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Bulletin SAF 1911


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Episodes et anecdotes (5ème série)

Abbé Antoine Favé

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1911 tome 38 - Pages 193 à 228

Série)

UNE HEUREUSE MESURE
du lieutenant de police obligeant le cantinier du

bas de la Grand'Rue à n'avoir que de bonnes
mesures pour le débit aux soldats
et ouvriers du Port (1697.)
Que valait, au juste, Jean-Baptiste Avril, Lieutenant général
de Police de la Ville et ressort du Siège Royal de Brest?

Levot en fournit un signalement peu flatté: (( homme dit-il
d'un caractère violent hargneux ... pour le seul plaisir de
sévir (1). )
Dans ses actes professionnels, il doit en avoir bon nombre
qui autoriseraient à inodifier un jugement trop absolu dans
sa sévérité et qui sait? sa cause pourrait bien se plaider en
appel.
Etait-il si funeste et eontraire au bon ordre lorsqu'il venait
. le 'ler juin dénoncer ce qui se passait journellement à la
cantine du port? .
Le Procureur du Roy entré en la chambre du conseil a
remontré que le cantinier estably par les fermiers des devoirs

('1) cf. le T. IlL de l'histoire de la ville et port de BI'esl. pp. 65 et suivantes.
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ AnCHÉO. TOME XXXVIII (Mémoires 13.)

'. 194 '

pour ta distribution des vins aux troupes de sa Majesté qui
sont en ceste ville a esté trouvé saisy . de mesures de fer non
étalonnées, et qui ne sont de la grandeur de la mesure
ordinaire du Roy et com me la différance est grande par
raport à la quantité de vins qui se débitte annuellement
dans lad. cantine iL douze ou quinze cents hommes de troupe
de la marine entreLenues au port de Brest sans compter un
grand nombre d'ouvriers qui en achètent et que c'est un vol
manifesle à l'opression des troupes du Roy, il a requis pour
ces causes qu'il soit ordonné que led. canLinier soit assigné
pour estre ouy et interrogé et iceluy reconnoiLre lesd. mesures
donL il s'est servy pour le debit de ses vins, lesquelles ledit

Procureur du Roy a fait aporler àllendroit, pour passé de
la comparaison qui en sera faite en sa présence et dud.
can tinier à la mesure du Roy étalonnée est statuée sur ce
qui sera jugé raisonnable.
Fait au parquet, à Brest, le 1 el' juin 1697 .
AVRIL.
La remontrance du Procureur du Roy et l'ordonnance
soit assigné du sénéchal furent signifiées le même jour à Hervé

Cozian, au bas de la grand'rue, par François Guéguen sergent
de police, demeurant paroisse « de Sept Saints » .
Le 3 juin, comparaissait le cantinier à fin d'interrogatoire
d'office .
Il s'appelle Hervé Cozian, 45 ans environ, jardinier de
profession chargé depuis deux ans et demy de la disLribution
des vins de la cantine establi pour les troupes du Roy entre-
ten ues en ce port. .
Interrogé par quy il a éLé chargé de cette distribution a
dit que c'est par les sieurs Desmarais et Porz Martin directeur
des devoirs en cette ville par un simple traité verbal.
Interrogé iL quelles condUions ou à quels gages, il s'en est
chargé a dit que c'est moiennant quatre cents livres de gage
sans qu'il soit tenu iL aucun frais ...... si ce n'est de rendre
son compte ...... pour chacune des barriques qu'il débite
Intérrogé combien il vend le pot, par qui se paie le louage

. 195 !

et par qui sont fournis les mezures et ustanciles nécessaires
à la distribution a dit qu'il vend le vin six sols le pot et que
le louage se paie par les fermiers, et pour ce qui est des
mezures, l'interrogé les achèpte chez les marchands lorsqu'il
en a besoin sauf à s'en faire rembourser par lesd. fermiers .

Interrogé combien il débite de bariques de vin par an

dans lad. cantine dit qu'il croit en débiter deux cents quatre
vingt bariques de vin par an.
Interrogé dans quelles mezures il débite led. vin, a dit qu'il
le débite tantost dans les mezures d'estain et tantost dans les

mezures de fer-blanc.
Interrogé pourquoi il débite dans du fer-blanc qui sont des
mezures qui se peuvent facilement diminuer, a dit que c'est
à cause quelles sont plus légères que celles d'estaÎn .

IntetTogé si les mezures en fer-blanc égalent en conte-
nance les mezures d'esLain étalonnées, dit que ouy à l'excep-

tion de deux quy estoient de rebut après avoir été racomodés .

Interrogé si un aide major de la marinne n'a pas veu un
jour deux des 9 mezures de fer-blanc les aians trouvé trop
petites a dit qu'on en enleva trois, mais ne sçavoit pas qui
sinon que ce seroit deux sergents de la marinne.
Et à l'instant avons représenté à l'interrogé deux mezures
de fer-blanc à nous dépozées et représantés par le Procureur
du Roy, et celuy-cy som mé de reconnoistre si ce sont les
mesmes qui furent prises chez lui, a dit que les deux mezures
font partie des trois qui furent enlevées chez luy.
Interrogé s'il se sert actuellement desd. mezures et depuis
quel temps,-a dit qu'il s'en est servi le précédant mois mais
que depuis trois semaines qu'elles ont esté racomodé, il ne
s'en servoit plus.
Et. . à l'instant nous avons fait me7.urer en présence de l'in­ terrogé les mezures de fer-blanc et y celles comparées avec
la pinte étalonnée que nous avons envoié chercher dans
l'hostel de ville et après avoir mezuré nous avons trouvé que
celles de fer-blanc contiennent moms d'un neuvÎesme .. ... .
de quoy ledit Cozian est demeuré d'accord.
BÉRARD, HERVÉ COZIAN. . PELLEN.

pour le greffier . .

196 .. .

Vu cet interrogatoire requiert le Procureur que les fermiers

des devoirs soiént appelés et le fermier des devoirs en la per-
sonne de son commis. .
Enfin, le lendemain, 4 juin, par exploit du sergent de police
François Guéguen, le directeur de la ferme des devoirs est invité
à venir, ce jour, 2 heures de l'après-midi devant le sénéchal
« pour l'avizage avec Cozian et estre condemné solidairement
avec luy aux amandes portées par les ordonnances et qu'il '
soiL enjoint l'adviser de veiller surceluy' qu'il proposera
pour la distribution des vins de lad. cantine, et de leur faire
préalablement pres ter le serment de se bien et fidellement
comporter au fait de ladite commission devant Monsieur le
Sénéchal, mesme de répondre de ceux qu'il proposera à
l'avenir.

Bonne mesure pour surveiller et conserver les bonnes
mes't~res de capacité des liquides à l'usage des humbles et des
petits. .

VOYAGE A FIN DE CAPTURE
d'un huissier et d'un sergent Royal de la Séné­
chausée de Carhaix au pays rendu célèbre par

Marion du Faouet de Rostrenen à Langonnet (1719.)

Le_ 23 Août 1719 était déposée et signifiée la plainte dont
l'extrait suit :

Supplient humblement François le Scoarnec et Guillaume
Dérien accusés contre Escuyer Jean Baptiste Urvois sieur
de SainL-Bédan demandeur et accusateurs .

Dit devant vous, Messieurs les Juges Royaux de Carhaix
que quo y que lesdits soit lrè~ innocenls de ce dont ils sont
accusés par led. sieur de Saint-Bédan, cependant ils seroient

, . 197 -...'"

bien blamables s'ils avaient trempés dansle fait dont il s'agit
puisqu'ils s'ont accusés d'avoir participé dans une mauvaise
intentenUon de le faire assassiner par un dessein prémédité
quoy que la mauvaise intention ne soit punie en France à moins
qLl'en tOLlt cas il ne s'agisse du crime que de laise majesté.
Cependant une telle action de la parL des vassaux contre
leurs seigneurs nonobstant les maLlvais traitements et rLlines
qu'ils en ont tOLljours receLl et reçoivenljournellement de sapart,
ne laisserait pas de mériter un chatimenl sévère aLtend u

qu'ils ne peuve.nt ignorer le respect qu'ils doivent. à leur
seigneur et que nonobstant qu'il les traite fort rudement, ils ne
doivent avoir la pensée de leur faire aucun mauvais traite­
ment, mais seulement ils n'ont que la voye de luy obéir en ce
qui est raisonable comme ils l'ont toujours fait et de se pourvoir
en justice lorsqu'il vellt exiger de ses dits vassallX beaucollp pllls
qll'ils ne doivent el c'est la cause pOllr laquelle ils sont depuis
plusieurs en procés sans que néanmoins ils aient été rebelle

à ses ordres lorsqu'il est possible de le satisfaire.
All fait le sieur de Saint Bédan ayant acquis la lerre de
Pors-en-parc dans l'Evêché de Tréguier expllis les cinq à six ans

dernier à entrepris d'y faire constrLlire lln chateall et pour y
parvenir a vOllllll asslljetir ses vassallX à Illy faire des corvées
non annalles à l'instar des autres corvées de l'Evêché de
TrégLlier, mais les y assujetir continuellement de jour et de nuit
et estant en très petit nombre ils se sont vellS obligés de quitter
leurs travallX pOUl' n'avoir d'autre occupation que de servir lellr
dit seigneLlr et d'estre fort SOllvent pendant trois jOllrs absents
à leur frais avec lellr harnois pOlll' son service el pOLlr toute
récompeàse, leur réffection ordinaire à lellr arrivé alldit manoir

de pors en-parc tous fatigllés qll'ils estoient aussy bien que lellrs
bestes n'estoient que de malluais traitements et de grandes
menac'es et n'y arrivoient qll'en tremblant, ce qui les a enfin
obligés de se pourvoir à la cour contre luy en règlement de juges
et pal' arrest de ladite cour, les partyes ont esté renvoyés plaider

en ce siège, en exécution dllquel arrest les partyes ont instrllit
de part et d'alltre et le Siège sçait qll'iln'y a point de chiquanes
outre que ledit siellr de Saint Bédan ne lellrait su.cçité.

