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Bulletin SAF 1912


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La coiffe bretonne

M. Le Carguet

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1912 tome 39 - Pages 283 à 332

Son origine. Ses variations à travers les siècles.
Ses mutilations et sa prochaine disparition .

1. - Classes sociales
JI Y a un demi-siède, la coiffure des Bretonnes avait encore
conservé, dans les petites villes; les signes distinctifs des clas­
ses de la société .

Le Chapeau, avec son armature de feutre, de carton ou de .

paille, était l'attribut exclusif de la noblesse.
Le Bonnet, à rubans de couleurs variées, posé sur la ch eve- .
lure en bandeaux, appartenait à la classe bourgeoise, celle des
gros commerçants.
· La Coiffe blanche, bonnet aux ailerons absents, au fond,
élargi ou approfondi, pour enclore la chevelure, indiquait
l'artisane des petites villes, la femme du patron ouvrier,. celle
des petits bo u liqu iers· . .
La Coiffe paysanne, aujourd'hui autant variée qu'il y a de
paroisses, quoique sortie d'un type unique, appartenait,
seule, à la campagnarde, la femme du laboureur de la terre.
Ces division. s étaient si bien tranchées si bien respectées
dans chaque classe, qu'un proverbe a pu dire.
- « Il n'y a cl quitter le costume de sa mère, que III fille qui a forfait
« cl son honneur. »
Un dicton breton, aussi énergique que le latin, qui, cepen-

dant, « dans les mots brave l'honrJêteté. » a également
stigmatisé la paysanne quittant sa coiffe blanche pour prendre

les modes de la ville. .

- « Hon-na' neuz chansed kis

(c TI'oed he reor e bourc'his ! » ,,'

- 284 ".

Nous donnons, de ce dicton, une traduction ad usum del-
phini. . . ,
-" « Fille qui a quitté son costume,
« est bourgeoise, de. dos, seulement. »-
Cependant, dans la classe bourgeoise, la demoiselle était,
parfois, admise ' à prendre le chapeau. C'est quand le père,

gros commerçant, pouvait s'intituler négociant.

Mais cette transformation du bonnet à rubans en chapeau,
ne se faisait pas sans critique. La jeune fille, qui ' changeait
ainsi de classe, tombait sous la langue du monde. Le diman-

che de Pâques, autrefois, dans toutes les paroisses, on inau-
gurait les habits neufs, et, pour la première fois de l'année,
des souliers de cuir, pour aller à la Grand'messe. La bour-

geoise déguisée ob.éissaitaussi à cette ancienne coutume. Mais,
quand, au milieu de la 'foule, pour atteindre sa chaise au haut
de l'église, elle s'avançait, angoissée et rougissante, peut-être
aussi bravant, sous les bords de son premier chapeau, son
cœur, certes, n'était pas à l'unisson de L'A lleluia de la fête.
Elle savait que la paroisse entière passait en revue sa mise,
et que la rumeur publiql~e déSapprouvait.
Plus tard, quand le chapeau n'ombrageait plus que des
cheveux .blancs, si la bourgeoise déguisée, oublieuse de son
origine, s'avisait de dire: (ce que nous avons entendu: ) -
- « Pour moi, je suis née en chapeau! »
On ne se faisait pas faute de lui insinuer qu'elle

- « sortait de derrière un comptoir. J) -

Ce compromis entre les deux premières classes existait aussi

entre la classe des artisanes et celle des bourgeoises .

Cependant' l'artisane gardait mieux les distances. Elle
acceptait bien la robe, le camail, les franges de la bourgeoise.
Mais jamais elle n'aurait osé ajouter, même un discret ruban
de couleur à sa coiffe blanche. Mais cette coiffe blanche s'ornait

de broderies, d~ dentelles de toutes provenances, dont les rela~
tions maritimes facilitaient l'introduction. Les vieilles armoi-

i'es, en chêne sculpté, ont ainsi contenu des trésors aujourd'huI
insoupçonnés. Avant la Révolution. l'artisane cossue portait,

même à tous les jours, la longue cornette blanche, que l'on ne
retrouve plus qu'aux plus grandes solennités rel· igieuses et

aux manages. '
La paysanne, seule, savait garder intacts le costume et la
coiffe de sa paroisse, portés par ses aïeules. Cette coiffe blan­
che, en toile de ménage) œ'Uvre de sa maïn, encadrait et
ombrageait si bien sa figure; et les volutes de ses menton-

nières retroussées .tombaient si naturellement et si gracieu-
sement sur ses épaules. La paysanne d'autrefois avait le sens
inné de l'esthétique.
, Bien différente est cette large coiffe en toile de ménage,
d'autrefois, de la minuscule coiffe, en tissu léger, à la­
quelle la paysanne d'aujourd'hui, de tendance citadin8, donne
la raideur et le disgracieux d'un huit de chiffre, à force d'em­
pois et de borax.
L'étude de la coiffe bretonne, attribut exclusif de l'artisane
et de la paysanne" ser"a le but de cette notice.
II. Caractère religieux de la coiffe bretonne
La coiffe blanche n'appartient pas, exclusivement, à la Bre-

tagne. On la retrouve en différentes contrées éloignées
et sans relations suivies entre elles ' particulièrement la

Suède, la Norvège, la Hollande, où plusieurs types de coiffes
rappellent celles des Côtes-du:.Nord.
En Savoie, aussi, lors du voyage du Président de la Répu-

blique, on a remarqué « les costumes traditionnels des

« Mauricennaises et notamment des femmes des Villars, dont
« la large cornette em pesée rappelle à la fois la coiff' u1'e de
ceTtaines religieuses et celle de la majorité des Rretonnes )) ( 1 )

(n Revue des Traditions populaires, 1912, p. 82. _. L'évolution du costume,
par L. Jacquot

- 286-
bu l'este, le mot coiffe n'est pas d'acc'eption bretonne. Il
dériverait soit de l'allemand Kop/, tête, ou . de la basse latinité
coffia, cu/ea. Cette dernière acception se trouve dans un pas­
sage de la 'vie de Sain te Radegonde, dans laquelle Fortunat
rapporte que la princesse, en voyage, s'arrêta dans une église.
Là, touchée de la sainteté du lieu, elle déposa, en offrande, sur
l'autel,' ses camisas" ma, nicas, cu/eas, ses tuniques, ses man­
chettes, ses coiffes.
Il est donc impossible, à cause de la diffusion de la coiffe
blanche, de connaître la région dans laquelle elle a pris nais­
sance. Il est même probable que cette orig.ine est multiple: la
coiffe ayant dû se créer partout où J'industrie du lin était con­
nue. Quand à la similitude de forme, dans des régions éloi­
gnées, cela s'explique par les mêmes nécessités climatériques
qui ont exigé un même indumentum capitis, et aussi par le
voisinage et l'influence des communautés religieuses, éparses
en tous lieux et autour desquelles se sont groupées Jes popula-

tions.
Le caractère religieux reconnu à la coiffe
encore plus évident dans l'ensemble des
. nes.
savoisienne est

coiffes breton-
L'étranger qui a vu un pardon de Bretagne, assisté à une
assemblée, à une foire, rencontré un groupe de femmes endi­
manchées ou en deuil, procédant à une neuvai-he ; s'il a, sur­
tout suivi, à travers · Ies campagnes, le défilé d'une procession .
de la Fête-Dieu ou des Rogations, cérémonies pourlesq uelles
toute idée de coquetterie est exclue de la mise, éprouvera cette
première impression: '
- «( Le costume noir de la femme, surmonté de la coiffe
« blanche, ballante, rappelle, dans son ensemble, les anciens
. «costumes monastiques. » -
Cette impression se trouvera encore renforcée par l'attitude
réservée, 'ou recueillie, des femmes, en harmonie avec leur

costume. C'est un sentiment inné chez le Breton, impression-

rrtste, qûeson âme soit toujours à l'unisson avec l'ambiancè
de son corps. (1) . . .
Ces observatIons répétées, dans un grand nombre de parois­
ses, même éloignées les unes ' des autres, amèneront encore à
cette autre conclusion que nous avons maintes fois entendu

formüler :

- « Les coiffes de Bretagne, quels que soient leurs types,
« ont, toujours, une ligne, une disposition, une coupe, une
« pièce quelconque qui sont, à toutes, communes: » -
. De là on peut déduire, à l'encontre du vieux dicton,

Kant bro, kant kis, ...

Cent pays. cent coutumes ..
« que toutes les coiffes bretonnes, si variées actuellement,
« ont une origine commune, et dérivent d'un même indumen-
« tum capitis ancien. ))
Le type primitif de la coiffe bretonne a été créé par l'agen­
cement, ou l'adjonction, de la cuculle et du voile auxquels on
a donné la lorme plutôt monastique que laïque.
III .. - Anciens vêtements de tête: le bardocuculle ;
le voile. .
Le P. Héliot ('I), rapporte que, partout, les ordres religieux

primitifs ont adopté des costumes semblables à ceux des popu-

lations pauvres au milieu desquels ils s'établissaient. Ainsi
les chefs religieux, conducteurs d'émigrations de la Bretagne

insulaire, en Armorique, portaient les costumes civils des
Scots et des Hibernois. Cet usage s'est continué lors de la

création d'ordres religieux nouveaux.

. (1) Société Archéologique ' du Finistère. . L'élégance de la Femnie en
Basse-Cornouaille. '.
(2) Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, par le R. P.
Héliot, religieux pénitent· du Tiers-Ordre de Saint François.· (L'édition
qu'il nous a ~té donné de consulter, porte cette mention manuscrite:
,( Destiné par les soins des R. R. P. Pierre Chrysologu.e de Quimper, Henri
et Joseph d'Audierne, au couvent des capucins d'Audierne. »

-' ' 288

'Nous ne èiterons que l'ordre des Sœurs Blanches du Saint-
Esprit, fondé par Jan Leuduger, en 1706. Ces religieuses
portent encore aujourd'hui, sauf la couleur, le costume des
paysannes de Plérin, tel qu'il e' xistait au commencement du
XVIIIe siècle.
Plusieurs textes anciens nous ont fait connaître les habil­
lements des moines émigrés de la Grande-Bretagne.
C'étaient: (1)
1° La Cappa, appelée aussi cuculla, coccula, sorte de surtout
épais fait d'une grosse étoffe de laine laissée dans sa couleur

naturelle et munie d'un capuchon. Elle recouvrait la tête et
les épaules. C'était le vêtement d'intérieur qu'on déposait
pour se livrer aux travaux des champs.
2° Le PalLioLum, 'appelé parfois Pallium, ample manteau
enveloppant le corps, et qui se prolongeait en un capuchon.
Une seule couture, au milieu du dos, et un capuce, reliait les

deux peaux ou ,les deux pans d'étoff!~ qui entraient dans .la
composition de ce vêtement. C'était le vêtement de l'extérieur
servant en voyage.
La pointe du capuce de la cuculla était orn'éed'une mèche
ou d'une touffe de' poils, tel l'ancien bonnet Kukurluk du Cap-
Sizun.

Ces deux vêtements étaient des dérivés du manteau gaulois,
dont le poète latin Martial indique l'origine en lui donnant le
nom de Rardocuculle de lfL Saintonge.

Les Romains portaient. ~ussi un manteau ressemblant au
BardocucuIle; ce vêtement, appelé cape illyrienne ou Bordaï-

que, était porté par tous les colons de la campagne au
ne siècle.
Les Gallo-Romains également quittèrent bien vite la toge

romaine; si incommode avec ses six aunes pleines d'étoffe, et
restèrent fidèles à leur,costume national.

