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1.0RS DE LA REFECTION DES QUAIS
De 184'1 à la fin de '1846, lors de la téfection des quais le
long de la Vilaine, il fut recueilli, sur divers .points de la tra
versée de Rennes, une quantité énorme de monnaies romaines
qu'on peut évaluer à plusieurs milliers.
Ces monnaies étaient-elles votives et jetées là en vertu
d'une coutume religieuse, comme M.Moette de la Forte Maison
en a émis l'opinion dans une lettre à M. du Crest de VilIe-
neuve, rédacteur de l'album Breton; tout porte à le croire.
Parmi les objets qui furent recueillis il n'y avait pas seule
ment des monnaies, il y avait aussi des armes en bronze .
Je mets aujourd'hui trois fragments de deux poignards et
deux pointes de lances sous les yeux des membres de la
Société. .
Ces armes ont été recueillies par M. tIu Crest de Villeneuve,
auteur d'une histoire de Rennes.
A la mort de son mari, Madame du Crest de Villeneuve les
garda avec un soin jaloux, en souvenir de celui qui n'était
plus, et ce fut à la mort de celle-ci seulement, que mon beau
frère, M. Emile du Crest de Villeneuve, me remit ces armes .
Depuis elles font partie de mes collections.
Les deux pointes de lances: pèsent la plus longue 190 gram
mes, elle est d'une forme élégante; l'autre ID8 grammes.
L'une et l'autre sont d'une belle conservation, leur séjour
dans l'eau les a peu altérées, il leur a donné une patine mate
qui n'est pas désagréable.
La plus longue des deux est décorée sur chacune de ses
faces de deux filets en relief, elle a 0 ID 26 centimètres de long
tandis que l'autre n'en a que 0 ID 22. Elles ont été martelées
sur les bords des lames pour les affûter.
L'un des poignards est en deux fragments de même lon·
gueur ayarit 0 m 20 centitnètreschacun. La lame est renforcée
a u centre d'un filet en relief allant de la pointe inférieure de
l'arme jusqu'à la base de la poignée qui laisse voir trois trous
de r~vets. Ce poignard à bords droits et parallèles, fragmenté
intentionnellement, et dont la poignée n'est , peut-être pas
complète pèse· 312 grammes.
Les deux côtés de cette lame sont décorés sur chaque face
de deux traits parallèles en creux, faisant valoir sur le milieu
de la lame un léger renflement, toutefois, en approchant de la
pointe, ce renflement disparaît; son tranchant est très viL
(type Morgien).
Extrémité supérieure, bout de la poignée d'une seconde
arme, épée ou poignard Morgien à bords presque parallèles,
base à languette avec quatre trous de rivets; fragment apparte-
nant à une arme bien peu différente de la précédente ce qui
caractérise ces armes·, se rapportant au type Morgien, c'est
qu'elles sont plus courtes que celles de l'époque Larnaudienne;
la poignée en est particulièrement petite; ce fragment de lame
est décoré sur chaque face de deux traits parallèles en creux
et on remarque à sa surface les traces du fond sablonneux
sur lequel il reposait; il pèse 131) grammes, et son tranchant
est très vif.
. P.· DU CHATELLIER. ·
MUrces. li avaIt déclaré officiellement que ses hîens person-
nels suffisaient à ses besoins et que sa pension de retraite ne
lui était pas nécèssaire .
Le14 brumaire an III (4 novembre 1794) il demande sa
retraite et il ajoute: « A l'égard de son traitement,de re
traite, il demande qu'il s.oit appliqué aux citoyens nécessiteux
de la ville où il est né. » Ca,rhaix qu'il a nommé plus
haut. (1).
L'attribution aux pauvres ne pouvait être faite; mais on
. a .vu comment lui- JIlême disposa de sa pension. .
Ainsi voilà un fait attesté par La Tour d'Auvergne. Il avait
à la fin de 1794, des revenus personnels suffisants à son exis
tence.
Deux biographes bretons ont donné chacun un chiffre de
ces revenus :
Calohar, un des premiers biographes, qui était de Carhaix,
, évalue ses revenus à 1600 livres. (2). M. du Chatellier les ré
duit à 1200, livres (3). L'un et l'autre se réfèrent a.u temps
de sa retraite.
De ces chiffres, qui doivent être augmentés, comme nous
verrons plus loin, nous ra pprocherons la solde de la. Tour ·
d'Auvergne qui s'éleva progressivement en même temps que
ses revenus.
Après ce que nous venons de dire, la pauvreté, la grande
pauvreté de Corret ne va-t-elle pas apparaître comme une
légende surajoutée à tant d'autres légendes admises sans
p.xamen et qui résistent victorieusement même à la produc
tion d'actes authentiques?
Pour résoudre l~ problème, il nous faudrait étudier les
extraits de partages, comptes de famille et autres pièces iné-
(01) Capitaine Pineau. Hist. de La T. d'A. ISUL p. 75.
(2) Calohar. Notice historique sur La T. d'A. Corret. (I8!~1.). p. M. Il 'se
l'efère au temps de sa relraite.
