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Société Archéologique du Finistère - SAF 1912 tome 39 - Pages 201 à 219
EN TRÉMÉOC
__ E-LE_. __ L·_,,· ____ ~).H~~.Ht----- ..... -·-,- , .. __
Quand on va de 'Pont-l'Abbé à Quimper, par la grande rou
te, on trouve à gauche, à 2 kil. environ de Pont-l'Abbé, un
chemin qui conduit à Plogastel-Saint-Germain, en passant
par Tréméoc, qu'on écrivait l'remeauc, au XVIIIe siècle,
l'remaëc au XVIe, Tl'efI-Maeheuc au XIVe (1).
Après avoir traverséà niveau la ligne ferrée, ce chemin, tour-
nant et zigzagant comme un chemin de ferme, se rétrécit au
point que deux charrettes ne peuvent s'y croiser. Il ne fait pas
bon· de s'y attarder en voiture les jeu dis soirs, quand les Bi-
goudens reviennent du marché de Pont-l'Abbé, plus ou moins
éméchés, au grand galop de leUr haridelle. Puis, brusquement,
le chemin plongeau fond d'une vallée assez profonde, et remon
. te tout aussi vite, sans souci des courbes de niveau, jusqu'au
petit bourg de l'réméoc, qui ne comprend guère qu'une dou-
zaine de maisons, et une église du XV6 siècle" reconstruite au
xvm6, sans caractère particulier. A l'intériel1r, on voit encore
quelques enfeus,. surmontés d'écussons grattés, et quelques
poutres seul ptées. '
Presque au sortir du bourg, après avoir .laissé à gauche
le chemin de , Plonéour, et à droite une nouvelle rOIJLe qui
mène g la gare de Combrit-l'réméoc, le chemin de Plogastel-
Saint-Germain se bifurque; à droite il conduit àla vieille et
curieuse chapelle Saint-Sébastien, dont on aperçoit le clocher
en granit à l'extrémité- de hautes futaies, puis se perd dans
les cham.ps. A gauche, à 1 km. plus lDin environ, 0r:t arrive
(i) c~ noPl vien~ de ,Sain~ Maeoç, Oll M.eoc, ,
- ,, ' 202 -=
devant une petite maison de garde, carrée, avec un œil de
bœuf surmontant une fenêtre cintrée, à l'entrée d'une magni-
fique avenue de hêtres séculaires que malheureusement l'âge
et le vent de mer CDmmencent à décimer. aOO mètres plus loin ,
l'attention est éveillée par huit pilastres monumentaux en gra -
nit, de style étrange, placés à l'entrée d'une belle 'avenue de
tilleuls. Les sculptures assez bien conservées de ces pilastres,
écuss, ons surmontés d'une couronne, figures de face et de profil,
lions héraldiques, indiquent que c'était autrefois l'entrée prin-
cipale d'une noble demeure. Les deux avenues de hêtres et de
tilleuls dont nous venons de parler, perpendiculaires entreelles,
conduisent au château de la 'Coudraye placé à leur int'ersec-
tion. Mais ce château n'est plus l'antique manoir du XV~ siècle
qui abrita pendant plusieurs siècles les seigneurs de ce lieu.
Ce manoir a été démoli pendant la Révolution, et le château
actuel a été bâti, probablement, avec une partie de ses
. matériaux aucornmencement du XIX
siècle. C'est une grande
maison calTée, sans caractère extérieur bien tranché, mais de
style Empire à l'intérieur. Devant sa façade, tournée vers le
Midi, face à l'avenue de hêtres, s'étend une cour, bordée à
droite et à gauche par deux beaux bâtiments de service en
pierre de taille, longs chacun de 25 mètres, et fermée par une
grille en fer munie d'un portail. Ces deux bâtiments ne sont pas
semblables. Celui de l'Ouest est de style Louis XIV, et paraît'
dater de cette époque. Il a trois hautes lucarnes, portant des
écussons, malheureusement martelés, et des dates. La lucar
ne du milieu a deux écussons accolés, sans couronne, entou-
rés du collier de Saint-Michel, et porte la date 1ô7a. Celle de
droite n'a qu'un seul écusson, sans couronne, entouré aussi
du collier de Saint-Michel, avec la date de 1710. Enfin celle
de gauche a deux écussons accolés surmontés d'une couronne,
entourés de deux palmes croisées; la date est '1721. Ces
écussons rappellent ceux des pilastres situés à l'extrëmHé de
l'allée de tilleuls.
- 203-
Le bâtim~nt de service 'de droite est de style plus simple.
Le toit est moins aigu, les lucarnes arrondies; la lucSirne du
milieu seule a une date: 1821. Ce bâtiment paraît avoir été
construit en même temps que le châteaU actuel. '
, Derrière celui-ci s'étend un grand jardin rectangulaire en-
touré de murs, dans lequel quelques beaux arbres centenaires,
disposés en bosquet, indiquent qu'il y avait là autrefois un
vaste jardin à la française; ce n'est plus qu'un grand potager.