, (1) Vies de S'-Cado, S'·Malo et cartulaire de Landévennec : La Borderie:
Histoire de Bretagne, tome 1

" pag:es 511~ notes . '

289

Le Musée de Moulins possède de nombreuses statuettes qui
reproduisen.t différents types de Bardocuculles.
Lors du repeuplementde l'Armorique et la reconstitution

de la nationalité bretonne, le vêtement, le manteau, ou camail
à capuchon, le Bardocuculle était répandu partout. Il était
commun aux deux sexes, et s'est perpétué jusqu'à nos jours;
Ainsi, c'était le sac, ou pluvial que François Le Su portait
au bras, en '1641, lorsqu'il se présenta. devant le Chapitre de
Quimper, pour être admis à la prêtrise. C'est encore aujour-
d'hüi la cape du Béarn et des Landes; le palin [(cign~oc'h de
Pont-l'Abbé et le sac Pen-Oc'h du Cap-Sizun, au commence­
ment du dernier siècle, etque porte la vieille mendiante- du Mu­
sée ethnographique de Quimper (na 34); puis, en réduction, la
capeline pointue des · femmes de ~hor, à Khuon, près de Brest;

le capuchon avec camail de Plogastel-Daoulas et des paysans
de ·Guissény.
Outre le capuchon, les femmes portaient parfois le voile. Il
était considéré comme l'emblème de la virginité. De temps
immémorial, la jeune mariée romaine était conduite àla céré­
monie nuptiale, la tête couverte d'un voile. Il devint aussi le

vêtement de tête des religieuses. Le P. Héliot rapporte que
saint Mel donna le voile à sainte Brigitte d'~rlande . On
. suppose quece voile était noir. Mais ordinairementîl était de

lin : d'où le nom de Linea, (sous-entendu: Vesti"j, donné au
voile blanc. .
Le voile n'était pas l'attribut exclusif des religieuses. Les

jeunes filles chrétiennes que leurs parents vouaien t à Dieu,
sans pour cela les éloigner de .1& maison paternelle, porlaient
aussi le voile. Leur consécration était comparée à un mariage
avec le Christ. .
Le voile était donc un vêtement laïque, aussi bien que reli-

gleux.
Par dessus le voile, comme vêtement pour l'extérieur se
portail le Pallium avec capuchon. Le Pallium changea alors
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. . TOME XXXIX (Mémoires 19)

2gb -

de nom; il devint la super lineam, le vêtement qui recouvre
le voile blanc, la supelLinen bretonne.
Plusieurs décisions des conciles avaient d'abord obligé les

femmes à se présenter à la Sainte Table, la tête toujours voi-
lée.Plus tard, la discipline devint encore plus sévère, et le

voile fût de rigueur pour assister aux offices, même pour entrer
dans l'église. « La femme n'était point faite à l'image de
. Dieu; » expliquaient les Vieux liturgistes, « c'est par elle

que la prévarication a commencé sur la terre. »--
Le voile devint alors commun. Les prêtres le donnaient aux
veuves et aux religieuses, sans avoir consulté l'évêque;
et les autres femmes se voilaient elles-mêmes pour avoir
un prétexte de servir quelque église: Le concile de Paris, en
829, fit cesser ces abus.
Alors, devant cette double condamnation et le stigmate
qu'on lui imposait, que fit la femme? Son embarras ne fut
pas long. Eile mit d'accord les deux décisions et, cela, au seul

point de vue de son agrément.
En France, sous Charles Le Chauve, le Pallium fut converti
en voile.

En Bretagne, la linea et la su,pa lineam, supellinen, furen t
réunies en un seul vêtemen t de tête, qui est la première
coiffe bretonne, tenant, du Pallium, son capttce et son camail,
et, du voile, sa ljisagière. '
Cependant le voile persista. On le retrouve encore dans les

coiffes bretonnes de gala ou .de cérémonies. '

IV. La coiffe bretonne: définition; constitution

Nous définirons la coiffe bretonne: ,
- (( Un v~tement de tête à (m'me et à destination d'habit
'religieux. ))
Elle possède donc un double caractère: c'est d'être une
. garantie du corps, tout en présentant une forme modeste qui
n'exclut pas l'élégance.

~ . 291

Les étoffes qui entraient dans la composition des coiffes pri-
mitives étaient des plus grossières
Le voile des femmes de basse condition était fait de filasse
de lin. La toile fine était un objet de luxe. En 87t, Jérémie
évêque de Vannes, envoya en présent au pape. au nom du roi
Salomon, trente tuniques de lin fin.
La cape secomposait d'un tissu de laine brute avec filasse
de chanvre. Les anciennes étoffes brunes des chupens des pil-
· Jaouers, et les lien-pillou. des cotillons et des tabliers de travail,
des femmes en donneraient une idée ..

C'était peu pour satisfaire à la coquetterie innée chez la des­
cendante d'Eve; l'ancienne société laissait si peu de place à
la femme de ba~e qualité.
Mais celle-ci a su donner au Camelin de sa supellinen, drap
de laine fauve sans teinture du ten1ps de Saint-Louis, et à
la toile d'étoupe de lin de son voile, des coupes, des froncis,
des agencemen ts, des dispositions qui ont déterminé le Velnm
capfratum, le vuile capelé, la coiffe bretonne. (Fig. 1.)

FIG. 1.
Voile scindé en quatre parties pOUl'
constituer la coifle.

li; . \ 1

En gardant ses troupeaux et aux veillées d'hiver elle s'est
adonnée aussi à tirer de sa quenouille des fils de plus en
plus ténus; si bien que la grosse toile de chanvre « grosse
comme un sac de moulin » devint, après le XVIe siècle, la
belle toile de ménage qui a conservé à la coifle bretonne, sa

orme archaïque
toutes les coiffes .
et en (ait aujourd'hui la plus esthétique de

V. - Voile et Cuculle

Quelles étaient les dispositions du voHe et de la cucu Ile dont
la réunion a créé la coine ?

Au IX

siècle, le voile chez les princesses, parait avoir été
talaire. Dans les classes inférieures, ses dimensions devaient
êtres moindres: probablen1ent l'aune. C'est, du reste, la mesu­
re que l'on retrouve, avec le mètre actuel, la petite aune, dans
beaucoup de coiffes non mutilées. Quelle que fut sa dimension,
le voile se portait simplement sur la tête et enveloppait le
corps par arrière. Les bords formaient des pli'S sur la face et
ces plis étaient retenus sous les bras par devant. '

'Le capuchon du Pallium, d'après Dom Claude de Vert (1),
- « éta it , à l'origine, un 'capuce servant à couvrir la tête;
( proprement un coqueluchon, cucullio, ou cucullus du mot
( grec J( oukoulion, et en premier lieu, Ku/dos, qui veut dire
« un cercle, parce que ce capuce, ou capuchon, couvrant la

( tête, forme en effet un cercle a utour du visage.» .
Les épaules, la tête et la poitrine étaient donc garanties par
le capuchon; le visage encadré et ombragé par le voile.
Pour obtenir ces résulta ts, La coiffe. a pris, au Pallium, sa
forme, et au ; I)oile, son etoffe, Jans toute sa grandeur.
II. Formation de la coiffe
Pour former la coiffe, le voile a été scindé en quatre par-

\ tIes: '/,g. ~ .
L'une a servi à la visagière ; les trois autres, au fond et au
camail.
La visagière, (bisachenl, après avoir encerclé la face et
garanti la tête, se prolonge, en deux ailerons pendants sur la

(1) Explication des cérémonies de l'église.

.. 293 ,
poitrine. Elle est double; un retroussis se rabat pour ombra-

gel' la figure, ou se replie sur la tête.

Visagièl'e

FIG. 2

Ch. 1
Agencement du voile ell coiffe .

2. . . . . . . . . . . . . . . . . . Stl"ad

,------- 2b~ lOS~11
3 Chouken

KouigIl

AB ........ ....... o ' Deon
CD................ RicJeZ
KI\.. . . . . . . . . . . . . . . . Kern

RR.......... ..... Ribl
Ch. . . . . . . . . . . . . . . . Chillkelloll

Camail
Le camail, (chouken), élargi par les deux triangles d'étoffe
les kouign, encoignures ajoutées à sa base, protège
l'arrière de la tête, le cou et les épaules.
La ligne qui attache la partie supérieure du chouken, à
l'arrière de la visachen, s'appelle le teon, ou deon, l'épaisseur
ou 'doublé.
Le capuce n'existe pas. Le camail, simplement attaché par
quelques points de coutùre à l'arrière de ' la visachen, pend,
dans toute sa longueul', du sommet de la tête sur les épaules.
Le KukLos, cercle, était obtenu par deux lacets: tantôt
attachés au bord antérieur de la visagère et se nouant sous
le menton . ancienne coiffe de Taulé, XVIIIe siècle (musée de
Keriolet) ; tantôt le lacet attaché à l'arrière du camail, à la
hauteur de la nuque, est ramené en avant du cou pour y être
fixé (ancienne coiffe de Pleyben).
Plus tard, le capuce s'est constitué par une coulisse serrée à
la nuque; ç'est, sans doute, la Frole mentionnée aux comptes

- 294

d'achat de lingerie d'Anne de Bretagne. La fdsure faite par
cette coulisse à l'arrière de la coiffe, faisait saillir, transver­
salement au sommet de la tMe, ainsi des cornes, les deux
coins supérieurs de la chouken. La poche ainsi faite pour
enserrer la tête, s'appelle le Strad, le fond, ou capuce, et les
deux cornes saillantes aux deux f'xtrérnités du deon, les J(eTn

les cornettes.
La supellinen et la coiffe blanche présentent, toutes les
deux les mêmes parties et les mêmes di"isions. (Fig. 3.)

FiG. 3

Coi/re .primitive. Supellinen du

Cap-Sizun

Dans la coiffe, nous aurons à étudier:

la visachen ;

la cho'ilken ;
3° le strad ;
4° le deon ;
5° le kern.

VII. - La visachen. - La Visagière

La Visagière, c'est l'ancien voile qui donne à la coifle bre-

tonne,80n caractère religieux. Elle en a gardé la simplicité et
l'élégance. .

Elle se rabat modestement sur la figure et choit sur la poi.

trine quand la femme entre à l'église, ou en signe de deuil.
- « Perag m'eo dibrenn ho kœITou ? -
- « Pourquoi vos coiffes sont-elles pendantes? » -

demande, dans la ballade de Luze!. .- ( an aotro al' c'hont» -
à ses servantes éplorées, la jeune comtesse · à qui l'on veut
cacher la mort de son mari.
Les extrémités de la . visachen se retroussent aussi, en gra­
cieuses volutes, sur la tête, dégageant les mouvements du cou

quand la femme se livre à ses travaux.

Par sa blancheui' elle atténue le hâle de la figure paysanne,
brûlée par le soleil et les intempéries; elle s'harmonise avec
le teint mat des artisanes qui se tiennent à l'abri, dans leur
boutique ou derrière leur comptoir, et prête son éclat
à la face émaciée par la souffrance ou les privations. Elle
jette aussi une ombre discrète sur les traits trop accentués, et
fait de son ovale un cadre élégant, aux figures délicates .

La longueur primiti ve de la visa chen devait être l'aune; le
voile dans touLe son étendue; sa largeur, le palevarz, le quart
de l'a une.
Elle se compose de deux parties: le cercle qui entoure le
front et les joues, le kelc'h ; puis les deux ailerons, les chin­
kellou, ou mentonnières. Le bord qui encadre le front, s'appelle
le ribl.
Les ailerons relevés au sommet de la tête, trOLtSSOLl, sparl, et
faisant deux volutes tombantes sur les épaules portent le nom
de la tentament, tenta amenta, ailerons attachés. La coiffe de
dessus des Sœurs Blanches, se dit aussi l'Entendement. Sa
forme est ce lle des autres coiffes paysannes avec chouken et
le nom a certainement la même etymologie latine. (Fig. 4.)
Lu première mutilation de la visagière a retranché complè­
tement les mentonnières à la hauteur des pommettes. D'où le

- 296 - , .
nom de genosse, genœ ossa, os des joues,donné à cette forme '
de coiffe, à Brest, Landerneau, Lannilis, Quimper, etc. C'est '
la coiffe des artisanes qui ont jugé trop lourds, trop encom­
brants, les ailerons, po Jr se livrer aux soins de leur ménage .

