salut public et espion de Robes­
pierre et de Barère. Tous deux firent preuve d'une rigueur
inflexible, tous deux contribuèrent largement à la perte des
administrateurs du Finistère (3 prairial an Il 22 mai
1794) .
Voici en quels termes~ Prieur, le lendemain de la terrible

hécatombe, avisait le Comité de Salut public:
« Des trente administrateurs ci-devant du département du
» Finistère, vingt-six ont payé hier de leur tête leurs infâmes
" » projets contre-révolutionnaires. Toutes sûretés furent prises,
» ce qui, joint au concours de la grande majorité du peuple,
» formait un cortège imposant. Les cris, mille fois répétés de
» Vive La Republique / l'accompagnaient, et, ce qui est bien
» flatteur pour le tribunal qui a prononcé, c'est qu'il n'a fait
» que confirmer le jugement que le peuple avait porté lui­
» même pendant la durée de l'instruction (1) ».
La sobriété n'était point, dit-on, une des vertus de Prieur,
et, il est à croire, (c'est même souhaiter pour lui), que cette
lettre a été écrite dans un moment où il n'avait pas tout son
bon sens (2). Faite de sang-froid, cè serait une véritable
infamie.

Si quelques têtes de plus ou de moins lui importaient peu,
Prieur ne devait pas ignorer que les administrateurs du Finis-

(1) Arch. Nat. ; A. F. Il, 02. AULARD: Recueil, t. XIII, p. 704
(2) « Prieur entendait assez bien la raison quand il était à jeun»
(ERNOUF : Etudes sur Kléber. (Revue contemporaine, 2' série, t. II, p. 608.)
Voici le jugement de Prieur sur Kléber: « Kléber, Allemand (sic) ; il Y
a peu à compter sur lui... etc» (Arch. Nat. : A. F. II, 125. Notes manuscrites
de Prieur).
Chose surprenante, la conduite de Prieur ~ l'Assemblée constituante.
avait été plutôt celle d'un homme humain et modéré. On l'avait vu, par
exemple (séance du H décembre 1.789) demander que les pauvres eussent
le droit de ramasser du bois dans les forêts, puis (1.9 février 090), récla­
mer un traitement plus élevé pour les religieux. septuagénaires ou infir­
,mes, puis (21 juillet 1790) faire un rapport très touchant sur un établisse-

',,184
tère étaient au nombre de trente-six, et même de trente-hUit,
si l'on compte dans ce nombre le procureur-génér~l-syndic et
le secrétaire-général de l'administration, qu'on n'eut garde
d'épargner. Il ne devait pas ignorer non plus que la popu­
lation brestoise avait été atterrée par les exécutions des
administrateurs, dont les actes de décès avaient été rédigés

d'avance. Il ne devait pas ignorer surtout que; loin de
compter sur l'approbation du peuple, lui-même Prieur, et

son collègue Jeanbon Saint-André avaient" ce jour-là,
déployé dans les rues des forces militaires formidables,
après avoir pris la précaution de renouveler la garnison, qui
leur paraissait suspecte, et de la remplacer par des bat.aillons
.. révolutionnaires, venus de Paris (1).

ment à créer pour les sourds-muets et les aveug·les-nés. A la Convention,
au contraire, il se montra toujours le partisan des mesures les plus

rIgoureuses. .
Au reste, d'autres montagnards ne dédaignaient pas parfois la recette
de Prieur, la bouteille, pour « se donner du cœur au· ventre)). Tel Albittc.
tel Duroy, tel Bourbotte. Quant à Duquesnoy c'était un veritable ivrogne.
Dans la préface de son livre (p. v.).M. Claretie écrit pourtant: « Les
)) derniers montag'nards étaient sobres, convaincus, austères sans affecta·
D tion, enthousiastes sans délire, sing'ulièrement instruits d'ailleul's, et
)) trempés par les tristesses des années qu'ils venaient de traverser. l)
Ce jugement n'est pas précisément celui de Taine.
(TAINE: Les origines de la France contemporaine. La Révolution, t. III, p. 26i-
265. CLARETIE: Les derniers Montagnards, p. 3-17. Journal de Perle t,
N° 994 28 prairial).
(i) Arch. Nat. B. B. !~, 37. Du CHATELLIER: Hist. de la RéD. en Bretagne, t.
III, chap. II, p. 379, t. IV, p. i31~. 1f~3. (Id.) Brest et le Finistère sous
la Terreur, p. 17!). LE GUILLOU-PENANROS: l'Administration du Finistère

