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Bulletin SAF 1912


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Témoins mégalithiques des variations des lignes des rivages armoricains

Capitaine de frégate A. Devoir

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1912 tome 39 - Pages 220 à 239

T MOINS M

GALJT·HI

des

UES

VARIATJONS ' DES LIGNES ,DES. RIVAGES AR, ORICAINS ':

AVANT-PROPOS
La notion des variations relatives du niveau marin est

fort ancienne; Aristote, dans ses Météodques, entrevoit la

probabili té de progressions et de régr~ssions des eaux océa-
niques, et émet l'hypothèse de leur périodicité.

Des traditions ' plus ou moins obscures persistent dans
beaucoup de pays de l'ancien et du Qouveau monde; elles ne
mentionnent en général que des immersions brusques, dont

le caractère catastrophique est de nature' à frapper, pendant

de longs siècles, les .générations 'qui se succèdent aux abords
des régions dévastées : Platon, dans son Timée, rapporte
. . d'après Solon l'une des plus célèbres parmi ces traditions, la

disparition soudaine de l'Atlantide. .'
Sur les côtes armoricaines de nombreuses légendes rappel­
lent les noms des cités englouties par la mer: la submersion

d'ys domine toute la primitive histoire de la presqu'île,
qu'elle inaugure d'ailleurs : fait remarquable, ces légendes
ne parlent d'aucune émersion, l'Océan ne rend jamais les

terres et les villes par lui conquises. .
Sans demander à ces lointains souvenirs ce qu'il ne peu­
vent nous donner, il paraît rationnel de les considérer

comme des indications très générales du sens du mouvement

relatif; la science moderne, bien qu'encore limitée dans ses
moyens d'action, possède dès 'maintenant de plus solides

éléIllen ts d'a pprécia tion.

- 221
. . 1. 'Position dè la question.'

L'écorce terrestre est .incontestablement déformable :. M.

Ch. Làllemand a récemment démontl~é qu'aux déformations.

permanentes s'ajoutent des mouvements périodiques, sortes
de marées de la surface li,thosphérique, d'une amplitude

d'aillèurs tres médiocre (1). , ' , ,.
A tout mouvement de l'écorce ~orrespond un mouvem~nt

des eaux océaniques: quand des ' déformations s()Us-mal'Ïnes

i[}téressent~es régions étendues et Creusent de.~ .. fosses pro-

fondes, il en résulte des e'xondations; puis les apports solides
. . ' . r 1\ 1

arrach, es; sans cesse, aux masses continentales par l'ér-osion

flUVIale comme par l'attaque des , rivages marins, tendent, à
'. . -l' I;.I
exh, a: usser le fon4 des O ' céans et ~ produÏl'e Qne progres~ive
ascension de leur niveau', jusqu'à ce que survienne ~n nou-

veau cycie de déformation dont la conséquence sera un nou~

veau recul des lignes de rivage. Le refroidissementplanétai-

re s'accompagne de contractions de la lithosphère', contractions

qui peuvént produire soit des effondrements, soit dessurrec-

lions: les premiers de ces phénomènes sont de , beaucoup les
plus prob~bles et paraissent devoir affectü des aire~ b, ien

plus ,considérabl~s. que les seconds ' : la.fOl~ lmation Ou le
dévelo' ppement d'un relief ne sera, le plus souvent que 'Ie
résultat d'affaissements inégauxde rég,ions oucompal,timents

adj!l. cents, mais çle natures .différentes.' .

La théorie des effondrements,relativement brusques, eide
la ,remontée consécutive et progressive du niveau marin a été

merveilleusement exposée , 'par l'illustre géologue Edou~rd

~uess :~I ~'est inconte~~ta.blement ~a plus .~éQuisant0 qui~i ,t
été énoncée 'jusqu'à 'ëejour ; elle justifie, dans une cer-

~aine mesure, l'allure de ,cataclysme"plus qlJ , moins localisé,
que nous retrouvons da ns la légende du Ti mée et pans celle

___________ ' '_,_ ' 0" " , m e o m , 50., " ,,",,

(1) Mouvements et défol'lllatiolls de l'écorce terrest1'e ,

des lonS'itudes, i909. ' "

Ann", du Bureau

de tjisolement, au péril de là Q.1er, du Mont-Saint-Michel.
Les vieux narrateurs de la destruction d'ys ont fait inler-

venir une ouverture intempestive d'écluses; cette fictio'h leur

ét.a,it nécessaire pour ' expliquer une brusqQe progression

manne. .

