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Bulletin SAF 1912


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Les Anciens Seigneurs de la Coudraye, en Tréméoc

Comte le Nepvou de Carfort

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1912 tome 39 - Pages 240 à 266

.EN TRÉMÉOC

. Dans la première partie de cette étude, nous avons vu com-
ment la seigneurie de la Coudraye tomba entre les mains du
fils d'un cadet de Bourgogne, messire Syl~estre cIe Charmoy,
qui en prit possession le '1:2 octobre '1643. Cinq ans auparavant,
celui-ci avait épousé MargueÏ'ite Autret, fille de Yves 1\utret,
frère aîné du célèbre Guy Autl'et, seigneur de Missirien, et O de
damoiselle Marie du Ménez.
Sylvestre de Charmoy habitait à cette époque le manoir de
. Keraret, dans la paroisse de Nizon. Il le quitta et vint habiter
la Coudraye, avec son beau-père et sa belle-mère, et les enfants
en bas âge qu'il avait déjà. Il en eut onze en tout; mais un

seul survécut, Guy dont voici l'acte de baptême que nous avons
relevé sur les registres paroissiaux de Tréméoc .

« Ce jour, quatorzième May mil six cent quarante cinq, je
« Recteur de la parroisse de Tremeoq ay baptisé Guy fils
« naturel et légittime de Messire Sylvestre de Charmoy et
« damoysselle Margaritte Autret seigneur et dame de I);arrest,
« du Menez, Poulguinan, de La Coudraye, etc, et furent compère

(( et co mère escuyer Guy Autret sieur de I>"garadec et damoy-
« selle Marie du Menez dame de Lesouarch à l'administration
« duquel sacrement assistèrent les soubsignants le Dt jour et

« an que dessus.
G. CHARMOY
MARIE DUMENEZ
LOZECH, pbr.

Jo MONTESCOT
PIERRE COURTELLE

- 24·1--

En. marge de cet acte, on li t : ' '

, « Le susdit Guy de Charmoy fust né le ,12

jour de janvier,
« 1640, affirmé, par' dame Marie du Menez sa grand'mèni~

amsy sIgne.

NICOLAS RIOU, Rr ,

Ce Nicolas RiolJ, est le recteur de ' Tréméoc qui succéda à . '
Jean Montescot, Recteut en '1640, ' ,

Sept autres enfants de Sylvestre de Charmoy naquirent à
la C6udra-ye, et furent baptisés dans l'église parqissiale de '
Tréméoc. Ce : s.ont : '
Marie; baptisée le 9 Juin 1649. '
René, baptisé le .16 Févl'ier 1600'.
André baptisé le 8 Jan vier 1601.

, Marie Corentine, baptisée le 24 Février '16n3.
" Guy François, baptisé le 3 mars 1608. '

Celui-ci était né le 14 novembre 16~0, et eutcomme parrain
et marraine messire Guy Visdelou, chevalier, seigneur GiHer-

guit du Prateuron et de Kilin,~ .. conseiller du Roy et lieute-
nant général civil et crimi'nel au siège présidial de Quimper

Cotentin, et dame Françoise ' Le 'Borgn-e, épouse de Messire
Guy Autret, seigneur de Missirien.,',' ' " , ,
, Sébastien Victor baptisé le même jour 3 mars 16;:>8, ' quoi-
que 'né lui aussi antérieurem.entl.le jour de St Victor 21 juillet
1607 ;' il '~u t comme parrain Messire Sébastien du Boysguehe-

neuc, et comme marraine « damoiselle Françoise Geneviève
« Autret dame 'de Lesoualch fille aisné de escuver messire

« Guy Autret,seigneut de Lesoualch et de Kilgaradec.»

Marie Guyonne : baptisée le21 novembre 1660. Elle eut '
corn me parrain son grand père Yves Autret, et comme mar-

raine ,damoiselle Marié Guyonne Saludem d'ame de ' Misgram' "

Nous avons vu' plus haut que ' le 3 mars 1609 Guy Autret

écrivait à d'Hozier que des dix enfants de Sylvestre de Char-
moy, il n'en restait plus qu'un senl,; Marie Guyonne de Char-

moy, née postérieurement à cette-lettre, mourut elle· même

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. " TOME XXXIX (Mémoires 16),

én, 167'1 à l'âge de dix a ns et deux mois. Le manoir de'la Coudraye,

attristé par la mort de tous ces '.enfants, le fut encore plus par

lés' dé~ès ' successifs en peu de temps de Guy Autret, mort à
Paris le 5 avril 1660, de Yves Autret et de sa femme morts à
la Coudraye en 1661 et 1665, et enfin par celui du seigneur

lùi.:.même, Sylvestre de Charmoy survenu en 1666. . ,
Voici les extraits des registres pàroissiaux de Tréméoc rela-
tifs: à ëès décès, . . : .
... 23 janvier 1661. . « Moutut . au . manoir de la Coudraye:
« dame Marie du Menez, dame de Lesoualc'h, et fut.enten;ée
« dans la tombe eslevée qui est sous. l'arcade d'entre le: grand
« autel et celuy' du Rosaire en. l'église paroissiale de Tré-

« meauc. . ..

8 Mai 1665. ' « Messire Yves Autret, seigneur de Le-

« soualc'h, mourut au manoir de la· Coüdraye, âgé de 68a.Os,
« ~après avoir été sduvent confessé et communié 'par:divers
« . confesséurs . approuvés, et . mis . én . extrême onction par
(c meséireJacob,' prêtre de la dite paroisse, le · corps duquel
ù fut- enterré le lendemairide son d'éces sous' la voute qui est
(c ·ou costé-de l'évangile de la chap'elle du. Rosaire de l'église
( paroissiale de Tréméauc. ·· '. .. . .

6 Mars 1666. . « Messire Sylvestre de Charmoye, seigneur
(i ·de l>arrèt, âgé de 58 ans, mourut en son manoir de :Ia Cou­
( . draye ènceUe paroisse, le corps duquel fut enterré le lende-

«":main premIer 'dimanche du dit mois en la' tombe voutée
. ( ~qui est du costé de l'espistre en la chapelle .du .Rosaire.

Il ne testait donc plus comme habitants de la Coudraye,
âprès la mort de Sylvestre de Charmoy que sa veuve, Margue­
rite Autret, que l'on voit désormais qualifiée dans divers actes
de,dame donairière de ' Keraret, Lesoualc'h, la Coudraye et
àlitres lieux, son fils Guy de Charmoy,âgé de vingt et un ans,et

la jeune sœur decelui-ci, Marie Guyonne, âgée de cinq ans, qui

devait succomber peu après . .

. Comme nous l'avons déja dit, c'est très probablement

- 243-:-

Sylvestre de Charmoy qui fit édifier les huit piliers majestueu~ .

que l'on voit sur la route de Tt'éméoc à Plogastel-St-Germain, à

l'extrémité d'une avenue de tilleuls qui conduisait à l'ancien
Il).anoü composé d'un corps de logis et de deux pavillons, d'après .
la 'description qu'on en trouve dans l'acte de prise de possession'

du ' 12 octobre 1643. Ce qui nous porte à le croire, c;est que-·.
ces piliers portent deux écussons accolés entoures de deux .

palmes croisées; les armoiries des écussons ont été grattées ..

sous la , Révolution; mais il existe encore dans l'église de .

Tréméoc un écusson en bois entouréde palmes semblables por-

tant.un ·écure.uil rampant, et nous connaissons un écusson ~n

pierre non gratté provenant dé la Coudraye portant quatre fasces

ondées, et entouré aussi de deux . palmes .. Ces armes . sont

celles des de Charmoy et des Autret. Il est donc des plus pro-

bables que les écussons grattés des piliers étaient les mêmes, et

qUeces piliers ont été élevés par Sylvestre de Charmoy quÎavait

épousé Margu~rite ·Autret.