(1790-1794-) p. 400, f~l!), 425. - LEVOT : La ville et le port de Brest pendant la
Terreur, p. 3-14, 325, 326.
Quatre mille hommes environ, sous les ordres du général Tribout furent
mis sous les armes pour empêcher les manifestations qui essaieraient de
se produire. Ce Tribout, qui se f(lisait appeler 'l'ribout-Libre, était simple
soldat en -178!), après plus de six années de service. Il passa alors comme
caporal dans la Garde nationale soldée de Paris, et, en f7!)2, à cauSe de
sa l'orle carr'ure, il avait été choisi comme tambour-major du 2' bataillon
de Seine-Inférieure, où il réussit à se l'aire élire lieutenant-colonel. Ce
grade le recommanda suffisamment, paraît-il, à Bouchotte, ministre de
la guerre, pour qu'il le nommàt, le 30 septembre i 793, général de division
et commandant de la garnison de Brest, en remplacement de Serre de
Gras suspendu comme noble. A cette époque., un agent du ministère des
Affaires étrang'ères, qui était en relations assez fréquentes avec lui, le dépei-

185 '-

Le 9 thermidor (27 juillet 1794) convertit provisoirement

prieur, qui, bruyamment, célébra à Brest la chute des

tyrans Robespierre, Couthon, Saint-Just et consorts.
Rassemblant les autorités de terre et de mer au pied de « la
Sainte Montagne)) il l'avait gravie, pour leur donner lecture
d'une proclamation enflammée de sa composition, accueillie,
s'il faut le croire sur parole, aux cris mille fois répétés de
Vivent la République! ta Convention! la Montagne! Péris­
sent les conspirateurs et les tyrans ! )) Son zèle thermidorien
ne s'arrêta pas là. Sans perdre un moment, il se hâta de
faire parvenir au Comité de Salut public un volumineux
ballot d'adresses de félicitations provenant de la Société

populaire, des Comités, de la Municipalité, de la garnison,
du Tribunal révolutionnaire même (1). Cette conduite n'était
pas très brave, elle n'était pas non plus très franche, mais il
avait une sorte d'excuse, c'est que ses collègues en mission
dans les départements de l'Ouest, les Laignelot, les Jeanbon
Saint-André, les Le Carpentier, d'opinion au moins aussi
« prononcée ») que la sienne, avaient fait absolument comme
lui, jugeant sans doute qu'il était préférable d'être les apos­
tats que les martyrs de Thermidor (2).

gnait ainsi: « C'est un bon grenadier ne sachanl ni lire ni écrire, mais
maniant parfaitement le sabre et la bouteille. »
Tribout épousa la Fleury, chanteuse du Théâtre de Brest, et le mariage
fnl célébré en grande pompe au pied de l'arbre de la Liberté. Malgré le
désastre de l'armée républicaine à Pontorson, Tribout resta en fonction,
grâce à la protection de Jullien Marc-Antoine fils, qui partage sa respon­
sabilité. Destitué le 2 frimaire an III (23 octobre 1794), comme étant inepte,
sans talent, sans expérience, il fut ensuite utilisé comme commandant
, de l'an VIn à 18:14" et mOllrut en retraite à Abbeville en 1834. (Arch. Nat. A.
F. Il, 102. AULARD : Recueil, VIII, 51~. Du CUATELLIlŒ, III, 224. LÉVY,
le Conventionnel Jean bon Saini-André. (v. Index alphabétique) BLIA RD ;
Le Conventionnel Prieur de la Marne (v. Index alphabétique) CHASSIN:

La Vendée patriote, t. III, 174. (Etats de service.)
(i) Arch. Nat. A. F. II, 274. AULAnD: Recueil, t. XV, p. 6B.
Les notices sur Prieur passent. toutes eette volteface sous silence:
« Prieur, dit le Dictionnaire Larousse, était absent lors de la catasirophe
du 9 thermidor. »
(2) Au sujet de la « conversion» de Laignelot, v. Arch. Nal. A.F. II, 294.
AULARD : Recueil, t. XV, p. 611. Pour celle de Jeanbon Saint-André, Y.
Séance de la Convention du 9 prairial an 111,28 mai 1.795, etc ...

186

Mais Prieur ne devait pas s'en tenir là. De crainte des
justes représailles qu'il redoutait de la part des amis ou des
parents de ses victimes, il ne se contenta pas de renier Son
passé, il se fit faussaire. Oui, Prieur, pour sa sécurité
personnelle, n'hésita pas à altérer des papiers publics, le
registre même des Arrêtés des représentants. Avant de
quitter la ville de Brest, où un séjour plus prolongé aurait
pu avoir pour lui des désagréments, voici ce dont il s'avisa.
Il fit porter à la suite de ses arrêtés, un dernier arrêté anti ...
daté, d'après lequel il aurait" le 4 fructidor (21 août),
suspendu le tribunal révolutionnaire, et il en emporta la
minute à Paris, pour servir à sa défense, le cas échéant (1).
n dut bien manœuvrer dans le sens de la réaction, puisque,
à Paris, où le vent soufflait de ce côté, il réussit bientôt à

rentrer au Comité de Salut public (15 vendémiaire an III _
6 octobre 1794).
Ces velléités de retour à la modération devaient durer
d'autant moins que les populations de l'Ouest commençaient
à se plaindre des excès de Prieur a u cours de sa mission.
Aussi n'est-on pas trop surpris de le retrouver, le 12 germinal

avril 1795), pactisant avecles insurgés qui menaçaient la
Convention. Dénoncé pour ce fait par André Dumont, Prieur
qui, en somme, avait peu siégé à la Convention, sut en
imposer à la majorité de cette assemblée, grâce à des décla­
rations dont voici un échantillon :
( Depuis six ans que je suis dans les affaires publiques, je
» défie qu'on puisse dire un mot qui me soit échappé contre

» mes collègues. Tous mes collègues sont mes amis. (On
» murmure). Ai-je pris la défense de ces nlonstrestout couverts
Il de sang, que la Convention a jugés? Non je les ai abju-
)) rés ... )) (2)

(il DONZÉ-VERTEUIL, ex-accusateur public du tribunal r évolutionnaire
de Brest : Eclaircissements: Notes sur la suspension dH iribHnal... etc. (Ces
notes manuscrites sont aux Archives communales de Toulon. (Sér. D.)
- LÉvy Léon: Le Conventionnel Jeanbon Saint-André, p. 971..
(2) Moniteur (1.9 germinal, 8 avril). Séance du H germinal. Réimpres-
sion: t. XXIV, p. 1.44.

187 -
Prieur fut quand même assez habile pour éviter, cette fois,

d'être mIS en accusatIOn. '
Ce n'était là que partie remise, car, dans la nuit tragique
du 1

au 2 prairial suivant, il allait être furieusement ques­
tion de Prieur. Il venait {peut-être à son insu), d'être accla­
mé par les sections, en même temps que Duquesnoy, Bour­
botte, et Ouroy, membre de la Commission dictatoriale et .
extraordinaire du gouvernement insurrectionnel (1) ; il avait
pris, avec eux, et avec la collaboration de la populace, des
décrets illégaux, séditieux même. L'un de ces décrets
ordonnait « l'arrestation des journalistes, vils folliculaires