L'étude des variations des lignes de rivages nécessitecel}e
des « témoins» des dites variations .: dans lasuècessio~1'des

~poques g~ologiques la détermination des fossiles , est 'le plus
s(ù· d~s' gùides ; p'our les périqdes voisines. , d . e nOus, l'examen
du rdief sous-marin' peut foqrhir d'utilès " lÔrIications ; .aux

tem'ps historiques" des œuVres" hu!?aijles ont gardé d~s. tl:a.~es .
de ;changemei1ts du niveau de.la m~r; tel est le cas du t~mplë

de Sérapis à Pouz~oles ': dans quelques po.ints p,rjvilégié'sdes

inQicati9n,s:de :~~~ps, s'ajoutant à'desindicatioris'de haut~urs
permeTtent desafsir l'allu!'e dU mouvem.ent i'elatif,~~ , pl,Qin~

PO!, Ü ~tie ou plusi~urs deses. phases. ' .' .. :..

: "'tet :~eure.ux c , oncours de circonsLances ne se renccllltre' q':l~

bien i'iüement ; bien courtessont d'autres part, sauf dans le~

r.~gîo·~s IIiédit~r,r~née~nes, les périodes. ' éclàirée~ , par le~
'lumières:de l'histoire. ".;.

La science n'aguère utilisé jus~iù'à pl~ésent que deS' témoins.

d'o~dregéologique 'et quelques données historiqùes; alors que

les pre~:lÏères ci vilisa tio~s, et' notamp.len t,l'ère. méga li thique,
peuvimt'foUmir de très pl'éci~u ,~es indicatfbns. '. . ..
li est en effet hors de d.o~ie , qu'aüx', temps néolithiques eL

d,u bro.nze des populations relativement très denses vivai.ent
da'ns Ie.s régions , qui bordent l'Atlantiq'ue, dl~essant sur les

hauteUrs et dans les plaines de nombreuxmonumei1ts, dol~

'Ipens~ i e~ tumulus, menhirs , e. n groupes plus' . 0, U moins

s. erres. .

. Gertait;ls de ces monuments se voient encore à' très faiblé

distance deïa mer'qui les recouvre parfois: certes les archi-
'LecLes préhist.oriqües 'ne les érigèrent pas sur le sable ou . la

'vase que baignait chaque 'marée : une pt'ogression océqnique

a seule pu placer ces antiques vestiges dans:le d'omaine 'public
maritime. . . . . ... . -' . .. . _ ~ . .
Nous ne pouvons assurément pas considérer nos menhirs
et dolmens ensablés ou envahis par les eaux comme des
chronomètres, au sens exact du mot; ils montrent seulement

qu'au temps des civilisations dont ils sont les plus précieux

restes, la mer n'avait pas encore conquis les lieux où nous les

voyons aujourd'hui: l'imprécision même ' de la classification
préhistorique, le' s controverses surI'époqu~ où Le~époque,s (lous
interdisent tDute évaluation chronol'ogique, même . gro· s-

Slere. .

, Ces témoilfs ont.été signalés en assez..grand I)ombr~ '.: ., Qe§
mégalithes:enfouis d:ans ]a va~ière de Locmar~aker parai.s~~pt

av'ojrfait partie des im portants ensem hIes qQ'nl .l.es · restes
nous ont été conservés: la tradition atfirm, e. , ql!e . J~s. )aligne ~

. ments,de Saint-Pie-rre-;Quiberonse prolongent bien au d~s~Qus
-du piveaù-des plus basses mers. . "'c (~ ' , .- > :,. ~'. . ;,: '
~ . Pouvons.-nou~ .. accepter 'ces mégalithes çom.rn~ · témoilJ~
indiscutables ,d'uneprogression marine; nOQ a~~.urémen~ . . . : ::
. Les lames et les. courants. ont fait . leu.r··_ Œuvre, tan~ .. J

fentrée ,.de · ·larivière d'Aurqy que· Sut:; les , rivages ' de la
presqu'He de'.Quiberon, aucyn des - merr,hirs pr:obaQle. s; .. n)st

resté debout. ; aucune preuve indiscutab.Ie .n'exisre~ de, p~lJsée;
d'intention bien définie; la probabilité; même. très' grqnd~,

est dahs ce . cas . insuffisante, la cer: titude . seule 's;~O~fait

. l'e~prit. · .. ' '. . . . ' , ,'. . ;' , . ~ : : .
. ElIe ne peut être a~mise qu.edansle cas d'ens.emblemégat
lithiques encore 'bien caractérisés et dont u~r étéme.nt . au

moins n'a pas été renversé. . .': ;'
. C'est 'dire que le choix des témoins : préhistoriques des
variations de niveau ne peut sefai-re . qu'avec une','extrê: Ole

