Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes
Société Archéologique du Finistère - SAF 1906 tome 33 - Pages 95 à 145
Sous cette dénomination pittoresque, notre .compatriote
Ch. Le GolTrc a publié dans la RelJU.e des ])eux-J/ondes , de
janvier 1906, une élude touchant l'industrie goëmollllière sur
nos côtes Armo"l'i,!aiues. Dans cette étude, les documents
patiemment recueilli5, les informations constatées conscien-
. cieusement par le sympathique auteur; avec sa pratique
personnelle, sont mis en œuvre avec le talent d'un style pel'
sonnel apprécié de tous et le charme magique d'une palette
riche des plus riches couleurs'd'un maitre es-arts d·escriptifs.
L'auteur fait honneur aux lettres françaises en même temps
qu'il leur apporte la contribution considérable du génie .
celtique dont il est" l'interprête éminent, le repl·ésenl.ant sin- .
cère et autorisé.
Nous empruntons donc le titre de ce travail, à M. Ch. Le
Goffic, avec toute la saveur qu'il exprime pour étudier, à
notre tour, le régime des règlements et les conditions d'ex-
ploitation du varech qui ont empêché de disparaître, déci
méspar la faim, les pères de ces miséreux de Basse-Bretagne
abandonnant la côte et les vertes prairies sous-marines de
la Manche et de l'Atlantique, pour aller, victimes de l'émi-
gration, tenter la fortune dans les pampas de l'Argentine!
Nous nous proposons de rassembler les éléments d'une
enquête sur J'histoire du goëmon dans l'ancien Evêché de
Léon, et de les grouper autour' de la correspondance que Mgr
de La Marche provoqua et échangea avec ses Recteurs en
1774. ILles exhortait dans une note manuscrite au pied de
l'étal imprimé que nous donnons plus bas, de lui confier,
de la part des riverains" toutes leurs observations toudlant
le goc'mon et les 1'èglements pris pU,l' l' .. lmimuté concernant
la pè~he et la velite de ce produit si précieux.
Voici le te:\:te de cette circulaire: 'c'est un document pré
cieux pOUl' l'histoire de la sociologie sous le ministère de
Turgot: par les termes de renquête préselités par un Pl'élat
dont la bonne \'olonlé répondait à celle du ministre réforma-
tem', et aussi par le IJoint de vue auquel sc plaçaient les
RecleuI's de Léon pour apprécier l'état des choses.
A Léon, le 1 Décembre 1774.
.. W le Contrôleur-Général m'a prévenu, Monsieur, qu'en
conséquence des ordres du .ROI, illl.voit écrit it MM, les Inlen,
c1ants pOUl" leur demander des étals des biens des Hôpitaux,
Hôtels-Dieu, &c, & ' celui des fonds de charité de chaque
Paroisse, soit qu'il y aiL des Hôpitaux, soit qu'il n'yen ait pas;
il m'a, en mème tems, chargé, de la part du ROI, de vou:,
engager, de la mll.niere la plus pressante, il seconder les vue;
bienfaisantes de SA MAJESTé, en donnant à: ses Intendants 0'1
il leurs Subdélégués, toutes les instl'Uctions dont ils pourron.t
avoil' besoin. Je vous prie donc, Monsieur, de vous prêter,
avec , autant de, z~le que de cl)nfiance, à. donner, relativement
aux pauvre~ de votre Paroisse, tous les éclaircissements qui
vous seront demandés. Je ne puis mieux vous y exciter, qu~en
vous assurant que ces démarches ne tendent qu'au souln-
gement des pauvres, dont les intérêts vous sont confiés, &
aux malheurs desquelS votre religion & voLre charilé vous
rendent égalemen~ sensible.
Je suis, de plus, chargé de mettre incessamenl sous les yeux
du ROI des observations sur l'état actuel de la mendicité
d'ans mon Diocèse,sur les remèdes qu'il convient d'y apporter,
& sur les différents établissement.s faits en faveur des pau vres ; je ne puis, sans le secours de vos lumières & de vos
réflexions, S!J;f ces objets,. satisfaire à. ce q, ue $~ MAJEsrFi
d, emande ,de tUai; c'en esl. aS,sez pour q, ue VOliS VOUS f{l. s.siez .
un devoir rI~ me les communiquer; soyez .persuadé rie mon
empressement il en pl'ofilCl', & de la reconnaissanCf) 1).vec
laquelle .le recevrai VOS réponses aux demandes ci-jointes.
Celle affaire,Monsieur, exige aul.nnl. de célér'it.é que d'ex(l.c
titude; nu défaut d'occas.ion, vous aurez ln bonté de
m'ndresse.r votre réponse, pn!' la voie de la Poste, il Léon,
quanel mème vo.us apprendriez que j'en suis par.ti pour me
rendre aux Étnts .
Aussi-tôt ma LetLI~e reçue , vous fer~z sayoir n\.1x Prètres
Séculiers & Réguliers de volre Paroisse, que mon inlen.tion
est qUe l'on dise à la Messe, laÇollt3cle pro eligendo Pontifiee,
jusqu'à ce qu'on appr:enne l'élection du Souverain Pontife.
,Je ,s, 1,1is, .ily.ec : 1,1,0 si nÇlère .(l:ttacllCmen t,
MONSJF,Ün,
Votl'e tl'ès humble & tl'flS
obéissant, Ser- vi t.eur .
tJ. F. Evèque-Com. de'Léon .
DEMANDES
[0 .QUEL est, Ïlïpeu-p,rès , le nombr, e des tllÜndian!.s domi
ciliés dans votre Paroisse? En quelle proportion est-iln:vec
celui dûs ,habi~a.nls a.is~s ?
2° Qu.elle peul ètre .ln source de la menr(icilé dans yolr'e
Ipar:olsse.
LES CAUSES les pl~s orçJ,in\lires so.nl :
Ln cherté du blé & des denrées rie la premier'e
pour ceux qui achetent tout & ne vendent. rien.
Le défaut. de travail & de volonté de travailler'.
nécessi lé,
Dans certaines 'Paroisses, le . voisinage des V .illes & des
:grands chem ins quiin vitenl il mendier. .
Dans d'autres., le ~ranrl nombre cie gens de métiers, lels que
les Tisserands ou aut.l'es qui manquenl d'ouvrage .. soit pm'
le déraul de la denrée première, soiL par des révolu~ions clans '
10 Commerce de la denrée iL manufacturer.
BULLETIN AHCII~;OL. OU FrNJSl'~;HE Tom: XAXIIl (Mémoires) ï
Ailleurs, le grand nombre d'hommes de peine, les simples
looataires qui n'ont point de terres il. cultiver & ne trouvent.
point toujours de journées; ceux dont le salaire ne suffiL pas
pour sustenter une famille, sans le secours, principaleme.nt
d'une ou plusi" eurs vaches qu'on a été obligé de vendre pour
vivre dans la grande cherté, & qu'on ne peut plus se pro
curer, faute de moyen pOUl' l'acheter, ou de facilité pour la
nourrir depuis qu'on a cerné presque toutes les tenes
vagues, &c.
3' Quelle est l'espèce de mendiants de vot.re Paroisse?
Ne sont-ce que des vieillards, des infirmes & des enfants
hors d'élat de travailler? Ou sont-ce des gens valides de
tout âge?
4' En comparant le nombre des mendiants avec celui des
gens aisés & en considérant l'espèce des mendiants, le
principe & la cause de leur mendicité quel moyen vous
paroltroit,..le plus convenable & le plus efficace pour suppri
mer la mendicité dans votre Paroisse?
