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Société Archéologique du Finistère - SAF 1913 tome 40 - Pages 6 à 19
'LEST ULUS ,DU R
en Trézény (Oôtes-du-Nord)
" La petite ' commune' de Trézény, à 8 kilomètres dans
l'Est de Lannion, ' doit ~onnom à un saint· Breton (1). Elle
compte 340 habitants 'disséminés dans les belles fermes
et exploitations agricoles' de son' riche territoire car l'ag-
glomération qui forme le bourg ne:comprend que l'église;
entourée (le son 'cimetière, le presbytère qui l'avoisine et
quatre ou cinq autres maisons. Elle occupe l'extréïùïtB
'orientale d'un plateau formé par une longue , chaîne inin-
terrompue de hauteurs '. de 100 à 115 mètres d'al-
titude allant de l'Ouest 'à l'Est et servant de ligne dè
partage des eaux entre les nombreux cours d'eau qui
vont se jeter dans la- Manche au Nord et les petits affluents
des rivières du Leguer et du Guindyau Midi. Aussi du
belvédère que M. rabbé Fleury; recteur de --la paroisse, a
fait élever dans l,e jardin de son presbytère où nous rece-
vions la plus ' aimable et large hospital'iié,Îa: vue
embrasse-t-elle de tous côtés,: exce'pté dans l'Ouest; un
magnifique panorama de pltls cIe 20 kilomètrès d'e rayon: .
De pareilles cOlfditions ' géogra.phiques soilt bien : faites
(t) Saint Sezny, devenu Senny et Sény. On ne sait rien de saI' de sa vie;
il passe pour Irlandais et aUl'ait vécu au VIe siècle. Il a aussi donné sonnomà
Guissény (Ploe-Sezny) canton de Lannilis, (Finistère); à Lossesny(Loc-Sezny)
en Loguivy-Plougras, (Côtes-du-Nord), et à un autre Guissény. en Bouvron,
(Loire-Inférieure). Dans la .Cornouaille Anglaise il est le patron de Sithney,
Sidny et l'on relève, dans un acte de 1401, un nom de lieu Tre-Sithney abso-
. lument identique à notre Trézény Armoricain.
Nous devons ces renseignements à l'obligeance deM. J. Loth, professeur
au Collège de France.
.ponf·attirer l'attention de l'archéologue préhistorien parce
que favorables àla présence de tumulus, généralement
élevés sur des 'P9ints dominant un vaste horizon, et si la
consultationrlu cadastre dela commune où elles se pré·
sentent.1ui livre des noms de champs évoquant le souve~
rür d'une butte (1) il ne doit pas hésiter à aller les voir.
C'e~t ainsi que l'un de nous a découvert le tumul us qui
fait l'obj~t de cette note lors d'une visite faite à son con-
frè. re de Trézény, Il est situé à 500 mètres à vol d'oiseau
. du clocher .de l'église dans une pièce· de terrP- sous labour
. a;P.p~lé: P, arc-ar-Dossen (n° 283 de la section A du cadastre)
appartenant à la ferme du Ruguello (2). Le chemin vici-
nal partant dubourg pour aller rejoindre à t500 mèttes
dans l'Est, laroute départementale d~Lannion ft Tréguier,
borde cette pièce au Sud oùune barrière y donne accès . .
La butte se dresse dans la partie N.-O. · du champ, la plus
élevée, car le sol yest incliné en pente douce vers l'Est et
le Slld., Elle a conservé une forme assez régulière de calotte
~phériquemalgré ·le passage fréquent de la charrue qui
Va fortement écrétée en élargissant sa base dont il est
difficile actuellement de préciser le contour. Sa hauteur
peut être estimée de 2 mètres à 2
50 et son diamètre
. de 30 à 40 mètres. Aux yeux de son inventeur l'aspect en
. était bon, tentant même; mais son expérience lui a appris à
quelle~ désîllusions sont exposés les fouilleurs de buttes
artificielles et .que des sondages préalables peuvent seuls
en fixer la valeur. C'est une précaution que depuis long
temps nous avons prise l'un et l'autre avant d'entrepren
dre l'exploratiçm d'un tumulus. Grâce au préciéux con
cours du reqteur de Trézény la délicate question d'auto
risation à obtenir tant de la part du propriétaire que du
(i) Crug,' Run, Butten, Motten, Mouden, Vouden, Dossen, Tossen.