Nous connaissons les armes des de· Charmoy par la lettre

suivante de Guy Autret à Pierre d'Hozier, en date du 2!J décem-

bre '1641. . .. , .

« Je vous dirai aussi que 'le bon homme Ml' de. Charmoy,
,« père de mon nepveu, me dit avant de pat:tir que le pellican '

«que je vous avais escrit estre les armes de leur, famille sont
« ceux de sa mère, et que celles des de Charmoy sont de gueu-

« l , es à un escurieu ou escureur rampant d'or.» '.

. Le bon homme en question est Nicolas de Charmoy, celui

qui avait.été contrôleur à Saumur, et était venu par hasard en

Bretagne où il avait épousé Jane du Quelennec.

. 'Ces annes figuraient da" ns les vitraux de l'église de Trémeoc,
mais l'écureuil était· sur fond d'azur; comme on le verra
dans des actes postérieurs. . "
, Après sa prise de possession en 1643, Sylvestre de Charmoy

restaura le château' et les fermes, , et ce fut sans doute aussi

lui qui traça et planta les magnifiques Çlvenues qui existent.

- 244 _ . ...

ei)core et donnent aux environs du château actuel ce caractère'

seigneurial et majestueux qui frappe le visiteur .
~on fils Guy de Charmoy épousa en '167;5 demoiselle Bonne

Prudence Raoul. Cette date est inscrite au fronteau de la lu-

carne dumilieu du bâtiment de service de l'Ouest, portant deux

écus~ons aq~olés, malheureusement gratté~; entoLU'és du colliù

de saint Michel; Guy futen effet chevalier de l'ordre du Roy,

comme, son père Sylvestre. Son premier enf~nt fut une ' fille,

dont voici l'acte de baptême, extrait du registre paroissial de

Tréméôc, pour l'année '1676.

· «' Le neufviesme jour du moi d'avril de l'an mil six cent

«septante six fust née demoisel!e Jan~e Prudence de Charmoy

« fille naturelle et légitime de 'messire Guy de Charmoy et de
« dame Bonne P~udence Raoul seigneur et dame de I}arret, La

« Coudraye, Lesoualc'h, Lesergué, le Menez, etc, et , fast bap-

( tisée par moy soubsignant pbre et curé de la paroisse de

( Tremeauc et fust nomm. ée par messire Yves du Menez sei-

« gneur de Lezuret parain et par dame Janne Raoul da me du
(t Aret tante du costé maternel soubs les signes dèS 'y nom-

« més et autres présents le jour quinziesme d'au dit l'an mÎl

six centz septante et six.
YVES du MENEZ.

LOUIS SANGUIN.

JANE RAOUL.
ANNE SANGUIN, dame
de Tranchant.
CHARLOTTE RAOUL, ANNE RAOUL, ANNE de ROSPIEC,
AMAURIE TRANCHANT, GUY de CHARMOY.
, J. JACOB, pbr;
Le 27 Juillet ' 1677, Guy de Charmoy a une nouvelle fille,

. n 'ommée Charlotte parsa marraine Charlotte Raoul, qualifiée
dame d'Hospitho par le registre paroissial de Tréméoc. Cette
enfant mourut en bas âge comme son aînée Jane Prudence.
Guy de Charmoy eut ensuite un fils Jacques, né le 9 mars
1680, et une ' fille, Bonne Yvorée, née (e 7' décembre 1681,

comme nous l'apprend l'acte suivant:

. . 24a .
« Le saiziesme décembre mil six cent quatre vingt cinq. J'ay
« soubsigné Recteur de la paroisse de Tréméauc, procédé aux

« cérémonies du baptesme d'escuyer Jacques de Charmoy et
« de demoiselle Bonne Yvorée de Charmoy, enfants naturels
.« et légitimes de messire Guy de Charmoy, seigneur de
« Karret la Coudraye, Lezoualc'h, Lezerguay, le Menez et au·
« tres lieux, et de sa dame Bonne Prudence Raoul vivants

« dame des dits lieux, leurs père et mère, les ayan t cy devant
« ondoyés suivant et pat' la permission d'illustrissime et

« de venerendissime Père en Dieu, François de Coetlogon,

« seigrieur évêque de Quimper et Conte de Cornouaille. Le

« dit Jacques de Charmoy né le neufiesme jour du mois de

« . mars mil six cen L quatre vingt, et la d

Bonne Yvorée née
« le septiesme du mois de décembre mil six cent quatre vingt
« un. Parains et maraines ont esté scavoir : du dt Jacques,

« Jean Jégu et Marie L'Ah urt, et de la d

Bonne Yvorée, Jean
« le Prigent et Marie le Toux qui interpellez ont déclaré ne

« scavoir signer, et ont assisté aux dtes cérémonies le dt sei-

« gneurde :&arret et dame Yvorée I}guiris, à présent dame
« espouse du dt seigneur qui ont signé:

GUY de CHARMOY

YVORÉE QUERGUIRIS
J. JACOB, JACQUES QUERE,

ptre. . Recteur de Tréméauc.

Cet acte est intéressant, et semble dénoter quelque drame

intime chez les habitants de la Coudraye. Pourquoi avait-on
atteodu si longtemps entre la naissance de Jacques et de

Bonne Yvorée, et leur baptême, ce qui n'était pas dans les usa-
ges de l'époque'? Leur mère était morte dans l'intervalle, et
leur père s'était remarié; c'est sa seconde femme qui donne
son prénom, Yvorée à la petite fille, et signe sur le registre

paroissial. Enfin les parrains et marraines sont de simples
paysans qui ne savent signer.
La seigneurie de la Coudraye était alors dans toute sa splep. -

'deur. Il existe aux archivesdépartementaies' de Quimper un

'acte du 16 mars 1681, qui montre qu'elle comprenait un grand

nombre de terres, non seulement dans la paroisse de Tréméoc"

mais· encore dans des'paroisses voisin. es, et mêni.e dans des'pa-
roisse' s ., éloignées. Cet acte est in titillé: « Déclara tion et dénombre­
« mentdesmaisons, rentes, titres, héritages que escuyer Guy de
«' . Charmoy, seigneur de ~arret, la Coudraye, Lesergué; ,~naon,

'« ' 'Lesoualc'h et autres lieux; fils unique éf héritier principal

« et noblede deffunct escuyer ,Sylvestre de Charmoy et de dame

,« Marguerite Autret dame des dits lieux, ses père et mère"
; « demeurant en son manoir de la Coudraye, paroisse · de

,« Tréméauc, esvêch~ de Quimper, tien et possède noblement
( du Roy.» \

; Comme'nt concilier cet acte de '1681 avec ,la condamnation

'qui a'vait frappé ce même Guy de Charmoy cOmme usurpateur
denoblesse', dix ans auparavant, lors,de la Réformation de 1668

à 1671 ? L'arrêt du 3 Déc. 1670, que nous ' avons relaté dans
'la première partie de cette étude, dit qu'il ne putprodüire de

titres. Il faut supposer que depuis, - Guy de Charmoy avait pu
se procurer ses titres, soit à prix d~argent, soit en recherchant

_ à Auxerre les origines des de Charmoy. Ce qu'il ya de certain,

c'est que les écussons accolés datant de celte époque, aux ar-

mes des de ' Charmoy et des Autret, sont surmontés de 1 a
couronne comtale à neuf perles.