FIG. ft. Coiffes de Plestin (Côtes-du-Nord) en 1708
Costumes des Sœurs du Saint-Esprit
Coiffe
Sans camail

Entendement
(Tentamenl) avec camail
rétréci ou cllOlzken (collvre-nuque)

La seconde mutilation a été faite dans les centres mariti-

. mes. La femme du pêcheur, qui n'est plus campagnarde et pas
encore citadine, a scindé ses ailerons par la moitié. On a com­
paré cette forme d'ailerons, ramenés de chaque côté de la

nuque, aux deux nageoires pectorales des poiEsons, situées
derrière les ouïes .

La visagière a été aus'si rétrécie, et le ribl porté en arrière, .
de manière à découvrir la racine des cheveux. A Audierne, les
cheveux, jusqu'à ces dernières années, étaient ramenés, sans

raie médiane, vers l'arrière de la tête, tels que les portait
Anne de Bretagne, sous sa cape bretonne.
A Carhaix, Gourin, la visagière et les ailerons ont complète­
ment disparu, et sont remplacés par un simple liseré encadrant
. ' un étroit fond de coifre ou une petite résille.
La coiffe à ailerons (type Ca]Jen) est la plus répandue en
Bretagne. Mais la façon de placer l'épingle qui relie ses ap~

297

pendices, en fait autant de variétés bien distinctes (fig. 6.)
A Plouhinec, les ailerons sont posés à plat sur l'arrière de la
tête; à Plougastel-Daoulas, relevés perpendiculairement et
fixés tout contre le fond de la coiffe, sans volutes. A Foues-

FIG. 6.

Variété de la coiffe" type Capen " résultant
de la place à l'épingle qui retient les ailerons' .

B 1. .. ...... Châteaulin, Pont-Auen
B 2......... Beuzec·Cap
A 3.. . . . . . . . Cap-Sizun

B 4- , . '. Plouhinec

C 5 . . .. , . . .. Pont-Croix, Rosporden

o ABC
nant, Rosporden, etc., avant d'être attachés à l'arrière,
ils subisssent une torsion. Dans le Cap-Sizun, les aile-

l'ons, relevés obliquement, et attachés par leur , bord
intérieur aux cornes arrière du sornmet, donnent, de
profil, à la coiffe, une forme pentagonale. Le peintre Henri
Royer, dans plusieurs tableaux, dont l'un, « L~ Vœu»­
se trouve au musée de Quimper, fait gracieusement ressortir
cette form e. A l'Ile de Sein, les ailerons sont épinglés obli­
quement au sommet de la tête; la volute est fermée à l'ar-

rière eto-uverte par devant. A Scaër, jadis, les ailerons,
épinglés au sommet de la tête, avaient leurs volutes relevées
et largement ouvertes. C'était la coiffe de la « Marie » de
Brizeux.

- " 298
. Gand hé c'hoef digor d'au avel,
Hi oa é ghiz eun dUl'zunel, .
Pa' nem zis pleg' hé di ou askel. -
- Avec sa coiffe ou verte au vent,
Elle était comme une colombe
Qui déploie ses ailes. -

La caractéristique des coi fIes anciennes des Côtes-du-Nord,
principalement de Tréguier, était d'avoir les plus longs aile-

rons, dont les volutes tombantes couvraient entièrement les
épaules. Le Morbihan et la Loire-Inférieure possédaient aussi
des coiffes à ailerons, longs et larges, laissés ballan ts sur le
dos.
Les chinkellou (chink-askellou) ont subi de profondes
modifications dans leur ampleur et leur agencement. A Paim­
pol, elles sont taillées en triangle (la forme Tuukp,n).

. A Sizun, Châteauneuf-du-Faou, etc., elles so nt réduites à un

simple liseré qui forme, par sa raideur, deux cercles étroits

aux côtés de la tête, c'est le huit de chiffre. L'ancienne chink:..

goLoen, de Roscoff, dont les ailerons étaient noués sous le
menton (d'où son nom), n'a plus que de rudimentaires appen-
dices. ~
Cependant quelques ttansformations originales ont. créé
récemment de nouveaux types de coiffes. C'est cette même
chink-goloen, en tulle de soie, qui n'est mise qu'une ou deux
fois, car cette étoffe ne peut se la ver; elle a ses deux cornes,

J(ern-fJ1aout, latérales qui dominent la tête et des longues
brides de dentelles ou chinkellou qui, rcunies au dos llescen­
dent à la ceint'Lire en déterminant une ellipse. C'est encore la
coiffe de Saint-Thégonnec, avec ailerons en large dentelle,
formant uue couronne 'verticale posee sur le front. Puis à
Châteauneuf-du-Faou, où le huït de chiffre, est devenu Lln

nimbe CiTC'Ltlaire au-dessus de la tête. En iconographie relj-
gieuse, ]a couron ne est le symbole de la dignité, et le nimbe,
celui de la sainlelé. Félicitons les jeunes filles de Saint­
Thégonnec et de Châteauneuf d'avoir hautement arboré ces

. ' , 299

emblèmes qui doivent certainement, - n'en doutons pas, ' 1
traduire fidèlement leurs aspirations.

VIII. - La Chouken. - Le Camail

La chOttken dérive de l'ancien capuce. Dans la banlieue de
Brest, la coiffe a sa poi n te relevée; à Morlaix elle est
tombante. Ces deux dispositions existent aussi dans les vête­
ments monastiques.
Primitivement, la c/wuken était reliée à la visachen, par
quelques points de couture seulement. On en trouve IfS
dispositions dans les coiffes de deuil de Pleyben et de Concar-

neau. (Fig. 7.) La coiffe Lorientaise quoique bien mutilée,
FIG. 7.
CoilTes primilives sans capu chon enserrant la nuque.

1 0 CoifTe ancienne de Concarneau

2° Coiffe de deuil de Pleyben
en x esl attaché, pal' un point
de cO/./ture, /.ln lacet qui se
lIoue sous le menlon.
relie de même par quelques points d'aiguilles, son fond à la
visagière; les deux pans de celle-ci, très courts et fortemenl
empesés pour s'écarter de la tête, ballottent au vent. '
Le camail a été aussi resserré au tour du cou, par des lacets

- 300-

à coulisse. Cette disposition est commune au plus grand
nombre des coiffes. (Fig. 8.)
FIG. 8. Supellinen

Lanmeur Brest

Ile de Sein Ile de Bath

La chouken était un vêtement incommode 'pour se livrer
aux labeurs agricoles. Les anciens moines déposaient leur
cape pour travailler aux champs. (( Vir almus, (,tlaclo­
ouuis,) ... qnatinus posset operarîdel'osuit cappam, in quolibet
-vineœ LoceLlo. )) (vita S. macloou ui) .

Les paysannes, au contraire, ont retranché la chouken, au
cou, sous la coulisse. (Cap-Sizun, environ de Rennes, Côtes­
du-Nord, etc.).D'autres l'ont échancrée (Rosporden, Bannalec,

Pont-Aven, etc.); dans ces paroisses, la partie conservée du
camail, est rattachée latéralement aux ailerons, telle
la fileuse du nouveau . Musée départemental. D'autres

- 301 .

aussi l'ont rapetissée; ainsi dans le Léon, se trouvent des
coiffes du même type, avec ou sans cet appendice: les coiffes
chonken elles rli-cho1Jkcn; dans la chouken, cette partie n'a
plus que la largeur de la main. .

Les coiffes artisanes, genosse et autres, ont les chinkellou
et la chouken enlièrement coupées. Mais le ribl de la visagiè­
re est orné d'un basin et d'une denlelle qui, se prolongeant

également en arrière comme le chouken, font un touret,
parfois de denlelle de prix, à la coifIe. (Fig. 5.)

Pomponne
de Pont-Croix
FIG. 5.

Coiffes artisanes (sans ailerons)
Genosse de Brest Coiffe d'Auray
Les ailerons et le camail de la coiffe primitive sont tantôt
de même longueur, tantôt inégales, selon que la pièce
formant cbouken . est attachée par son côlé le plus
large, ou par son extrémité étroite. Mais toutes les chou­
ken son t élargies, à la base, par les deu.y, 7 ) etits triangles
d'etoffe rin 'roite, les kouign, pour mieux protéger les épaules.
Ces deu.x: tl'iangles sont caractéristiques. On les rencontre
presque partout dans les coiffes de Brel.8gne, même dans celles
dépourvues d'ailerons et de couvre-nuque, telles les artisanes,
les coifIes d'Auray elc. C'est un si(lne .de parenté et d'origine

communes éntre toutNi les coitres bretonnes.
La disparilion du chouken a dû faire époque dans l'his­
toire du costume breton. Un dicton cél èbre cité par Du Gues­
clin alors qu'il s'emparait ùes places forles de la Bretagne,
pendant l'exil du duc Jean IV (1373-1378), en a gardé le sou-

vemr:

'. 302
" « Qui a Bretaigne sans Jugon,
« Il a chape sans chape l'on. » -
La coiffure bretonne a gardé sa partie la plus importante:
le chaperon avec les ailerons pendants. Mais comme c'était la
coiffe paysanne, on l'appelait par dérision: Cati aLLa, marmite
ou écnellc de cha.t. C'est le nom qu'elle porte encore, Catiotle,
dans l'arrondissementde Morlaix, Saint-Brieuc, celui dePloër­
mel, aux environs de Rennes, etc. Sous d'autres noms, tirés de
celui de la paroisse. ou de la région, elle est la coiffe la plus
répandue dans les campagnes des cinq départements bretons.
(Fig. g.)
FIG. 9
Variétés de la Coiffe" type Capen " réS!! llanl des modifications du SU'ad
€holllœll
de Gu issén y
Grande coiffe
de Lanmellr
Bicorne. de
Sn i n I-J ca n -8 l'ti \'c I~ y
Pontivy
IX. - Le Strad. - Le Capuce

Galles
de Plumelin
Sa i n t -J c~ Il-Il l'ti v cl. J
Lestrad, ou f()nd, est la partie du voile qui, attachée à l'ar­
rière de la visagière, formE:' le capuchon de la coiffe.
Dans la coiffe bretonne, la visagière a peu varié: des règle'3
ca,noniques avaient fixé implicitement son attribution; elle

303 -

remplaçait le voile qui donnait, à la femme, la libre entrée de
l'égli?e. . >
Le stl'ad, au contraire, devait uniquement senir à garantir
la tête. C'était simple à obtenir, eL la forme la plus commode
toute trouyée, crUe de la ClI(;'IIl1P monastique ou du Bardoc1..l­
cule. Mais le serpent qui rôde toujours autour de la fille

d'Eve, pour la tentel" se logea. un jour, dans le fond de sa
coiffe. Depuis ce jour, le serpent sous la forme d'une boucle

de cheveux rebelle, incite constamment la femme à lfJodifier
cette partie de sa coiffure.
Innombrables sont les formes données au capuchon · de la

