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Bulletin SAF 1912


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L’Histoire de Cornouaille d’après un livre récent

André Oheix

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1912 tome 39 - Pages 3 à 24

LtHISTOl' RE 'DE

ORNOUAILLÈ

d'après un livre récent (1)

Il Y a environ ~ingt-cinq ans, la Société Archéologique ' du
Finistère décida de doriner une édition intégrale du Cartulai-

re de Landévenec et confia le soin de cette publication à l'un '

des plus eminents parmi ses membres, M. de la Borderie. En
1888 parulIe preniier fascicule de cet , ouvrage comprenant

le 'texte du Cartl1laife : un second fascicule devait suivre qui

aurait contenu une introduction et une étude cr.itique de c~

document. Dans les dernières années desa vie M. de la Vil-

lemarqué se désohiit de ne pas voir achevée l'édition du
Cartulaire de Landévenec, et n'espéraï't pIns, disait~ll; la
connaître que dans le ciel. Distrait en effet par d'autres

études et par la p'tiblication de son Histoire de Bretagne,

M. de la 'Borderie n'acheva pas l'œuvre qu'il ,avait entreprise

et il est allé, à s'on tour, l~ejoindre M. de ,la Villemarqué

n'ayant donné de l'ét.ude qu'il avait promise que la Critique
du texte de la Vie de saint Guénolé écrite par Gourdisten ..

Ce texte avait pour lui unè importance considérable, « car,
écrivait-il (2), la substance historique qu'on en peut tirer
renferme à peu près tout ce qu'on sait de la Cornouaille con-

tinentale avant le IX

siècle » ; et son opinion avait entrai--
né celle de presque tous les érudits. "',
Voici que des' bords de la Garonne nous arrive aujourd'hui
l'étude que M. de la Borderie avait p-ronüsé, et qu'un excel-
(1) Mélanges d'histoire de Cornouaille (ve-XI

siècle), par Robert Latouche,
Archiviste de Tarn-eL-Garonne, Elève diplômé de l'Ecole des Hautes-
Etudes, Paris, Champion; 49B, in-Sn 125 pp. '

(2) Le Cartulaire de Landévenec, Annales de Bretagne IV [i888-i8891,;
p. 295. '

lent et jeune historien, M. Latouche, nous donne un travaÎl non
seulement sur la Vie de saint Guénolé, mais encore sur le

texte entier du Cartulaire de Landévenec. . .

Disons-le tout de suite, ses conclusions ne sont cerfainement

pas celles qu'aurait présentées M. de la Borderie, et si celui-ci
avait pu connaître ce nouveau travail il eût sans doute éprou­
vé quelque surprise. Le subs.tantiel mémoire de M. Latouche

aura pour l'histoire de la Cornouaille jusqu'au !Xe siècle un
résultat assimilable à la submersion de la ville d'Is, et si les
épigraphes étaient encore de mode, l'auteur eût pu écrire sur

son titre ce qu'on lisait jadis, dit-on, à Landévenec :
Hoc in sarcophago jacet inclyta magna propago

Gradlonus Magnus, Britonum Rex .....
Faut-il en être surpris? Les invasions normandes sont,
après M. Ferdinand Lot, la cause indirecte de ce mémoire:

c'est parceqlle les moines de Landévenec fuyant devant les

envahisseurs ont dû faire une station à Château-du-Loir,
. ~ans le Maine, que M. Latouche, qui appartient à cette pro­
vince, s'est pal'ticulièrement intéressé à saint Guénolé. Mais
cependant pOUl' comparer M. Latouche aux hordes pillardes
qui pendant plusieurs siècles ravagèrent nos côtes, il ne '
faudrait ni le connaître, ni l'avoir lu. S'il détruit parfois des
traditions anciennes ou récentes, mais dénuées de fondements
historiques, c'esten metfant un sens critique très fin et très péné­
trant au service d'une érudition et d'une méthode historique
très sûres. On prend non seulement intérêt mais plaisir, à

le voir étudier les textes, d'autant qu'il expose clairement le
résultat de ses recherches dans une langue sobre et facile
trop souvent absente des ouvrages d'éruditipn.
Ce travail sur l'histoire de Cornouaille est trop important
pour ne pas attirer particulièrement l'attention de la Société
Archéologique 4u Finistère, et je voudrais dans ' quelques
pages suivre pas à pas M. Latouche dans ses recherches et

en signaler le -résultat en même temps que les remarques

qu'elles me suggèrent. Ses conclusions sont trop négatives
pour ne pas soulever quelques objections; elles devront du
moins être discutées et la plupart, sans doute, résisteront à
hi critique.

La première partie des Mélanges est, comme il convenait,
consàcrée à la vie de saint Guénolé. On admettait jusqu'à ce
jour que là plus ancienne rédaction qui nous en soit parvenue
était celle écrite par Gourdislen avant 881 et qui est conservée
dans le'Cartulaire de Landévenec. Bien qu'elle ne soit pas
contemporaine du personnage dont elle parle, on lui accordait
cepe· ndant une grande confiance parce que son auteur dit avoir

utilisé des sources plus anciennes. Mais quelles étaient ces

sources? On ne le sa va il pas . .
M. Latouche après avoir classé les différents· manuscrits
et les diverses vies de saint Guénolé qui sont venus jusqu'à

nous (p. 4-8) croit avoir retrouvé le texte dont Gourdisten
aurait fait usage et qu'il mentionne dans sa préface. Ce texte
serait celui conservé à Londres dans le manuscrit Otto D VIII
du fonds Cottonien du British Museum. Celte opinion, qui
avait déjà été émise par leP. de Smedt, est reprise par M. ·L.
et appuyée par lui de nouveaux arguments. Il faut bien dire
que la comparaison des deux textes à laquelle se livre l'érudit
critique (p. 11-22) paraît bien motiver sa conclusion et Gour­
disten semble s'être borné à augmenter et à interpoler le texte
londonien; et comme, d'autre part, son œuvre, à part quelques

chapitres en vel{ S sur Grallon et un chapitre en prose sur la
réforme de tH8, ne renferme aucun fait qui ne se trou ve dans
le texte anonyme, on est en droit de croire qu'il n'avait sous
les yeux aucune autre source que ce document. La vita écrite
par Gourdisten n'aura donc de valeur qu'autant que sa source .
en aura elle-même. Or une curieuse remarque de M. 1. (p. 21- .
22) nous livrerait le nom de l'auteur et la date de son œuvre:

Clément, moine de Landévenec, qui écrivait entre 857 et 884,

et dont nous possédons encore un
saint Guénolé .

hymne en ·l'honneur de

Ces conclusions sont fort plausible~. Une remarque qui a
échappé à M. L., et qui semblerait venir à l'appui de son opinion,
. c'est que dans le miracle concernant Creirwy l'animal qui a
mangé l'œil de la jeune fille est désigné dans l'hymne de

Clément et dans la vie anonyme par le mot de basse latinité
el d'un emploi très rare oga ('1), tandis que Gourdisten em-
ploie le mot classique anser.

Une objection par contre pourrait y être faiLe mais basée
sur un sentiment plutôt que sur une raison. On comprend fort
Qien que Gourdisten cite avec une note ém~e les deux vers
tirés d'un hymne de son ami Clément. Il est mOIns naturel
que celui-ci se cite lui-même avec une certaine complaisance
(2). Mais je crois bien que l'opinion soutenue par M. L. ne
serait pas ébranlée par cette objection.
Si, comme il semble, cette opinion est bien fondée il

peut tout de même paraître étrange de voir Gourdisten dire
qu'il a utilisé des documents anciens (3), car ses contempo­
rainsdevaient être fixés sur l'œuvre du moine Clément, et
l'affirmation de Gourdisten frise l'imposture, rnaisson texte

n'a pas du moins subi d'interpolation au xrsiècle (p. 22-24),
comme l'avait cru M. de la Borderie .