A côté on voit une orangerie, une' cidrerie, un au tre jardin
carré, plus petit, qui devait être le potager, et un grawd verger
planté de pommiers, le toùt entouré de murs également. A
l'Ouest et au Nord, s'étendent des bois de sapins, de chênes, de
pins maritimes, appelés prussiersen Basse-Bretagne; , à l'Est,
on aperçoit les bâtiments de la métairie de la Coudraye. Enfin
rayonnent au Nord et à l'Est des avenues, de châtaigniers, dont
l'une; celle de l'Est, descend d'abord dans un vallon, qu'elle
traverse sur une digue qui retenait les eaux d'un étang trans"
formé en prairie, et remonte ens'Uite vers la chapelle ' Saint
Sébastien, située '1:200 mètres environ pl,us loin, sur le point
culminant du pays. Le versant oriental de ce vallon est garni
de bois; au fond s'étendent. de grasses prairies traversées par
un rUIsseau. _ '
Tout cet ensemble, avec les fermes qui l'environnent, dont
pltn;ieurs étaient des métairies nobles comme l'indiquen~ les
linteaux en fer de lance de leurs portes et fenêtres, constitue
le berceau de l'ancienne seigneurie de la Coudraye. Ce do
maine est situé au centre d'un pays pittoresque etsauvage, peu
habité, véritable paradis des chasseurs, auquel les bois de
prussiers, le~ vastes étendues de land'es, avec le haut clocher
de Plonéour à l'horizon, sur sa colline isolée, le ruisselle
ment de l'eau au fond des vallons, donnent un charme péné
trant, bien qu'un peu mélancoliqu.e. Par les jours et les nuits
qui suivent les tempêtes, on entend le grondement lointain de
la mer qui se brise sur les galets du fond de la baie d'Audierne,
. ·204 ..
dàns l'anse de la Torche, à 10 kilomètres à vol d'oiseau;
et parfois lorsque la brume assombrit le paysage, le beugle
ment régulier de la sirène du phare de Penmarch, situé ce
pendant à plus de '16 kilomètres, se joint au roulement de la
mer.
La seigneurie de la Coudraye dépendait de la baronnie du .
Pont. La plus ancienne mention q~e nous ayons pu en trouver
est celle qui figure dans le manusCrit de la Réformation de la
Noblesse de l'Evesché de Quimper pendant les années '11~26,
144-1 ett])36. (Bibl. Nat. m.ss. fr. 83-12, p. 272).
Nous trouvons pour la paroisse de Trémaec (sic) en 1426 :
Nobles
Pierre de la Lande eL sa mère, nobles, au manoir de Les-
maeuc, exempt. . .
· Peronnelle du Perrier . et sa mère, veu ves, au manoir de
Lestremaeuc, exempt.
, Le sieur de la Coudraye, chevalier, au manoir de la . Cou-
draye, exempt. .
Il Y avait donc en ceÙe année 1426, trois familles de gen-
tilshommes en la paroisse de Tréméoc. Le manuscrit cite
aussi . neuf métayers nobles, dont plusieurs habitent des
fermes dénommées manoirs, entre autres Kerbeuven, Lesqui-
vidan, Ken'oberon, Kergozit. '
En 1443, nous ne voyons plus que. deux nobles maintenus
en Tréméoc.
Pierre de la Lande, au manoir de Lestremec.
Le seigneur de la Coudraye, au manoir de la Coudraye.
En outre, sept métayers nobles sont cités aux manoirs du
Verger, de Penenez, de Kerevet, de Lesquividan, de Kerbeu-
ven, de Kerroberon et du Perriei'.
En 1536, nous trouvons :.François de la Coudraye, au ma-
noir de la Coudraye; Louise Prevost, demoiselle, dame de
Penenez, Jean de la Lande, sieur de Lestremec. Les métairies
nobles de Rohello et de Kerberon appartiennent au
Pont. La métairie du Verger à Pierre le Coing.
Voilà totis les renseignements que nous avons pu
à la Bibliothèque Naliona'ie à Paris.
baron du
découvrir
Pal' contre, les Archives déparLeœelltales du Finislère sont
riches en documents intéressant la Coudraye, Voici cpux que
nous avons trouvés pour li Xye siècle et. le .commencement d~
8 Juillet 1447. Aveu fourni au seigneur de la Coudraye
par Alain le Dérout et Marie Donnet, sa femme, pour la ferme
de Kermabgouzeretz, en Tréinéauc.
26 Février 1466. Aveu au seigneur de la Coudraye, de
plusieurs terres en Tréméoc. .
19 Mai 1478. Aveu fourni à écuyer Jehan de la Coudraye,
par Hervé le Courtois et Marie de Lande, sa femme, pour
Kerrouriec en Pouldreuzic.
9 Novembre HS02. Aveu fourni au sieur de la Coudraye,
pour Lesplomeur. . '
:20 Septembre 1GOt>. Aveu fourni par Azeline de la Pallu,
fille noble; à feu écuyer Jehan de la Coudraye.
1G Mars 1539. Aveu d'un pré dépendant du manoir de
. Brenanvec mouvant de la seigneurie de la Coudraye.
Il semble résulter des citations qui précèdent que pendant
le cours du xve sièc.le,et au commencement du XVI\ la seigneu
rie de la Coudraye appartint à une famille d'extraction che
valeresque, qui portait le même nom. Ses armes ont f~
guré jusqu'à la Révolution sur un écusson sculpté au-dessus
de leur enfeu dans l'église paroisiale de Tréméoc ; cela résul te de plusieurs documents, et entre autres, çl'unefaçon précise,
d'un aveu de 1707, que nous citerons in extenso, plus loin.
Les de la Coudraye portaient: vairé d'argent et de sable, au
haston de gueule brochant sur le tout.
La famille de la Coudraye paraHs'ètre éteinte au inilieu du
XVIe siècle. Nous avons trouvé, sans autres détail, Iii mention
_. 206
. suivante au dos d'un bail à ferme, de 1600 : 28 janvier H)~i,
contrat d'acquêt de la terre de la Coudraye, par Hervé le Vestle .
Cette date est aussi mentionnée dans un document de 1643. Il a
bien existé en Bretagne au XVIIe siècI"e une famille de la Cou·
drais; mais elle n'avait aucun rapport avec les de la Coudraye, .
en Tréméoc. Les mentions suivantes que nous avons relevées
sur le manuscrit de la Réformation, de 1668 à -1671, à la Bi-
bliothèque Nationale, le prouvent (m. ss. fI'. 11:)48, p.