. coiffe .
. Ainsi les rides du froncis qui l'ont déterminé ont été prolon­
gées verticalement jusqu'au sommet et ont fait le coej-rided de
Beuzec, des bigouden, et beaucoup d'autres, éparses dans toute
la Bretagne. Ces rides au lieu de partir de la base, ont aussi

rayonné comme un soleil, autour d'un point central: c'est le
f{ ac' h Pod (Cati oLLa) d' Arza no.
Le capuchon est tantôt carré, ovale, ou rond. Il se rétrécit à

l'arrière de la tête ou la déborde en large disque. Il tombe en
sac sur le cou (Morlaix), ou se surmonte d'un autre petit
capuce (brugerez de Pont-Croix). Il estaussi cornu (Roscoff.)
Il adhère à la tête ou s'en écarte en tirant à lui la visagière,
. (Loire-Inférieure coiffe Pignon, Elven, ·Guérandaise, etc.) . .
Et quand il a obtenu la complicité d'une large visagière,

pour l'éloigner lui-même de la tête, le champ est ouvert à

ses plus capricieux épanouissements .
. Mais la coiffe bretonne a su toujours garder, dans ses mul­
tiples transformations, ['harmonie de ses pTolJOrtions, lais­
sant à la visagière la prépondérance et son élégante simplici­
té. Ainsi la corne d'abondance bflsqllaisc, dont la pointe ren­
versée se projetait en avant; les larges éventails elles volumi­
neuses crêtes bordelaises ou normandes, n'ont pas eu entrée en
Bretagne; pas plus que ( les cornes, merveilleusement

f f'i ~
304 ' :

« hautes et larges, des atours décrites parJuvenel des Ursini
« ni les hennins et aultres habillements de parage. », c.onl
lesquels tonna un carme breton, frère Thomas Couette. 1J
portes des chaumières bretonnes étaient trop basses, pour le
livrer passage, raites seulement pour la cornette li' Anne

Bretagne.
x. Le Deon, attache du voile et du capuce 1
Ledeon, coulure simple, sans rides, ni froncis, comme
capeline de Trégunc, reliant la visagière au camail, a détera
minait primitivement à L'arrière et à distance de la tête, p
une ligne horizontale.
Le deon n'avait pas assez de consistance pour mainte
l'étoffe dans cette disposition. Etirée par le poids clu camail,
visagière se creusait en rigole, d'avant en arrière. On trou
cette dispo. sition dans le groupe en albâtre de la chape
de Saint-They, du Cap-Sizun, dont le principal perso
nage, au dire de Marc Le Clerc, artiste peintre décoratel
représente le Christ de la flagellalion, au lieu d'un saint Séb
tien. Les coiffes des trois orantes agenollilléesau premier plan
groupe, ont cette dépression médiane, et à bords parallèles,
la visagière, très marquée; il ne faut donc pas confondre cet
coiffure avec le hennin double, s'épanouissant, comme 1

atours, en deux cornes divergentes.
On a évité cet affaissement cie . l'étoffe cie la visagière, Il
supprimant le camail et le capuchon, qui ont été remplace
par une coiffette en toUe épaisse et rigide, et, plus tard, en cal
ton; puis en renforçant le deon, ou couture, par un e ti ge
bois, le spaTl de Meilars et Mahalon, ou par un double ourle
le bord léden de Quimper, Plomodiern, Coray, etc. La lign
arrière de la coiffe, ainsi renforçée avait un demi pied de 10
com me lessparleguen ; ou II n tiers de pied com me les bord léde 71
Peu à peu, et localement, selon les caprices féminins, le de

à diminué d'étendue. Constituant le plad-bien, ne mesurant
plus que deux pouces ; puis le bien-plad, moins d'un
pouce (Plogastel-Saint-Germain) ; enfin la bigouden, où le
deon n'est plus qu'un bec de quelques lignes; mais ce bec fut
surmonté accidentellement d'une pointe effilée qui n'est autre,
d'après la tradition, que le clocher de Lambourg, rasé par
ordre du roy-soleil, lors de la Révolte du papier timbré, le jeudi

;) septembre 169;), dans la matinée, et que la femme de
Pont-1'Abbé a fièrement arboré, en signe d'indépendance, au
sommet de sa coiffe (1).
Les coiffes constituées par le renfoncement du deon, sont
cantonnées, les bigouden et · sparléguen, sur le territoire de
l'ancien pagus Cap-CavaI, et les autres, les bord-léden, sur

celui de Quimper, la ville-siège de l'évêché de Cornouailleau
Moyen-âge. (Fig. 10.) \ .

1° pal' un disque de
bois
(Coiffe Pichou)
de 'Plomelin
FIG. 10 .
Types de coiffes à deon renforcé

2° pal' une barre de bois
(sparl)
ou Ull ourlet
(Sparléguen Bord-lédan)

3° en poin te
(Bigouden)
CeS coiffes, entre lesquelles une lointaine similitude de con­
formation seule existe a ujourd'hui, et dont les a gencements sont
l'opposé de ce qu'ils étaient il y a moins d'un siècle se sont
créées sur place. Elles n'ont rien de commun avec la tiare
persanne ou thibétaine, pas plus qu'a. vec le phallus antique, ou
. (1) Etude et11llogl'aphiqùe sUt' les ·bigouden. Soc. Al'ch. Finistère.
BULI .. ÉTIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. TOME XXXIX (Mémoires 20).

le hennin coupé. Ce sont des coiffes ' bretonnes,comme les .
autres, et de même origine et qui ont aussi
prépondérance du voile parle capuce.
pour caractère la

XI. Le Kern, la Cornette '
Le velum caperatum, le voile capelé, s'est constitué non
par une simple couture comme le groupe des coiffes précé­
dentes, mais par des rides et des froncis reliant le camail
à la visagière. (Fig. 11.) ..

Ces froncis avaient, autrefois, une disposition qu'on retrouve

dans les coiffes de localités éloignées. Ils représentent un
demi-fleuron, uniforme, à orbes concentriques, s'étalant aux
deux' angles supérieurs du capuchon. La base du fleuron,

composée de quelques pljssés serrés, est reliée à la ' visagère

par le deon.
Lorsque la coiffe est ouverte, ces fleurons forment deux
cornes au haut du capuchon de la coiffe. Ce sont les Kun,
et de là est venu le nom de Cornette, ou plus régulièrement
de K e1'nette . ~
Une infinité de coiffes portent ces deux cornes, qui sont plus
. prononcées dans le Léon; telle la coiffe de Saint-Pol, la
chinkgoloen, les Kern-maout, etc.
La coiffe de l'Isle de Batz a les Kern les plus saillants de

toutes les coiffes actuelles.
Une autre disposition du fleuron a aussi créé la coiffe uni-

corne. C'est quand les plis de la base du fleuron occupent
tout le cintre du capuchon et se prolongent en rides sur tout
le fond. Ce sont les coeflou-rided, ou brugèrez de Pont-Croix,
de Beuzec-Cap- Sizun et de Poullan principalemen t, et aussi
l'ancienne bigouden. Dans la coiffe brugèrez, avec laquelle
on confondait autrefois la bigouden, le Kern forme un petit
capuce se profllant au sommet de la coiffe, comme l'aigrette
des vanneaux d'où le nom de brugerezed Poullan, donné à ces

. ·301 .

volatiles, pat les femmes du Cap-Sizun qui ont les deux KetÎ'i
à leurs coiffes.

XII. - Le Voile. - Coiffes de cérémonie
L'usage çlu voile, commun chez les Grecs et les Romains,
s'est propagé avec le Christianisme.
, Après la formation de la coiffe, les vierges et les veuves
ont continué à porter le voile; c'était leur vêtement de tête
habituel. .
Les monastères de femmes, par leur multiplication, contri~
buèrent encore à maintenir et étendre l'usage du voile. A ces
communautés étaient affiliés des converses, des oblates, des

associées laïques qui faisaient pénétrer dans les familles,
l'esprit et en . quelque sorte le costume de ces communau ..
tés ('1). ,
. Parmi ces sœurs laïques, les prêtres des campagnes breton­
nes trouvaient, sans doute les gouvernantes de leurs presbytè·
res. La discipline ecclésiastique défendit d'abord, aux prêtres,
d'avoir, chez eux, même en cas de besoin absolu pour leur en-

tretien, des femmes étrangères à leur plus proche parenté. Plus
tard, cependant, les gouvernantes furent tolérées dans les
dépendances des presbytères. ~lIes étaient voilées. Le nom de.
Ca1'basen, qui sert encore aujourd'hui à les indiquer en serait
l'indication. En effet, ce mot est le même que le mot
carbasus qui sigpifie voile de lin, sorte de tissu léger se
fabriquant en Espagne. Ces dignes gouvernantes, d'âge et
' d'allures canoniques, avaient, dans leurs cuisines, perfec~
tionné le latin, qui a servi ensuite à dénommer plusieurs
types de coiffes, tels ' que genosses, catiolles; tentament,
etc.

Le voile, seul, sans le concours du capuce, a

serVI a creer
_______ _~. __________ F ! 'T ",. . 7 . ",

(i) Quîcherat. Histoire du Cast/une en France.

.- 308 . - -

un groupe de coiffes qui se rencontrent encore au]our-
d'hui (t).
C'est, à l'île d'Ouessant, la coiffe habituelle, composée

d'un simple voile de Om45 sur Om35.. Il est posé à plat sur
la tête, le bord antérieur formant visagière; l'arrière est
replié en carré laissant choir un pan de l'étoffe sur la nuque.

Il est maintenu de chaque côté par une épingle~

Les plis de ce voile sont les mêmes que ceux du taleden
ancien de la bigouden, avec les deux cornes au sommet.
Le voile constitue encore les coiffes de cérémonies, en usage
pour les fêtes solennelles, les pardons, la première communion,
les mariages.
Ces coiffes se composent du voile, daqs toute sa longueur,
la grande aune, 1 m 20, et plus; avec le palevars, ou quart de
l'aune, pour largeur. Des coiffes, plus récentes, ont pour
mesure, la petite aune, ou le mètre, avec ses subdivisions.
Elles se posent sur un chignon, enserré dans une petite
coiffette détachée. Une échancrure du bord postél'jeur du voile
permet de l'ajuster.
Les ailerons sont laissés pendants, ou retroussés sur la
tête de manière à former une double visagière. Cette dernière
disposition se rencontre dans l'ancienne coiffe de Lesneven,
dite coiffe Karred, ou coiffe en bâche.

(i) Au Japon, le voile est commun: « La coiffe primitive est un
« simple rectangle de toile destiné à protéger du soleil le visag"e de la
. « femme de la campagne, et, aussi ,' sa chevelure, des poussières .

« La fille des champs, la domestique des villes arrivent à donner, à
« une serviette rectangulaire, des plis gracieux qui encadrent si joliment
« leur visage, tout en protégeant leur chevelure enduite d'huile de ca­
« m élia.
« La manière de se coiffer rappelle la Quimpéroise de l'ancienne mode,
« . la cllikoloden, etc.
« Ma bonne, une Boudhiste, à l'aide de sa serviette, imite à s'y mé-
« prendre, toutes les coiffes bretonnes anciennes, sans que je lui donne
« d'indication. » .
Jos. LE CARGUET

Osaka " Sakurajima, 22 décembre 1.912 .

'. ' 309
Une autre disposition enroule ces deux pans, en cornet, à
l'arrière de la tête. C'est la coiffe conoïde appelée aujourd'hui
Cornette, qui n'a aucune parenté avec la cornette ou Kernette
du moyen-âge.
Le cône formé par les ailerons enroulés se termine tantôt
par une pointe (Plounéour-Trez, et6.) : tantôt il est tronqué,
et la coitIe ouverte plus ou m8Ïns à l'arrière (Douarnenez,
Pont-Croix, Crozon, etc.) (Fig. 12.). Pour figurer une double
visagière, le voile est parfois doublé d'un volant (Morlaix).