5° Y a-t-il dans votre Paroisse quelque Hôpital ou y a-t-il
quelque Conds certain pour les pauvres ou enfin y a··t-il
quelque casuel provenant des quêtes? S'il Y a des fond!! de
quelqu'une de ces espèces quel peut en être le monta::!t ?
Comment & par qui se fait la distribution & l'administration
de ces fonds '!
6' Enfin s'il y a dans votre Paroisse quelqu'espèce d'éta
blissement pour les pauvres quels en sont les avantagl~s &
les défaut.s ? Quels sont Jes moyens de Jes perfectionner ou
d'en établir s'il n'yen Il d'aucune espèce?
Cette circulaire avec le questionnaire y annexé reçut, salls
doute, les" Réponses" réclamées si instamment des ehefs
de paroisses, mais , hélas! des causes multiples les avaient
dispersées; malheur des temps, négligence des gens, avidité
des rongeurs. humidité des locaux: .. L'Évêché de Léon
avait 104 paroisses ou trêves .. ; il nous reste à l'enquête les
dépositions de 95 d'elltl,'ell~s, r~e savant Chancelier ,al'-
chiviste de l'Evêché de Quimpel" sauveteur émél'ite de tant
de documents de tout genre, à tout titre pl'écieux, les a
recueillies, rassemblées en un dossier à part ct a bien
voulu nous les indiquer et les T'ecommantler à nos ,investi
gations.
«( M. le chanoine Peyron est un l'iche, mais c'est - un bon
« riche qui ne lésine pas et silit pilrtagel' ses trésors d'érudi
(( tion et d'archives, avec ses confrères moins bien pourvus .
Nous le disions en -1895, à la session de Quimpel' de l'As
sociation Bretonne, avec gl'atitude et conviction, sentiments
qui aujourd'hui tiennent plus que jamais chez nous et tant
d'obligés du cher vice-pl'ésident de la Société al'chéologique.
Ces pièces de corl'espontlances sont ûmpreintes d'un
charme tout personnel, de la spontanéité, de l'ol'iginalité
particulières à chaque cOI'respondant. Chacun a sa façon à
lui de s'exprimer comme il sent, comme il voit: et . cette
enquête rend un son que rappelleront quelques années plus
tard les vœux et doléances des communautés. dans leurs
cahiers de 1789 : c'est un rapprochement très Imposant à
faire. Nos Hecteurs du Léon ne sont pas, en 17,74, des con·
templatifs, des mystiques; ils peuvent être des l'èveul's,
toutefois utilit'lires, d'une gl'ande initiative; hardis et
devinant,. sinon esquissant de grandes rMol'mes économi
ques tentées, ou exécutées, depuis dans la société cont.empo-
rame,
En 1819, le P.'éfet du Finistère adressait aux municipalités
une circulaire et un questionnaire, illsérés au /3/tllctin
administra.tif nO 55, documents dont la fOT'me précise ct.
limpide rappelle la méthode de l'enquête de Mgl' de la
Marche. Dix questions sont posées et dont la solutioll devait
amener une réglementation dél1nitive et moins imparfaite de
la récolte et de la vente du goëmpn. M. Miorcec de Kerdanet
'- -lOO _.
. {( Vous faiLes plusieurs questions à MM. 'les Maires :,:'OOfl-
cernant la plante marine du Gouêmon, Sar ou ,Varech.
Plusieurs de ces Messieurs n'ont pas les livres qui concer
nenl cet objet et j'ai présumé qu'il vous serait agréahle que
je vous citâsse ceux que vous trouverez dans la Bibliothéque
du Gouvernement: je veux dire de la Préfecture. C'est 1'01'-
donnance de la M.uine de '168'1, Livre 4, titre X, commen· té
par Valin, le Joumal' des Arrêts du Parlement de Bretagne,
Tome ter, chap. 25, p. 133, le Gouvernement des PdroissE:s
par M. Pothier de la Germondaye, Avocat à Renries,ouvl'age
très-estimé, rWllS avons de plus pour la 11Q: rl"ie de Leo":?', tin
ancien ttsement, en tont différent de ceux de nos 1;oisins. Ce
vieil usement rewe-illi à la Slûtc de la contumedu grand Hévï:,t, .
avocat, pm·te les A 1'moriquains de Uon 'et de Dolâs, d(.~
quels lesvitlages et tenues aboutissent su'/' la. mer. sont ·mt
possession chacun en d'roit de ses Ienes, de -jouir et de dispo
SC?' du goiiémon qui se couppe des · rochers et aut1'cs go-iiémon.~
qu' e la mer 1'ejette à. bord. Bien entendu toutte/ois que tout
goiiémon flottant et qttin' est pas encore à sec appartient ,lU
pnmie1' qui le 1'amasse, soit par batteaux : ou se haza1'dant de
le devanCe?' au Rivage. »
« Le Code civil article 7'17 annonçait des lois particulières
sur celle plante, mais je neérois pas qu'il en ait été de ron
dues, ainsi elle est encore régie par les lois anciennes. »
En réponse aux remerciements à lui adressés par le Pt'é
ret, le même M, de Kerdanet, membre du Conseil général
du départemen't écrit, le 28 aoùt 1819, l'ecommandant]e texte
précité de l'Uzement de -Léon que l'on retrouve au~si dans
les Uzements de Furie; dans Valin, la déclaration det:i3'1
qui contient des d' is]loshions 7J1'écieuscs ; quant à !Pothier I de
la Germondaye, il ne fait ' que ['épétel' l'Ordollnance de la
Marine et un Arrêt du Parlement de Rennes de 1-73!1.
«Au commencement de,la -Révoltition, l'administration
j'étais memb1'e de cette administration, nous, en prîmes uri
autre mes collègues et moi, le 22 prairial an 4, Je Il'en ai
pas copie .. , etc. ~
Le vénérable avocat pose une thèse générale: «Il {au-
u. dr.ait {ai1'e presqu'atttant de Tèglemens qu'il y a de c6tes,
« Lew' situation, l'éloignement Ou la p1'oximité des 1.'06S, la
U' population, la richesse ou pauvreté des habitants, p/!wvent
" donner lieu à diverses concessions. La plus gmnde libel'té
« dans la 1'écolte doit être accoTdée, Ca'l' elle est bien pénible
« et bien avanta. geuse, D
Le père de notre grand él'udit breton, Mior0ec de Kerda
net, dans son relevé des pièees à consulter pOUl' arri vel' à
une complète documentation, passe sous silence la déclam
tian du Bai, du 30 octobl'e 1772. Il ne pm'le, encore moins,
de la Circulaire de l'Evêque de Léon et des observations
présentées par les Recteurs du Littoral de ce diocèse.
Nous allons, au moyen de cette correspondance inconnue,
peut-être, an vénérable Avocat, fournir quelques éléments
d'informations sur les habitants de cette côte, les Goë- '
moniers, intrépides [i'a.l~CItW1'S de la Mer; et sur le Varech,
cette végétation touffue et opulente des pl'ail'ies mystél'ie\l
ses du royaume de Neptune, dieu des Eaux,
Nous entreprendl'olls notl'e campagne, par plusieurs éta,..
pes, de la rivière deLanderneau à la rivièl'e de Morlaix.
. Nous trouvons, au pays de la Ltlne, dans l'ancienne ville
du Rohans, « l 'EI~Orn que la mer sale de son écume D (1).
qui va se jeter dans la rade de Brest en parcourant sur un
trajet de 15 kilom" les communes de La Forêt et de Guipa
vas.