305). ,
, De la Coudrais
Jean de La Coudrais, seigneur de LaFltour, cons
au Prési-
dial de Vannes, Jérôme, seigneur du Banot et de Brenchent,
prenoien t de gueules à la croix dentelée d'or au chef chargé de
5 coquilles de gueules,ont été déclarés usurparteurs, condam
nés chacun à 400 livres d'amende par arrest contradictoire
du 24 'octobre 1670, au rapport de M. Lefeuvre .
Yves de la Coudrais, seigneur de I{erthomas ; demeurant
à l'Isle de Rhuis, parroisse de Sarzeau; s'est désisté de la
qualité de Noble et a payé ' 100 livres le 3 Septembre 1668.
Bertrand de la Coudrais, seigneur de Kervenan, demeurant
à Auray, s'est désisté de la qualité de Noble et a payé 100
livres Te 7 Septembre 1668.
Hervé le VesLle, qui acquit la Coudraye en HS5J, était d'une
vieille famille bretonne, portant de sable, au grelier d'àrgent
enguiché d'or, accompagné de trois molettes de même. (Bibl.
Nat. Cabinet des titres. Dossiers bleus, 6(2).
'II était seigneur de Keraret el de Poulguinan et se maria
deux fois. De sa première femme, Françoise de la Rue, il eut
une fille Claude, qui épousa Nicolas du Quelennec: En secon-
des noces il épousa Marie Guyonnede Kenouant, dont il eut un
fils Charles, qui épousa Bertrande de Castelan, et mourut sans
enfants en 1617, et une fille Ester, qui épousa, en 1581.,
François de la Haye, seigneur du Plessix au Chapt.
Hervé le Vestle devint par son acquisition seigneur ' de tâ
Coudraye, comme le prouve la pièce suivante:
' 10 Février 1561. . . Contrat d'échange entre nQble homme
René, sieur de Guengat, et Hervé le Vestlc, seigneur de la
Coudraye. (Arch. dép. du Finistère; liasse E. HS5.)
Il mourut erl 1572 ; sa veuve en secondes noces, Guyonne
de Kenouant, porta le titre de dame de la Coudraye, comme
on le voit par l'acte suivant, de -1;:>97.
Baillée à domaine de la moitié du manoir de Le Lannou en
Combrit par demoiselle Guyonne de Kerrouant, dame de la
Coudraye, demeurant à présent en la ville close de Quimpér.
(Arch. dép. du Finistère, liasse E. Hm.) .
Si la dame de la Coudraye demeurait alors dans la ville c'Iose
de Quimper,c'es(qu'on était à l'époque des guerres de la Ligue,
et que son manoir de la Coudraye, ainsi qlle sa maison de
la Pallu, près des faubourgs de Quimper,avaient été pillés en
1594. ' ,
Le chanoine Morea u, dans son Histoire de çe qui s'est
. pas, sé en Uietagne durant les guerres de la Ligue, et pat't'icu
Hèrement dans le diocèse de Cornouaille, raconte en effet ceci:
(Edition de ' 1857. Prudhomme à Saint-Brieuc, p. 00).
« Le seigneur de Guengat, nommé Jacques de Guengat, te
« nant le parti du roi, se voulut aussi fortifier en la dite maison
« (le manoir de Guengat était situé dans la paroisse de Guengat,
« à deux lieues de Quimper), où il tenait nombre . de gens de
« guerre, ce qui étant suspect à ceux de Quimper (qui étaient
« d'ardents ligueurs) et ne voulant cesser la fortification
« quelque conseil qu'on lui donnât, il y fut assiégé et con
« traint de se rendre bagues sauves et se retira à Brest, où il
li demeura tout le temps de la guerre. De là les compagnies
« allèlJ~nt.àJa -Coudraye,où il y avait quelques gens de guerre
«( du contraire parti, réfugiés dans cette maison avec la
« dame du lieu, qui était aussi huguenote, et qui furent
( obligés de se rendre, et fut la dite maison pillée comme on
---' 208·-
« avait fait à Guengat, on en fit autant à sa
« Pallu, près des faubourgs de Quimper, où il
« aucun meubles ni grilles de fenêtres. »
maison de la
ne demeura
M. le Bastard de Mesmeur, qui a annoté l'ouvrage du
chanoine Moreau, dit que la dame de la Coudraye, de la
Pallu et de Poulguinan, était Ester 'le Vestle, qui avait épousé
François de la Haye, seigneur du Plessix au Chapt. Cela nous
semble une erreur, d'après ce qui précède. La dame de la
Coudraye, à cette époque, était Marie Guyonne de Kerrouant,
veuve de Hervé le Vestle, seigneur de Poulguinan. Le manoir
de' la Pallu avait fait partie de sa dot. Les dames du Calvaire
s'y établirent plus tard: sur sOn emplacement s'élève aujour-
d'hui l'ancien séminaire du diocèse, provisoirenient désaffecté
depuis la loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat. . .
A cette époque de troubles~ presque toute la Basse-Bretagne
avait suivi le duc dè Mercœur dans sa révolte contre l'autori-
té du roi Henri IV, encore protestant, et il ne faisait pas bon
pour les quelques nobles qui étaient restés fidèléS au roi, de
demeurer dans leurs manoirs de campagne. C'est ainsi, que
l'année précédente, la dame de la Coudraye avait dû se réfu-
gier dans le château . de Pont-l'Abbé, avec d'autres huguenots,
dit le chanoine Moreau, parmi lesquels il cite . : le sieur de
Kerouant, de la paroisse de Plonéour, qui était sans doute
le frère de la dame de la Coudraye, avec sa femme et son fiis ;
le sieur de Beaucours, habitant le manoir de Kerbulic, dans
la paroisse de Plobannalec; les sieurs du Marhallach,et de Ker-
feullLenic. Le commandant de la garnison du château du Pont-
l'Abbéélait un sergentde Locl'Onan nommé Trogoff. Le gou- .