FIG. i2.
Coiffes de cérémonies dérivant du voile

1'!'55

Kernette de Douarnenez
étalée

Kernette d'Audierne

Coiffette détachée pour serrer le chignon
(Schéma)

La mode locale détermine la direction de la pointe, qui,
s'élève au-dessus de l'horizontale, ou s'abaisse au-dessous.
A Plonéour-Trez, elle est surélevée de plus de 45°. Nous avons
assisté au pardon de Cha pel- Pol, près de Brignogan, où toutes
les femmes portaient de longues cornettes, la pointe haute.
C'était un curieux spectacle de suivre les mouvements

f _. 310 2

d'ensemble de tous ces cônes de mousseline, s'élevant, s'abais­
sant, décrivant d'amples circonvolutions à chaque nouveIfe
attitude que prenaient les assistantes.
Dans le Tréguier et le pays rennais, la coiffette, au lieu
d'être détachée du voile, est cousue au milieu de l'échancrure
du voile. C'est cette coiffette étriquée, en disproportion avec
l'amplitude du voile, qui a fait nommer cette coiffe la CatioUe
l'écuelle de chat. A Saint-Brieuc et dans les paroisses avoisi­
nantes, toute les jeunes filles portaient la catiolle, le dimanche,
il y a environ trente ans .
Dans six paroisses de l'ancienne seigneurie du Léon, se
trouve encore une forme de coiffe dérivant du voile; c'est la
Ker-napa ou Kern-n'a pas, la coiffe 'sans corne, ni cornette .
Cependant, une couronne, ou bourrelet serni-circulaire, en

foin ou paille fine, qui s'attache à l'occiput pour maintenir la
coifIe, s'appelle le Kern. Peut-être est-ce aussi une ironique

allusion à l'ancien servage: Ker-n'a pas, sans domaine .

Cette coiffe se compose du long voile, à l'arrière duquel est
attaché un écusson de carton, de la forme de l'ancien écu
seigneurial (Fig. 13). Le voile se pose à plat sur la tête,
l'écusson pendant sur la nuque. Deux épingles attacheht le
FIG. 1.3.

Kernapa du Léon avec son écusspn de carton E
voile de chaque côté de la tête, et les pans flottent comme
deux étendards sur les épaules.
C'est la coiffe de cérémonie des paroisses de Kernouez,

311 ---

Saint-Frégant, Goulven, Plouider, Plounéour-Trez, Kerlouan,
et Gllissény.
Or, un rentier de la châtellenie ducale de Lesneven, de l'an
14:55, iridique les paroisses de Plounéour-Trez, Kerlouan, '
Kernouez, Guissény, Elestrec, ou Quiqu?'llo et Kernilis,
encore assujetties au droit de servage de la glèbe, ou de motte.
Le cantonnement des coiffes actuelles, ,avec leur écusson,
correspond à ces paroisses, Est-ce là un si m pie hasard?
Doit-on considér'er cet écusson comme une marque de
servage imposée par les seigneurs du Léon .qui n'avaient .

tenu aucun compte de la grande mesure d'affranchissement
prise vers 9:50, par Alain Barbe Torte ?
Nous n'avons trouvé aucun texte s'y rapportant, mais nous
avons constaté que les seigneurs du Léon se sont, un jour
montrés jaloux du maintien de leurs droits et privilèges. Voici
dans quelle circonstance:
Une ordonnance de François II, père d'Anne de Bretagne,
du t8 octobre 1486, porta atteinte à ces privilèges, en abo­
lissant le droit de motte qui existait encore dans la vicomté
du Léon. Dix-neuf ans après, en 1:50:5, la reine Anne faisait
son voyage triomphal à travers toute la Bretagne. Dans la
Vicomté, comme dans toutes les villes, les honneurs royaux
furent rendus à la reine seule et le seigneur du Léon qui
l'accompagnait fut relégué, quoique suzerain, au rang des
autres seigneurs de la suite.
La Reine, dans son voyage, portait la cape nationale, et
les dames de sa suite l'avaient imitée. Dans les réceptions
faite::;, au Folgoat, le mardi '19 août, à Saint-Pol et Lesneven,

les femmes du peuple avaient-elles aussi, pour prendre la
cape bretonne, délaissé le voile à écusson, la coiffe Kernapa,

que le Seigneur du Léon avait l'habitude de rencon trer
lorsqu'il exerçait ses prééminences? Alain Bouchard, qui a
décrit les ovations faites à la Reine, ne le mentionne pas.
Quoiqu'il en soit, le Seigneur de Léon fut bien marri

. · 312 "

d'avoir passé inaperçu dans la foule des autres seigneurs, là
où il avait presque le droit de souveraineté; et il en exprima '
son· mécontentement, le 1

septembre suivant, par devant
deux 'notaires de Lesneven, déclarant, par acte authentique,
qu'en accompagnant la Reine, il n'a dérogé, ni préjudicié à
ses droits, privilèges, prééminences et possessions et qu'il se
les tera rendre, quand verra l'avoir à laire, par tous ceux qui '
les doivent et dans la larme qu'ils sont tenus.
C'était gros de menaces pour les paroisses' de la seigneurie,
tout récemment encore attachées à la glèbe.
La coiffe à écusson se porte avec la jupe et le cors'age en

damas rouge, la calamandre à gros fleurons. C'est le costume
le plus archaïque, dans son ensemble, et le plus riche de la
Bretagne. Ces costumes anciens se portent encore aux pardons
du Léon. Dans les inventaires des notaires~ on les estime
invariablement à 400 francs; mais les enchères d'une vente,
il y a une vingtaine d'années, ont fait porter le prix de l'un

de ces costumes à 800 francs.
La coiffe de cérémonie, surtout la cornette dérivant du voile,
donnait lieu anciennement à de touchants usages.
Dans chaque paroisse se trouvait une atourneuse seule
attitrée pour avoir le talent de poser élégamment la cornette
sur la tête de la première communiante et de la nouvelle

maflee. .
Cette pose de la première cornette formait époque dans la
vie d'une paysan.ne. Nous avons connu, dans le Cap-Sizun,
une bonne femme de 88 ans citer avec attendrissement le
nom de la jeune fille qui lui avait épinglé sa cornette de
première communion, et lui en témoignait encore sa recon­
naissance pour l'avoir·faite belle, ce jour-là.
La cornette rappelait, à la paysanne, Jes époques heureuses
de son existence. Fillette, elle avait filé le lin, ou brodé le
tulle pour confectionner sa cornette de communiante laqup.lIe
devait aussi lui servir de coiffe de mariée.

- 313 --:"

La . cornette était religieusement conservée ,pour être
transmise, aux enfants, comme souvenir de fa,mille, on ne la
sortait pas de la vieille armoire, sans attendrissement.
Plusieurs fois, quand nous recueillions les documents de cette
étude, nous avons surpris une larme poindre entre les cils
des femmes qui nous montraient les vieilles coiffes de leurs
mères et de leurs aïeules. . .
Aux environs de Quimperlé, pl~incipalement à Arzano, un
; usage, d'origine monastique, fait exception. La coiffe que li;l

mariée avait portée, à l'Eglise, pour son mariage, servait, à
sa mort, pOOl' sa dernière toilette et était déposée avec elle
dans la tombe.
XIII. Constitution religieuse de la nationalité bre ..
tonne; son influence persistante. Variation du
costume, correspondant avec les circonscriptions
ecclésiastiq ues.
Le caractère religieux acquis par la coiffe bretonne vers
le XIe siècle, se trouve en corrélation avec l'esprit même
donné à la nationalité par ses fondateurs trois ou quatre
siècles auparavant. '
Les centres ethniques, les anciens plous, qui ont constitué
la nationalité bretonne, ont été créés sous la seule influence
. des moines bretons insulaires. Pendant que les chefs mili­
taires des émigrations successives veillaient, dans leur forte-

l'esses et leurs Lez, à la sauvegarde de la colonie naissante,
les chefs religieux grou paient, au tour de leurs oratoires et de
leurs cellules la population émigrée et les peu plades armo-
ricaines errantes, sans lois, sans gouvernement. Ils faisaient
l'union entre ces peuples d'origines différentes, en pourvoyant
à leurs moyens d'existence, par l'exemple de leur travail et
par une organisation nouvelle.

oz; 314 -

'Lesouvenir de cette origine est toujours vivant, en Basse~

Bretagne.
- « Nous sommes venus d'Angleterre avec les Saints», .:
dit une tradition très répandue dans le Cap~Sizun.
Sous la féodalité, qui a pesé lourdement SUI' le peuple, les
chefs militaires ont perdu leur premier prestige : leur rôle
était terminé avec la dernière incursion saxonne.
Mais l'action des moines insulaires s'est maintenue par les
monastères, les prieurés, et, plus tard, le clergé séculier. La

population a vu, en ceux-ci, les continuateurs de l'œuvre de
leurs premiers chefs religieux, et les paroisses ont voué à leurs

chefs ecclésiastiques la même confi~nce, la même obéissance,
la même vénération que les anciens plous aux moines des

émigrations.

Rien d'etonnant alors que l'influence religieuse qui a
presidé à la constÎtutiofl de la nationalité se soit exercée, sans
interruption, sur la vie, les mœurs, le costume de la popu­
lation rurale. Les sermons des prêtres bretons ont certes
beaucoup contribué au maintien du caractère religieux de la
coiffe bretonne qui est manifeste surtout dans la large visa­
gière qui a rem placé le voile.
Mais la coiffe bretonnen'a pas tardé à se modifier. La femme
à défaut de miroir, se mirant dans l'eau, a deviné qu'en agen­
çant sa coiffe autrement que ne le faisaient les femmes
des paroisses voisines, elle donnait à son visage, un agrément

différent. Un lacet plus serré; un pli à la base du capuchon;
une épine ou une arête de poisson, ces épingles primi­
tives, ' autrement placées; les ailerons relevés au-dessus de

là tête, rejetés sur le dos, ou resserrés au menton, changeaient
complètement le caractère de la coiffure.
Chaque paroisse adoptait un agencement spécial de la coiffe.
C'est ainsi qu'actuellement encore, avec la même coiffe, la

femme de Beuzec-Cap se différencie de celle de Goulien,

paroisse limitrophe, celle d'Elliant, des femmes de Saint,

; - 3f~ d

Evùzec et de TOUfC'h ; la bigouden de Plomeur· , ·de celle de
Sain t-J ea n-Troli mon. .

Plus tard, les plous et paroisses, ont été réunis en doyennés
formant de nouvelles entités ethniques, plus étendues. Dans
ces nouveaux groupements, les communications, les usages,
les mœurs, les costumes se sont unifiés. Si bien qu'aujour-

d' hui chaque type de coiffe et de costume se trouve groupé
dans les pœtoisses ' composant autrefois chacun de ces doyen-

nids. Nous citerons pour exemple, le territoire de Quimper,
ville siège de l'Evêché, s'étendant jusqu'au delà de Trégou-

rez, avec ses coiffes, au large sommet renforcé d'une barre de
bois, ou d'un ourlet; puis le doyenné du Cap-CavaI, avec la
coiffe à bec, la bigouden; comme aussi le Pagus-Cap-Sizun,
avec la cape primitive seulement allégée du camail.
On doit donc admettre que chaque type de coiffe correspond

aux territoires des anciens doyennés; que les paroisses de

chacun de ces doyennés possèdent' la même coiffe, mais avec
un agencement différent: déplacement d'une épingle; lacets
de la coiffe noués sou's le chignon (Brest, Lesneven, etc) : ou

formant rosette au sommet de la tête (Pomponned8 Pont-
Croix) .

XIV. - Mutilation de la coiffe primitive. -
Création de cinq types
La coiffe primitive, comme vêtement de tête journalier, était

faite par les deux grandes sections quadrangulaires du voile:

La visagière avec ses ailerons;

Le capuce, se prolongeant en camail; celui-ci élargi par
les deux petites sections triangulaires pour protéger les
épaules. . .
Deux genres de variations ont modifié ces parties:

L'Lin, radical, brusque, motivé par une nécessité d'accomo-

dation pour les travaux, a retranché l'une, ou plusieurs de .