(2)Pour Runguello.ll est bien probable que c'est le tumulus,Run, q:ui q fait
donner ce nom â.la ferme où il se trouve, . . . . .
fermier est enfin tésolue " après de no'mbréu'x'poiirparler&
et débats sur la fixation ,de l'indemnitéà 'verser. On peut
'do"nc se mettre à 'l'ouvrage. Nous somrües ' à: la 'fînde
'septembre et le temps, clair, sec, ensoleillé est 'des ,
plus propices. Un sondage est effectué sur le flànc · Est ,
, de la butte. Après l'enlèvement , de là terre ' arable" ,la
pelle attaque une argile jaune-brun, comp'acte, homo-
gène, semée de petits grains de charbon dont l'écràsé-
rrient prodùit ces larmes noires chères au fouillèurs, et
'renfermant aussi quelques morceaux de poterie rougeâtre.
Tout cela est'de bon augure. Après avoir bouché le trou,
condition imposée'par le fermier, nous opérons un second
sondage un peu plus près du centre. Même charbon plus
abondant, mêmes fragments de poterie et plusieurs éolats
de silex. Il ne peùt plus y avoir de doute', la'butte est bien
un tumulus funéraire. Au fond du puits qui atteint 'près
de 2 mètres de profondeur, on a' rencontré' un gros
moellon qui dégagé laisse voir qu'il n'est pas seul et la
pensée d'un galgallious vient simultanérrient à l'esprit.
Le nouveau trou est atissi comblé et comme la nuit appro-
che nous 'remettons au lendemain la èontinuatio"n des'
fouilles après avoir tracé à l'endroit qui nous parait , être
le centre, les limites' du cercle que nous voulons 'explorer.
Dès le matin on est à l'ouvrage, mais plUsieurs ouvriers
manquent à l'appel et, bien à -regret, il n'ous faut rétré'cir
le champ de nos recherches. A un mètre de profondeUr,
dans la même argile ' tachetée de charbon, la 'pene vïent
heurter une pièrre de granit placée h,brizontalement 'què
nous mettons à 'découvert sur tIne assez grànde étend ue.
Son bord SUd est à peu près au milieu dé 'la fosse 'et il est
flanqué de larges moellons plats disposés ,dans un certain
ordre et s'étendant vers le Sud. On enlève quelques-'uns
d',entre eux qui toucilent le rebord de 'la table d tout à
coup apparaît un trou noir, un vide où l'on introduilune
. - canne sans en toucher le fond.. L'enlè.ve~ent · ~'autr.es
. moellons permet d'agrandir ce vide qui bientQt mesure
on~35 entre le dessous de la table 'et un énor;me . bloc
de pierre impossible, à remuer et se . prolonge en dimi-
nu'ant régulièrem'ent de hauteur jusqu'à plus cl'un,mètr:e
dans. l'Ouest où il finit. Le soleil va passer au méridien
. dans un ciel sans nuages et ses rayons pénétrant dans
l'ouverture faisant face a:u Mi(li que nous venons de
. dégager, le vide si noir tout à l'h~ure s'éclaire bri1lamme.nt
.etnous voyons une, granrlQ chambre à mur~ ~açonnés à
.pierres sèches dont celui du Nord, que le .soleil viellt frape.
perdirectement fait dire à des curieux, qu'il est :D. 9nstr. uit
.en briques. Ses moellons, petits, disposés en as~ises a,ss.~z
.régulières et en .grande partie rougeâtres, :lui donnent en
effet., cette fa. usse app. a. rence: Une très heureuse fortll:ne
avait guidé le ehoix 'de l'emplacement que nous avions
démarqué pour opérer la fouille au sommet du tunlulus.