Guy Charmoy mourut en 1689.
Son fils Jacques de Charmoy lui succéda comme seigneur
de la Coudraye, et épousa Gilonne de Quelen, dont il n'eut pas
d'enfants. Il habita le manoir de la Coudraye ainsi qu'en témoi-

gnent les registres paroissiaux de Tréméoc, où nous le voyons

figurer à plusieurs reprises comme parrain d'enfants de · ses
fermiers, ou comme témoins aux mariages de ceux-ci.
Sa sœur Bonne Yvorée de Charmoy épousa, Jean-Louis du
Bot, sieur de Talhouet, et en eut plusieurs enfants. La pièce sui-

vante' est intéressante en raison de la description qu'elle- donne

. _ ' : 247 .. _

des enfeus et des vitraux armoiriés qui se trouvaient dans,
l'église de Tréméoc. . ',:
. « 9 septembre 1707. ' . Aveu, minu et dénombrement que.
« Escuyer Jacques de Charmoye, seigneur de I);arrest, La,
« Coudraye,' Lesoualch, Leserguay, I);naon et autres lieux, fils

« aisné, héritier principal et noble de deflunct escuyer Guy de.
{c Charmoye et de dame Bonne Prudence Raoul, ses père , et,
« mère, faisant tant pour luy que pour écuyer Jan Louis du.
{{ Bot, sieur. de Talhouet, père et garde naturel de ~es cnfans
{{ de son mariage avec f~ue dame Bonne. Yvorée de Charmoye,

« son épouse, sœur puisnée du ditseigneur j}ar.resL résidant .

{c en sa maison deLa Coudraye en la parpiss: e de; Tréméauc ...

({ fournit à messire François Joseph Dernothon chevall\ersei,.
« . gneur baron de l'ancienne . baronnie du Pont; Vicomte de
{{ Coetmeur. : . ,
{( 1° Le manoir et seigneurie de la Coudraye, ses maisons,
« édifices, bois etc .... et. prééminances d'église, scavoir ~ en .
« l'église paroissiale de Tréméauc, une chapelle du côté cie
« de l'évangH~, aQ maître autel dédié à N. D. du Rosaire,

« avecq banc, escabeau, et accoudouer, etquattre grandes tom-
« bes élevées et armoyées de leurs armes et armoiries:, l'une
{( au chœur, chargée de cinq écussons en reIietau dessus, et de

{( trois de chaque côté regardant le chœur et la chapelle . du .

« Rosaire le principal desquels porte verré d'argent et 'de - sa-

« ble au baston de gueule brochant sur le tout, qui sontles
{( armes de la Coudraye, l'autre en voule sous une arcade de

« la muraille costière septentrionale de la chapelle du Rosaire,
« élevée d'environ deux pieds, ayant,de longueur environ sept,
({ et chargé de cinq écussons au dessus enrelief, et au haut de

« la dite voute un écusson aussy en relief portant un écureuil
« d'or rampant en champ. d'azur qui sont les armes du sieur
({ avouant, et au party trois tourteaux deux en chef, un en
({ pointe, et un poisson au milieu. '
., ({ Celle qui était au milieucle la nef était élevée d'environ

-, 248

c( deux pieds 1/2 au dessus de laquelle il y avait en relief une

« croix et à chaque côté deux écussons l'un portant un écureuil

{{ et l'autre portant d'autres armes. Elle a été démolie pOUl' la
{( commodité du dt Recteur.
{( . E.t la quatrième qui est dépendante du' manoir du Poirier

« appartenant au sieur avouant est aussi en voute située à
« l'aisle gauche hors du chœur sous une arcade dans la costiè­
« re septentrionale de l'église, chargée de deux écussons en
« relief l'un plain, l'autre portant au premier une rencontre

« de cerfl, et au second un lyon ou léopard, et à l'ouverture
« d'une croix et de deux écussons à chaque côté, et au

~( dessus de la dite voute un autre écusson portant l'écureuil

« d'or.

« Di vers écussons tan t en vil tres q u ~ en bosses da.ns les endroits
« éminents de l'église, scavoir: deux écussons dans la grande

« et maîtresse vitre estan t derrière le maîtI'(~ autel placé dans

« la croizée du côté de l'épître et de l'évangile immédiatement
« au dessous de celui de la baronnie du Pont, portant d'or

« au lyon de gueule, lequel le dt avouant et successeurs sont
« obligés d'entretenir à leurs frais, au premier desquels du
Ct .costé de l'évangile il ya un écureuil d'or rampant sur champ
« d'azur le dt écusson party d'argent à quatre fasces ondées
« d'azur, aIJ second du côté de l'épître qui est aussy . party il
« y a le mesme écureuil d'or rampant au champ d'azur party
« verré d'argent et de sable, lesquels deux écussons sont en­
« tourés du collier de St Michel.

« Dans la verrière au dessus de l'arcade de la muraille de
« la chapelle du Rosaire composée de 3 jours séparés par deux
« jambages, il y a trois soufflets chargés chacun d'un écusson

(( dont le fusain est écartelé au premier verré d'argent et de

« sable, au second d'argent à quatre fasces ondées d'azur, au
« troisième de gueules à la rencontre de cerf d'or, au quatl'iè·
« me d'hermines au chef de gueu les chargé de trois fleurs de lys

. « d'or, et sur le tout un écusson d'azur à un écureuil

« rampant d'or lequel est orné d'un collier de St Michel et
« timbré d'un casque.
( Un grand banc avec accoudouer chargé d'un écusson
« portant un écureuil avec quatre fasces ondées au party et

« autour le collier de St Michel situé contre la balustre de la
« chapelle du Rosaire. .
« Un écusson en relief au haut du pilier faisant la séparation

« des deux arcades qui sont entre le chœur et la chapelle du
« Rosaire portant un écureuil et au party trois tourteaux deux
« en chef un en pointe et au milieu. un poisson.
« Au pied du crucifix estant au milieu de l'arcade faisantla

(1 séparation du chœur d'a vecq la neff un escusson en boys my
« party portant au premier un écureuil etau second trois tour-

« teaux ·deux en cheff et l'autre en pointe avec le poisson com-
« me le précédent: au haut du troiziesme pillier de l'aisle
« gauche un écusson portant le mesme écureuil et aulambry
« soubs la seconde arcade du mesme.coté un autre escusson

« aussy en relieff portant lemesme écureuil.
« Et deux escussons en relief! dans le pignon de la chapelle
« du Rosaire en dehors Droit et possession de lizières et
« ceintures funèbres tant au chœur de la dt! esglise que dedans
« et dehors la dtechapelle et de prières publiques et nominales
« Lous les dimanches de l'année à son intention et de ses pré-

« décessourseLsuccesseurset enffin tous droits honneurs préro-
. « gatives et privilèges après les seigneurs de la baronnie du
« Pont en la de esglise et prefferablement à tous autres .

, « Comme aussy appartiennent au sieur advouant seul priva-
« tivement et à l'exclusion de tous autres toutes les préminan­
« ces privilèges honneurs et prérogatives en la chapelle de Saint
« Sébastien sittuée proche le manoir de la Coudraye quy luy est
(1 prohibitive et a droit et possession de prendre et lever, à'
« chaque jour de pardon de la de chapelle et d'assemblées un
( pain de chaque boulanger qui étale et vend du pain aux en­
( virons de la chapelle et un pot de vin de chaque cabarettier .

- 250 _ 01

~ (e Plus .Iuy apartient une: voute et tombe élevée du costé
« de l'épître en l'église de Notre Dame des Carmes de là ville de.
(( PontIaquelle est armoyée, et autres préminences en la d il
« esglise. · .
; « A cause de laquelle terre et seigneurie de la Coudraye le
« dt sieur de ~arret est aussy en possession et luy apartient
« droit de fiefI, cout, et juridiction à estre exercée par .juges

« procureurs greffiers et sergeants sur ses homm.es à foy et

(c. domainiers. . .'
« Contenant.Le dt manoir de la. Coudraye soubs maisons,
« écuries porte clause et avant cour environ Un journal de
«terre. '

« 80ubs.les boys de haute fustaye dont une partye de celuy
(1 quy est derrière la maison est con vert y en jardins; les. ver­
« gerset-fenils estans au issues de la d

maison neufI journeaux .
. « 80ubz terres chaudes et labourables douze journaux, soubs
« terres froides vingt trois journaux ou environ et soubs pré­
i ries fauchables environ sept journaux. La metterie noble du
«. dit manoir contenant soubs maisons crêches aire et place à

(1 fembrQix le tout cerné de murailles , environ une huittiesme
« de journal et sontle dt manoir et metterie terres et heritta­
« , ges cy-dessus cernés et environnés de tous endroits des terres

« de la dite baronnie, de celles de Lestrennec, de 1}huel,
« :&matheano et de ~raoul.