Nous arrivons à l'anse de Kerhuon, un souvenir déjà loin-
1) Bl'i~eux, . .
tain dans les fastes du Génie Maritime, avec son immense
dépôt de bois de construction.
A Guipavas, en 1774, il Y a profit à laisser parler le Rec
teur, el il l'écouter. II vou~ décril'a de façon expel·te et. com
pétente, la condit.ion, de la classe des travailleurs, dans sa
gl'ande paroisse; gens à moitié laboul'eul's, à moitié manœu-
Vl'es ou ouvl'icl's de l'Al'senal de Brest, l'un et l'autre
LOIlI'-ù-tour, Il vous intéressel'a par ce qu'il montrera de
l'ol'ganisation déjà G/lJa.ncée de l'assistance et de l'instruction
populail'e cl Guipavas
S'il n'insiste pa s SUI' la question du goëmon, c'est que
allx termes de rOl'donnnnce de 1681,· les l'ivel'ains de Cui-
p .l\'ilS avaient peu de cùle et que pal' suite la récolte du
val'ech \' était médiocl'e.
GUYPAVAS
~IONSEIGNEUR,
Un de mes devoil's essentiels est de secourir mes pauvre~ , et
je leul' mallquel'Ois considérablement de moy-même et si je ne'
l'emplissois les vœux bienfaisants de notre Auguste Monarque: . et
si je ne me l'endois il l'intention charitable de Monsieul' le Con
tl'olleUl' général. Dès qu'il me viendra quelque chose de sa part, je
ne manquerois pas, MonseigneUl', de donner des preuves sincè['es
de ma parfaite obéissance.Je voudrois,Monseigneur, vous satisfaire
SUI' les réponses que vous me demandez: je vous les donne
avec autant cie célél'ité et d'exactitude qu'il m'est possible,
l' Dans ma paroisse, j'ai environ deux cent soixante et dix
pel'sonnes il la charité, dont environ deux cent soixante men (liants apl'ès cette première classe, la seconde est d'envi):'on .
, quatl'e cent qui approchent de la pauvreté et vivotent. Le reste de
ma paroisse est il son aise, sans être riche,
2' La cherté du blé, du bois et des fermes est une cause d'indi
gence. Les l)['emières . delll'ées nécessaires' il la vie, enlèvent· les
deniers de ces malheureux, la cherté du blé et des fer'mes' em
pèche le cliltÏ\'ateul' de prandre des jour'tzaliers et domestiquès
ci proportion de lcur ollumge. Les fer'miel's se secourent mutuel
lement pOUl' avoit' plus il vendl'e et moins à donner. La quantité
dt mendiants qui viennent dans ma paroisse a donné ci plu:"
~ieurs de mes paroissiens la hardiesse Oll de mendier ou de
faire mendier leurs :enfants, La mortalité des dernières années
est une autre cause de pauvreté. Nous avons plusieurs veuves et
une quantité d'orphelins .
Le port de Bresl qui par lui-même esl avantâgeux aux jour-
naliers dans le tems d'inaclion '1IOUS esl ci charge. 011 s'y jelle
en foule dans le lems de.~ lravallx et on congédie 'surlolll el!
hiver. Ces congédiés veulent trouver de l'ou nage en campagne;
ils n'en trouvent pas, parceque on ne peut compter sur eux, et
par cette raison ils mendient. S'ils avoient de l'ouvrage, ils ne '
seroient point à charge: le travail manque, non la volonté.
3' Les vieillards seuls, les infirmes et les enfants hors d'état
de travailler mendient dans ma pal'oisse. Les gens valides ne
demandent presque point que quand l'ouvrage manque. Environ
.100 personnes y font cependant deux quêtes par an, la première
enlre Noël el le premier de l'an, qu'ils appellent Nouellal: c'est
pour souhaiter la bonne année, la deuxième, après la l'écolte,
dans ce tems il y a bien des sacs autour, mais point hors de la
paroIsse.
4' On ne peul empêcher la pauvreté de l'espèce de celle de '
mes paroissiens. Nous aurons toujours des paunes, mais pour
diminuer le nombre dans ma paroisse, quoyque on y travaille
bien, il y faudrait plus d'ouvrage. Le Pori de Brest soulageroit
beaucoup nos quartiel's si on donnoit de l'ouvrage aux pauvres
et si on te refusoit aux fermiers et aux aisés qui peuvent vivre
de leurs fermes , Les mendiants de Brest, de Lambézellec, de
Lande/"lleau el d'ailleur~, enlèvent une grande partie de la sub
sistance due pl'éférablement à mes pau vres, don t le sort seroit
moins dur' si les étrangers ne nous accabloient : (juoy que cette
paroisse ne soit pas opulente, elle peut enlretenir ses pauvres
.~'ils étoient seuls.
5' Dans cette paroisse, nous avons huit cent \inea de Rente
pour les petites Ecoles et pour les pauvres. Cette fondation est
de M . Legat lin de mes prédécessurs. Il y a dam les chapelles,
hl/il Ecoles par jour: 4 pour les garçons 4 pOlll' les filles ce qui
coùle 28'1 1. par an. Nous avons aussy une sage-femme pour les
pal/lires el aulres payée ci 150 1. Les réparations des maisons
de la fondation coutent souvent beaucoup et diminuent la dislri
blltion q/li se fail 10115 les ans ail mois de juil/cl. Celle dislrilJll
tioll ,mônle ordinairemenl ci 320 1. M. le Recteul' est chal'gé par
le fondaleul' de 'l'églel' la distribution qui est faite pal' les délibé-
4'6t --
hInts', éhaqiili de' sOli (:rûài'~ief. Ai. )'e' Red'M'f, et N1M. t'ès' Corifes'
selll's font l'és avarices èt l'Econ' orne (si ol'fdeniànde ie' dë&o(fI'Së)'
ell r;m i'ai' $oiJ, et ne (Ion lie' j'illlYais' l'iéif sàn's J'ag'réemelit de M. )Ie
n'ccfeui'. CeL EconoMe es( cl)'à!lgé fotis l'es an's, l'end' cOI'l)l)le' tl'ès'
exactement. C'est le second mat'guillier. .
6' je souhaite que cette admillistration plaise à \'otl'e Grall- '
(leUr; , '
Le GOllémon est peu d'e chose dans celte parofs'sé. On n'en
cOtipe' qüe' dans )a: !'i','ière de LarÎ(l'erneau ef lÙl peu di\Jl's' la rade
de Hf'est, je n'ay pas ent.endu padCl; d'ac' ciclents â'i'I'i'\'és à cette
. coupe, qUI eil Plusieurs encli'oils du diocèsc' est très d1ànge'I'eusl! .
. J'ai l'hoill'ieur d'tÜI'e aveé' û 'n très l)rofond respect, etè.
HOUSSET, Recleur de G :o'lpàvàs.
ci Guipavas ce 14 Décemb1'e 1774.