qui avaient empoisonné l'esprit public ». Un autre « abolissait
la peine de mort, sauf pour les émigrés et les fabricateurs
de faux assignats». Prieur avait alors lutté de toute son
énergie contre la force armée qui, dirigée par trois repré­
sentants, était accourue au secours de la majorité de la Con­
vention. Il avait vu couler le sang d'un de ces représentants,
Kervélégan (du Finistère). Il s'était mêlé à ]a foule: ralliant
en personne les émeutiers, en leur criant: (c A moi, sans­
culottes, à moi! » alors que le président Boissy d'Anglas
éta it couché en joue par les fusils, menacé par les piques,
alors que la tête sanglante du malheureux député Féraud
était promenée dans la salle comme un trophée, au milieu des

rires sauvages d'une foule en délire, auxquels se mêlaient
les applaudissements frénétiques des clubistes femelles, qui
bondaient les tribunes.

Prieur ne devait donc pas être rassuré pour son compte,

à cause de la marche prise par les événements. Le Moniteur
du 6 prairial rapporte ainsi son arrestation:
DEFERl\ION (.llle-et- Vilaine) : « Jamais Prieur ne pourra'-se

» laver aux yeux des habitants de la ci-devant Bretagne, d'a-
II voir fait assassiner, par u~e commission qu'il avait créée, .

(i) Moniteur (5 prairial). Réimpression, t. XXIV, p. 507.

188 -

» les Administrateurs les plus patriotes de la France, ceux du
» Finistère. Prieur a marché dans la ligue des hommes qui ne
» voulaient la liberté que pour mie~ l'étouffer. Peut-on Se
» dissimuler que le mouvement qui a eu lieu aujourd'hui était

Il calculé depuis plusiaurs jours? Aurait-il été si bien exécuté
» s'il n'eût pas été concerté? Croyez-vous qu'on se serait

» accordé si facilement sur les hommes auxquels on accordait
» une dictature aussi étendue, si on ne les eût pas dési_

» gnés d'avance? Je demande l'arrestation de Prieur » .
« DouLcET (C(ûvados) : « Je ne sais pas ce qui s'est passé
» dans le Finistère; je ne sais p~s jusqu'à quel point Prieur
» s'y est rendu coupable. l,a Convention doit s'assurer des
» auteurs et des complices de la sédition, mais il mé semble
» qu'elle ne doit pas souffrir que l'on reproche aucuns faits
» antérieurs à ses membres, pour les faire regarder comme
» complices de la révolte qui a eu lieu.
« Prieur n'a point élevé la voix dans cette enceinte, et je ne
» crois pas que, parce qu'on l'a nommé membre du Comité de
» Sûreté générale, ce soit un motifsuffisant pour l'arrêter» (1).
Ici, (et il faut remarquer que c'est un des membres les plus
modérés qui parle), ici ·D6ulcet de Pontécoulant émet cette
opinion, qui, prévaudra: Ne pas s'occuper du passé plus
ou moins « terroriste» des députés dénoncés. On y revien­
dra ; mais inculper seulement ceux-là qui ont été mêlés à
l'insurrection elle-même (2).
Toutefois, et malgré ce qu'en ont dit certains auteurs (3),
Doulcet nous paraît se tromper quand il affirme: « Prieur n'a
point élevé la voix dans cette enceinte »). Ou il n'assistait pas à
cette partie de la séance, ou bien, à calJse du tumulte, il n'a

(i) Moniteur (6 prairial). Réimpression, t. XXIV, p. 5i3.
(2) C'est ce qui aura lieu pour Le Carpentier et Forestier, comme on le

verra plus loin.

(3) BUCHEZ et Roux: Hist. parlementaire de la Rév. française, t. XXXVI '
p. 313. CLARETIE : Les deI'niers Montagnards, p. 3i5 .

189
pas entendu les excitations de prieur, qui sont reproduites
aU procès-verbal (1).
DUMONT André (Somme) : « Si le 12 germinal,. on eût voulu
11 m'entendre, la conspiration d'aujourd'hui n'eût point éclaté .