Après avoir décrit ainsi ' qu'il préeède les tombes, vitraux et
écussons de l'église de Tréméoc, et les honneurs, privilèges
et prérogatives des seigneurs de la Coudraye, l'acte du 9 sept.
1707 énumère les fermes, terres, parcelles de terres qui dépen-

. daient de cette seigneurie, soit directement, soit comme sei-
gneuries de ligence avec les noms des tenanciers. Nous ne re­
'produirons pas in extenso cette longue liste, qui tient tout un

ca. hier de parchemin timbré. Bornons-nbus à citer les princi-
pales, afin de montrer quelle était l'importance de la sefgneu-
rie, .au commencement du XVIIIe siècle. ' .

- :251-

" En . .T1'éméoc,cesont lemahoit de laCoudraye'et ses'dép. enr'
dances, la niétairie de la. Coudraye, 'celles' de KérivouaL,

.Kermabhel~vé,Kerguindraon isella' , Kerguindraon . huella,dit
Ty glass,Lhilvit iseHa, Kerberennec, Kerbenfou, Saint Cou\lé,
au, Grouanem, Kergouely, Kervignon, Kergadiou, ~Pratmeul'~
les Moulins' neufs. . ". . . .' . ':

En Combrit: Kerdousten, Botforn, le l'ieu noble et manoir
·dé Penmorvan, le manoir du bourg, le Park Toulcalla . ou

Penancoat, le Lannou. . ..

. En: PLounémtr: le Cosquer, Fao-Youen, penanyeun, manoir
· de Kergorn, Poulmut, Treordo, un ramage au Rest. :.. '
. En Saint-Honoré: Minihy isella. . .'
En Tréguennec : plusieurs pièces de terre .et sejgneuries de
ligence. . .
L'acte énumère encore, dans diverses autresp.aroisses, plu­
sieurs maisons, prairies, pièces de terre, etc,. sous le titre:
« hérittages sujets aux cheffrentes et autres droits s: eigneu-

« riaux rellevan(s en proche fieff de la terre de la Coudraye,
« et en·arrière fieff de la baronnie du Pont. ))
Jacques de Charmoy puissant seigneur de tant de domaines,
parait avoir eu l'orgueil de sa. richesse, et un caractère violent
et autoritaire, ainsi que son épouse, Gilonne de Quelen. L'anec­
dote suivante en témoigne et jette un jour assez particulier
sur lès mœurs de ce petit coin de' Basse-Bretagne. Elle ' .est
extraite d'une lettre de Messire François Joseph d'Ernothon,
qui s'intitule dans plusieurs actes: « Baron de l'ancienne
« baronnie du Pon t, chevallier seigneur de Trevilit, Kerde-

« gasse, et autl~es lieux, vicomte de Coëtmeur, sr de Lescou~

« louarn, Kerleauguy, Lestimbeach, etc. (Archives départe-
« mentales du Finistère.)

Pont-L'Abbé, le 30 juillet 1727 .

« Je vous demande votre avis, très cher confrère, sur une
« affaire qui vient de se passer dans une paroisse voisine,
« Tréméoc, et dont j~ suis le seigneur. Le Recteur, ' offi-

- 2a2 -,

« ciant à l'autel avec ses habits sacerdotaux, se tournant
« vers le peuple dit, sur la fin de la messe, qu'il n'étoit pas
« content de son S8nneur de cloche et qu'il vouloit le renvoyer .
« Un gentilhomme de la paroisse, Ml' de Kerarèt, se leva et
(C' dit que cela ne seroit pas, et sortant tout en colère de son
« banc en jurant et frappant sur la balustrade de l'autel, que .

(c ce n'étoit pas à lui de disposer du sonneur de cloche, qu'il ne
« vouloit pas; et lui portant les mains auprès du . visage dit

« qu'il le voudroit bien petit.
« Le Recteur répondit que ce n'étoit pas là son affaire et

« qu'il devoit plutôt songer à chasser les voleurs qu'il avoit
« chez lui; la femme du dl' de Keraret· répondit « et vous à
« chasser la p .... que vous avez dans votre maison» et en .
« même temps la prit par le nez et la mit hors l'église, la
« menaçant de la faire enfermer aux Madelonnettes le reste

« de ses jours. Cette person ne étoit servante du Recteur il y
« a six mois, et aujourd'hui la femme de son frère.
« Comme ils parlaient tous a vec chaleur, -cela causa un si
« grand désordre que l'on ne s'entendit pas: plusieurs sorti­
« rent pour n'être pas témoins, appréhendant que teue recteui'
« ne fut battu à l'autel. Le Recteur finit la messe comme il
« put. .

« II se sont pourvus l'un et l'autre; Ml' le Recteur devan t
« le juge criminel et Ml' de Keraret à l'officialité.
(t Ml' le Recteur est venu me voir vendredi dernier et me

(c conter en pleurant tout ce qui s'étoit passé; que par mena­ « ces et par bea ux discours on l'avait obligé de s'accomoder
« pour la somme de dix écus: qu'il avoit affaire à un homm e

« très violent et qu'il le prioit de ne le point abandonner et
« que si l'évêque et moi ne le soutenions pas, il abandonneroi t

« la paroisse .... je voudrois prendre un parti sage. Ml' de Kera-
« retest le beau-frère de Ml' Kerneisan.» .

Cette anecdote nous paraît être caractéristique pour montrer

quetles luttes d'influence devaient dès cette époque diviser

souvent"lé chàteau et le presbytèré, quelle importance pre-
naient les moindres commérages dans ces petits bourgs perdus
au fond des campagnes, et qup,ll-e était quelquefois la grossiè-

reté des propos qui s'échangeaient, même dans le saint lieu .

Nous ignorons quelle suite eut la plainte du Recteur. Le
seigneur de la Coudraye, Mr de l{eraret et son épouse semblen t
avoir continué à lui faire des avanies car nous voyons le

30 septembre suivant, oelui-ci, qui s'appelait J. Quemener,
adresser une autre plainte au baron du Pont, au sujet d'une

nouvelle incartade de madame de Keraret qui veut défendre à

soncousin et à sa cousine d'habiter dans la paroisse, et prétend

avoir le bras plus long que le baron du Pont et « le fera
ra nger )).

Cette dernière phrase tend à faire croire que celui-ci avait
do,nné tort au seigneur de la Coudraye, en quoi il nous paraî-
trait avoir eugrandement raison. .

Jacques de Charmoy mourut le 7 Février 1729, ainsi qu'en

témoigne l'acte de décès suivant inscrit au registre paroissial '

de Tréméoc. -

« Ce jour septiesine de feubvrier mil sept cent vingt neuf,

« messire Jacques de Charmoy, seigneur de ~aret etla Coudraye,
« âgé de cinquante ans, du manoir de La Coudl'aye dans
« cette paroisse de Tremeauc est décédé après avoir reçu tous

« ses sacrements: son corps a esté inhumé dans l'église

« paroissialle près le maistre autel où ils ont leurs enfeus;
« ont assisté au convoy et enterrement mp,ssiellrs les recteurs
«. de Plonéour, Loctudy, Lanvern, et autres qui ont signés,

«( j'enterrement fait par monsieur le recteur de Plonéour, du
c( consentement du sieur· recteur de Tréméauc.

« O. Joanno, R r de Lanvern .

« F. Quemener, Rr de Tréméauc .