. prudence; cornille premier pas dans la vQie nOlJveIIe; ·qu.e je
viens de tr: aéer, je. me, bornerai à citer : é\QjoUl: . d: : hui· :tl:ois

mon u ments que, j'ai é Ludies pa r !,Iloi -mèlI,l e' .;; F . u n j d:'euxj f e;;J

- 224

sittiè~ans le Morbihan, non loin ,' d'Auray, les 'deux autres
sur la côte Nord du Finistère.

. Il. Desoription sommaire des trois

( temoms »

1\ (A) DoLmens de Kerroyal. Il ,Y a quelques années mon
Vieil ami. Zaèha'rie te Rou'zic, conservateur dLi Musée- Mjln,

me fit part de son , intention d'explorer un groupe de deux
'dolmens situés SUl' le bord de la rivière du Bono, affiuenLde
ceile d'Auray, au lieu de Kerroyal, 'conimune -de Plougou­
melen : je l'y'accompagnai bien volontiel:s, la position de èes

monuments au milieu d'une vasière me paraissant des plus

intéressantes. (Fig. 1.) , . "
, L'un de ces dolmens est complètement délabré et son
tracé primitif est à peine disGernable : l'autre, qui c _ ompre- ,
: naÜ aù' moiris 'trois ,chambres, est en beaucoup meilleur état ;
il semble avoir être fouillé, peut-être à U-l)e époque très recu~
lée: par des opérateurs soigneux qui ont tangé 'en bon ordre,
dans l'angle d'une chambl;e, les dalies grieissiques 'dépla'céès
par eùx ; nous n'y récoltâmes que les débris' d'un gra'nd vase.
Tout l'intérêt de ce monument ' résidait d'ailleurs pour ' moi,

comme je'l'ai déja dit, dans sa situation'. " .
r, L'accès en 'est possible en bateau, à marée' haute; du' côL-é
, de terre il faut traverser une vasière à surface assez mo]le, où
l'ori enfoncé jusqu'a'lI dèssus du genou, 'pour 'arriver ' jusqu'à
r ÙRe étroite platefornie rocheu'sè sur laquelle a: été édifié le

dolmen. .

: ' Sa lable est partiellement couverte de 'lIchen, ainSI que les
pal~lies hautes de deux ou' trois sùpporls tandIS qüe ' , des' he.l~~
'tes marines s'attachent au bas des autres. (Vue no 1.) , ",
, Le l~égiÏrrede la 11lai'ée; dilllS celte rivière:qui débouche dans

celle d'Auray par un étroit goulet n'a pas , étE}, à. ma connais ~

Vue n ° L

DOLMEN SUD DE IŒRROYAL, dit « ROC'H VILIN n.

Vue n° 3.

Vue n° l~.

~1EN HlR DE LILlA

à g'auche restes

d'un cromlec'h

DOLMEN A GALERIE DU lŒRNIC, vu du S.-O.

Vue n° 5.

- DOLMEN A GALE RLE DU 1 EB.NIC vu de l'Ouest
et MASSIF DE ROC'HOU BRAS
Hauleur de la marée 2"'10 environ au-dessus du niveau moyen .

Vue n ° G. - DOUlEN A GALERIE DU KERNIC vu de l'K-S.-K

A u premier plan, petite cale conslruite avec des fragments des tables, et des blocs
provenant de la partie Est du Cromlec'h.

. Vue n° 7. - DOL.\ŒN A GALERIE DU IŒRNIC.
A gauche du trépied support A, avec deux traits blallcs espacés de 50 'lm;
au-dessous d'un tas de goémon support transversal B

Vue n° 8.

Menhir à l'Est de Lesconil.

-I,))li li

Vue n ° 9. - Menhir à l'entrée de la rivière de Pont-l'Abbé.

FIG. L . Dolmens de Kerroyal
o. Rivières d'Auray et du ,Bono (tIWOOOOe)

~ ... 1,IJi~

E.:l4"""

BULI.ETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO .. " TOME XXXIX (Mémoires 1~) .