Elle nous a amenés sur le seul point, par où il ait été pos:-
sible de pénétrer, ùans la chambre grâce à une . défectuo
sité de la table qui trop étroite 1).' a '.pu ,recouvrir le mur en
. cetendroit laissant entre BIle et lui un espace libre que)es
constructeurs avaient bouché par un dispositif de petites
dalles si bien agencées que, là pas plus q~l'ailleurs,aucune
infiltration ne s'est produite .dans la chambre (fig. 5). SUI'
tous les autres côtés, à l'E$t, au Nord et à l'Ouest; nOti. s se:-
rionsvenusnousheurter sur les gros ·blocs en encorbe11e-
.ment placés 'au haut des murs et sur lesquels la . table
vient reposer (fig. ~). On va 'à la ferffi'e chercher , une
échelle, cal' il y a un saut de 2 mètre:.; à faire, et ',grâce
à elle M. l'a:bbé Masson, professseur d.emathématiques au
Collège Saint-Joseph à . Lannion, ' qui nous avait prêté
depuis le commencement des fouilles, qu'il a suivies avec
un vifintérêt, le concours le plus efficace, peut · s'intro-
duire . dans le monument, Ilon sans quelqu~s rudes frôle·
ments.A notre gran(f dése'spoir noUs n'avons pu l'ysui"
vrenotre corpulence plus encore que notre âge nous atta-
chant au rivage. Il fallait être agile et mince . pour péné
trer par cette étroite ouverture. Nous ne pûmes que lui
donner les instruCtions les plus détaillées, les plus préci:..
ses sur . ce que nous attendions de ' son intelligente et
dévouée collaboration: II a trouvé la chambre absolument
:dégagée, sans la moindre dégradation des murs, sans
infiltration nulle part. Sur le sol bien uni uné couche inin
terrompue de bois pourri de 3 à [) centimètres d'épais,..
seur, mêlée ça et là de cendres, sous laquelle ' en quel.:.
ques endroits et particulièrement oans l'Ouest existe dt;!.
sable de mer. Sur les murs, en dessous oe l'encorbelle-
ment, les joints entre' les moellons gardent aussi des res:..
tes ~le bois pourri qui semblent indiquer un revêtement
des parois ou plutôt l'existence d'un second plancher
soutenu par (de 'fortes ' traverses-qui auraient assuré en
même temps la tenue des murailles opposées. Sur cette
couche de bois, objet de la plus mjnutieuse attention; il '
iidécouvert ·en NI (fig.t) une petite lame d'ivoire, puis plus
dans l'Est en N les nombreux f:t"agments d'un vase. Dans
l'après-midi M. l'abbé Fleury a pu aller rejoindre M.Masson
êt lui prêter son aide pour prenore les dimensions et des
'ër6quis côtés de la chambre. L'aire de celle-ci est un rec~
tangle aux deux petits côtés ai-rondis de 4 mètres de Ion':'
gueur sur une largeur moyenne de 2 mètres, la partie
Ouest étant uri peu plus large que' celle de l'Est, d'environ
Om10 '(fig.t). Hauteur sous table 2 , mètres. Les murs
sont faits de petits et moyens moellons p,n assises assez
régulièrés,celle du bas plus haute que les autres; A
30; de hauteur ils sont remplacés par une ràngéè
de grandes pierres ayant jusqu'à 1
40 de long
sur Om70 et 0 mètre 80 .d· 'épaisseur, oont nous avons ·
p· arlé plus haut,: faisant saillie, ' d~20 à
30 · centimètres
1 22 .
pour'former' encorbellement (fig. 2). Elle est interro·m~
pue sur tine partiè du mur Sud où les assises de moellons
.vont jusqu'au haut, leurs derniers rangs chevauchap.t
l'un sur l'autre pour suivre l'encorbellement général
(fig. 3 et 4). Les gros matériaux ont dû manquer. ,
_ Un complet balayage de la chambre et la- mise à nu du
sol composé d'un tuf argileux tassé" compact, dur, n'a
rien fait déc'ouvrir de nouveau'. , Pas autre chose qu'un vase
et une laine d'ivoire oans cette vaste sépulture.
Nous venons de donner la rlescri ption architecturale
complète de l'intérieur du monument. Il 1).' a pas été 'assez
largement dégagé pQur que l'extéri.eur, nous soit aussi
connu; mais notre fosse centrale qui s'étend, au Sud,
bien au delà du bord de 'la table, va nous permettre d'é
tudier, sur ce point, des détails de construction d'où il
sera facile de conclure de la partie au tout. Le ,mur Sùd
a une largeur de Om80 et est soutenu au dehors par
,un blocage d'assez grosses pierres, le tout constituant un
gagal qui monte seulement à la hauteur rlu rebord de la
table et s'étend jusqu'à 2 mètres 50, où nous avons ren-
co:qtré, lors du second, sondage, une des pierres de sa
base (fig. 5). Il n'est pas douteux' que la 'même dispositiol).