Remarquons, sans commentaires, que le recteur de Tré-
méauc ne voulut pas faire lui .. même !'eùterrement de son

persécuteur; ,

-. ·204

Jacques de Charmoy ne laissait pas d'enfants; en lui s'étei­
gnit la branche des de Charmoy qui avait possédé la Coudraye
de J643 à ' 1729, c'est-à-dire pendant près d'un siècle .

III

" La sœur deJacques de Charmoy, Bonne Yvorée, née le 7 Dé-

c~mbre ' 1681 à la Coudraye, avait épousé Jean-Louis du Bot,
seigneur de TalhouëL Son fils François, dit le chevalier de

Talhouël, hérita de son oncle maternel la terre" de là Coudraye

et divers autres domaines (1). '. .
Il ne les garda pas longtemps: moins de dix-huit mois après la

mort de son oncle, par contrat du ~ aout '1730, il les vendi t

« à dame Marguerite Milon, veuvedefeu noble homme Robert
« GUér, in, de son vivant écuyer, conseiller du Roy aùConseil
« souverain de Léoganne, isle et coste de Saint'-Domingüe
«( pour le prix principal de '120.000 livres. et 2000 livres, scàvoir
« 1000 livres pour les pierres de taille qui sont dan's la basse-

(\ ' cour de la Coudraye, et 10001ivros pour les bois d'émondes

« actuellement en coupe et bonsà couper dans les pouf[)ris ... n
' La dame Milon habitait Nantes et semhle s'être occupée
de commerce, car dans les arrangements relatifs au paiement
du prix de la Coudraye, on voit qu'elle remet au vendeur une

traite de 'l0.000 livres sur le SI' Charette et Cie, son associé.

Dès le 8 août, elle institu~ pour procureur général le sr Louis

de la Chaulne, bourgeois de Nantes, aùquel elle donne pouvoir

d'aller, avec deux notaires de Quimper Corentin, preO'dre
possession des maJsons, terres, fiefs, seigneuries, domaines, et
métairies de Lesoualc'h, Kergaradec, le Songar, le Briec « annexé

au dit r~esoualc'h», et la Coudraye, qu'elle vient d'acquérir du

' (f) Le chevalier de Talhouët avait épousé Charlotte de Champaux, et
demeurait dans la maison seig'neuriale des Talhouët, paroisse de Pl uherlin ,
évêché de Vannes. " .

chevalier de Talhouët. Ces terres sont dans les 'pai'oÎssèS de
Goulien, Plogoff, Esquibien, et Tréméoc.

L'acte de prise de possession de la Coudraye (Arch. dél). du
FinIstère, liasse 838) est analogue à' celui du 12 octobre 1643,
parlequet Sylvestre de Charmoy prit possession des mêmes
domaines, avec cette différence que ceux-ci sont en bien ineil­
leur état. Comme autrefois, après avoir ' pris possession du
château et des dèux. moulins de la Coudraye, le SI; de la Chaul-

ne et les deux notaires se rendent au bourg, oÙ" le recteur
J. Quemenû les fait e'ntrer dans l'église et leur montre les
enféus des seigneurs de la ,Coudraye, et les armoiries des
vittaux. Celles-cise sont augmentées des armes des de
Charmoy, l'écureuil d'or sur fond d'azur; partout on les retrou-

ve entre autres ({ dans la maîtresse vitre derrière le grand autel,'
(1 au premier jour 'de laquelle suit les armes de la seigneurie
({ du Pont, qu'au jour qui est un peu au dessous; du costé dé
( ,l'évangile, est un écusson my party au premier d'azur à
( l'écureuil d'or,' et- au second verré d'argent et d'azur, qui
({ sont les atmes de la Coudraye, et.c. etc ... , »Les tombes,
vitraux

écussons sont décrits comme dans l'aveu du 9 sept.
1707, que nous avons reproduit plus haut.
La dame MUon habita la Coudra'ye, comme en témoignent
les registres paroissia ux de Tréméoc.-Nous la Yoyons~ en tre
autres, paraître le 27 avril 1731, comme marraine avec noble

homme Pierre Hyacinthe de Tréneuf, officier de la , marine,

parrain; elle est qualifiée dame de la Coudraye. Peu après;
elle épO'usait ce même officier de marine, et revendait la Cou~ '
draye à écuyer Paul Mascarenne, sr de ' Rivière, - demeurant
rue du Grand Marbl'ay à Pontivy, époux de dame Jeanne de ra
Pierre. ' ," -
Le contrat de vente est daté du 10 avril 1733 (Arch. 'dép. du
Finistère, liasse 838). Les biens vendus sont: les ten~es, fiefs
et seigneuries de Lesoualc'h, Kergaradec,le Songar et le Briec
annexé au dit Lesoualc'h.:.. ' "

2v6

'. «( Plus la terre, maison, fief et seigneurie de la Coudraie
« consistant en la maison seigneurialle avec tous ses pourpris,
«( prés, vergers, jardins, bois, taillis, etde haulte futaie, étangs,
« trois moulins à eau, dont deux joignant la dite maiso.n

«( principalle, et l'autre n 'ommé le Moulin neuf, la métairie

« noble de la Coudraie, et la métairie de Keryvoal· , etc. etc ...
« moyennant la sommede 9;5.000 livres tournois ... dont '18.000
«(payées à dame Gilonne de Quelen, veuve du sieur Jacques
« Charmois de ~arret... . .
La prise de possession par le sr de Rivièrè lui-même, accom­
pagné de deux notaires, eut lieu, avec le cérémonial ordinaire,
le 20 octobre '1733. On retrouve dans l'acte (Ai'ch. dép. du:Finis-

tère, liasse 838) les mêmes descriptions qile dans les actes du
même genre quehous avons déjà cités. ' . .
Paul ' Mascarenne était issu d'une ancienne · famille du
Languedoc qui fut maintenue comme noble à l'intendance,
en 1706, et admise aux États en 1761. SOn père, Jean Masca~

renne, était venu s'établii' en' Bretagne, en '1693. Ses armes,
étaient d'argent. au lion de gue. ules, armé et lampassé

d'or, accompagné de trois étoiles de sables rangées eh.
chef. .
Le 26 septembre 1722, Paul Mascarenne, sr de Rivière, seul
fils et héritier de défunts écuyer Jean Mascarenne et de dame
Marguerite le' Borgne, de leur vivant sr et dame de Rivière,

avait épousé demoiselle Jeanne de ,la Piérre du Hénan, née
a II Hénan le 18 septembre 170 1, fille puisnéde messire François
de la Pierre, seigneur de Talhouët,'cùns,eiller du Roy et doyen

des maistres ordinaires de la Chambre des comptes de Nantes,
et de deffuncte dame Marguerite' Pelagie Eberard, au château

du Henan, paroisse de Nevez. Par le contrat de mariage on
voit que la mariée eut 2;5.000 livresde dot, etle marié 1;)0.000
livres (Arch. dép. du Finistère, liasse 838.) .
. Après 'leur acquisition de la Coudraye lBS Mascarenne cie
Rivière vinrent y habiter mais seulement pendant l'été, car

- . 207 _f

ils possédaient un hôtel à Quimper,sur la place Terre-aH-Duc
e.n la paroisse Saint-Mathieu. ' . . .'
Ils eurent plusieurs enfants, dont l'aîné Jean-Paul Mathieu
naquit à Quimper, et les autres à La Coudraye:
Le premier de ceux-ci que nous voyons figurer sur les regis-

tres paroissiaux de Tréméoc est le suivant:

« Charles Joseph, fils légitime d'escuyer Paul Mascarin (sic)
« de Rivière, seigneur de la Coudray et d'autres l-ieux et de
C( Jeann '~ de Lapierre, dame de Rivière a esté ce jour cinqùies ·
« me novembre l'an mil sept cent trente et huit, né ·du jour
« précédent des dits mois 'et an que dessus, solennellement
«. baptisé sur les fonds baptismaux de Tréméauc par le soub~
« signant a eu comme parain et marai ne noble . homme
« Joseph l~ Borgne, et demoiselle Annette Buzenou de I~sa-
« 'leun qui ont signé: .