Si Gourdisten n'a eu d'autre source que l'œuvre du moine
Clément il est de première importance de déterminer la valeur

(1) Ce mot est si rare sous cette forme que le Glossaire du Du Cange
(Vo Auca) n'en cite qu'un exemple emprunté à la vie de saint Guénolé. mais
à une rédaction faite à Montreuil (AA. SS. Mart. l, éd. de i668, p. 254).
Si cette rédaction dérive, comme on le croit, de Gourdisten et non de '
l'anonyme, ma remarque est sans portée.. . .
(2) A moins que ces vers ne soient un centon introduit par Clément
dans son hymne. N'ous le voyons plus loin mettre dans la bouche de Fracan
un vers de Virgile : .« Nate mee ..... » (éd. Latouche, p . t03, cf'. Gourdisten~ ,
éd. la Borderie, p. 37.)
(3) Hanc quicunquevelit veterllIn rescribere cartis .... (Ed. La Borderie, .
p. 1.). . Haec fuerant denso vetel'llIn velamime texLa (p. 2). ...Sive ex
antiquis recollig-entes ' scriptis ... (p. 52). .

u: 7 / a
de cette vie, et' c'est ce ft quoi M. L.s', appliqueavec beaucoup;
d'habileté et d: 'ingéniositè.Sa conclusion ~st déceyante. Après ,
avoir souillé, S!lr une chronologi, e trop . ingénieusement co~ns~

truite et qui reposait sur une argumentatiün fragile, il con~tate
« que dépouillée de son con.tenu et dépourvue de toute déter-
« mination chronologique la vie de Guéno: lé semble perdre tQute ~

« consistance historique. Il subsiste un-;rèsidu : qu~lques indi., ..

« cations topographiques, quelques noms de personnes, ceux:

(1 des parents du saint notamment et le sien}) (p. 28) . .

Mais ces noms ont-ils du moi ns quelque \;aleur? Nous devons

perdre toutes. nos illusions: le nom de Fracan, père du saint,
a une origine' topologique (p . . 28) ; il en est de même pOUl'
celui de Guén,Oc (1) et aussi peut-êtrepour celui de Guénolé
(p. 29). Les noms dA la mère et de la sœur du , saint sont aussi
mythiques mai.s dérivent de documents généalogiques (p. 30-
32) ; de Catovius on ne sait rien (p. 32); Budoc pourrait bien :
appartenir à la topologi~ (p. 33); Rigual peut provenir de la
vie de sain t'Brieuc (p. 33). On voit que le résidu passé au
creuset ne donn.e plus rien. '.
Malgré l'érudition dont M. L. fait preuve en ces pages et
qui, en certains points, nous conduit à des conclusions aussi

sûres que peuyentl'être des conclusions historiques, on est
parfois tenté de . "3oulever quelques objections ét de trouver
que le critique va un peu loin.

M. L croit, avec raison sans doute, que les noms de Guen
et de Creirwy proviennent de documents généalogiques, et il
appuie son hypothèse sur le passage où l'anonyme dit que l'on
n'a pas l'habitude de dresser par écrit la généalogie des fem":
mes (p. 31). Ceci tendrait tout d'abord à prouver que l'auteur,
(1) M. Latouche (p.-ao note 6) repousse l'identification de Cadvan et Gué­
thenoc proposée par ~I. Loth (Les 'noms des saints bretons, p. 50, Vo' Guen)
d'après lequel ces d eux noms signifieraient l'un et l'autre qui combat. On
pourrait cependant remarquer 'en fav eur de cet.te hypothèse que. dans la
chapelle Saint-Vennec, en Briec, saint Vennec (ou Gu ethenoc) estrepl'ésenté
en guerriel' (reproduction de la statue dans Baring-Gould et Fisher, Lives
of the bristish saints, t. II, p. 8) .

bIen qu'il ne le dise pas, a eu sous les yeux d~s documents

écrits; et, d'autre part, si les généalogies ne mentionnent pas

les femmes, comment se fait-il que Clément n'y ait pris juste-
ment que des noms de femmes?
. Peut-être M. L. donne-t-il trop d'importance à l'élément

toponymique, dont l'influence ~st parfois indéniable (1), et dire
par exemple que Fracari est tiré de Plou-fragan n'est-ce pas
reculer la question sans la résoudre si l'on admet que le second
terme est un nom d'homme (cf. p. Q7). Je ne serais pas, pour
ma part, éloigné de croire que l'anonylrie a trouvé aussi dans
un document généalogique le nom du père de son saint, et s'il
a fait un voyage en Domnonée (ce qui est possible), on en
aurait ainsi l'explication, car pourquoi aurait-il choisi le nom
de Fracan plutôt que tout autre? (2).
Il est du moins bien vraisemblable que Clémenta rencontré
les noms de Catovius et de Righual dans une généalogie, car
ils figurent l'un et l'autre dans la généalogie des rois de
Domnonée (3) .
Enfin si Clément a utilisé des documents et même des

(1) C'est ainsi que le nom de lieu de Caër Laër ou Kerlaër (uilla Latronis)
à Roscanvel (identifié avec raison à Roscatmaglus, p. 8~; cf. sur la syno­
nymie de ces deux formes, deux chartes du XIIe siècle publiées par D .
Morice, Pro l, 669 et 708, et signalées par A. de la Borderie, Rist. de Bret.,
l, p. 377 note 2) a pu donner naissance à l'histoire des voleurs fils de
Catmaglus (cf. p. 33 note 7). .

(2) Je ne cite pas à l'appui de la tradition reçue le culte de saint Guén.olé
à Ploufragan, ni 'le nom de Sainte-Guen porté pat' un village de celte
paroisse, car ils pourraient a voit' pour origine la pénétration ancienne en

ce lieu de la Vila Wimualoei.
(3) Dom Morice, Pr., l, p. 1.7 et 2H. Cette généalog'ie dans sa forme
actuelle ne parait pas antérieure an XIe siècle (cf. les l:emarques de M. VV.
Levison, Mon. Germ. Script. l'erum merouing., v. p. 752, et du P. de Smedt,
AA. S8., Nouemb. III, p. 267 note 1.) ; cependant elle doit reproduire un
document plus ancien, et la deseendance de .Tudicaël qui semble y faire
suite et qu'on rencontre dans une charte de Redon du 29 novembre 869
(Cartul. de Redon, éd. A. de Courson, n° CIX, p. 82-83) ferait croire qu'elle
était c'onnue à cette époque On pourrait dire que Catouius doit son exis­
tence à la toponymie, si l'on se rappelle la phrase de Gourdisten : Cujus

cum etiam predicti regis terra nomine dicta ... (Ed. La Borderie, p. 9).
Mais cette phrase n~ se trouve vas dans Clément

dans son monastère quelque tradition? Cela sera.it tout aussi
vraisemblable que son voyage en DomnQnée, et il serait même
étrange que le monastère de Landévenec n'ait rien .su ou dit,
de vrai ou de faux, sur son origine avant la seconde moitié du
IXe siècle ('I). .
Quoiqu'il en soit on doit tomber d'accord avec M. L. sur ce
point que la vie de Guénolé est « un ~auvre ' document et un
maigre butin pour l'histoire de la Cornouaille» (p. 34) et ainsi
. fixés sur ce texte nous ne devrons plus avoir beaucoup de

confiance dans celui de Gourdisten. .