verneur de Concarneau le sieur de Lézonnet,vint l'y assiéger,
avec du canon,et leconcours d'un grand nombre cie nobles, de
Quimper, de Douarnenez, d'Audierne et de Penri1arc'h, et une
foule de gensdu peuple qui y allaient comme à des noces, dit,le
bon chanoine Ce fut un joyeux siège. Mais Trogoff ayant élé
Lué le château ,se rendit. Le sieur de Kerouan l, fait prison nier
- '209 -
avec son fils, dut payer 5.000 ééus de rahçbn, et petdit tous les
meubles et la vaisselle d'argent qu'il avait cru mettre à l'abri
de ses murailles. -En se retirant, Lezonnet emporta à Con
carneau l'horloge du château Il la meilleure de Bretaigne » 'dit
Moreau, qui ajoute: (1 depuis l'on dit: l'on ouït de Concarneau
sonner l'horloge du Pont. »
. La famille de Kerouant était donc très riche; nous en avons
d'ailleurs trouvé d'autr:es preuves' dans quelques documents
inédits des Arcbives de Quimper. Mais ce n'est pas de cette
maison que provenait la terre de la Coudraye comme l'ont
écrit MM. du Chatellier et Du 'Crest' de Villeneuve, dan' s' leur
ouvrage si érudit. . . .
: Elle ptovenait:'deJa niàison chevaleresque de la Coudraye,
comme nous l'avons dit plus haut. .... ,. '. :
. ;Charles le Vestle, le seül fils et héritier mâle dé -Hervé le
VeslIe fit le 8 Mai 1617, avant de mourir, un testament par le- .
quel il laissait la Coudraye à sa mêre, Guyonne de Ketouant,
qui' vivait encoré, et après elle, au fils ' de sa . sœur Ester,
Nicolas de la Haye;seigneur du Plessixau Chap:. Ce testament
fut càusé d'un long procès qui dura jusqu'en ' 1643,' époque à
lâquelle il sè term'ina par une trans'action qui fit tombe'!" cette
seigneurie eri la p'ossession d'un membre de la famille de
Chai'moy, orig'inaire d'Auxe'rre, ·enBourgogne. · ' . ,
P'6ur bîen comprendre cette translliission inattèndue ' d'une
seignèutie bretonne à un 'cadet bourguignon, il est nécessaire
d. 'avàir sous les yeux,' en suivant la rèlaLi.on que' nous allons
en faire, le lableàu généalo"gique suivant:· - .....
- Hervé ' le Vestle
seigneur d'e Keraret et de Poulguinan,
qui' aèqüit la Coud'raye en 1551, mourut en 1572; il . avait
épousé :en-premièl'es noces Françoise de la Rue " eh èléu-
1 xièmes ' noces ' Marie' Guyonne de' Kerouant, morte . en
16'f8. ' ' . . . ..'
. Deson premier rnariageil eut 1° une '~ille Ciaurle, du second:'
2° un fils CharLes' et '3° une fille Rster . . ' ....-"
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. .. TOME XXXIX (Mémoires 14) .
. : ; 1° Claude le .v estle épousa Nicolas du Quelennec et eut deux
enfants. .' , '
a.' Marc du Qwilen'i'LCc, qui époUsa Catherine du fou dont:
, Charles du. 'Quelennec; qui épousa Bertrande de Rostrevinerr
et mourut sans' enfants.· . O' 0
b. Jane du Quelennec épousa Nicolas de Charmoy dont: .
; S-ylvestre. de Charmoy, né en 160.8, mort en 1'668 épousa,
lè 5 septembre '1638, Marguerite AutreL . . . '.
, . 20 Charles le 'Vestle: épousa Julienne de CastelJan; et mou~
rut sans enfants ]e18- mai ' 1617, après avoir fait le . 8 inai
'précédent le testament q 'ui'donna naissance auprocèsen:quHs:';
tion. . .
o pO EneT ÜVestle, ' ép'Ousa François de la Haye, seigneUl~ du
Plessix au Chapt, dont: .. ,' '., '. ... ,':.' 0 ,
'. 'a,; N 'icolas de la Hayé, .seigneùrdu . Plessixàu 'Châpt; ,qui
~pous,a Renéè Hay: ' '. 0 o.,. .' o'. o .: '. ..'.
" ,Lamere de, Charles le Vestle mourut .p.eu après . son fils,. en
~1.618' ; la; Coudraye, en .vertu du testamentdu 8 mai :16' 17; d, evait
passer' à: son petit-fils, Niccilas' de la Haye, mais la".veùve
de Marc du Quelennec, 'Catherine du Fou, comme tutrice de son
fils -Charles, avait attaqué .. Iedit. testamerlt' dès le lendemain
d'c Ja : mort ' de CharlesJe ,VestIe, : devant la juridIction 'du
baron du Pont,' disant 'que ce testament avait eté « suggéré à
'« un imbécile, extorqué par dol fraude et surprise ·.d~tine
« personne qui avait l'esprH et Je curps malade, qui estoit ago+
'(( nisant et,n'avoit pas signè, que.è'étoit une donation indirecte
« faite à personne prohibée par un , homme qui, se voyant âgé et
( privé. d'enfantsestoit bien aise de donner lésmains pour frus-
« ter sa sœur consanguine et avantager celle qui lUI estoit coo"
(( jointe d-e deux estocs ... il. Ce passage veut dire que par son
testament, Charles le 'VesUe frustait s'a demi-sœur aînée Chiu/~ .
de, au profit de sa sœur cadette, Ester, qu.i, recueillait ,ainsî
deux estoès, ou successions, celle de son père Hervé le Vestle,
et la sienne propre. Catherine du Fou ajoutait que · sa tante
, 2t t -'
Estei' devait , hériter : de :plus de . 60.000 "ééus de sa mère,
Guyonne de Keromlnt, et 'encore de 20.000 livres que celle-Ci
devait à son fils Charles. ' ,', ,
Ce procès, avec des alternatives de' transaètions et dè repl'Ï.;
ses, durait ,encoi'edevant le Parlement à Rennès èh 1643.