198

En tain ayant juré la perte de sesdits vassaux, il s'est plaint
en ce siège d'avoir été attaqué par des volleurs ou malfaiteurs
dans un chemain conduisant de sa demeure audit manoir de
Pors-en-parc en cette ville que lesdits m.alfaiteurs l'ont menqué
d'un coup de fusil et qu'ayant suivy celuy qui l'avoit deu man­
quer, il s'estoit sauvé vers le village de Travarc'hy dans la
paroisse de Plounévez Moëdec, où ledit sieur de Saint Bédan
avec son escorte qui estoit en grand nombre l'avoit perdu de
vue.
Mais il est d'observation que Guillaume Dérien et François le
Scornec ne demeurent point aud. village de Travarc'hy n'y aux
environs ils en sont mesmes bien éloignés et conséquamenl il
leur est indifférant ou ces préiandus malfaiteurs peuvent estre
réfugiés dés lors que les supliants n'ont eu aucune part dans le
mauvais dessin qu'on leur attribue.
Et cependant les coups de fusil n'étaient partis tous seuls!
Le 30 janvier 1719, le sieur de Saint Bédan entame la

procédure faite à sa requête jusqu'à l'arrêt du 19 juin où
elle es~ reprise et continuée par MeJean Joseph Veller sieur de
I}salaun, substitut de Monsieur le Procureur général, à titre
de ministère public.
L'Inventaire des grosses charges et informations de la procé­
dure criminelle mises au greffe criminel de la cour du Parle­
ment, le 10 décembre 1719 est d'un volume énorme, écrasant.
Nous n'ayons aux archives du Finistère (Sie B. Carhaix)
que quelques pièces qui ne se complètent ni fournissent
d'éclaircissements complets.
Nous avons cependant les concLusions défin' itives du Procu­
'feUl' du Roy, du 24 novembre 1719 : le Procureur conclutà ce
dernier supplice avec son cérémonial soit appliqué en effigie
à Dérien, Ommès et Scouarnec, fugitifs convaincus de tentative

d'assassinat sur le sieur de Saint Bédan. Il Y avait un autre
accusé, un autre condamné dont nous ne saisissons pas bien

le rôle dans cette dramatique affaire. Voici les conclusions· de
Me Joseph Veller en ce qui concerne Marc Le Pennee .

-" 199 -"

Ledit Pennee soit suffisamment atteint et convaincu de
s'esLre faux nommé en la déposilion par luy donné en l'infor­
mation du 12 avril eLses recollements et confrontation du 21
juin dernier pour réparation de quoy il soit condamné à
amande honorable faire teste et pieds nuds, en chemise,
la corde au col, tenant en ses mains une torche de cire

ardante du poids de deux livres en l'audience publique
de ce siège, où il sera mené el, conduit devan t la porLe
et principale entrée de l'Eglise et y estant en l'un et
l'autre endroit, il demandera à genouil pa l'don à Dieu
et au Roy et à la jusLice eL déclarera quemalicieuse­
ment il s'est faux nommé en ses dépositions récolle­
ments et confront.ations après] quoy il sera par le même
exécuteur conduit en lad. place publique. Il sera pendu
et étranglé jusque à ce que mort s'en suivre à la potance
qui y sera à cet effet dressé et altandu qu'il est fugitif que
la setilence qui interviendra sera exécutée par effigie en un
tableau qui sera attaché it lad. potance ...... et ajoute que
led. Pennee soit condamné en cent livres d'amandes au Roy
tous ses biens meubles acquis et confisqués au Roy, sur ceux '
les frais de justice préalablement pris.
Conclud à Carhaix, le 24 novemhre 1711.
JEAN JOSEPH VELLER,

Procureur du Roy.
Ce Marc Pennec aux pieds agiles, se subtilisant à son gré
el selon les circonstances, ce fugitif professionnel, aura donné
de ]a tablature aux magistrats et à la justice. Cependant, le
sieur de ~salaun arrive guilleret et dispos un beau soir de
septembre, c'était le 4 et il était 7 heures et demi chez Joseph
Dalmas, premier huissier a udiencier au Siège. Les lettres de pro­
vision de Joseph Dalmas sont du 17 janvier 1712 et son certifi­
cat de catholicite est de messire Jan Drogo vicaire perpétuel tle
Saint Trémeur et Charles JO$eph le Gloëdic, sergent Royal

demeurant tous d'eux, porte à porte, rue des Augustins .

-- 200

Enfin on a des nouvelles de Marc Pennee: il doit à cette heure

d'après des avis reçus, être valet domestique chez François

Ollivier et Anne Sainct-Jalme, sa femme, fournier du four
banal de la ville de Rostronen, paroisse de I}gtist Moellllu,
distant de Carhaix de quatre lieues. Avec ses souhaits
de bon voyage et de bonne chance; il remet aux mains
de Dalmas le décret de prise de corps que vient de rendre le

sIege.
A dix heures l'huissier et le sergent royal montent à cheval:
la nuit est belle et prête aux conversations: on parle du pays,
du temps, du présent, du passé et peut-être de l'avenir. Le
lendemain, à 1 heure 1/2 du matin, on se trouve en pleine
ville de Rostronen.
Sur le champ, Dalmas et son compagnon se rendent à la
demeure d'Ollivier et au nom du Roi et de la justice, ils le
somment de leur ouvrir la porte ce qu'il fit de bonne
grâce avec un aimable accueil. L'huissier audiencier va lui-

meme nous narrer ce qUI ce passa.
Parlant à leurs personnes, nous les avons sommés de nous
déclarer s'ils n'ont point chez eux et à leurs services pour
vallet et domestique un surnommé Marc Le Pennec, qui a
été ouy dans lesd. informations faictes à requeste du sieur
de Saint Bédan et qui a esté ensuite récollé et confronté
comme dit est, les sommants de la mesme part que devant
de nous montrer et indiquer le lieu où il peut être couché
pour l'apréhander au corps et constitué prisonnier pour

être ouy, juré, subir interrogations devant Monsieur le
Sénéchal et premier magistrat dudit siège, et répondre aux
motifs résultanls dudit décret que pour ceux quy luy seront
proposer par mondit sieur le Procureur du Roy à t.out quoy
lesdiLs Ollivier et famme ont répondus qu'ils onl eus chez
pour vallet et domestique, un jeune homme âgé d'environ

vingt et six à vingt et sept ans, de la hauteur environ cinq
pieds, couvert d'une trés mauvaise fisionomie, ayant des
soulcis forls noirs et épaix, portant une chevellure noire et

- 201 ' "

crépuée, ayant la langue épaisse qui le fait parler gras et

porlant un jupen rue c'est-à-dire un Justin rouge bordé de
petit gallons à la mode des païsans de ce païx, le~uel leur a
déclarer s'appeller par son nom Marc sans autrement luy co­
gnoistre autre nom, et être à trois lieues au delà de Guimgamp
Evesché de Tré~'uyer, et qu'il a esté lhémoins dans une affaire
de Monsieur de Saint Bédan contre ses vassaux, mais qu'il y a
une dame à Nantes qlli le sOLlstient ; mais qu'il y a environ
quinze jours, après avoir mis le four à chauffer, ledit
surnommé Marc Le Pennec tenant une fourche dit audit

Ollivier son maître qu'il ne pouvoit plus travaillier, qu'il
avoit mal à son bras et qu'il s'en alloit ce qu'il fit sur le

champ et pris la route de la grande rue et ensuite le grand
chemin de Guéméné, et nous dit d'avantage que la cause de
son évasion a esté à ce qu'ils ont. appris du depuis qu'ayant
esté vallet domestique chez un particullier de la paroisse de
Ploimévez Quintin qu'il avoit vu la veille qu'il auroit voIlé
des hardes de la valleur de vingt eSCllS et qzz'il avoit apparem­
ment reconell et vell qllelqzzn de la maison de son mettre dlldit
Plounnévez Quintin qu'en le nommé Névez.
Il était deux heures du matin: sommés desig'ner, le fournier
et sa femme déclarent ne le savoir ni le vouloir faire et
Dalmas et son companon signent, consignant au pied de leur
procès-verbal à vacation traize livres dezzb.
Tout en rendant hommage à Ollivier et à sa femme pour les
renseignements fournis de façon si obligeante, nos gens
faisaient la grimace: le gibier devançait donc les chasseurs
de quelque chose comme quinze jours?
Toutefois, ils font donner de l'avoine à leurs chevaux à
l'auberge des Trois piliers, et ils en partent à 4 heures du
matin pour se rendre à l'auberge du bourg paroissial de
Mellionnec ('1) E-/)êché de Vennes, distant de Rostronen d'une

lieue et demi et grand chemin de Guéméné. On rencontre le

(-1) Mellionec groupe de chaumières à l'ombre de châtaigniers et de chênes
superbes. Par dessus les arbres apparaît le clocher de Plouay. .

- 202

sieur Louis Le Pape, on l'interroge tout en lui dépeignant le
surnommé Marc Pennec, il déclare Pavoir veu, que c'est le
même qui a passé au bourg de Mellionec, il ya 14 ou Hi jours
et quil le vit prendre la route du bourg de Pleurdut qui est la
route contraire du grand chemin de G:uéméné. '
A Pleurdut, Dalmas s'adresse à l'Informateur tout indique
en l'espèce, l'aubergiste du bourg, qui déclare avoir vu Marc
_ Le Pennee traverser le cimetière, il y a de cela 13 ou 14
jours, sans savoir la route qu'il aurait prise.
Dans cette incertitude, nos cavaliers prennent le chemin de
Saint-Dudal, où l'aubergiste n'a vu personne répondant au

signalement fourni, même résultat négatif à Croësty. Nos gens
poursuivent jusqu'à Prijac ; au milieu du bourg quatre
paysan, s sont assemblés: sur interpellation ils disent avoir vu
Marc, il y avait seize jours? et l'avoir vu prendre la route du
Faouet.