Nous ne possédoffS pas les rt~ponses des Recteurs de Saint
Marc et de Lambézellec : 1\1. Delarue, recteul' de Saint,"
Sauveur n'aiant à Recoù'vi;anceqù'urie population de
charpeiltie'rs et de éalfats, de ,iètiVés et d'orphelins de
mal'ins morts au service, n'ù pas à se pl'éoccuper de la récolte
du g'ouëmon. Passons à Quilbignon,. et le recteur 1\'1.. Daniel
va nous donner d'intéressantes' inlol'mations sur cettE:
question. Sa lettre suffisamment explicite pour ceux qui
étaient q,uotidiennement au courant de ce qui se pratiquait,
dans sa paroisse, demanderait, poor nous,. qU3lques éclair·
cissements faciles à recueillir dans les registres des délibé-
rations du COl'pS politique de Saint-Pierre. Il est question
d'une sOI'te dia.bonnement de di'olls et de èontrôle, dont ia
Fabrique faisait l'avance. Celte pratique devait exister,
ailleurs; dans la région. '
QUILBIGNON. (Saint-Pierre, près de Brest).
Monseigneur,
Aussi tôt la lettre cirëulnil'e de Votee GI'andeUl;, eh .faveur
des pauvres, teçi.ie Je rne suis mis en devoir d'y faire h6n~
neur de mon mieux. J'ay dl'esS"é sur une colonne l'étal. des
plus pauvres sur un autre l'état des moins pauvres fixé le
n6n~·Jlll'e' de' ch'a:que C%mne'et ensuil e' le tolal (I"es paiwr.es.
J'ay ag:is de même il. l'égard des' plus el des moins aisez. de
mes parroissiens, J'uy ensuiLle fournis les· moyens qui mont
parûs res plus propres el les plus efficaces pour seeonder
les pieux désirs' de' Natte Au~usLe Monarque' et ceux de
Votre €lI:andeur en faveur des pa:u.vres du. Royaumc, Je
l11o'esLimel'Uy heureux si' j.'ay pû l'épandre aux idées de l'un
el, de· l'autre. J'ay fait rcndre pal' exprès mon mémoire ci Léon
dans la cminte de me trollvcr trop tard: .
Quant àux observations que' Votre Gmndeur me d'emande
dlllns sa lettre circulaire au sujet du Gllémon, qui se couppe
tous les ans le long de la grève qui donne SUI' ma paro.sse,.
je pense, sauf correction, qu'il seroit il propos de suivre
l'cncien lisage, en laissant ((li marguillier, la liberté en déposant
ail Gl'effe de la Marine, ulle copie de la délibération qui regarde
ln couppe du guémon, d'en payer le dépol, ce n'est qu'une
avance quc fait l'église pUI'ce que q'est l'usage dans ma
paroisse que le dimanche suivanl la récolte du gouémon
les gouétricineurs triplent leurs aumônes en faveur de
l'avance' faile pal' l'ég'lise, ce qui ne ,çeroil plus s'il en était
autrelllant, Il ~n est de même pour les ciet'ges que mon
église fOUl'nit Lous les ans il chaque habitant de ma par'obse,
Elle relire son déboUl'sê el. pOUl' profit, l)\'esque lous les
r.ierges dont elle a 'Jesoin I.oule l'année; de plus il seroit
difficile, même injuste dc répartir SI//' la capitation, I/IlC somme
de vingt solz parce que les gouémollel//'s ne sont pas lcs mêmes
tous les ans, ,le n'ay pus encol'e louché les milles francs
qu'il a plu li Sn Majeslé de m'accorder en déclomngemenl des
dixmes que j'ay perdu par les nouvelles fortiflcations failes
SUl' ma paroisse' et que j'avais dessin de l'encire il Léon, Il y a
c10nc des formalilés il observer et qui s'observent si lentement
que je ne sçny quuncl Louchel' cetle som me, Si Votre Grandeur
nvoitla bonté cie s'intéresser pOUl' moy auprès de MgI',I'inlen
c1ant de Brelaigne, j'amai tout lieu d'espérer un succès
prompt el heUl'eux, Je prens la liberté de vous en supplier,
vous obligeI'ez celuy de vos sujels qui esl de Vol.l'e GI'undeur,
avec la soumission la plus l'espectueuse,
Monseigneur
Le lrès humble el très obéissanl servileur,
DANIEL, Recleur de Quilbignon,
Quil bignon, le 17 décembre 1774,
DuPortzic à Bertheaume, de Bertheaume à Saint-Mathieu
fin-de-terre, nous sommes sur les paroisses:. de Plouzané,
avec sa corderie relevant du port de Brest, de Plougonvelin
avec son fort Bertheaume isolé sur un rocher au milieu de
la mer, où on ne parvenait que par un .pont de çordes:
funiculaire primitif dont les ondulations vibrant au-desous
de l'abîme donnaient la chair de poule au visiteur. Nous
Il'avons par les réponses à la circulaire de 1774.. des Rectéurs
de ces deux paroisses, mais nous avons celle de M. Le Morel,
Recteur de '~oc Mahé Pen-w/'-Bed, chétive tl'êve de Plougon
velin végétant à l'ombl'e de la célèbre abbaye fondée pal'
Saint Tanguy. Cambry visitait cette pointe de terre tour
mentée toujours couverte d'écume ou d'une vapeur humide
qui se pOl'te jusqu'au couvent. C'était vingt ans après (1) et son
cœur dut se répandre en cette grandiloquante interjection:
\1 Là s. ur ce rocher sauvage, quand le soleil se plonge à
cc l'Occident: lorsque la mer s'élève, gronde, annonce une
i( tempête: philosophes profonds, âmes !ortes, méla-ncol-iques
« poète.~ exa.ltés, venez médite'/' en silence! » .
Le Recteur fait un tahleau bien sincère de la situation et
une exposition allf;si exacte que · possible de l'état de ses
pal'oissiens, dont l'ambition étaient de faire . admettre leurs
enfants au Port de Bl'est comme calfats. L'abbaye avait eu
bien des vicissitudes. et était tombée à 3.500 livres de revenu:
on voit que désormais, vers 1774,. hélas! elle était loin 'des
commencements où son influence fit tant pour la civilisation .
3 SAINT-MATHIEU. Fin de terre .
. Les habitants de la paroisse de Notl'e-Dame-de-Gràce de
Saint-Mathieu (t'in de Teree)sonl pauvres sans ètl'e mendiants
quelque nombre d'enfanls qu'ils ayenL. Chaque famille vit
(1) P. p. 201-20:1 du VOUCI(Je dans le l'illistèl'c. Cil 1ï91, Editioll de Pl'émin·
ville .
du pell de terre qu'elle a à ferme. Les deux tiers du terrain
de la paroisse sont ensemencés en bled pour la subsistance
des hommes. L'auLl'e tiers ' est divisé en 'paturages, choux,
panais I:lt autres nourritures , pOUl' les bestiaux, ei souvellt
Oll est obligé de les, laisser vaguer sur la , côte que(que siérile
qu'elle soit, afin de pouvoir les rafraîchir et les conserver; d'oû
il arrive que ious les ans il ell iombe plusieurs dalls la gre/Je
qui périsseni.
La fougère et les môles sont, le chauffage ordinaire des
habitants: ln ])l'oximité de ln mer ne soufI'I'e auqun al'bre de
quelque Espèce qu'il soit eL lesdits habitants Il'oni pas les
facultés de ,çe procurer du bois d'ailleurs, '
La ditte paroisse n'a 'dans toule sa longueur et lal'geur
qu'envi l'On un demi quart de lieu, et dans tout ce Lerrain,
on ne compte en tout que vingt-cinq ménages qui forment
le nombre d'environ ceni communianis, '
Auqun des hnbitants n'est oisif; tous sont laboureurs ou
ils I.ruvaillenlles terres qu'ils tiennent en ferme, ou ils vont
, en journée, C'est de ces journées pour ln plus pnrl qu'ils
acheltent du grain pOUl' pouvoir se suffire el s'entretenil' la
plus grande partie de l'année,
Les pères 'et mères à mesure que leurs enfant.s sont en
àge de travailler les envoyent en condition, el autant qu'ils
peuvent, si ce sont des garçons, ils tachent de les placer dans
le port de Brest, pour y ètl'e mousses, ou y npprendi'e le
métier de charpentier ou de. calafas.