C atherine du : Fou ' et ' son fils Charles étaient morts, ef 'lii.
succession de ce derriiet\ ainsi, que 'les droits qu'il prétendait
avoir sur la Coudraye, étaient échus à son cousin-germain,:
Sylvestrèd" e Ch ar"m o-y , par représentation de la " mère de
célui-ci, Jane d"u 'Quelennec, qui avait épousé, Nicolàs, d~
Chàrmoy ; ,dâns' l'aùtre p' arp.e,: Nicolas de,la Haye était mort
éga'lement, et:c'était sa veuve Renée Haye, dame douairière
du Plessix au , Chapt; q.llÏ auriom 'de ses eilfa'nts, r'evendiquait
la Goudray,e. ' " .. ':' "', .
"' Pendant 'ce, tem'ps, ' cette, malheureuse terre était restée
à rabandoh, aucun dés plaideurs, ~ans l'incertitude du résul-
. lat du prDcès,ne 'voulant faire les frais dés dépensés d"e'n(re~
lien et de' réparation ; 'Le château et lès fermes tomnaient en
rumes. : , , " .
' AVant 'd'allér 'plus loin, il rious '.faüt ' dire quel était;":ce,
Sylvestre de' Charmoy, ' qUi avait hérité des 'biens immènses
des,,' dl]' i :Qt1.eI~n'nec', et quels , étaient ceüx-cÏ. ' Nolis 'avons
trouvè' ,_d'es 'rens.èigneme'nts précis et ' intéressa,nts sur " ceS
deux, famitlesdans ,lés lettres de Guy :Autret, publiées par
M, le ~ CDlrrté ,Gê ' Rosmorduè en 1899, à Baint-Brieuè; ' chez
Prudhomme. Le volume, imprimé pOUl;' I'autêur, n'est , pas
dans le commerce. Nous devons, à l'obligeance de' M. Bourde
de ,la Rogerie ~'avoir pu le consultel; ,dans son .cabinet des
Archiv, es départementales de Quirilpèr. : ",:, " .
, Guy Aütret' , seigneüi' de Missirieh et de Lesergué, chevaliet
de' rOrdre du Roi, ' né vers H599;était' fils de Claude Autret,
seigneul' de Lézouàlc''h, et de Gilette du Plessix" da me de
Nlissirien, . sa , s'ec' onde' femme' , Il eut , c, omme pal'i'ain Je
fà mèux Gliy;Edl~rjsieü.r de la Fo'ntenelle; célèbre" en · Breta:">
- 212 . '
gne 'par sa férocité et ses pillages 'pendanflés' gùerres de' la
Ligue, et par la destruction de la ville' .de penmarc'h, alors
florissante. Entre autres forfaits, il avait ,pillé le manoir de
Lezoualc'h, et fait assassiner 'le propre grand-père de son
futur tilleul. Ce manoir, situé dans la paroisse de Go'ulien,
était le berceau' de la famille Autret qui portait: (c d'argentà
quatre fasces ondées d'azur, pour , cimier un cormoran, et
pour devise' : dre al' mor, à travers la mer i). ; , : '
, Guy' Auti'et, après une 'bonorable ca,rrière militaire, avait
troqué', so'n épée:, contre la charru'e ; ,retiré 'dans son manoir
du Lesergué, en Ergué-Gabéric,' près 12uimper, il se livrait en
outre~ à ses r heures';' à ' des travaux de littérature et d'histoire.
C'est IUÎ" " qui, après la mort du père Afbert Legrand, rectieillit
la Vie de Saint Budoc que celui-ci avait composée , pour sa
Vie des 'Saints de Bretagne, et la ' publia à Rennes en 1669,
chez Vatar. Il fut le correspondarit' de Pierre, d'Hozier, généa~
logiste du roi, et lui envoya un grand nombre de notice' s et
de renseignements curieux, su)' la noblessé bas-bretonne. ,:
, Le manoir de Lesergué était venu à la famille Autret par le
mariage de Jean Autret, seigneur de Lezoualc'h avec Marie
, de Coetanezre, dame dê Lesergué 'et des Salles. En raison de
cetteallianée, contractée 'pal' son ,bisaïeul, Guy Autret écar
telaitses armes avec celles de celte famille et s'intitulait
seigneur de Lesergué. Il mourut à Paris, des suites d'une
opération ' de la ' pierre, et fut inhumé à Saint-Sulpice le
o Avril 1660. Il ne laissait aucun enfant de ses deux mariages
avec Blanche de Lohéac et Françoise le Borgne. : :
Il avait un frère aîné" Yves Autret, seigneur de Lezoualc'h,
qui avait épousé Marie du Ménez, et dont la fîlle, Marguerite
Autret épousa Sylv'estre' de Charmoy, ' le 0 ' Septembre 1638.
Cet Yves Autret se Telira près de sa fille à la Coudraye, et y
mourut le 8 Mai 1660' (Registre 'paroissial. de Tremeoc). En
1643, Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lesergué, était
donc l'oncle propre de Sylvestre de Charmoy, : qui 'possédait
" .213 , a
déjà l'héritage des du Quelennec, et les titres de seigneur ' de
Keraret, du Ménez, de Poulguinan' et de la Pallu. Ce fut lui
qui représenta sonnéveu' a Rennes et signa pour celui-ci la
transaction : du 28 Avril t6~3, en vertu de laquelle, Sylvestre '
de Charmoy fut mis en possession de la Coudraye, et ajou ta
à ses nombreux titres celui de seigneur de la Coudra-ye. .
