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Bulletin SAF 1912


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Vestiges gallo-romains de Lansaludou, en Guilers-Plogastel

Chanoine Abgrall

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes

Société Archéologique du Finistère - SAF 1912 tome 39 - Pages 161 à 164

VESTIGES GALLO-RO AINS

de Lansaludou

· EN GUILERS-PLOGASTEL

Dans le beau volume de M. P. du Chatellier: Les Epoques

pTéhistoriques et gauloises dans le FinistOre, . p. 271, article

Guilers, on lit: «( Tuiles et substructions romaines, à Lansa-
(c ludo, à 1 kilqmètre à l'Est du bourg. On y distingue ·des
cc restes de retranchements. Le tout sur un plateau élevé, .

« près de la route de Pouldergat à Landudec ».

Me trouvant dans la région de Landudec et Guilers, dans
la journée du lundi '20 mai 1912, je voulus merendre compte
de l'état de ces vestiges dont j'avais entendu parler par

d'aUtres de mes ah1is. Je fus conduis fort obligeamment par la
maitresse de inaison, Mme HénafI, dont le . mari travaillait
précisément dans Je champ qui touche ces restes de vieilles

constructions. .

Ce champ est désigné sous le nom de Pa.Te ar ménet; il
est distant de la ferme d'environ 400 mètres, vers le Nord-

Est. Avant d'y arriver, on remarque dans le sentier des
fragments de tuiles. Ils proviennent des déblais d'un champ
voisin à côté duquel nous allons passer. La clôture bordant
le sentier ou voie charretière est faite de pierres sèches,
assez petites, rappelant un peu les appareils ,en pierres

cubiques, le tout mélangé de nombr~ux fragments de. tuiles

à rebord et de tuiles courbes de faîtages. Ces pierres et ces

tuiles ont été fournies par un tertre ou amoncellement de

matériaux occupant un coin de ce champ, eL qu'on a. déblayé
. pour mettre ce quartier en culture. On y a trouvé aussi des

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. . TOME XXXIX (Mémoires 11).

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débris de coquillages et quelques vases en terre ' grise, rem­
plis d'ossements incinérés. Même dans la route on peut
m'indiquer des traces de maçonneries affleurant le sol, et
l'on me précise le point où l'on a trouvé un pavé en ciment,
avec de grandes briques carrées empilées les unes sur les
autres, et qui devaient former des piliers d'hypocaustes.
Les déblaiements ont aussi fourni deux ou trois bronzes
romains, qui ont été cédés à notre confrère, M. le comte de
Saint-Luc, du Guilguiffih. .
. En avançant plus loin on passe SUl' un terrain inculte où
l'on croit voir les traces de quelques murailles ou retranche-

ments éboulés et très bas. Puis on arrive au champ qui nous

intéresse. Sur un espace de 60 à 70 mètres dans un sens ·et

d'une quarantaine dans l'autre, on remarque tout un fouillis

de murs éboulés, dessinant des carrés et des rectangles de
toutes dimensions et indiquant un établissement assez
étendu. Y avait-il là deux ou trois villas groupées ensemble

ou bien n'yen avait-il qu'une seule, avec ses bâtiments annexes,

étables, écuries, granges, (villa agraria) '? Des explorations

méthodiques pourraient nous le faire connaître. .
Ce qu'il y a de certain, c'est que l'endroit, comme l'empla­
cement de la . plupart . des maisons gallo-romaJnes, était

admirablement choisi. On est sur un plateau aspectant le
Nord, à une altitude de 92 mètres, et l'on s'explique la

denomination de Lansaludotl qu'on lui a appliquée, car de là
on peut saluer le clocher de Pouldergat, puis ceux de Ploaré,
Poullan, Confors et Beuzec-Cap-Sizun; ' on découvre un vaste
panorama, un coin de la baie de Douarnenez, la ' montagne
de Locronan, et au loin les mamelons du Ménez-hom. De là
on pouvait communiquer, de nuit, . par des signaux à feu,
avec le camp de Lesvoyen près Meilars, Trézent en Poulder­
gat, Trégouzel en Ploaré, Lestreux ou Penguilly en Meilars,
mais près Poullan .
Des fouilles bien menées pourraient fournir dans cet éta-

. -- 163

blissement des décquvertes précieuses pour la science archéd-

logique. Il n'y a guère espoir qu'elles soient jamais entrepri-
ses; il faudrait pour cela quelques centaines de francs, et les
Mécènes sont rares~ . .
Le propriétaire, M. Hénaff, esprit cultivé et libéral, ne
s'y opposei'ait pas; mais' il a le projet d.'opérer lui-même ce
déblaiement, qU'and ses travaux lui en donneront le loisir .

pour que tout ne soit pas perdu pour nolis, je lui ai fourni
quelques indications écri~es, afin qu'il puisse faire les
observations utiles, signaler les points importants, et nous

conserver les objets intéressants, poteries, monnaies,
ustensiles de métal. Mais combien plus vaudrait une explo~
ration faite ' avee ordre, de manière à tout observer, à tout
mesurei','et à faire des relevés exacts de ce vaste établissement.
y avait-il quelque voie, quelque chemin bien caractérisé
pour communiquer avec le grand centre de Douarnenez o~
Is? C'est ce que je ' n'ai pu établir, dans ma ' course . trop
rapide. . . .