C'est ainsi que ces pauvres habitants évitent le triste éta.t
de mendier et de se multipliel' da.ns une paroisse incapable
de les nounir el de les contenir,
, Le seul secours qu'ils ayent dans le païs réside dans
l'Abbnye ' de Sa.int-Mathieu, Les Heligieux lems donnent
aut1l.nt qu'ils peuvent cie I.mvâil. Les venclredys cie chnque
semaine de l'année, ils clisl.l'ibuenl aux pauvl'es au
moins cent livresde pain, pal'liculièremen't depuis la
Toussaint. jusqu'uu commencement. de ln récoll.e, mais
celle distribution Il'est presqlu; profitable que pOllr le,ç parois- '
ses circollvoisilles, vù que les habitants de Saint-Mathieu Ile
s'y présellteni qu'en trù peu de nombre, éiant occuppés ci leur,~ ,
ouvrages, '
Le goiiemon l'aiL l'engrais du païs'. On n'a pas de connais
sance que l'habitant de Silint-i\fathieu ait eu le moindl'e dif
férent. à ce sujet. Il est seulement il rell1nrquel' qu'il coûte
beaucoup il l'amasser, en ce que la côte est toule hérissée
(\'e' r0cher-s et des· plus' esca:rpés daoS' l'es moindres end1 1'0ils.
elre peuli [l'voir au' Flerit moins;SO pieds' tle hauteur.
L'entretien de leur église est souvent une charge au delil' de
reurs forces. La position en est terrible au-deliI de ce qu'on peut
exprtmer' :
r\ Saint-Mathieu, le dix-septième jour d'e Décembre 1774 .
LE MOnEL, Recteur ùe Saint-Mathieu .
Plouarzel fait défaut à l'enquête; cette paroisse· fut signalée
au commencement du siècle dernier par son agl'iculture et
'son bon emploi des engrais de mer, ses entreprises de
prairies 'artificielles et ses essais couronnés de succès de
cultUl'e maraîchère. Nous avons une déclaration de M. llliou,
Recteur de Lampaul-Plouarzel, de Décembre 1774, en réponse
au. Questionnaire de l'Evêque.
On remarquera qu'il donne comme une des causes
principales de la .misère, dans sa paroisse, la diminution du
débit des carl'ièrp.s suivant naturellement la diminution des
travaux entrepris pal' le Hoi à Brest depuis quelques années.
Le bagne avait été construit avec les blocs de granit prove
nant. des carrières de la côte de Plouarzel, ainsi que' les
principaux édifices du Port de Brest. Cette baisse peut.,
vl'aisemblablement, s'expliquer en suivant les dates des
grands travaux entrepris dans notre l~ort maritime, entre
1760 et 1770 .
4. LAMPAUL·PLOUARZEL
1· La paroisse de Lampaul a 360 habitan,ls communiants,
dont il v ' a environ 50 pauvres ou mendiants, ou qui ont
besoin de la charité pour subsist.er.
2· Deux choses occasionnent la mendicité dans cette
paroisse, sans pa1~ler de plusieurs autres causes qui lui sont
communes avec les autres paroisses:
i· la perte des -matelots qui onl laissé des veuves et des
enfants mineurs sans ressources i
2' La discontilluation, ou ,du : moiIls, ,Ulle .grallde ,dimimtlio)l
du débit des pier.res de taille pour le Roi ri Brest, qui faisoit le
meilleur commerce de la paroisse, il y a quelques années,
3' Les mendianls, si l'on excepte quelques vieillards '~l
in- firmes, sont tous des mineurs qui ,ne tl'ouvent point
d'occasion d'embarquer, ni de sc placer, el ne sont ni en
âge, ni en élat cie travailler, '
4' Un moyen qui me paroit assez surfisanl pOUl' que les
pauvres de la paroisse ne 'soufl'rissenl pas SeI'oil d'empècher
que ·les étrangers ne ~inssent .quèler, ni mendiel' dans
la paroisse, mais de faire faire une quèle Ulle fois ou cleux
par nn, dans la paroisst~, pO UL' les pauvres el d'établit' un
économe pour fai-re la dislri·bution il chaque pauvre selon
ses besoins el refuser ceux qu'on sçaul'oil ètl'e en :état de
tt'a vnillel' et de nourir leur famille sans aumùn e,
, 5° li 'n'y a point dans la paroisse aucun des avantages
énoncés dans la 5
demande,
, 6° Je ne connois pas c1'autres moyens de soulage!' les.pwu
vres que Ill. charité des pal'Liculicrs vu qu'il n'y a aucune
èspèce 'd'éLablissemenl ni fond s pour le fail'C, .
:GoëmOn. - La defrense qu'on vien t de faire nux Armori
quaifls de couper les goëmons hors les lrois pl'enÙel 's mois cie.
l'année et d'en vendre aux autres ,paroisses,nous est très-pré judicia ble,cal' ces mois sont les moins ,pl'Opl'eS pOUl' séchel' le
goëmon, elles pauvreS gens après l'avoir cOl/pé ct séché, 'seront
obligé.';,de le donner presque .pollr riell aux habihmts ne ICllr
élanlpas permis de le transporler /tors la paroisse,
Je ,certifie le tout sincèl'e et vérita.ble selon ma [JI'QP1'C
connoissance, ce 13 décembre 1774.
A., ILLIOU, recleur de Lampaul-Plouarzel.
'A Lanildut que le .Dictionoai.'e d:o.gée appelle ' U une 'pe
tite 'ville n , le :Recteul', ,M, J, ,Hannou :parle de la .gr.onde
charité de ·ses ·paroissiens,. de Jeul' commisél'ation .pour ,les
pauv.l'es non mendiants ,et delelll'slihéralitt:is en vieilles,\nu'
d'es;lait, soupe"restes d'es.repas, et 'Se 1 OId es saisons, ce:qui est
une inclication des ;Jroduits do la culLul'e ,locale, ' de t.panais,
de 1tèl
es, de 'lIois ; et ,ault'es 'légumes ,; ,si .bien .que 1:on .ne
compte que huit professionnels de la 'mendicité, Pour l'ar
ticle du goëmon, le Recteur écrit: « CeUe paroisse ne
, donne pas sur la grande mer; ainsi je n'ai aucune observation
à faire au sujet. du goëmon, »Cependant cet engrais acheté
dans le voisinage y était abondamment et intelligemment
employé, à ce que donne à croire l'annotateur d'Ogée.
A Porspoder, le Recteur dont nous ne savons le nom, son
rapport. n'est pas signé, parle très au long de la natUl'e de
sa population, des causes de la misère ou de la' gêne et il
insiste SU?' la stérUité du commerce et les dl'oits à. paye,. SUl'
les hm'ques,
A Roscoff, sous la plume du Recteur, à cette même époque,
nous trouvons cette dernière réclamation relatée très-forte-
ment . .
