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Bulletin SAF 1912


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Remarques sur certaines étymologies citées par M. H.-P. HIRMENECH dans son Etude sur Men Letonniec, Monument Celtique de Locmariaquer (Morbihan)

Dr Picquenard

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1912 tome 39 - Pages 120 à 122

RE AR UES

. sur certaines étymologies citées par M. H.-P . Hirmenech

DANS SON ETUDE SUR 0
: 0 Le Men Letonniec, Monument celtique de
Locmariaquer ( orbi han).

o M. H.-P. Hirmenech .nousdémontre, sans le vouloir, dans
le mémoire précité, qu'il ignore les principes fondamentaux
de la phonétique et de la linguistiq ue. Ces deux branches des
sciences anthropologiques, sont devenues depuis une cinquan­
taine d'années, des sciences exactes en ce qui concerne les

principales familles linguistiques du globe. Pour le groupe
indo-européen, en particulier, les travaux des maîtres tels que
Zeuss, Grimm, Burnouf, Pictet, Gaidoz, d'Arbois, deJubainvil­
le, J. Loth, G. Dottin, E. Erna ul t, etc ... nous on ta ppris à retrou­
ver les racines ptimitives et nous ont initiés à leurs varia tions
dansla suite des temps. Nous connaissons avec une précision .

mathématique, tous les phénomènes de mutations qui ont atteint
voyelles et consonnes à telle ou telle époque, de l'histoire, des
langues indo-européennes.
Aussi, il est étrange de voir M. H.-P. Hirmenechpasser
outre, de parti pris, à l'opinion ete savants aussi qualifiés au
point· de vue des études celtiques que M. M. Gaidoz, J. Loth
et S. Reinach.

Ayant déclaré qu'il ne tient aucun compte de la science offi-

cielle basée sur au moins un demi-siècle detravaux conscien-
cieux, il n'y a dès lors rien d'étonnant à voir M. H.-P. Hir-

menech se classer volontairement parmi les anciens chercheurs
d'étymologies, dont Le Brigand représenta le type comique, et
La Tour d'Auvergne le type sérieux .

- f2f

Son' ignorance des termes les plus courants de notre langue .
nous montre combien peu il est qualitié pour se livrer à des
travaux concernant les étymologies celtiques.
Ce brave archéolllgue est tout intrigué de rencontrer des
noms de lieux comme Kergonan et Kerzeroo (le village . de
Conan et le village des chênes) qui lui paraissent inexplicables.
Il ignore quedans 'Ie mot composé peulvanou peulven (pilier de
pierre) le second terme revêt la forme ven, au lieu de men, par
suite d'une mutation. Il ignore que le mot dolmen a été fabriqué
par des savants français qui ont cru que table se traduisait
en langue bretonne par dol, et qu'il suffisait de lui.adjoindre
le mot men, sans y rien changer pour en , faire « table de
pierre I),alors qu'en réalité, le vrai mot celtique est, en Léo­
nard taoLvean, en Cornouallais toLven, en Vannetais tauLven.
Mais je veux particulièrement insister sur la dénomination
de la 'pierre, au sujet de laquelle M. H.-P. Hirmenech a édifié
son verbeux mémoire. Pour M. H.-P. Hirmenech, ce nom de
Men Letonniec doit signifier « à la mémoire, en souvenir de

Latone ». Men, dit~i1, a une signification de ce genre dans

toutes les langues. Je crois, cependant, que le Chinois, le
Malgache et quelques autres, sinon presque toutes, fontexcep­
tion. Mais, si M. H.-P. Hirmenech avait fai!quelques recher­
ches, il aurait pu se convaincre que men, me an, maen, a,
depuis longtemps, signifié « pierre» dans les trois langues
britonniques (Breton, Gallois et Cornique). Si, de plus, il
avait étudié quelque peu la phonétique des dites langues bri­
tonniques, il se serait rendu compte, que le mot leton, à sup-

poser qu'il ait autrefois désigné Latone, divinité païenne,
aurait, depuis l'Antiquité, subi certaines mutations accentuées
surtout dans la région vannetaise où se trouve le Men Leton­
niec. Le dialecte vannetais nous oUre, en eUet, une chute très
caractérisée de la dentale intervocalique dans un mot d'agen­
cement analogue à Letonniec ; il s'agit de brehoneg, qui, en
dialect8 vannetais, désigne la langue bretonne. Après quinze