sc retrouve sur les quatre faces du monument. ,
La table a au moins 4 mètres de longueur; un de ses
,boüts n'a pas été dégagé. Sa lar.geur, au milieu, où elle 'est
fendue transversalement, est de 2
10 et son épais
seur de , Om~m à OrnoO. C'est un ,granit grisâtre, 'type
d.e Plouaret, qu'on ne trouve qu'à 7 ou 8 kilomètres
dans le Sud de Trézény, alors que tous les autres maté
riaux employés dans la construction du monument sont
des granits roses porphyroïdes, types de Perros,qui exis tent sur place, et des schistes cristallins colorés dont
les gisements sont aussi dans le voisinage immédiat du
'tu'muhis' . Ces defll:iers constitueqt la' presque " totalité , de
la maçonnerie à' petits et moyens moellons, tandis que les
gros blocs d'en, corbellement et l'assise inférieure de~
rnurssont en granit rose. Les préhistoriques nous donnent
ici une nouvelle preiJ ve de , leur connaissance pratique
des rochers, comme des minéraux, dont ils avaient à faire
usage. Ils sont allés chercher à plusieurs kilomètres un
granit dont 'les affleurements devaient leur , procurer
la grànde table néC'essaire à la couverture de la sépulture,
sachant que le granit rose qu'ils avaient à pied d'œuvre
ne pouvait la leur fournir. Au dire des géologues il serait
tout à fait impossible de détacher une pareille dalle dans
ces derniers granits. -
Le Vase (fig~ 6)
Avec les morceaux recueillis il nous a été possible de .
reconstituer toutun côté tlu ' vase depuis le fond qui est
entier'jusqu'à l'orifice dont nous avons les deux-tiers.
Fait à la'main d'une pâte rougeâtre fine, bien homogène
sans mélange de quartz, mica, ou autre corps étrang'er,
il mesure Om22!) de hauteur Om24 de plus grande largeur,
Om09 de base et Om14 d'ouverture. L'épaisseur des parois
est partout, même au fond, de OmOO!) seulement. A l'exté-
rieur, surface brune . plus ou moins foncée suivant la '
- cuisson, polie ou lissoir, luisante et d1une tenue parfaite.
'Celle de l'iritérieur est noirâtre, lisse aussi; mais, eu
plusieurs endroits, des plaques minces se sont détachées
comme si une glaçure avait été appliqllée sur la pâte pour
la rendre imperméable. Sa forme est èelle de deux troncs
de cône accolés par la base sous un angle 120°. Une
seule anse, épaisse de om012, large au milieu de Om04!) ,
ayant la moitié de la hauteur du vase, part du col, un peu
'au-dessous des lèvres de l'ouverture, pour venir se
souder, en s'évasantlargement sur la pap.~~1 à la jonction '
des deux troncs de cône au 'dessous de laquelle elle, se
prolonge en dessinànt un arc de cerclerlont la décoration'
que nous allons décrire suit l e contour. Elle consiste en deux
rangées de rlents de loup remplies de hâchures,·la pointe,
en bas~ séparées à l'angle de jonction par une bande, large
de ,om012 formée de 3 cercles parallèles entre ' lesquelles
le poinçon a tracé une série de petits traits incliné$. Une
pareille · bande. plus large, composée de quatre ' cercles
avec les mêmes tra.its, se voit au col, au dessus de la ran
gée supérieure des dents de Iou p, plus.longues que celles
d'en bas. L'anse porte de chaque côté une étro~te. bande
du même genre, entre lesquelles sont gravés, de haut en
bas, deux rangs rle long traits parallèles incliné$ ensen~
contr, aire. Toutes ces lignes ont été tracée~ d'une main
très sûre dans la pâte crue avec une pointe sèche, un poin~
çon en métal à en juger par la netteté d~ la gravure et la
technique particulière des traits. .' :, "
. Objet en ivoire
C'est une petite plaque en forme de lame de. poignard
brisée aux deux bouts, longue actuellement de Om033,
large de OmO 18, les bords coupa~ts, ébréchés . par
endroits. Sur les ,deux faces existe une nervure mé-
diane .de forme triangulaire très allongée, longue de
047, dont les deux grands côtés ,sont décorés de trois
filets en creux tracés dans le relief niême de la nervure
dont la section est en arc de cercle. Puis" entre le triangle
et les tranchants on distingue les restes de filets en relief,
un de chaque côté, qui devaient se rejoiridre plus haut,
vers la pointe. La plaque a 0
0043 d'épaisseur àhi base de
la nervure et Om0023 au point où cellè-ci vient se fondre
avec le plat de la lame d'ivoire. Cette dernière examinée
à la loupe et au micros.cope pré$ente bien la structure' .