;. , 226 - .~

sance, étudié . de façon préCise; le ' graphique fig. 2, établi
d'après les données des Ponts et Chaussées pour la pointe
de Kerpenhir et Port Navalo (Entrée du Morbihan) et d'après
celles du S. hydrographique pour Aurayn~ . peut donc

FIG. 2.· - Domaine Sud de Kerroyal dit " ROC'!~i Vilil1 "

. i .~I I · I

- PHm
Pl1 __ . _

a .. _ ._~ __ ..s,; __ _ 1- - _1- -

l'.sm

/lÙleQU . '11'10'flM'l;'

-d~d&;/«A'Ùe ~ ... ~~~td

Repérage" approximatif en altitude (i/iOQe)

représenter qu'u: në approximation: il. suffit à montrer que la
partie inférieure des supports se trouve à environ 2 mètres au­
dessus du niveau moyen et est. par ·suite atteinte par la mer

à toutes les marées de vives c eaux . : la ta'ble est, par contre
toujours découverte. . .

Les restes de " . l'autre , dolmen sont à une cote un peu
moindre et compl~tem'ent enva.hi, s par les goémons .

Il est incontestaQle quë ces monuments se trouvaient, au

moment de leur édification, à quelques mètres au moins au-
dessus de l'atteinte des IIlarées ; l'érosion marine n'a pu être

- 227

dans cette région, à plus de Hi , kilomètres ',de l'entrée du
Morbihan, d'aucun effet: nous ' sommes donc autorisés à
conèlure à un mouvement relatif tendant à rapprocher du
niveau des eaux les dolmens de Kerrogal et l'assise rocheuse
qui les supporte.
(8) Menhir de Litia et traces d'un cromlech (Estuaire de
l'Aberwrach) Au cours d'une exploration dans la presqll'île
de Plouguerneau, j'ai reconnu dans la plage située au S.-O .

du village de Lilia, près duquel sè trouvent deùx énormes
dolmens, mutilés d'ailleurs, l'existence d'un ensemble des
plus intéressants. (Fig. 3.) , .

1 lJ~'"

ioo ~o

't'i.e

;",y,. l ,e,ck. rr" n.e. CM4YU là ",a J

N. B. Cotes rapportées au niveau des plus basses m'ers

- · 228

11 comprenduo menhir de 2 m OQ de hauteur, au Nord-Est
duquel des blocs de faible hauteur mais de dimensions assez

importantes jalonnent une enceinte rectangulaire dont
j'établirai prochainement un levé exact. Cette enceinte se voit

bien sur la photo no 3.
Je m'occuperai ici que diI menhir, que tes herbes marines

recl1uvrent presque entièrement.
Il émerge du sable à 2 m 40 au:dessus du zéro des cartes
hydrographiques situé lui-mêm~ à 4 m,37 au contrebas du
niveau moyen ; ceci revient à dire que son sommet ne dépasse
ce niveau que de quelques centimètres. (Fig 4:) .

J'Hm... __ ) ___ ,

-.,Pllm

nw~moo~-~W)L-~~-, n, __ .. . A 7 7

X 1U· . ~- U~nur

Y.13m _____ ..1

bUJ __ :.':. -! = = ._~ ~ __ t~ _ __ .P./37f1.

)~à&.J'e;zA";~.

FIG. 4. Menltir de Lilia (h - 2

Repérage en altitude (i cent. pour t mètre)

_ a 229 "

Le menhir de Lilia est donc entièrement · submergé ' 12
heures sur 24; au moment des plus grandes marées d'équino­
xe, la mer s'élève à plus de 4, mètres au-dessus de sa partie

haute.
. La variation de niveau indiquée par ce témoin est beaucoup
plus importante qu'à Kerroyal : en supposant une épaisseul' .

d'un mètre pour Je sable de la plage, le pied du menhir,

actuellement à ' 1 mètre au moins au-dessus des plus basses

mers se serait trouvé jadis au moins à pareille hauteur au-
dessus des plus hautes, d'où dénivellement minimum possible
de!) mètres, dans l'hypothèse assez vraisemblable de modifica-

tions minimes dans le régime de la marée, depuis l'époque de
l'édification du monument. Une telle exondation suffirait à

relier, d'une façon permanente ou presque permanente les
îles de l'archipel de Molène entre elles et au continent;
eHe permettrait de se rendre à pied, lors des basses mers, du

Conquet à la ,rive Sud du Fromveur. .