Les additions de Gourdisten ' au texte de Clément, nous

l'avons vu, à part des interpolations pieuses se réduisent à peu
de choses. Elles comprennen tcependa n t les chapitres XII etXIII
du Livre II, qui se rapportent à la réforme introduite à Lan­
dévenec en 8J8 par Louis le Pieux; ces très intéressants
renseignements ont certainement pour source le diplôme
rapporté par Gourdisten dont l'authenticité ne saUrait être

douteuse comme le remarque M. L. (p. 37) et qui était peut-

être le seul document conservé aux archives de l'abbaye au
!Xe siècle. Les additions comprennent en outre les chapitres
XV à XXI qui sont'en vers et nous racontent les -rapports de
Guénolé et de Grallon ainsi que les aventures merveilleuses
de celui-ci. Ces derniCl's chapitres constituent tout ce que l'on
sait de plus ancien sur ce souverain de Cornouaille. Le silence
de l'anonyme à son sujet est déjà inquiétant, mais M. L.

constate en outre, et avec raison, que « les traits dont s'est
servi Gourdisten pOUl' faire le portrait de ce roi sont empruntés

(-1) C'est bien à une tradi lion que l'au leur fait allusion quand il dit:
« Multoliens quoque a sanctissimis "iris referentibus auditum est eosdem '
audisse aplld predecessores su os et vidissequi verissime -vidi5sent et
dixissent ..... » (Edo· Latouche, !). HO) .

., , 10 . h . o ,.

au duc breton du

siècle Sa' 1omon (p. 35) » (i).

Grallon ne semble bien être, en . effet, qu'un personnage

légendaire sinon mythique; il nous faut du moins renoncer à'
connaître son histoire qui s'est développée avec succès à
travers les siècles etqui a inspiré les poètes: Gourdisten, Marié

de France et aussi M. de La Borderie. Remarquons cependant

avec M. L. (p. 36). que si l'anonyme garde le silence à son
sujet, Clément cite Grallon dans son hymne (éd. La Borderie,

p. 171) qui renferme déjà le thème que développera avec
prolixité Gourdisten. On peut donc en conclure que Grallon

était connu à Landévenec avant Gourdisten et on peut croire
què c'est à son histoire que celui-ci fait allusion dans sa
préface du livre Ir, quand il dit avoir employé pour composer
cette partie de son ouvrage non seulement des écrits' anciens,
mais encore des traditions orales (2).
Après s'être livré à cette étude ' minutieuse et scrupuleuse
des textes, M; L, conclut: « On ne sait rien » .(p. 39). C'est

aussi notre avis et il semble bien difficiIed'utiIiser au point de
vue historique la vie de saint Guénolé. Il semble cependant

qu'on puisse croire que Guénolé a été le fondateur de Landé-
venec à une ép'oque impossible à déterminer; son nom et son
culte existant en CornwaI ne suffiraient, à mon sens, pour

infirmer cette tradition car nous sa vons que les rapports entre

la Cornouaille insulaire et.l'Armorique ont toujours . été fré-
quents et ony rencontre bien d'autres noms de saints que l'on
ne songe pas à eontester à notre Bretagne (3). Sur ce point

. (il Par une singulière coïncidence la formule d'une des chartes fausses
de Landévenec: « Ego Gradlonus, gratia Dei l'ex Britonum nec non et ex
parte Francor.um » (Cartul., éd. la Bl)rderie, n° III, p. 1.46) semble emprun­
tée d't'lne charte de Salomon : « Salomon, gratta Dei totius Britanniœ
magneque partis Galliarum princeps» (Cartul. de Redon, éd. A. de Courson
n° CCXLI, p . 1.89, 17 avril 869). Sur GraUon etsa légende on petit lire aussi
ùne intéressante note de M. F èrdinand Lot, Guengualch, Revue de Philo­
~ogie française et de Littérature, XXI [1. \107], p. 283.

(2) .. , Sive ex antiquis recolligentes scriptis; sive ex majorum 'relatione
venel'abilium ... (Ed. La Borderie, p. 152) '" .
(3) Voir à ce sujet le compte rendu de l'Histoire de Bretagne de M. de
la Borderie, par M. J. Loth, dans la Revue Celtique, XXII [1.90iJ, p. 98-99 .

les conclusions de M. L. peuvent donc paraître exagérées,
mais on doit admettre avec lui que le résidu histor~que de , la
, FUa Wi 'nwaloe~ ,est insignifiant pour ne pas dire nul.

La vie de sàint Idunet nous retiendra moins longtemps, ' ce

document étant absolument dénué de valeur' historique.
M. L démontre au moyen du textè de Londres et de raison­
nements fort bien conduits, que la majeure partie de ce récit

relatant le miracle bien connu du lépreux a été détachée de
la vie anonyme de saint Guénolé, et que l'auteur s'est borné à
y coudre un commencement et une fin sans proportions avec
le milieu de l'œuvre, et qu'il li eri outre identifiéson personnage,
appelé Ethbin, avec un saint Idunel.
Une curieuse remarque concerne la (( Silva que Nectensis
dicifur )) que sur la foi de l'hagiographe on avait, jusqu'à ce
jour, cherché en Irlande et qui en réalité n'est que le nom du
pays de Senlis (pagus Silvanectenûs), et cela est d'autant pl us
intéressant que l'on connaissait à Senlis un saint Baumer,
originaire du Maine, qui pourrait bien être le diacre Baumerus

mentionné au début. de la vie' de saint Ethbin (p. 44 note 4).
De quelle époque est ce document? M. L. en place la rédac­
tion à la fin du IXe siècle (p. 45) ; il serait par conséquent
contemporain de ,la vie de Guénolé écrite par Gourdisten.
Cependant je croirais volontiers que la vie de saint Ethbin a
, Mé composée postérieurement à l'exil des moines de Landé­
venec à Montreuil-sur-Mer, qui d'après la tradition y auraient

porté les reliques du sajnl. C'est au cours de leurs pérégri-

nations que l'auteur aurait pu connaître Baumer et Senlis (1).

(1) S'il faut rapprocher ces deux noms il convient de remarquer que
les reliques de S. Baumer auraient été portées à oenlis il. l'époque des
invasions normandes (AA. SS. nov. l, p. 666, cité par R. Latouche, p. 44-
note 5). Or les Normands ne semblent pas avoir pénétré dans le Maine
avant le milieu du IX· siècle (R. Latouche, Hist'ejil"e du Comté du Maine
pendant le X' et le XI' siècle, pp. IH~ et 89). Il est curjeux de rapprocher la