Une autre cause, de gêne, ce sont les c01"vées de g'l'ands
chemins: cela a sévi plus durement, intolérablementdès
l'ouvel'ture de la route d'Argenton à Saint-Renan,
Une autre cause encore, c'est le plus grand nombre qn'ail-
leurs à, de veuves et d'orphelins de marins,
« Il faut avouer, avec le Recteur, que la fainéantise et
l'inconduite font plusieur.s mendiants à Porspoder, comme
a, illcu7'S et pal' suite les' crimes s'en suivent et se perpétuent
pm' l'impunité et parce que 'on ne fait aucune 1'eche1'Che,
Mais le' remède ~ Allez donc le demandel' à ce Pasteur
atrabilaire, pessimiste ... , "On pourrait, dit-il, introduire
l'usage des quêtes, mais cet usage int?'odui'l'ait peut-être
aussi, des mur11uwes, des cont, estations, de lct pm'tialité,
pettt-êtl'e une autre espèce de fainéantise en épargnant la
peine même de chercher ses besoins li. Et ceci est le mot de
la fin, non pas le cri, mais je gémissement suprême: (( Je
I( cmins {ort q1te la, mendicité à Porspoder ne soit un mal
,/ 'nécessaire ct wns ?'cmède ! )) ,
Pour ce ,qui concerne le goëmon ce ReCteur aux idées
noires, ne s'en préoccupe pas et ne fournit aucun ,renseigne
ment.
Et cependant, Ogée a soin de nous dire qu'à Porspoder
« le territoire est exactement cultivé et produit abondam
ment du grain et du foin ». Et le continuateur d'Ogée de
nous faire savoir que l'agriculture y prospère grâce à l'abon
dance des engrais de mer, que la culture et l'usage de 1:1
pomme de terre ont tellement pris qu'on peut dire que ce
tubercule sert à nourrir les deux tiers des habitants. r r Il
Ir en résulte que PorSpOl'de1' exporte plus de la moitie. (le
rr .ses récoltes en t'roment et aut1'es cé1'éales, ))
Vers Porspoder commence, d'après les habitants, et indi
quée par le rocher du FOU1', la mer (le la Manche. Là se
dresse en face du port d'Argenton, l'Ile d'Ioc'h, haute de 25
mètres, rattachée à la marée basse à la terre ferme et formant
alors la flèche de séparation entre l'Océan et la Manche. A
marée haute, il y ~ 500 mètres entre les deux pointes extrêmes.
Le port d'Argenton; bassin naturel au milieu de rochers d'un
aspect pittoresque, comme Portsal, L'Abenvrach, Pontnsval,
appartient à la paroisse de Landunvez, pays dénudé où on
,ne se chauffe qu'avec la bouse de vache, des mottes de lande
. et du varech: pays où les pilotes sont expérimentés et seuls
peuvent guider dans ces passes difficiles . .
. C'est là que commencerait le Promontorium Gobroum, de
Ptolémée, embrassant toute la pointe Ouest de notre pays,
c'est-à-dire la côte immense comprise entre la ' pointe de
Landunvez et la pointe de Penmarc'h. (1) .
M. Brl;luellec, Recteur de cette paroisse, dans sa lettl'e à
l'Evêque de' Léon, du 2 J~nvier 1775, nous fournit un docu-
ment de grande valeur, par la précision des détails etl'indica- .
(1) Cf. Fréminyille. ,
,tio,n:, ,chez lui. d'uu:gr.and '$ens ,pratiq: ue,. , Lll ,clé~lar.atiol). .du
30 octubre 1772, est, à son avis, un règlement fune::.
te. ,li ,signale uu .abus criant pour détourner de leur
esprit les dispositions de .l'·ordonnance de 1681 : ,un étran
ger, louant un lopin de terre à 6 livl~es l'an , deve,nant pur là
:mème r,ivel'ain à Landunvez ,y ~'enalü, pour la ,coupe ,a.vec.force
,cheyau'x ,et·domesLiques, et commetLunt l'inj.ustice 0.I)Vel'S le,;
habitants , ,etc . .on remarquera que le digne Recteur dOlllld
'l'élève des (chevaux comme la ressource d';) sa paroisse. Nous
nous r.appelons avoil' ,lu ,dans les fl'agmenls de Mémoires de
Quinipily donnée.s ,dans ·les ', pl'ewücs d.e l'hislOi' l'c de.nl'ela.gne,
que vers 1592, il s'absenta pour aller dans le Bas-Léon fa il'c
la l'emonte des bidets, pour le compte de la Ligue brE:lonne.
On lira, peut-être avec surprise, la P"oposition que fuit
· M. Bl'anellec, au sujet de la Collégiale de N,-D . de Kersaint:
mais, les temps avaient changé, et les circonstances ne lui
donnaient pas tort et démenti.
;) LANDUNVEZ
;'IONS E IG N E UR, '
Lorsque Jeus l'honneur cie répondr:e h volre cil'culnire RU
.sujet des pauvres" clitl'él'enles occupn:lions; et ent;r:aull'es
celle de ma Statioll, 0) me mirent clans l'impossibilité de vous
pnsser mes remnrques sur le goèmon, malS les voici:
La déclaration du 30 oclobre 'l772 qui en fixe 'la couppe au
mois de janviel', fév.rier ou mars, rend ce grand don de ,la
Providence presÇju'.inutile il nos ,A/'11loriq/lains, et en , voici
les raison s : 1° I)aI'ceque on ne peut en ce temps sécher le
goèmoll qui se percl en cieux ou t.rois jours si on ne le sèche.
2° parceque c'est le temps ou les Armol'iquains ,disposent.
leurs lerres il ètl'e ensemencées. Vous ·savez que ce ,n'est
qu'en f.évriel' et mars qu'on ensemence les , terres cie Ill.
cote. Ils ne peuvent clonc ètre alors il. la g l'ève. 3' parceque
le mois cie mars qui est le seul où l'on puissc séch e!' es t.
aussi le L ems où les jument.s poulinent. : il n'y a cependanl
(1) HX~l'cice3 spirituels de mission ou d'adoration.
- 113
H ft'I',-:- ,
dcins toutes lesA'i'lllol'iques"pI'esqiie qlle' des jllments. Il faüdral t"
donc 'atteler des juments qui ont nouvellement. pouliné"ou
SUI' le point ,cie le faire · au risque de pel'clre et les mères eL
les fruits pal' uri. charroi aussi dimcile que pl'écipil.é,
C'esULlI'It vers des gToupes cie roc:- lCrs que l'on lire le goèmon
de notl'e cùte el on Vit 'presq ue le galop ou pOUl' gagner sU!'
lit !TI( lI'ée ou pOUl' augmenter' sn récolle, CeLLe rll.ison est cie
Ill. dCJ'nière conséquence pOU!' les païsnns de ln. cMe qlli .
n'ont lIucune sortc de cOlllmerce que celui· des chevaux et des
grains. ~10nseign(ml', un autre inconvénient c'est, que pen
dant ces trois mois la sn.ison est si dUl'e que les plus robus
tes ne peuvent qu'ltvec peine en SUPPOl'ter Ill. rigueur et pll.r
conséquehtles médiocres ne ln supPol'lel'll.ient qu'en s'ex
posant à des inconvénients aussi l.ristes qu'ils seroient, com
muns par Ill. nécessité qu'il y Il.uroit pour euxde les encou
l'il' ou cie manquer do goèmon et en corisé~luencè' de plùn'"
même, parc!-que le goémon seul en donne aux :3/ 4 cles A 1'111 0-
1'1 q II alllS,
Il Y li encore dnns noll'e pll.l'oisse et peuL-être ailleurs un
abus très considérable au sujet du goèmon : '
Pillsiell rs particuliers des paroisses voisincs manœuvrent q u el-
que pièce de terre dans ln.- nùtr'e, et salis celle rai,i;o"n viennent
a la 'Couppc e1 emmènent - le plus de pers6iiTic,ç 'qu'il's pelliJent pO/II' '
les aider. Pal' la' il arrive qu'ull Elranger (Illi /ùi q'ue 6 L, 12 L:
Oll 24 L. de terme en Landunvcz, aura allia/li Oll pills qll'Iln habi
lant une ferme de 300 L. ail 400 L.