Dalmas et son compagnon sont à la fin de cette journée

décevante il est (( nuit Fermée )) lorsqu'ils mettent pied à terre
au Faouet, à l'auberge du Li,on d'or. Il interrogent l'Hôte, le
sieur Gajllard, sans en rien tirer, rédigent leur procès-verbal,
marquent: 1)acation treize livres deuh, et vont se cou­
cher.

6 septembre, 5 heures du matin. Nos voyageurs sur le point
de partir, trouve en face de leur auberge, un autre aubergiste
du Faouet, le sieur Cachan. Cachan est d'humeur curieuse et
et avide de s'instruire, il prend les devants et spontanément
, ,accostant Dalmas et le Glouédic, leur demande l'objet de

leur voyage en cette Ville. On cause: précisément, il y a de
dix sept à. dix huit jours il s'adressa à ce même Cachan pour

lui demander commission en quallité de garçon d'escurye. Il
dut lui répliquer qu'il n'avait besoin de lui ni de valet d'écurie,
à quoi Marc Le Pennec lui répondit qu'en ce cas, il allait '
prendre la route de Lorient ou de Port-Louis, ou ailleurs pour
y chercher condition, et dit le sieur Cachan qu'il croit qu'il

- 203
prit alors la route de Mellan parce qu'il avait pris le grand
cbemin.
A Mellan (Melran) distant de sept lieues et demie de
Carbaix l'aubergiste ne sait rien.
Ici survient un événement douloureux. Marc Pennec pouvait
dormir en paix et poursuivre son odyssée ·: c'est Dalmas
qui l'enregistre.
Ce que voyant altandu que l'argent nous manque n'ayant

plus que' vingt sols sur neuf livres que mon dit Dalmas avoit
porté pour faire nostre dépense n'ayant receu aucun argent de
la part de mondil sieur le Procureur du Roy avons déclaré
nous eetirer à nos domicilles au susd. Carhaix ou nous avons

passé aud. Faouel et ensuite par le bourg de Langonet où
nous avons pris nostre diné, quatre lieues de Carhaix où
nous sommes arrivés et finy de rédiger le présent, au domi­
cile du sieur Dalmas, ce jour et a.n que dessus. Sept heures
du soir. Vacat.ion treize livres deub.
DALMAS, . LE GLOUÉDIC.
Premier huissier.
III.
ENCORE UN CERTIFICAT DE CAPTURE!
A la poursuite d'un criminel. Etapes fournies :
au Tréhou, Plounévez-Lochrist, Irvillac,
Landerneau et Lesneven (1765.)
20, 21, 23 et 24 A oust 1765
Procez-verbaL de capture et conduite de François Yvinec
aux prisons de Lesneven.
La battue à fin de capture du redouté François Yvinec) en
août 176;), fut conduite par: . .

_. 204

Me Jean Ronan Louis Bourven, général et d'armes du res­
sort de la Cour Royale de Lesneven et sergent de la Princi­
pauté de Léon, à Landerneau, Me Yves Stéphan, aussi
sergent de la même . juridiotion,' domicilié paroisse de
Saint-Houardon et de Ploudiry, Bernard Le Prat, record (1)
de profession .

François · Yvinec n'était pour eux un inconnu: il avait été '
décrété de prise de corps par sentence de la maréchaussée de
Landerneau, du 28 janvier 1764 ; et en conséquence on dù.t
( faire les suittes nécessaires contre luy, comme pe rquisition,
assignation à quinzaine et à huitaine à cri public)) En aoù.t
1765, au Tréhou et alentours, on constate des vols multiples,
perpétrés avec une audace, une méthode, et disons-le, une
ma1tJ'ise, qui dénonçaient l'auteur. Il n'y avait pas de doute,
Yvinec était revenu au pays. Sur cet avis, nos sergents et
leur recors prennent le chemin du Tréhou et se rendent
directement au bourg, au logis du bandit, « où estant, et
« parlant à sa femme, disent-ils, nous luy avons fail somma-
« tion de nous déclarer où étoit François Yvinec son mary,
« elle a dit qu'il y avait dix-hnit mois qu'eUe ne l'avoit pas

« vû et que depuis les différentes perquisitions que nous
« avions fait elle n'en avoit point entendu parler. »

21 août. « Avant midy, par continuation de commission )),
nos sergents et recors sont au bourg de Saint-Jean-Quéran :
où estant, disent-ils, et parlant au maréchal du dit bourg

trouvé en sa demeure nous lui avons fait sommation de nous

dire son nom et surnom et de nous déclarer si le nommé

François Yvinec, maréchal demeurant cy devant au bourg du
Tréhou ne travailloit point chez lui: (l quoi il a répondu
qu'il était vray qu'un maréchal du Tréhou bouetteux qui lui
avoit donné un t'aux nom, tJ'ès bon ouvrier de son méttier
avoit travaillé chez lui sous le faux nom d' Yvon Helléouet,
= '" ; " . L . 1 UC "* s . sa , ,
(1) Recors est la bonne orthographe.

~ 205 ..,.
mais qu'ayant appris qu'il étoit décrétté de prise de corps et
qu'on le cherchoit, il L'avoit renvoyé sans q' u'U sçut oû il étoit
allé depuis led. temps. )) Ledit maréchal refuse de dire son

nom et d'apposer sa signature. On continue les inquisitions,
perquisitions, on rédige le procès-verbal dont une copie est
donnée au maréchal: on voit qu'il est 8 heures du soir ou

envimn et on se résoud, d'un commun avis, à aller prendre
logement au· bourg de Lanonarneaw( chez le nommé Le Roux,

hotte y débitant vin.
2.~ août. Le 22, on se reposait, mais sans perdre de temps
le zélé Bourven, toujours à son affaire, s'entretient en passant

avec Etienne Lagadec, boucher . à Landerneau: ce ne fut pas
sans profit, car il apprenait quelques détails sur l'insaisissable
Yvinec ( sur quoy ils firent de nouvelles et exactes perquisi­
tions et ne l'ayant pas trouvé, ils se retirèrent pour faire des
informations dans ledit bourg. )l et, déclare le brave Bourven,
nous avons trouvé un paurre mendiant. ))

Si nous avions eu le style, la palette et les couleurs, l'ou-

trance et l'inspiration du romantique de la bonne époque,

nous eussions esquissé les nobles traits du mendigot de tous
les pays, de tous les temps: mendiant d'Espagne, sublime,
mendiant de Basse-Bretagne, incomparable ....
En tous cas, concédons que le mendiant, ( le pauvre men­
diant Il, était, surtout à cette époque, un véhicule de toutes

sortes de choses et d'information et de reportage. Ce fût là la
bonne fortune des sergents de Landerneau.
« Un pauvre mendiant auquel nous avons demandé s'il
( sçavoit où ledit Yvinec s'étoit reffugié, à quoy il nous a

« répondu qu'il travailloit' chez un maréchal au bourg de
« Saint-J ean-Quérant en la paroisse de Plounevez, Evêché de
Léon, sur quoy nous nous sommes retirés ( pour en donner
« avis à noble Me Michel Louis Gobert sieur de Kerbrizio,
procureur fiscal de la Juridiction l) était tout bonnement à
Keroncuff en Irvillac, où il travailloit de son metier. Nous

· .. 206,&

sèrlons en droit de nous demander: lequel? A trois heures
du matin ils sont déjà à Keroncuff. « Nous avons trouvé une
« femme à nous inconnue à laquelle a été demandé où estoit
« François Yvin8c, à quo y a répondu qu'il estoit vrai qu'Yvi­
« nec demeuroit à Keroncuff, qu'il alloit presque tous les
« dimanches au bourg du Tréou (1) que s'estoit un parfait
« ivroigne et qu'il estoit depuis la veille au bourg d'Hirvil­
« lac.))
Chez Jacques Liziart on trouve Yvinec, « seul à une table,
buvant une bouteille de vin »), et l'ayant reconnu, Bourven et
Stéphan lui « jurent }'arrest de sa personne, l'ayant pris et
appréhendé malgré toutes ses résistances, et garotté d'une
corde, le conduisirent à Landerneau.
24 août. On fait le transfert d'Yvinec à Lesneven pour
être écroué aux prisons de la Cour Royale. Bourven ajoute à
son escorte par Me Hyacinthe Dudouet, autre général et d'ar-

mes « attendu qu'il se tient aujourd'hui .le jour de marché à
« Landerneau. »)

A 7 heures 1/2 du soir, on signait le dernier bulletin de la

campagne et Yvinec était à l'ombre .

(1.) Se rappeler que sa femme déclarait ne l'avoir pas vu depuis dix-
huit mois. .

UN COLPORTEUR
revenant de la foire de Landivisiau,

recueilli par la Maréchaussée à la Roche-Maurice
(1719.)