316 -"

ces parties ' ; trois nouveaux ' types de coiffes
se sont a'insi

crees.

FIG. i4
Types créés pal' la mutilation de la coiffe primitive

1° Suppression du
camail
(Type Cap en)

2° Ailerons reséq ués
à moitié
(Ports de mer)

3· Ailerons complè­
tement supprimés

(Coiffes artisanes)
Le camail était trop lourd pour les labeurs des champs :
on l'a coupé. Trop'long, les ,ailerons de la pêcheuse, quand,
à mi-corps dans l'eau, elle capturait les crustacés: ces ailerons
ont été diminués de moitié. Pour l'artisane, à l'étroit dans sa
boutique, ces ailerons étaient une gêne: elle les a coupés.
L'autre genre, lent et continu, régi par le seul caprice
féminin, exerçant son action sur chacune des parties conser­
vées à la coiffe, a déterminé par ses agencements et ses
ornements, dans chacun de ses tvpes, des variétés à l'infini.

Le premier genre de variation a conservé, à la coiffe, so~

caractère de' vêtement de tête. Le second en a fait un ornement
de la chevel ure.

Les trois types de coiffes créés pour la commudité du
travail ont conservé la forme monacale. Les caprices de la
mode ont déterminé quelques dispositions originales, esthéti­
ques, parmi un grand nombre burlesques et ridicules.

. tes coiffes bretonnes qui ont conservé leurs ëàrâctè'res
primordiaux comprennent cinq types:

La coiffe primitive (supellinen), avec visagière à ailerons,
capuce et camail ;
20 La même coiffe, sans camail;
3° La coiffe des ports de mer, à demi-ailerons;
,4° La coiffe artisane, sans camail, ni ailerons;
Ces quatre types créés par la jonction du voile au capuce:
/ Puis, DO la coiffe de gala, transformation directe du voile.

Toutes les coiffes actuelles, quels que soient leurs dispos~­
tions, leurs agencements, leurs ornements, l'amplitude de
certaines de leurs parties, ou leur atténuation, se classent
dans ces cinq types.
XV. . Absence de documents écrits
sur la coiffe bretonne

Les historiens ont négligé de décrire]e costume paysan,

aux différentes époques. Pourtant, au dire de Racinet (1),-
« ]e costume déterminant l'apparence extérieure de tous ceux

( qui ont vécu, est inséparable du souvenir laissé par les

« aïeux: il appartient à l'histoire. » .
Les ordonnances royales et ducales, les parchemins des
nobles, les chroniques de quelques vieux écrivains, telles sont
les sources où les historiens ont puisé. Mais ces écrits ne
mentionnent, en ce qu'ils concernent les classes rurales, que

les redevances et droits seigneuriaux ' auxquels elles étaient
soumises, leurs révoltes et leur répression. Du reste, le vilain
comptait à peine dans l'ancienne société. Sesseuls parchemins
consistent en quelques inventaires indiquant quel était son
avoir mobilier; et ces titres ne remontent guère au-delà du
VXle siècle.

_' ____ ~ ______________ '"~,. 7_ 7 5_ 5n_"_ '"_777n~ d- 7n~ '~ .:~ u~sm-~7=~F,, __ " _,,_ . . n_ 7" ·_ 5S~ :!t*_,,'_ ,, 1_,n;
(1) Jn. Le costume historique.

318

A défaut de documents, serait-il possible, à travers les faits

historiques, d'en trouver quelques-uns qui aient pu avoir une
action SUl' le costume, et principalement sur la coiffe bre­
tonne? On pourrait ainsi connaître la naissance de la coiffe
et la Gréation de ses cinq types; puis suivre, pas à pas, la
lutte multi-séculaire qui s'est déclarée entre la mèche de
cheveux et la toile 'blanche, pour conquérir le privilège ex­
clusif d'orner la tête de la femme .

XVI. Essai historique: Création de la coiffe bre-

tonne, xe-XIe siècles. Affranchissement . d'Alain
Barbe Torte. Création des petites industries

rurales. La duchesse Hermengard.e ; son influ-
ence. Mutilations brusques de la coiffe. Ai-

sance de la classe rurale. Désertion des campa-

gnes. Ordonnance du duc Jean V. ° Formation

d'une aristocraO tie paysanne de la terre. . Costumes

. paysans du XVe siècle. (Manuscrits de la Bibliothè-
que Nationale). Les Parements de tête du
temps d'Anne de Bretagne. Fixation de la coiffe
bretonne ; influence d'Anne de Bretagne. . La
toile de ménage .

La coiffe bretonne s'est créée à la fin du xe siècle et pen-
dant le XIe siècle. .
Après que l'acte d'affranchissement d'Alain Barbe Torte,
vers 9DO, eut donné aux vilains et roturiers toutes les conditions
essentielles de la vie civile,. l'ancien serf avec sa famille, était
devenu libre de sa personne; libre aussi du bien acquis par son
travail, après avoir payé les redevances seigneuriales fixées

d'un commun accord.
Il pouvait dOnc aller, venir, se nourrir, se vêtir, comme il
voulait, sauf de rares exceptions là où la volonté seule des

seigneurs avait maintenu l'ancien moltage .

l' J t:
. , 319 A ,
. Alors il s'est créé, dans chaque maison ruralé, une foule de
petites industries. La laine, le lin y étaient filés séparément;

ou mélangés à la soie, aux draps, aux étoffes des babits sei-

gneuriaux hors d'usage et découpés en lanières étroites,
pour former la toile', de dessins et de couleurs bigarrés, appe­
lée tien pillon. Les métiers à tisser devenaient communs dans

les fermes importantes, il y avait même un serviteur gagé
dont le seul travail était. le tissage des toiles. Nous avons
trouvé, dans le Cap-Sizun, des restes de ces industries notam­
ment chez un ti3serand de Goulien qui, sur son métier quasi
préhistorique, fabriquait, avec . des fils de chanvre et des
découpures d'indienne, des tissus aux couleurs aussi harmo­ nieusement mélangés que les plus béaux draps d'Elbeuf.
Nous avons même vu les enfants gardant les troupeaux"
tresser la paille pour en faire des chapeaux de forme élé-
gante. .

Les fermes de Bretagne suffisaient ainsi pout produire leurs
vêtements. Il n'y avait que les vêtements de gala dont les étof· .
fes s'achetaient dans les bourgs. Pas « variance» dans les
habits; on en faisait «garenne», selon l'expression du poète
Michault; un seul habit de gala suffisait pour les fêtes reli·

gieuses, et il se transmettait et servait à plusieurs générations,
jusqu'à usure complète.
Pour confectionner de nouvelles étoffes, il fallait aussi

inventer de nouveaux métiers. Or les métiers archaïques du
, ' tissage breton ont persisté jusqu'à nos jours. C'est l'une des
causes du maintien du costume. Cependant l'habileté de
mains, acquise par les tisserands, a fait de la Bretagne
l'un des plus importants centres de productions textiles. En
cela, ils furent secondés par l'habileté que devaient acquérir
les fileuses.
L'acte d'affranchissement d'Alain Barbe Torte avait permis,
à la classe rurale de jouir du travail de ses bras. Le bien-être

commença à pénétrer dans les campagnes. Mais bien des

réformes restaient à faire, pour que ce bien-être devint com-
plet et durable.
Un siècle, plus tard, pendant que le duc Alain Fergent était
à la Croisade, en la Terre sainte, son épouse, la bienheureuse
Hermengarde, eut le gouvernement du duché. Elle se rendit
-compte de l'état de toutes les classes, et dirigea, vers des œu­
vres pieuses et charitables, « l'esprit des croisés qui avaient
«rapporté, ' du berceau du christianisme, des inspirations
« de charité et de concorde)) (1).
Après la mort d'Alain Fergent, la princesse ,Hermengarde,
poussa son' fils, le duc Conan III, à traduire, par des actes,
ces mêmes sentiments. -

, C'était pour la classe rurale, la 'contination et la consolida-
tion de la liberté dont elle jouissait. J
La prospérité matérielle s'étendit alors dans toutes les cam­
pagnes. La facilité de la vie donna, à la .femme, des loisirs.
Les petites industries de la ferme se perfectionnèrent petit à
petit. La femme étira, de sa quenouille, des fils de plus en
plus déliés qui servirent à tisser les fines toiles des coiffes.
Celles-ci, allégées d'un excès de poids de l'étoffe, développèrent

leurs ailerons, en vastes étendards ou gracieuses volutes.
, Cet état,dû à la bienfaisante intervention de ,la duchesse

Hennengarde, était à son apogée trois siècles et demi après.
Et dans le voyage triomphal d'une autre duchesse, à travers ,
la Bretagne, en 1tiOti, le peuple breton, dans les acclamations
faites à la cape d'Anne de Bretagne, rendait aussi hommage à
l'œuvre d'Hermengarde.
C'est pendant cette période du xe au xv

siècle, qu'ont eu '
' li:eu les mutilations brusques qui ont déterminé les principaux
types de la coiffe bretonne.
L'affranchissement avait donné, aux anciens serfs, toute
li. berté pour régir leur costume selon la nécessité ou le caprice.

'(i) La Borderie. ' 'Histoire de BretagllC, tome III, page 33. '

FIG. H. - FRONCIS DU KERN
Suppelinen de Brest avec doubles cornes latérales .

2 Bi'ugerez de Pont-Croix avec Kern médian .

_0 321 , .
.. ' Le premier attentat porté sur la coiffure, supprime le camail
de la supellinen. La coiffe à ailerons, cum pinillis, fut ainsi
çréée. Les clercs aussi portaient un vêtement de tête, avec ces
appendices. Mais le règlement d'Etienne de Dol les leur fit
supprimer; les cLercs ne devaient point porter des vêtements
ressemblant à ceux des lemmes.
L'aisance continuant à ~e développer dans les ménages
ruraux, le Tiers en prit de l'importance. Il fut appelé pour la

première fois par Je duc Artur II, avec Je clergé et la noblesse,
à siéger aux Etats de Ploërmel, en 1309. La femme profita

aussi de ce nouvel état de chose. Ayant moins le souci matériel
de son ménage, elle pouvait à loisir songer à sa toilette. Les
étoffes de soie, de velours, lamés d'or, lui étaient interdites;
les nobles et les riChes bourgeois jouissant d'un certain revenu
avaient, seuls, le droit de les porter. Elle exerça son goût . et
ses caprices sur la toile blanche de sa coiffe.
ç'est ainsi qu'elle entailla ses ailerons, de diverses manières~
ou les retroussa pour en faire le tentament.
Elle forma aussi la coulisse de la supellinen, à la nuque. .
pour enserrer sa coiffe, et noua, par une large rosette, les
ailerons, sous le menton. Le capuce ecclésiastique avait
aussi cette disposition qu'interdirent les statuts synodaux de
Jean, évêque de Nantes, en 1389 :

- « Neque gerant capucia subtus guttur more mulierum

« patenter nodulata.» -
La coiffe artisane, ou genosse, s'était créée dès le XIIe siècle,
parmi la classe marchande. Etiennede Fougères a décrit l'impor­
tance prise à cette époque, par les villes et les bourgs, grâce

au commerce. Il divisa les commerçants en deux classes: les

bons et honnêtes, puis les fraudeurs; les reséants, originaires
de la ville ou du bourg, et les recréants, c'est-à-dire les hors
venus.
Au commencement du xv

siècle, la classe des recréants

s'augmenta considérablement. La constitution du duc Jean V,
BULI.ETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. TOME XXXIX (Mémoires 21.)