» Rappelez-vous que ce jour là, Prieur parla avec l'impudeur
» de la scélératesse, et dit impérieusement au président: « Je
» demande que tu mettes aux voix que le peuple aura du pain
» avant de sortir de cette enceinte (2). Je demande si ce n'était
» pas là provoquer le massacre de la Convention. Nous
» n'avions pas de pain dans nos poches pour en donner sur le
11 champ à ceux qui nous assiégeaient. Citoyens, vous êtes
» responsables du salut de la France, et Paris doit répondre
J de vous. (On appLaudit). Comptez sur les bons citoyens; il
il sauront faire rentrer dans la poussière cette poignée de
» brigands qui ne veulent que le pillage et le meurtre. (Oui,
'/) oui, Vive la Conventio'(l, ! s'écrient les citoyens des tribunes) .

») Je demande l'arrestation de Prieur. )) (L'arrestation mise
aux voix est prononcée. Les plus vifs applaudissements se
font entendre.)
Le même décret est ensuite porté contre Romme, Sou­
brany et Goujon. Le lendemain un membre (?) ayant pris la
parole en faveur de Prieur (de )a Marne), et demandé le
retrait du décret porté contre lui, en déclarant qu'il avait
recommandé aux envahisseurs de ne pas attaquer l'intégra­
lité de la représentation nationale, Bourdon (de l'Oise) fit
appel au témoignage de son collègue, Quéinnec, du Finis­
tère :

BOURDON: « Je suis obligédedireque, cette nuit, me prome-
)) nant dans le salon de la Liberté avec mon collèg'ue Quenet

(1) Moniteur (6 et t2 prairial) Réimpression, t. XXIV, p. 5H, 561.,667 ..
(2) Il nous parait inutile d'insister sur l'étrange interprétation que
Dumont fait ici de la proposition de Prieur, dont il déplace les termes.
Prieur avait dit ou voulu dire: « Avant de sortir de cette enceinte, je
demande que tu mettes aux voix que le peuple aura du pain. » Prieur se
défendit du l'este de cette accusation. (V. Moniteur du 19 germinal. Séance
du :1.5. Réimpression, t. XXIV, p. 1.44.)

190

Il (sic), et notre conversation roulant sur les malheureux év:é.
Il nements dont nous avions été témoins, il me dit qu'au
» moment, où le Comité fit entrer les bons citoyens pOUr
» chasser la factieux de votre salle, il entendit Prieur crier
» deux fois: (( A moi, à moi, braves sans-culottes, marchons! ))
QUENET (sic) : Je n'ai pas bien distingué si c'était Prieur

» parce que ma vue est faible, mais j'ai entendu le cri, et j'ai

» reconnu sa VOIX 1).
L'Assemblée maintient le décret contre Prieur. (1) .

. « Prieur, dit le Dictionnaire des Parlementaires, . .
après avoir fait des efforts désespérés pour rallier Je peuple
que chargeaient les bataillons des sections anti-révolution_
naires du Mont-Blanc et de la Butte-des-Moulins (2), dut

songer à se dérober aux poursuites, échappa au décret
d'accusation qui, le soir même, fut lancé contre lui, et resta

caché jusqu'à l'amnistie du 4 brumaire »

Cela, n'est pas exact. Prieur et Rhul, s'ils ne furent pas
appréhendés en pleine séance, le furent très peu de temps
après; mais tous deux, par faveur spéciale, obtinrent d'être
mis chez eux en état d'arrestation (3).
CHAPITRE III

En route pour le Château du Taureau
Dans' la nuit du 1

au 2 prairial, la Convention, qui
s'était déclarée en permanence, avait décrété que les députés
qui venaient d'être mis en arrestation seraient aussitôt con­
duits au Comité de Sûreté générale.
A trois heures du matin, la séance ~urait encore , huit
des représentants irrcriminés, ROMME, GOUJON, DUQUESNOY,

(1) Moniteur. Réimpression, XXIV, p. 523.
(2) " Anti-révolutionnaires ", et non" royalistes " (~omme l'ont dit plu­
sieurs écrivains montagnards.
(3) V. plus haut.