C'est par une belle nuit de juin de l'an 1769, dans la vallée
radieuse de l'Elorn : le ciel est pur, le calme majestueux de

. - . , " 201

la natluë àu repos n'est interrompu que par le cours rapide

et clair de la rivière encombrée de rochel's autour desquels
se jouent les truites. Les ruines du vieux château carlovin­
gien fantômatique se profilent, écrasant de son ombre la
contrée. C'est la Roche-Maurice. Deux piétons . cheminent :
l'un porte sur le dos u'ne balle de forain, bien menue, et l'autre
ne porte rien. Ils devisent ensemble, gaiement, avec une
philosophie aimable et une morale facile, échangeant leurs
vues sur la vie et ses vicissitudes, et tombent d'accord sur
l'utilité des bons coups à faire pour obtenir le maximum de
jouissances avec le moins possible d'efforts et de dépenses

d'activité. Ils arrivent au pont de La Roche et frappent à la
porte de l'auberge qui s'y trouve encore aujourd'hui : ils
rptm1ùe-si boneœHt"-et-s-Ï ·..f.eftem{}B4.~!à -teuTB trousses
ils ne reconnaissent pas tout d'abord deux cavaliers de la
maréchaussée de Landerneau. Il est onze heures du soir, et

ce jour de foire à Landivisiau ils veillent à la sûreté publique

tou t en revenant à la résidence de leur brigade.
Les braves cavaliers réclament aux aeux noctambules
assoiffés leur passeport : « sur leurs réponses vagues et
, embarassées », ils leur font prendre en leur compagnie le
chemin de Landerneau.
Le lendemain, 14 juin, ils sont interrogés par l'exempt,
Jacques Joseph Le Goux. Ils se nomment Gille Yvon et
A Zain Bellec.
Gille Yvon s'est dit né à Guicourvez, doù il s'est déclaré
absent depuis l'â,ge de quatorze ans, sans domicile, n'ayant
ni père ni mère, avoir er1'é comme journalier, navigué comme
mousse, être sorti hier de Morlaix où il avoiL resté quinze
jours cherchant de l'ouvrage, et a dit d'abord avoir passé
ce temps chez ses parents, et a dit après l'avoir passé rue
cles bouchers, chez un Tourneur, a déclaré que ne trouvant
pas d'ouvrage à Morlaix, il s'étoit mis en chemin pour aller
en chercher à BresL, que chemin faisanL il avoit fait ren-

208

èonlre du particulier nommé Allain Bellec qui! ne connais soit
pas, et qu'à une demie lieue de Landerneau, deux cavaliers
les avoient joint sur la grande rout.e frappant pour se faire
ouvrir la porte d'un cabaret, que ces deux cavaliers les

avoient arrêté et conduit dans les prisons; pour lors, je
lui ai demandé pourquoi il voiageoit sans passe-port" il m'a
dit que c'étoit la faute de son Recteur qui lui en avoit constam­
ment refusé .... Sommé de signer, a dit ne sc avoir écrire.
Allain Bellec s'est dit né à Tréguier, paroisse de l'ernevan,
doù il s'est déclaré sorti depuis huit ans et avoir depuis ce

temps couru les foires et marchés sans domicile, sous
prétexte de vendre des marchandises dont il est porteur,
que la veille se trouvant it la foire de Landivisiau, le nommé

Gille Yvon l'avoit joinL à sa. boutique, d'où il étoit parti pour
. aller boire ensemble, et ensuite s'étoient acheminés tous
deux vers Landerneau, qu'ils avoient été arrêté par deux
cavaliers, faute de .rasse-port sur le pont de La Roche; et
lorsque je lui ai demandé pourquoi il s'étoit associé si légère-

. ment avec ledit Gille Yvon, qu'il m'assuroit ne point connoître,

il m'a convenu l'avoir vu en plusieurs foi1'es et marchés.
Ensuite visitant. en face de témoins ses marchandises,
j'ai ,présumé que la vente pm' détail d'une si petite quantité ne
pouvoit lui rapporter un gain suffisant pour sa subs'tstance.
D'ailleurs un petit sac contenant des cartes de plusieurs espèces
numérottées quil m'a déclaré lui servir à donner à jouer, me

l'ont fait soupçonner tiZoux ....
Le '11'5 juin, ondonne l'Etat et Im,entaire des effets dont se
trouvait muni. le nommé Alain Bellee, qui se dit marchand
coLportenr.
Et premier,
Une mauvaise balle dans laquelle une mauvaise nape qui
enveloppe, pêle mêle, huit petits miroirs communs, six
rasoirs, douze couteaux à manche . cie corne de cerfs,
quarante-cinq couteaux à manche de corne commune,
vingt-six couteaux à manche de bois très commun, Lrenle
paire de boutons de manche d'étain, plus un petil sac dans

. - 209

lequel sont des . cartes de différentes espèces numéroLtées
dont led. Allain Bellec con vient se servir pour faire jouer
des jeux de hazard. .
Lequel Inventaire fait dans la Geôle par l'exempt et les
deux cavaliers en présence du sieur Michel Durand, mar­
chand de Landerneau.

C'est devant le lieutenant général de la maréchaussée au
département de Quimper que nos deux aventuriers passèrent

'leur interrogatoire, le 19 juin.

Interrogatoire de Gille Yvon. Marqué de petite vérole,
gilet. de flanelle blanche, veste et culotte d'étoffe bleüe, bas
de fil, souliers, chapeau. 21 ans~ manœuvre avec les maçons:
ordinairement à Bres!. N'a jamais mandié, avoit
travaillé la terre jusqu'à l'âge de 14 ans, avoit fait deux
campagnes depuis sur les frégates du Roy, travaillant ·
depu. is 5 à 6 ans à Brest en qualité d'aide ma~'on, venoit de
Morlaix chercher de l'ouvrage.

Répond qu'il ne sçavoit à qui demander un passe-port,

qu'il a une tante à Landivisiau nommée Jeannette Yven~ chez
qui il a une sœur nommée Jeannette Yvon. N'a jamais volé.
Interrogatoire d'Allain Bellec. Nez épaté, yeux enfoncés,
le visage marqué de la petite vérole, gilet brun, surtout
d'étoffe bleüe, culotte de tricot blanc. bas de laine blanche,
souliers el chapeau.
« Agé d'environ tren te ans, marchand de petites met'Ce­
ries, sans domicile fixe ».
R. Que ce n'étoit pas lui qui frappoit sur la porte du
cabal'et, mais un particulier avec qui il ét.oit pour avoir du

VIn.
Réponse: Il ne connoil poiilt le particulier, mais l'ayant
seulement rencontré à Landivisiau et que lui ayant dit qu'il
aloit à Landerneau, il s'étoit joint à lui pour faire la route ..
lnt. s'il n'avoit point de marchandises dans un mo'ien
panier et d'où il les avoit eu.
Répond quil les a achettés d'un marchand de Landerneau
nommé Durand, qu'il lui doit encore vingt-six écus.
BUI,LETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉo. ..'tOME XXXVIII (Mémoires 14.)

int. s'il est marié. Répond qu'il est garçon. '

Répond quil a demandé l'aumone dans son enfance, mais

que depuis les douze à treize ans qu'il tient une petite boutique
de merce?Oie, il n'a pas manclié aiant vécu du profit de ses
maTe handises.
Interrogé s'il n'a pas quelquun
bonnes vie et mœwos.
qui pût ?'épondre de sp,s

Répond qu'il c?'oit que Dumnd marchand quincaillier à
Landerneau le connoit assez pour atteste?' Sa probité.
La sentence est du 'l8 juillet et envoie Bellec et Yvon au
Dépôt jusqu'à nouvel ordrè. '

Plusieurs années après, en 1773, Bellec du moins, fut
rendu à son négoce et au plein air de la liberté, comme
l'indique la quittance ci-dessous.
Le 4

février 1773, j'ai été ressaisi du Greffe de la. maré­
chaussée à Quimper des effets et marchandises y déposés
au mois de juin 1769, lors de mon arreLement pour le Dépôt,
desquels effets et marchandises, je décharge lediL Greffe et

l'en fait quitte, et ne çachant signer, ai moi Alain Bellec
prié de signer à ma requête le sieur Mathieu Jozero, tra­
va.illant chez le sieur Billet à Quimper.

Ainsi signé: Mathieu JOZERO.

UN FAUX DISCIPLE D'ESCULAPE
arrêté en cours de visite
à Plounévézel, près de Carhaix.

Le 16 août 1768 les cavaliers de maréchaussée de la bri­
gade de Carhaix étaient avertis par le recteur de Plounévézel
qu'il y avait aux environs de Sainte· Catherine trois hommes
et deux femmes qui « rouloient la ca'mpagne et forçoient les

---' 211 ' "':

pàysans avec menaces à leur donner à boire et à manger. »
Ils répondent à cette dénonciation du recteur, se rendent à
l'auberge de Sainte-Catherine où ils trouvent deux femmes,
Agathe et Rose Colliou : elles déclarent n'avoir vu les trois
« coquins» leurs compagnons depuis la veille au soir.
Agathe Colliou est une fille de grande taille, au visage plein,

au front haut, aux yeux « couleur d'eau», à la bouche
grande, cheveux et sourcils châtains, et au goût des cava­
liers, « au nez bien fait » et portant sur la main droite deux
petites verrues. Elle est âgée de 2;) ans et native de la pa­
roisse de Pleyber-Saint-Egon nec, évêché de Léon et servante-
. domestique chez Jacques Le Breton. .
Dans son interrogatoire du 25 août, interpellée de dire ce
qu'étaient ses compagnons « répond qu'elle était accompagnée
~e Rose Colliou, sa sœur qui demande l'aumône depuis un
an, de trois autres filles et de deux hommes de la mine de

PO , ullaouen qui revenoient du pardon du Heliee. ))
Le 30 août, le lieutenant de la maréchaussée lui donna
quinzaine pour justifier par certificats de ses bonne vie et
mœurs, et le 28 septembre elle est condamnée au dépôt,
avec sa sœur, pauvre malheureuse fille de 16 ans, assez
disgraciée, borgne d'un œil, marquée de la petite vérole et
au nez retroussé.