- ' 322' ---"

de février 1425, dit: - « les laboureurs délaissèrent leurs
« champs, et firent monopole et congrégation avec les mar­
«( chands et gens de métier, pour la vendition de leurs denrées,
( et marchandises, et ne donner et bailler leurs marchandises
« l'un à meilleur prix que l'autre. » ,
L'abandon d.es campagnes fut considérable à cette époque
et influa sur le costume. Les femmes et les filles des nou­
veaux recréants du Xy8 siècl'e s'empressèrent de mettre leur
mise à l'unisson du .luxe des villes et à la portée de leurs
nouvelles occupations. La mutilation de la coiffe fut générale;

dans tous les bourgs, les ailerons s'envolèrent ' (( comme la
plume au vent. )) _.

Les paysans du Xye siècle restés fidèles à leurs champs con-
tinuèrent seuls la tradition bretonne. Se succédant, de père
en fils, sur la même terre, ils sont devenus une sorte d'aris­
tocratie rurale, fière et digne, donnant son mépris à toute for­
tune, à toute alliance venant de l' au~e ou de La chopine. Cette

aristocratie de la terre que nous avons bien connue, était encore
nombreuse au milieu du dernier siècle.

, La Bibliothèque Nationale possède plusieurs manuscrits qui
donnent une idée de la variété du costume paysan au Xye siècle.
Dans un manuscrit (1), représentant un groupe du cérémonial
du roi René, la soubrette qui soutient la queue de la robe de
la dame au Hennin, porte une coiffe à ailerons pendants sur
le dos. '
, Une gravure d'un autre manuscrit (2) reproduit les modes

paysannes de la deuxième moitié du même siècle. « Les
« coiffures des femmes, basses et contenant les cheveux massés

« naturellement sur l'occiput, nouées par un lien indépen-
« dant, probablement la rozàés, ou la rubanel bretonne.
« ont encore aujourd'hui leurs analogues dans nos campa-

«( gnes. » -

(i) Bibliothèque Nationale nO 835L Racinet, tome I. '

(2) Bibl. Nat. A. F. 9387, Racinet, tome IV.

.::, 323

Dans cette gravure « La dictée du testament», . unè
femme porte des ailerons coupés au dessous des oreilles. Une
autre a ses ailerons coupés en biais comme la Touken du Tré-

guier. Ces deux coiffes portent la visagière et un capuchon
arrondi, ressemblant aux vieilles coilles de Châteauneuf et d-e
Brasparts. La capeline y est -représentée, avec la visagière

repliée sur elle-même, tout en avançant sur le front; elle
couvre la nuque et cache les oreilles; tombe par devant, mais
s'arrête à la hauteur de l'épaule; son sommet, ou kern, se

termine aussi par deux angles.
Telle on retrouve la cape d'Anne de Bretagne, dans la plu­
part de ses portraits. Telle est encore aujourd'hui la supelli­
nen du Cap-Sizun.
Voici d'après un auteur de l'époque, Olivier de la Marche
. quels étaient les parements de tête, àÎa fin du xv

siècle (1).
La coiffe. . Petit béguin, ou calot, qui se posait par dessus

les cheveux. On y adaptait, sur le devant, un tour de visage, la

templette décoi'ée de broderies. On en trouve la disposition
dans le Paliür actuel du Cap-Sizun, de paliurus,
arbuste épineux, parce qu'à défaut d'épingles, rares autre­
fois, on se servait d'épines. Le paliür du Cap,Sizun est une

bande de tulle épinglée à l'avant du béguin et formant touret
de front. . ' .

Le ruban. Il servait à lier les cheveux et à les tenir cou-
chés sur le chef, pour les empêcher de descendre sur le front,
car la mode était toujours de n'en laisser paraître que la
racine. Cette mode était celle d'Audierne. jusqu'en 1910.
Le chaperon. C'est la supellinen. Elle sedo'ublait quel-
ques fois, et était alors posée directement, sans béguin, sur les
cheveux. Quand elle n'était pas doublée, elle s'attachait sur la
eoiffe par des épingles. La coiffe, entissu plus léger que le cha­
peron, se tetminait à la nuque par un bourrelet, (coiffe sans
chouken).

." r u · 3 . ton !. 7. 77 77 .. 7 P

(1) Quicherat. _. Histoire du costume en France

te chapéron avait' dèùx 'formes; celle de 'oapelinè' a-vec fond
plus ou moins ajusté, séparé du camail pai~une coulisse. La':

. supellinen du Càp-Sizun s'en rapprocherait beaucoup., Da'ns,
l'autre forme, quelques froncis seulement, au somm; et, reliaient
la visagière ' à l'arrière de la coiffe; cette partie . tombait

surIes épaules dans la chute naturelle. de t'étoffe, sans coulisse
fbrmant capuce, Olivier de la Marche 10liaÏlge :' très fort cette

coiffure, (( plus giâcièuse qu'aucune de celles qu'il avaîtvu

paTter dejnÛs qu'il était au 'irÜJnde . . , .. 1) La supellinên de
Trégunc et de Concarnea u ra pp'eIieraien t èette coiffure' : . .. . '. ~
C'élaitaUssi la cape d'Anne,de Bretâgne~ 'dans les formes

reproduites par les miniatures de son livred'heures,..le tableau

de Jean Peréal et sur différents portraits. ." , . r', ."
( Le costume- breton, ainsi'que les différentstypes . de là coiffe,
étaiént donc constitués à cette époque. '. "
. " Anne de B' retagne, devenue Reine, apporfa, en France, lajüpe
le corsage et la supellinen bretonne avec la coiffe blanche (1)~
Ce costume,par 'sa modestie, s'accordait bien avec les habits
du Tiers ordre de SLFrariçois; congrégation à laquelle 'appar':"

tenaient, d'après une tradition conservée chez les Minimes,:
Louis XI; Charles VIII et Louis XII (2). . , ' :
Lorsqu'elle était obligée de tenir sa cour; la réin: e .- adoptait
bien les modes françaises qui avait subi l'invasion des façons
italiennes, même avant son premîer mariage. Mais elle,résis­
tait « avec une véritable opiniâtreté de bretonne, » àTintrod uc~

tion de ces modes en Bretagne. Un rondeau, du valet de cham~
bre d'Anne de Bretagne, Jean Marot, et èertainement inspiré

par elle, en ferait foi.

De s'aeeoustrer, ainsi qu'une Luerêee
A la Lombarde ou la façon de Gr.êee, ..

Il m'est avis qu'il ne se peut bien 'faire ..

Honnestement :

(i) Le Roux de Line)'. - Vie de la J'eine Anne de Bretagne. ~ Quicherat,
Histoire des costumes.
'(2) Le père, H'éiiot, tome' 7 p. 452.

..., G-arde-toy bien d'estre l'inventeresse
D'habits nouveaux ; car mainte pêcheresse

Tantost sur toy prendroit s'on exemplaire .
Si à Di&u veux 'et au monde complaire,
. Porte l'habit qui dénote simples se .
Honnestement

. ' C'est donc à Anne de Bretagne que l'on doit la persistance
et la transmission de la coiffe bretonne. '
( Cette· fidélité à garder le costume breton était générale: on

la retroùve également dans la classe élevée. Voici le dernier
conseil donné par l'abbesse de Saint-Georges, à Mathurine
Bouan, quittant la communauté de Rennes:

- « Quand au costume, quelque chose qu'on vous dise (1),

« répondez avec douceur et honnêteté, mais ne le changez

. r . Mademoiselle Mathurine Bouan épousa en 161o, Hay des
N eptuinières, conseiller au Parlemen t de Bretagne .

Jusqu'au milieu du xv

siècle, la toile de lin servait exclu-
sivement à confectionner la coiffe bretonne; le chanvre n'était

,employé qu'à la fabrication des cordages. Cependant Anne de
,Médicis possédait deux chemises de toile de chanvre qu'on
, citait comme 'lJ;ne rareté. Il était donc possible d'utiliser le

chanvre dans l'industrie textile.
Après la Ligue, cette industrie se créa et se perfectionna en
Bretagne; et la toile de chanvre, la toile de ménage remplaça
,presque exclusivement, dans les campagnes, la toile de lin. On
vit cette toile que les dames de la Cour d'Anne de Médicis
: enviaient, orner le chef de toutes les bretonnes.
La femme de la campagne a le sentiment inné du beau, la

bretonne surtout. Et quand elle n'a pas subi les caprices de la
mode, ni la suggestion étrangère, elle a toujours su mettre, e~
harmonie' complète,' sa personne avec la forme de son vête­
ment; la couleur de celui-ci avec la teinte dominante du ciel

1 (1) E . Frain - Mœurs et coutumes des familles bretonnes .

~ 326 .

de son clÎmat. C'est ainsi qu'elle a appris à entourer son corps,
déformé par les travaux des champs, de lourdes étoffes (lui
en ont masqué la déformation des lignes; qu'elle a voilé les
gros traits de sa face par une large visagière ; qu'elle a atté­
nué le cru de l'ancienne robe rouge par l'éclat de la coiffe
blanche, et actuellement, elle égaie le noir de la robe, par la
blancheur de sa coiffe et de sa collerette .

A vec la toile blanche de ménage disparaîtra la coifle
bretonne .
XVII. Petites variations dans la coiffe paysange.
Ornements ètrangers ajoutès à la coiffe artisanne .

Les évolutions lentes des cinq types primordiaux de la
coiffe bretonne ont créé, différentes seulement de mise et
d'aspect, toutes les variétés des coiffes actuelles.

Pendant plusieurs siècles, l'instinct inné de l'harmonie,
chez la femme bretonne, a, seul, régi les petits détails qui
ont amené, successivement et insensiblement, les transfor­
mations marquantes . . Une disposition heureuse était-elle
. créée'? une autre disposition aussi heureuse venait, peu après,
la compléter ou la faire ressortir. Un agencement trop · hardi,
ou inesthétique,trouvait aussi, sans tarder, un correctif.
La coquettt;lrie s'y est aussi mêlée. Un plissé plus serré
ramenait-il .la visagière à effleurer l'oreille, pour dégager la
face? Aussitôt on faisait descendre une mèche de cheveux
pour orner la tempe. Le chignon de son côté demandait à
soulever quelque peu le fonds de la coiffe, pour montrer son
tam du, sa torsade noire, contre laquelle, tonnaient les prédi·
cateurs.

Chaque belle de village cherchait à créer des dispositions
nouvelles. Des agencements anodins se faisaient ainsi, sans
règle, sans motif, par simple caprice. Expliquer pourquoi
l'artisane de Lesneven, noue le lacet de sa marmotte sous la

,. ' 327 1
y nuque, tandis que celle de Pont-Croix, fait la rosette de sa
Pomponne, au -dessus de la tête? C'est impossible!
Mais une règle inviolable, de toutes les variétés de coiffes,
c'était la pose symétrique. Pour celà, elles avaient, comme

repère, un pli médian de la toile, d'avant en arrière. On voit
ce pli aux coiffures des miniatures du livre d'heures d'Anne
de Bretagne et au tableau de Jean Perréal, du musée de
Keriolet.
Tant que l'industrie locale et le travail de la femme ont
fourni l'étoffe et la façon des coiffes, il y a eu peu de change­
ments importants. Mais la mode est venue, apportant des
ornements étrangers, acceptant toute disposition nouvelle,
et, surtout, renversant l'équilibre de la coiffe, qui n'était
plus, au dire d'un prédicateur du Moyen-âge, (( , qu'une

toile mise à sécher sur un buisson ». Faisant alliance

avec la mode, le serpent, logé au capuce de la coiffe, avait
déclaré la guerre à la toile blanche. Développant ses circon­
volutions, il a soulevé la coiffe, par le haut, étire vers l'ar­
rière, pour laisser écha pper les boucles de cheveux, et le chi­
gnon. La femme, c.omme la mère Eve, succombant à la
tentation du ·serpent; a rétréci sa coiffe dans l'une ou l'autre
de ses partips, et, pour cacher sa faute, a remplacé les
parties mutilées par des ornements de toutes provenances.
La paysanne n'avait qu'un jour de la semaine pour s'occuper
de sa toilette, le dimanche. A l'entrée des églises elle trouvait
les boutiques scintillantes des merciers. C'était pour elle la

grande tentation et souvent, pour faire son choix d'orne-
rnents nouveaux à ajouter à sa coiffe, elle tournait le dos à la
messe. La coiffe blanche allait ainsi disparaître si plusieurs
arrêts du Parlement de Rennes, notamm'ent du 22 avril 1667,
18 août 1712, en défendant, sous peine de 20 livres

d'amende, aux marchands de soie, Jaine, mercerie, de mettre
en vente leurs marchandises, les dimanches et jours de fêtes,
n'avaient mis le holà.