. « JOSEPH FRANÇOIS le BORGNE, _. ANNETTE la VIEUVILLE
« EUZENNOU.

« F. QUEMENER, ancien Recteur de Tréméauc p .
« LOUIS QUEMENER, Rect"eur de Tréméauc .
P. Levot da ns sa Hiographie bretonne, tome II, p. 720,

a consacré une intéressante notice à ce Charles-Joseph, qu'il
appelle Charles-Joseph Mascarène, comte de Rivière. ' ,
Reçu garde de la ' marine le 4 juilllet 17~4, celui-ci était
lieutenant de vaisseau quand éclat. a la guerre de 1778,et se

distingua sur les vaisseaux l'Annibal et l'Invincible, comme

capitaine de pavillon de Lamotte-Picquet. Le 4 juillet 1790;

il fut nommé, comme capitaine de vaisseau, au commandement
de la station des Iles sous leVent, aux Antilles, et du vaisseau

la Ferme, de 74 canons. Il prit part à la répression de la révo-
lution qui avait éclaté à la Martinique, et à la demande de

l'Assemblée coloniale de cette île, il fut promu contre-amiral

par .Louis XVI le 28 juillet 1792. Au mois d'octobre suivant

lorsque la Guadeloupe et la Martinique refusèrent d'arborer le
drapeau tricolore, Rivière en fit autant, et résista aux somma- .
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. TOME XXXIX (Mémoires 17) .

tions des commissairès envoyés de France parmi lesquels se
trouvait Bruix. Mais en janvier 1793. ces colonies changèrent
d'attitude; la désertion se mit dans sa division, et bientôt les

forts le menaçèrent d'ouvrir le feù sur ses bâtiments s'il per-
sistait à garder le drapeau blanc.
Rivière assembla en conseil ses officiers, qui étaient tous
royalistes, et leur proposa, soit de. conduire ses bâtime'nts

à Ostende, pour les meltreà la disposition des frères de

Louis XVI, soit de les mener à la Tri nité, pour les consigner en
dépÔt au Roi d'Espagne, jusqu'à ce que Louis XVI put être
rétabli sur le trône. Ce dernier avis prévalut, efle 11 janvier,
Rivière fit voile pour celte colonie espagnolp., où il apprit la

Il!0rt du Roi, et la déclaration de guerre de l'Angleterre à la
France~ Une escadre anglaise de neuf vaisseaux, commandée
par l'amiral Gardner, vint aux Antilles et voulut 's'emparer
de,la division de Rivière.Celui·ci fit aiors voile pour Porto­
Cabello, où il se rangea le 16 août ' 17U3 sous· le pavillon de
Don Gabriel Aristizabal, lieutenant général, commandant l'es­
cadre espagnole lIlouillée dans ce port. Le 23, lui et ses offi­
ciers prêtèrent le serment nécessaire pour être employés dans
hi marine espagnole; mais ils n'y servirent pas, et restèrent à
Porto-Cabello jusqu'en '1799, époque à laquelle il obtint de

venir en 'Espagne, avec vingt-deux d'entre eux. Cadix leur fut
assignée comme résidence.
Ils s'y trouvaient lorsque l'amiral Bruix vint y relâcher'avec

l'escadre française qu'il commandait. De nombreux duels
ayant éclaté entre les officiers de Bruix et les officiers royalis-

tes de Rivière, celui-ci, à la suite d'une protestation violente,
qu'il fit contre le Prince de la Paix qui voulait interner ses
officiers à Cordoue, fut expulsé d'Espagne, et passa à Londres,
où il put vivre grâce à une somme de 25.000 francs que les
créoles de la Martinique lui envoyèrent par souscription, et

ensuite grâce à une pension du Gouvernement anglais. Il y
mourut le 24 juin 1812. Il avait pris partà cinquante-cinq com-

_lF ·2~9 . . .
bats, et ·avait été nommé commandeur de Saint-Louis par '

Louis XVIII, le 8 février 1798.

Après Charles-Joseph qui précéde, Paul Mascarenne de
Rivière eut encore trois enfants à la Coudraye' : Jean Célestin,
né le 27 avril 1740 et mort en bas âge, Jean Félix, né le 20

mai 1742, et Marie Jeanne, née le 18 ' mai 174D. Il semble

avoir mené grand train dans son manoir de campagne, car
à chaque baptême de ses enfants, nous relevons sur les regis­
tres paroissiaux de Tréméoc de nombreuses signatures d'invi;.

tès, amis et parents.'· ,.

Jean Célestin eut comme parrain son frère ·aîné, messire
Jean·" Paul-Mathieu Mascarenne de Rivière; et comme marrai­
ne, demoiselle Céleste-Jeanne Lambert.
. Jean-Félix fut tenu sur les fonds , baptismaux par écuyer
Félix de Marhalla (sic) et dame Jeanne Alquier de Muserac,
veuve; signèrent aussi au baptême: Messire Louis desHayeux,
dame des Hayeux, de I);aoul:de la Pierre du Hénàn, Cath~rine

de la Pierre du Hénan, Jèan-Paul Mascarenne de Rivière,

Paul Mascarenne de Rivière, père.
Au baptême de Marie-Jeanne, nous voyons sur le registre
paroîssialles signatures d~ Messire Jean-François Euz. enou,
chevalier seigneùr de Quersalàun, conseiller au Parlement

de Bretagne, son parrain demoiselle Marie-Jeanne de la
. Pierre; damoiselle dU Hénan, sa marraine Ciaudinne ieanne

iaquette de Meserac des Hayeux de la Pierre d" u Hénan-
de Gourcuff de Tremenez le fils (sic) Paulinne du Hénan­
Fançoise de Mazoire de Gourcuff de Tréménez, major de la

capitainerie d'Audierne, Mascarenne de Rivière. Celui~ci

. \ . était le père de la nouvelle baptisée.

Cette Marie-Jeanne de Rivière épousa le 30 mai 1763 le .
chevalier deTrolong du Rumain. Nous reproduisons in extenso
son acte de mariage, extrait du registre paroissial deTréméoc.

Il nous paraît des plus intéressants.
,, « L'an mil sept cent soixante trois, 'letrentiesme jour du

- 260. '--..' ."

({ mois de may, api'ès les fiançailles faites en face d'église et '
(1 la première publication des bans dans ' la paroisse' de St

« Mathieu diocèse de Quimper et dans celle du Minihy Poulan
« Tréguier diocèse de Tréguier comme il conste par lescer-
« tificats des recteurs des dittes paroisses celui du dit sieur
«recteui' du Minihy en datte du vingt et deuxmay de ta pré- '
« sente année cèrtifié et scelé de Mgr l'évêque de. Tréguier,
« et cp,lui du sieur curé de St Mathieu en datte du vingt et
« . trois du mois de May de la présente année, et dispenses des

« deux autres Bans accordés par Mgr l'évêque de Quimper et

« comte de Cornouaille datté du vingt et quatre May de la
« présente année et demeuré par devers moy et ' par Mgr
« l'évêque et comte de Trégllier datté du . vingt et trois du
. « présent susditte 'année chacun des dits Seigneurs évêques
« agissant respectivement pour son diocésain et aussi demeu~
« ré par devers ·moy, je soussigné Vicaire Général chanoine

« etGrand chantre du diocèse de Quimper ayant interrogé
Ç( dans la chapelle domestique de la Coudray paroisse de Tré­
« méallc diocèse de Quimper haut et puissant Seigneur Messire
~( Pierre J Qseph lJ1 arie de Trolong chevalier duTttmain fils
« mipeur de feu haut et puissant Messire Pierre Jean Baptis­
« te de Trolong chevalier seigneur durumain et de haute et
« puissante dame Marie Alexandre Dumené dame douairière
« durumain de la susditte paroisse du Minily diocèse de Tré­
« guier, et demoiselle M arie-J eanne M asca:renne de Rivière fille