191

SOUBRANY, BOURBOTTE, DUROY, PEYSSARD, et LE CARPENTIER
furent amenés devant ce Comit.é, qui allait immédiatement
décider de leur sort. Ils furent introduits dans cette même
salle où, moins de dix mois avant, Robespierre avait été
apporté, la mâchoire fracassée. Cinq membres étaient alors
présents au Comité; Pierret (Aube), Mathieu (Oise), Pémar­ tin (Basses -P)~rénées), Guyomar (Côtes-du-Nord), et Cour­
tois (Aube).

Rabaut (Gard), du Comité de Salut public, Varlet (Pas-de-
Calais), du Comité militaire, et Fréron (Paris), s'y trouvaient

aUSSI.
Derrière eux, se tenait un groupe de soldats ; le chef de

brigade Margaron" un capitaine de gendarmerie, cinq gardes
nationaux et six gendarmes. Fréron rédigea et remit à Mar­
garon l'ordre de transfert des huit prisonniers. Ils dévaient

être conduits au Château du Taureau, près de Morlaix, mais

on ne leur lut pas l'arrêté. On les avertit seulement, une
heure après, que les voitures étaient prêtes et qu'ils allaient
partir (1).
Auparavant, ils réclamèrent et obtinrent l'autorisation
d'écrire quelques mots à leurs familles. Assis à la table
mêmedu Comité, et sur le papier à en-tête, où s'étalait en

gros caractèr~s, la devise républicaine LIBERTÉ, EGALITÉ,
Goujon écrivit à sa jeune femme:
« Ma , chère bien aimée, je suis arrêté et dans ce moment
» au Comité de Sûreté générale. Je suis in.nocent. Sije pouvais
» périr pour ma patrie! Sois calme et paisible. Nous partoris,

» mon amie; on dit que les voitures sont prêtes, je ne sais
» pour quel endroit ... » (2)

(1) Ai·ch. nat. A. F. Il, Reg. du Comité de Sûreté générale, 2 prairial.
- L. TBÉNARD et R. GUYOT. Le Conventionnel Goujon. Paris, Alcan, in-So
1908, p. 1.74. .
(2) Cette lettre, qui a été reproduite dans une brochure sur laquelle
nous allons revenir, (Souvenirs de prairial, p. -1::12), est aussi cilée par M. Cla­
retie (p. ~74) qui la fait suivre de celle écrite au même moment par le
représentant Romme à sa femme. On trouvera encore la lettre de Goujon
à la p . 1.78 de l'ouvrage de MM. Thénard et Guyot (op. cit). .

192

Au point' du jour, le convoi sortait de Paris par la route
. de Saint-Cloud.

D'après la correspondance des captifs, on sait que leur
escorte était loin d'être banale. Elle ne se composait pas
seulement d'un piquet de gendarmes, c'est-à-dire d'une
dizaine de cavaliers, ils étaient accompagnés, en outre, des
deux généraux, Margaron et Béruelle, de l'adjudant-géné_
raI-colonel J. Calmet..:Beauvoisin et du capitaine de hussards
Dejean, munis d'une çommission leur donnant, nous le ver_
rons bientôt, les pouvoirs de réquisition les plus étendus (1).
Ainsi l'avaient voulu les trois Comités réunis de la Con-
vention. .
L'auteur des Derniers Montagnards rapporte ainsi, (d'après
un opuscule du c

Tissot, beau-frère du représentant Gou-

jon), le début du pénible voyage (2).