Le lendemain de l'arrestation d'Agathe Colliou et de sa
sœur Rose, les cavaliers de la maréchaussée se retmuvaient
dans la trêve de Saint-Idunet, dans la paroisse de Plouné­
vézel : ils apprirent du rect.eur qu'il avait pris sur lui d'arrê­
ter et de mettre en lieu sûr « un homme sans aveu ni domi-

cile, faisant le métier d'opérateur et n'entrant jamais dans
aucune dUe ni bourg, se contentant de rouler la campagne et
faisant prend,.,'e de ses remèdes par force aux paysants, et que
c'était un des t' rois qui avoient paru le jour 15

août au
villàge de Pennavern avec Agathe Collion, à ce qu'il

_o· 212" ."

déclare depuis, dans les prisons: mis en présence des cava-
liers, le consulteur ambulant, le médecin nomade déclare se

nommer Guillaume Ledû.
Pour un disciple d'Esculape, il ne paie pas de mine: taille
de 4 pieds et 9 ou 10 pouces, visage plat, louche de l'œil
gauche, yeux couleur d'eau (1), cheveux et barbe noirs, bou­
che grande, nez écrasé! Il est vêtu d'une veste d'étoffe noire,
culottes de toile, bas de laine grise et sabots aux pieds;
mauvais chapeau. Complètement illettré il ne sait signer son

nom. · .
Le 24 aoùt, dans l'interrogatoire qu'il passa pardevant
Monsieur Charles Denis Regnoult sieur Desmarets, lieutenant
de la maréchaussée, il se déclare âgé de ~~4 ans environ, et
sans hésitation, (( se disant exercer la médecine. )) Ordinaire­
ment, il demeure au bourg de Callac, paroisse de Plusquellec.
Interrogé s'il n'a pas forcé des particuliers de prendre de
ses drogues et remèdes et s'il n'a pas ' été associé à des
vagabonds, il conteste le contenu de l'interrogat.
Interrogé pourquoi il n'est pas muni de passe-ports et de
certifficats qui pouvoient assurer de ses vies et mœurs,
répond qu'il a crù qu'ayant un extrait d'âge dûment légalisé
par le juge de Callac, il pouvoit à sa faveur voyager hors du
lieu de sa résidence, ledit certifficat · datte du 27 septembre

1758, qu'il nous a en l'endroit représenté . .
Mais là où il est sublime de fierté et de surprisB, c'est 101'S­
qu'il se redressant tout d'une pièce pour répondre à cette
question: s'il a· mandié dans les villes et campagnes il dit:
Ayant un état comme il l'a, il n'a été en aucun temps
dans Le cas de mandier ! .
La médecine nourrissait son homme, si toutefois elle ne
l'engraissai t.

_ " _ ' -___ . _ . _~ . _ ' ",~ . _ .. .",~ . ; _~: .. ~ . ~m., .. "..r ~ .. ' C' 7 - " " ., ' $ ,- li ., .... , " . , , .... . " .
(1) Couleur d'eau, d'après le Dictionnaire de Trèvoux, est un certain
brillant violet qu'acquiert le fer bien poli quand il u passé au feu par un
certain degré de chaleur.

_h 213 '
Les braves cavaliers qui s'emparèrent de la personne de
Guillerm AnnDu, à Saint-Idunet, avaient eu soin de se saisir
de sa trousse de médicaments. Nous avons visité, disent-ils,
un petit sac qu'il avoit : nous avons trouvé dedans un petit
pacquet d' onguent l~ert, un petit pacquet d'absinthe, une em·
platre, un peu de poudre de marjolaine, un peu d'or'oiétan
dans un petit pot dé tertre, ttne once d'antimoine en poudre:
voilà en quo y consiste sa boutique.
C'était des gens qui semblaient ignorer que dans les petits
pots on met les bons onguents et que dans une petite bouti­
que, on peut trouver les remèdes qui entretiennent et rendent ·
la vie.

Pour nous rendre compte de la pharmacopée du modeste
guérisseur, nous avons feuilleté e~ consulté l'excellent Dic­ tionnaire de T1'évoux.
L'onguent vert.... .
La poudre de marjolaine est bonne dans les maladies du
cerveau et de la poitrine; elle fortifie l'estomac; on en met
dans les poudres sternutoires et dans les fomentations~
La poudre d'absinthe: L'absinthe est stomacale, apéritive,
fébrifuge, bonne contre les vers et pour les vapeurs, les coli-

ques, la jaunisse, les pâles couleurs ... dans les cataplasmes
pour arrêter les progrès de la gangrenne.
L'Anthimoine en poudre: Avant Je XIIe siècle n'était connu
. que pour entrer dans la composition du fard; on en fait du

vin ématique. Régule d'antimoine: on en fait des balles
purgatives qui servent toujours et qui ressortent sans qu'il
paraisse qu'il y ait eu presque rien de diminuer de leur gros­
seur et vertu; de sorte qu'on les appelle pil'uLes perpétuelles.
Urviétan. Urvetianum antidotum; contrepoison qui s'est
rendu fameux à Paris parce qu'il a été distribué par un opé­
rateur venu d'Orvieto dont il a fait des expériences extraor­
dinaires en sa personne sur un théâtre public. La thériaque
est une des principales drogues qui entrent dans l'orviétan .

- 214

Notre modeste Guillaume Le Dû promenait dans son mince
bagage une emplâtre: était-ce toujours la même qui servait

et reservait.sur les surfaces cutanées des gens qu'il entrepre- ,
nait de force ou par persuasion?
Emplâtre de quelle vertu? Stomachique? Céphalique?
Stiptique ou hé pa thique, diaphorétique ? Résolutive ou
détersive, rémollitive, incarnative, adstringente ou conglu-

tlllatlve, etc ..
Les cavaliers de la brigade de Carhaix n'auraient su le
dire. Ce bienfaiteur de l'humanité souffrante fut condamné
au dépôt le 30 septembre 1768. '

REMÈDES DE BONNE FEMME ET RECETTES
DE FAMILLE.

Les Arnoult mériteraient d'être étudiés, au mglflS ,ru
XVIIIe siècle: comme une famille-type, o,égocîants, armateurs,
magistrats municipaux à Pont-l'Abbé. .
Ils conservaient entr'eux un véritable esprit d'union et

d'affections mutuelles.
Nous avons trouvé aux Archives du Finistère, une lettre
qui les montrent dans leurs relations familiales. C'est une
lettre au sujet de la petite Blanche qui souflrai~ des. yeux:
pauvre enfant! Son bon oncle de Nantes voulait sa guéri­
son, mais il ménageait pas, on le verra, sa médication à la
fois topique et spécifique.

A MONSIEUR,
MONSIEUR JACQUES ARNOULT,
NÉGOCIANT AU PONT-LABSÉ
AU PONT LABSÉ
Mon Cher Frère,

Nous avons Reseu vos Lailre avec un plaisir sensible.
Nous vous somme très aubligé de la parL que vous avez prie

21;5

ânostre affliction : nous n'en avons douté d'un seulmoment: '
il faut prendre les callamittés dont le Seigneur nous envoie
en satisfactions de nos fau tes. ' ,
; Au sujet de votre petite, je serais davieque vous lui fas­
siée faire un cotlère au bras opposé de sont mal, ou un
Seton à la nuc du col, et si il y a une taies de formée, il
faut que vous fassiée Brullée une feille de papier gries qui

soit bien propre et la brullée posée sur une assiette de
feïance, et Estant Brullé vous souflerée la partie qui sera
Brullé et vous auré soing de Ramasser une Espesse d'huille
qui se trouvera sur la ditle assiette et cella avec un peLit
peinceaux que je vous envois dans la Laitre, et après avoir
Ramassé cette huille, vous mettré le boute du dit painceaux

qui se trouvera chargé dans l'œuil de L'anfans et L'y lessée
jusque à ce qu'il tombe Seul, et continuée ce Remède deux
foy le jour jusque à la güérisoht : il faudra ;tvoir soing de
la purgé plusieurs foy avec uile oncè ,de manne et une
demie once de tamariIl gras que vous ferez Bouillir dans un '
ver de petit lail de cailbeaute. Je pance que ces Rem èdes

feront effet: il m'a souvent Réussi. '
Espérent de vos cher Nouvelle, nous vous somme de
même qu'à la cher SœuT, au papa et , à LouLe la petite
famille sans oubliée tous mes frères, seurs neuveux et nies­
ses, lesquels nous vous prions d'anbrasser de nostre pard,
et vous prie de me c, roire avec amittié,
Mon cher frère,
Votre très-obéissant Serviteur
ARNOULT .

Je vous envois une bouteille d'au vulnéraire.
Nantes, ce 2

Aoust 1755.
Je suîs davis que vous fassier saig'ner vostre petite
Blanche, et la faire purgé deux ou trois foy, et lui faire

boire de la tisanne faite avec des Rassines de parelle et de

bardiane de chaque une onC8 pour trois chopinne d'au 1
Réduite à vostre plaisir et adjolltée un rnorceallX ,de Réglis-

- 216 '

se, et en boire une chopinne par jour pendant quinze jours.
Je vous envois de Longant par pancer les ditférentes .
blessures qui peuvent arrivée chez vous. Adieu.
Monsieur Hamon a bien voulu se charger de ses deux

petits articles, sans doute ceux marqués sur l'adresse « pour

. 12 s. du roucou pour tindre en orore, pour 2 s. d'aleun

rouge. »

VII.

VENTE APRES DEOES
chez un des supôts du chœur de la Oathédrale du
Léon, mais sans inventaire ({ vu la modicité
des biens délaissés. »

Il s'appelait Trévilars Bléas. Trévilars, était-ce SQn
nom de baptême? Il mourut sans hoirs de corps, dans une
maison sise en la ville de Saint-Pol et dont Thomas Thoquen
était le principal locataire .
Sa vie durante il était resté dans l'esprit de sa vocation,

vocation marquée par ces paroles du Psaume 97 : (( Cantate
et eJ.~ultate et psallite. PsaLlite Dominum in citharâ., in
citharâ. et voce psalmi.)) Avec une intime conviction, une
confiance qui ne fut point trompée, il disait avec le roi David:

« in œternum cantabo)) quand le décès vint le relever de

ses fonctions dans sa Cathédrale aimée, ce fut pour le trans-
férer à une autre résidence aux mêmes fonctions, pour être
encore suppôt de chœur, au paradifl du bon Dieu.
Ce bon Trévilars Bléas put avoir des faiblesses afférentes à
notre commune nature; mais nous nous croyons autorisés à

dire que,' du moins, il ne fut pas un mauvais riche, et qu'il

n'eut pas la conscience chargée d'un mauvais emploi des -
richesses.