« mineure de haut et puissant seigneur Messire Paul Masca-
« renné de Rivière chevalier seigneur de la Coudray L, esoualls
« et autres lieux et de dame Jeanne de la Pierre dame douai­
« ri ère de Rivière originaire de la paroisse de Tréméauc et

. « domiciliée à St Mathieu de Quimper' et reçu leurs mutuels
« consentements par parole de présent les .ay solennellement
{( conjoint en mariage après avoir vu le décret de mariage

« du dit seigneur durumain par devant nous les juges de la

~( prévoté de Tréguier .eh datte du vingt et .un may sQsditte

261

« 'année et celui de ra ditte demoiselle de Rivièl'e p " ar devant

c( nous les juges du présidial de Qu.impel' en datte du seizième '
« May susditte année en présence et du consenlement de
« dame Marie AleXamtreDumené douairière ,DUrumain et de

« dame Jeanne de la Pierre,. douairière de Rivière, de mes-
(c sire Charles-René Dumené de Tronèvez chevalier seigneur

« d,u Coat Glas Pérennou et autres lieux . et. de Mesire Jean-

c( pauÎ Mascarenne de Rivière chevalier, seigneur de Lesoualls
'«, La Coudray et autres lieux et autres seigneurs et da.mes
« qui ont signés, et ay ensuite célébré la Ste messe et leur ay
« donné la bénédiction nuptiale suivant la forme et cérémo­
: « nies observées par notre mère la Ste Église.
cc Marie Jeanne Mascarenne de Rivière Pierre , Joseph
cc Marie de Trolong du' Rumain Lapierre de Rivière Dunlenez
cc Durumain Mascarenne de Rivière, du Menez de Tronevezec

cc chev: de Trolong Durumain Henry de Rivière chev. Guer-
« nisac ,' du l\fenez Thérèse Durumain Euzenou Guel~ni-

c( sac de Guernisac '- de Marhallac fils Gourguff de
, « Tremenec' , de Launay. ' ,
("J. M. Tilly, recteurdeTréméauc .

« de Farcy - chne, grand chtre et vic, Gen. .
A l'époque de ce mariage, le père de la madée, Paul Mas-

carenne de Rivière était mort depuis dix ans, à Quimper, et
son fils aîné, Jean-Paul Mathieu avait héritède la Coudraye.
Dans un acte du 3 août 1754, (Arch. dép. du Finistère, liasse
838) nous le voyons en effet qualifié ainsi: « Ecuyer Jean
« Paul Mathieu Mascarenne, mousquetaire du Roy, fils aîné,
,« héritier principal et noble du feu seigneur de Rivière ) ; sa
mère, Jeanne de la Pierre est dite veuve de Messire Paul Mas­
. carenne, seigneu-r de Rivière, tutrice des enfants mineurs

issus de leur mariage, la dite dame de Rivière demeurant
' alternativement en son hôtel en la ville de Quimper, Terre-

au-Duc, ,paroisse Saint-Mathieu, et à son château de la Cou-

draye, paroisse de Trérnéoc. ' ,. '

_. 262 . _"
Ces enfants mineurs, d'après l'acte instituant leur mère

comme tutrice en date du 26 mars 17;54 étaient: 1

Jean-
François, âgé de 19 ans .; 2

Charles-Joseph, de 15 ans; 3

Jean-Félix, de 13 ans; 4° Marie-Jeanne, de 9 ans.

Dans le même acte, figure aussi comme requérant avec sa
mère le frère aîné Jean~Paul-Mathieu, qui est dit : émancipé.
Jean-Paul-Mathieu épousa en . 1758 demoiselle . Angélique
Henry de Bohal. Le 11 octobre 1759, il eut un fils, dont voici
l'acte de baptême, extrait du registre paroissial de Tréméoc :

« L'an mil sept cent cinquante et neuf, l'onzièlI\e jour du
« mois d'octobre je soussigné, recteur de la paroisse de Tré~
« méoc, ay baptisé solennellement un fils à haut et puissant
« seigneur écuier Jean 'Paul Mathieu Mascarenne de Rivière,

« seigneur de la Coudray, de Lesouarch et autres ·lieux et de
« haute et puissante dame Angélique Bohal dame de Rivière,

« né le jour précédent auquel on a donné les noms d'Antoine
« Marie Hyacinthe parrain et marraine ont ettés autre haut
« et puissant seigneur écuier François Marie Corentin de
« Gourcuff, chevalier de Tremene, c, officier des Mousquetaires,
« chevalier de l'ordre roial . et militaire de Saint-Louis, et
« haute et. puissante dame Marie de la Pierre dame de ~sa­
« laun qui ont signés:
fr. M. C. de Gourcuff ch. de Tremenec.
MARIE de la PIERRE de ~SALAUN .
JEANNE la PIERRE de RIVIÈRE.

de ~salaun MASCARENNE DE RIVIÈRE.
J.-M. TYLLY recteur de Tréméauc.
Cet enfant mourut en bas âge ; l'hériti~r de la CO'lldraye fut
son frère Paul-François, né à Quimper, Jequel épousa demoi­
. selle Adélaide-Claudine-Gabrielle-Mauricette d'Andigné, née
à Guerande, fille de Messire Charles René d'Andigné, che­
. valier seigneur de ~cassier et autres lieux, et de demoiselle
Marie Adelaïde de Sesmaisons, son ~poose.
C'est au commencement de l'année 1773 que mourut à

263 ', '

Quimper - Jean-Paul-Mathieu Mascarenne de Ri\'ière, et que

Paul-François devint chef de nom et d'armes, seigneur de
Rivière, la Coudraye et autres lieux. Nous approchons des '
époques troublées de la RévolutIon, aussi le nouveau seigneur
ne semble pas avoir habité la Coudraye bien longtemps. Le
séjour dans les campagnes n'était plus sûr pour la noblesse.
Nous le voyons louer le manoir , et ses dépendance$ à un
nommé Barch en 1787. En ' 1788, il loue aussi les moulins
de la Coudraye et les fermes et eofin en n91, il ém ig~'e à

Jersey avec toute sa famille.
En raison de son émigration, la terre de la Coudraye fut

confisquée et vendue comme bien na Liona!.
On peut voir aux Archives départementales du Finis.tère

les procès-verbaux de cette vente; voici nn, extrait cJe . celui

qui concerne le manoir et la métairie (registre n° Q Domai-
n es ) . " . , ' ' .'

ADMINISTRATION CENTRALE DU FINISTERE

Ventes de biens nationaux
Du premier thermidor an quatre de la République fran­
çaise, une et indivisible, nous, administrateurs du département
du Finistère, pour et au nom de la R~publiq ue française et

en vertu de la loi du 28 ventose dernier, en présence et du
consentement du Commissaire do' Directoire exécutif, avons
'par ces présentes vendu et délaissé dès maintenant et pour
toujours à la ciloyenne Merpeaux demeurant à Quimper, à ce'
présente et acceptante pour elle et ses héritiers ou ayailt
cause, les domaines nationaux dont la désignation suit: ' .
1° Le manoir de la Coudraye, situé commune ' de Tréméoc,
canton de Plomelin, consistant en maison pri,ncipale, terres
tant chaudes que froides, logement de fermier, bois de haute
futaye, allées, quatre tailles, appartenances et dépendances,
la mùitié d'un pré. '

Le dit bien dépendant de confiscation acquis ~ la Républi-

- 264

que par l'émigration de Desrivières' fils, affermé pour sept
années qui ont commencées en 1787, au citoyen Barch .