Le menhir de Lilia est protégé du choc des lames pal' le
massif de l'île Wrac'h ; il est formé d'un bloc de granulite,
roche qui constitue toute la partie Sud de la presqu'île de
Plouguerneau. .
L'importance de ce témoin s'accroît du voisinage. d'autres
monuments parmi lesquels il convient de signaler, en outre

des dolmens de Lili a , les retranchements anciens de Saint-

Cava et plusieurs tumulus.
Un établissement romain dut exister dans ees pal;ages ; à
11 kilom. vers l'E.-S.-E. du menhir se trouvait jadis une borne
milliaire du règne de Claude 1

, aujourd'hui conservée au
musée de Quimper.
Cette borne jalonnait une route se dirigeant vers la mer
vers un port auquel quelques écrivains ont attribué le nom
de Gezocribate et dont les ruines n'ont pas ericoreété retrou-

vees.
Nous ne devons plus nous en étonner, l'établÎssement

- , 230 -

romain a été submerge comme :Ie 'menhir' lUI-même et sans
doute plus encore. C'est seuleme: nt aux enVIrons de,la ' laisse
des plus basses mers qu'il conviendrait d'en ' rechercher les
traces.

L'exploration des grèves voisines 'mérite diêtre entreprise,

bien qu'elle puisse être vouée à un absolu insuccès (1) :il
suffit que le port ', romaï'n se soit ti'ouvé dans un site que
la progression marine a soumis depuis lors aux- chocs des

lames pour qu'il n'en subsiste ni une pierre, ni une 'brique.

La légende de Tolente en est-elle un obscur souvenir? " ,

Sans chercher a introduire dans les 'études al'chéologiques ,

d' es considérations linguistiques toujours pleines d'embûches ,

il convient de remarquer ' que le radical hent = chemin se

retrouve dans le nom de Tolente comme dans celui de Lezen t

que portent d'énormes pointements rocheuxsur la rive droite

de l'estuaii'e ;il existe à 4 kilom. de Poulguerneau un village

d'Anter-ent. Le « hent» de l'Aberwrac'h ,était-il la voie

romaine?

, (C) Dolmen à galede du Kernic'en Plouescat. - Ce dolmen

dont toutes les tables ont disparu, émerge d'une plage, sur
la rive Nord de l'estuaire ensablé du ruisseau de Ploilescat.
Fig. Q. .
M. Paul du Chatellier y reconnaissait « un très yaste monu­
ment m'égalithique composé de trois rangées parallèles de
pierres debout formant comme deux allées couvertes mesurant ,

intérieurement 10 mètres de long et 1 fi 80 à 2 mètres de
1 a rge. » , , . . . : .

Je suis plutôt tenté d'y voir un dolmen à galerie, avec cham-
bres annexes, dont le tumulus de recouvrement, ou simplement
' le tertre de construction, fut jadis consolIdé : par un cromlec'h

de soutènement visible aujourd'hui dansses ':parties Nord,

0) Depuis la rédaction de cette nole, j'ai découvert. à un mètre au-
dessus du niveau moyen et non loin de Lilia les.J'~stes d,'un dolmen à
galerie que je me propose d'explorer proCbainemèn.t, " . " ' . ' ,

, -" 231 '.

EsL et 'S.ud

,seu.Jeme, nt. , .ces eJive.rs él~ments occup~nt , un

d~velopP~qlent tOlJ11 de 22 mètres, et pept-,êtremê.me de 3û,m.;

d; ll N .-J~.~ E. al!, 8.-$.) -Q; l'axe est dirigé vers un,petiUnenhir,

, , tn~ Û>1'
Lf?~ (J ,
, , :" ,çr, c> ,C::J

FIG. 5. - Estuaire ensablé du Kernic
D dolmen à galerie

Eëhelle de i/50000· '

(Cartes ' de l'Etat Major)

dénat uré et, transformé en lec'h,: que l'on , aperçoit : sur l'une
des crêtes de la rive opposée. Un pointem~nt granitique
appelé Roc'hou bras domine la plage sur lé quelle se dresse le

monument; cette plage s'incline doucement vers le ruisseau,

bordé de petit gravier et de menues pierres; plus haut la
couche de sable n'atteint que quelques centimètres, aux envi­
rons de la galerie; elle recouvre un lit d'argile brune consis­
tante. Ces dispositions du terrain montrent que la poussée des

. lames n'a ici que fort peu d'influence; celles-ci sont en effet
brisées par une vaste barrière rocheuse resLe d'un « avant­
pays)) envahi par la mer, ainsi que par la flèche du Kernic,
dont les éléments arénacés proviennent · du demantèlement,
. par l'érosion marine, d'anciennes 'falaises ou d'anciens îlots.