(1) MARGARON (Pierre), né le 1" mai 1765, devint baron de l'Empire
général de brigade de cavalerie (1805), g'énéral de division (18t3), chevalie~
de Saint-Louis (1814), inspecteur général de gendarmerie, inspecteur de cava.
lel'ie dalls les 12 et 13

di visions (1815), lieutenant général, grand officier
de la Légion d'honneur. Il mourut à Paris âgé de 5D ans, le 17 décembre i824.
(v. M. oniteur, n° du 2i décembre, Biographie moderne, 18'15, Biographie des
llOmmes 'vivanfs 1818 ... elc.)
,Nous n'avons pu découvrir aucune notice du général Béruelle, dont le
nom (que nous avons peut-être mal lu, ou qui a été mal orthographié), ne
fig'ure ni dans les annuaires, ni aux Tables du Moniteur.
Quand à l'adjudant général Calmet-Beauvoisin, c'est sans doute le
même personnage dont il est question au Moniteur du '3 nivôse, an VII.
Réimpression, tome XXIX, p. 570.
Armée d'Orient.
Ol'dre du g'énéral en chet du 22 vendéruiaire, an VII ('13 octobre 1798).
« Le citoyen Beauvoisin (Calmet), adjoint (aux adjudants généraux),
)) ayant quitté le poste qu'il avait à l'avancée et tenu des propos propres il
)) décourag'er le soldat, sera provisoirement destitué et renvoyé en Fl'ance
» par la première occasion. Il sera tenu en , al'l'estation au Caire et à
» Alexandrie jusqu'à son embarquement. Sera mis à l'ordre du jour. ))
, Signé: BONAPARTE

Enfin le capitaine Dejean appartenait probablement il. une famille, dont
plusieurs membres militaires ont des notices dalls la Biog. I1""0 des contem-

porazns.
(2) Souvenirs de la jouruée dl! té, prairial, an Ill, contenant dellx écrils de
Goujon, son hymne en mllsique ; suivis de sa déf'euse. de celle de nomme el
de BourboUe et de deux lettres de Soubrani. Publié pal' F. P. TISSOT fils
aîné. ' A Paris chez Oaunier, libraire au Jardin des Plantes, an VIlI
(t v. in-l8 de 2i6 p.) . ,

DE'UXIÈ E ·PART'IE

Table des Mémoires publiés en 1913

Pages
Les Mégalithes de la commune dé Spézet par A.

JARNO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

II. Les tumulus· du Ruguello en Trézény (Côtes-du-

Nord) par ~. MARTIN et l'abbé PRIGENT ...... . 6
III. Eglises ' et Chapelles du Finistère par le Chanoin~
PEYRON (CanLon de Lanmeur) (suite) .. , ..... . 20
IV. Première contribution à l'Inventaire des monu-

ments mégalithiques du Finistère' par AIL

DEVOIR .. ' ........................ . .... 42-77-142·264

v. Norges Oldtid par G.' GUSTAFSON~ traduction du
Commandant LE PONTC)IS. Chapitre VIII. Con-

servation des monuments; dispositions de

la loi ............. , ......................... ~ 47 .

VII.
VIII.

Danvez Gériadur. Màtériaux pour compléter les

Dictionnaires Bretons-Français par G. ESNAuLT 55-110
Note SUI' la Chapelle et le Calvaire de Perguet en
Bénodet par Ch. CHAUSSEPIED ... " " ..... " .
Note SUI' l'Arc de Triomphe de Sizun par Ch.

CHAUSSEPIED .. , ..... ' . " ... ....... .. . . . .. .. .. 74

IX. Le Cahier du Seigneur de Roslan par L. LE
GUENNEC lOlO ~ ". 85
X. Notice sur les Seigneuries. de la Roche-Helgo-
marc'h, Laz et Botiguigneau par R. DELAPORTE . 155

XI. La Révolution en Bretagne. Les Derniers Mon-
tagnards 1795 par PR. HÉMON.. . ........... ; 177 ·271

XII. Etudes sur le. Cap-Sizun. V. NoLiee historique

sur la Seigneurie de Lezoualc'h e:r;t Goulien et
ses Anciens Seigneurs par D. BERNARD. . . . . . 193
XIII. Pêcheurs cornouaillais et XV· siècle par H.
W AQUET.. lOlO......................... lOlO..... 249
XIV. Le Marquis de PontIez, légende par le Chanoine
PEYRON .... ..... .

261