lamellaire de cette substance, bien différente 'de celle de
i1ôs. Nous avons déjà signalé la présence de l'ivoire daris
les manches de poignard du 1 ~r âge ;du bronze armori-
cain (1). Il peut provenir des dents .d'animauxmarins
apportées de la Grande-Bretagne ou de défenses d'él~-
phant venues d'Espagne et du Nord Afrique car il est bien
certain qu'à ces époques reculées les communications
. par mer étaient déjà fréquentes entre ces régions c. et
fArmorique. .Les détails d'ornementation que nous
venons de décrire appartiennent en propre à l'industrie mêlée d'art des armes de bronze de notre extrême
Occident. On est frappé de la ressemblance, on pourrait
dire de l'identité, qu'offre, la décoration d.e notre plaquè
d'ivoire avec celle des lames de poignard figurées sous
les nOS 303 et 308 de l'ouvrage de F. Evans (( L'Age du
bronze dans la Grande-Bretagne et l'Irlande )) '(2).
; Elle semble en être la . copie, et nous aurions là un-
nouvel exemple de ce lien de parenté · industri~lle et
artistique, que l'un de nous avait notée à plusieurs
. reprises (3), qui a uni les populations préhistoriques. de
deux côtés de la Manche.
, Ir ne semble pas doüteux que nous ' sommes ici en
présence d'un fac-similé en ivoire d'un poignard ' en
bronze ' de l'épo'que, œuvre d'art bien différente des
simlIlacres, généraleme-q.t assez grossiers, 4u'on a rencon-
trés quelqüefois dans les ' sépultures antérieures. A lui
seul' cet objet, jusqu'à ce jour unique, fixe aussi bien la
(late du monument que le féraient de nombreuses armes
, (1) A. Martin et abbé ~rigent .. Le Moudeli-Bras Bulletin de la
Société Archéologique du Finistère, i907. · .
, (2) Tr~duction W. Battier, ,Librairi~ Germer-Baillère et Cie; année l888 .
· (3) A. Martin . Les Sépu liures Arnloricaines à belles pointes de flèche en
silex Anthropologie, mars-juin: i900, p. 04. . ' .
. .' A. MarHn Les ' fusaïoles en piel'l'e ornementées du Département des
Çqtes-;du-:ljord - Bulleti~~ de la Société Archéologique du Finistère, 19i2,
p. 35. .
éh bronze " dont il est bien prohablement destiné, à
rappeler le souvenir. A mesure qu'on s'éloigne des·
premiers, temps de l'Age dh bronze,. avec ses riches
mohiliers funéraires pù les pointes de flèche en silex se
mêlent aux armes de métal souvent décorées de . clous
d'or, n1ais où la poterie 'fait totalement défaut, les dépôts
d'objets en bronze auprès des cendres du mort devien
nent de moins en moins importants; quelques lames rle
poignard seulement, sbuvent une. seule,' puis toute trace '
de métal disparaît. C'est avec l'apparition des vases à
anses, que se manifeste. ce changement dans les , rites
funeralres.
Le vase à une ou plusieurs · anses, devient l'ohjet
prinCipal, caractéristique de la sépulture et s'il est d'abord
accompagné de quelques poignards, il finit par constituer
à lui seul tout le mobilier. L'explorati,on des tumulus
armoricains, du type du Ruguello et particulièrement
ceux très nombreux du Finistère, nous fait assister à
cette évolution, d'une façon saisissante (1).
Le monument que nous venons de fouiller appartient à
ce genre très particulier de sépultures de la deuxjème
période du · bronze armoricain, caractérisée par, une
chamhre . maçonnée à pierres sèches, avec plancher en
bois, recouvert d'une table dolménique, et dans laquelle
. a été déposé un vase à anses, avec ou sans armes de
bronze. Un seul jusqu'id avait été signalé dans les Côtcs-
du-:Nord, celui du Run, en Plougreseant, fouillé en ~t8~82
où l'on a trouvé les restes d'un YJlse -et des débris de-
bronze très oxyd..é (2')-:
(i P. du Chatellier . , Explorations SUl' les montagnes d'A n'lIées '
Imprimerie Fr. Guyon, 1897, Sur plus Je 20 tumulus de l'espèce-fouiHés, '--
4 seulement avaient i, ~ ou 4 poig'nards avec un vase: Tous les autres, un
vase seulement.