. ' Le granite de Plouescat qui constitue toute la côte, de
l'Aberwrachau méridien de Cléder est fort peu résistant; ses
assises; minées successivement par l'érosion, fournissent en
grandes quantité , des matériaux détritiques qui s'élèvent

en dune.s, pendant que descendent, par ;rapport au niveau
marin, les roches qui leur ont été donné naissance.

J'ai profité d'une marée de vive eau, en mai dernier, pour

déterminer quelques cotes dece monUment si intéressant; la

figure 6 donne les résultats du . nivellement sommail~e ., etfec- ,

tué; elle porte les données caractéristiques .des marées à
Plouescat, d'après les Pontset , Ch':aussées et d'après le Service
hydrographique, données assez différentes au point de vue du
. marnage total (1). ' '
Quoi qu'il en soit, le dolmen tout e, ntier et son cromlec'h de .

soutènement sont au-dessus du niveau moyen, que le pied du

support S.-o. dépasse de 1 fi 70, mais au moment des plus

grandes marées, le support transversal B est entièrement

Immerge.
Une exondation permanente du . monument exigerait un
abaissement minimun de 5 mètres du niveau des plus hautes
mers et par suite du niveau moyen; au moment de la cons­
truction cet abaissement devait être bien plus considérable .

. (i) Les chiffres des Ponts et Chaussées sont de détermination assez ré­
centj;:,.I ,es autres auraient sans doute besoin d'être vérifiés, la carte hydro­
grapIiiquelevé(? en t838 n'ayant pas été reYisée depuis cette époque.

233 . 0

Il est fort probable que 0 le ruisseau de Plouescat coulait
alors dans une vallée libre et ne. rejoignait la mer que bien

FIG. 6. - ReNtes du dolmen à galerie du Kel'nic

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1~ :Jo ' 3- 4" · 5' · 6" 1-

, . eiz.o!S H) Y. . y .
».811\- - -. - -- - - - - J

Détermination des cotes par les hauteurs d'eau à la marée du t9 mai HH2 (soir) .
. A support S.-O.

B support transversal.

au-delà d'Enès Eog et de Kibell ; des pointements rocheux se
voyaient sans doute là où s'est formée la flèche du Kernic.

234 . !.

III. Conclusions .

Les trois monuments qui font l'objet de cette note ont une
énorme importance pour l'étude des variatibns ' des rivages
armoricains: leur existence démontre qu'aux temps préhis-

'. . ' toriques la mer ne. recouvrait pas certaines régions qu'elle a;

depuis lors, envahies. ;'

Les positions de ces trois témoins à t'abri du ëlioc des Lames,
, . , écarten,t. toute explication se basant uniquement sur l'érosion;
. nous :so~mes donc autorisés à admettreTexistence d· 'tlO mouve-

: ' ment rela~tif d'immersion du massif arrilOricain tout entier: j'ai
· dit en'commençant qu~ la réalité d'un tel îrtouvementn'a rien ·

, qui puisse surprendre. ' .' ,

Deppis l': èré mégalithique, les terres. , se; sont, 3:baissées d'au

, moins 10 mètres, et peut-être de beauco. up plus, par rapport au

· nivea u marin; j'ai nette" men.t établi ce fait d'observation maïs
',' . c - ët abaissement poùrraÜ n;être' que la somme algébrique aë

~,mouvements tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, les

· exondations restant toutefois de moindte importance que les

relèvements de la mer. ;

Nous ne pouvons à ce sujet formuler aucune certitude.; l{~s

, .. progrès historiques des eaux marines semblent toutefois :'indi-

· quer que le mouvement ~'immersibn se po. ursuiL 1 :
· J'ai': essayé de déterminer, dans une étude publiée au

Bulletin de l'Institut océanographique de Monaco (1.), '.

comment s'étaient produites les ruptui'es des « ponts)) de Je'r-

sey et des Chausey, ·et posé la l)otion du niveau critique, inti-
.'J mement liée à celle d'une immersion relative. '. . . ' ,
D'après la théorie précitée d'Edo Suess, attribuant · toute
exondation à une contraction lithosphérique et à la formation
d'une fosse océanique, nous serons conduits à n'admettre la

(1) Essai sur les mouvements de la mer dans la Baie du Mont-Saint-Michel

(époques actuelle et-préhistorique).

- 230 .....,..