La menilon de saint Samson dans un document éCrit à Lan-

dévenec au IX

siècle serait remarquable car ce saint y est in-
connu (1) ; cependant on y célébrait sa fête au xe ou au XIe
siècle, d'après un calendrier provenant de cette abbaye (2) .
Enfin il est singulier, si les reliques de saint Ethbin étaient

conservées à Landévenec, comme le ferait croire la translation

à Montreuil, qu'un document rédigé dans l'abbaye n'en fasse
nulle mention.
Je serais donc disposé à croire ce document d'une date plus
récente que celle indiquée par M.L., et si le passage concer­
nant Ethbin ne se retrouve pas dans le texte de Gourdisten

cela peut très bien provenir d'un copiste postérieur (3) .
L'examen détaillé des chartes de Landévenec est un travail
tout nouveau. Sans doute on était depuis longtemps d'accord
pour y voir des pièces fausses en grande majorité (4), mais
on n'avait pas encore étudié le travail du faussaire ni cherché

phrase : (( superuenientes enim Franci uastauerunt Britanniam » de la vie
de S. Ethbin (éd. La Borderie, p. 1f~0) du texte d'une notice rédigée au XI"
siècle il Montt'euil et relatant l'exode des moines de Lalldévellec :
« ... clericis et laïcis pro terrore Francorwn terram Nlinoris Britanniœ uastan­
Hum fugientibus ... » (Gallia christiana, X, instmm. p. 283, cité par Latou­
che, p. GG, n. 5 ; cf. un texte plus complet dans Rodiére, Les corps saints de
Montreuil, p. 9 et note 8).
(1) Cf. F. Duine, Histoire ciuile et politique de Dol jusqu'en 1789, p. 248 ; cet
ouvrage renferme d'excellentes notes sur les saints bretons, notes que l'on
n'y chercherait pas d'après son titre .
(2) F. Duine, Bréuiaires et missels des églises et abbayes bretonnes antériewr s
au XVIIe siècle, Bull. de la Soc. arch. d'lILe:et-Vilaine, XXXV (1.906) p. 137 .
. On discute sur la date de cc document (ibid. Ilote) ; cependant la mention,
au 24 mai, de la fête à N~ntes des S5. Hog'atien ct Donatien suppose une
époque postérieure à la donation d'Alain Bal'betorte «()4~.-!)52) et ce calendriel'
ne saurait par ~onséquent être de 908. ' .

(3) Cepelldallt ce passage ne se retrouve pas nOll plus dans le ms. lat.
56iO A. de la Bibl. Nationale qui est au moins aussi ancien que le ms. du
,artulaire de Landévenec et qui en est indépendant. Mais ne dérivent-ils
pas l'un et l'autre d'un manuscrit rapporté de Montreuil ?
(4) Sauf toutefois Dom Plaine qui ne doutait pas que les chartes de
Grallon fussent réellement du VIC siècle, et qui grâce à elles a écrit de ce

personnage une biographie aussi complète que possible, Reuue historique
de l'Ouest, IX [1893], 'le« partie, p. 70i et seq .

à reconnaître ses sources. Le mémoire de M. L. sur cette

fort CUrIeux.
Il démontre tout d'abord J'authenticité de la dorJation d'Alain
Barbetorte à l'abbaye de Landévenec (Cartul. no XXV) (1)
qui récemment avait été mise en doute (2) et en rapproche
une âutre notice (n° XL). La rédaction de ces deux pièces doit
être contemporaine des actes juridiques qu'elles mentionnent
et leur examen était d'autant plus important qu'elles ont servi
de modèles au faussaire M. " L. le démontre pour fabriquer
une 'grandp, partie des autres chartes. C'est là qu'il 'a puisé les
formules dans lesquelles il a enchâssé les éléments que lui
fournissaient les documents hagiographiques et les noms de
lieux (p. Q7) (3).
En résumé deux notices du Cartulaire de LC!ndévenec sont
certainement authentiques; trente-six sont non moins certai­
nement fausses. Il en reste dix (nos XXIV, XLIII, XLIV
XLII, XXXVI, XLV, XLVI, XLVII, XLVIII et XLIX) dont
l'acte juridique qu'elles rapportent semble ne pouvoir être mis
en doute, mais dont la forme doit être l'œuvre de l'auteur du
Cartulaire. *
:li: :li:
Beaucoup d'encre a coulé déjà à propos de la liste des
comtes de Cornouaille que renferme le Cartul~ire de Landé­
venee. A part M. de la Borderie qui a essayé, avee des réserves,

de retrouver des données historiques dans la partie ancienne .

(-1) A propos de cette donation qui eoncerne le Bourg de Batz (canton
du Croisic, LoiJ'e-Inférieure), M. Latouche cite (p. !.9 note 2) le texte de la
Chronique de Nantes ou Batz est qualifié île. Cette qualification se retrouve
plus anciennement dans trois actes du Cartulaire de Redon de 853-870, 8ût
et 8û6 (éd. A. de Courson, nos LX, LXXXIV, XCVIII, pp. 48,64 et 74). On la
retrouve aussi dans les Mirawla sancti Philiberli, écrits avar.lt 840:

« i1lsulam, cui Bafus nomen inditum est» (H. Poupardin, Monllments de l'his-
toire des ' abbayes de Saint-Philibert, p. 54). . . ' . .
(2) F. Lot, Mélanges d'histoire bretonne, p. 189 note 5.
(3) Sur la formule initiale d'un acte attribué à Grallon voir ci-dessus, p.
iD, note L L'acte ou figure le comte Even (no XXXIX) a été récemment
étudié par 1\1. le Vicomte de Calan dans ses Méla1lges historiques, Revue de
BretaflJle, 1908, I, p. 205,. , ' .

(il. de B, l, p. 31 i) tout le monde lui a reconnu un caractère ·
légendaire. Le nouvel examen auquel se livre M. L. tend à
lui reconnaitre un caractère historique à mesure que l'on se
rapproche du comte Roël (p. 72) .

Cette liste comtale nous est parvenue dans trois manuscrits:

Le Cartulaire de Quimper, dont la copie est de très basse
époque (1l. Si la liste est entièrement écrite de la même
main (ce que ne dit pas l'éditeur) elle serait contemporaine ·
de Jean III duc en 1312 et mort en 1341.

Le Cœrt-ulail'e de Quimperlé (2). La liste contenue dans

ce recueil présente avec la précédente des variantes .qui
jusqu'à Alain Canhiard peuvent s'expliquer par une mauvaise
lecture ;à partir de ce nom les variantes deviennent beau-

coup plus importantes et portent sur le texte lui-même. La

liste primitive dans ce recueil s'arrêtait à Arthur (mort en

i203) ; eIle a été continuée jusqu'à Jean III. Le Cartulaire
de Quimperlé composé par Gurheden dans le premier quart
du XIIe siècle (3) nous est parvenu dans un manuscrit qUi,
d'après les listes qu'il contient a dû être écrit à la fin du xne
siècle. L'influence non seulement de la vie de saint Guénolé
mais aussi du Cartulaire de Landévenec proprement dit sur
celui de Quimperlé est indéniable (4) .

(i) Ed. Peyron, n° 3, p. 6-7.
(2) 2· éd. Maître et p, de Berthou, p. 80-92.
(3) Ibid. p. H6-H 7. .
(4) La phrase de la vie de saint Gurthiern où sont narrés les rapports
de celui-ci avec Grallon : « Inde volavit fama ipsitis usque ad Gradlonum
Magnum, Cornugallie Consulem ... « (loc. cil., p. 45) rappelle le premier
vers du chapitre X V de Gourdist.en: « lnterea ad regem yolitabat fama
Gradlonum ... » (Ed. la Bordel'ie, p. · 78). La donation d'Anaurot par
Grallon est imitée de celle de Landévenec à Guénolé et ce même passage
fait précisément ment,ion des reliques de saint Cfuén olé et de saint Idu­
net. L'influence clu Cartulaire .de Landévenec se manifeste encore dans
la prétendue donation de Guérec à sainte Ninnoc (p. ti4) où l'on trouve
mention de l'église de Sainte-Julitte et de Bath Guerran, ce qui rappelle
. d'une façon frappante la donation d'Alain Barbetorte à Landévenec de
. Bath Uuenran et de l'éklise Saint-Cyr de Nantes (le culte de S. CYl' est ordi­
nairement .ioint à celui de sa mèl'e Ste Julitte). M. de Calan s'est trompé,
semble-t-il, en essayant de placel' au xe siècle la rédaction de cette vie de
sainte Ninnoc (Mélallges historiques, n° XXXIII, Revue do e Bretagne, 19:1.0, .
II, p. 8i) .