En effet, comme on va en juger, il ne délaissa pas grands

- 217

biens, quoique le procureur fiscal requit la vente en forme
de ses pauvres biens et efIets, sans inventaire préalable

(( attendu leur modicité )); et que le tambour ordinaire de la
ville, René Ollivier, l'eut bannie « au son de sa quesse par
tous les quarefours de cette ville. » .

La vente eut donc lieu, le 29 avril 1769, « au plus ofIrans
et derniers enchérisseurs». Pas de curiosités d'amateurs,
saxesoujapons, elzéviret plantin, bibelots ou vieilles estampes.

« En premier », inscrit le commis au Greffe qui se nomme
A Lain Gloria.

{( Un mauvais chapeau, une Etuye, un mauvais couteau, . un
porte colet, une petite fiole de vere, un mauvais surplice. .

Un devant de chemise et une mauvaise chemise entière, (En-
tière par rapport au devant de chemise qui n'est qu'une
partie de chemise.)

Une mauvaise paire de bas de laine, deux idem. Une paire

de culottes (c'est-à-dire un fond et deux jambes) percée. Un
morceau de ceinturon, une vieille soutanne drap de Nime, une
bouteille èt un ven'e, cinq mauvais mouchoirs de poche, un
idem bon, une mauvaise petite armoire divers, une Lenterne à
main de fer blanc. Une Rape avec son étuye de cuivre jaune, (il
prisait et rapait son bon tabac dans sa tabatière.) Un mau­
vais escabeau, un petit peupitre, un jMiroir, deux mauvais
tableaux à cadres de sapin. » .

« Le tout adjugé à Elisabeth Pons après plusieurs enchères
pour douze livres: de laqll~,lle somme est chargé le procu­
reur fiscal, réservé les droits du Greffe et vacations.

Fait et arrêté sous « les Seings respectifs )l de Clet Marie
Le Goat du Kernoter, procureur fiscal, de Gloria commis au
Greffe eL de René Ollivier le tambour et Crieur de la ville.
La vérité nous impose de dire, après M. de Kernoter, que
Trévilar Blias était pourtant un tant soit peu capitaliste, « on
avait trouvé dix huit livres trois soLs d'argent lOTS de l'appo­
sement des scellés. ))
Et voilà uhe succession qui n'aura pas fait scanctale .

- 218 ->

VIII.
UNE SAUTERIE EN FAMILLE INTERROMPUE
et le Maître à danser brusquement confisqué

par trois gentilshommes,
chez Madame de Kervégant,à Saint-Pol-de .. Léon
en février 1730
Mademoiselle Gilette Laugé veuve de Noble Maître Fran-

çois Guillaume, sieur de Kervégant, avocat en Parlement, . .

on voit par l'afIectlltion à la traiter de Demoiselle qu'elle
était bourgeoise, aimait le bon ton, les réunionsJie société,
. .les distraction.s c.orrectes -et -bien -c1lÜÎsies pour la jeunesse.
Elle pe.nsait probablement comme un homme d'esprit, Joseph
de Maistre, si je ne me trompe, qu'il faut amuser la jeunesse
de peur qu'elle ne s'amuse plle-:même.
Comme elle avait sous la main et par occasion un maître
de danse et professeur de violon Charles de La Mazure qUi

avait formé à la danse, à la musique et au maintien la plu-
part des habitués des salons de Mme de Kervégant, cette
" dernière réunit pour une sauterie intime, ses neveux el niè­
ces, dans la nuit du 13 au 14 février 1730.
L'in formation conduite par le Sénéchal à la suite de l'inci­
dent que nous allons raconter, nous donne le nom de quel­
ques-uns des danseurs et danseuses. C'e; st Marie-Jeanne
Lafleur, demoiselle de Kermingan·, âgée de US à 16 ans, qui
a soin de bien distinguer qu'à la soirée se trouvaient et ne se
trouva-ient. que jeunes gens bourgeois et bourgeoises; c'est
noble homme Claude Guillaume, sieur de Kerlain, l'échevin
de la ville et Communal/té de Saint-Pol, dgé de 31 ans; Phi­
lippe " Claude Salaun de Kermeur «( escolier ), de Hi à16 ans,

un autre ecolier et Salaun, Bernard Michel, 19 ans, etc.
La demoiselle de Kermingan raconte, dans sa déposition,
que le 13 février, après. son soup~r elle alla chez Mme de

'". 219

Kervégan accompagnant M. de Tronguérot, une de ses filles
el la demoiselle ChaillarL On s'y trouva ' plusieurs jeunes
gens de bourgeoisie de la ville. De La Mazure prend son
violon et consent à faire danser cette jeunesse qui s'en
donne à cœur joie, lorsqu'à minuit on entend frapper li
coups redoublés à la porte de la rue. Une des demoiselles
de Ker~égant ainsi qu'une de ses cousinGs Laugée se mirent
à la fenêtre pour voir qui était là. Elles ouvrirent la porte
et · on vit entrer le sieur de Kerigonan, le sieur de
Tronjoly et un autre jeune Chevalier inconnu, suivis
d'un valet et d'une servante qui montèrent au salon,
« avec vitesse et brusquement )J. On dansait et ce fut pas
sans surprise qu'on aperçut le sieur de Kerigonan en
simple veste, une canne à la main, ayant une épée nue
sous le bras, tout comme le sieur de Tronjo1y. Ils firent

trois fois le tour de .la salle, et à tue-tête .int-eif'pellant les
danseurs . qui n'y--comp....œna-Ï-ent goutte, . ils les sommèrent
.de fi-nir-PTomptement leur menuet, prétendant qu'ils ame­
naient sur le champ avec eux le maître de danse: ce qu'.ils
firent du reste, car le sieur ne Kerigonan sortit tenant d'une
main son épée et de l'autre le pauvre maîtr.e · d.e - d-anse tout
confus, criant qu'iln'y..avait 1à qu~une bande de coquins et
qu'il s'y trouvait « un Chapeau de paille » qu'il aurait relrou­
ver tôt ou tard, qu'il saurait bien savoir qui il étoit pour lui
faire passer un mauvais moment Enfin, ils disparurent.
Le « Cha peau de paille» qui portait sur les nerfs du sieu r
de Kerigonan n'était autre que Tyrot de Kerlain, l'échevin.
Il nous apprend que vers 10 heures, c'est-à-dire deux heures .
avant leur invasion, les· gentilshommes avaient envoyé un
valet de Tronjoly pour notifj.er leur ultimatum : leur livrer
sans condition et illico le maître de danse. Made de Kervégan
répondit que le sieur de La Mazure « a'voit été arresté et
ff payé pour demeurer et di'l;ertir la compa, gnie et qu'on le pri-
(( oit de dire à son maître que s'il souhaitoit venir se divertir,
(( il auroit lait de l' honneur à la Compagnie)). , Le valet inso-

lent comme un laquais répondit qu'on aurait payé bien cher

- 220 _ .
ses pas et sa démarche et qu'on aurait eu · le violon bon gré
mal gré. C'est alors, que peu avant minuit survinrent les
trois gentilshommes avec leur bonne et leur valet. Kerigonan

reprochait surtout au Chapeau de paille «( d'avoir insulté son
valet» ; et comme il commandait de finit' promptement le
m('muet parce qu'il voulait avoir le violon, IÇl Dame lui dit

avec beaucoup de calme (( qu'il estoit hanteu.1J à des messieurs .
(( de nessance comme eux de venir à , des heures indus /air:e
(( . a/ron à d' honnettes gens qui se divertissoient en famille ....
Tronjoly ne trouva, paraît· oil à répondre que (( ce 'ft' e~toit
pas le besoin qu'il awit du violon parce qu'il en avoit sufi­
sament chez eux, mais bien parce qu'on avait mal répondu au
valet qui étoit allé de sa part. )) .
Enfin, Hs sortirent menaçants et émus de colère.
Les deux Salaun, autres déposants, les écoliers, racontent
les mêmes faits exactement de la même façon que dessus, si
ce n'est que Bernard Michel Salaun a remarqué que « le che­
valier inconnu », c'est-à-dire le sieur Du Parc, gentilshomme

, de Tréguier, n'avait point d'épée sous le bra~ mais bien « une
espèce de couteau de chasse à la ceinture. ». '
Trois autres témoins qui n'étaient pas de la danse, mais
ont vu les deux incidents de la soirée confirment les déposi­
tions que l'on vient de lire. C'est Marie Pouchard, servante-,
domestique de feu la demoiselle du Clos, 26 ans, demeurant
en sa maison de la défunte comme gardienne était chez Made

de Kerigant CI étant allée chercher avec un fanal la demoi-
selle Lucas qui Y estoit à dancer. ) C'est Bazille Choanne,

, femme de Michel Etesu, le serrurier, 24, ans, « qui regardait
dancer les Enffens , de la dame de Kervégan, puis Jeanne
Dinérie, servante-domestique chez le sieur Laugée, proba­
blement le frère de la Dame, 23 ans.
Les deux derniers témoins entendus offrent plus d'intérêt:

ce s' ont la femme de La Mazuré et La Mazure lui-même .

, Catherine Martin épouse du maître de danse était allée

'" 221 -
conduire son mari chez les Kervégan : elle ne parle pas de
l'ambassade du valet à 10 heures du soir, mais seulement de
la scène de minuit.
Charles De La Mazure ne fait que reproduire ce qui pré­
cède: seulement, il nous donne le nom du troisième gen­
tilshomme inconnu: 'c'était le sieur de. Kevedern du Parc
gentilshomme de Tréguier. « Le sieur de Tronjoly demande
« où étoit un certain Cha.peau de paiLLe » qui avait manqué
de respect à son valet. » Puis sur les injonctions de Kerigo­
nan, « il obéit il s'en alla avec eux et le menèrent chez le
sieur Du Rusquec où il joua du violon jusques à deux heures
après minuit ql,t'on Lui donna son c0'Y!-gé et s'en retourna chez
Luy pour se coucher. .