Issibilité d'une émersion que comme conséquence d': un mou;

Huent important, survenu dans tes régions atlantiques . .. :

·Or rien ne nous permet de penser qu'un mouvement de ce
mre s'est produit dans la période comprise ' entre l'ère
,égalithiquB et le temps présent. ". ;
Jusqu'à quelle époque géologique pouvons-nous faire remon-

~T l'origine de la progression marine. Le problème est
r'du et les points de repère peu nombreux.
L" a découverte par M. Siraudot . de dents de rpammo1,lths
ans des plages s'oulevées de la base du Mont-Dol, montre

u~aux Lemps · oÙ vivait cet animal le niveau marin était plus
levé que de nos jours; j'ai montré d'autre part que la forma-

ion de la tangue n'avait pu se faire qu'au détriment des falaises

hylladiques qui forment un vaste hémicycle autour du roc de

;aint-Michel èt que le niveau d'attaque de ces falaises se trou-
'ait en contrebas du prec~dent commedu niveau actuel.
En ré1Pprochant ces considérations des récoltes d'objets
nagdaléniens, dans la tangue du marais de Dol, nous sommes

Imenés à conclure que la mer a regressé du quaternaire ancien
l l'époque du renne, et qu'elle remonte depuis cette époque. ,

Quelle put être la cause de cetteJégression : il convient de
a rechercher dans quelque effrondement atlantique; or l'exis­
:erice d'ün tel mouvement pendant le quaternaire est

:lUjourd'hui généralement admis .

J'ai depuis longtemps émis l'hypothèse que' cet effondremen t

a laissé remonter vers le Nord le réchauffeur de nos climats,
le Gulf Stream, jadis arrêté-p 'ar quelque Atlantide, et par le
fait même, mis fin aux temps glaciaires. .
S'il .eri est ainsi, le comblement progressif et l'ascension

marine auraient commencé avant l'aurore des temps'actuels,
bien des sièCles avant les premières invasions néolithiques .
. Aux témoins géologiques de ces phénomènes .l'archéologie
peut aujourd'hui ajouter des témoins élevésde mains d'homme;
eUe apporte de nouveaux et précieux éléments à l'étude de la

236 _ .

Géograpbie des rivages, trop négligée jusqu'à présent.

Entre les restes paléontologiques, les légendes 'post-romai- .
nes et les faits historiques, les dolmens ensablés forment un
précieux échelon: je ne fais qu'indiquer la voie nouvelle en
recommandant toutefois à ceux qui les voudraient explorer la
plus extrême prudence. .
. Quelques soientles objets que recèlent ces monuments rien
ne nous est plus important que leur existence même. Res­
pect aux témoins mégalithiques des variations de nos rivages.
Brest, Juillet 1912.
A. DEVOIR .

APPENDICE .

J'ai eu tout récemment l'occasion, pendant une excursion
aux environs de Pont-l'Abbé, de voir deux importants menhirs
dont le flot baigne les pieds à chaque marée.
Ces monuments, mentionnés dans l'ouvrage précité de
M. Paul du Chatellier, se trouvent, de par leurs positions, abso-

lument soustraits à l'action des lames du large: ils sont, de

plus en dehors des lits de courants rapides produits par le
flux et reflux dans les vallées que remplit·la marée.
Les assises rocheuses qui les supportent échappent de même

à l'érosion; les apports détritiques, tant marins que fluviaux
tendent toutefois à les recouvrir d'un manteau de sables et de

vases dont l'épaisseur ne peut faite qu'augmenter: il est donc
difficile; sans sondages qui pourraient compromettre l'as-

siette du mégalithe, de déterminer . la cole de son pied: les

hauteurs d'eau donnent au contraire toutes commodités pour la

fixation de l'altitude du sommet; le. s circontances de marée

étaient, à mon grand regret, très défavorables aux heures où
j'ai visité les deux menhirs; limité par le temps, j'ai dû re-

mettre ces mesures à une autre occasion . .
1° Menhir de Lesconil. Ce menhir se trouve dans une petite

vallé
cie la

et l,
laq

- 237

é tributaire de celle qui aboutit à Plobannalec, au S.-E.
chapelle de Lesconil. (voir figure 7)

Fig'

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l.U moment de ma visite il y avait jusan t depuis trois heures,

e niveau était plus élevé en amont de la flèche arénacée qu'au
ge, toute observa tion de hauteur d'eau était donc inutile.
j 'estime toutefois que le sol, au pied du menhir est à 3

liron au-dessus des plus basses mers : la hauteur du
galithe étant, d'après M. Paul du Chatellier, de 2

cote de son sommet serait voisine de 6 mètres.