-' 122 -
siècles, au m.oins, le m.ot Letonniec_ serait devenu, en dialecte
. vannetais, quelque ch.ose C.omme lehonnieg. Mais il n'y a pas
bes.oin de se creuser la tête p.our chercher l'étym.ol.ogie réelle
du Men letonniec. N.ousav.ons beau, M. H.-P. Hirmenech,
n'être à v.os yeux que des « arché.ol.ogues du Sacré-Cœur n,
n.ous expliqu.ons plus simplement, et plus l.ogiquement que
V.ous, le n.om de ce menhir. C'est une pierre, men, et elle a

été c.our.onnée de quelques t.ouffes de gaz.on, leton, en dialecte
vanne'tais. Al.ors les m.odernes habitants du pays qui n'.ont pas
c.onnu Lat.one, mais qui .ont remarqué le gaz.on d.ont cette ' .
c'est-à-dire « la pierre gaz.onnée ». Si, au lieu de c.onsidérer
c.omme n.on avenues t.outes les c.onnaissances en linguistique
et en ph.onétique amassées par tant de savants, v.ous V.ous
étiez inspiré de leurs méth.odes pour V.oS recherches, V.ous
n'auriez jamais vu de « s.ouvenir de Lat.one », là .où il n'y a
qu'une « pierre gaz.onnée» ; V.ous v.ous seriez épargné la pei- .
ne d'échafauder un l.ong mém.oire sur des principes faux;
v.ous ne v.ous seriez pas perdu dans les déducti.ons inutiles et

V.ous eussiez mis les rieurs de v.otre côté.

Dr. C.-A. PICQUENARD .

III.

DEUX·I· E
, E . PARTIE

Table dés Mémo, ires publiés en 1912

L'Histoire de Cornouaille d'après un livre récent
par M. ANDRÉ OHEIX ......................... .
Les fusaïoles en pierres ornementées du dépar-

Pages

tement des Côtes-du-Nord, par M. A. MARTIN . . J 25
Eglises et. Chapelles du Finistère (suite) (Canton

de Morlaix), par M. le Chanoine PEYRON ..... . 38
Les Saints Bretons et les Animaux. Etude
hagiographique et iconographique, (suite, voir
T. XXXVIII) par M. le Chanoine ABGRALL ..... 51-267
V. Notice sur la Chapelle Saint-Jean Balanant, par

M. CHAUSSEPIED.. . . . .. ...................... 60
. VI. . Les Mystères bretons de la Bibliothèque de Les-

quiffiou, par M. LE GUENNEC . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
VII. Le dolmen de l'isthme de Kermorvan, en Plou­
moguer et ses gravures, par M. le Capitaine de

VIII.

frégaLe A. DEVOIR ........................... .
Remarques sur certaines étymologies citées par

M. H. -P. HIRMENECH dans son ELude sur le
Men Letonniec, Monument Celtique de Locma­ riaquer (Morbihan) par M. le Dr PrCQUENARD ..
Le Tombeau de Saint-Ronan à Locronan, par

Conrad Echer, traduction de l'allemand par M .
105

120
l'abbé PHILIPPON. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
X. Le Trésor découvert à Runabat, en Tourch (Fi-
nistère) par M. de VILLIERS DU TERHAGE . . . . . . 155
XI. Vestiges gëUlo-romains de Lansaludou, en Gui-
lers-Plogastel, par M. Le Chanoine ABGRALL. . 161

XII. Rannou Trélever, (légende et histoire) par M.
Louis LE GUEN NEC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

XIII.

Esquisse biogr~phique de M. Gabriel-Honoré de
Miollis, 1758-1830, Préfet du Fir1jstère\ sous ·le
premier Empire de 1805· à 1812, ' tiré du livre
de raison de M. Francis Saint-Pol-de":Léon de

Miollis, son fils, écrit en 1865., . . .. , , . , , . , ,.' 179
XIV. Les Anciens Seigneurs de la Coudraye, en Tré­
méoc, par M. le Ct

le NEPVOU DE CARFOR'l' ... 201-240
XV. Témoins mégalithiques . des variations des
lignes des rivages armoricains, par M. le

Capitaine de frégate A. DEVOIR, .... , ,', , . . . . . . 220
XVI. La coiffe bretonne, par M. LE CARGUET . . . . . . . . 283

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