Ce « fait divers» fut, par nous extrait de l'information
faite d'autorité de ta Juridiction des Regaires de Léon à
Saint-Paul, les 16 et 17 février 1730, à laquelle fut vaqué
par Jean François Séverie. sieur du Pottrel, Sénéchal, ayant
pour adjoint Laudren, Greffier, et Hervé Pichon, notaire
pour interprète.

Presque tous les deposants adoptent la même façon- de dire:
(( ladite demoiselle de Kervégan souhaitant de voir ses enl­
(( fants se divertir en sa présance ... : JJ
Comme nous le disons plus haut, elle avait le sentiment
que devait formuler l'immortel auteur des Soirées de Saint­
Pétersbourg. (( Il faut amuser la jeunesse de peur qu'elle ne
s'amuse. ))
Cet hommage qui est dû au sens parfait de Gilette de Ker­
végan rend d'autant plus honteuse la conduite de trois noc­
tambules et qui ne furent ni gentilshommes, ni français
courtois, ni même xvm

siècle.

ENTRE UN CAPITAINE DE MILICE
ET UN REOEVEUR DE L'ENREGISTREMENT
Assaut d'e$prit et de prétentions littéraires

Le 2 juillet 1771, Messieurs les Juges Royaux de Carhaix
recevaient l'humble supplique qui suit de Jean-Baptiste
Préaudeau, avocat au Parlement et receveur des domaines

du Roy à Carhaix· , demandeur et accusateur, contre Ecuyer
Vincent-René de Saint Pezran, deffenàeur et accusé, .
. Disant qu'après avoir travaillé le 1

de ce mois, jour de

foire St-Pierre, depuis · 9 heures du matin jusqu'à 7 heures
du soir aux fontions des différens emplois qu'il occupe, il se
seroit retiré après avoir soupé dans une chambre de

laqùelle il auroit ouvert une fenêlre pourprendre l'air, et cela
après avoir donné ordre à ses domestiques de puiser et de
contribuer de tout leur pouvoir à éteindre le feu qui mena­
çoit d'incendier la maison occupée par le sieur D'Yèvre et
celles y attenants. Il n'auroit été jamais plus surpris un instant
après avoir ouvert laditle fenêtre que de voir venir à lui ]e

Sr de St Pezran, l'accabler de menaces et d'injures les plus
at1'oces et les plus grossières, qu'il auroit eu la patience
d'écouter pendant un quart d'heure sans répliquer un seul
mot,connoissant toute la malice de celui qui les proférait.
L'épouse du supliant, qui étoit à sa porte, plus morle que
vive de l'accident qu'elle voyoit devant elle, demande au S"
de St Pezran il. qui il en vouloit : il lui répondit avec une
brutalité sans exemple que c'étoit à son J. f. de mari et
l'accablant elle-même des semblables injures dont il avoit

accablé le supliant, court à elle avec précipitation, lui donna
un sounet, lève un bato· n dont il étoit muni pour l'assomer, ce
qu'il eut fait infailliblement sans la nommée Françoise
Richard, femme de Nicolas Hubert, qui para le coup el le
reçut elle-même: il leva une seconde fois le baton, le coup
tomba sur l'épouse de suppliant mais fut amorti par Mar-

3 . or 223. .

guerife La Rocque qui le para en partie. Le sr de st PezraIi
non content de ce qu'il avoit desja fait voulut encore comme
un furieux et un enragé redoubler ses coups et ravir par ce
moyen la vie de l'épouse du supliant~ mais plusieurs personnes
charitables l'empêchèrent d'exécuter un si noir dessein; le
fils de Me François Jégou fut un de ceux qui s'opposa (sic)

le plus vigoureusement aux aclions criminelles dudit Sieur
de St Pezran.

Des voyes de fait de cette nature sont des plus repréten­
sibles et, si elles sont punissables à l'égard des personnes

ordinaires, elles le sont bien d'avantage à l'égard d'un gen":
Lilhomme qui s'oublie à pareil point.
L'épouse du supliant est d'une naissance pour le moins aussi
distinguée que celle de l'accusé: quand cela ne seroit pas,

son sexe devoit suffire pour la faire respecter, mais le Sr de
St Pezran furieux ne respect oit ni sexe ni naissance, ni rien
autre chose: il vouloit absolument avOir la vie de l'épouse du
supliant à quelque prix que ce fût. Cependant elle ne lui ci.
jamais rien fait, ni rien dit qui put le désobliger, il n'a

éprouvé au contraire de sa part et de celle du supliant qu'une
bienfaisance sans interruption: ils seroient fachés de manquer
à personne. Il faut donc qu'ils soient en seureté chez eux
et que le Sieur de St Pezran ne vienne pas à l'heure qu'ils y
penseront le moins poU?· chercher à les égorger; . c'est pour
s'y opposer que le supliant mets la présente et a l'honneur

de requérir que ce, considéré. il vous plaise', Messieurs,
ayant égard à l'exposé sincère ci-dessus, permettre au
supliant d'informer des faits contenus en la présente, elc ...
. Permis d'informer. . . . M. KERINGANT, pro
LE GUILLOU, Sénéchal. .
. Scellé à Carhaix, le 2 juillet 1771.,
Reçu neuf sols.

PRÉAUDEAU.

Les interrogatoires ne nous apprennent rien: ils ne mani-'
festent aucun parti pris pour l'une des parties. Les déposi:·

tIons, au nombre de quinze, sont bénignes, gazées, dosées et
tamisées.
M. Preaudeau dépose au Greffe, le 10 septembre '1771, une
(( Requête en conclusions définitives )). M. de Saint Pezran
prétend qu'il n'avait aucune animosité, tout au plus de
l'indiflérence pour les Préaudeau et ce qui les touchait.
Mensonge ? (( Et la scène que le Sr de Pezran fit au fils

Préaudeau, en juin dernier, chez Alexandre Le Cert~ Me per-
ruquier de cette ville?)) Il entre comme un explosif dans la
boutique du Merlan, à six heures du matin, sans raison ni
prétexte? Pour dire au petit dauphin du ménage Préau­
deau, « de but en blanc, que si un petit J. G. comme lui
s'avisoit désormais d'aller à la pêche, il lui eut pris ses fillets,
et que s'il alloit à la chasse, il lui eut tué son chien, cassé
son fusil et rompus ses os à coups de bâtons. » On igQore,
ajoute de suite le bilieux contrôleur, si l'effet suivit ses
menaces: ce qu'il y a de certain, « c'est qu'il mourut empoi-

sonné)) le chien ' quelques jours après. Autre requête
à joindre aux charges du 21 septembre, où triomphant du
silence de Saint Pezran « qui n'a osé répondre ».

Le Srde St Pezran dit n'avoir jamais d'inimitié contre
le Sr Préaudeau : on lui a démontré le contraire par la scène
passée entre lui et son fils au mois de juin dernier. »

Il paroist (aire peu de cas de ['état d'avocat et de celui
de controlle'Ltr. On dira par observa ti()n que se seroit fort
heureux pour lui de remplir l'un ou l'autre de ces états: des
gentilshommes plus distingués que . lui en occupent, et s'il
pouvoit en occuper lui même; il auroit du moins de quoy
vivre et n'importuneroit pas les uns et les autres pour avoir
de l'argent qu'il n'est pas toujours exact à rendre à l'échéance.
Le demandeur est même saisi d'un crédit de 24 l. deu à la
succession du Sr Gemier dès le 5 mars 1755 (1), et qui devoit

(i) Saint Pezran à 42 ans. On est en i77L Donc la créance fut contrac-
tée à l'âge de 26 ans. .

être payé huit jours après . . Le demqndeul' a regardé ce crédit
si bon qu'il l'a mis au rebut et (ait offre de le rendre à moitié .
perte. .

Le sieur de St Pezran ne put tarir le puits le 1

juillet:
du reste il n'y mit pas la main et ne fut pas souillé de vase.

Où avait-il les yeux pour voir le Sr Préaudeau au

étage, le second n'étant pas même habité?
50 Il donne à entendre que la compagnie du Sr Préaudeau
n'est pas faite pour lui; il a fort raison: celle qu'il s'est
choisie lui cQnvient d'a vantage (2) .
. . . . Le Sr de St Pezran dit qu'il parla au Sr Préaudeau
d'un ton de commandant. On ne voit pas qu'il ait droit de lui

commander ni qu'il ait aucune police sur lui. M. le Duc de

Duras ne s'ar'Togeroit pas un tel pril,itège, mais quand il
l'auroit, il agiroit avec décence, èt non pas d'une façon aussi
indigne que le Sr de St PeZl'an qui pouvoit exercer sa pré­
tendue police sur plus de quatre cents personnes qui étoient
dans la l " ue et qui ne faisoient que regarder sans se mettre en
peine de tra' l)ailler ...... .

Escuyer Vincent René de Saint Pezran, capitaine de Millice
au Bataillon de Carhaix, se décida à rompre le silenee.
Disant qu'un décret d'ajournement personnel. ennoncé
contre un Gentilhomme, conlre un officier distingué dans
son corps, à lui dennoté a requête d'un controlleur aux
actes annonce au moins quelque délit important ou quelque
contravention viollente à ses droits. Il n'est rien cependant
de tout cela. Les interrogatoires que le suplian t a subi en
conséquence du décret don t on parla le 15 de juillet dernier,
lui ont fait connaître, sont de prétendus crimes.
11 a donc apris que le sieur Préaudeau l'a accusé d'avoir
insulté, injurié et maltraitLé la dame son Epouse. .

(2) Bayé les mots : (( celle de Pierre Drouet et gens de cette espèce » lui
convient ...
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. TOME XXXVIII (Mémoires Hi.)