30 Le Cartulaire de Landévenec dont la liste, d'une écriture
postérieure au reste du manuscrit, a été copiée au xne siècle.
(Ed. la Borderie, variantes de la page 172, p. 209). Mais
comme. cette liste s'arrête à Hoël, fils d'Alain Canhiard, comte
de Cornouaille de 101)8 à 108~, on peut croire que le copiste
a reproduit un document rédigé à cette époque (1). L'accord est
d'ailleurs complet entre cette copie et celle du Cartulaire de
Quimperlé, de sorte qu'on pourrait croire que c'est le manus­
crit de Landévenec que Gurheden a eu sous les yeux.
De ces remarques on peut conclure que si le Cartulai re de
Landévenec ne nous offre pas le proto -type de la liste, il en
contient du moins la copie la plus ancienne, d'où dérivent
celles de Quimperlé et de Quimper.
En rapprochant ce texte de divers documents authentiques,

M. L. démontre le caractère historique de la liste à partir
d'Alfrett, père de Dilès. Une hypothèse fort ingénieuse et plau­
sible lui permet même de croire à la réalité historique de
Grallon qui aurait vécu au début du xe siècle. Ce sont là
quelques contributions nouvelles que M. L. apporte à l'his­
toire de Cornouaille et nous avons maintenant la quasi ·certi-

tude de quelques comtes qui étaient jusqu'à présent plus que
douteux. Mais le caractère légendaire des prédécesseurs du
Grallon du xe siècle sur la liste comtale n'en reste pas moins
incontestable. M. L. · remarque en effet . qu'il serait
invraisemblable que la Cornouaille ait possédé des comtes
héréditaires avant le xe siècle (pp. 73, 76). Nous con­
naissons d'ailleurs deux comtes viagers qui gouvernèrent
ce pays au IX

et au début du ' xe siècle, Rivelen (2) et

(1) Il est vrai que Hoël, étant devenu par son mariage duc de Bretagne,
réunit son comté au duché, et fut bien ainsi le dernier titulaire du comté
de Cornouaille.
(2) Rivelen est mentionné dans la préface de l'hymne de Clément (p.
i24.) comme ayant gouverné la Cornouaille sous le règne de Salomon
(857-874.). Ne serait-ce pas lui qui figure comme témoin auprès de Salomon,
dans un acte du i4 septembre 868 « Ri vilin comes » ( Cart. de Redon, éd.
A. de Courson, n° XXI, p. 18) et dans deux autres actes du 29 août 868 et
du 9 juillet 871. (ibid., n°· CCXL et CCXLVII, p. 1.87 et 1.98). Il est vrai qu'uù

Gourmaëlon (' 1), et ils ne figurent pas sur celte liste. On ne
peut donc ajouter foi à la partie de cette liste qui précède
le nom de Grallon Plueneuor (2) .

Il convient aussi d'ajouter que nous possérlons une autre
généalogie des Comtes de Cornouaille qui d'ailleurs ne s'ac­
corde pas, sauf deux noms, avec la liste du Carlulaire' de
Landévenec. Cette généalogie se trouve au début de la vie de
saint Méloir (3). D'après ce texte le fondateur de la dynastie
nommé Jean ou Jahan et venu d'outre-mer, aurait eu pour

autre acte du 24 février 867 (Ibid., n° XCVI, p. 72) nous montre le « Cornes
Rivilin », ou « Rivelen» tenant un plaid à Peillac. Dans les trois pre­
miers cie ces actes figure aussi « UuincoIJ, filius Riuuelen» (no XXI) « Guegon
filills Riuelen» (n' CCXL) et « Guigon, filius Riuelen » (no CCXL VII) ; on
relrou \Te encore ( Vuicon, filius Riuuilin » dans un acte du 25 février 872
(Ibid., n° CCL VIl, p. 207). Ces mentions sont très intéressantes car il s'agit
certainement du personnage nommé par les Annales de Saint-Bertin,
parmi les assassiJls de Salomon: « Wigon fi lio Rivilin » (ann. 874, éd. De­
haisne p. 238). Ce rapprochement a échappé à ~1. de Calrtn qui s'est
demandé si Hincmar n'avait pas choisi un nom au hasard (Observations
SUI' quelques points controversés de l'histoire de Bretagne, Ass. bretonne,
Congrès de Concarneau, 1005, p. 76). Le l'~cit de la translation des reliques
de S. Mathieu en Bretag'ne (Echo paroissial de Brest, n" du 9 décembre i(00)
mentionne bien aussi le dl,Jc Ribilis de Cornouaille, « strenuissimus vir
et Cornubiae provintiae dux nominc Ribilis, » qui joue un rôle auprès de
Salomon, mais ce document semble actuellement inulilisablf>.
(1.) Goul'maëlon est mentionné dans l'acte XXIV du Cal'Lulaire de Lan­
dévenec (Cf. Latouche, p. 66). Il g'ou vel'na ensuite la Bretagne (A. de la
Borderie, II. de B., Il, p. 3lt. 8).
(2) A propos de ce nom M. L. remarque (p. 75 note 5) que le SU)'J1om
Plllellel.lor, Plounéour, est un nom de lieu, ce qui est exact. Il en rappro­
che le SUrnOl1.1 de Cherœnoc donné à Concar. Il y aurait aussi lieu d'en
rapprocher le surnom de Cnstellin donné à Budic dans la liste des évèCfues
de Quimper (Cart. de Quimperlé, p. 88; cf. Latouche, p. 70 Hole 3).
(3) Le texte de la vie de saint Méloir' a été publié plusieurs fois, mais
nous n'en possédons pas encore une bonne édition. Cf. A.A.. SS. Oct. XI,
p. 9!~:1-9'~7 ; Dom Moriee, Pl'. I, 223 ; Dom Plaine, Analecta Bollandiana. V
[i880J p. 105-176 ; V,· Le Gouvello, Vie de saint Méloir, Revue hist. de l'Ouest
!S87 : A. de la Borderie. H. de B., I, pp. 373, Hole ' i, et 374 note 2. Le

début du texte n'a été pub lié que par Dom i\loric'e d'après ulle copie de
Du Paz, aujourd'hui à la. Bibl. Nationale, ms. 1'1'. 2:1321, fol. · 625, cf. A. de
la Borderie, loc. cU. eL F. Lot, Mélanges d'Mstoire bretonne, p. 123 note 2.
Des rapprochements entre ce document et la lisLe comtale ont été faits
dès le XVII" siècle (A. de la Borderie, op. cil, p. 374), et plus récemment
par les Bollandistes (loc. cit, p. !H5) et pa.r 1\1.. de Cala n, Notes pOlir servir .
à l'histoire des SS. de Bretagne, Ass. bretonne, Congrès de Châteaubriant,
i904, p. 1.60.