Voyons inaintenant quels étaient ces de Charmoy. Dans
une lettre à Pierre d'Hozier." datée lie Lesergué~ le 28 Juillet
1641, Guy Autret expose ainsi qu'il suit la généaI.ogie de son
TI e v eu: '.' .' .., ,
~, «Par lettres patentes du TOy Louis 11
données au Plessis
« du Parc le dernier noveml:)re .1477, celui-ci donna à son
« bien aimé et· premier valet de chambl~e Estienne de Char-
«,moy l'office de capitaine du . Mailly . le Chatel, etc .. .. à
Ct Auxerre. Le dit Estie~nne mourut le ' 6 novembre 1484,
« · et fùtenterre au chœur de réglise des Cordeliers d'Au
« xerre. · . .' ,
, « Du dit Estienne fut fils Jehan de Charmoye (1), qui fut
« . valet de chambre du roy Charles 8
et mourut le24 septem-
Ù hre 1821. . ..:.' ~:: " .
- (f ~ Le dit Jehan fut père de Jan, Germain, François, Clauqe,
« Etienne, Nicolas et Janne, qu'il avait engendrés de damoi-;
« selle Magdelaine le Masle. . ' Germain fut chanoine
« d'Auxerre. , .
. « Du dit Jan aîné, fut fils Nicolas ,de Chamnye, vivant eslu
«. d'Auxerre, mort le 9 Août 1;)71. .:
(1 Du dit NicoLas fut fils Louis de Charmoye; qui se. qualifie
« advocat de la cour et licentié. aux loys par une requête de
« l'an 1883. . .
. ( Ge Louis eut nombre d'enfants qui, n'ayant guère de -
« biens ont cherché fortune en diverses cont.rées. Louis aîné,
« aussi advocatau Parlement,mourut à Auxerre le 18 Mai
m Gu;y Autret éçrit tantôt Charmoye, ~t tantôt Charmois, Cp.armo;y. .
«( ·1660. Nicolas, son frère, Gonlroleur à Saumur en 16'10, se
«. qu. alifiâÏt .noble . Nièolas de Charmoy, sieur de la Roudière;
Ç( des Loges et de Belair, seCl'elaire du .Roy et controleur de
. (( traites aux tables de Saumur; il avait acheté d'avec M. de
~( .Bêautru la dite terre de Belair, paroisse de Trèves ' près
. « Saum, ur, et par une rencontre inopinée, a.yant faitvoiage en
« Bretaigne, il y épousa damoiselle Jane du Quelennec,. tille ·
~( de escuier Nicolas du Quelennec et de . damoiseLle Claude le
« Vestle, sieur et dame du .Meneho et de Keraret, . · et de. ce
« mariage est sorti messire Sylvestre de Charmoye sieur. de
c( Belair, lequel par la représentation de sa mère , a. recueilli
J( la succession de Charles du Quelennec: , son cousin-genna.in;
« et est à présent seigneur de Keraret, du M~nec, de 'Poulgui
CI nan, de la . Palue et de la Couderaye, et a espousé dame
( Marguerite Autret, le:S Septembre 1638, fille unique, ,ay~n,t
« deux frères, de messire Yves Autret et de Marie du Ménez,
« sieur et dame de Lezoualc'h. . ..... ;.
C( Voilà tout ce que je sais de notre nouveau chevalier ' qui
«;'a 'peut-être plus :debiens que de noblésse : néanmoins 'les
« actes que j'ay veus font voir que si les Charmois n'estaient
« gentilshommes, ils étaient toujours fort aproéhants . eJ per
(c sonnes de considération et mérite... .· .'. ' .;,
Guy Autret avait grandement raison de dire quele nouveau
chevalier avait peut-être plus de biens que de noblesse, car le
fils de celui-ci, messire Guy de Charmoy', né à la Coudraye,
en 164ti, ne put produire de titres lors de la réformation de
1668 à j671, et fut déclarf usurpateur et cond: amné à 400
livres d', amende : p~r arrêt du 3
décein4re 1670, (BibL Nat.
m.ss. fr: 8313). : :
: Quant . aux du Qùelennec, voici ce qu'en dit Guy Autret,
dans urie lettre du 2:S Août 1641.
cc Cette Jane du Quelennec, mère de mon nepveude Kera-
H l'est; portait ainsi que Nicolas son père, . -les ··a.rmes pleines
((. du Quelennec, scavoir : d:ermines au chef de gueule. ? char-
213 -,'.
« gé de' fleurs· de lis d'or; mais par la tolIérance des 'barons
«. du Pont-L'Abbé, 'leurs' parents du côté de la venelle, 'car
« pour estre véritable en tout, il faut vous avouer que le dit
« Nicolas estant enfant naturel de la maison du Pont, du Fou
« et du Quelennec, fut 'gouverneur de Charles du Quelennec,
« Baron du Pont, premier mari de la dame de Soubise et de
« Partenay, depuis dame de Rohan, et pensa être tué avec
« lui à la Saint-Barthelemi ; depuis il fut de la maison de
« Toussaint de Beaumanoir, héritier du dit Charles, et par
« la faveur et adresse duquel de Beaumanoir, il épousa da~
«moiselle Claude le Vestle, dame de Kera'ret, cousine germai ..