Ajoutons que le merveilleux s'est attaché à ces ruines,

comme à tous les restes un peu mystérieux perdus dans nos

campagnes. . .
Il y a 30 ou 40 ans, et c'est la vieille maîtresse de TJansa­
ludou-Huella qui me l'a atIirmé comme témoin oculaire, on
voyait dans le champ avoisinant ces ruines, le matin avant
le lever du soleil, et le soir après son coucher, une poule

noire, toujours solitaire et toujours fais3nt le tour du même
champ, passant par les mêmes issues, sans jamais varier.
Jamais on ne l'a vu manger ni picorer, jamais on n'a pu

saroir où était son gîte.
De plus, dans les mêmes parages, quand venait la nuit, on
entendait des bruits étranges: cris de combattants, gémisse­
ments de gens mis à mal. Tout cela était de nature à inspirer

une certaine dose de terreur, si bien que, même pendant le

jour les pâtres n'osaient plus mener leur bétail à un vieux

éreux de carrière isolée

breu voir. .

_.' 164 --;"

qui leùr ' servait précédemment d': a-

Toutes ces manifestations plus ou moins anormales met-
taient le village en émoi, et , on alla faÏl~e part de l'inquiétude
commune à M. le Recteur de Guilers. , .

. Un jour il vint, accompagné du vicaire de Plozévet, et ce
de.rnier, quand on fût sur Je théâtre des événements, lut

quelques pages dans un petit livre : Evangile ou Exorcismes .

Et depuis lors la poule noire n'a point reparu et les bruits
nocturnes et insolites ont cessé. . ,
. 'Encore un autre fait. Quand on descend à la fontaine qui
fournit de l'eau potable aux deux fermes, dans les prairies
du vallon qui sépare du bOUl~g,on voit, tout près du bassin
de cette fontaine, un tronçon de colonne. cylindrique en .

granit, ayant un diamètre de 0 III 30 et sortant du ' pavé de

o m,4D environ , bn a voulu, à difIérentes reprises, transpor-
ter,au village cette portion de colonne, mais chaque fois elle
revenait d'elle-même à sa place, près de la fontaine. .

. Vous voyez que le merveilleux n'est point encore éteint en
Bretagne, et que longtemps encore, je l'espère, les ' contes
surprenants et étrange~ charmeront les esprits et les imagi­
nations.

Chanoine J.-M. ABGRALL .

III.

DEUX·I· E
, E . PARTIE

Table dés Mémo, ires publiés en 1912

L'Histoire de Cornouaille d'après un livre récent
par M. ANDRÉ OHEIX ......................... .
Les fusaïoles en pierres ornementées du dépar-

Pages

tement des Côtes-du-Nord, par M. A. MARTIN . . J 25
Eglises et. Chapelles du Finistère (suite) (Canton

de Morlaix), par M. le Chanoine PEYRON ..... . 38
Les Saints Bretons et les Animaux. Etude
hagiographique et iconographique, (suite, voir
T. XXXVIII) par M. le Chanoine ABGRALL ..... 51-267
V. Notice sur la Chapelle Saint-Jean Balanant, par

M. CHAUSSEPIED.. . . . .. ...................... 60
. VI. . Les Mystères bretons de la Bibliothèque de Les-

quiffiou, par M. LE GUENNEC . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
VII. Le dolmen de l'isthme de Kermorvan, en Plou­
moguer et ses gravures, par M. le Capitaine de

VIII.

frégaLe A. DEVOIR ........................... .
Remarques sur certaines étymologies citées par

M. H. -P. HIRMENECH dans son ELude sur le
Men Letonniec, Monument Celtique de Locma­ riaquer (Morbihan) par M. le Dr PrCQUENARD ..
Le Tombeau de Saint-Ronan à Locronan, par

Conrad Echer, traduction de l'allemand par M .
105

120
l'abbé PHILIPPON. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
X. Le Trésor découvert à Runabat, en Tourch (Fi-
nistère) par M. de VILLIERS DU TERHAGE . . . . . . 155
XI. Vestiges gëUlo-romains de Lansaludou, en Gui-
lers-Plogastel, par M. Le Chanoine ABGRALL. . 161

XII. Rannou Trélever, (légende et histoire) par M.
Louis LE GUEN NEC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

XIII.

Esquisse biogr~phique de M. Gabriel-Honoré de
Miollis, 1758-1830, Préfet du Fir1jstère\ sous ·le
premier Empire de 1805· à 1812, ' tiré du livre
de raison de M. Francis Saint-Pol-de":Léon de

Miollis, son fils, écrit en 1865., . . .. , , . , , . , ,.' 179
XIV. Les Anciens Seigneurs de la Coudraye, en Tré­
méoc, par M. le Ct

le NEPVOU DE CARFOR'l' ... 201-240
XV. Témoins mégalithiques . des variations des
lignes des rivages armoricains, par M. le

Capitaine de frégate A. DEVOIR, .... , ,', , . . . . . . 220
XVI. La coiffe bretonne, par M. LE CARGUET . . . . . . . . 283

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