Il est clair qu'il '{ a en cela une inju"sti'ce parce que les
t.erTes de ln cùte sont 'beauc'oup plus chères 'il c'alise e1u'cltai\.'
J,ll'ohibitif que les cullivateurs y ont. SUl'IIl. couppe de goëmon
et on peut mèrite dire qu'ils paient mèine re goëmon.
L'ordo1lnance qui réserve celle COuppc /II/X paroisses marili
mcs scra lout li {ail élI/déc ml moyen que cÎl(iqiie parliclliier dc~
paroisses voisines ait l'adresse de sc fairc fermier d'UllC piece
quclconque de terre dail,~ ' une parbisse de la côle; a"/'û;i B, 4 Oll 5'
parois'ses pOl/l'l'ont venir em'porler le goëmon au détl'iment d'LlllC -
autre ·qlli paie lc droit de l'avoir sel/le. Monseigneur', permettez
moi 'de revenir sur l'article des Pau·vres. JI y a un mo~'ûri
d'empêcher Iii mendicilé dans une paroisse. Cc nc serail pas
la quête,' elle ne rél/ssiroit jamais. Un second vingtième qu'on
pOUl'rait. proposer il Votl'e Grandeur, auroit. toules les diffi
cultés que voussavezl11iùux quenous.Une seconclecapitnt.ion
finiroit d'écraser un peuple qui chez'nous ésL déjil beauc'oup
Laxé sans èlre très aisé; mais .llne réunion de plI/sieurs pelils
IlULLI';TlN ARCflt;or" ou FIl\'ISTt;nr. TOm: XXXIII (Mémoires) 8
bénéfices abandollnés commencerait ~un fond, la suppression
d'uneespèce de collégiale au moins inutile à Landllnvez,y feroil
lin établissement suffisant pOIll' nos pauvres. Votre agrément et .
l'authorité sOlweraine,iln'en faudrait pas d'avantage. Il ne s'agi
roiL plus alors que d'une prudente administration, mais elle
n'est pas si difficile li trouver qu'un fond suffisant. Un hôpital.
attelier bien administré Qllroil tout le bon effet qU'ail désire .
Monseigneul', je prie Votre Grandeur de me faire la grliee
d'agréer les vœux de bonne année que je fais pOUl' vous el,
le très-soumis respect avec lequel j'ai l'honneur d'être de
Votre Grandeur.
Monseigneur,
le Lrès humble et très obéissant serviteur,
BRANELLEC, Recteur de Landunvez.
Landunvez, le 2 Janvier 1775 .
Plus au Nord, parmi les innombrables rochm's·de POl't-
saI, nous trouvons l'Ile Verte et t'Ile Ca. 1'n ; à l'entl'ée de
l'estuaire de l'Aber-Benoit, d'autres rochers parsèment los
abords de la Côte. Si nous n'avons pas les réponses à la
circulaire de 1774, des recteurs de Lampaul-Ploudalmézea.u
et de Saint-Pabu, nous possédons en revanche une déclara
tion claire et ferme du recteur de Ploudalmézeau.
PLOUDALMÉZEAU
Monseigneur,
L'exécution de la déclaraUon du Hoy du 2 octobre 1772
fera un grand torl. à nos Armoriques.La coupe du goueslllon
noir y est fixé aux mois de .Janvier, Février ou Marf;.
Pendant les deux premiers mois, la saison ne permet pn.s
de le sécher, et pendant le mois de Mars, c'est le fort de leurs
ouvrages et mêm e le tems n'est pas encore bien const.ant.
Avant celte déclaration, on coupoit le gouesmon il la fin
d'Avril, parce qu'il n'est, bon qu'autant qu'on peut bien le
sécher, et lors il pouvoient le vendre, ce qu'ils ne pourront
pius, et cependanl, ces pauvres gens n'ont point d'autres
ressou['(}es, et cI'ailleul's ils ont plus de goucsmons qu'il ne
leur en faut, ,ieLt.é SUl' le rivage pal' les floLs cie la mer.
J'ai J'honneur uvec un profond respect et une profonde
vénération d'être
Monseigneur,
Vot.re très humble et très obéissant. serviteUl',
G. l 'LOCH, recteur de Ploudltl mézea.ll.
Le 16' décembre 1774.
M, Léon, rectem' de Tréglonou, qui a pOUl' tout notable
dans sa paroisse les commis au tabac, et pOUl' reSSOlll'ce la
bienfaisance de la famille de Kel'gorlay, écrit II la date dll
16 décembre,
TREGLONOU
Il Y a dans celLe paroisse soixante et sis ménages dont
24 ont. des terres il cUlLiver, '17 ont une vache; les Commis
au tabac ont 4 ménages; les aut.res maisons sont 21 qui font
en tout, cy ...... 66 familles.
Les enfants de ces 21 maisons sont presque tous men
diants ; leUl's pères et mères pendn.nt qu'ils sont vn.lides se
procurent. le nécessaire soit il. la journée, soit il la pèche;
en termes cie maladie ou cie quelque inlirmil.é ils soufl'ri:.:nl
beaucoup de misères.
Il n'y a aucun él.ablissement pour ces pauvres dans la
paroisse; M. le Comte de Gllergorlay me fait remeui'e tous les
ans une somme de trente livres: c'est le sepl secours que les
Seigneurs el propriétaires de bien fonds dans cett.e paroisse
leur pt'ocurenl, et il ne dépend pas de moy de les engager ri
suivre un si bon exemple . .Te saisil'il.Y avec plaisir les moyens
qu'on m'en donnet'a. ,
Au sujet du Gouesmoll les meilleurs ménages souhaitent
, qu'il soit permis de les cueillir dans les I.ems convenables,
sans que les rivel'a.ins puissenL s'y opposer et, qu'il soit,
,libre dû les venclre, parce qu'il y a. des terres qui ne don
nent aucune espèce cie bleds si ceLLe sorte cl'engrais manque.
POUl' vél'it1cation, le '16" décembre 1774.
,1. Ll~ON. 'recteur de Tl'églonou.
Nous n'avons pas la réponse de Landéda à .\'EvêquE de
Léon, mais bien celle de M, Pervez, Recteur de BI'ouenllou,
petite paroisse alors de 400 habitants, aujoUl'd'hlÎi unie à
Laudéda.
On remHrq~lera., sans dO~lte, le style simple et naïf de celle
déposition, où l'on trouve le cœur d'un "péf'!,! bien .~évoué
pour ses enfants, l'afliI'mation pleine de conviction où il dit
toute son estime pour eux., ,
8 .. BROUENNOU (Landéèa)
1'Il n'y a dans ma paroisse qu'une personne qui mendie
son pain de porte en porte qui esl privée cie ses pèl'ü el,
mère, Elle seroit à la vérité ell étal . de gagner sail pain, méme
des g(/ges si Dieu.ne l'avait pas affligée, mais elle tombe du haut
mal et même Jort souvent, ce qui fail qu'elle ne trouve pas faci
lement à 'servir,
2' Il ni a dans ma paroisse III foncl ni aumùnes fixes pour
les pauvres ; il se présente Lous les jours quantité cie
pauvres des paroisses voisines el même des estrangers.