(3) Du ·Chatellier. La Tour d'Auvergne, sa Statue el Ba Correspondance .
brutale solution de continuité, que les Allemands ont su évi·
ter. Eux aussi ont connu les anciennes corporations d'arts et
métiers, les associations fermées, ce sont les GuiLdes dont le
nom est demeuré célèbre. L'ancien régime industriel a dis
paru su\cessivement dans les différents Etats germaniques,
mais les Allemands ont su éviter la faute où nous étions tom
bés en 1791. Eux aussi, ils ont brisé le vieux moule où le
travail était enfermé; mais ils ont jugé que les morceaux en
étaient bons: ils les ont ramassés pour en faire tin moule
nouveau approprié à de nouveaux besoins. Ils ont organisé
des corporations ouvertes qui réunissent les avantages de
l'association à celles de la liberté ... »
Les Allemands sont restés plus traditionalistes que nous:
il s'en sont bien trouvés, car ils ont recueilli dans l'expérience
du passé le secret de l'avenir. .
Quimper, 23 février 1908.
Abbé ANTOINE .FA VÉ.
(1) Essai sur l'organisation du travail en Poitou. L. Ill. ch. XII.
(2) Reuue bleue, 6 1\1 ars :1.886 •
6° Ce n;est pas notre coutume, c'est l'édît dlavrll '1669 qui
a permis aux nobles de rl:aviguer sans' déroger; et c'est l'édit
de décembre 170t qui leur a permis de commercer en gros.
Michelet tient à la pauvreté de la famille Corret ; il Y re
vient jusqu'à cinq fois. Il montre le « pauvre Corret » arri·
vant à la brillante cour de Navarre « mal équipé ' sur un
mauvais cheval )) (p. 48). « Pauvre, à Passy, il vécut seul ·
sans domestique, il se servait lui-même. ») (p. 6t). « Le
duc de Bouillon rougissait de voir . Corret dans cette grande
pauvi'eté.» (p. 61). A son retour d'Angleterre, « le
ministre de la guerre le sachant dans le besoin ... » (p. Gt) .
« Quelle que fût sa pauvreté ... » (p. 62).
Il faut répondre à chacune de ces affirmations, mais un
mot devra suffire.
t La Tour d'Auvergne a rendu compte de sa visite à Na-
varre. Qu'on lise sa lettre: on le verra charmé de cette cour
élégante que Michelet représente comme « ridicule ); et on
devra reconnaître, à la joyeuse humeur qui circule entre ses
lignes, que lui-même charma le duc et ses hôtes ;
2° A Passy, il ne vivait pas seul; il était l'hôte de ses pmis
Paulian dont l'un ancien colonel; et il avait à son service les
domestiques de la maison; 3° Le duc de Bouillon n'était
que, comme le dit Michelet, l'ancien protecteur de Corret;
mais le fils de' cet ancien protecteur; le duc lui offrit une
. terre non par une sorte d'amour propre, c'est-à-dire par un
sentiment égoïste; mais par un sentiment d'ordre plus élevé:
par une amicale reconnaissance d'un service rendu (1) ; -
4° Oui, à so.n retour d'Angleterre, avant la liquidation de sa
pension de retraite, il était « dans le besoin» ; Pourquoi?
Parce que ses biens étaient séquestrés comme biens d'émi
.gré. Il était présumé émigré!
La retraite de la Tour d'Auvergne, après trente-trois ans
7 r" .. t CM"." "'" • • , . ... ' •• "" • • •
. (i) Pour l'honneur de la Tour d'Auvergne, nous dirons la manière dont
il déclina l'offre du duc de Bouillon.
de services,fut liquidée à 800 livi'es.« Ce chiffre de 800 Ilvres )
est souvent cité, et parfois comme chiffre de son revenu.
Quatorze jours après la mort de La Tour d'Auvergne, son
ami Legard, ancien mp,mbre de la Cour de Cassation, pro-
nonçaitson éloge funèbre da'ns le temple de Passy; il disait:
« La Révolution avait dévoré presque toute la fortune de cet .
homme sage ; à peine lui laissa-t..:elle 800 francs de rente,
et il secourut ceux qui en (de la Révolution) étaient plus
victimes que lui : il s'empressa de faire à une mère de fa- .
mille une pension de 600 livres. » (p. 20).
M. Déroulède a écrit, se reportant à la même époque:
« Tout autre que lui eût eu quelque peine à vivre avec huit
cents francs de pension en assignats. »(1 ). Mais l'auteur
ajoute que « quelque temps après, ses ressources ayant un
peu augmenté, il parvint ~ faire à une pauvre veuve une
pension annuelle de six cents francs. » (1).
On a écrit aussi: . (( A Passy, il vécut en anachorète d'uDe
pension de retraite. Sur cette même pension, il trouvait mo-
yen d'en faire une de' 600 fr.à une pauvre femme. »(p. 181).(2\.
Or, la pension, nous l'avons vu, avait été liquidée à 800 fr.
Ainsi, il . se .réservait 200 livres, ou rr.ême beaucoup moins,
comme nous allons voir. '
En effet, sa pension était payée par mois ti2 livres en argent
soit 300 livres par an,et le reste,ou tiOO livres en assignats dé
préciés.Comment aurait-il pu sur sa pension payer 600 livres '
en argent?
La vérité est que Corret ne fut réd uit à sa pension de 800
francs que pendant que ses biens et ses revenus étaient indi
gnement s~questrés comme biens d'émigré 1 Nous verrons cela .
plus tard.
La Tourd'Auvergne avait lui-même et d'avance démenti et
son ami Legard et les biographes qui ont ainsi réduit 'ses res-
(1) M. Déroulède. Le Premier Grenadier de France, p. 226-228.
(2) Le Jean. La Tour d'Auvergne dans Bibliographie bretollne (de Levot
II. p. 18i.