. La ferme par bail au rapport de I~vahut notaire au Pont-

l'Abbé, en date du 24, Février '1786, moyennant une somme

annuelle de trois cents livres, cy............ 300 livres;

plus . les charges portées au bail évaluées douze livres,
Cy.4 .................. ~~ ............ ., 1~livres
Le château et les bois évalués conformément aux articles
cinq et six de la loi du 28 ventose par procès verbal d'estima-

tion du 16 messidor des citoyens Castelan, expert . nommé
par l'acquéreur par sa soumission du 9 messidor dernier, et
Chauvel, nommé expert par délibération du département.
En revenu cinq cent soixante trois livres dix sols,

cy. . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . .. . . .. 063 livres 10 sols;
total en revenu huit cent soixante quinze livres dix sols,
cy .. ". . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 870 livres 10 sols;
et en capital dix neuf mille soixante et une livres, .

cy ................................... " 19.061 li vres ;

etc. etc., suit une longue formule imprimée qu'il est inutile
de reproduire; elle est la même pour toutes les ventes de

biens nationaux.
Que devint le dernier seigneur de la Coudraye, Paul-Fran­
çois Mascarenne de Rivière?
· L'ouvrage si intéressant et si documenté de M. ]e Comte
Régis de l'Estourbeillon sur « Les Familles lrançaises à

Jersey pendant la Révolution)) nous apprend qu'il habita la
ville de Saint-Hélier et y eut une fille ]e 20 janvier 1796 ; celle­
ci fut baptisée le lendemain, et nommée Amélie Zéphyrine
Pauline par son parrain, messire Paul Maurice de Mascarène
de Rivière, son frère, et sa marraine damoiselle Thérèse
Zéphyrine Marie Louise de Kerléan.
Dans son acte de baptême inscrit sur l'un des registres
paroissiaux catholiques de Jersey (no 7, pages 2 et 3) elle est

dite fille légitime de messire Paul-Fninçois de . Mascarène

'-- 26fJ

chef de nom et d'armes, chevalier, seignetir de Rivière, la
Coudraie et autres lieux, né ~ Quimper, ancien officier, lieu­
tenant au régiment de Royal Marine Infanterie et de dame
Adelaïde-Claudine-Gabl'ielle-Ma uricette d'Andigné née à Gué-
rande en Bretagne. . .

« Le père et la mère de l'enfant .réfugiés en cette isle
(1 depuis cinq ans, à cause des troubles et cal amités de la
« France et y demeurant rue du Roi, ville et paroisse de
« Saint-H~lier; mais le père se trouvant absent depuis le
« ' 12 juillet de J'année dernière, et ' occupé à combattre en
« France pour le rétablissement du trône ct de l'autel. »)

On sait que l'année précédente, 179fJ, fut l'année de Qui-
beron où combattit le régiment de Royal Marine Infan-
terie. ' .

Il est probable que Paul-François Mascarenne de Rivière
s'embarqua sur la division anglaise qui transporta Sombreuil
à Quiberon, où elle arriva le 15 juillet '1795. '.
Le lendemain 16, Je régiment de Royal Marine Infanterie
prenait part à la désastreuse affaire de Sainte-Barbe et y

perdait 53 officiers sur 72. Nous avons tout lieu de croire que

le dernier seigneur de la Coudraye fut tué ce jour-là, ou fut

fusillé à Auray après la capitulation de ce qui restait de son

régiment, car à partir de ce moment; sa signature ne figure
plus sur aucun des registres paroissiaux de Jersey, tandis

qu'on y peut relever celles de sa femme et de ses enfants.
Nous devons dire cependant que nous n'avons pas trouvé
son nom sur les listes d'émigrés tués les armes à la main, ou
fusillés après Quiberon, qui ont été publiées par divers au­
teurs. M ais on sait que ces listes sont incomplètes.
Sa familleeontinua à vivre à Jersey, honorée et considérée.
Le 24 juin 1803, son fils, Paul-Maurice-René, signe au baptê­
me de Louis-Joseph de Goyon, com ine représentant de Louis­
Joseph de Bourbon, prince de Condé, prince du sang, parrain

du nouveau-né. Mais sa terre patrimoniale avait passé en

- 266· -

d'autres mains. Il n'était plus seigneur de la Coudraye, ni
d'autres lieux.
Nous arrêterons icr cette monographie sommaire. La Révo­
lution a aboli le titre de seigneur . et les droits et privilèges
qui étaient attachés à la possession des terres nobles.
Nous indiquerons seulement, en terminant cette étude, que
la terre de la Coudraye morcelée et vendue par lots .~ divers
acquéreurs, après l'émigration de son dernier propriétaire,
fut reconstituée en partie au commencement du siècle dernier.
L'ancien manoir, tombé en ruine, fut démoli, et ses matériaux
serviren t à construire la maison actuelle sans st Y le bien tran­
ché, extérieuremen t. L'intérieur est de style Empire . .
De l'ancienne splendeur de ce domaine, il reste quelques
belles avenues, des piliers moriumentaux sur la route' de
Trémeoc; à Plogastel-Saint-Germain, et la gracieuse cha­
pelle de Saint-Sébastien qui dresse toujours sQn clocher
dentelé de granit sur le point culminant de l'ancienne sei~

gneune .
La Coudraye, Octobre 1912 .
Cte LE 'NEPVOU DE CARFORT.·

III.

DEUX·I· E
, E . PARTIE

Table dés Mémo, ires publiés en 1912

L'Histoire de Cornouaille d'après un livre récent
par M. ANDRÉ OHEIX ......................... .
Les fusaïoles en pierres ornementées du dépar-

Pages

tement des Côtes-du-Nord, par M. A. MARTIN . . J 25
Eglises et. Chapelles du Finistère (suite) (Canton

de Morlaix), par M. le Chanoine PEYRON ..... . 38
Les Saints Bretons et les Animaux. Etude
hagiographique et iconographique, (suite, voir
T. XXXVIII) par M. le Chanoine ABGRALL ..... 51-267
V. Notice sur la Chapelle Saint-Jean Balanant, par

M. CHAUSSEPIED.. . . . .. ...................... 60
. VI. . Les Mystères bretons de la Bibliothèque de Les-

quiffiou, par M. LE GUENNEC . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
VII. Le dolmen de l'isthme de Kermorvan, en Plou­
moguer et ses gravures, par M. le Capitaine de

VIII.

frégaLe A. DEVOIR ........................... .
Remarques sur certaines étymologies citées par

M. H. -P. HIRMENECH dans son ELude sur le
Men Letonniec, Monument Celtique de Locma­ riaquer (Morbihan) par M. le Dr PrCQUENARD ..
Le Tombeau de Saint-Ronan à Locronan, par

Conrad Echer, traduction de l'allemand par M .
105

120
l'abbé PHILIPPON. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
X. Le Trésor découvert à Runabat, en Tourch (Fi-
nistère) par M. de VILLIERS DU TERHAGE . . . . . . 155
XI. Vestiges gëUlo-romains de Lansaludou, en Gui-
lers-Plogastel, par M. Le Chanoine ABGRALL. . 161

XII. Rannou Trélever, (légende et histoire) par M.
Louis LE GUEN NEC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

XIII.

Esquisse biogr~phique de M. Gabriel-Honoré de
Miollis, 1758-1830, Préfet du Fir1jstère\ sous ·le
premier Empire de 1805· à 1812, ' tiré du livre
de raison de M. Francis Saint-Pol-de":Léon de

Miollis, son fils, écrit en 1865., . . .. , , . , , . , ,.' 179
XIV. Les Anciens Seigneurs de la Coudraye, en Tré­
méoc, par M. le Ct

le NEPVOU DE CARFOR'l' ... 201-240
XV. Témoins mégalithiques . des variations des
lignes des rivages armoricains, par M. le

Capitaine de frégate A. DEVOIR, .... , ,', , . . . . . . 220
XVI. La coiffe bretonne, par M. LE CARGUET . . . . . . . . 283

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