3' Il Y a trois familles qui ont du bien, conséquament '~D-
étaL cie f lice des aumônes, '.
4' Il Y a huit familles qui sont gens aisés, aussi en étaL de
faire l'aumùne,
5' II ya vingt familles qui vivenl il la vérité sans esl.re
dans la pauvreté mais elles ne sonl. pas en étal de faire beau
coup cI'aumônes : [a. raison est qu'il sont chargés d'enfants, e·n
t1"autre quatre familles qui ont deux d'elles chaC[u'une huit
enfants, e~ ' les cieux autrès. chaqu'une dix enfants lO:lS
vi vauts dont les mères SOllt propres sœurs: chose assez remar
quable, Beaucoup de ces familles sonL obligés d'acheteI' du
bled penclanLles mois cie Juin et cie Juillet. Il ya il. la vérité,
dix familles qui ue cherchent pas leUI' pain de porte en
porte, ni hors de la paroisse" quI') je luet au nombre des
pauvres hOlltel/x, soufrran t sou ven t misère chez eux pl utùt
que cI'aller menclïer leur pain, qui n'onL que leurs journées
Il vivre, encore ne trouvent-ils pas tous les joms 11 gagne:',
La. raison cie ceLLe plluvl'elé est que ces fllmilles n'ont preEi que pas 4e l~rre ii !niùiœuyrer (lI le peu de grains qu'ils
retirenl n'esl pas suffisant pour les nourrir eux el leurs
enfanls dont beaucoup ne s6'n'l ni en élat de chercher leur
pain ni cie tr'availle!', de plus ces pauvres gens se trouVent
lous les ans, dans la dure nécessité, la récolle faiLe de vendre
aux approches de la SainL-Michel leurs Ineilleurs grains
pOUl' payér leU!' pe'Lite fel'me et presque le l'este de J'année ils
sonl obI igés d'achéler le loul el n'ont rien 'à vendre si ce n'est
/ln peu de choux et le peu cie goësmons qu'ils Lirent (le la
grève: encore esl-il pillé tous les ans par les riverins voi
sins. Je Ile vois pas d~ moyen clair closler ces familles de
la manclicilé, où elles se lrouvent, car je ne peu± pas leur
attribller la fainéantise, (/li cOlllraire, Je les vois tous tl'Uvailler
nuil el jour, mais ma paroisse esl si bornée qu'on ne peul pas
l'élargir, el il ri'~r a d'ri.i.llrè comillerce dans ma paroisse que
celui cles choux el les goesmons, Voilà, MonseigneUI',
le délail cie m Il petite par'oisse: Nous sodl/nes obligés d'acheler
/lolre bois d'ailleurs pour nous chauffer.
L 8S observa lions que peuvent faire mes paroissiens rela
t.ivement aux goësmons de leUI's cùLes, sonl que la coupe
n'en' peul êlre' faiLe ni pmLiè luée par une déclaration clu Hoy
il eux not.ifiée 10 2;-; Mai 1774, que penetant 30 jours des Illois
de jan viel', ou cie février ou cie mars chaque année sous
peine de 300 francs d'amende, ce qui leur est ll'ès-préjU
(J'iciable, cUl' ces mois ne sont' pas pl'opres pour sécher' ,le
goësmon, el même a eu defl'eridu cie le vendre ni trans
porter hors cie la paroisse, ce qui est cl la vérité 1lI1 bien pOlir
les riches et un mal pour les pauvres. Mes pLa'oissiens désire
l'oienLque' 10.: coupe leuI' fuI. libre, conime aJlcicllnenlcnl
seavoir depuis la Sainf-Màrc jl/sqù'à la Sainl-Goulven:
Les prétentions' et obvel'vaLioris cie mn. paroisse sont les
mêmes 'que celles 'de la: l:laroisse cie Landéda puisqu'il est
vl'iti qu'elle conll'iblle avec elle pour les Lailles' des fouag'es
el,"qu'elle se ll'ouve' laxée pOUl' le lier CJuoiqu'~lle' ne s'pit
pas le tier cie la paroisse cie Landéda /li Cil moùde'1l1cnler'rc.
C'est ce ql/i fail qlie /ùifs'j)(doissicilS soilt bea'l/collp: /jills: vexés
dans ces tailles que les paroissiells de Laildéda,' il quoi ' nous
demandons soulagement elTéglemenla:tion si la chose est
possible.
Je vous pt'ie, Monseigneur, cie vouloir bien agréèi: les
vœux que je faiS au 1 ciel' pOUL' la co'nservaLion cie VoLi'e
Gl'itncleur, eLc.
J. PEHVRZ, RecleU!' de BHOUENNOU .
Nous regrettons, à juste titre, de n'avoil' en mains les
informations, sans doute importantes', fournies à l'Évêque
au sujet des antiques pal'oisses de Lannilis et de Plouglwr
neau, riveraines laborieuses de l'Aber-Benoît, de l'Abel'
V l'ach et du Corréjoll.
Du Corréjou à l'anse de Kel'Bic, nous sommes SUI' l:es
lignes d'un littoral aussi lel,tile en discussions héroïques,
en batte' ries classiques, en procès interminables, qu'en gros
temps et mauvais venLs. Les administrateurs, les juges, les
agents vigilants de la douane et de la maréchaussée, fur(Hlt
bien souvent mis sUl'les dents par les disputes, maintes f,)is
meurtrières de Plounéour-Trez, Goulven, Tréflez,Plounévl~z
Lochrist, Cléder, au sujet des délimitations de territoires et
de questions de propriété touchant cette question vitale de
la récolte du goëmon.
Le 10 janvier 1775, le l'ecteur de Guissény fait la déclara
tion qui suit, insist.ant surtout SUI' la nécessité de tolérer' la
vente de cette récolte aux /01'ains.
9 GUISSÊNY
l' Le nombre .des mendiants par tête domiciliés dans la
paroisse de Guissény el Trêve, l.ant vieillards, infirmes
qu'enfanLs esL.d'er.vil'on cent, cy. ' .. . . .. ............. 100
2' Celuy des ménages aisés esL d'environ cinq cents. 500
3° Les causes principales de la mandicité sonl la chel'lé
des. bleds, le dell'auL d'ouvi'age, surtout en hyver, La vieil-
lesse el L'enfance .
. 4° Nul hôpital, nul fond, nul établissement pour les pau-
vres dans la pal'ois~e. .
Les moyens, il ce que je pense, d'obvier il la mendici té :
l' D'empêcher les mendiants de comir de paroisse en
parOIsse;
2' D'ordonner une quête tous les ans dans la p8.l'oisse et
t.l'ève ;
3° De nomme !' un économe ou deux d'une probité connue
pour en faire· la disLribution à chacun selon ses Bez0ins .
Pour ce qui regarde J'art.icle du Gouëmon, le Bien public,
demande qui soit permis aux ha.bi ta.nt.s de la cote d'en couper,
(J'en sécher eL d'en vendre parce qu'ils n'onl. pas d'aul.re
ressource pour se procurer leur provision de bois et. payel'
leuI' petite ferme que le produit de ce gouëmon. Les personnes
qui habitcnt les terrcs souffril'onl aussi une diminution
considérable dans la production de la terre, si elles IIC peuvent
s'cn procurer comme cg devant des habitants lesdits côte