.,; 238

, te marnage maximum de la marée est, suivant les docu-
ments récents du service hydrographique, de ~m52; la tête
du menhir émergerait donc aux plus grandes marées d'un de­
mi-mètre, et le sol, à sa partie inférieure, serait à 75 centi­
mètres au-dessus du niveau moyen.

L'atlas des Ports maritimes donne un marnage un peu plus
fort, 6 mètres · ('1895) qui immergerait, aux plus grandes
marées le sommet du menhir. .
Sans parler plus longuement de ces différences nous pou-

vans dire que la base du menhir de Lesconil doit se trouver

au niveau moyen et peut-être au:..dessous.

Ce mégalithe, de forme grossièrementparallélipipèdique est

représenté par la vue n° 8 ; son voisinage d'un dolmen et

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. fig 8

Figuré du terl'ain au moment des plus basses mers.

, .. 239

d'une nécropole préhistorique, malheureusement dèvash~e,
indiquent assez son importance.
, 2° Menhir de Moguùiou. Ce menhir 'que ' je n'ai pu voit

qu'à distance a sa plus grande largeur dans un plan N.-E.-
S.-O. ; l'épaisseur, suivant un plan perpendiculaire est plus
faible, de la moitié au moins. (VUfl no 9)
Le croquis de la figure 8 indique suffisamment sa position.
La hauteur d'eau, au moment où la vue no 9 a été prise

atteignait 4

90 au-dessus du niveau des plus basses mers: je
n'ai pas eu le temps de rètourner près dece 111enhirà une pé-

riode de marée plus favorable aux observations. ' -

Aodt'1912. ' .

III.

DEUX·I· E
, E . PARTIE

Table dés Mémo, ires publiés en 1912

L'Histoire de Cornouaille d'après un livre récent
par M. ANDRÉ OHEIX ......................... .
Les fusaïoles en pierres ornementées du dépar-

Pages

tement des Côtes-du-Nord, par M. A. MARTIN . . J 25
Eglises et. Chapelles du Finistère (suite) (Canton

de Morlaix), par M. le Chanoine PEYRON ..... . 38
Les Saints Bretons et les Animaux. Etude
hagiographique et iconographique, (suite, voir
T. XXXVIII) par M. le Chanoine ABGRALL ..... 51-267
V. Notice sur la Chapelle Saint-Jean Balanant, par

M. CHAUSSEPIED.. . . . .. ...................... 60
. VI. . Les Mystères bretons de la Bibliothèque de Les-

quiffiou, par M. LE GUENNEC . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
VII. Le dolmen de l'isthme de Kermorvan, en Plou­
moguer et ses gravures, par M. le Capitaine de

VIII.

frégaLe A. DEVOIR ........................... .
Remarques sur certaines étymologies citées par

M. H. -P. HIRMENECH dans son ELude sur le
Men Letonniec, Monument Celtique de Locma­ riaquer (Morbihan) par M. le Dr PrCQUENARD ..
Le Tombeau de Saint-Ronan à Locronan, par

Conrad Echer, traduction de l'allemand par M .
105

120
l'abbé PHILIPPON. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
X. Le Trésor découvert à Runabat, en Tourch (Fi-
nistère) par M. de VILLIERS DU TERHAGE . . . . . . 155
XI. Vestiges gëUlo-romains de Lansaludou, en Gui-
lers-Plogastel, par M. Le Chanoine ABGRALL. . 161

XII. Rannou Trélever, (légende et histoire) par M.
Louis LE GUEN NEC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

XIII.

Esquisse biogr~phique de M. Gabriel-Honoré de
Miollis, 1758-1830, Préfet du Fir1jstère\ sous ·le
premier Empire de 1805· à 1812, ' tiré du livre
de raison de M. Francis Saint-Pol-de":Léon de

Miollis, son fils, écrit en 1865., . . .. , , . , , . , ,.' 179
XIV. Les Anciens Seigneurs de la Coudraye, en Tré­
méoc, par M. le Ct

le NEPVOU DE CARFOR'l' ... 201-240
XV. Témoins mégalithiques . des variations des
lignes des rivages armoricains, par M. le

Capitaine de frégate A. DEVOIR, .... , ,', , . . . . . . 220
XVI. La coiffe bretonne, par M. LE CARGUET . . . . . . . . 283

:'.. . .. . " ott .. " oC