(2) G. du Mottay Répertoire arclIéologique des Côtes~du-Nord, p; 360.
~ Lè l\1"orbihan en possède plusieurs et le Finistère' url;
très' grand nombre. ,
· L'orientation presque générale est l'Est et. l'Ouest. . .
A cette époque il parait y' avoir eu à peu près unité de
· conception architecturale et de mode de eonstruction
pour. les sépultures alors qu'à la période précédente,
première du bronze, elles offraient, dans leurs dispositifs,
la ·plus grande variété, depuis. la chambre. mégalithique ·
jusqu'au simple dépôt des cendres et du mobilier sur un
plancher au centre dela masse argileuse du tumulus)
sans la présence d'aucune pierre.
· R~nnes.,. 15 Jarwie.r 1913.
A. MARTIN, ABBÉ PRIGENT ..
FIG. f
.A . . 1 - " 1" fi
Ouest
Est
,N 1 · 1
, c. 1 . 1 ~
~~'fih',,- 1 . 0 1
1)1 .: ,.1'{ ' pl ' . .
Plan de la Chambre
Oz O z
Cupules dL! m enhir renversé (Bois du Duc)
M.enhir renversé dans parc Tricorn, au Nord du menhir debout.
M.enhirs renversés au Sud du menhir debout (Bois du Duc) .
lHenl1ir debout _ de Guel'nangouc.
Supports du dolmen de Guernevez
FIG. 2
Coupe en A B et élévation du mur Nord
Au 1/50
FiG. 3
Coupe A B et élévatiçm du mur Sud
Au 1/50
BULI,ETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. ' TOME XXXIX (Mémoires 2),
Est
FIG. l~
Coupe en CD prise face à l'Est.
Au 1/50
FlG . . 5
Cl)upe en E F prise aussi face à l'Est
montrant le galgal de soutènement des murs et la défectuosité de largeur de la tab le
qui a permis de pénétrer dans la chambre en P.
Au 1/50
FIG. 6
Le Vase au 1/3.
FIG. 7
Lame d'Ivoi1'e
DE'UXIÈ E ·PART'IE
Table des Mémoires publiés en 1913
Pages
Les Mégalithes de la commune dé Spézet par A.
JARNO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
II. Les tumulus· du Ruguello en Trézény (Côtes-du-
Nord) par ~. MARTIN et l'abbé PRIGENT ...... . 6
III. Eglises ' et Chapelles du Finistère par le Chanoin~
PEYRON (CanLon de Lanmeur) (suite) .. , ..... . 20
IV. Première contribution à l'Inventaire des monu-
ments mégalithiques du Finistère' par AIL
DEVOIR .. ' ........................ . .... 42-77-142·264
v. Norges Oldtid par G.' GUSTAFSON~ traduction du
Commandant LE PONTC)IS. Chapitre VIII. Con-
servation des monuments; dispositions de
la loi ............. , ......................... ~ 47 .
VII.
VIII.
Danvez Gériadur. Màtériaux pour compléter les
Dictionnaires Bretons-Français par G. ESNAuLT 55-110
Note SUI' la Chapelle et le Calvaire de Perguet en
Bénodet par Ch. CHAUSSEPIED ... " " ..... " .
Note SUI' l'Arc de Triomphe de Sizun par Ch.
CHAUSSEPIED .. , ..... ' . " ... ....... .. . . . .. .. .. 74
IX. Le Cahier du Seigneur de Roslan par L. LE
GUENNEC lOlO ~ ". 85
X. Notice sur les Seigneuries. de la Roche-Helgo-
marc'h, Laz et Botiguigneau par R. DELAPORTE . 155
XI. La Révolution en Bretagne. Les Derniers Mon-
tagnards 1795 par PR. HÉMON.. . ........... ; 177 ·271
XII. Etudes sur le. Cap-Sizun. V. NoLiee historique
sur la Seigneurie de Lezoualc'h e:r;t Goulien et
ses Anciens Seigneurs par D. BERNARD. . . . . . 193
XIII. Pêcheurs cornouaillais et XV· siècle par H.
W AQUET.. lOlO......................... lOlO..... 249
XIV. Le Marquis de PontIez, légende par le Chanoine
PEYRON .... ..... .
261