« ne de mon aïeule paternelle, et'en laissa Marc du Quelennec,
« qui épousa Catherine ' du Fou; dame de Logan, de la' quelle
« . furent enfaris Charles du Quelennec, sieur du Keraret, décé-
« dé sans enfants en 1638, et Marie du Quelennec, religieuse
« bénédictine du calvaire, et fondatrice d'un couvent de son or-
« dre à'Kempertin. Par ledécèsdu dit Charles, qui avait épousé
« dame Bertrande de Rostrevinen, à présent sa veuve, la
« succession des terres de Keraret, du Ménec, de Poulguinan,
« de la Palue et de la Coudraye, échut à messire Sylvestre de
« Charmoy, par la représentation de Jane du Quelennec; sa
« }nère, fille de Nicolas et sœur de Marc. Lequel Sylvestre
« est mary de dame Marguerite Autret, fille unique, ayant
. « deu~ frères de Yves Autret sieur de Lezoualc'h et de Mary
« . du Ménez.
« Voilà la véritable généalogie de cette petite branohe du
« Quelennec, et je suis bien peiné, quand je feray imprimer,
« si je le dois écrire. ou taire, ou . dissimuler la bâtardise,
« tantia M. de Keraret n'a plus nom du Quelennec, et
« le veu du sang est fini en sa mère et en son cousin auquel
« il a hérité des biens, et non du nom ».
Voici la conclusion de la transaction du 28 Août ' 1643 :
« Devant tes nottaires (désignés .plus haut) ont . comparu
(! .n, ople et puis~ante dame Renée Haye, dame dou~irière du
.. ' 2.1 6. ,
« , Plessix au Chapt, demeuranfen sa maison seigneuriale des
c( Vaux, paroisse de Dinan, évesché de Saint-Malo, et messire.
«( Guy Autret, sieur de . Missirien et de Lesergué, stipulant
«( pour Sylvestre de Charmoye, demeurant en son manoir de
c( Lesergué, paroisse d'Ergué, évesché de Cornouaille, a été
c( passée la présente transaction ... que le dit de Charmoye
(c entrera en 'possession d'icelle terre dé la Coudraye et des.
· « .héritages mentionnés au dit testament (celui de Charles le
a Vestle du 8 Mai ' 16'17) . et pour demeurer quittes 'de toutes .
· « prétentjons d'icelle dame du Plessix et de ses enfants, 'et
«( ' des héritiers des défunctés dames GU~Tonne de Ketrouant et
«( ' Ester le VestIe, le dit sieur de Missirien a payé comptantà
« la dite dame du Plessix, 20.000 livres toùrnois en pièces
« . de pistoles d'Espaigne, louis d'or de France et autres mon-
«. najes ayant cours ».
A la suite de cette transaction, .figure dans 1è mêlne, àcte le
procès-verbal de la prise de possession de la seigneurie de la
Coudi'aye par Sylvestre de Charmoy.
· « Le 12 octobre 1643, devant nous Guillaume Billouad et
à Yves Furic, notaires, présents de leurs personnes, messire
ci . Sylvestre de Charmoye, chevalier de l'Ordi'e dÛ: 'Roy,
c seigneur de I~arrest, du Mené, de Poulguinan et de Belair, .
« demeurant en son ' manoir de ' I}arrest, en la paroisse de
« Nizon, d'une part, et noble et vénérable personne messire
« Ollivier Furic prestre et recteur de Plomeur, demeurant en
« la ville du Pont; se portant procureur de noble et puissante
« dame Renée Haye, dame douairière du Plessix au Chapt, en
« vertu du pouvoir porté par contrat et acte de translation
(~ passé à Rennes le 28 aoust dernier entre la dite dame et
c' Messire Guy Aùtret, chevallier seigneur de Missirien après
« que Sylvestre de Charmoye ait lu et accepté le dit contrat,
« nous nous sommes rendus en la présence et à la requête
« des parties jusqu'au 'manoir seigneurial de la Coudraye, en
f( la paroisse de Tréméauc, ou estant, le dit sieur·Recteur"de
' ." 211- '
« Plomeur, exécutant son pouvoir et commission, a in.dQit le
« dit sieur de :&arest,acceptant, enla possession réelle,ac~uel- .
« le et corporelle de la dite terre etseigneurye de la Çou, draye,;
« et de toutes les dépendances d'iq~lle, maisons; bâstim.e~t~j
« colombiers, mettairies, boys dehaulte fustay e~ . ta~lIis ', .
(~ rabines et pourpris rantes domaines congéables, rantes
« féodaJes, fieffs, justices, juridictions et généralleIll. ent d. e
« tout . ce. qui en dépend sans reservacion par avoir faict
« entrer le dit:seigneur de :&8rrest en la dite majson e~ ses .
« chambres, aux métairies proches à la dite maison nommée
«(.la métairie, et la maison de Kerivoal, de :&mabhervé et dé
« Groué; entré dans les boys et pourpris, rabines, cheminé:
« par iceux et .faiet tous actes nécessaires pour bonne posses-
« sion prandre à la 'coustume sans oppôon quelconque de
« personrie, et de la dicte maison et manoir de IR Coudraye
« ,nous nous sommes randus · au bourg paroissial de Tré-·
« méauc et entrés dans l'église, le dit sieur d, e Plomeur a .
« induit le dit ~eigneur de :&arrest en la possession des pré-
«( . min~nc~s et d,roicts ; honorifiques qui dépendent de I ; a dite
« maison et seigneurye de la Coudraye consistant en · tl~ois
« tombes élevées , et en plusieurs .droicts escussons tant· en
« viltre qu'en bosse,. bancq Iisives et autres · droicls ' que nous
« n'avons descrits par le particulier pour éviter à la longueUl~,
« et du dit bourg nous nous sommes randus en la chapelle
« de Saint-Sébastien basUe sur· fond ' des seigneurs de ra
(1 Coud.raye ou le dit de Plomeur a encore iriduit le dit sel-
« gneur de 1):arrest en la possession de toutes les préminances .