fils et successeur Daniel, pour petit-fils Budic, lequel aurait

eU lui-même deux fils, Méliau et Rivod ; Méliau fut père de
Méloir (1).
On le voit, à part le nom de Jean et celui de Daniel, ces
deux documents n'ont rien de · commun. Bien mieux, la vie
de saint Méloir, est absolument contraire à la liste
comtale puisqu'elle affirme que le premier souverain cor­
nouaillais fut Jean Reith, et qu'elle ne cite point, même pour

souvenir, le nom de Gr.allon. Ces affirmations contradictoires
ont soulevé bien des difficultés avant que l'on ne fut fixé sur
la valeur de l'histoire de Grallon (2) .
Est-ce à dire que la généalogie de la vie de sain t Méloir
vaille beaucoup mieux que la liste comtale? Je ne le crois
pas. .
La Vita Meloris sous sa forme actuelle ne doit pas être

très ancienne. Dom Plaine en plaçait la rédaction au IX

siècle, avant les invasions normandes et avant toute transla­
tion de reliques, parce que l'auteur affirme que le corps du
saint est conservé à Lanmeur (3). Or nous savons que l'ab":
baye de Redon, qui avait des biens à Lanmeur, possédait des

(t) Quidam nobilis, apud transmarinos extitit cui cognomen erat
lex vel reg'ula ..... Is post desolationem Frixonum et Corsoldi ducis
nostram adiens desertam Cornugalliam ..... classe mare cum maximo co mi­
tatu transmeavit, regnum accepit, habitavit, excoluit. Post cujus deces­
sum, Daniel, filius ejus, regnum tenuit. Cui successit filius Budic ; huic
vero Budic duo extitere filii, Meliavius videlicet et Rivodius. ' Une note
de D. Morice, loc. cil, nous apprend que le texte de Du Paz nomme ce
personnag'e Jean et en effet Le Baud qui a traduit ce passage (éd. de
1638, pp. 65 et 69) le nomme bien ainsi, sans lui donner le surnom de Reilll,
mais d'après .M. Loth (Chrestomathie bretonne, Vo Reith) ce mot signifiant
droit, justice, c'est exactement la traduction de le,r. veiregllia. M. de la Bor­
derie (loc. cit.) ayant voulu identifier ce nom ùe Iahan avec le gallois
iawn qui signifie (( jus te, (hoit, équitable », M. Loth a repoussé cette iden­
tification (Revue Celtique, XXII [f901], p. : H2).
(2) A. de la Borderie, H. de B. 1, p. 374. .
(3) Cf. Analecta Bolland. V, loc. cil., et Recherches sllr les origines littérai­
res de l'ancienne province de Bretagne, Rev. histor. de l'Ouest, VI [1890] .{'re
partie, p. 695-696. Le texte semble bien dir'e, en effet, que le corps du saint
est conservé à Lanmeur.
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. . TOME XXXIX (Mémoires 2) .

teliques du saint dès 8!J:9 Ct), et que le reste du corps dut
s'enfuir devant le~ invasions normandes et fut porté à Paris
(2). Mais en 1667, un paroissien de Lanmeur, Gui Le Borgne, .
dans son A rmo'J'ial breton (p. 162) prétend encore que cette
localité possède le corps de son patron : peut-être serait-il
cependant téméraire d'en conclure que Gui Le Borgne écri­
vai t avant les invasions normandes.
M. de la BOl'derie (H. de B. l, p. 373), date la vie de saint
Méloir du xn

siècle sans motiver son-opinion. M. Ferdinand

Lot (Mélanges, p. 123 note 2) estime que (l comme il y est

parlé de la desoLatio Fri:J:onttm et CorsoLdi ducis, cette vita ne .

saurait être antérieure au règne de Nominoé, mais se placer
vers le XIe siècle au plus tôt)) (3).
Malgré la difficulté que pourrait présenter une plus grande
précision dans la date de la rédaction de Vita J1eloTis, on
peut croire que le document, tel que nous le possédons actuel­
lement, est du XIe OU du XIIe siècle; mais il doit remonter à
une source antérieure.

En effet M. Lot a signalé avec raison les rapports
qui existent entre la Vita Machuti écrite par Bili entre
865 et 880 et la Vita Meloris : celle-ci considérée comme

la source de Bili lui serait par conséquent antérieu-

(i) Cartulaire de Redon. éd. A. de Courson, no CCCV, p. 257, et LlX, p .
47. Le n° CCCV est vraisemblablement faux.
(2) René Merlet, Les origines du monastère de Saint-Magloire de Paris .
Bibl. de l'Ecole des Chartes, t. LVI [1895], tirage à part, p. 10.
(3). Cette mention ressemble, en effet, à celle que l'on rencuntre dans
Ingomar (Le Baud. éd. de 1638, p. 63 ; éd. des Bibl. bretons, t. II, p. ' 130 ;
Chronique de Saint-Brieuc, Dom Morice, Pr., l, col. 14), écrivain du début
du XIe s.iècle. Mais comme celui-ci nous dit avoir tiré son récit a fabellis
on peut se demander si l'auteur de la vie de S. Méloir n'a pas puisé
lui aussi à cette source que nous ne connaissons pas (cf. F. Lot, Mélanges
d'hist. bretonne, p. 128 note 5) ou bien si cette vie n'est pas la source d'In­
gomar. Si l'auteur de la Vita Meloris a utilisé Ingomar ou inversement, ils
se sont mal copiés l'un l'autre, car à part cette histoire de Corsold et
d'Aletha, tous les noms propres et le reste du récit diffèrent

re (1). Mais serait-elle du IX

siècle, la vie de saint Mélolr
n'en aurait pas beaucoup plus de valeur pour cela : elle
est légendaire et a certainement subi l'influence de la mytho­
logie celtique (2).
Néanmoins la liste généalogique des comtes de Cornouaille
qu'elle donne à son début est curieuse. L'absence de Grallon
à son sommet. semble prouver qu'elle a été rédigée à une épo­
que où la légende de Grallon n'était pas encore constituée,
et établit, en tous cas, son indépendance des documents' de

Landévenec. Rien ne s'opposerait au contraire à ce que l'au-
teur de la liste comtale du Cartulaire ait connu la: vie de saint
Méloir (3) .

Sans changer en quoi que ce soit les conclusions deM. L.,
et sans autre intérêt que de satisfaire notre curiosité, on peut

(1) lIfélanges d'histoire bretonne, pp. 123 note 2, et 132 note 4. ' Outre les
rapprochements reconnus par .M. Lot, on peut encore en faire d'autres.
Ainsi le titre de « Dux Domnonicae reg'ionis » attribué à Conomor et que
Hili n'a pu emprunter à la vie de :;. Samson (Ibid., p. 127 note 5) pourrait
provenir de la vie de S. Méloir qui nous montre Conomor comte dans la
Domnonée. L'histoire de Rethwal, qui est un hors-d'œuvre chez Bili, n'est
pas sans analog-ie avec celle de Rivodius, le meurtrier de Méloir: tou~
deux meurent, après trois jours, d'une mort honteuse, mais cette mort qui
n'est pas spécifiée par Bili (Ibid., p. 13I) est indiquée par l'une des
rédactions de la Vila Meloris (Analeda,Bolland., V, p. 172 note). Notons
d'au tre part que la vie de S. Méloir a été certainement rédig-ée en Léon, et
problablement à Lanmeur, pour faire pièce aux CornouillaiS : Bili a pu, par
suite, la connaître facilement, puisque nous savons qu'il fit un voyag'e à
Saint-Pol-de-Léon (éd. X,ot, (:h. XVIII p. 428).
(2) Cf. F. Lot, Mélanges, p. 123. M. de Calan (Notes pour servir à l'Msl.
des SS. de Bretagne, loc. cit., p. 166 note) a rapproché avec raison l'histoire
de saint Méloir de celle du dieu irlandais Nuadu ; cf. II. d'Arbois de Ju­
bain ville, Les Celtes depu is les temps les plus anciens jusqu'en l'an 100 avant notre
ère [i90!~J, p. 31\.. Le nom de Meliau pourrait être d'après M. Loth (Le.~
noms des saints Brelons V· Mellau) pour Meiliaw Magliaw ; dans ce cas
il se trouverait réuni à celui de Budic dans Gl'ég-oire de Tours (Historia
Francoru11l, V, 10, éd. Omont, p. 160), mais là Méliau est l'assassin et non
la victime.