~ 328 .
C'était un siècle et demi d'existence garanti, par le Parle·
ment, à la coiffe paysanne.
Mais la coiffe artisane fut toujours en danger. La femme
trouvait, à sa portée, tous les jours de la semaine, les bouti­
ques ouvertes. Cependant elle eut le bon esprit de ne point subir

la suggestion des modes bariolées de la noblesse et de la hour·

geoisie, ses voisines. Elle conserva la toile blanche de sa
coiffe, mais en étoffes plus tenues, quand l'industrie en

progrès les créait. A sa toile blanche, elle agença des tulles,
des basins, des linons, des dentelles de prix, ou des brqgeries .
qu'elle confectionnait elle-même. Ces ornements ajoutés à la
coiffe artisane, créèrent aussi des agencements nouveaux,
telle la genosse de Brest qui a entaIllé de biais, sa visagière,
pour dégàger le bas de la figure, ou recevoIr un touret de
garnitures plus larges encadrant les cheveux en ban­
deaux du front. La diversité des coiffes artisanes, ou du

genre bonnet, comptait, au dire de Quicherat, vers 1780,'
plus de deux cents espèces différentes. .
Les paysannes des paroisses avoisinant les villes subirent
alors l'influence des coiffes artisanes. Ce, s coiffes ont presque
perdu ,tout caractère, telle la coiffe dite Polka, des environs
de Rennes. " '.

XVIII. Industries du XIXe siècle. Perte du

caractère de la coiffe bretonne: absence d'harmo-
nie dans les formes, les agencements, les, couleurs.
- Les touristes. Les peintres . . ' Les écrivains.
- Le ridicule.

Depuis quelques années, l'industrie du vêtement a mis' à la
portée des campagnes les plus lointaines, et à ,des prix déri-

soires, des ornements que la paysanne trouve beaux, 'parce

que, pour elle, ils sont nouveaux. Elle affuble ' sa tête ' des
oripeaux les plus déliés, sans se rendre - compte què c'es étoïIes

. "" 329
convie'hneilt aUx tràits affinés de la fille des villes, et , 'non à

ses larges traits hâlés .par le soleil. .'
. La paysanne, en oubliant quels étaient les d~ux 'caractères
dela coiffe blan'che, n'aplus notion ; du sentimentde l'harmonie,
des formes ; des agencements et des couleurs. Elle ne tient
plus à sa coiffe qu'elle a cessé de confectionner, la trouvant à
acheter toule)aite et à si bon compte chez les marchands.
. Depuis treilte , ans, la Bretagne hospitalièr~, reçoit, chaque
année, une affluence . d'étrangers, attirés 'par la beauté de ~~s
paysages, .. s. es . mœurs, . sescostume. s. Chacun énonc~ s. on

impression, exagérée ou ironique, sur lesorigin'aIitéslocal~s,

qu'il ne comprend pas. La bretonne, piquée_ dans sa coquetterie,
accepte pour bo; nnes toutes les critiques, même celles qui la:
poussent aü ridicule. Pour elle, al.ors il n'y a plus rien de

beau que ' ce qui est importé de loin ouproné par les parisiens,
ou encore ce' qui a coûté cher., . · "
. Les peintres également ont servi, inconsciemment, à trans!
former le costume. Si. run a jugé à propos de relever un pan
de coiffe, . de dégàger une boucle de ch,ev~ux; de , resserrer un
lacet, de déplacer une épingle, choses reconnues nécessaires, atl

point de vue artistique" et. à l'entout du modèle 'qui pose, toutes

les filles de la localité, maritornes comprises, s'empressent
d'adopter les nouvelles créations. C'est ainsi que se perdent
les coiffes bretonnes. Voici quelques exemples: La coiffe de

Pont-Aven porte la visagière verticale, au lieu d'être étalée à

plat sur la tête; par contre, son capuce, repoussé par le chi-

gnon, s'allonge horizontalement, tout, à l'opposé de sa position

naturelle. Les larges ailerons du Cap-Sizun s'étriquent pour
approcher de la miévrerie du huit de chiffre de Châteaulin

et de Pleyben. La coiffe Pen-Sardin des ports de mer, restée

la plus élégante des coiffes bretonnes, parce qu'elle a gardé

son double caractère de vêtement de tête et de modestie mo-
nastique, tout en contribuant, à part égale, aveclacheve-

lure, à orner le chef .fémir, lin, - . chevauche à l'extrémité

- 330 "

d'un chignon, se prolongeant à l'arrière; duquel, bientôt, elle

fera la culbute repoussée par les cheveux ébouriffés du front.
La coiffe bigou~en. autrefois horizontale, ainsi que son
taléden, s'est dressée, droite, sur la tête d'une femme, au
dimanche de Pâques 1.858. L'année suivante, c'était le taléden

qui faisait la même évolution (' 1). Depuis, ces deux pièces se
sont arcboutées, le taléden repoussant la coiffe qui, déviée de

la normale, 'menace de choir sur la figure. La femme bigou'-

den. oublieuse aussi de son histoire locale, a supprimé la
pointe de sa coiffe, laquelle était une marque d'indépendance

envers les seigneurs et une bravade pour le roi-soleil.
Quelles ne sont pas. du reste, les modifications très récentes
subies par ce costume bigouden? Elles sont si nombreuses et
si disparates, qu'un auteur moderne (2) a trouvé dans les
deux cantons de Pont-l'Abbé et de Plogastel Saint-Germain:
La lourdeur et la somptuosité des costumes thibétains ou
mogols ; .
Les-vestes sans manches des Mandchous;
La lassitude pesante et obèse, la laideur siamoise et
laponne; ,
Dans les ornements en clinquant et les dessins des coiffes,
l'hymme de la créa lion;
'Le chapeau large des Chinois;
Les pantalons andalous;
Le veston des Toréros;

, La marche nu-pied des indiennes de Ceylan et du Malabar,
ou · des créoles de la Réunion;

Les noces d'Annam, de Mongolie et du Thibet ;
La nonchalance polynésienne;

La danse des Somalis.

m Le souvenir de ces deux faits nous a encore été ~appelé, au mois de
décembre dernier, par plusieurs personnes à Pont-l'Abbé.
(2) Aqstin de Croze. La Bretagne païenne.

_0' 331 _.
Puisse l'avenir préserver le reste da la Bretagne de donner
lieu à pareils rapprochements qui dénonceraient, chez - les
bigouden, un oubli complet des origines, la négation de toute
harmonie et de toute esthétique! Puissent a ussi les apprécia­
tions de M. Austin de Croze rappeler que les étoffes riches,
les broderies larges -et épaisses, les couleurs bigarrées ne
font pas à elles seules, l'élégance. Il faut encore et par dessus
tout harmonie des atours avec le corps qui les porte.

, XIX. - Conclusion

La coiffe bretonne est contemporaine de nos vieilles égli­
ses de campagne. Le jour de leur dédicace, pendant que dans
le chœur, l'encens brûlait devant les seigneUrs, la ne~ était

remplie de ces coiffes blanches des femmes du Tiers,
comme à nos pardons actuels.
Les seigneurs ont leurs armoiries dans les vitraux de ces
églises. Le Tiers qui a bâti ces monuments de ses mains a été
oublié. Seules quelques marques de corporations ouvrières, ou

des reproductions de poissons et de bâteaux y sont figurées.
Ne serait-ce pas une justice, bien tardive il est vrai, de
faire figurer, aux 'fenêtres des églises des campagnes, les
costumes qui ont assisté à leur première cérémonie reli­
.gieuse. Tous ces monuments, églises paroissiales ou chapelles
isolées, ont leur mérite au point de vue hagiographique, ar- .
chitectural, où pittoresque. Une baie vitrée, ne serait-ce que
d'un mètre carré, dans chacun d'eux, reproduisant une
légende locale, de vieux tableaux, une scène de dévotion
devant un porche, un calvaire, une croix de carrefour, ou des
sites avec personnages en costumes bretons d'après photo­
graphies, rappelleraient heureusement le passé.

. C'est le' vœu que nous faisons et que nous prions la Société
Archéologique du Finistère de vouloir bien transmettre, avec

son approbation, au Comité des Sites.

Le : costume;
C'Omme

l'histoire. Le souvenir'
d'être consèrvé.

les
332'
monuments;

a 'ppartien nënt

de ;tout ce, qui tient au

passe mente

H. LE CARGUET

'Audierne, le 27 novembre 1912 .

III.

DEUX·I· E
, E . PARTIE

Table dés Mémo, ires publiés en 1912

L'Histoire de Cornouaille d'après un livre récent
par M. ANDRÉ OHEIX ......................... .
Les fusaïoles en pierres ornementées du dépar-

Pages

tement des Côtes-du-Nord, par M. A. MARTIN . . J 25
Eglises et. Chapelles du Finistère (suite) (Canton

de Morlaix), par M. le Chanoine PEYRON ..... . 38
Les Saints Bretons et les Animaux. Etude
hagiographique et iconographique, (suite, voir
T. XXXVIII) par M. le Chanoine ABGRALL ..... 51-267
V. Notice sur la Chapelle Saint-Jean Balanant, par

M. CHAUSSEPIED.. . . . .. ...................... 60
. VI. . Les Mystères bretons de la Bibliothèque de Les-

quiffiou, par M. LE GUENNEC . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
VII. Le dolmen de l'isthme de Kermorvan, en Plou­
moguer et ses gravures, par M. le Capitaine de

VIII.

frégaLe A. DEVOIR ........................... .
Remarques sur certaines étymologies citées par

M. H. -P. HIRMENECH dans son ELude sur le
Men Letonniec, Monument Celtique de Locma­ riaquer (Morbihan) par M. le Dr PrCQUENARD ..
Le Tombeau de Saint-Ronan à Locronan, par

Conrad Echer, traduction de l'allemand par M .
105

120
l'abbé PHILIPPON. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
X. Le Trésor découvert à Runabat, en Tourch (Fi-
nistère) par M. de VILLIERS DU TERHAGE . . . . . . 155
XI. Vestiges gëUlo-romains de Lansaludou, en Gui-
lers-Plogastel, par M. Le Chanoine ABGRALL. . 161

XII. Rannou Trélever, (légende et histoire) par M.
Louis LE GUEN NEC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

XIII.

Esquisse biogr~phique de M. Gabriel-Honoré de
Miollis, 1758-1830, Préfet du Fir1jstère\ sous ·le
premier Empire de 1805· à 1812, ' tiré du livre
de raison de M. Francis Saint-Pol-de":Léon de

Miollis, son fils, écrit en 1865., . . .. , , . , , . , ,.' 179
XIV. Les Anciens Seigneurs de la Coudraye, en Tré­
méoc, par M. le Ct

le NEPVOU DE CARFOR'l' ... 201-240
XV. Témoins mégalithiques . des variations des
lignes des rivages armoricains, par M. le

Capitaine de frégate A. DEVOIR, .... , ,', , . . . . . . 220
XVI. La coiffe bretonne, par M. LE CARGUET . . . . . . . . 283

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