« et 'prérogatives d'icelle et au droict de toutes les éoustumès'
« les jouh; de pardon et assemblée. Résel'vant le dit seigneur
« de Karresl de prandre . cy après possession' en la tombe"
(1 eslevée et autres préminances d'icelle maison de la Cou-
« draye qui sont en l'église des Pères Carmes de la ville du'
« Pont et ailleurs aux églises du quanton. relournânt au
« manoir ou ils ont donné rendez-vous à plusieurs ouvriers.
(f pour estimer réparations etc, etc .. , · ."
' - 218 - ' - ' ,
h' Nc)u: g : ' : nè " l'eproduirons pa's ' in-extenso le procès-verbal
décrfvantpai' le menu toutes les réparations à effectuer ;
bornons-nous à rapporter qüe le nouveau seigneur de la
Coudraye eut le déplaisir de constater que les portes, fenêtres
et pla'nchers, tant du corps de logis q'ue des deux pavillons ,
, étaient en fort mauvais état, et ,les lattes supportant les
ardoises pourries, que les murailles étaient toutes délabrées,
les murs du jardin tombés en pfusieurs endroits, le four situé
dans un des deux pavillons ruiné, ainsi que le colombier et
le moulin.
" Après 'cette laborieuse journée, la compaghie s'en fut cou-
cher, pour recommencer 'Je lendemain la visite des métairies:
partout mêmes constatàtions de mauvais état: à I}mabh' ervé,
toutes les maisoris sont ruinées, à ce point qu'il n'y a que les
fondements qui puissent servir. Les haies, les-fossés sont éga-
lement en' ruines; les métairies de I}ivouè,~benfou, Saint~
Goulleau, préseritent le même état dè' délabrement, partout
l'image de ia i'uine et de l'abandon. Tel 'était l'état auquèll:ln
long procès durant 'depuis 23 ans avait réduit la pauvre sei--
gneune.
Mais Sylvestre de Charmc>y était riche, très riche même :'
ayant désintéressé la descenda'nce d'Ester le VestIe, il réunis ':
sait , sans conteste sur sa tête les biens qu'avaient apporté
dans la famille le Vestle désormais éteinte, ses al!iances'
successives avec Guyonne de Kerrouant, Nicolas du Que-
lennec, Catherine du Fou et 'Bertrande de Rostrevinen ; c'é~ '
taient les terres de ~arrest, de Poulguinan, de la Pallue et de
la Coudraye ; en outre, par son mariage avec Marguerite
Au~ret, il était seigneur de Lezoualc'h, du Menez et de Kerde-
gace. Il fit donc restaurer fermes et château,; c'est probable-
ment lui qui fit élever les pilastres monumentaux, de style
Louis XIV, que l'on voit encore intacts au bas de l'avenue
de.t-illeuls, et construire le bâtiment de service de l'Ouest; le
château qui se composait, d'après l'a..cte de 1643, d'un corps de
, 219, ,
logis et de deux pavillons, devait se trouver en face de l'avenue
de tilleuls; la tradition locale ·. est d'accord avec cette hypo-
thèse, et lorsqu'on laboure profondément le champ qui occupe ·
aujourd'hui cet emplacement, ' on trouve en quantité des
pierres provenant évidemment de'ses substructions. ' ,
· Cte ~LE NEPVOU DE CARFORT.
III.
DEUX·I· E
, E . PARTIE
Table dés Mémo, ires publiés en 1912
L'Histoire de Cornouaille d'après un livre récent
par M. ANDRÉ OHEIX ......................... .
Les fusaïoles en pierres ornementées du dépar-
Pages
tement des Côtes-du-Nord, par M. A. MARTIN . . J 25
Eglises et. Chapelles du Finistère (suite) (Canton
de Morlaix), par M. le Chanoine PEYRON ..... . 38
Les Saints Bretons et les Animaux. Etude
hagiographique et iconographique, (suite, voir
T. XXXVIII) par M. le Chanoine ABGRALL ..... 51-267
V. Notice sur la Chapelle Saint-Jean Balanant, par
M. CHAUSSEPIED.. . . . .. ...................... 60
. VI. . Les Mystères bretons de la Bibliothèque de Les-
quiffiou, par M. LE GUENNEC . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
VII. Le dolmen de l'isthme de Kermorvan, en Plou
moguer et ses gravures, par M. le Capitaine de
VIII.
frégaLe A. DEVOIR ........................... .
Remarques sur certaines étymologies citées par
M. H. -P. HIRMENECH dans son ELude sur le
Men Letonniec, Monument Celtique de Locma riaquer (Morbihan) par M. le Dr PrCQUENARD ..
Le Tombeau de Saint-Ronan à Locronan, par
Conrad Echer, traduction de l'allemand par M .
105
120
l'abbé PHILIPPON. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
X. Le Trésor découvert à Runabat, en Tourch (Fi-
nistère) par M. de VILLIERS DU TERHAGE . . . . . . 155
XI. Vestiges gëUlo-romains de Lansaludou, en Gui-
lers-Plogastel, par M. Le Chanoine ABGRALL. . 161
XII. Rannou Trélever, (légende et histoire) par M.
Louis LE GUEN NEC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
XIII.
Esquisse biogr~phique de M. Gabriel-Honoré de
Miollis, 1758-1830, Préfet du Fir1jstère\ sous ·le
premier Empire de 1805· à 1812, ' tiré du livre
de raison de M. Francis Saint-Pol-de":Léon de
Miollis, son fils, écrit en 1865., . . .. , , . , , . , ,.' 179
XIV. Les Anciens Seigneurs de la Coudraye, en Tré
méoc, par M. le Ct
le NEPVOU DE CARFOR'l' ... 201-240
XV. Témoins mégalithiques . des variations des
lignes des rivages armoricains, par M. le
Capitaine de frégate A. DEVOIR, .... , ,', , . . . . . . 220
XVI. La coiffe bretonne, par M. LE CARGUET . . . . . . . . 283
:'.. . .. . " ott .. " oC