Qu'un Gentilholnme, qu'un officier, qu'un cavalier poli eL
né avec des sentiments ait pu manquer à une dame aussi
respectable que la dame Préaudeau, c'est assurément ce
que peu de personnes pourront se persuader, ma~s comme
la fable a onlinairement son fondement dans L'histoire, il faut
chercher ces causes dans la plainte du sieur Préaudeau. Par
les' Interrogatoires subis par le supliant : il lui a paru que
le sieur Préaudeau se plaignait qu'il avoit conçu une forte
inimitié pour lui. Jamais fait ne fut avancé plus à c1'édit. Le

sieur de Saint Pezran avoir conçu de l'inimitié pour le Con-

trolleur des actes de Carhaix, et quel pouroit être le motif
de cette haine?
Le sieur Préaudeau y a-t-il donné lieu? On l'ignore, et
certainement le suplian t qui le connoit et la dame son
Epouse pour de fods honnêtes gens, n'a jamais été assez lié
avec eux pour leur avoir voué ou son amitié ou sa haine. Il
ne l'a menacé ni en son absence ny en sa présence. C'eut
été une pué1'elité dont le supliant n'est pas capable; de
menacer le sieur Préaudeau absent. Le menacer présent;
le sieur Préaudeau l'auroit-il souffert?
Il faut écarter de cette affaire toute idée d'inimitié: le Sr
de Saint Pezran n'en a pour personne.
Le 1

juilleL, jour de la grande foire de Saint-Pierre, à
Carhaix, en viron les 9 heures du soir, le feu pri t à la maison
du S' Dyèvre qui tient une des principalles auberges de la
Ville, avec tant de viollence qu'il fit appréhender une
incendie générale dans la Rue des A ugus tins, la plus consi­
dérable de Carhaix .
Quantité de bons citoyens coururent au secours; le
supliant ne fut pas des derniers. Il se plasa au près d'un
puis publié et en faisoit tirrer de l'eau et en tiroit lui-même .

Ce puis fut épuisé et il n'en sortoit plus que de la vase:
Les mains du supliant en étoit. chargés .

Pendant qu'il faisoit . tous ses efforts pour prévenir une
calamité publique, il remarqua le sieur Préaudeau accoudé
nonchalament sur la fenêtre d'une chambre au second étage de
sa maison, qui admiToit le feu et en examinoit les pTOgTès .

- 227

Le supliant qui croyoit que ce célèbre Avocat-'-Controlleur
n'ignoroit les dispositions de l'article 90 de la coutume,
l'invita de venir éteindre le feu et il donner des barrates
pour y porter l'eau. Comme il faisoit la sourde oreille, il lui
parla, peut-être vivement et d'un ton qui pouvoit sentir le
commandement. La dame Préaudeau qui étoit placée en
sentinelle sur une pierre à la porLe de sa maison q1i'elle
avoit fail fermer, sentit son amour propre et sa délicatesse
blessée du ton d'auttorilé qu'elle crut que le suppliant se
donnoit vis à vis de son époux, elle s'aracha de son poste
et ce lança vers le suppliant. qu'elle joigniL sur Gaulé
(gauche ?) du pavé public (car le sieur de Saint-Pezran n'a­
vança jamais sur le sien) et le traitta d'impertinent. Le
supliant lui représenta qu'il estoit hors de place de tenir sa
porte fermée pendant que tous les citoyens accouroient
pour éteindre le feu. Une réponse aussi modivée lui en attira
une dans laquelle il fut traitée d'insolent : de pareils épi­
tbètes lui donnèrent sans doute de l'humeur. Dans la chaleur

de la dispuL 1, il put lui échapper quelques termes peu

mesurés pour la dame Préaudeau, des lermes impropres et
vuides de sens, mais qui n'affectoient ny son honneur ny
celui de son époux, mais jamais il ne la poussa, il n'est
poinL vray qu'il la souffleta. S'il s'étoit émancipé à ce point,
les Lraces de ses mains pleines de vases se seroient impri­
més sur ses joues. Si le baton que le sieur de Saint-Pezran
parul en l'air, il n'y parut que pour marquer les divisions
nécessaires d'habitants qui concouroien t à éLeindre l'embra­
sement. Jamais il n'eut d'idée de se servir de son baton,
frapper lad. Dame Préaudeau, jamais il ne la frappa. Il sçait

[?'op les éga1'ds que l'on doit aux Dames . ....
Il demandoi t de l'eau du puis de la maison de Sr Pl'.
qu'il avoit vu existant et qui n'existoit plus : EsL-ce un
crime d'avoir ignoré ce changemenl ? Est-il étonnent qu'un
Gentilhomme s'impatiente de voir que pendant qu'il s'ex posoit
et qu'il travailloit il tacher de prévenir un malheur qui
menace toute une ville, un controlleur d'actes s'amuse il
voir la paine qu'il se donne et à admirer indolemment les

228
progrès d'un incendie qui menaçoit toute une ville: il ne
lui manquait qu'à chante?' l'embrasement de Troye.
Vous plaise, Messieurs, (ce considéré) 1'ecevoir les parties
en procès ordinaire .... mettre le Sr de St Pezran en état de
reprocher les témoins entendus .....

Soi t signifié, GUEZNO, pro
LE GUILLOU, Sénéchal.

Une sentence du 27 septembre 177' 1 intervint ·et mit fin
aux débats. .
Le Siège faisant définitivement droit entre parties, sur
les conclusions des Gens du Roy dans leurs requêtes res­
pectives, sans s'arretLer à celle de la partie de Guezno du
11 septembre, des fins et conclusions de laquelle il la
débouté, jugeant les interrogatoires dud. sieur de Saint
Pezran du 15 juillet, ayant égard à ce qui résulte de l'état
des charges faisant droit dans les requêtes des complai­
gnants, a condamné le dit sieur de Saint Pezran trouvé
·chargé par l'information davoir le 1 el' juillet dernier injurié
les sieur et darne Préaudeau, de les avoir menacé et maltraité
lad. Darpe Préaudeau, de les reconnaî.tre pour Gens d'bon­
neur et de probité, non noltés des faits injurieux par luy
proféré contre leur honneur, de leur en demander excuses
devant douze parents ou amis tel qu'il leur plaira faire
comparaître au Greffe à jour et heure fixe, dont procès- '
verbal . sera dressé aux frais du dit sr de Saint Pezran et
condamné en vingt livres d'amende au Roy et aux dépens
réglés à
Fait et arresté à Carhaix, en la Chambre du Conseil, par
nous Sénéchal, Rapporteur et Lieutenant, sur le déport du
Baillif.

Ce jour 27 Septembre 1771. Six heures de Rellevée.
Epices 18 1. LE Roux, LE GUILLQU,
Lieutenant. Sénéchal.
Abbé ANTOl~E FAVÉ .

Pages
XVII

l{XIX
XLI
XLIV
XLV

. LVII

III.

VII.
VIII .

353

DEUXIE E PARTIE

table des M émoi tes publiés en 1 [) 11

Les grands ensembles mégaiilhiques de .lapres­
· . qu'île de Crozon et leul' drstination originelle,

Pages

par M. le capiLaine de frégate DEVOIR ........ - '.

Un sénéchal de Chàteauneuf-du-Faou, Guillaume

Pic de la Mirandole (1694-1778), par M. RAYMOND

DET..JAI:JORTE . .......... . ........... '.' ........ , . ' . ~ .39

Convoca tion du ban et de l'arrière-ban de l'Evêché

de Léon et de la châtellenie de Modélix-Lan meur

(1534-1708), par lVI. LE GUENNEC ............ " .

Le . tumulus à dolmen de Kermaric, en Langui-

dic (Morbihan). Les dolmens à cham bre
circula'ire ef les dolmens il enceintesmur'ales

de-l'Armorique. L'uniLé de mesure de lon- .. .
gueur dans les conslrucLions mégalithiques , .'

. de la période rréoliLhique, par M. A. MARTIN. . 8E
Etudes sur le Cap-Sizun. IV. Le fief des Regai-
res de Cornouaille au Cap-Sizun. Appen­
dice : Hivernage des bateaux à Audierne en
1573, et Rôle des Fouages cl' Audierne en 1616,
par M. DANIEL BERNARD .................. ' .. .
M. Paul du Chatellier, notice biographique, par
M. le chanoine J.-M. ·ABGRALL ............... .

Sépulture gallo-romaine découverte à Pont-de-
Buis, par M. le chanoine J.-M. ABGI:tALL. " ....
Episodes et anecdotes (5° série), par M. l'abbé

18i

NTOTNE ~AV ............................

IX. Cachette d~ cen t vingt-six haches de bronze dé-

couvertes à Méné-Justis, en Tourc'h, par M. le
comte DE ' lLLlEl1S DU TERRAGE.. . . . . . . . . . . . . . 22~
Eglises et chapelles du Finistère (suite, voir
lomes XXX à XXXII, XXXIV; XXXVI et XXXVII) ;
doyenné de Morlaix, par M. le chanoine
PE" YRON ... ï . . . ' . 0 0 0 - 23(

- 354

Pag
. XI. Découverte d'une cachette de fondeur en Plo-

névez-du-Faou, par M. A. JARNO... ... . .. . .. .. . . . .. 2
XII. Liste des juridictions exercées au XVIIe et XVIII'
siècles dans le ressort du Présidial de Quimper
(suite, voir t. XXXVII); sénéchaussées de Châ-
. teaulin, Châteauneuf et Concarneau, par M. H.
BOURDE DE LA ROG ERIE ........ : ............. .

XIII. Documents pour servir à l'hist.oire des guerres
de la Ligue en Basse-Cornouaille: ExploiLs du
baron de Camors .. (1596), par M. DANIEL BER- ..
NARD.~ . .... ............................. 2
XIV. Essai d'interprétation d'une gravure mégalithi­
que. Le grand support orné de la ({ Table
des Marchands », par M. le capitaine de fré-
gate A. DEVOIR .................. ; ........... .

XV: Les saints brelons et les animaux. Etude hagio-
logique et iconographIque par M. le chanoine
ABGRALL "0 ' ...... o' " .............. " ........ .
X VI. Les coffrels de pierre et tes squelettes de Feun­
teunigou en Plouhinec, par M. H. LE CAR GUET.

FIN

'mprimerie COTONNEC, LEPRINCE, Suce. ' - - Quimper