(3) Ne faut-il pas rapprocher le début de la vie de saint Méloir : « Qui­
dam nobilis apud tra-nsmarinos extitit, [Iahan Reith] qui cognomen erat
lex vel r eg'ula ; vil' quidem genere regius, terra, familiitl, opibus admodum
opulentus ... » de la charte XXVIII du Cartu!. de Landévcnec ; « Erat nobi·
lis quidam transmarinis parentibus et locuplex nimis rebus, nomine
Rett ... » (Ed. de la Borderie, p. 159 ; cf. R. Latouche, p. 60) .

ènCore rechercher quelles sont les sources utilisées par ce
catalogue des comtes du Cartulaire de Landévenec, ou tout
au moins les textes avec lesquels il est en rapport.
Il est assez difficile de savoir où l'auteur a trouvé les trois
premiers noms de la liste. Sans doute on trouve bien dans la
Chronique de Saint-Brieuc le surnom de lHurmarzou attribué
à Rivallon le fondateur de la famille royale de Domnonée
(Dom Morice, Pr., l, col. '14), mais le compilateur, qui en
cet endroit cite un extrait d'Ingomar, semble lui avoir fait

subir une interpolation, car Le Baud qui a connu ce même
texte cite le nom de Riwal sans ce surnom (1). Gradlon-Mur
provient évidemment de la Vito, Winwaloei. Quant à Daniel
Drem Rud et à ses deux fils, dont l'histoire semble bien ex­
traordinaire, on les retrouve dans un texte latin aujourd'hui
perdu mais dont Le Baud nous a conservé la traduction frag­
mentaire, la Chronique des Rois breto.ns armoricains (2). Ce

texte est beaucoup plus développé que le Catalogue des comtes
de .comouaille, mais en est-il la source ou en dérivent-il au

contraire? Bien qu'il soit difficile de connaître la date de sa
rédaction, rien ne s'oppose, semble-t-il, à ce qu'il soit du

début du XIe siècle et qu'il ait pu ainsi être utilisé par
l'auteur de la liste comtale ce qui me paraîtrait plus probable

que l'influence contraire. Cet ouvrage était d'ailleurs un
recueil de fables comme on peut en juger par les extraits qu'en .

a conservé Pierre Le Baud (éd. dEl Hi38, pp. 47, 53). Iahan
Reith et Daniel Un ua peuvent provenir de ce même texte ou
de la généalogie placée au début. de la Vita Meloris. Entre
Daniel et Grallon Plueneuor on trouve quatre noms dont on ne

(1) Ed. des Biblioph. bretons, t. Il, ch. XLII, p. 133. . Cf. cependant
ibid. ch. XLV, p. i!~3 et éd. de 1.638, p. -170. Jean de SaintrPaul qui,
dans sa Chronique de Bretagne terminéç avant -14-75, a peut-être utilisé
d'autres sources que la Chronique de Saint-Brieuc, introduit aussi dans sa,
liste de ducs de Bretagne, entre Déroch et Jona, un NIoL/l"marczo (Ed. des
Bibl. bretons, p. 84; cf. p. i39 une note de M. de la Borderie).
(2) Ed. de 1638, p. 91 ; éd. des Bibl. bretons, tome II, ch . LV, p. 172.
Cf. A. de la Borderie, H. de B., l , p . 375 . .

peut déterminer la provenance, mais qui, sauf le dernier,
Fragual, se retmuvent précédemment sur la liste.

Dans ses conclusions M. L. résume ce que nous savons de
l'histoire de Cornouaille jusqu'au XIe siècle. Cette histoire
tient exactement trois pages et demie de format in-8

(p. 79-
82). Nous avons déjà vu au cours de ce travail ce qu'il reste
des documents cornollaillais. « De l'histoire de Cornouaille, il
faut se résigner à tout ignorer, ou à peu près, jusqu'au début
du IXe siècle ») (p. 79). On doit retenir le fait même de l'émigra­
tion insulaire; la fondation de Landévenec, sans qu'il soit
certain que Guénolé en soit le fondateur (1); qous connais­
sons enfin des noms d'abbés, d'évêques et de comtes et
quelques faits certains mais rares pour le xe et le XIe siècles

A son mémoire M. Latouche ajoute trois appendices. Le
premier (p. 83-90) est consacré à l'identification des noms de
lieux mentionnés au Cartulaire de Landévenec avec la topony-
(i) J'ai déjà indiqué plus haut qu'il me semblait que l'opinion de M. L.
était SUl' ce point exagérée. Dans ses conclusions il indique trop briève­
ment l'influence irlandaise qu'on. retrouve à Landévenec, et y attache en
même temps trop d'importance. L'influence il'landaise est indéniable:
on la trouve tout d'abord dans le rôle joué par Patrice dans la vie de S.
Guénolé; il semble que Gourdisten a connu des recueils de canons irlan­
dais dont on retrouverait notamment la trace dans le ch. XXI (p. 50) ;
cel'taines habitudes irlandaises de langage se seraient conservées à Landé­
venec selon Zimmel' (Nennius uindicatlls, p. 258-259 ; sur les lettres de forme
idandaise du manuscrit du Cartulail'e et le peu d'importance qu'il y faut
attacher, cf. Cartlllaire, èd. d'Arbois de J ubain ville, p. 538-539) ; enfin la
mention que la règle suivie à Landévenec avant 8i8 y avait été introduite
par des irlandais. l\1àis cette d ernière mention n'implique pas nécessail'e­
ment, selon moi, que l'abbaye ait étè fondée par des irlandais: au milieu
du Vile siècle beaucoup d'abbayes gauloises adoptèrent la règle de saint
Colomban (Gougaud, Les chrétientés celtiques p. -146). Louis le Pieux
donne la règle de S. Benoit à Landévenec sans e"n être pour cela le fon­
dateur. De même en 833 cette même règle de S. Benoit est introduite à
Redon par un moine de Sainl-Maur-de-Glanfeuil (Gesta sanctorum raton,
D. Morice, Pl'. l, col. 23!.-235 ; cf. A. de La Borderie, H. de B., II, p. 37) ;
qu'en conclure au point de vue de la fondation de l'abbaye de Redon?

mie moderne. C'est un travail qui rendra d'éminents services
aux érudits cornouaillais. Dans le second appeNdice (p. 9'1-95)

M. L. analyse et discute brièvement la vie de saint Ronan

écrite au plus tard dans le courant du XIIIe siècle et certai-
nement après 913 (1 ). La mention de Grallon qui s'y trouve
peut être empruntée à la vie de saint Guénolé (2). Le reste
de la vie n'a rien d'historique et M. L. se demande même si
saint Ronan a jamais existé . Il suppose que le nom du saint
a été tiré du nom de lieu Locronan. C'est une hypothèse ,gra­
tuite, et le mot breton loc signifiant chapelle ou lieu consacré

suppose un complément qui à l'époque de la formation du nom
de lieu ne peut-être qu'un nom de saint (3). Pour appuyer son
hypothèse l'auteur cite l'exemple de saint Evarzec dont le nOm
aurait été tiré de Landrévarzec (cf. pp. 85 note 8, et 89 note '14).
Cet exemple est mal choisi, car si la forme ancienne de Landre­
varzec es~Lan Tre!" Harthuc, où le nom d'homme est Arthoc
(Loth, Les noms desSS. bretons, v

Lan-drevarzec ), la forme
ancienne de Saint-Evarzec est à la fin du xne siècle Sent­
De/ridoc (Cart. de Quimper, éd. Peyron, n° 14, p. 43-44) et

l'on disait encore en 1507 Saint-Affredec (Le Men, Monogra-
phie de la Cathédrale de Quimper, p. 344). Si ces deux noms se
sont aujourd'hui rapprochés par une attraction mutuelle, il est
(i) M. de Calan (Mélanges historiques, XXXII, Hevue de Bretagne, f(l10,
Il, p. Si) a essayé de démontrer que la vie de S. Ronan avait été certaine­
ment rédigée avant 992. Pas plus que pour la vie de sainte Ninnoc sa
démonstration ne m'a convaincu. De sa remarque on peut cependant
tirer une conclusion qu'il a laissé de côté: c'est qu'il y a au moins un
point de contact entre ces deux documents, Or si la vie de sainte Ninnoc
a dû être rédigée à Sainte-Croix de Quimperlé, nous savons que cette
abbaye possédait le prieuré de Locronan depuis 1.03i (Cm"tuI. de Quimperlé,
2° éd. Maitre et de Berthou, p. -138) et conservait un 'manuscrit de la Vita
Ronani (ibid. p. 302). J'en déduirais volontiers, en dehors de toutes autres
preuves, que les deux documents sont postérieul's à cette date de 103L
(2) Il faut noter aussi, en outre des rapprochements déjà faits par M.
L. entre ces deux textes, que la Vita Ronani fait mourir le saint à Hillion
(il y a une paroisse de Saint-René dans la commune d'Hillion), c'est-à-dire
tout prés de Ploufragan.
(3) Voir cependant sur le sens du préfixe lac une remarque de M. de la
Rogerie, Bull. de la Soc. arch. du Finistere, XXXII [-1905], p. Si note 2 .

évident qu'à l'origine ils n'avaient rien de commun. Sur ce

point la démonstra.tion ne porte donc pas ('1). L'hypothèse
d'après laquelle S. Ronan aurait été créé pour faciliter le
changement de vocable de la fontaine de Locronan est nori
moins gratuite, et la conclusion de M. Latouche: cc saint

Ronan d'Armorique n'a jamais existé» me semble bea ucou p trop
affirmative dans sa négation. Retenons seulement de cette note
que la Vita Bonani est dépourvue de toute valeur historique.
Enfin le troisième appendice est consacré à la reproduction

du manuscrit du British Museum', et le fac ·simile qui y est
joint permet de se rendre compte de la difficulté qu'a dû
présenter le déchiffrement d'un document dans un si mauvais
é ta t (2), .

Les conclusions de M. Latouche ne diffèrent pas ' essentiel­
lement de ce qu'écrivait Dom Lobineau, en '1707, dans son

Histoire dê Bretagne (1, p. 27). Cela fait honneur à la critique
du savant bénédictin, mais le travail qui paraît aujourd'hui
nous apporte l'examen de documents qui n'avaient pas encore
été passés au crible d'une critique aussi sévère, examen qui
était nécessaire après les ca ptivan tes pages de M. de La Borderie.
M. Latouche s'est livré à ce travail sans idée préconçue et il

['a conduit à bonne fin avec un talent et une probité dont on
saurait que le louer. Il a été l'habile orfèvre qui apprend au-· x-· .­
héritiers que les bijoux de famille auxquels on, croyait une

grande valeur et qui avaient suscité quelques querelles parmi

les générations passées, ne sont que des bibelots, ·Les
(t) Cette remarque sur Landrevarzec et Saint-Evarzec, que je fais
mienne, appartient à M. Bourde de la Rog'erie : suum cuique. Sur les diffé­
rentes formes du nom Defridoe, cf. Ouille, Bréviaires et missels des églises
et abbayes bretonnes, Zoe. cil., p. 6. .
(2) Encore deux remarques. Page iOl~ , ligne 4, après D6mnonee partis, le
sens n'exige-t-il point ducem ? P. i05 : la forme Cornugilensium qui semble
etrange se retrouve dans le ms: provellant de Château-du-Loir, cr. A. de
la Borderie, variantes de la page 1, titre.

Cornouaillais qui méditent sur le passé de leur pays lui doivent
beaucoup de reconnaissance, car désormais ils pourront,

grâce à lui, croire que leurs ancêtres jouirent d'une félicité
parfaite, s'il est vrai que les peuples heureux sont ceux qui
n'ont pas d'histoire. 1

ANDRÉ OHEIX .

Post-scriptum. Une lettre deM. Robert Fawtier, membre de
l'Ecole française 'de Rome, m'apprend qu'il vient de trouver
une version inédite de la vie de saint Guénolé. ,

III.

DEUX·I· E
, E . PARTIE

Table dés Mémo, ires publiés en 1912

L'Histoire de Cornouaille d'après un livre récent
par M. ANDRÉ OHEIX ......................... .
Les fusaïoles en pierres ornementées du dépar-

Pages

tement des Côtes-du-Nord, par M. A. MARTIN . . J 25
Eglises et. Chapelles du Finistère (suite) (Canton

de Morlaix), par M. le Chanoine PEYRON ..... . 38
Les Saints Bretons et les Animaux. Etude
hagiographique et iconographique, (suite, voir
T. XXXVIII) par M. le Chanoine ABGRALL ..... 51-267
V. Notice sur la Chapelle Saint-Jean Balanant, par

M. CHAUSSEPIED.. . . . .. ...................... 60
. VI. . Les Mystères bretons de la Bibliothèque de Les-

quiffiou, par M. LE GUENNEC . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
VII. Le dolmen de l'isthme de Kermorvan, en Plou­
moguer et ses gravures, par M. le Capitaine de

VIII.

frégaLe A. DEVOIR ........................... .
Remarques sur certaines étymologies citées par

M. H. -P. HIRMENECH dans son ELude sur le
Men Letonniec, Monument Celtique de Locma­ riaquer (Morbihan) par M. le Dr PrCQUENARD ..
Le Tombeau de Saint-Ronan à Locronan, par

Conrad Echer, traduction de l'allemand par M .
105

120
l'abbé PHILIPPON. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
X. Le Trésor découvert à Runabat, en Tourch (Fi-
nistère) par M. de VILLIERS DU TERHAGE . . . . . . 155
XI. Vestiges gëUlo-romains de Lansaludou, en Gui-
lers-Plogastel, par M. Le Chanoine ABGRALL. . 161

XII. Rannou Trélever, (légende et histoire) par M.
Louis LE GUEN NEC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

XIII.

Esquisse biogr~phique de M. Gabriel-Honoré de
Miollis, 1758-1830, Préfet du Fir1jstère\ sous ·le
premier Empire de 1805· à 1812, ' tiré du livre
de raison de M. Francis Saint-Pol-de":Léon de

Miollis, son fils, écrit en 1865., . . .. , , . , , . , ,.' 179
XIV. Les Anciens Seigneurs de la Coudraye, en Tré­
méoc, par M. le Ct

le NEPVOU DE CARFOR'l' ... 201-240
XV. Témoins mégalithiques . des variations des
lignes des rivages armoricains, par M. le

Capitaine de frégate A. DEVOIR, .... , ,', , . . . . . . 220
XVI. La coiffe bretonne, par M. LE CARGUET . . . . . . . . 283

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